Et si nous repartions dans les mers nordiques ce dimanche ? Allez, zou ! C'est parti pour un billet sur les Vikings et une de leurs techniques ancestrales de navigation.
Boussoles de pierre
Les marins nordiques étaient des navigateurs émérites, à travers des mers complexes et des circonstances météorologiques on ne peut plus intenses. Brouillards, grains, manque de visibilité, froid, neige et j'en passe. Et pourtant, aux environs de l'an mil, ils sembleraient avoir traversé la grande mer pour atteindre les Amériques par le Nord. Bien avant l'avènement de la boussole et du sextant, ils sont parvenus à se diriger en mer par tous temps, à l'aide d'autres techniques d'orientation.
Ceux qui ont un peu suivi ce blog se souviendront peut-être que j'aime les pierres depuis mon enfance... Au point de les ramasser en bord de mer ou en haute montagne et de les mettre dans mon sac à dos (avec leur poids, au grand dam de mes pauvres parents :-)). Les marins scandinaves devaient partager ce hobby car ils sembleraient s'en être servi comme un de leurs divers instruments de navigation hauturière.
En effet, différents indices de l’histoire laissent penser que les navigateurs nordiques s’orientaient grâce à une pierre aux propriétés particulières telles que la magnétite ou encore, la “sólarsstein” ou “pierre de soleil”. La mythologie nordique accordait à cette dernière - aussi parfois nommée “pierre d’étoiles” - le pouvoir d’accès au Valhalla. Chez les anciens Grecs, les Bouddhistes où les Celtes, elle représentait prospérité, protection ou lumière cosmique. Ses teintes scintillantes variant du brun, orange au rouge métallisé lui ont valu sa dénomination. “Il frotta le caillou sur l’aiguille. Puis il posa celle-ci sur le bois, qu’il fit flotter. - Quand on s’éloigne de la côte et qu’on ne voit pas l’étoile-guide, on peut naviguer à l’aiguille et à la pierre...” (Jón l’Islandais, Bruno d’Halluin)
Les hypothèses varient concernant la nature de cette célèbre “pierre de soleil”.
Certains pensent qu’il s’agirait de “cordiérite” ou d’”héliolite”. Dans les années 1960, un archéologue danois, Thorkild Ramkou, émit l’hypothèse que les navigateurs Vikings auraient utilisé ses propriétés en termes de polarisation de la lumière pour se guider en mer et ainsi naviguer par “polarimétrie” pour retrouver la position du soleil par temps couvert. Plusieurs textes médiévaux du IXe au XIe siècle font mention d’un cristal extraordinairement pur permettant de définir la position du soleil, notamment la saga relatant les hauts faits du roi viking Olaf Haraldsson II, celles de Hrafn ou encore de Rauðúlf et ses fils. " Le temps était couvert et neigeux, comme Sigurður l'avait prédit. Alors le roi convoqua Sigurður et Dagur. Il demanda à ses hommes de regarder autour d'eux, personne ne trouva le moindre coin de ciel bleu. Puis, il somma Sigurður de désigner le soleil, lequel donna une réponse ferme. Alors, le roi envoya chercher la pierre de soleil et, la tenant au-dessus de lui, vit la lumière jaillir et ainsi, pu vérifier directement que la prédiction de Sigurður était bonne. " (Saga de Rauðúlfs þáttur, XIIIe siècle)
Plusieurs de ces pierres (ou du moins leur poudre) furent retrouvées dans des épaves de navires ainsi que sur certains sites archéologiques Vikings en Islande. Des détails de la tapisserie de Bayeux indiqueraient également l’usage de telles pierres.
Une autre hypothèse affirme qu’il s’agirait de “calcite” (ou “spath d’Islande”, courante dans les îles nordiques). Cette pierre aurait le pouvoir de polariser la lumière du soleil, On la dit “biréfringente”, a savoir, elle divise la lumière en deux. Et suivant l’inclinaison de la pierre par rapport à la source de lumière, elle peut « l’éteindre ». Guy Ropars et Albert Lefloch, deux physiciens bretons spécialisés en lasers de l’université de Rennes se sont penchés sur la question de cette pierre soi-disant magique. Grâce à une loi physique, la moindre lumière polarisée apparaît sous la forme de deux petits rectangles dans un tel cristal. Lorsqu’ils ne forment plus qu’ un, c’est que le soleil est juste en face. Même sous l’horizon, on peut ainsi relever la position du soleil à un degré près. Cette technique ferait usage de l'effet de "pinceau de Haidinger", une image de la lumière polarisée créée par l'oeil en forme de croix au halo bleu et jaune, indiquant la direction de la polarisation.
© Photos – Wikipedia
Si les récits historiques dans ces contrées vous tentent, je vous recommande chaudement (mis à part les températures locales....) le roman “Jón l’Islandais” de Bruno d’Halluin. Une épopée maritime qui vous emmènera de Bristol, à l’Islande jusqu’aux Amériques, en passant par les pays nordiques, le Groenland avec un détour aux Açores. Un périple naval à mon goût, sur fond de faits historiques d’une époque de grandes découvertes.
Alors, lors de votre prochaine navigation, n’oubliez pas d’emporter votre pierre en poche ! J'en profite pour souhaiter une très bonne fête à mon cher papa, qui m'a souvent fourni une belle pierre d’ancrage et guidé dans les navigations brumeuses de ma vie ! Ainsi qu'un tout bel anniversaire à Sylvie. fidèle boussole et rayon de soleil pour ses Vikings et que j'admire beaucoup.
Un excellent dimanche à tous !
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La nuit du 5 au 6 décembre. Une nuit un peu spéciale. On y place les chaussures devant l’âtre avec des carottes et du pain dans les chaumières et on espère qu’elles se rempliront d’autres bonnes choses le lendemain matin : une orange, une mandarine, des noix ou encore une tablette de chocolat. Passage du grand Nicolas et de son âne (devinez celui des deux qui aime les carottes ;-)).
Mais pour d'autres, notre grand Nicolas représente avant tout le patron des bateliers, pêcheurs, marins et mariniers. Alors, un petit billet en son honneur.
Nicolas et les matelots
Les légendes du grand Saint parlent souvent de son sauvetage des enfants. Cependant, l’histoire relate également d’autres miracles prodigués par le patron des gens de mer.
Lors d’un pèlerinage en Terre Sainte, Nicolas rencontre un marin et lui prédit qu’une horrible tempête va se lever. Le marin lui rit au nez et monte à bord. La prédiction se révèle pourtant juste. Le marin qui se trouve sur son bateau avec tout son équipage se retrouve prisonnier des mouvements tumultueux des flots. La tempête est terrible. Et tous les passagers se croient perdus. C’est alors que le saint implore les flots, rend le calme à la mer et sauve ainsi tout l’équipage. Une autre fois, sur la côte de Lycie, une terrible tempête se lève en mer et menace un navire de chavirer. Le saint apparaît alors aux matelots et les exhorte au courage. Il aide à la manœuvre des voiles et du gouvernail. Il les ramène sains et saufs au port avant de disparaître. Depuis ce jour, les marins ont reconnu Nicolas comme saint patron de leur corporation. Lorsque le grain se lève et qu’ils se sentent en danger, ils implorent la protection de ce dernier.
Nicolas et la mer
Nicolas, c'est aussi est un petit garçon de 10 ans dans un village de pêcheurs... Il va vivre une aventure hors du commun en mer avec ses amis Annetta et Tommaso. Il y apprendra le sens du courage et de l’amitié. Et surtout il y affrontera le célèbre Kraken. Une leçon de vie à la dure. Une leçon de mer. Une bande dessinée que le grand Nicolas a peut-être emmené dans son grand panier ? Et qui sait l’occasion de commencer (ou compléter) votre collection de BDs de mer ?
Voici donc quelques idées pour votre bibliothèque de bord, un peu moins sérieuses que les ouvrages techniques de voile, histoire de varier les plaisirs et de vous changer les idées.
Vous êtes un inconditionnel des ouvrages pour enfants ? Il vous reste toujours les inoubliables récits d’Ordralphabetix et de ses poissons frais (enfin euh... ), du chevalier de Haddock ou encore du petit Nicolas en vacances à la mer...
Et pour un bon fou-rire, un peu d’humour désopilant avec les animaux marins (Cazenove-Jytery).
Alors, si vous avez été sage, le grand Nicolas viendra peut-être vous faire une petite visite ce WE et déposer quelques uns de ces jolis ouvrages dans vos chaussures pour égayer votre hiver. Un bon dimanche à tous et bonne lecture.
Christophe Colomb a sans aucun doute atteint les Amériques. Cependant, fut-il réellement le tout premier à découvrir les pays du Couchant ?
Le règne de Carthage
Tout débute vers 1.200 AC, en Afrique du Nord. Les Phéniciens illuminent la civilisation européenne de leur savoir. Ils créent l’alphabet dont sera tirée notre écriture latine et montent des comptoirs de commerce un peu partout en Méditerranée, de l’Espagne aux pays du Levant. Sidon, Tyr, Carthage (actuelle Tunisie). La puissance de cette dernière est impressionnante et jette de l’ombre sur le règne romain durant quelques siècles avant de disparaître en 146 A.C.
Mais en plus de leur art du commerce, les marchands phéniciens sont des marins expérimentés. Ils sillonnent la Mer du Milieu en tous sens (et cette dernière n’est pas toujours aussi plate que les plaisanciers l’affirment... ). Ils ont l’habitude de passer les terribles colonnes d’Hercule (le détroit de Gibraltar actuel) et de s’aventurer dans la “grande mer”, pour leur commerce de l’étain avec les Cornouailles. Certaines sources affirment qu’ils ont été les premiers à descendre plus au Sud de l’Afrique.
Selon les dires, ce peuple de commerçants aurait risqué la traversée à la voile jusqu’ au Brésil ou au Mexique, environ 600 ans avant J.C., à savoir plus de deux mille ans avant Christophe Colomb...
Selon des archéologues et historiens de la fin du XIXe siècle, certaines régions portent toujours des noms d’origine phénicienne, comme la rivière de Yuna ou la zone de Samana, qui pourrait être associée au capitaine phénicien Zamman. Il y a de même une roche sculptée de main d’homme qui pourrait représenter un dieu phénicien. » (Rania Nawar, l’Orient-Le Jour)
Cependant, malgré certaines indications (par exemple une stèle avec des inscriptions faisant référence à des dieux phéniciens) comme au Brésil, la thèse de la découverte des pays du Couchant par les marins de Carthage n’a, à ce jour pas été confirmée.
En 2019, Philip Beale, un aventurier écrivain britannique, ancien de la marine royale, passionné de la culture et de l’histoire phénicienne, lance une expédition intitulée “Phoenician Before Colombus Expedition”. Il commandite ainsi la construction du ”Phoenicia “, une réplique d’un navire antique sur la base d’informations recueillies sur des vestiges. Le chantier prend vie à Arwad en Syrie, une localité renommée pour sa longue tradition de construction navale en bois. Le Britannique dirige alors une traversée de l’Atlantique au départ des environs de l’ancienne Carthage jusqu’à Saint Domingue selon les techniques de navigation traditionnelles. À son bord, douze membres d’équipage de nationalités très diverses, tous prêts à se mettre dans la peau de nos ancêtres pour un voyage épique.
Le Phoenicia fera escale à Essaouira, Gibraltar, Cadix puis aux Canaries avant de traverser “la grande flaque”. 90 mètres carrés de voile, 20 mètres de planches et 50 tonnes de bois vont ainsi affronter les vagues à l’assaut de l’océan atlantique. Le voyage durera trois mois dans des conditions spartiates. Il prouvera que la traversée aurait dès lors été possible au temps des civilisations puniques. Plus de détails sur cette expédition via ce lien.
© Photos – Wikipedia & www.phoeniciansbeforecolumbus.com
Helluland, Markland & Vinland
Ceci dit, les Vikings sont probablement la première civilisation européenne à découvrir “le Nouveau Monde”. Vers l’an mil, des navires provenant du Groenland dirigés par Leif Eriksson parviennent à une terre relativement inhospitalière qui sera nommée “Vinland” (Terre-Neuve). Les conditions rudes, les conflits avec les populations autochtones et l’arrivée du petit âge glaciaire de la fin du Moyen-Âge auront raison de leurs tentatives de colonisation. Deux textes antiques islandais (la "Saga des groenlandais" et "la Saga d’Erik Le Rouge") reprennent des éléments topographiques. Et la découverte de vestiges dans la région de l’Anse aux Meadows permettra de considérer la véracité de cette supposition. Suivront les découvertes de Helluland (Terre de Baffin) et de Markland (Labrador). Nous reparlerons de ces sagas vikings et du rôle important joué par les peuples du Nord dans les grandes découvertes via la mer dans un billet ultérieur. Je vous y présenterai ainsi une œuvre littéraire historique fascinante que je viens de finir avec grand plaisir “Jon, l'islandais” (de Bruno d’Halluin). À suivre bientôt.
En ce qui me concerne, j’aime à croire que ce sont les Vikings qui ont devancé notre capitaine génois. Mais, qui sait... entre les Phéniciens et les Vikings, peu importe. De toute manière, le premier officier de la Santa Maria ne semble manifestement pas avoir été le premier à fouler le sol du Nouveau Monde même si les livres d’histoire continuent de lui en donner le crédit.
Alors, si cette saga des Phéniciens a titillé votre curiosité, c’est peut-être le moment de ressortir vos livres d’histoire de votre grenier pour une petite relecture lors d’une journée automnale un peu pluvieuse comme aujourd'hui. Un excellent dimanche à tous !
Bon, j'ai eu les yeux un peu plus grand que le ventre en pensant que je pourrai faire tenir mon périple imaginaire en seulement trois billets... Voici donc enfin la quatrième et dernière partie.
Nous voici donc à Istanbul. Je vous laisse deviner ma prochaine destination...
Mer Noire et Dalmatie
La Mer Noire ! Et une visite (due depuis bien trop longtemps) à des amis musiciens professionnels ayant émigré en Bulgarie, près de Varna, en bordure de la mer noire. Des amis qui me font rêver semaine après semaine en postant des photos indécentes de beauté de l'endroit où ils vivent ! Réservez-moi ce plat de calamars et sardines grillées au citron dans ce bar désert au bord de la mer, svp (j'ai faim rien qu"à y penser. Miam... ). Escursions dans la nature et les villages traditionnels du pays et escale incontournable jusqu'au cap de Kaliakra, un peu plus au Nord. Un séjour délectable en très agréable compagnie.
Redescente ensuite vers la baie du Bosphore, pour repartir vers l’Ouest de l’Europe. Première étape, la Grèce évidemment ! Et tous les sites archéologiques possibles de la région. Sans oublier Santorin et quelques îles oubliées des touristes (si, si, il doit bien en y avoir encore quelques unes... ). Et peu importe si les vents sont contraires et menaçants. Ulysse sera avec moi !
Petit crochet par la Croatie et les remparts de la magique Dubrovnik une fois encore au coucher du soleil (lorsque les touristes sont tous loins, agluttinés dans les restaurants des ruelles de la vielle ville), Ensuite cap sur l'archipel des îles Elaphites qui en vaut réellement le détour : Lokrum, Miljet, Lopud, Šipan et ses deux petits ports pittoresques (Suđurađ et Šipanska Luka), Koločep, Jakljan ou encore Olipa... Puis l'archipel des Kornati. Ensuite, un petit tournant par Slano, où j'ai jadis laissé un petit bout de mon coeur à une petite chienne errante que j'ai nommée "Slona" (voir un billet précédent intitulé "Tempête"). Qui sait, m'aura-t-elle attendu toutes ces longues années ?
© Photos – Wikipedia & Rêves de Marins
En quête de culture et de volcans
Ensuite cap sur Venise... Quoi de plus merveilleux que de pouvoir s'amarrer en face de St Marc et de flâner dans les ruelles marines de la cité des Doges. Je ne m'en lasse jamais ! De préférence en hiver pour éviter la foule. Une balade dans le quartier de l'Arsenal à la recherche des sous-vêtements du dignitaire local ! (voir le billet correspondant " Les Chaussettes du Doge").
Une fois en Italie, la liste s'allonge... Difficile de choisir. Tout y est beau ! Si je m'y arrête, c'est d'office pour quelques mois. Tout m'y intéresse ! La langue, la culture, l'art culinaire, la nature. Impossible de résister à la tentation d'y faire une très longue escale. Je rêve de voir Vérone, les Pouilles, les Marches , La Calabre, Naples et d'y explorer en détails la nouvelle Pompéï et l'ancien port romain d'Ostie (nous reviendrons sur ces sujets dans de prochains billets), l'ancien port de Gênes. Sans dire qu'une nouvelle visite à l'intérieur du pays me fait toujours incroyablement plaisir.
Avant de remonter vers le Nord de l'Italie, je fais un crochet par les iles Lavezzi et plus au Sud, des volcans des îles éloniennes dont j'ai un souvenir précieux. Avec un peu de chance, le Stromboli sera de nouveau en éruption ! Je choisis ensuite de faire escale en Sicile, un des endroits les plus fabuleux en ce concerne le berceau culturel... Les vestiges antiques y sont légion et incroyablement conservés : Taormina et une balade dans les couloirs de lave ou sur les flancs de l'Etna, Syracuse, Agrigente, Selinunte, Segesta, Erice, Marsala, Monreale, Cefalu, Enna et bien d'autres... Une île paradisiaque pour les amoureux des vieilles pierres comme moi.
© Photos – Wikipedia & Rêves de Marins
Remontée via la Corse pour une nuit un peu plus chic au milieu des yachts de la marina de Bonifaccio. Et visite aux Calanques dorées. Et là, décision difficile : pile, je remonte vers la côte française, Saint Tropez, Port Grimaud, Marseille et toute la côte vers l'Espagne. Face, je file vers le Sud pour revoir la Sardaigne. Le choix est complexe... J'opte pour le calme de l'île au Sud, qui m'emmène ensuite vers Majorque pour une autre découverte de criques désertes et de réserves naturelles (je deviens décidément très asociale avec les années... ).
Mais, le temps passe, et il va me falloir reprendre tout doucement le chemin des brumes du Nord. Cependant, pas encore avant avoir d'avoir refait une escale par la fabuleuse Barcelone. Et tant que j'y suis, pourquoi ne pas remonter chez des amis artistes près de Carcassonne, que je rêve de voir depuis ma petite enfance. Un petit arrêt dans le temps, face aux sommets enneigés des Pyrénées. Le bonheur... Une fois le long de la côte espagnole, je poursuis ma quête vers le Sud en repassant à Gibraltar, côté espagnol cette fois, où je laisse le voilier pour quelques jours pour revoir un des joyaux de notre monde : l'Andalousie : Grenade, Cordoue, Séville, pour terminer par la belle de Cadix... Port tranquille aux couleurs de l'or du soleil couchant. J'y fais mes provisions de merveilles pour les yeux : l'Alhambra, la Mezquita et l'Alcazar entre autres. L'homme, lorsqu'il oublie ses différences religieuses, peut tout de même réaliser des miracles en mélangeant les diverses cultures...
Remontée atlantique
Le Portugal est à portée de voile. Impossible de passer devant Faro, Sagrès ou encore le Cap Saint Vincent sans y faire un saut. Histoire d'aller saluer les premièrs navigateurs qui se sont embarqués pour le nouveau monde. Et nous voici à nouveau dans les eaux froides et tumultueuses de la côte atlantique. Je l'adore... Simple, sauvage, prenante. De beaux rouleaux, impressionnants où les meilleurs surfeurs du monde défient les vagues titanesques. Ainsi débute une longue remontée le long des côtes occidentales du continent européen. Et si on se faisait une bonne dorade grillée à Péniche, puis un petit bar dans la vieille ville de Lisbonne ? Elle grouille d'endroits charmants... La navigation se fera sans soucis. Cap sur la Corogne pour une escale avec un bout sur le chemin de Compostelle. Je file ensuite vers Bilbao y voir d'anciens collègues. Même si je ne comprends goutte à la langue locale, que je trouve succulente. Puis vient le fameux Golfe de Gascogne. Il va falloir être vigilant ici... Destination l'envoûtante Bretagne.
Armorique, ma toute belle
Me voilà enfin là par où j'aurais logiquement pu débuter mon périple. Là où tout marin rêve d'être. Là où tout marin redoute d'être... Le pays breton, là où la mer décide du destin des hommes. La plupart des ports y sont attrayants. Je remonte vers Guernsey et Jersey après avoir jeté l'ancre à St Malo et tenté une sortie jusqu'au Mont Saint Michel, dont je ne me lasse pas. Je reprends la route de la Normandie (Honfleur, Etretat, Fécamps, Dieppe, Le Tréport, Saint Valéry et une petite pause chez une amie au Crotoy). Cependant, je ne suis pas encore prête à terminer mon tour à la voile sans avoir exploré le îles britanniques... Alors, cap à l'Ouest pour un tour de l'autre côté de la Manche, histoire de terminer cette belle aventure en beauté.
© Photos – Wikipedia & Rêves de Marins
Il y fait humide, n'est-il pas ?
Me voici embarquée pour quelques derniers mois de navigation, probablement sans soleil. Mais peu importe... Brighton, un petit tour de l'île de Wight (et qui sait, l'occasion de participer à nouveau à sa fameuse régate "Around the Island"... ), Bornemouth, Torquay, Plymouth, Bristol, Cardiff, direction Cork au sud de l'Irlande, Gyleen, Kinsale. Si j'ai encore le temps, je remonte par Galway. Sinon, je choisis Dublin, puis Belfast. Mon but final est le Nord de l'Ecosse en passant par les mers intérieures. Oban, Glencoe, Fort William, Tobermory, Mallaig jusque Kyle of Lochalsh pour une longue pause chez des amis habitant au bord de trois lochs magiques, gardés par le mystérieux château d'Eileen Donan (souvenez-vous, celui sur les boîtes de biscuits). Traversée pour une visite de l'île de Skye et relâche à Portree. Et puis, cap sur les immensités des Hébrides intérieures... Stornoway, Harris, Lewis, Ness. Le temps de me replonger dans le monde de Peter May.
Mais, ma boussole m'attire toujours un peu plus vers le Nord. Et je poursuis ma route vers les Orkneys, puis les Shetland, où je vais me refroidir un peu pour quelque temps et prendre des réserves de solitude. Puis, la saison me rappelle à l'ordre et m'enjoint à redescendre tout doucement vers le Sud. Je repasse à l'Est de l'Ecosse, pour terminer ma boucle britannique par une escale jusque dans la Tamise pour aller m'amarrer aux docks de St Katharina en plein centre de Londres. Pour y parvenir, je fais un détour par Pin Mill et Ipswich, doux souvenirs de navigation.
Et voici enfin venu le moment de reprendre la route du retour vers ma contrée natale, pour venir m'amarrer pour de bon à la fin du chenal de Nieuport... Ereintée, mais heureuse. Quel beau voyage... Un jour, qui sait...
© Photos – Wikipedia & Rêves de Marins
Bon, sur ce long rêve en billet, j'entame mon dernier jour de vacances avant la reprise en force lundi pour une fin d'année qui s'annonce sportive au travail... Alors, je m'en vais chérir ce dernier dimanche ensoleillé et vous souhaite d'en profiter autant que moi ! Bon dimanche à tous.
Notre second billet sur le sujet (juin) s’est terminé sur une longue pause-repos aux Açores, un de mes coins préférés. Mais le temps passe et l’appel du large retentit. Alors, prêts pour la troisième partie de ce périple imaginaire ?
Nous voici donc repartis en mer pour une dizaine de jours de traversée atlantique avant de revoir une côte. Direction Madère. Les côtes verdoyantes et vallonnées des Açores disparaissent doucement à l'horizon, pour ne laisser qu'un souvenir féériique d'un séjour au pays des volcans portugais.
Des soirées infiniment étoilées (sans pollution lumineuse) avec Vénus pour tout soleil de nuit. Le vol des oiseaux de mer. La mélodie du vent et des vagues. Quelques dauphins joueurs devant l'étrave. Mis à part une ou deux rencontres nocturnes avec des cargos sur une potentielle route de collision qui n'ont pas vu le voilier ou n'ont pas directement l'intention de se dérouter pour un rafiot à voile (vive l'AIS et la VHF... ), pas grand'chose pour déranger la traversée jusqu'à l'arrivée à la première terre visible. Une belle navigation en gros.
Madère. Verdoyante, luxuriante, majestueuse par sa nature. Idéal pour reprendre son souffle avant de viser l'Afrique, la grande. Ensuite, on met les voiles (celles du bateau et les autres... ) pour une petite balade au Maroc. Bon, d'accord, les ports et les marinas, ce n'est pas le pied. Un peu rudimentaire. Et les tergiversations pour la paperasse et le ravitaillement ne sont pas toujours de tout repos. Mais, après tout, cela fait partie du charme local, non ? Ensuite, petite pause à terre pour rejoindre le pays des Berbères et passer quelques nuits à la belle étoile en bivouac dans les immensités désertiques.
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Ensuite, on repart vers le Nord. Cap sur Carthage, Tunisie. J'ai toujours eu envie de découvrir ses ruines. Cependant, l'Afrique est dans le chemin pour y parvenir. Il va falloir contourner. On remonte donc vers l'entrée de la Méditerranée, via le détroit aux singes.
Plus on avance, plus la couleur de l'eau change. Elle devient plus grise, moins bleue. Et on croise un peu plus de navires. Gibraltar n'est plus loin. La tentation est grande de mettre le cap sur le Nord déjà pour une escale à Cadix. Mais, non, ce sera pour le retour. Bien vérifier que le courant et le vent soit avec nous. Sinon, impossible de rentrer dans le fameux détroit. Et alors, il faudra attendre le bon vouloir des dieux marins. Mais toutes les conditions semblent idéales pour une fenêtre de passage. Alors, on y va ! Sur bâbord, les côtes espagnoles. Sur tribord, c'est l'Afrique. Les montagnes de l'Atlas se devinent dans la brume. Le rocher aux singes pointe son nez au bout de la longue vue. Au nord de Tanger, les cargos se multiplient. Nous voici sur la route commerciale. Il va falloir faire gaffe.
Pas trop envie de m'y arrêter. Trop de touristes anglais et espagnols... Pourtant, cette mini-Londres au soleil avec ses cabines téléphoniques rouges à deux pas des bars à tapas, c'est assez rigolo après tout. Puis, une longue navigation s'en suit alors le long des côtes marocaines jusqu'à la pointe du continent africain. Et bientôt les premières pierres de sable apparaissent le long de la côte tunisienne. Nous voici au pays des Phéniciens et des Romains. Carthage, la rivale d'Alexandrie, est à nous. Visite archéologique ! Je continue ma route vers Malte pour une courte escale puis je repars vers la Crète que j'ai envie de revoir. Le palais de Minos, Cnossos et ses ruines colorées, ses gorges d'enfer et ses jolis petits ports. Le tout, c'est d'y aller en dehors de la période touristique (comme partout... ).
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Je fais le tour de l'île au Minotaure pour redescendre tout droit sur Alexandrie. Histoire de ne pas faire de jaloux après Carthage et d'aller à la recherche de son phare et ses trésors engloutis à l'entrée du port. Me voici en chemin vers une des sept merveilles du monde. Et là, je me pose pour un bon bout de temps. Je troque le voilier pour un felouque pour une remontée du Nil. Cela fait bien trop longtemps que les piramides, le sphinx et les nombreux temples m'appellent. Et le temps s'arrête... Les aiguilles de ma montre tournent soudain à l'envers, de presque 6.000 tours-années.
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Les yeux pleins d'étoiles et de retour dans la Méditerranée, je poursuis mon périple pour visiter les contrées du croissant fertile : Jaffa, le plus vieux port de la région, puis Jérusalem, Acre, Jordanie, avec une pointe dans les sites les plus beaux de Syrie, d'Iraq et un long périple à travers l'histoire de l'Iran et ses merveilles passées (ou du moins ce qu'il en reste).
Arrivée ensuite à Beyrouth, par la mer... Les derniers événements ne le permettront peut-être pas. Mais, comme ceci est un rêve, tout devrait donc y être possible. D'ici la réalisation du rêve, le petit Paris du Moyen-Orient, sera reconstruite. Et je pourrai faire escale dans le petit port de Jbeil (Byblos).
Après ces étapes moyen-orientales, petit détour pour revoir Chypre. Je ne l'ai vu que pour le travail, il y bien des années et j'ai été sous le charme (avec en prime une représentation d'Aïda dans les ruines d'un vieux port au soleil couchant. Magique... ). Base idéale pour rallier la Turquie où je souhaite faire de très nombreuses balades : Antalya, Termessos, Phaselis, Mira, Fethyie, Side, Marmaris, Bodrum, Pergame, Aphrodisias, Didyme, sans oublier de revoir les fabuleuses Ephèse et Pammukale. Combinaison de la joie vélique, de la beauté marine et des plus fabuleux vestiges antiques de toute la Méditerranée. Dommage, tout comme au Moyen-Orient, que les politiques et les religions se mettent si fréquemment en travers de la préservation culturelle de notre passé. La Cappadoce serait un détour fabuleux. Il faudrait alors compter quelques vols d'avion en plus pour y passer un peu de temps. A réfléchir.
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Après ces visites, je ne suis toujours pas rassasiée de voile ni de culture. Remontée alors le long de la côte ouest turque pour rallier un bijou sans pareil... La cité à la croisée des cultures : Istanbul. En espérant que Hagia Sophia sera encore visible pour les touristes... Une étape dont je me délecte. Visite à des amis danois (et voileux) qui viennent de s'y installer dans un appartement donnant sur la baie... L'occasion de flâner dans les bazars, le long des palais (Dolmabahçe, Topkapi, Basilique cisterne... ) donnant sur l'eau, et de rêver à une époque lointaine où les diverses couleurs de peau et religions s'y côtoyaient sans animosité et avec grand respect. Quel plaisir que d'entrer dans le Bosphore à la voile et d'y croiser la jolie Tour de Léandre (Maiden tower)...
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Bon, hé bien... Lorsque je rêve, je rêve grand manifestement... Il va falloir une 4e partie de ce billet pour parvenir à terminer ce périple imaginaire... Le chemin d'Istanbul à Nieuport est encore long. Et surtout riche en endroits de pélerinage vélique ! (Ma bucket list est décidément très longue... )
Je vous souhaite ici un excellent dimanche. Rêvez bien de votre liste à vous ! Qui sait, si nos listes se recoupent, nous croiserons-nous dans un monde imaginaire !
Superbe dans sa robe immaculée drapée d'une large plume d'or. Lorsqu'on le croise en mer, on ne peut s'empêcher de le regarder planer sans bruit sur les flots. On ne voit le magnifique doré de son plumage que lorsqu’il étend ses larges ailes en vol. Sa cape couleur de soleil attire l'oeil au loin. Il ne laisse pas indifférent. Qu'on aime ou non ses formes, il en impose. Il file avec le vent, le poursuit, le devance et joue avec ses humeurs. Il vole sur les vagues, tel un grand goéland. Un oiseau de mer à la fois puissant et léger qui plane juste à la surface de l'eau. Une véritable bête de course, un champion du vol à voile.
Une mouette géante, acrobate silencieux que ce soit à travers les grands vents ou les grains. Lorsqu'il prend son envol, il laisse le monde et ses soucis loin derrière lui pour partir vers le grand large. Il tourne gracieusement sur les crêtes nacrées, batifole savamment entre les écueils et prend quelques pauses rafraîchaissantes au soleil lorsque l'air le boude. Un oiseau de mer pas comme les autres. Une espèce rare à protéger. Une espèce surtout belle à découvrir et admirer. Son petit nom : un Amalia (du vieil allemand qui signifie "brave"). Joli, non ?
© Photos – Rêvesdemarins
Oiseau de mer, oiseau de feu.
Il niche actuellement aux abords du littoral belge. Même si on le trouve parfois dans des contrées bien plus reculées telles que dans l'Atlantique ou les mers du Sud. Il aime le soleil et les mers turquoises. C'est un oiseau sociable qui apprécie la bonne compagnie. Un grand voyageur d'humeur taquine et joyeuse, toujours prêt à de nouvelles aventures marines.
Alors, aux amoureux de la nature, c'est le moment où jamais de faire un peu d'ornithologie marine. Si un vol sur ce magnifique volatile marin vous tente, n'hésitez pas à planifier une journée ou un WE pour le découvrir. Pour plus d'infos : www.sailaway.be (Alexis ou Sylvie Guillaume). Vous ne le regretterez pas !
Un excellent dimanche à tous. Et bon vent si vous décidez d'aller faire un tour sur ce joli oiseau !
Faute de pouvoir goûter aux joies de la mer pour l’instant, on se console comme un peu... Alors, on réessaie les combinaisons de navigation (celles de catamaran de sport pour commencer), histoire de leur faire goûter à nouveau l'eau, vérifier si elles sont toujours étanches et surtout de voir si on rentre encore dedans ;-). Alors, à l'occasion, pourquoi pas un petit billet sur l'histoire de la mode sous-marine ce WE.
A la découverte des fonds marins
Tout commence en Egypte ancienne, où l'on a retrouvé des motifs de coquillages recueillis sur les fonds marins lors de plongées. Suivent les exploits des hommes du roi Xerxès, engagés pour retrouver des trésors sous-marins ou saboter des navires en en trouant les coques ou coupant les amarres. Pour ce faire, rien d'autre qu'un pagne ou une très modeste tenue de plongée constituée d'un simple linge ceint autour des reins. Dans certaines cultures (tunisiennes, polynésiennes, asiatiques... ), les enfants sont habitués à nager sous l'eau dès leur plus jeune âge, pour pratiquer la pêche sous-marine en apnée (huîtres, perles, éponges, algues... ). Nous reparlerons d'ailleurs de leurs exploits nautiques dans un blog à part.
Ensuite, les écrits relatent qu'Alexandre le Grand imagine un tonneau-scaphandre (une sorte de bathyscaphe partiellement en verre) lui permettant de s'immerger et d'aller explorer les grands fonds tout en maintenant une bulle d'air. Pas besoin de tenue particulière pour le grand roi puisqu'il était censé rester au sec...
Vient alors Léonard de Vinci, avec son invention de cloche de plongée, avec un appel d'air pour explorer les fonds marins ou cet autre appareil ingénieux ressemblant à des pattes palmées pour pouvoir avancer dans l'eau.
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Boîtes à sardines
Au début du XVIIIe siècle, John Lethbridge met au point une combinaison étanche ayant la forme d’un tonneau pourvu de deux manchons et d'une visière. Cet étrange costume marin avait pour mission la récupération d’objets immergés ou celle des très convoités trésors d'épaves.
En 1914, Chester Mac Duffy, à New York, développe des scaphandres de descente en profondeur, avec un système de roulement à billes pour permettre les mouvements des articulations. Il sera suivi par divers autres inventeurs tels que Neufeldt, Kuhnke, Peress ou encore Bowdoin. Ces jolis articles de mode n’en pesaient pas moins de 250 à 350kg... Claustrophobes s’abstenir... Les modèles les plus sophistiqués comprenaient même des lampes et un téléphone intégré. La structure rigide leur permettait de résister à la pression sous-marine jusqu’à des profondeurs d’une bonne centaine de mètres.
Nager dans les glaçons
En 1930, au départ avec pour objectif de la recherche industrielle, Wallace Hume Carothers invente deux matières qui révolutionneront les applications maritimes, le néoprène et le nylon. En 1952, un certain Jack O’Neill, un surfer californien, utilise le néoprène pour fabriquer des combinaisons marines résistantes au froid. Après pas mal d’essais, il crée une ligne de combinaisons pour le surf dont il fait la promotion avec ses enfants en les faisant nager dans une piscine emplie de glaçons.
Au départ, les combinaisons de néoprène ne contiennent pas de nylon et sont donc très difficiles à enfiler (cela n’a pas trop changé vu mes derniers essais ;-)) et c’est à grandes doses de talk que les surfers parviennent à s’y glisser. Ensuite, on leur ajoute une couche interne qui facilitera l’enfilage et évitera les irritations aux extremités. En 1945, les recherches militaires font des essais sur un costume que nous connaissons aujourd’hui sous le nom d’ “homme-grenouille”. En 1953 en France, Georges Beuchat invente la première combinaison isothermique en caoutchouc, puis sa version mousse, plus malléable, qui sera adoptée par les équipes du commandant Cousteau, reconnaissables à leur bandes jaunes. Ce n’est qu’en 1966 que verra le jour la première combinaison sous-marine pour femme...
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Dans les années qui suivirent, les développement permettront la création de matériel, qu’il soit d’usage militaire ou de recherches, à des profondeurs bien plus larges encore. Le progrès n’arrête pas. Et ce billet est tout à fait incomplet pour relater les nombreuses évolutions de la mode sous-marine. Une chose est certaine, lors de mon premier plongeon de l’année dans l’eau glacée, j’ai été très heureuse que certains scientifiques ait un jour décidé d’inventer cette mode en honneur au capitaine Nemo ! (PS. Je dois me souvenir d’enlever l’air de ma combinaison sèche avant de l’immerger, histoire de ne pas avoir l’air d’un bonhomme Michelin :-))).
Alors, si vous comptez faire un petit plongeon ce WE, bon amusement. Un excellent dimanche à tous !
La semaine passée, je vous ai emmené à bord pour un grand tour à la voile, en trois étapes. Alors, prêts pour poursuivre notre odyssée imaginaire ?
Alors, comme l'été vient de commencer aujourd'hui, allons-nous vers la chaleur, les eaux limpides et le soleil ? Mmm... oui, mais en faisant d'abord un petit détour. Larguez les amarres !
La Conquête de L'Ouest
Nous voici donc à la pointe méridionale du Groenland. Les yeux pleins de paysages époustouflants. J’étale la carte nautique sur la table du carré. Je ferme les yeux et laisse mes doigts vagabonder sur le papier. La règle cras et le compas se posent en direction de l’Ouest. L’appel du Nouveau Monde se fait tout naturellement.
Mes mains m’attirent loin, très loin : Vancouver, avec sa vue sur mer sur fond de sommets enneigés. Retrouvailles à l’aube au parc Stanley pour aller saluer les totems. Puis petite remontée vers les glaciers de l’Alaska et celui de Mendenhall à Juneau. Je pourrais évidemment traverser la mer de Bering jusqu'à la péninsule russe du Kamchatka, un de mes rêves de toujours. Ses paysages géologiques aux couleurs féériques. Un Yellowstone asiatique. On n'est finalement pas trop loin : seulement quelques petits 4.000 km par la mer. Mais, cela allonge considérablement mon périple. J'hésite.
Finalement, de là, je décide de redescendre et je mets le cap sur Seattle (US). Et ses inévitables brumes et pluies. Quelle idée, me direz-vous ? Il y fait mauvais les trois-quarts de l'année. Tout comme à Bergen en Norvège. Mais, les montagnes et les bois y regorgent de trésors. Et puis, cela fait tellement d'années que je promets à des amis d'aller leur faire une visite... Il serait grand temps de réaliser ma promesse. On va passer des moments superbes et faire des balades inoubliables. Allez, donc ! Ne tergiversons plus. Après quelques bonnes retrouvailles amicales, voici le moment venu de reprendre la mer vers le Sud. La carte s'allume de rouge lorsqu'elle arrive à hauteur de la Patagonie. Stop obligatoire pour visiter ses glaciers bleutés (dans le vent et la pluie glacée - et hop, une fois de plus... ) et retrouver ensuite l’océan atlantique par le cap Horn. Comme les vrais héros des mers. Le soleil sera pour après. Cela dit, sans manquer l’escale inévitable au Pérou pour un séjour archéologique et de trekking à l’abri des foules. Après tout, on passe juste á côté ! Une balade dans les Andes et jusqu’à Vinicunca (Rainbow Moutain) dont je songe depuis si longtemps. Un bon entraînement de marche en haute montagne dans un kaléidoscope géologique péruvien.
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Cependant, tout un continent (et pas des moindres) me sépare de mon rêve. Je pourrais tenter le passage Nord Ouest. Mais, en aurais-je les capacités ? Cela m'emmènerait quelques bons mois de plus en convoyage. J’hésite. Je retiens l’option. Elle est vraiment très tentante !
Sur les traces des Vikings
Si j’avais été Viking, qu’aurais-je fait ? Et la décision vient sans réfléchir : je mets le cap sur Novia Scotia. C’est parti pour une nouvelle aventure qui débutera au Newfoundland ("Vinland") et dans le Golfe St Laurent. l'occasion de découvrir où les premiers Scandinaves ont mis le pied, 400 ans avant Christophe Colomb... Je n'ai pas encore vu la Gaspésie non plus, ni Québec, alors on y va ! Idéalement, il me faut bien planifier pour y arriver durant l'été indien. A ne pas manquer dans les teintes automnales.
Cela dit, une fois de ce côté du continent américain, impossible de résister à la tentation de pousser ma voile vers le Massachusets, Boston, son célèbre MIT et sa marina toute aussi fameuse. Il paraît qu'elle y recèle de véritables bijoux véliques. Une fois là-bas, autant continuer à descendre et découvrir la Big Apple par la mer. Qu'y peut-il avoir de plus fabuleux que d'entrer à New York par la mer en croisant la statue de la liberté ? Comme les tout premiers colons. Et passer devant Pier 17 (faute de pouvoir y amarrer... ). Et puis, NYC reste une ville - même si elle ne dort jamais (et moi non plus par la même occasion... ) - magique à redécouvrir. Je ne m'en lasse jamais.
Le cap suivant logique serait la direction de la Virginie. Pour remonter ensuite un peu dans le pays vers la Pennsylvanie et y passer du temps avec la branche américaine de ma famille. On se voit tellement peu finalement. L'autre partie de la famille ainsi que des amis étant au Colorado, il faudra que j'oublie le voilier pour y parvenir, par contre... A mettre sur une autre liste de voyages !
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Cap vers le Grand Sud
Bon, c'est très bien tout cela, mais, je n'ai pas encore trop vu le soleil... Il est temps de penser aux choses sérieuses. Après toute cette glace, ces neiges éternelles et ces montagnes, un peu de sable, de palmiers et de rhum local pourront faire un peu de bien au moral et redonner un peu de couleurs à cette peau pâle. Evidemment, il faut repartir vers le grand large. Fini la navigation côtière. On se relance dans la grande bleue. Prochaine marque sur la carte : un triangle ! Celui des Bermudes. On verra bien si les légendes méritent leur réputation. L'étrange a toujours titillé l'imagination des marins, moi y compris.
Je pourrais poursuivre mon cabotage le long de la côte, me direz-vous. Mais la navigation hauturière me tente. Histoire d'être un peu seule avec les dauphins, le vent et la mer. Une fois parvenue sans encombres jusqu'à la pointe du triangle, je file vers le Sud : les îles vierges (les britanniques puis les américaines pour ne pas faire de jaloux). S'enchaînent alors les escales de rêve : Guadeloupe, Domingue, Martinique, St Lucie et les superbes Grenadines, où j'espère croiser des voiliers amis. Le temps d'une pause. Le temps d'un repos au soleil. Là où le temps s'est arrêté et où le stress est au dictionnaire des gros mots.
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A gauche ou à droite ?
Et puis, vient le moment de décider : de retour en Europe ? Ou je continue vers l'Afrique ? Dilemne. Je voudrais vraiment découvrir Madagascar, la Mer Rouge, l'Iran (notamment Esfahan) et surtout l'Inde, pour monter jus'qu'aux neiges éternelles du Népal. Et le Laos, la Thailande, le Cambodge et le Vietnam. Et puis surtout les Rainbow Mountains au Nord-Ouest de Shangaï (Gansu). Pas moyen de me décider. Tant pis, je tire au sort : si c'est pile, je vais en Afrique puis en Asie. Si c'est face, je remonte sagement en Europe. Face ! Zut, je vais devoir être raisonnable une fois de plus cette fois. Je remets l'itinéraire du pile dans la table à cartes. Mais ce sera à coup sûr pour ma prochaine odyssée !
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Voyage au Centre de la Mer
Je reprends la barre et dirige l'étrave vers le Nord. Me voilà en route pour mes îles préférées pour une longue escale au centre de la mer : les Açores. La route est longue (dirait Moitessier) jusque là, avec devant, derrière, à bâbord et à tribord, rien que la mer et toujours la mer pour de longues journées dans l'océan atlantique. Une fois arrivée à Horta, direction pour un 'ti punch au café chez Peter ! Et le lendemain j'irai chercher des pinceaux et de la peinture pour immortaliser mon voilier sur les quais de la petite marina colorée. C'est ensuite l'occasion de revisiter les sept îles aussi dissemblables les unes que les autres de cet archipel volcanique et verdoyant hors du commun et hors du monde. Le poisson grillé n'y est nulle part aussi délicieux et les habitants aussi accueillants. Mon idée personnelle d'un petit paradis (voir le blog "Voyage au centre de la Mer" sur cette destination).
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Et voici déjà que prend fin la seconde partie de mon tour imaginaire. Cependant, il est loin d'être terminé ! La troisième partie de ce rêve dans le prochain billet.
Je vous souhaite un excellent début de semaine et de l'été ! Il s'annonce chaud.
Depuis quelques années, j’avais pris grand plaisir à larguer les amarres à la voile en cette date annuelle. Mais les dernières années m’ont gardée à quai pour des circonstances hors de mon contrôle. Alors, ce WE, j’ai décidé de prendre le large à travers ce billet, faute de pouvoir à nouveau lever l’ancre pour quelques jours en mer.
Imaginons un voyage improbable... Une navigation à travers les ports de mes songes... Si j'avais tout le temps du monde, les circonstances adaptées et les moyens pour y parvenir, voici le tour à la voile que j'aimerais faire... Je vous propose dès lors une épopée nautique en trois épisodes vu la taille du tour que j'ai en tête... (j'aime rêver grand ! ). Alors, voici la première partie de ce voyage imaginaire.
A la conquête des Vikings
Un départ de Nieuport, mon endroit préféré au littoral dans mon petit pays qu'est la Belgique.
Direction... nordique bien entendu, vers les nombreuses îles frisonnes, puis le Danemark, via Esbjerg et son tour par le Nord en escale à Skagen. Traversée tout droit vers la Suède et Åsa au sud de Göteborg pour une visite à ma famille et mon filleul. Balade dans les fjords et le long des berges du manoir de Tjolöholm (sans les moustiques si possible ! ... ). Après un repos en bonne compagnie, exploration du Kattegat vers le Sud pour rallier Copenhague, ville de mon cœur. Refuge des vikings dont la langue m’est chère, même si elle semble totalement barbare pour la plupart de mes compatriotes. Petite relâche dans le charmant port de Nyhavn aux couleurs chaleureuses et navires en bois peint. Une ambiance que j’adore. Même avec ses harengs et son fromage local au petit déjeuner. Passage devant l’opéra sur l’eau et la petite (vraiment très petite ! ) sirène de mon auteur préféré de contes. Une escale à quai le temps d’un pause à Tivoli et d’une bonne bière locale dans cette micro-brasserie du temps où je travaillais dans cette cité, pour une bonne pinte glacée de “fad øl” (bière au fût).
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Toujours plus vers le Nord
Ensuite cap vers la Suède, remontée vers Stockholm et cap sur Sandhamn, un incontournable au Nord du Gotland. Peut-être l’occasion d’y participer à une régate ? Smörbröd, boulettes et harengs au menu. Et nous voici dans la Mer Baltique... Un vieux rêve. Impossible de résister à l’envie de rejoindre la Finlande pour une exploration du pays des Sàmi, à pied et en traîneau pour quelques semaines, le temps d'oublier la civilisation.
Et puis, si nous partions à la découverte de ces fabuleuses villes de la Baltique. En poussant une pointe jusqu'à la magnifique St Petersbourg. Retour via la médiévale Tallin où je rêve de me perdre dans les ruelles de pierre. Pour débuter tout doucement le chemin de retour vers l'Ouest en croisant Riga et reprendre le Kattegat dans le sens inverse, non sans m'arrêter pour une nuit dans le petit port de pêche de Femharn avant de viser ma prochaine destination : la sublime Norvège ! Evidemment, le Danemark est dans le chemin. Il faut bien en refaire le tour dans le sens inverse. Et cela risque de prendre un temps, disons... certain... Mais peu importe, puisque dans ce rêve, je n'ai pas de contraintes ! Et puis, c'est l'occasion de revoir Oslo et son incroyable musée de navires viking.
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Perd pas le Nord
Ma boussole m'attire inévitablement vers le haut du globe. Une fois revenus dans la mer du Nord, il suffit de suivre les aiguilles de laiton... En longeant la côte, nous voici partis dans les milliers de fjords. Et avant tout, une longue escale à Bergen (malgré la pluie). Pourvu qu'il y ait encore une place à quai en face de Bryggen, cette adorable cité colorée de bois. Et un marché aux poissons fantastique !
Ensuite, remontée à travers les fjords à la recherche d'une petite île nommée Snekkja, tout en haut de la carte. Arrêt par Tromso et ses aurores boréales. Et plus loin encore, lorsque la carte devient immensément bleue (et surtout très vide... ), je continue encore plus loin, pour finir ma course autour de l'archipel de Svalbard trônant au-dessus de la mer de Norvège. A moi les nuits sans fin, les glaciers bleutés, les renards des neiges, les ours polaires, les baleines et les centaines d'oiseaux. Tout cela sans les touristes, bien entendu ! Mais, comme je n'en ai jamais assez de la neige et des étendues glacées, pourquoi ne pas pousser ma voile jusqu'à la pointe Sud du Groenland (d'ailleurs on y parle Danois, chouette ! ). Et comme l'Islande est sur mon chemin, il est donc normal de m'y arrêter pour quelques semaines de visites du pays des volcans aux noms imprononçables. La nature y semble féérique, époustouflante. Etendues glacées, sources géothermiques, failles intercontinentales et chutes d'eaux bouillonnantes. Rien que du bonheur de la nature intacte. Encore une fois, sans les touristes svp...
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Une fois ici... Quelle direction prendre ? Vers quel continent engager ma voile ? Je vous laisse deviner la prochaine étape de ce voyage imaginaire. La suite du périple au prochain billet !
Je vous souhaite un excellent dimanche à tous. Et rêvez bien !
Que diriez-vous ce dimanche d'un petit billet en l'honneur des couleurs du temps : celles laissées par les milles nautiques sur la peau des navires ?
En rouille et verdure
Certains se passionnent pour les vieilles voitures. Et de temps à autre, je vois passer près de chez moi un de ces défilés d'"ancêtres" en pétaradant. Leurs conducteurs se fondent généralement parfaitement au look de leur véhicule, habillés à la mode de l'époque correspondante. Si le sport automobile m'ennuie éminemment, je trouve encore coquasse de voir passer ces drôles de nostalgiques des vieilles mécaniques.
Et bien, pour les bateaux, c'est pareil pour moi. Plus ils sont anciens, plus, ils ont vécu et portent les marques du temps, plus ils me plaisent. Rien ne me paraît plus beau qu’un vieux gréement. L'odeur du vieux bois et de ses dix couches de vernis... Ses planchers qui craquent et ses rivets en métal modelés par le sel. Cependant, tous les vieux navires ne sont pas nécessairement restaurés ni en bonne condition. Certains ont souffert du temps et des sorties en mer et en portent encore l'empreinte sans que leurs bobos aient reçu les soins qu'ils réclamaient. Leurs couleurs défraîchies, leurs brisures de bois, leur vernis écaillés. Les teintes de la rouille ou de la nature environnante qui ont pris possession de leur peau métallisée. Une promenade le long des anciens quais de pêche me laisse toujours rêveuse. Même si certains des navires amarrés ne sont pas si vieux, ils en ont parfois l'air. Certains diront qu'ils manquent d'entretien. Moi, j'aime à croire qu'ils ont vécu et portent les marques de la mer. Que l'océan y a gravé sa signature et laissé le souvenir de ses étreintes brutales.
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La couleur du passé
Lors d'une navigation à la voile jusqu'à Pin Mill, sur la rivière Orwell au Sud Est de la Grande Bretagne, nous avons croisé un cimetière de bateaux. Démoralisant ? Pas vraiment. La beauté passée comporte son attrait. Même s'il est toujours un peu triste qu'un navire ne navigue plus. Bien entendu, des bateaux laissés à l'abandon, cela fait un peu désordre. Mais, le désordre a son charme (d'accord... jusque dans certaines limites).
© Photos – Rêvesdemarins
Quelquefois, ces ancêtres ont la chance de croiser la route d'un bienfaiteur amoureux des vieilles choses et qui va alors prendre soin d'eux, patiemment, lentement, pour leur rendre une seconde vie. Les restaurateurs de navires sont un peu comme des artisans-docteurs. Ils pansent, soignent, consolent. Ils ravivent les teintes, rendent vie et solidité à ces vieilles carcasses en souffrance de leurs couleurs d'antan. On m'a récemment offert un abonnement à un magnifique magazine nautique breton spécialisé dans les articles maritimes historiques ou de restauration d'anciens navires : le "Chasse-Marée". Que des vieilleries ! Et je m'en délecte chaque mois !
"Pus vî, pus sot... ! Plus vieux, plus fou... "
En dialecte wallon de ma région d'origine, voici ce que me disaient mes grands-parents : "Pus vî, pus sot..." ou en français : "Plus on est vieux, plus on est fou...". Et j'adore cette expression car elle va à l'encontre de toutes les raisons. La sagesse vient avec l'âge. Ou pas... Et si je suis cette logique, je devrais dire "plus on est de vieux (car fous), plus on rit" ! J'aime penser que l'on peut encore rire et s'amuser (autrement, il est vrai) malgré les années que l'on porte. Si la barbe est grise, la vie ne doit pas l'être nécessairement aussi.
La mer en gris et blanc
Tout comme les navires, mes capitaines, je les aime tatoués par le vent et le soleil, façonnés par le sel et les paquets de mer, grisonnants et d’un âge mûr ! D'ailleurs, les plus belles photos de capitaines célèbres ne le prouvent-elles pas ? Ils ont de l'allure, non ?
© Photos – Wikipedia (Jean-Luc van den Heede, Eric Tabarly, Sir Robin Knox Johnston, Yvan Bourgnon et Edward Smith malgré son infortune... )
C'est dans les plus vieilles marmites que l'on fait les meilleures soupes...
Alors, si vous vous demandez si on ne vous aimera plus tout décoloré, craquelé, brinquebalant, rouillé dans vos articulations, les voiles rapiécées, avec des pièces qui manquent et des trous partout ? Oh que si... Et plus que jamais !
La couleur du temps
J’ai été récemment confrontée à ma propre décréptitude temporelle. Pour la première fois de ma vie, j'ai été temporairement suspendue de certaines de mes activités en raison de mon appartenance à un groupe à risque pour le covid 19, uniquement sur la base de mon "grand âge". Alors que dans mon métier spécifique, l'expérience représente d'habitude un atout, c’est incroyablement confrontant de se dire qu'on est considéré comme révolu à tout juste 50 ans dans un autre contexte. Et je comprends mieux à présent ce que d'autres peuvent ressentir lorsqu'ils sont mis de côté à cause d'une simple date de naissance. Me voici donc manifestement, comme ces vieux navires que j'aime tant, portant les belles couleurs du temps.
Alors, je vous souhaite à tous un excellent dimanche. Et quelque soit la couleur du temps que vous portiez, dites-vous qu’elle vous va bien !
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August 2023
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