Ce blog narre fréquemment les aventures, les prouesses ou les péripéties des marins. Mais la mer recèle d’autres héros... Ceux dont on entend moins et que l’on aperçoit plus rarement aussi. Alors, si nous parlions un peu de faune marine pour une fois? Je voudrais ainsi vous présenter un ami : Sherlock, le phoque.
Pourquoi l'avoir baptisé Sherlock ? Parce qu'il a l'air taquin, "nosy", curieux et très malin... Et puis, parce que cela rime :-)
Voici des années déjà que la Mer du Nord constitue un terrain de jeu pour quelques phoques aventureux. Il est toujours amusant de les voir pointer leur museau aux longues moustaches entre deux vagues près de l’estacade, dans le chenal ou même près des voiliers amarrés dans le port.
Le Roi du Grand Bleu
Le phoque commun, qu’on trouve chez nous, est parfois nommé « veau de mer ». Une petite parenthèse linguistique : sa traduction néerlandaise "zeehond" l'associe à un chien, alors qu'un "chien de mer" en français se réfère à un type de requin. En anglais, un "seadog", signifie un vieux marin expérimenté, ou ... "loup de mer" en français. Cocasse, non ?
Il se révèle un nageur hors pair, à l’agilité et aux capacités étonnantes. Il peut ainsi plonger à plus de 20 jusqu’à 50m de profondeur et nager en apnée jusqu’à10 minutes. Et il peut atteindre une vitesse dans l’eau de plus de 35km/h. Par contre, sur la terre ferme, il est beaucoup moins à l’aise et fait figure de gros ballon pataud, pesant tout de même un petit 120 à 150kg pour une taille de 1,2 à 1,5 m de long : un beau gros pare-battage. Le phoque gris, habitant majoritairement les eaux plus froides de l’Atlantique ou d’Amérique du Nord, peut, lui, atteindre les 4m et 500kg. Un véritable pare-battage de cargo ! Si leur aspect adulte est de loin beaucoup moins craquant que celui de leur version bébé (le « blanchon » dont Brigitte Bardot fut une fervente protectrice), j’avoue que son grand regard noir infiniment tendre et ses pitreries me font fondre le cœur. Et chaque rencontre me donne un sentiment de vivre un moment privilégié, un peu magique.
Le Bonheur est sur le Quai
Ces derniers mois, une colonie de ces charmants mammifères marins a décidé d’élire domicile dans le port de Nieuport et d’en squatter nonchalamment la rampe de mise à l’eau, sans même avoir demandé une carte de membre au club du VVW. Et le WE passé, ils avaient décidé de faire bronzette sur le quai. Pas moins de sept vacanciers du soleil avaient ainsi étalé leur fourrure dorée sur les pierres chaudes du port. À première vue, on aurait pu croire qu’un marin du dimanche peu méticuleux aurait laissé traîner de gros pare-battages sur le quai. Sauf que les dites bouées avaient des moustaches et des pattes palmées ! Et ces mistinguettes aimaient clairement prendre des poses dignes de top-modèles pour se faire photographier sur le catway.
© Photos - Rêvesdemarins
Peut-être certains d’entre vous se souviendront-ils de cette vieille chanson québécoise, une des premières balades écologiques, du groupe Beau Dommage, qui nous comptait l'histoire d'un autre Sherlock.
Alors, si vous allez à la Mer du Nord et que vous croisez Sherlock, remettez-lui mon bonjour ! Un excellent dimanche à tous.
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Qui dit mer, dit parfois dunes... Dans un lointain billet précédent, je vous parlais d’un autre rêve encore à devenir, qui demeure sur ma liste de souhaits depuis bien longtemps sans pourtant encore y larguer mes amarres. Alors, je vous emmène pour une traversée différente ce dimanche : une traversée du désert...
Histoire de vous mettre dans l'ambiance, cliquez donc sur une des musiques ci-dessous au hasard, fermez les yeux un instant et imaginez-vous dans un décor de circonstance pour lire la suite de ce billet... Si vous ressentez déjà les premiers signes du mal de mer, c'est normal, c'est le vaisseau du désert (de son petit nom "dromadaire") qui vous (em)porte !
Désertitude, Infinitude
Mer de soleil avec pour seul azur, celui du firmament Mer de terre, sous le brasier de l'air et le vent ondulant Mer de mouvance à l'aspect sans cesse variant Mer de vagues et de brises aux formes et au jeu incessant Désertitude, Longitude Caps de milles et de millles avant la terre ferme revoir Equipages de sables et de voiles au gré du vent du soir Capitaines de navires de bleu vêtus, de lin masqués Vaisseaux bossus et haut perchés à l'allure lente et balancée Désertitude, Solitude Mer sableuse de réflexion, introspection Rendez-vous avec soi-même en discussion Voyage de rêve éveillé, émerveillé Dans un désert voguer pour se ressourcer Désertitude, Incertitude Inconnu du sort du lendemain Crainte du corps, de la soif, de la fin Des méandres du cœur turpitude De sa propre endurance aptitude Désertitude, Quiétude Nuitées étoilées, rassurante mâture Plénitude du silence, tête à tête avec dame Nature Béatitude de liberté et de vivant se sentir Et à la fin du voyage, de vers le rivage vert revenir Désertitude, Plénitude Pour quelque temps une traversée quelque peu différente Malgré des tempêtes le souffle doré éblouissant Une mer de vagues, sans eau, ni ports Un havre de pierre, îlot de paix dans une mer d'or...
© Photos - Armand & AM Burguet
Un souvenir, c'est comme un mirage dans le désert de son esprit, une oasis dans les dunes de son cœur... (P. M. )
Un peu de poésie pour terminer ce dimanche en attendant de vous lancer (si ce n'est encore fait) dans une magique traversée du désert. Une excellente fin de WE à tous.
Dans une actualité où les médias ne parlent plus majoritairement que de séparations, de mécontentements et de crises, pourquoi ne pas mettre une pincée de nouvelles positives au menu de notre billet dominical ? Alors, c'est parti pour vous parler de ... Nemo... ce dimanche.
Nemo, un nom qui rassemble
Nemo... Un nom mythique pour un capitaine de navire fantastique, ou encore pour un petit poisson-clown en quête de retrouver les siens. Le nom également d'un réseau réunissant plus de 30.000 musées en Europe (Network of European Museum Organisations).
Un nom qui rassemble... Un nom donc idéal également pour nommer un projet visant à relier, contre vents et marées, une île à un continent. D'autant plus lorsqu'une majorité des habitants de cette même île a décidé de se séparer de ce fameux continent.
La prise de conscience verte pour le climat et les énergies renouvelables monte en force ces derniers mois. Ce que l'on sait moins, c'est que certains acteurs énergétiques tentent, depuis bon nombre d'années déjà, de partager cette énergie entre différentes nations, de manière à pourvoir aux divers besoins de manière durable, malgré les distances et les politiques désunies. C'est ainsi qu'une entreprise belge a lancé un ambitieux projet d'intérêt commun ayant pour objectif la création d'un lien transfrontalier permettant l'acheminement d'énergie verte vers ses voisins, notamment vers l'Allemagne. Le projet d'interconnexion "Nemo Link" a ainsi réalisé la pose de cables énergétiques sous-marins et sous-terrains entre la Belgique et le Royaume-Uni via la Mer du Nord. Même en cas de Brexit dur, les Britanniques ne seront pas obligés de retourner à la lampe à huile pour s'éclairer ;-).
Le projet est un joint venture entre les sociétés Elia (BEL) et National Grid (UK). Elle prévoit 140 km de cable entre Richborough (Kent) et Herdersbrug (Bruges), dont 130 sous la mer, avec une capacité énergétique de 1.000 MW. Le projet, débuté en 2017, vient de prendre forme par la finition de ses deux plateformes en mer (le MOG - Modular Offshore Grid). Ces plateformes, d’énormes "prises d'électricité/plugs", situées environ à 40 km de Zeebrugge, permettront le lien avec les parcs éoliens en mer et les régions concernées. La technologie utilisée ici est le HVDC (High Voltage Direct Current) vu le fait que les deux réseaux électriques ne sont pas synchronisés et offre l’avantage de mieux régler les flux. Il s’agit ici aussi du premier câble de ce type dans le monde. Conçu au japon, il est unique par son niveau de tension (400 kV) ainsi que le matériel utilisé pour son isolation.
© Photos - Elia.be
Le projet a eu à relever quelques défis supplémentaires à ceux liés à la technologie : certaines surprises archéologiques, notamment. Les équipes ont en effet été confrontées à leur rencontre avec les restes d’un bombardier B17 datant de la dernière guerre mondiale encore présent sur la zone de construction, les obligeant ainsi à un déroutement de 14km du trajet originalement prévu. Un poste de conversion et une station de transformation viennent récemment d'être inaugurés en Mer du Nord. On leur espère une durée de vie de 25 ans. Une goutte d'eau à l'échelle de l'âge de la planète, mais un début tout de même (et une longévité certainement meilleure que celle de votre gsm, lave-linge ou grille-pain actuel ! ).
(...) Sail on silver girl, Sail on by
Un petit pas de transition énergétique vers un avenir plus vert et un effort de rassemblement entre les nations au milieu du bleu de la mer.
"Everything about him was old except his eyes and they were the same colour as the sea and were cheerful and undefeated... " (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
Que diriez-vous d'un billet hommage à l'âge de (dé-) raison ? Parce que le gris et le blanc, c'est beau... Surtout porté sur du bleu ! Et qu'il n'y a pas d'âge pour les héros.
Seul avec Elle...
"Encore deux mille trois cent quarante trois milles nautiques avant l'arrivée... Le temps n'a plus beaucoup d'importance. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas à bord. Faire le point, ranger, manger, dormir un peu, ajuster les voiles, effectuer quelques menues réparations, admirer le coucher du soeil, re-faire le point, re-manger, ré-ajuster les voiles, revérifier le gréement et la solidité du mât, refaire un brelage par ci, une épissure par là... Voici plus de deux cents jours que la mer m'entraîne vers l'autre bout du monde. Seul en-tête à tête avec elle... Ma belle bleue, mon intrépide amoureuse, mon amante insatiable au caractère bien... trempé... Et ce monde, rond comme une balle, ces océans convexes et l'attente de l'arrivée au bout du chemin, sain et sauf, avec un voilier entier... "
Voici ce que notre héros du jour a peut-être pensé seul en mer sur son voilier de 36 pieds durant plus de 200 jours. 212 jours pour être exact. Deux cent et douze petits et (parfois longs) jours pour un tour du monde en solitaire à l'ancienne, sans l'aide d'aucune électronique ou systèmes modernes de positionnement géographique, mis à part les bonnes vieilles méthodes de l'estime, du sextant et de la navigation aux astres. Son petit nom ? Jean-Luc Van Den Heede. Un vendéen et marin dans l'âme. Un jeune marin de pas moins de soixante-treize ans. Le vainqueur de l'édition 2018 de la Golden Globe Race réussit ainsi un tour de force malgré un chavirage, sur son voilier Matmut, un Rustler 36 de 1980.
“A man is never lost at sea and it is a long island (...) and he knew no man was ever alone on the sea. " (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
Course Vintage
La première édition de la course, en 1968 - 1969, lancera une grande aventure navale : un tour du monde par les trois caps, sans escales et sans assistance. Sur neufs participants (dont Bernard Moitessier sur son célèbre Joshua, qui décidera de poursuivre son tour du monde jusque Tahiti et d'abandonner la course et la philosophie commerciale de l'événement, malgré un excellent positionnement), un seul finira la course. Ce sera le skipper de Suhaili, un ancien officier de la marine marchande, (Sir) Robin Knox-Johnston, qui remportera les honneurs après une navigation de 312 jours sur son ketch en bois de trente deux pieds.
Cinquante ans plus tard, le défi est remis à l'eau au départ des Sables d'Olonne et relevé en 100 jours de moins que son prédécesseur. “But man is not made for defeat," he said. "A man can be destroyed but not defeated.” (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
© Photos www.goldengloblerace.com
Une compétition à la voile pas comme les autres également, car, si elle bannit tout système de positionnement moderne, elle permet aux participants par contre, contrairement à toutes ses consoeurs, l'utilisation du moteur (sauf dans les derniers 250 milles avant l'arrivée et avec un maximum de 160 litres de carburant).
Enfin, la Golden Globe Race représente également une course à petit budget (enfin... tout est relatif) puisque l'investissement minimum nécessaire pour les navires y participant débute à 50.000€. Une compétition parfaitement possible sans l'aide de mécènes. Par contre, une goutte dans un océan comparé au minimum des 5 millions d'euros nécessaires pour les IMOCAs, vivant entièrement du sponsoring.
Sept Fois Alpiniste
“Now is no time to think of what you do not have. Think of what you can do with that there is. ” (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
Dans le Pacifique, les vents montent à 65 noeuds et les vagues à plus de 11 mètres. Dans la tempête, le bateau enfourne puis se retourne. C'est le chavirage. Le skipper de Matmut s'en sort sans avaries ni blessures majeures, dans une cabine sans dessus-dessous. Mais les bas-haubans sont endommagés et le mât fortement fragilisé. Il faudra à Jean-Luc Van Den Heede pas moins de sept ascensions-grimpettes dans le mât pour effectuer les observations et réparations de fortune avec les moyens du bord, au lieu de se détourner vers Valparaiso (Chili) pour une remise en état plus durable. Il prend ainsi le pari de ne pas demander d'assistance et de poursuivre sa route vers sa destination d'origine. Ce qui implique de passer à travers une nouvelle tempête, mais sur un navire endommagé cette fois. En naviguant au portant, il tentera une route évitant de nouvelles avaries. Il gagnera son pari en arrivant vainqueur aux Sables d'Olonnes le 29 janvier 2019 après un périple en solo de 27.433 milles nautiques.
© Photos - Loïc Madeline (publication Voiles & Voiliers) & www.goldengloblerace.com
La volonté d'un homme seul face à la mer et à lui-même. Sa proximité de la nature et sa capacité à l'apprivoiser pour parvenir à se positionner en mer sans instruments modernes. Sa ténacité à affronter l'imprévu et une prise de risque raisonnée grâce à sa longue expérience de marin. Le skipper compte en effet six tours du monde en solitaire à son journal de bord et dix passages du Horn dans les deux sens.
Cependant, la course n'est pas finie. Et tous les autres participants méritent tout autant l'admiration. Alors, si le défi vous tente, suivez-la donc sur le site officiel : https://goldengloberace.com.
La preuve que le nombre de bougies sur un gâteau d'anniversaire ne représente pas nécessairement une entrave aux rêves les plus fous... Et en particulier si vous faites partie de ces personnes d'âge mûr : si, si , si... Je vous assure que vos rides, vos cheveux blancs ou votre barbe argentée font de vous un charmant (futur) héros !
Je vous souhaite un excellent dimanche. |
AuteurArchives
August 2023
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