Mais ce matin-là, le ciel leur tombe littéralement sur la tête... Des trombes d'eau se déversent sur la marina. Elles qui craignaient le mal de mer, c'est plutôt de la noyade dans une grosse goutte de pluie qu'elle doivent avoir peur... Mais, elles n'en ont cure: elles sont parvenues sur le voilier et leur rêve va enfin pouvoir se réaliser, peu importe la météo.
Ils lèvent l'ancre. Et le voilier s'élance vers l'horizon couvert de brouillard. La mer est bien formée, la brise bonne, la température basse. Le voilier avance à une belle allure, plus de 9 noeuds de vitesse fond. Direction la Mer du Nord. Une très belle navigation, sportive. A bord, la Coccinelle sent son estomac danser la java. Mais, le sentiment de mal de mer disparaît rapidement, pour laisser la place à l'émerveillement d'être en mer. Au fur et à mesure des heures qui passent, les nuages se parsèment et la pluie cesse. La nuit arrive, bleue et claire, sans jamais vraiment noircir, comme dans ces hautes latitudes en été.
Nos deux aventurières décident de faire une tour sur le pont pour admirer l'azur de ce ciel nordique où le soleil ne se couche jamais vraiment en cette saison. Elles s'approchent alors de la proue du navire pour y observer la tête de Dragon qui se dresse fièrement comme gardien de l'embarcation. L'Abeille dresse l'oreille. Il lui semble entendre... Non, ce n'est pas possible... Mais, si... : - J'entends une respiration! - Tu divagues, soeurette, tu as du forcer un peu sur le miel ce soir... - Je t'assure... Ce Dragon n'est pas fait que de bois! La Coccinelle s'approche alors de la tête ornée de volutes et se pose insolemment sur le museau de la créature fantastique. - Tu vois bien qu'il ne s'agit que d'une vulgaire statue de pin! - Aaatchoum!!! Le Dragon éternue alors violemment et la Coccinelle dégringole le long de son cou, pour atterrir, bien heureusement, à l'intérieur de la coque. - Veuillez m'excuser... - A vos souhaits, Monsieur le Dragon...
La Coccinelle, qui a entretemps rejoint les deux interlocuteurs s'exclame alors:
- Mais, dis-nous, d'habitude les Dragons volent et crachent du feu. Toi, tu n'as pas d'ailes et tu nages en mer... D'accord, tu as, toi aussi, l'air très costaud. Mais es-tu vraiment un Dragon? La créature extraordinaire adresse alors un regard amusé à la petite bête incrédule: - Mais je ne suis pas un Dragon ordinaire, voyons. Je suis un Dragon des Mers ! C'est très différent. Regarde moi bien. De quelle couleur mes yeux sont-ils? - Euh... Bleus! D'un bleu très profond! - Les autres Dragons ont-ils donc également ce genre d'yeux? - Euh... Je ne sais pas, je n'en ai encore jamais rencontré d'autres. Mais, je pense qu'ils ont les yeux couleur feu ou rouges d'habitude. - Et ma peau, de quelle couleur est-elle? - Euh... blonde, enfin, claire du moins. - As-tu jamais entendu dire des Dragons qui volent qu'ils ressemblent à ceci? - Non, ils sont toujours verts, ou bruns, mais foncés du moins. - Alors, tu me crois à présent? Et qui crois-tu dirige ce navire, mmm? - D'accord. Tu m'as convaincue. Alors, c'est un peu toi le capitaine, en quelque sorte? - Oui, si je laisse les hommes d'équipage prendre la barre et les décisions, c'est moi qui les inspire et les conseille dans leur choix de l'itinéraire ainsi que dans les situations délicates. Je suis leur Gardien. Et puis, je suis né ici... J'ai navigué sur les Milles et Une Mers, accosté sur les Mille et Une Îles. Elles n'ont plus aucun secret pour moi. - Les Milles et Une Mers? Les Milles et Une Îles? Où est-ce? Raconte-nous, je t'en prie... - Vous n'auriez pas assez d'une existence terrestre pour les découvrir toutes malheureusement. Il existe Mille et Un Contes à leur propos. Cependant, je vous emmène visiter les quelques plus proches durant votre séjour. - Nous sommes impatientes d'entendre et de réaliser tes récits de mer. - Il y a cependant une condition... - Nous t'écoutons... - Ceux qui embarquent à bord d'un navire dirigé par un Dragon de Mer ont l'obligation de lui obéir à la patte et à l'oeil et de le nourrir (si possible de bonnes choses...). Êtes vous prêtes à respecter ces quelques règles? - Absolument. Nous nous occuperons bien de toi! Tu n'as aucun souçi à avoir. Nous venons d'un pays où les bonnes manières, le respect et la bonne chère font partie de nos valeurs. - Alors, nous allons bien nous entendre à bord. - Sur ces bonnes paroles: en route et bon vent, mon cher Dragon des Mers!
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Florissante depuis le Moyen-Âge grâce à la ligue hanséatique (allemande) et son prospère commerce libre de hareng et morue séchée. Des bateaux, encore et toujours des bateaux... Des maisonnettes en bois peint aux couleurs lumineuses. Le vieux quartier de Bryggen et son dédale de toits de tuiles. Son ancien port et ses barques en bois. Ses galettes à la cannelle. Son marché au poisson où l'on trouve langoustines, morue, crabes géants, baleine et même hamburgers à l'élan (tiens, je ne connaissais pas encore ce poisson-là)... Un délice pour les yeux et les papilles.
"May Your Night Be Dark..."
Au cours des siècles, la ville fut ravagée à diverses reprises par le Feu. Celui dont on se souviendra en particulier est tout juste centenaire. L'incendie de Janvier 1916, qui débuta dans un entrepôt du port, attisé par des vents violents, détruisit en effet une grande partie de la cité, à commencer par les anciennes habitations de bois. Plus de 400 bâtiments furent la proie du brasier, laissant plus de 2.700 personnes sans abri. La lueur des flammes illumina le ciel de Bergen durant toute la nuit avant que l'incendie ne parvienne à être maîtrisé. Après cette fatalité et en souvenir de cette catastrophe majeure, les citoyens prendront d'ailleurs l'habitude de se souhaiter une bonne nuit par une expression hors du commun: "May your night be dark... " ("Je vous souhaite une nuit sans lumière...").
Cependant, les habitants de Bergen ne se laissent pas décourager pour autant et ils prennent ainsi ce défi du Destin comme l'opportunité de reconstruire une nouvelle ville et d'en refaire un lieu encore plus attractif. Le peuple norvégien s'est prouvé à travers les époques être plein de ressources, de courage et d'ingéniosité pour renaître de ses cendres et s'adapter au milieu souvent rude de son climat: les bateaux et les maisons sont transportables, les églises en bois debout sont reconstructibles et leur capacité d'adaptation remarquable. Ce pays est d'ailleurs en outre le berceau du Télémark, du saut à ski et autres prouesses d'agilité. Quelques photos d'époque d'un pionnier de la photographie norvégienne: Knud Kudsen.
Petit passage par plusieurs anciennes demeures des Seigneurs de Hanse autour du port de Bryggen, le vieux quartier de Bergen. Détail amusant: des escaliers secrets et des lits dans des armoires! Il ne fallait pas être claustrophobe pour y dormir... Ambiance cossue: planchers grinçants, fenêtres à croisillons, panneaux peints de couleurs sombres et chaleureuses. Lumière digne d'un tableau de Vermeer. Dans la salle à manger, trois sièges magistraux qui en disent long sur les priorités de l'époque: celui du Maître, de l'acheteur de bois et de l'acheteur de bière... Petit scriban de chêne où le Maître des lieux faisait ses comptes et inspectait les cartes de navigation - j'en aurais bien fait mon bureau ! - Les habitations sont littéralement entrelacées à quelques centimètres seulement les unes des autres. Ambiance marine aussi: cloches de pont, filets de pêche, instruments de navigation et l'odeur de morue séchée imprégnant le bois centenaire... (Idéal pour vous déboucher le nez si vous êtes enrhumé, le parfum de poisson séché...)
Halte par le marché aux poissons, histoire de faire honneur aux produits régionaux puis départ pour un fjord au Nord de la ville dans le comté de Lindås, pour y rejoindre des amis intimes pour quelques jours avant de prendre la mer. Une cabane au bord de l'eau, une barque, une eau paisible, la prise de la pêche du matin qui grille sur le feu en plein air. Quelques notes de flûteau, un accueil chaleureux, une ambiance de fête, des retrouvailles d'êtres chers. Bref, le bonheur simple. Et puis, le cadeau du crépuscule... Simplement magique!
Je pourrais vous raconter cette ville fabuleuse des heures durant... Mais, je ferai l'effort de ne m'en tenir qu'à un seul billet. Cependant, impossible de vous narrer Bergen sans vous parler de mer et de... bateaux, bien évidemment!
Saviez-vous que ce port héberge un des plus majestueux navires écoles au monde? Le "Statsraad Lehmkuhl" (98 mètres de long, plus de 2.000 mètres carrés de voilure, trois-mâts..). Ce navire participe chaque année à la fameuse "Tall Ship Race", à laquelle vous pouvez vous inscrire pour y passer une semaine. Alors, si le dur labeur de moussaillon ne vous rebute pas, que vous n'avez pas le vertige pour monter à la hune et que dormir dans un vrai hamac à bord dans la houle vous tente... N'hésitez pas un seul instant! (http://www.lehmkuhl.no). Inutile de vous avouer que ce genre d'aventure fait, elle aussi, partie de mes futurs rêves... Reste juste encore à planifier!
Enfin, vous l'aurez compris: ce pays et en particulier cette ville de Norvège m'ont totalement conquise. Et je ne rêve que d'y retourner dès que possible. Evidemment, ma liste de souhaits de voyages ne peut que continuer à s'allonger ainsi...
Dans le prochain billet, la troisième partie des aventures de notre Abeille et de notre Coccinelle en Norvège. Et surtout de leur rencontre avec le Dragon des Mers...
Mais la distance à parcourir leur semblait toujours trop longue pour leurs menues ailes, les dangers à affronter trop risqués pour leurs vies de confort auprès des leurs et surtout les températures des mers du Nord trop basses pour leurs corps frêles habitués au soleil du Sud. Cent fois fois, elles s'étaient promises d'un jour entreprendre telle aventure. Cent fois, elles s'etaient résolues à reporter leur projet.
Puis, un jour, l'abeille a vent d'un équipage d'hommes s'en allant pour les contrées du Nord. " Et si nous profitions de l'occasion pour nous glisser incognito dans leurs bagages et rejoindre ainsi le pays de nos rêves? C'est le moment où jamais de tenter notre chance! " Elle s'en va donc voir sa sœur et palabre longuement pour la convaincre de s'envoler pour le pays des Vikings et des dragons de mer. Après moultes discussions et bruissement d'ailes, la coccinelle accepte enfin de suivre l'abeille dans son projet. Une longue distance à parcourir les attend. Sans oublier les aléas de la météo et de leurs convoyeurs. Mais un matin de grand soleil, elles préparent leur petit sac à ventre (le sac à dos n'étant pas recommandé pour des insectes à ailes) et prennent donc leur envol pour rejoindre les quelques humains qui vont leur servir de passeurs.
Premier défi: parvenir à se glisser dans leur voiture sans être vues (surtout pour l'abeille), de manière à épargner leurs forces.
Ensuite, rester sagement dissimulées derrière les sacs et surtout ne pas vibrer des ailes pour ne pas se faire repérer. Quel calvaire de devoir se taire et rester immobiles durant tout ce temps... Heureusement qu'il y a quelques étapes pour se dégourdir les ailes: Les Pays-Bas (Eindhoven), l'Allemagne (Bremen, Hamburg, Lübeck), puis enfin... Le ciel se couvre et la température, étonnamment, monte avec la latitude avec un air de plus en plus lourd. Pourvu qu'ils arrivent avant l'orage, se disent les deux passagères clandestines. Des champs blonds, des moulins à vent, un paysage plat qui descend même plusieurs mètres en-deçà du niveau de la mer... Le ciel est bouché à présent. Enfin la première vue de la Baltique. La mer, enfin... Une petite nuit de pause sur l'île de Fehmarn chez de charmants anciens pêcheurs au jardin fleuri bien accueillant et aux repas typiquement bavarois...
Second défi: traverser la grande bleue baltique pour rejoindre le sud du Danemark.
"Comment allons-nous faire? La distance en mer est bien trop longue pour nos menues ailes?". Mais leurs convoyeurs ont pensé à tout: un ferry. Sur le ferry, de l'animation. Surtout ne pas perdre nos convoyeurs de vue! Au loin, des centaines de moulins à vent qui agitent leurs grands bras comme des ailes d'insectes géants dans le vent marin. Après une traversée tranquille, les premiers mètres sur le sol scandinave, enfin... "Aah, Copenhague, ville de mon cœur...", dit l'abeille avec un soupçon de mélancolie en repensant aux bons moments autrefois passés dans cette contrée. Puis, la route s'enfonce soudain vers la mer pour prendre son envol vers la Suède et Malmø sur un pont majestueux aux courbes aériennes: "Oh, regarde, nous volons!" S'écrie une des deux sœurs. Et les voici en un rien de temps au pays des élans et du knäckebrød. Une nuit d'étape dans un chaleureux abri familial en bord de mer, puis une longue route vers le Nord-Ouest qui les amène au-delà des frontières pour la troisième fois, cette fois-ci dans la capitale Viking, contrée des Snekkjas, des navires dragons et des habitants aux longues barbes et tresses blondes.
Troisième défi: rallier la mer du Nord en traversant le pays de l'Est en Ouest par les montagnes...
Des cascades, des centaines de cascades plus vertigineuses les unes que les autres... De la neige sur les sommets environnants. L'altimètre qui monte de plus en plus: 300, 500, 800, 1200 mètres... Et le thermomètre qui ne cesse de jouer au yoyo. Nos deux sœurs ont bien froid dans leurs costumes noirs, jaunes et rouges, encore bien estivaux pour la région. Des paysages rudes, des vallées encaissées, le brouillard qui les enveloppe de sa couverture ouatée. On peut y deviner les formes de dragons et autres créatures extraordinaires. Des fjords et brumes dignes du récit de Peer Gynt. Des moutons, des églises en bois debout aux allures fantasmagoriques, des montagnes sans fin.
Puis, le ciel s'éclaircit, les vallées s'élargissent et apparaît au loin une couleur bleutée... "La mer! Revoilà la mer! Nous avons réussi la première partie de notre parcours! Et nos voyageuses arrivent enfin à dans le fabuleux port norvégien de Bergen, d'où elles pourront enfin réaliser leurs Rêves de Marins Vikings...
Suite du périple de nos deux aventurières au prochain billet...
"Soudain, seuls...." : le titre d'un roman de mer fabuleux et à la fois terrible que je viens de terminer. Une auteur que j'aime beaucoup: Isabelle Autissier. Navigatrice française, première femme à avoir accompli un tour du monde en compétition; En 1999, au cours d'une course en solitaire autour du Monde, elle survit à un incroyable chavirage à 25 nœuds où son bateau reste à l'envers, dont elle réchappe de justesse. Femme de volonté et pugnacité, et la fois émouvante et admirable. Bref: comme je les aime.
Le récit du roman? Un couple de trentagénaires décident d'entreprendre un voyage à la voile en couple entre la Patagonie et le Cap Horn. Ils font escale sur une île au bout du monde (malgré l'interdit) pour y découvrir une vie sauvage, au climat extrêmement rude, une ancienne base de baleiniers abandonnée où la nature et la faune ont repris leurs droits sur l'Homme. La météo se dégrade. Une tempête se lève alors qu'ils sont en balade de reconnaissance des lieux. Incapables de passer les vagues qui séparent l'annexe de leur voilier, Jason (en raison d'une houle violente), ils décident alors de passer la nuit à l'abri dans l'ancienne base avant de rejoindre leur voilier amarré dans la crique. Au petit matin, lorsque la tempête s'est enfin calmée, les deux navigateurs se lèvent pour rejoindre leur embarcation. Mais la crique reste désespérement vide: Jason a disparu... Ils se retrouvent prisonniers de cette île abandonnée du monde civilisé, sans aucun matériel de survie ni radio... Débute alors une lutte implacable pour la survie envers et contre tout...
Et cet ouvrage m'ouvre une bonne entrée en matière pour vous parler de ce sujet délicat qu'est la Solitude...
" L'Océan est l'endroit où l'on est le moins seul au monde, en communion avec nos semblables. Là, la valeur de l'humanité s'exprime vraiment. " (Alexis Guillaume)
Bien sûr, au premier abord, nous avons tendance à confondre Isolement et Solitude. Si ce premier est presque toujours porteur de larmes et souffrance, la Solitude, malgré sa consonance triste, peut, elle, toutefois s'avérer une source de grand bonheur, et même de très beaux moments. Laissez-moi vous expliquer.
Il y a bien évidemment la Solitude de l'être délaissé, abandonné ou qui a perdu son compagnon d'âme par les circonstances de la vie. Celle de l'enfant sans parents, de l'apatride, de la personne esseulée de par sa différence avec le reste de la société. Il y a ensuite la Solitude au milieu de la foule... On peut se sentir totalement seul parmi des milliers. N'avez-vous jamais participé à un événement social où vous aviez le sentiment de ne pas être à votre place, de ne pas pouvoir être vous-même, de vous sentir incompris ou invisible pour les autres? La Solitude face à un examen, une prestation en public. Celle d'une décision critique à prendre. La Solitude du silence du malentendant, ou la nuit de l'aveugle. Celle du malade dont aucun être ne peut réellement comprendre la douleur, celle de la peur que rien au monde ne parvient à calmer ou encore celle de la perte de mémoire ou de la folie, dans laquelle personne ne peut plus pénétrer... La Solitude touche tout un chacun: le SDF tout comme le milliardaire, à n'importe quel âge. Elle survient soudainement, ou s'installe insidieusement dans une existence. Elle est souvent inévitable et il nous faut donc trouver un moyen de l'apprivoiser, d'apprendre à vivre avec cette nouvelle compagne. L'Homme est un animal social: il est donc rarement seul par choix délibéré. La société dans laquelle j'ai grandi considère, à mon sens du moins, fréquemment le couple et le fait d'avoir des enfants comme la norme sociale. Passé la trentaine, les célibataires ou les sans enfants sont trop souvent silencieusement jugés, à tort, comme des indécis, des égoïstes, des workholics, des loosers ou de ceux qui n'osent pas s'engager. Bien entendu, la société est en train de changer et heureusement, les normes sont en train de se modifier. Mais il n'est pas évident d'affirmer son choix ou sa résultante de vie comme tels, ou de clamer son bonheur selon un mode de vie "différent" des standards. Cela nécessite du courage, du caractère et un regard positif sur les choses. Une amie proche à Paris a récemment perdu son mari des suite d'une maladie grave. D'origine étrangère, loin de sa famille, tout juste pensionnée, elle a pourtant trouvé le courage d'affronter sa nouvelle situation et s'emploie jour après jour, à dompter sa Solitude. Et si fait, peut-être même à l'apprécier quelque peu à l'avenir. Elle s'autorise aux larmes, aux rires, aux moments de silence. Elle prend les moments tels qu'ils sont: simplement, sans honte ni regrets. Et je suis absolument certaine qu'elle finira par trouver un modus vivendi avec sa Solitude à elle.
J'en reviens à la Mer, la Voile, le Voyage en Solitaire.
Dans nos vies à du deux cents à l'heure, je considère les moments de Solitude comme de bienfaisants silences. Ils me permettent de me ressourcer, de réfléchir plus clairement, de me rapprocher de la nature, de moi-même. Tous les vrais passionnés de voile vous diront qu'il n'y a rien de plus magique qu'une nuit étoilée à la barre, de quart, seul avec le firmament. Ou le quart du petit matin pour aperçevoir le soleil se lever à l'horizon et voir le violet se muer en orange sur l'eau de l'aube. Que dire alors d'une navigation en solitaire: elle doit procurer un plaisir incomparable: le sentiment d'entrer en symbiose avec la nature, d'union avec les éléments; de devenir "le monde" à soi tout seul, en dépassement de soi. J'ai également retrouvé ces sensations dans une descente en solo en haute montagne (je comprends un peu mieux les bergers à présent), dans la lecture d'un bon livre devant un café bouillant dans un bistrot ou encore dans mes voyages en route, seule, vers l'inconnu... Pas étonnant que tant de navigateurs se lancent dans l'aventure d'une traversée en solitaire. Ces Solitudes-là permettent de faire des rencontres imprévues, des découvertes de soi inespérées, des retrouvailles avec son âme. Elles sont nécessaires, je pense. Et même s'il m'est aisé d'en parler vu ma situation de vie relativement confortable comparée à bien d'autres, je ne peux que vous encourager à les affectionner au lieu de les craindre. " La solitude est douce, l'âme s'y berce dans ses rêves. " (Félicité Robert de Lamennais - Pensées diverses, 1854)
Alors, si vous rencontrez la Solitude un de ces jours, souvenez-vous de cet humble billet: ne lui tournez pas le dos. Considérez-la comme une nouvelle chance...
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August 2023
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