Envie d’un bain de pieds ce dimanche ? Alors, c'est parti pour un bain d’eau salée ! (Si, si, c’est meilleur pour la peau, paraît-il... ).
Départ vendredi pour ma résidence favorite à la mer du Nord avec une amie parisienne de longue date, pour un WE de retrouvailles entre filles. Destination Nieuport et sa côte occidentale. Quoi de mieux pour recharger ses batteries ? Et mes petites batteries à moi se rechargent simplement au vent marin et à l'eau salée ! Ecologique, non ?
La Mer surréaliste
Première étape : Koksijde et son musée Paul Delvaux que nous rêvions toutes deux de revoir. La mer ne rime pas nécessairement avec bronzette (à travers les nuages), goinfrerie de gaufres et crêpes (seulement en cas de froid polaire... ) et oubli de toute culture (il est vrai qu'on lui préfère souvent les balades le long du rivage et les couchers de soleil). Qu'on apprécie ou non l'art contemporain et surréaliste, les oeuvres de Paul Delvaux ne laissent pas indifférents. Trains, gares, lumières, lampadaires, femmes, dames et damoiselles, de préférence relativement dévêtues (il fait torride à la Mer du Nord à cette époque, c'est bien connu... ). Temples antiques, squelettes et ... sirènes aux seins nus et navires ! Et oui, nous ne sommes pas à la côte pour rien. Sa toute dernière oeuvre (inachevée) se nomme d'ailleurs Calypso.
Autant dans ses premières périodes, notre peintre aurait-il pu passer pour un impressionniste, autant à la fin de sa vie, il aurait aisément pu jouer l'adepte de Chagall ou de Permeke. J'ai ainsi redécouvert un artiste bien plus multi-facettes - et passionnant - que ce que mon souvenir m'avait laissé de lui. A plus de 90 ans, presque aveugle, ses dernières oeuvres sont fabuleuses. Je vous laisse découvrir quelques unes de ses oeuvres moins connues. Moi, je suis retombée sous le charme du maître des couleurs et de sa palette. Je vous recommande vivement une petite visite. De plus, le musée compte actuellement une exposition en hommage à Walter Vilain, un autre peintre surréaliste (et compositeur de musique de surcroît) de la région, fondateur de l'Académie du Westhoek. A découvrir sans hésitation.
© Photos - Musée Paul Delvaux & GallerieWalter Vilain
Les Pieds dans l'Eau
Seconde étape de notre séjour en sortant du musée: une solide balade à travers les dunes et plages de Koksijde, Oostduinkerke et Nieuport pour rejoindre enfin sa zone portuaire, son chenal et sa merveilleuse estacade. Et pour une fois, vu de la terre ferme au lieu d'un voilier. J'aurai fait mon sport pour toute la semaine ;-).
Arrivées en bord de mer, une petite surprise... Les fameux cavaliers/joueurs de grass-polo du brise-lame se sont transformés en joueurs de ... water-polo ! Les fières montures ont tout simplement les pattes dans l'eau jusqu'au poitrail. Et leurs nobles cavaliers en ont les bottes pleines à ras-bord, en train de se prendre un solide bain de pieds. Un petit tour pendable de la lune... La coquine aime faire monter les eaux, surtout lorsqu'elle est pleine et lors des grandes marées d'équinoxe comme ce WE. Un coefficient de marée de pas moins de 112 (le plus élevé de 2019 et 2020). Les brises-lames font tous de la plongée sous-marine. Et je manque d'en faire autant en aller ramasser des coquillages le long du rivage... Pas de gentils phoques en vue cette fois-ci. Le spectacle en vaut la chandelle malgré le froid piquant.
Seuls acteurs impassibles à ce tableau aquatique, bien à l'abri en hauteur derrière les quelques dunes : les go-cars et cabines de plage, déjà bien préparés à recevoir la foule des touristes pour les vacances de Pâques toutes proches. Le cavalier sur sa tortue, a lui, par contre, dû se contenter d'un bain de pieds dans la fontaine du socle qui le cloue en ville au lieu de son front de mer habituel (sa peau dorée étant trop fragile aux assaults des embruns salés).
© Photos - Rêvesdemarins
Enfin, si le printemps ce 21 mars, a marqué l'arrivée des grandes marées et des bains de pieds, il a également sonné le repos bien mérité d'une légende de cette belle région - celle de notre Sea King national - l'hélicoptère sauveteur de nos infortunés en Mer du Nord. Mais, les prouesses de ce dernier valent bien la peine d'un prochain billet dédicacé... A suivre très bientôt dans une prochaine édition du blog.
Je vous laisse donc aller prendre un bon bain de pieds (de préférence un peu moins polaire que celui ci-dessus), ce dimanche. Et je m'en vais poursuivre mon WE marin par d'autres belles balades. Je vous souhaite une magnifique journée !
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J’ai eu l’immense chance de pouvoir travailler au départ d’endroits fabuleux, un peu partout en Europe et un peu plus loin même. Et si ces dernières années, j’ai beaucoup moins voyagé pour mon travail qu’auparavant, pour diverses raisons, je garde néanmoins un souvenir et une tendresse toute singulière pour ces endroits où j’ai bénéficié d’un bureau à la localisation particulièrement idéale et que j’aime ainsi à nommer « office with a view ». Alors, j’ai eu envie de vous les faire partager dans ce billet.
Vue sur Mer et Navires
Indubitablement, certains endroits m’ont charmée plus que d’autres, à commencer par ceux avec une vue sur mer et navires... Et mon lieu de travail favori, qui a remporté la palme d’or à mon palmarès demeure sans conteste ma chère ville des Vikings... La sublime Copenhague. Quatorze mois de pur bonheur dans un bâtiment en forme de navire, et dont la proue (le réfectoire... ) se profilait au-dessus d’un des bras de mer entrant dans la cité danoise. Le rêve ! Avec une terrasse sur le toit en prime et la vue des bateaux durant toute la journée. Que vouloir de plus ?
Plus récemment et encore aujourd’hui, deux clients localisés au port de Bruxelles, face au yacht club (BRYC) et au pont Buda. Voiles, péniches et mouettes au menu de mes réunions. De quoi me distraire des discussions sans fin ou des dossiers quelque peu ennuyeux.
Mais l’endroit le plus fantastique où j’ai pu travailler très brièvement se trouve face à la East River, à New York. Un des bureaux des Ressources Humaines se trouvant à Water street, juste en face du très fameux Pier 17 et ses anciens trois-mâts. Une vue tout simplement époustouflante.
© Photos - Rêvesdemarins
Lieux de Prestige et Corner Office
Un tout premier poste de travail dans un temple grec d’un architecte de la démesure néoclassique, à l’atrium de verre où poussaient de magnifiques bambous jusqu’au plafond, dans un parc de plusieurs hectares. Et une vue, par jour de chance, sur des biches venant se coucher nonchalamment derrière les vitres teintées des bureaux. Puis dans un second et un troisième temple, de verre cette fois. Pour terminer ensuite dans un bâtiment classé tout en rondeur, puis un bureau de coin dans une tour d’argent.
Une époque où mon employeur se targuait encore d'avoir pignon sur rue, pas moins qu'au numéro 1 de Wall street à New York... Des années suivantes où le business lunch se prenait face à l’Arc de Triomphe ou celui de La Défense à Paris, ou même dans une brasserie parisienne de renom sur les Champs-Elysée : la joie de pouvoir passer de longues heures dans un décor somptueux de la Ville Lumière. Les réunions dans une charmante auberge face à un des nombreux lacs de Rotterdam (encore des bateaux... ) ou dans un cottage typiquement britannique en pleine campagne du Sud de Londres, au jardin ombragé où venaient gentiment gambader un couple de renards sous le nez des employés locaux au flegme indécrottable.
Sans oublier mon séjour à la Big Apple pour mon métier, qui m’a également apporté le sentiment incomparable de me promener le matin tôt dans Manhattan pour rejoindre mon autre bureau, se trouvant, lui, sur Wall street. Costume classique et brodequins de mise. Avec une vue imprenable de la skyline du haut de la tour de mon employeur de l’antan. Petit déjeuner paisible dans un coffee shop au Pier 17 en admirant les séances de tai chi des maîtres asiatiques à l’oeuvre dans la lumière du soleil levant, avant de rejoindre la foule grouillante de Wallstreet. Le rêve...
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Et comme les voyages d’affaires forment la jeunesse, j'ai poursuivi par des étapes mémorables aux quatre coins de l’Europe et même un peu plus loin : Dubai, Tokyo, Los Angeles (meetings à Anaheim Disney ! ), Barcelone, Madrid, Milan, Rome, Zurich, Stockholm, Malmö, Düsseldorf, Francfort, Versailles, Oslo, Amsterdam, Den Haag, Luxembourg, Chypre, Londres, Manchester, Coventry, Glasgow et quelques autres...
Et si les voyages d'affaires sont rarement de tout repos (je me souviens entre autres de réunions budgétaires à 2h du matin en plus du décalage horaire à Tokyo.... ), je suis reconnaissante à tous ces employeurs et clients de m'avoir permis de jouer au pigeon voyageur car ces séjours m'ont laissé des souvenirs impérissables.
To Travel or not to Travel, that is the Question...
Dans la problématique actuelle du climat, certains argumenteront qu’il faut idéalement réduire drastiquement nos déplacements. Ou dans les cas où ces derniers s’avèrent absolument nécessaires, il devient urgent de les rendre plus verts. Tout d’abord, les trajets domicile-travail. Ensuite les voyages d’affaires. L’avènement des nouvelles technologies de communication permet en effet de tenir des réunions et communications sans bouger de sa chaise, derrière un écran.
Cependant, si l’on veut être consistant, il faudrait aussi à notre société moderne revoir drastiquement ses pratiques commerciales, touristiques, jusqu’à celles de nos loisirs. Si les voitures personnelles ou professionnelles constituent indéniablement une source de pollution, les modes de transport par camions, cargos maritimes et aériens ou méga-navires de croisière représentent à eux seuls une proportion bien plus large encore des sources d’émissions polluantes pour la planète. Cependant, les habitudes, le confort et le progrès ont la vie dure... Les défenseurs de l’environnement hurlent sur les voitures de société, mais consomment régulièrement des bananes, des ananas ou des denrées en provenance de lointaines contrées. Ils ne rechignent pas de prendre des vacances de manière extensive aux quatre coins du monde avec des lignes aériennes low-cost. Et ne prennent rarement leur vélo pour gérer la logistique complexe et exigeante de leurs multiples activités privées et familiales. Bref, modifier son mode de vie en matière de déplacements demeure un défi de taille. Cependant, en matière d'humain, rien ne vaut une bonne discussion face à face pour régler les problèmes ou consolider de bonnes relations. A mon sens, les voyages d'affaires ne sont donc pas encore prêts à être remplacés par Skype, Whatsapp ou l'email (du moins, je l'espère). Et même lorsque mon travail me garde près de chez moi en Belgique, j'ai tout de même souvent des vues épatantes, le soir au coucher du soleil, même sans voyager... An Office with a View...
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Je m'en vais donc rêver de la destination de mes prochains voyages d'affaires - il faut absolument que mon prochain client compte des bureaux aux Açores, aux Bahamas, en Finlande ou en Islande, où il aura absolument besoin de m'envoyer en mission ;-)). Mes amis dont le métier est le voyage (marins, pilotes et autres oiseaux migrateurs), ont, quant à eux, déjà trouvé le bon filon !
Je vous souhaite un excellent dimanche et, qui sait, d'aussi belles prochaines destinations de travail.
Quoi de mieux que d’un peu de soleil pour nous consoler du froid et de la grisaille des mois d’hiver... Alors, je vous emmène dans le Sud ce WE, au pays des tapas et des castagnettes. Et plus précisément dans le grand Sud pour y découvrir quelques unes des merveilles de l’Andalousie.
Tout commence à Gibraltar...
Septième siècle après JC. Détroit de Gibraltar. Tariq Ibn Ziyad inspecte l’horizon. Un gigantesque rocher se dresse dans la mer, tel un magistral portique ouvrant la route vers le monde occidental. Le fameux rocher tient son nom de l'arabe « Djebel Tarik », qui signifie « La montagne de Tarik ». Après les Ibères, Celtes, Tartessiens, Phéniciens, Carthaginois, Romains, Wisigoths et Byzantins, les Maures prennent ainsi possession de l’Andalousie. La culture et l’art mauresque exerceront une influence majeure sur la région. Les arabo-berbères y demeureront jusqu’en 1492. Les chrétiens, dont Ferdinand III de Castille, reprendront Cordoue en 1236, Séville en 1248 et Grenade en 1492.
Les cités andalouses comptent un lien indéniable avec la mer... Les Phéniciens, marins expérimentés, fondent Cadix. Christophe Colomb, autre marin mémorable, découvre ce qu’il croit être les Indes et Séville devient alors le principal port espagnol pour les voyages avec le Nouveau Monde, car il est le seul à avoir le droit de commercer avec les Amériques, jusqu’à ce que Cadix le remplace trois siècles plus tard. En 1802, c’est au large de Cadix, encore, qu’aura lieu une des plus grandes batailles navales, à savoir, celle de Trafalgar (sous le commandement de Sir Horatio Nelson pour la flotte anglaise).
Au Carrefour des Cultures
L’Al-Andalus, devient le lieu des croisées des cultures par excellence. Philosophes, mathématiciens, scientifiques, poètes, architectes de toutes obédiences se côtoient et échangent. Juifs, chrétiens et musulmans y vivent en communauté pacifique. Cordoue devient la plus grande ville d’Europe au Xe siècle et brille par son essor scientifique. La période médiévale dans la péninsule ibérique constitue un épanouissement culturel et intellectuel sans précédent.
Les vestiges architecturaux y sont un des seuls au monde où les diverses cultures et religions cohabitent et sont encore visibles sur un même site. Alors, que partout ailleurs, les architectes commandités par les divers pouvoirs religieux ou politiques ont successivement toujours eu grand soin de détruire toutes traces des religions ou régimes antérieurs, anéantissant ainsi des merveilles architecturales. Rien que pour ce point précis, l'Andalousie constitue un joyau universel.
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L’Alhambra, Palais de Légendes - Grenade
La Forteresse rouge au pied de la Sierra Nevada devrait son surnom dû à la teinte de ses murs (à moins que ce ne soit à celle de la barbe de son fondateur Mohammed Ben Nasr). Elle était réputée imprenable. Arcades, colonnes, azuléjos, fontaines, plans d’eau, jardins luxuriants, architecture d’une finesse extrême. D’après des écrits arabes datant du XIVe siècle, le Mexuar présentait à l'origine un toit entièrement fait de cristal, reflétant la lumière du soleil andalou. Seule une fenêtre en demeure encore visible, au plafond du mirador de Lindaraja. Si les diverses bâtisses n’ont pas été élues au rang de la huitième merveille du monde, elles en valent toutefois entièrement leur réputation. On raconte que les émirs nasrides cherchèrent à y recréer un paradis sur terre (probablement pour se consoler de leur pouvoir déclinant). Un endroit exceptionnel, digne d’un conte des mille et une nuits. Impossible de ne pas tomber sous le charme. Washington Irving y écrira d'ailleurs ses "Contes de l'Alhambra ".
"Perhaps there never was a monument more characteristic of an age and people than the Alhambra; a rugged fortress without, a voluptuous palace within; war frowning from its battlements; poetry breathing throughout the fairy architecture of its halls." (Washington Irving, Tales of the Alhambra)
Sur la colline en face, le mirador de St Nicolas. La montée à travers les ruelles blanches en vaut plus que la peine, pour atteindre le parvis de l’église donnant une vue imprenable sur l’Alhambra et les montagnes enneigées a l’arrière-plan, sa petite place ombragée et l’occasion d’une pause pour goûter à la gastronomie locale dans un décor féerique.
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Les Trois Grâces
Cordoue, la ville des cordonniers. Sa Mezquita (mosquée/cathédrale) et sa forêt de colonnes bariolées. Plus de 850 colonnes de granit, jaspe et marbre, qui convolent en noces architecturales avec le mirhab (niche à prière) richement décorée, Son charmant quartier juif (Juderia) et sa synagogue. En passant par l'Alcazar de los Reyes Christianos et ses jardins rafraîchissants. Ici encore, un exemple de mélange subtil de cultures. Réminiscences d'une époque d'ouverture.
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Séville, la cité aux milles balcons. Les loggias colorées y ont pignon sur rue. Sa cathédrale fabuleuse, ses innombrables cafés, ses rues couvertes, son Barrio Santa Cruz, son Museo Palacio de la Condesa de Lebrija et puis, un endroit moins connu - La Casa Pilatos - mais époustouflant si vous aimez les endroits insolites et les azulesjos... Et enfin, son Alcazar (amoureux de l'art mauresque, à ne manquer sous aucun prétexte ! ).
Encore une référence à la mer et aux navigateurs... Qui sait, y rencontrerez-vous, comme moi, peut-être Christophe Colomb et Rodrigo de Triana (voir le billet du blog "Frère Rodrigo, ne vois-tu rien venir ? " ) au détour d'une abside de la cathédrale ou d'une place citadine.
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Cadix, enfin, pour ceux en manque d'air marin et de calme, Une perle de sérénité. L'occasion de flâner dans le plus vieux marché couvert d'Espagne, celui aux poissons (avec des exemplaires de bébètes marines sortant tout droit d'un roman de Jules Verne ! ). La certitude d'une promenade le long de la mer (par exemple au départ de la Caletta en passant par son château de Santa Catalina), les pieds dans l'eau salée au soleil couchant, entre les nombreuses petites barques colorées de pêcheurs locaux. Pour ceux qui veulent faire un peu de sport, la Torre Tavira avec ses centaines de marches pour atteindre la Camera Obscura. Mais qui vous donnera une vue imprenable à 360° sur la ville. Son hôpital des femmes, sa cathédrale ou son Oratorio de la Santa Cueva. Bref, impossible de s'y ennuyer. Et une bonne idée de fin de séjour après un bain de foule dans les autres villes andalouses. Pour plus de photos, jetez donc un coup d'oeil à l'onglet "rêves andalous" de ce site web.
Alors, peut-être l'occasion ce week-end, d'une bonne auberge espagnole ? Que vous soyez chez vous ou que ce billet vous ait convaincu de prendre un vol de dernière minute pour l'Andalousie. Au son du flamenco et devant un bon plat de tapas... Un excellent dimanche à tous !
Quart de Nuit - Libérez le marin qui est en vous...
Cela ferait bien un bon slogan publicitaire, comme pour un parfum, un produit de beauté ou une crème soi-disant rajeunissante, non ? Toutefois, ce billet ne vous vantera, hélàs, point les qualités ou le secret d'une nouvelle lotion de jouvence... Mais, ne coupons pas les cheveux en quarts... Partons plutôt pour un petit séjour au gré des divers tours de l'horloge ce WE.
Passation de Quartiers
Une vie de marin ne serait pas tout à fait complète si elle ne comportait pas de navigation dans tous les temps et à tout moment, à savoir, de jour comme de nuit. Et pour ce faire, le capitaine a souvent soin de répartir les heures en quarts. de veille entre les divers membres d’équipage. Que ce soit pour continuer à barrer pour poursuivre sa route, pour vérifier que l’ancre ne se détache pas durant une nuit de relâche, pour tenir les amarres à l’oeil durant un coup de vent au port ou encore pour alterner de chef cuisinier... En tout moment, le navire doit rester sous surveillance.
Au temps de la marine à voile, les équipages étaient répartis en deux quarts, celui de bâbord (les bâbordais) et celui de tribord (les tribordais) afin de les différencier aisément, sous la direction d'un chef de bordée ou chef de quart. La cloche à bord servait, notamment, à annoncer les changements de quart. Elle rythmait la vie à bord des navires toutes les demi-heures jour et nuit, un coup par demi-heure, deux coups brefs par heure, à chaque demi-heure un sablier était retourné pour mesurer le temps. Aujourd’hui, les durées et nombres de quarts sont très variables en fonction de la taille de l'équipage et du type de navire. Lorsqu'un quart est de repos on parle de « quart en bas » (même si l’on dort en haut, dans le cockpit... ). Idéalement, on tente d’organiser des quarts de deux à quatre heures environ, de manière à permettre le repos nécessaire à chaque membre d ‘équipage, tout en garantissant une veille continue du navire. La passation du quart au veilleur suivant exige une information complète de la situation telle que la position sur la carte, cap, vitesse, profondeur, marée, courant, météo, visibilité, allure, routes à suivre pendant le prochain quart, navires et amers en vue, variation compas, communications, sécurité, Instructions particulières du capitaine, etc.
© Photos - Rêvesdemarins
Quarts de Nuit en Mer
BIen entendu, les quarts de jour semblent plus simples et plus confortables que ceux de nuit : la lumière du soleil, le rythme quotidien, la visibilité, la température, la bonne humeur, l'état physique de l'équipage et j'en passe.
La nuit, tout semble un peu plus ardu à gérer : le froid, le besoin de sommeil, l'humidité, le manque de visibilité, le sentiment de solitude, la navigation à l'estime, la peur aussi parfois. Mais n'allez pas croire qu'un quart de nuit soit dénué de charme, que du contraire ! Un quart recèle la magie d’un firmament de nuit claire à compter les étoiles filantes, le silence du crépuscule, un lever de lune ou de Vénus ou la majesté des couleurs de l’aube et laisse souvent ainsi des souvenirs impérissables. Des moments privilégiés pour des discussions profondes, l’introspection et la redécouverte de soi-même. Toujours l’occasion de revoir ses leçons de définition d’un cap, de lecture de la carte, d’utilisation de la VHF et le moment jouissif de pouvoir remplir le journal de bord avec sa position, les conditions de navigation et toute remarque importante pour le quart suivant. Souvent, un jeu de défi pour les adeptes des casse-têtes, notamment celui des kaléidoscopes des feux de signalisation des bouées, navires et amers que l'on croise. Parfois aussi l’occasion de faire monter l'adrénaline pour régler les voiles, pour ariser dans un grain, pour écoper dans le carré après un gros paquet de mer invasif parce qu’on a négligé de fermer le hublot de descente, ou encore pour éviter un bateau de pêche non signalé sur l’AIS ou un cargo mal luné qui n’a nulle envie de se détourner pour un lilliputien à voile sur sa route. Bref, la nuit, on ne s’ennuie jamais à bord...
© Photos - Rêvesdemarins
Les Chronophages
Dans la majorité des cas, les heures s'envolent souvent au... quart de tour à la voile (tout passe toujours trop rapidement lorsqu'on s'amuse),
Si les quarts de nuit peuvent sembler longuinets en mer (surtout celui entre 2 et 5h du matin) ou par mauvaises conditions, les quarts de jour, à leur tour, peuvent parfois sembler interminables... Par exemple, dans la file pour faire le plein à la station essence du port, devant l'entrée d'un chenal ou d'une écluse en attendant son tour. Dans un vent contraire qui nous oblige à tirer des bords chronophages pour parvenir à atteindre le cap espéré. Dans une grosse pluie bien grasse, qui nous laisse trempés jusqu'aux os, comme de pauvres chiens ayant passé la nuit dehors sans abri. Ou, pire, pour le marin malheureux en pleine discorde naupathique avec ses entrailles, et qui, à ce moment, donnerait tout pour avancer sa montre de quelques heures pour déjà retrouver le plancher des vaches et faire cesser le jeu de yoyo à son estomac.
Quart de Jour sur Terre
A l’hôpital, dans les services de traitement ambulatoire oncologique, les quarts de jour se succèdent semaine après semaine, mois après mois.. Et les heures y passent souvent lentement sans toutefois se ressembler. Des quarts de deux, quatre et parfois même jusqu’a huit heures de veille ininterrompue. Parfois avec le mal de terre, le froid glacial ou la chaleur accablante et où le corps se sent tiraillé et gémit de partout, amarré à son mât où pendent des gourdes de potions aux pouvoirs régénérateurs et qu’on espère vraiment magiques. Parfois, le temps s’écoule en douceur, sans heurts ni désagréments. Parfois le quart a lieu en solitaire. Parfois en solidaire, accompagné de la présence bienveillante d’autres membres de l’équipage.
Cette semaine-ci, un de mes marins a appris qu’il n’atteindrait plus son port d’attache et que sa navigation allait bientôt se terminer, bien plus tôt que prévu. Une nouvelle difficile, qu’on espère ne jamais avoir ni à annoncer ni à apprendre. Alors, j’ai passé son quart à ses côtés. Un quart épuisant, énergivore, entrecoupé de paquets de mer et leurs larmes salées, les yeux plissés du marin pour ne pas les laisser le submerger face à moi. Une discussion profonde, sans masque, simple et touchant à l’essence même des choses. Et si je suis rentrée, moi, éreintée, mais à bon port ce soir-là, je suis heureuse d’avoir tenu bon la barre avec ce marin-là pour une de ses dernières navigations de quart. Et je serai là pour ses quarts suivants et pour les autres marins suivants. On n’abandonne pas vraiment un navire dans la tempête ou la tourmente, même pas durant les quarts des autres.
Sur ces réflexions intemporelles, je vous souhaite à tous un excellent dimanche. Et si c’est votre tour de prendre un quart, qu’il se déroule le plus agréablement possible !
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August 2023
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