L'heure du jusant. Une bonne brise. Le froid piquant sur mes joues. La mer est basse. Je marche sur le sable. Mes pas s'enfoncent en silence dans ce tapis moëlleux. Les vagues roucoulent au loin. Je passe mes doigts dans ce sol si doux au toucher. Des milliers de petits points dorés qui roulent sous mes phalanges engourdies par le froid. Au loin, quelques dunes aux allures de hippies, coiffées d'herbes verdoyantes en bataille.
Le Westhoek: Nieuwpoort, Oostduinkerke, Koksijde, La Panne, jusqu'à Dunkerke. Ma Mer du Nord de prédilection. Une partie de la côte belge où je me retrouve avec moi-même. Sa mystérieuse Abbaye des Dunes. Malgré ses digues de buildings sans esthétique, cette région du littoral me charme par ses quelques dunes où il fait bon se refuger à l'abri du vent ou des regards pour un instant de bonheur, ses brises-lames qui s'enfoncent allègrement dans les flots écumeux et ses immenses plages gris-roses à marée basse, qui prennent un doux bain de lumière face aux couleurs du soleil couchant.
Le sable, un élément magique aux origines, propriétés et pouvoirs fabuleux une fois combiné aux forces de la nature.
Kaleïdoscope de Coloris
Un matériau issu de la désagrégation d'autres roches et dont la composition peut révéler jusqu'à 180 minéraux différents (quartz, micas, feldspaths), de silice, ainsi que des débris calcaires de coquillage et de corail, tout cela en fonction de l'endroit où il se forme. Si un seul grain de sable peut, à priori, paraître tout à fait insignifiant vu la petitesse de sa taille, une fois sous le microscope, il nous révèle un véritable festival de teintes.
Sculpteur dans l'Âme
Sa légèreté lui permet de changer de forme à la guise du vent et de l'eau qui le charrient. Jamais il ne conserve le même aspect. Il permute de silhouette à chaque bruissement des vagues, à chaque murmure du vent. De loin, une plage semble la même dans son ensemble. Mais, en réalité, elle se meut constamment. Ses formes se modifient. Un jour elle n'est que montagnes dorées, le second, elle a troqué ses sommets pour de rosâtres collines aux douces courbes, le troisième, elle est redevenue plat pays aux teintes d'acier. Sa longueur varie selon les marées, sa couleur se métamorphose en fonction des sédiments, de l'heure du jour et du flux marin.
Le sable dessine, sculpte et modèle des paysages et créatures fantastiques à l'existence éphémère. D'ailleurs, les hommes en ont fait un art: la sculpture sur sable, avec des résultats assez étonnants (voir le festival de sculpture sur sable d'Oostende, http://www.zandsculpturen.be). Si certains construisent des châteaux, d'autres préfèrent s'inspirer d'autres modèles... Dans ma famille, nous avions opté pour des Bouddhas... (très zen! ).
Et parfois, le temps et les éléments les rendent immortels sous la forme de sublimes fleurs pétrifiées: les Roses des Sables. Le mythe prétend que ces dernières portent bonheur...
Magicien Mutan
Non content de se transformer en oeuvres d'art, le grain de sable possède cette capacité tout simplement ensorcelante de pouvoir se rendre totalement invisible! Et oui, à travers un savant mélange dans la marmite d'un maître verrier, et chauffé à plus de trois mille degrés celsius, notre petit grain de silice se transformera en verre... Une opération qui m'époustoufle à chaque fois. J'ai eu l'incroyable chance d'aller à plusieurs reprises dans les usines de production d'un de mes clients fabricants de verre. On m'a même accordé l'insigne honneur d'une visite de l'intérieur d'un nouveau four avant son tout premier allumage, Le "craquage de l'allumette", comme ils disent... Un évènement comportant un rituel solennel, car il n'a lieu que tous les vingt ou vingt cinq ans environ. (Merci aux ingénieurs d'AGC de m'avoir accordé ce privilège normalement réservé aux seuls initiés). Imaginez-vous un immense silot d'où coule le sable, qui déverse son précieux contenu dans un four de voûtes réfractaires, aux allures de cathédrale de briques. Des hommes en combinaison d'astronaute pour manier les outils incandescents. Une ligne de production qui passe du rouge vif du sable en fusion, sur un lit d'étain en perpétuel mouvement, pour se refroidir peu à peu et devenir solide et transparent. Un procédé tout simplement magique... Si vous avez un jour l'occasion d'aller visiter tel atelier, je vous le recommande vivement!
Grand Voyageur
Sa légèreté permet non seulement au sable de changer de forme à la guise du vent et de l'eau qui le charrient., mais elle lui octroie également le statut de Globe-Trotter. Pour ce faire, le sable s'est trouvé deux alliés de taille: la mer et le vent! Et ce dernier l'emmène à travers le monde, en quelques souffles seulement. D'ailleurs, il lui arrive de venir directement des grands déserts et de traverser l'océan pour rejoindre l'Europe. Si ma passion pour la mer et la navigation n'a pas de limites, je pense un jour me laisser envoûter par l'attrait des déserts. Ceci manque encore à ma liste de voyages (il est temps que j'y remédie...). Alors, ici quelques images de ces endroits fabuleux, prises ici par un autre Globe-Trotter cher à mon coeur (et excellent photographe - merci oncle Armand!). Si vous aimez ces clichés, allez donc jeter un coup d'oeil à l'onglet rêves en images/portraits d'artistes (http://www.revesdemarins.com/portraits-dartistes.html). Un artiste à découvrir sans modération!
Mille Sablords!
Comme toute chose passionnante, le sable, possède également certains pouvoirs incontrôlables et donc passablement inquiétants. Les sautes d'humeur d'Eole sur terre et notamment dans le désert, sont pratiquement tout autant à craindre sur terre que celles de Neptune en mer. Une tempête de sable ne laisse personne indifférent... Aux abris! Le temps compté, qui passe et ne revient jamais, représenté par le fameux sablier, comporte lui aussi quelque chose d'indomptable. Un banc de sable mal placé (ou mal repéré) peut ainsi donner quelque fil à retordre aux marins. Vive l'échouage si vous aviez tout simplement omis de regarder correctement la carte, de vérifier l'horaire des marées et de tenir à l'oeil le loch de profondeur, même à un endroit que vous connaissez comme votre poche... Mille Sablords! Dans une bien moindre mesure, le petit grain de sable qui a soudain décidé de s'installer comfortablement dans votre pupille ou dans une de vos dents, même si relativement inoffensif, peut s'avérer un passager clandestin dont vous vous passerez aisément. Bref: petit mais costaud! Il mérite donc notre attention!
Grain de Sable. Grain de Sel.
Grain de Ciel. Grain d'Espoir. Sable, sand, Sand, zand, sabbia... Sa traduction se ressemble dans de nombreuses langues européennes. En danois (et vous savez à présent que cette langue m'est chère), le mot "sand" signifie également "vrai". Une raison de plus qui rend ce matériau attirant à mes yeux... Enfin, pour moi, le grain de sable, c'est aussi ce petit détail imprévu, ce petit geste inattendu, ces quelques mots inespérés qui me rendent l'espoir et ma confiance en moi lorsque mes ciels sont sombres ou lorsque je doute de moi-même. Ces attentions qui me prouvent que, malgré les apparences, j'existe pour d'autres. Comme cet ancien collègue retraité depuis belle lurette, qui se souvient de la date de votre anniversaire. Comme cet automobiliste, qui ouvre sa fenêtre pour vous souhaiter bon courage alors que vous travaillez dehors dans la pluie battante. Comme cet inconnu en rue, qui vous accoste simplement pour vous dire que vous avez un sourire charmant... Et j'espère de tout coeur récolter et offrir encore de nombreux grains de sable de ce genre dans ma vie... Alors, la prochaine fois que vous verrez des grains de sable, regardez-les avec un regard nouveau et pensez à ce petit billet... Bonne fin de WE!
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Dans le billet précédent, nous vous avions présenté une espèce animale un peu particulière: les Marins et leur biodiversité. Aujourd'hui, et pour clôturer ce documentaire, je vous propose de vous parler des moeurs et habitudes sociales de cette famille fascinante. Analysons donc d'un peu plus près quelques unes de leurs caractéristiques comportementales.
Oiseaux Migrateurs
Le Marin descend de l'Oiseau Migrateur. Certains Marins se sentent en effet le besoin pressant, une fois la mauvaise saison venue dans notre Atlantique Nord, de prendre leur envol pour le Sud: les Canaries, le Cap Vert, les Antilles, les Grenadines, les Bahamas... Besoin de soleil, mers turquoises et de calme? Pas toujours. Car, le Sud, c'est aussi... le Grand Sud et son hémisphère. Et pour y parvenir, il faut passer par des contrées magiques, mais redoutables et on ne peut plus éprouvantes (Pot-au-Noir, Cap Horn, Cap de Bonne Espérance, Cap Leeuwin, Patagonie, Géorgie du Sud, Antarctique...) et pas vraiment très estivales en termes de météo: orages, grains, vents tournants, pluies diluviennes (même si chaudes)... Bref, pas vraiment l'image que l'on se fait d'un voyage de tout repos... Cependant, la seule pensée de laisser leur voilier dans un port désertique, où toutes les autres embarcations se trouvent sagement rangées sur leur ber au bord de l'eau, les fait tout simplement rager et leur donne le cafard. Besoin de naviguer, tout simplement! Alors, à la fin de l'automne, ils se rassemblent pour chercher un équipage et le moment venu, ils prennent le large dans l'autre hémisphère jusqu'au printemps suivant!
Mi- Hommes, mi-Poissons
Les Marins, sont par définition, une espèce issue de l'H2O. On peut les voir comme des champions de natation, des Johnny Weissmuller de la mer, heureux dans l'élément liquide sous toutes ses formes (océan, mer, lac, rivière, piscine, flaque d'eau, bouteille de rhum... ). En effet, en sus de la navigation, il leur faut régulièrement inspecter la quille, la coque ou le safran ou encore plonger pour aller placer une amarre sur le rivage. Irrésistiblement attirés par le plaisir incomparable d'une baignade, dans des eaux crystallines pour se rafraîchir ou en lieu et place de douche, ou même dans les fjords glacés scandinaves (à condition d'avoir un bon sauna à disposition). A l'aise dans les vagues comme de vrais Tritons. Bref, on pourrait dire que le Marin descend du poisson...
Et pourtant... A chaque règle, son exception: il existe bel et bien des marins qui n'aiment pas nager! Etonnant, n'est-ce-pas? Ne croyez point que ces Marins-là ne soient pas bons nageurs, au contraire. Alors, pourquoi détestent-ils donc se baigner? Par aversion de l'eau? Par désagrément de se mouiller? Par peur des profondeurs? Par dégoût des poissons? Par phobie des monstres marins? Qui sait. Le mystère reste entier. Et je compte bien le décrypter un de ces jours. Je vous tiendrai au courant du résultat des mes investigations!
Super... stitieux
Si certains membres de ma famille méridionale n'ouvriront pas un parapluie à l'intérieur par superstition, ce trait de caractère touche la grande majorité des Marins. Pas question de nommer le monstre aux grandes oreilles à bord, de larguer les amarres un vendredi, ou encore de nommer son navire avec des chiffres ou des lettres "à fût plongeant vers la mer" (A, E, 1, 4, 7...). Dans ce dernier cas, d'ailleurs, certains vont jusqu'à renommer leur embarcation ou trouvent une parade en arrondissant la calligraphie de leur immatriculation pour la rendre plus favorables aux dieux de la mer. Une pratique très commune en Bretagne, et finalement très réussie en termes d'aspect esthétique.
Très simples et très complexes.
Les Marins sont des êtres simples... Ne vous méprenez pas sur mes mots: j'ai dit "simples", et non "simplets"... Simples par leur amour inconditionnel de la nature, des couchers et levers de soleil, du bruit du vent et des vagues, de la symbiose avec les autres animaux marins (dauphins, goëlands, poissons volants et autres... ). Simples par leur capacité à se contenter de peu de confort, de luxe, de sommeil, de nourriture, de compagnie. Amoureux de la solitude en mer. Simples par leur émerveillement à chaque nouveau paysage, à chaque nouveau chiffre qui monte sur le loch, à chaque glissement parfait de la coque sur l'eau, à chaque souffle de vent qui relance la voile. Bref: ils possèdent cette capacité, que de nombreux terriens (mis à part les montagnards peut-être) ont malheureusement oubliée, de retrouver les bonheurs naturels, dépouillés, les moments de beauté brute. On peut toutefois également décrire les Marins comme des êtres complexes. Et pour une fois, nous parlons au masculin ici... Non, Messieurs, les dames ne possèdent pas l'exclusivité de cette caractéristique... (Evidemment, lorsque l'on parle d'une femme marin, cela se gâte car le cas devient alors tout à fait inextricable...). Ils s'avèrent complexes par leur capacité à gérer une kyrielle de priorités à la fois (voiles, barre, navigation, météo, cap...). Complexes par leur intérêt et abilité à manier simultanément de multiples disciplines qui font de la navigation une science et un art hors du commun (géographie, géométrie, ingéniérie, météorologie, cartographie, informatique, mécanique, orthodromie, loxodromie, astronomie... ). Complexes, enfin par leur aptitude à s'adapter à toutes les situations imprévues en mer et à y apporter une créativité et ingéniosité sans pareil pour parer aux aléas. Comme ces voileux montant un grément de fortune avec un tangon et un mouchoir de poche lors de la rupture de leur mât ou encore cet ami skipper, incroyablement doué pour le matelotage, qui parvint récemment à réparer son moteur découplé à l'aide d'un savant brelage! Ecoute un jour, Ecoute toujours!
Même pas Peur...
Sacrilège, allez-vous me rétorquer: un Marin n'a jamais peur! "A terre, même dans les moments les plus sombres, la vie recommence toujours le lendemain. En mer, lors d'une tempête, on éprouve un sentiment de piège pour l'éternité... "
Enfin, cette espère animale ne semble pas connaître la Peur... Ou du moins, les Marins la gèrent mieux que la plupart des autres. Ils n'ont peur que d'une chose, c'est que "le Ciel leur tombe sur la tête"... (Un déjà vu, mmm?). Et quand bien même ce dernier leur tombe effectivement sur la tête, hé bien, "ils font avec", comme on dit à Bruxelles.
Ce thème de la Peur refera l'objet d'un billet séparé car il vaut la peine d'être décortiqué. Mais, dans notre cas précis aujourd'hui, il faut savoir que le bon Marin, s'il a des appréhensions en partant en mer, est prévoyant et tente de réduire les risques d'avarie fortuite une fois les amarres larguées. On peut avoir peur d'un coup de vent inattendu, d'un grain non annoncé par la météo, d'une panne de moteur, d'une drisse qui se brise, d'un hauban qui se détache, du mal de mer, d'un équipier qui tombe à l'eau, d'un accident à bord, d'un moteur qui tombe en panne et mille autres contretemps qui peuvent lui rendre la vie en mer vraiment très problématique. D'ailleurs, tous les navigateurs vous le diront: il y a toujours bien quelque chose qui casse ou qui se passe en mer! Impossible de naviguer sans surprises. Alors, plutôt que de tenter de prévoir l'imprévisible, les Marins apprennent à vivre avec l'impondérable plutôt que de le craindre. En parlant de risques, la météo nous annonce un avis de tempête en Manche et Mer du Nord ce week-end. Alors, restez bien à quai, au chaud, vérifiez vos amarres et reportez votre sortie en mer à un peu plus tard! Inutile de vous/nous faire peur!
Je terminerai ainsi ce billet à propos du comportement des Marins. J'espère vous avoir convaincus par ces deux billets documentaires que ces adorables petits animaux valent la peine, non seulement d'être connus, mais en outre d'être apprivoisés (pas toujours évidente, cette étape-là, celà dit... ) et qu'ils s'avèrent d'excellents animaux de compagnie!
Sur ces bonnes paroles, je vous souhaite un excellent WE!
Une fois n'est pas coutume, un petit billet pédagogique... Et laissez-moi deviner... La plupart d'entre vous adorent les animaux? Alors, comme il est de tradition le WE sur une chaîne de télévision locale que vous connaissez peut-être bien, allons-y pour une petite séance de zoologie appliquée!
Nous vous parlerons aujourd'hui d'une espèce animale liée au milieu aquatique: Les Marins. Si cette espèce n'est pas en voie d'extinction (ouf...), par contre, elle est souvent méconnue. La gent marine constitue une espèce biologique très particulière. De drôles d'animaux, incroyablement attachants, certes, mais aux habitudes bizarres, aux moeurs saugrenues, aux tendances insolites et aux caractéristiques parfois totalement incompréhensibles pour les Terriens. Consacrons donc un billet ou deux (à prendre avec humour) pour examiner d'un peu plus près ce peuple de l'eau.
Nous investiguerons aujourd'hui leur biodiversité. Cette variété d'êtres vivants compte en effet parmi ses populations toute une série d'individus de style, de forme et d'apparence relativement disparates. Du moins, c'est la première impression qu'elle donne au premier coup d'oeil lorsqu'on les observe. Ci-après une très rapide analyse.
Les Marins Virtuoses
Il s'agit d'une variété de professionnels de la mer. Qu'ils en ait fait leur métier ou non, ils sont dignes de confiance sur l'océan. Et sont accros à la musique du vent des vagues. Ils connaissent chaque souffle de brise, chaque ridule de l'eau par coeur. Ils sentent le vent. Ils jouent avec les flots comme un chef d'orchestre, un violioniste virtuose, en solo ou en groupe. Leur aspect diffère souvent: grands, minces ou costauds, cheveux ras ou non. Combinaison de pluie ou short et baskets pour le beau temps. Ils s'entourent toutefois tous d'un équipement de sécurité et de navigation professionnel et partagent tous une même faculté: celle de pouvoir s'endormir à n'importe quel endroit du bateau et à n'importe quel moment. Ils sont également tous animés de ces mêmes valeurs: humilité, discipline, passion, sagesse, dérision de soi, ténacité et patience à bord. De vrais exemples à suivre. Des Dalaï-Lama de la mer.
Les Marins Fleur-Bleue
Les cousins des premiers. L'autre style de pros tout aussi remarquables. Le visage hâlé par le soleil, quelques taches de rousseur. Les lèvres et les mains assèchées par le vent et le sel. Souvent barbus (de trois jours ou trois semaines selon les cas), aux longues mèches de cheveux volant au vent, aux allures fleur bleue, portant souvent le même T-shirt et un jeans délavé, nu pieds dans des tongs ou des crocks. Mais à leur défense, navigation en mer et coquetterie font rarement bon ménage... Question de priorités à bord. Le Capitaine Haddock ne portait-t-il d'ailleurs donc pas magnifiquement bien la barbe? Un look qui a son charme, auquel il est impossible de rester insensible... Dans leur terrier: des chaussettes de rechange, une combinaison de pluie, une paire de bottes (tout de même!), un pull, des cartes marines, un compas, un sextant (pour les plus nostalgiques), des crayons et règles cras. Un sac de couchage (souvent humide du dernier grain). Du café, du chocolat, des biscuits, des pâtes, de l'eau et parfois une bonne bouteille (mais pour l'arrivée au port seulement). Et une guitare, me direz-vous? Non, cette dernière a été remplacée par un Iphone ou un Ipad... Il faut vivre avec son temps, voyons! Mais ne vous fiez pas aux apparences trompeuses: ces marins-là connaissent la mer et leur bateau comme leur poche. Ce sont des pros. Et s'ils grimpent au mât pieds nus et paraissent de grands rêveurs en refaisant le monde le soir dans le cockpit, ils conservent une incroyable vivacité d'esprit et ont bien les pieds sur terre, euh... sur mer... Et en lieu de gloire, ils cherchent la passion des flots, l'harmonie avec le vent, les vagues, la nature et le dépassement de soi. Derrière le look Loup de Mer rêveur se dissimulent fréquemment de solides ancrages: persistance, résistance, fiabilité, grand coeur et sincère camaraderie. Une espèce pittoresque tout à fait adorable et admirable. A suivre à bord sans aucune hésitation.
Les Astronautes des Mers
Une édition limitée dans l'espèce. Une élite. Ceux-là sont ceux-là mêmes qui voguent en ce moment pour le Vendée Globe, L'America's Cup ou encore la Volvo Ocean Race. Une version futuriste de l' espèce décrite ci-avant. Un look d'Astronaute des Mers. Combinaison sèche, harnais, téléphone satellite à la ceinture, gilet autogonflant, télécommande de pilote automatique sur le torse, gants en néoprène, Letherman au ceinturon, sous-pulls en lycra, bottes de cuir imperméables, lunettes polarisantes, avitaillement lyophilisé, voire même casque. Dans leur tanière: pc's, écrans, ipad, logiciels dernier cri. Rien que de la haute technologie. Bref: un équipement digne de Neil Amstrong. Ceux-là partent en expédition vers Neptune. Et lorsqu'ils larguent les amarres, l'on a toujours un petit pincement au coeur car les dangers feront à coup sûr partie de leur périple. Sans compter les vitesses vertigineuses auxquelles leur navette à voile les emmènent littéralement voler sur les flots. Foils en lieu de moteurs à propulsion. Une race de gagnants, de sur-hommes (même s'ils n'aiment pas qu'on les qualifie ainsi), bourrés de courage (et d'un grain de folie) pour affronter les flots, en équipe ou en solitaire et surpasser les limites le temps d'un envol mythique.
Les Apprentis-Marins
Cette famille de mammifères marins, caractérise les amateurs passionnés, qui comme moi, tentent tant bien que mal, de s'initier aux rites des vrais loups de mer, et qui ont encore beaucoup de milles marins à parcourir avant de pouvoir se considérer comme tels. Veste de ciré ou de ski, bonnet, baskets, écharpe en fleece, lunettes de soleil, pilules anti-mal de mer toujours à portée de main et combinaison de voile pour les plus acharnés (ou les plus frileux comme moi). Le pied marin, mais juste pas tout le temps et la démarche à bord qui s'assure chaque fois un peu plus au fil des sorties en mer. Dans leur refuge: trois pulls de rechange, cinq T-shirts propres, une couverture, des draps de lit secs (dans lesquels ils n'ont jamais l'occasion de dormir), une trousse de toilette (qu'ils ne parviennent pas non plus à utiliser en mer), des victuailles pour l'équipage d'un pétrolier entier, une pharmacie, un almanach marin, une boussole, un appareil photo, et dix mille autres petits ustensiles auxquels ils n'auront pas l'occasion de toucher durant la traversée.
Les Marins Virtuels
Je ressens une tendresse toute particulière pour cette catégorie de marins. Il s'agit de ceux qui vivent la mer par procuration. Anciens marins, retraités, blessés, malades ou tout simplement ceux dont la voile ne peut se combiner avec leur état de santé, leurs moyens financiers ou leurs activités de vie. Sans compter les partenaires de vie des matelots ou skippers qui s'embarquent et qui attendent patiemment leur retour au port. Ce sont tous ces passionnés qui vivent la navigation à travers leur écran, leur tablette, leur journal, les romans, les récits des autres. Tous ces êtres qui restent à quai et que j'emmène en pensée avec moi à chacune de mes sorties en mer. Leur look? Comme vous et moi. De tous âges, nationalités, couleurs, styles et milieux sociaux. Ils constituent aussi les meilleurs supporters et partisans d'un marin bien réel, parti en mer. Dans leur abri: des magazines de voile, une tablette numérique branchée en continu sur des blogs nautiques, une bibliothèque débordant d'ouvrages maritimes, des maquettes de bateaux, des photos de mer et de leurs héros favoris. Et parfois même un petit poivrier en forme de phare dans la cuisine.
Les Marins de Ponton
Cette catégorie de vertébrés couvre un type de population que vous croiserez dans les ports de plaisance d'un certain standing. On les reconnaît généralement à leur look très distingué: pantalons fraîchement repassés, chemise proprette, pull-over de cachemire sur les épaules, lunettes de soleil même lorsqu'il y a du brouillard, smartphone dernier cri en main et sac de voile de marque immaculé qui semble sortir tout droit de la machine à laver ou du ship chandler... Et pour les dames, rouge à lèvres, vernis à ongles et chaussures sportives... à talons. Ceux-là sont très forts pour arpenter les pontons, apéroter au champagne dans le cockpit et parader au bar du Yacht-club d'où ils inspectent l'état de leur superbe voilier qui ne quitte jamais le port. Surtout ne pas aller en mer, le sel marin pourrait l'abîmer... Dans leur nitée (à savoir à bord de leur superbe bateau): le confort d'une maison, une salle de bains de mosaïques, un salon en cuir, une TV écran plat, deux matelots qui passent leur temps à faire briller la coque et frotter le pont, une table d'invités, une cuisine super équipée, un lit maxi Kingsize aux draps de soie) et une garde-robe pour Madame. A ne surtout pas confondre avec la version Voiles de Saint Tropez ou Maxi Rolex, évidemment, où par contre, l'élégance sera de mise pour renforcer l'image raffinée du bateau: équipage en uniforme harmonieux, polo de couleurs claires au logo du sponsor ou nom du navire, short beige, jambes bronzées et musclées, pieds nus ou dans les mêmes docksides bleu marine. Bref du style... Mais, ceux-là, vous ne les trouverez au bar qu'après une bonne régate, et au look beaucoup plus humide au retour de course qu'à son départ.
Chers lecteurs, vous ne m'en voudrez pas pour ce portrait de la gent marine, fortement généralisé, incomplet et surtout très caricaturé. A prendre au second degré, donc.
Une chose est certaine, la biodiversité marine reste un sujet étonnant, et je compte bien continuer à étudier ce thème plus en profondeur. Dans notre prochain billet, nous aborderons dès lors le thème des "moeurs de la gent marine", qui nous réservera quelques surprises. Alors, n'hésitez pas à visionner notre prochaine émission!
En ce WE du Vendée Globe, la plus mythique course au large en solitaire, j'aurais pu vous offrir un article sur l'Everest des Mers. Inutile de vous dire que ce sujet me passionne. De plus que Squid, le logiciel météo officiel de la course - Dieu sait si cet outil est primordial pour les navigateurs en solo à bord - est le produit d'une petite société belge (bravo à The Great Circle ! ).
Cependant, j'ai décidé de laisser le soin aux grands éditoriaux nautiques de couvrir ce sujet médiatique, qui feront cela bien mieux que moi. Histoire également, de ne pas donner d'indigestion aux lecteurs non voileux de ce blog. Alors, un petit billet un peu différent aujourd'hui.
Babillage, conversation à bâtons rompus, causette, ou tout simplement dialogue sans prétention dans un lieu public entre proches ou étrangers. "Bonjour, comment ça va? Quelque chose à boire? Et la famille? Et le boulot? Belle météo aujourd'hui, n'est-ce pas? ..." Bref: une conversation tout à fait anodine et superficielle au premier abord.
Et puis... Au beau milieu de deux phrases, quelques mots censés passer inaperçus, mais qui en réalité font l'effet d'un météore qui traverse votre ciel. Quelques mots qui, l'air de rien du tout, vous soufflent soudain en réalité à quel point vous êtes spécial. A quel point vous êtes unique. A quel point votre interlocuteur vous fait confiance. A quel point vous comptez et existez pour cet autre en face de vous. Une étoile filante qui a déjà filé en douce en vous laissant un immense sentiment de bien être. Et la conversation se poursuit, comme si de rien n'était. Et rien dans le visage de votre interlocuteur ne trahit sa silencieuse déclaration. Mis à part cette petite étincelle dans ses yeux, peut-être. Et dont vous vous demandez si vous avez bien entendu, si vos oreilles ne vous jouent pas des tours. Ce n'est qu'après que vous réalisez le message qui vient ainsi de vous être subrepticement délivré. Et ces quelques paroles clandestines viennent de changer la donne et résonnent dans votre tête. Et vous pensez alors "You 've just made my day...".
Avez-vous jamais vécu ceci? Une personne chère à votre coeur, un parent, un ami, un inconnu en rue, qui vous lâche la phrase qui ébranle, les mots qui bouleversent, les paroles qui chamboulent. L'air de rien, entre deux autres sujets, inopinément, alors que vous ne vous y attendez pas le moindre du monde. Malgré les tabous, malgré ce qu'on pourrait en penser, malgré leur amplitude. Ces êtres qui ne peuvent plus attendre pour vous les dire, parce que demain il sera peut-être trop tard. Ces mots-là, sincères et méritant d'être exprimés. Et au diable la pudeur et les convenances.
Alors, tant de fois, j'ai voulu dire ceci...
Tu es mon Vent, ma Voile, mon Navire, mon Océan....
Tu es mon Vent, ma jolie brise, mon alizé, ma tramontane ou mon ouragan. Parfois tu tempêtes mais toujours tu tires ma voile et me fais avancer, même s'il me faut louvoyer pour tenir le cap. Tu es ma Voile, qui me donne tant de mal à hisser parfois et que je prends soin de ne pas plisser lorsque je l'affale. Mais dont toujours je m'extasie de la beauté lorsqu'elle se déploie. Tu m'emmènes par delà la courbe de l'horizon et me fais découvrir ce monde où je me sens chez moi. Cet endroit où je me sens tout simplement... moi... Tu es mon Navire. Qui me porte, me protège, me fait rire ou me console. Et qui m'emporte et toujours me ramène au port de mon cœur... Tu es ma Mer, mon émeraude, mon azur, mon gris acier, d'humeur changeante parfois, puissante et envoûtante. Mon Océan de tendresse et de passion. Une mer qui se rapproche et se retire parfois. Mais qui jamais ne s'enfuit pour ne pas revenir. Une mer qui rend chaque jour différent et me donne l'envie d'aller plus loin toujours. Tu me rends vivante. Et lorsque le temps sera venu, c'est en toi que veux me noyer...
Merci à toi, à vous, à tous ceux et celles, qui m'ont gratifiée d'une telle candeur d'âme et spontanéité dans leurs mots. Et de m'avoir, de temps à autre, ouvert leur coeur, alors que je ne leur avais, moi, rien ou du moins si peu, ouvert du mien... Par réserve, par bienséance, par retenue... Par crainte de m'exposer, de me mettre à nu. Par peur de la réaction, par appréhension de heurter, d'aller un pas trop loin ou de mal négocier mon Près...
J'avais tort de ne pas oser, et vous aviez raison de prendre les devants... Quelle chance j'ai d'avoir tous ces Vents qui me murmurent et me portent...
Et puis - je sais, je suis incorrigible... - Bon Vent aussi à tous les navigateurs du Vendée Globe!
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August 2023
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