Jour J-3.
Nous nous apprêtons à une traversée pas comme les autres... Un rêve un peu fou qui prend peu à peu forme sur la proposition d'amis voileux professionnels (un peu zinzins eux aussi d' inviter des amateurs comme nous dans cette aventure. ). Mais vous connaissez l'adage : "Plus on est de fous..." . Départ depuis le VVW de Nieuport cette semaine, le jour exact encore dépendant de la météo. Notre convoyeur ? La jolie demoiselle de quarante pieds qui nous a dernièrement emmenés à Ipswich puis à Cadzand : le Moonlight Shadow. Notre objectif ? Une traversée aller-retour d'environ 300 milles marins pour Rallier Cowes (Île de Wight), au sud de l'Angleterre, pour y participer à la fameuse "Round the Island Race", prévue ce samedi 1er juillet 2017. Plus de 1.300 voiliers prévus sur la ligne de départ ! La mer va se couvrir de génois et spis multicolores. Malgré les prévisions de pluie pour la semaine, la météo annonce un arc-en-ciel de voiles... Environ 50 milles nautiques de course autour de l'île britannique. Tout simplement "wow"...
Une course légendaire
Y participent des voiliers de tous types et équipages d'expérience très divers, allant des purs amateurs voguant en famille sur des moins de vingt pieds jusqu'aux magnifiques Class J, en passant par des Class 40, multihulls ou Clipper Yachts. Sans oublier les navires des photographes en mal de clichés nautiques (espèce dont je fais inévitablement partie). Nous sommes inscrits dans la catégorie ISCRS, à savoir une catégorie pour navires qui ne participent pas régulièrement aux compétitions du Island Sailing Club organisateur.
Départ de course prévu samedi matin 1er Juillet 2017. Si vous regardez l'épreuve à travers votre petit écran, notre galère gauloise sera le BEL1286, un bénéteau First 40.7 de 2004. Evidemment, vu l'affluence, bonne chance pour nous retrouver dans la foule...
© Photos - Rêvesdemarins
Racing for Charity
Défis à gogo
Si pour les autres membres de l'équipage, cette traversée représente un peu la routine et rien de bien compliqué, pour moi, elle renferme tout de même quelques petits défis personnels, que je suis impatiente de relever.
Mon premier défi - Le Sac de Voile
Le but est de voyager "light" cette fois-ci. Tout kilo en trop ralentira le navire. En compétition, chaque gramme compte, même une brosse à dents, paraît-il !
Peut-être le bon moment pour commencer un régime... Mesdames, soyez tout ouïe : la voile est le moyen idéal de retrouver des formes et le moral : des mouvements et du sport constant, des bains de soleil (seul inconvénient en Manche : seul le bout du nez bronze) et un régime drastique (même si ce dernier est parfois contraint, lorsqu'on nourrit les poissons, par exemple) et la garantie de vous changer les idées. Mieux que n'importe quelle cure de jouvence !
Mon second défi - la Gestion du Sommeil.
Pour parvenir jusqu'à Cowes, navigations de nuit garanties vu la distance à parcourir. Quarts, tours de ronde et séances de micro-sommeil à tester.
Et pourtant, ici, il va falloir gérer... Mes compagnons de mer m'ont assurée qu'une fois assez fatiguée, le dodo viendra tout seul. Je suis curieuse de voir. Sinon, il leur restera toujours l'option du coup de bôme, ou encore les berceuses (du style "sweet kitty" - je préfère franchement) pour me faire m'endormir.
Mon troisième défi - la Maîtrise de la Technique et des Règles de Course
Première compétition de ma vie en voilier. Règles de course, de priorité, de passage, etc. Premier maniement du tangon et du spi. "Rien de très compliqué", nous assure notre capitaine. Mais, j'aime faire les choses correctement, surtout lorsque notre positionnement de course en dépend et que mes compétences influencent les résultats de l'équipe. Alors, il me reste deux ou trois jours d'entraînement en mer pour apprendre à l'aller dans le Solent. Heureusement, professeurs de choc à bord. Une étape de plus dans mon écolage vélique. (Je ne désespère pas d'un jour parvenir à passer mon brevet de Yacht(wo)man et de pouvoir skipper un voilier. Mais ma route est trèèès longue encore avant d'y être. )
© Cartoon - Mike Peyton
Mon quatrième défi - L'Absence d'une Bonne Douche
Je sais, c'est idiot... (Inquiétude typiquement féminine ? ) Mais une petite semaine en mer sans l'occasion de me laver... Dur dur pour le chat que je suis et qui se précipite pour un plongeon dans la salle de bain (ou par dessus bord dans une mer à une température supportable) dès que j'en ai l'occasion pour me décrasser. En plus, vu la longueur des cheveux... Comment donc faisait Florence Arthaud lorsqu'elle passait des mois en continu sur son navire ? Vive les lingettes pour bébé !
Mon cinquième défi - No Guts no Glory
Enfin, et ce dernier défi-ci reste probablement le plus grand à gérer en ce qui me concerne, car je ne le contrôle en aucun cas, à savoir : le Mal de Mer. Ma propension à la naupathie s'est fameusement réduite ces dernières années et je semble m'amariner de mieux en mieux au fur et à mesure de mes sorties en mer. Cependant, une récente traversée vers la Grande Bretagne un peu chahutée m'a contrainte de constater que je n'étais pas encore complètement débarrassée de cet hôte indésirable. Rien n'y a fait : ni médicaments, ni remèdes de bonne femme ni incantations aux Dieux des Mers. Alors, ma devise à ce propos : "No Guts no Glory"... Qui ne risque rien (pour son tube digestif), n'a rien...
Les Irréductibles Gaulois
L'équipage de bord:
© Cartoon - www.asterix.com
En attendant la suite du récit en photos à notre retour, voici de quoi vous mettre l'eau (salée) à la bouche avec la vidéo de la course de 2016...
http://www.roundtheisland.org.uk/web/code/php/main_c.php?map=rir17a&ui=rir5&style=std&override=§ion=multimedia&page=videolibrary. La suite de ce billet est donc prévue pour la semaine prochaine - je mets la pression sur l'équipage ici :-), plus le choix, à présent, il va falloir qu'on y parvienne si je veux avoir quelque chose de glorieux à raconter dans ce blog en juillet ! Alors, à ceux d'entre vous qui rêvaient de se joindre à nous pour cette aventure : pour les plus grands, je vous emmène dans mon sac de voile. Et pour les plus petits, dans l'étui de mon appareil photo ;-) ... Bon dimanche à tous. Et souhaitez-nous bon vent...
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Sailing Birthday
Des feux de mât en guise de bougies. Le chant du vent et des vagues comme musique. Des sandwiches et des pommes pour gâteau. Et de l'eau salée en guise de champagne. En agréable compagnie. Bref : une superbe manière de célébrer mon quarante-huitième printemps. Et je ne m'en lasse pas. Comme chaque année depuis quelque temps, c'est donc à travers un week end en mer que je profite au mieux de ce passage des années.
Cinq à bord. Voilier de quarante pieds. Confortable. De quoi tenir un siège en nourriture et boissons. Ambiance bon enfant. Départ le samedi matin de Nieuport, direction la Zélande. Notre objectif : découvrir une toute nouvelle marina, celle de Cadzand.
Le petit village de Cadzand se situe dans la province néerlandaise de Sluis (51°22′N 3°24′E). Il compte actuellement environ huit cents habitants. Il s'agit de station balnéaire la plus au sud de la Zélande, juste à côté de la frontière belge, après Knokke.
Au départ, Cadzand n'était qu'un île au sud de la Zélande ainsi q'un endroit de pêche au maquereau, saumon, plie, églefin et flet. Une étendue de sable tentant tant bien que mal de résister aux assauts des flots marins. Au début du XIIe siècle l'endroit fut régulièrement englouti par les flots.
© Photos/Maps – www.cadzandgeschiedenis.nl
De Florence à Bruges
Durant le dernier millénaire, l'ancienne île porta différent noms : Cesant, Caesant, Casant, Cassant, Ketsant, Cadsand, Cadsant, Cadzant, Caedsand, Caedsant, Caedzant, Caetsand, Caetsant, Caetzant, Candsand, Cascant, Catsant, Catsande, Kaedsant, Kasant, Kadzand, Cadzand, Kezant, Kerzant. On y fit également référence comme la "Wulpa Insula" entre le XIe et XVIe siècle.
" Quali Fiamminghi tra Guizzante e Bruggia - temendo ‘l fiotto che ‘nver’ lor s’avventa - fanno lo schermo perché ‘l mar si fuggia. "(La Divina Commedia (1304-1321) XV Canto (Settimo cerchio, terzo girone, Dante Alighieri)
En 1134, le pays au Nord-Est de Bruges fut inondé par un raz de marée qui créa le Zwin, un bras de mer profond de 15 et large de 6 km à son embouchure. Pour mettre Bruges à l’abri, le comte de Flandre, Philippe d’Alsace fit construire en 1180 une digue sur laquelle il installa le port de Damme (dam, en néerlandais : digue) qui deviendra le port de Bruges. La digue sépara la ville de la côte et entre autres d’une île du littoral que Dante appellera Guizzante. Il s’agit apparemment de Cadzand (en néerlandais kade: digue, zand: sable),
Pour mémoire le verbe "guizzare" en italien signifie "frétiller". Quoiqu’il en soit ces vers de Dante illustrent l’intensité des informations qui circulaient au bas moyen-âge entre la Flandre et l’Italie du Nord. (Source: Dante Alighieri, Willy Burguet fils),
Station balnéaire entre Cargos et Eoliennes
Un mignon petit port de plaisance, tout neuf, inauguré cette année, propret, confortable, moderne et blinquant. 125 places de port (et relativement spacieuses pour une fois ! ). Aurait-il donc l'ambition d'attirer une clientèle huppée de Knokke-Heist ? On ne sait. Coincé entre un champs d'éoliennes et des bases de chargement pour cargos. Une jolie marina récente, à l'abri d'une jetée de blocs de pierre. Et pourtant, le sentiment demeure que cet endroit reste bien frêle et fragile face aux vents de la côte. Un port agréable et luxueux par petit temps. Par contre, probablement à éviter par gros temps... Pas vraiment d'endroit où se mettre à l'abri des tempêtes de la Mer du Nord.
Cela dit, une vaste plage magnifique, entre dunes et littoral, sillonnée de bois, qui me fait quelque part penser à la plage du Sillon de St Malo. Une vue imprenable de chaque côté de la jetée en courbe bordée de pierres en désordre, qui se jette dans la mer. Mais, le surréalisme est à son comble lorsque que de géants cargos passent à l'horizon sous le soleil couchant. Je suis charmée.
© Photos - Rêvesdemarins
Repaire de Dragons de Mer
Petit port, certes. Mais qui accueille des hôtes d'exception... Des Dragons. Des voiliers de bois d'une beauté unique et d'une haute technicité, où chaque menue pièce du voilier peut être réglée minutieusement grâce à des systèmes de cordages complexes. Des oeuvres d'art sur l'eau. A découvrir sans modération.
© Photos - Rêvesdemarins
La Mer, Miroir de l'Âme
Nous sommes gâtés par les Dieux marins. Le temps est magnifique. Le vent favorable. Que demander de plus... Le soleil joue avec la mer. Un nouveau monde se crée dans l'immensité réfléchie par les flots. Un véritable régal pour les yeux.
© Photos - Rêvesdemarins
Jour de Chance
Enfin, si c'est votre jour de chance (comme ce le fut pour nous), vous croiserez peut-être l'équipage de Gitana en plein vol sur ses foils, pour finir à Cadzand sur la terrasse d'un des plus anciens établissements de l'endroit et y déguster au soleil une boisson fraîche avec une vue imprenable sur le littoral, les sculptures d'art moderne (si, si, il s'agit bien d'une dent... de requin ! ) ou encore les montgolfières défiant les mâts des voiliers.
© Photos - Rêvesdemarins
Un week end d'anniversaire plus que réussi... Une fois de plus. Merci à ceux qui l'ont rendu possible !
Alors, envie de découvrir le nouveau port de Cadzand bientôt ? Un excellent dimanche à tous ! “La lune émerge de la mer, déposant sur les flots son chemin argenté qui mène jusqu'à la lisière du monde, et même au-delà, pour ceux qui savent le parcourir.” ( J. R. R. Tolkien)
Je suis en mer ce week end. Et je suis en paix lorsque je navigue. Alors, je regarde le ciel et je pense à toutes ces autres mers... Celles dont on ne parle jamais.
Connaissez-vous ces océans méconnus? La Mer du Serpent, Mer Australe, Mer de la Connaissance, Mer des Crises, Mer de la Fertilité, Mer du Froid, Mer de Humboldt, Mer des Humeurs, Mer des Pluies, Mer de l'Ingénuité, Mer des Îles, Mer Marginale, Mer de Moscovie, Mer du Nectar, Mer des Nuées, Mer Orientale, Mer de la Sérénité, mer de Smyth, Mer des Ecumes, Mer de la Tranquilité, Mer des Ondes, Mer des Vapeurs, ou encore le terrifiant Océan des Tempêtes... Pas sur votre atlas de géographie, dites-vous? Voyons, regardez mieux. Elles se trouvent un peu plus haut... Encore plus haut, toujours plus haut. A quelques centaines de milles de kilomètres... Ont-elles seulement réellement existé? Et pourtant, nous en voyons encore les traces actuellemment. Je vous emmène aujourd'hui naviguer dans les océans... lunaires.
Ces bassins - car en réalité, il s'agit de cuvettes issues de l'impact de météorites, il y a environ trois millards et demi d'années, se sont ensuite remplis de lave qui leur ont donné leur couleur grisâtre particulière (basalte). Ils représentent environ seize pourcents de la surface lunaire et sont essentiellement répartis sur la face visible de la Terre.
Au XVIe siècle, un certain Giovanni Riccioli, un jésuite italien astronome originaire de Ferrare, nomma les mers lunaires selon le temps météorologique, croyant que chaque phase lunaire indiquait le temps qu'il faisait sur la terre. Galilée réfuta cette croyance, cependant la terminologie subsista. Jolis noms n'est-ce pas? Mon préféré reste probablement "la Mer des Ecumes" , une petite flaque d'à peine cent quarante kilomètres de superficie. (...) Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème, de la Mer, infusé d'astres, et lactescent. Dévorant les azurs verts, où, flottaison blême. Et ravie, un noyé pensif parfois descend (...) (Le Bateau ivre, Arthur Rimbaud)
De tous temps, la Mer et la Lune ont été intimement liées. Un vieux couple en somme. Les marées en sont la preuve. Et leur sort demeure indissociable. Mais deux vieux amants qui se connaissent par coeur sans jamais se lasser l'un de l'autre, et dont la complicité se veut poète, car de leurs amours sont nées de bien jolies expressions: vives-eaux, mortes-eaux, jusant, flot, étal, marnage et encore bien d'autres. Nous reparlerons des marées plus en détails dans un billet ultérieur. Sur ma liste de voyages à réaliser: revoir notamment Saint Malo, mais cette fois-ci lors des grandes marées...
© Photos - Rêves de Marins
Je me souviens de toutes ces fois où tu m'a appris à admirer ces mers lointaines, que ce soit à l'oeil nu, ou encore à la longue vue. Et toujours j'ai le sentiment que l'astre de nuit veille sur moi comme tu demeures pour moi tendre Ange Gardien dans l'ombre depuis toutes ces années. C'est d'ailleurs assez interpellant que nous ayons tous deux hérité à presque trente ans de différence d'un sobriquet similaire en référance à l'astre du soir (peut-être te souviendras tu que mon qualificatif scout fut "Rayon de Lune". ). "La pomme n'est pas tombée bien loin de l'arbre", comme on dit.
Aujourd'hui, c'est ton jour. Alors, ce billet est pour toi. Bonne fête, cher Petit Prince de Lune...
Période agitée, jonglage d'agendas et long week-end de travail client. Les mois de mai et juin étant très chargés professionnellement parlant. Alors, pourquoi pas l'occasion d'un mini-billet philosophique, histoire de prendre le temps de respirer un peu...
Zen comme...
"Z" comme les choses qui me font du bien :
© Photos - Rêves de Marins
zEn comme...
"E" comme les choses dont j'ai besoin pour avancer :
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zeN comme...
"N" comme les astuces pour savourer mon environnement sans le laisser m' indisposer :
© Photos - Rêves de Marins
Même si chaque jour n'atteint pas toujours le niveau de quiétude ou de lâcher-prise rêvé (par exemple dans une période tumultueuse comme celle-ci pour moi), surtout ne pas abandonner... C'est en forgeant qu'on devient forgeron!
Et vous, chers lecteurs, à quoi donc ressemblera votre zénitude? Sur ces quelques réflexions paisibles, je vous souhaite un dimanche serein à tous et bon congé à ceux qui ne doivent pas travailler ce lundi! |
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August 2023
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