"Il n'y a pas si longtemps, c'était magnifique d'être le vent. Vous apportiez des senteurs selon les saisons, effeuilliez des roses, courbiez des blés, faisiez faire des loopings aux oiseaux, arrachiez les feuilles mortes, séchiez le linge. C'est aussi vous qui faisiez grincer les girouettes, claquer les oriflammes des champs de bataille et dans certains pays tourner des moulins.
Que seraient les navires sans le vent ? Que seraient les hommes sans en connaître la direction? Nous partons à la découverte des marionnettes du vent, ce week-end : les girouettes.
Des danseurs hors pairs
Jules Renard nous aurait dit dans son journal que si la girouette pouvait parler, elle dirait qu'elle dirige le vent...
Telles des acrobates perchées au faîtes des toits et des mâts, nos marionnettes d'acier jouent avec Eole. Elles se laissent tourner, virer et pirouetter en tous sens. Bien installées sur leur perchoir, elles ne se lassent jamais de leur valses incessantes dans les bras du dieu au souffle d'or. Elles tournoient, virevoltent et font volte-face au gré de ses avances. Et leurs ballets varient à chaque jour et chaque heure qui passe : de douces pavanes en tarentelles joyeuses, de polkas effrénées en valses lentes, de bourrées saccadées en slows langoureux selon les humeurs du temps. Mais ne seraient-elles donc pas celles qui mènent la danse ? « Du nord au sud, de l'est à l'ouest, elle vire
Depuis la nuit des vents...
Revenons brièvement en arrière et explorons l'origine de ces objets insolites.
Si l' on en croit les dires, elle aurait été imaginée dans l'Antiquité par Andronic de Cyhrre à Athènes. L'ingénieur grec fit élever une tour octogone et y fit graver sur chaque côté des figures représentant les huit vents principaux ; un triton d'airain tournant sur un pivot au haut de la tour, posait la baguette qu'il tenait à la main sur le vent qui soufflait. En France, la girouette semble remonter à l'époque des Vikings (encore ceux-là... ). Les navigateurs scandinaves en avaient équipé la proue et le mât de leurs navires. Au départ, il s'agit de petites pièces d’étoffe, soit toile ou étamine, servant à marquer d’où vient le vent. Mais au cours du temps, elles deviennent des objets travaillés, souvent à la dorure. Au Moyen-Âge, elle représente l'emblème du pouvoir, du statut de leur propriétaire et seuls les nobles ont le droit d'un posséder une sur leur logis. On la retrouve ainsi également sur les riches demeures ou encore sur les beffrois, sous le nom de "panonceau". Sa vocation change ensuite pour représenter le métier ou la vocation du bâtiment qu'elle décore : de l'auberge au semellier. Ainsi, un cheval cabré indiquait un relais, un boeuf la maison d'un éleveur, un moulin celle d'un meunier... Elle retrace ainsi l'activité des villages et de ses habitants. D'autres encore relevaient des fonctions protectrices pour conjurer ses habitants du mauvais sort. Bien des siècles plus tard, elles prendront des fonctions plus techniques qui donneront naissance aux instruments de mesure que nous connaissons aujourd'hui (anémomètres).
Virevittes
Une fois de plus, les Scandinaves semblent nous avoir légué une partie de leur héritage linguistique : en vieux norrois, veðr-viti (temps, weather - signal/montrer) et en ancien normand sous les formes wirewire, wirewite, virevite. Fort lointain, me direz-vous ? Pas tant que cela. Le dialecte de la Loire "guiroie " (de girer les proues), et sa phonétique ayant peu à peu évolué.
« Les vents abattirent toutes les virrevittes des maisons, pierres et bois où elles étaient affichées, et les coquets de dessus les Églises. » (Charles de Bourgueville, 1588).
Les coqs et les autres
Leur personnage favori demeure indubitablement le coq. Qu'il soir doré ou de noir vêtu, il siège et parade sur son trône au sommet du village, d'où il peut apercevoir toutes ses ouailles. Au IXe siècle, le pape Nicolas Ier décide de rappeler aux chrétiens la phrase de Jésus à Pierre : « Avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois » en installant un coq au sommet des clochers, qui étaient déjà souvent couronnés d'une girouette.
Le coq est parfois remplacé par canards, cigognes, cervidés, chats ou encore bovins selon la région d'où ils viennent. Dans d'autres contrées, ce sont les sorcières, dragons, sirènes ou autres animaux fantastiques qui se pavanent en haut des tours. L'imagination des hommes n'a pas de limites lorsqu'il s'agit de fournir à Eole son partenaire de danse. Mais, celles que je préfère sont celles qui naviguent tout en haut de leur perchoir : les girouettes navires... La girouette de chez mes voisins possède les traits d'une vache. Je vous donne leur métier en mille ;-).
© Photos – Rêvesdemarins
Impossible de ne pas citer W.H. Auden lorsqu'il s'agit des quatres coins cardinaux...
"... He was my North, my South, my East and West,
Alors, lors de vos prochaines balades, en mer ou ailleurs, regarderez-vous peut-être les girouettes d'une manière un peu différente à l'avenir ? Elles valent la peine d'être remarquées ! Une excellente fin de week-end à tous.
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Et si nous partions à la rencontre d’une somptueuse destination, ce week-end ? Une cité qui fut la demeure des plus grands artistes. Entre fleuves et montagnes. Entre classiques et contemporains. Je vous emmène dans la capitale des plus élégants bals au monde : Vienne.
Le Bel Habit Rouge
1784, Domgaße (ruelle de la cathédrale), une venelle pavée éclairée de lampadaires au galbe forgé. Une demeure au large porche et aux fenêtres à doubles croisillons. Des planchers qui craquent. Des murs décorés de fresques. Des notes et des partitions. Partout. Et des concertos, symphonies et airs d’opéra qui continueront à charmer nos oreilles à l’infini… Il fait nuit. Et Wolfgang ne peut fermer l'oeil. Il songe encore à ce bel habit rouge qui hante ses pensées depuis des semaines. Il s'imagine déjà, ainsi habillé, mener son prochain concert et se couvrir de gloire. Mais les finances lui manquent pour se le procurer. Qu'à cela ne tienne, il en parlera à une des comtesses du cercle de ses mécènes.
Le jeune Wolfgang a quitté Salzburg pour trouver sa voie comme musicien indépendant auprès des plus grands mécènes dans la capitale autrichienne. Et son succès n'a pas de mesure. Tout comme ses dépenses d'ailleurs. Il y rencontre et prend Contanze Weber en épousailles. Les noces de Figaro, la flûte enchantée, Cosi fan Tutte, Don Giovanni et tant d’autres chefs-d’œuvres verront le jour dans cette maison du centre de Vienne. Son appartement au premier étage y est relativement grand, comptant quatre grandes chambres, deux petites et une cuisine. Toute sa vie, il attache une grande importance aux apparences extérieures, comme son standard de confort, ses vêtements, perruques, parures, chaussures à boucles. Comme ce bel habit rouge aux boutons de nacre, qu’il se fera finalement offrir et que l’on peut encore admirer dans son ancienne demeure. Was in unseren Zeiten niet erlaubt ist gesagt zu werden, wird gesungen…
© Photos – Rêvesdemarins
Wolfgang Amadeus a probablement passé les années les plus heureuses de sa vie à cet endroit. En tout cas, il a y vécu plus longtemps que dans tout autre appartement. En particulier pendant cette période, Mozart est un compositeur célèbre, entretenant un cercle illustre d'amis et étant invité à donner d'innombrables concerts dans les maisons de noblesse. Il décèdera dans la cité autrichienne à l'âge de 35 ans... Trop tôt et pourtant, il nous a légué tant de merveilles en si peu d'années.
Mozart a vécu dans toute une série d'appartements lors de son séjour à Vienne. Un d'eux est aujourd'hui un petit hôtel près de la cathédrale Sankt Stephan, où j'ai eu la chance de résider quelques jours et ayant jadis accueilli d'autres invités célèbres tels que Franz Liszt, Richard Wagner, Anton Bruckner et Edward Grieg.
Vienne, c’est aussi le monde des valses au son d’Offenbach, des père et fils Strauss, ou encore le concert annuel au Musikverein se terminant sur les notes de l’immanquable marche de Radetzky dans un décor somptueux.
L'Homme des Milles Eaux
This is the house where for the first time in history human beings and nature live together with equal rights. We must restore to nature territories which man has illegally occupied. (Friedensreich Hundertwasser, April 1991)
Friedensreich Hundertwasser (de son nom originel "Stowasser") : peintre, architecte, activiste environnemental et philosophe. Il lance un nouveau genre dans l'art graphique. Il abolit la ligne droite et se lance résolument dans l'architecture écologique, en harmonie avec la nature. Il crée ainsi un quartier de maisons organiques portant son nom à Vienne, dans un concept novateur. Il y allie plantes, arbres d'intérieur, matériaux naturels et lignes courbes. Si plusieurs bâtiments du concept verront le jour, son projet de quartier rénové selon les normes organiques ne sera, lui, malheureusement jamais finalisé. Il demeure néanmoins un des grands artistes de ce siècle de la ville autrichienne.
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The flat floor is an invention of the architects. It fits engines, not human beings. The straight line is God less. (Friedensreich Hundertwasser, April 1991)
Grandeur et Faste
Ce qui frappe à Vienne, c’est son faste et la richesse de son passé. Du palais impérial à son école équestre, dans ses églises, ses bâtiments citadins ou ses résidences secondaires. On peut ainsi imaginer pourquoi des idées révolutionnaires ont pu germer dans l’esprit de certains. Le récit de la vie de l’impératrice Elisabeth (« Sissi ») ne laisse point indifférent. Cette jeune beauté reclue dans une cage impériale dorée, regrettait sa Bavière natale, et poursuivait constamment sa recherche d'une autre place, d'un autre bonheur, à travers d'innombrables voyages à travers l'Europe, telle un oiseau de mer sans jamais pouvoir se poser. Quel contraste dans sa mélancolie avec le faste infini de la cour austro-hongroise.
Marcher le nez en l’air
Impossible de se promener à Vienne sans lever constamment les yeux : les façades sont éblouissantes. A chaque coin de rue, une nouveauté, une enseigne, un fronton, des lampadaires richement décorés, d’autres teintes, un quartier plus charmant. Si la ville m’a moins marquée que Prague (ayant vu les deux capitales à deux reprises), elle ne n’a pas manqué de me plaire. Du baroque à l’art nouveau (Jugendstil), l’architecture ne cesse de surprendre le passant. Et pour les amoureux des jolis costumes, les Viennois sont friands de leurs habits nationaux. Vous y trouverez en chemin de nombreuses boutiques où vous pourrez vous fournir en "Lederhosen" (culotttes de cuir brodé) et robes de décolletés brodés très élégantes.
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"If we do not honor our past, we lose our future. If we destroy our roots, we cannot grow." (Friedrich Hundertwasser, April 1991)
Trésors cachés
En complément de son architecture splendide, la ville recèle un large nombre de musées incomparables. Ces derniers renferment des véritables joyaux. Pour n'en citer que quelques uns : Gustav Klimt, Schiele, Kokoschka, Kandisky, toute la collection des Breughel l'ancien, Monet, Chagall, Picasso, Dürer, Arcimboldo, Donatello, Le Titien et tant d'autres. Un véritable festin pour les yeux pour les amoureux de l'art. Quelques exemples ci-après. Je me suis régalée sans indigestion ;-). Et pour les gourmands, les tartes locales (dont le fameux chocolot Sacher) ne vous laisseront pas sur votre faim.
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Envie de vacances et de dépaysement ? Pas les moyens ou le temps de partir ? Vous n'aimez pas les files ni les foules ? Aucun souci. Je vous propose alors une toute petite excursion en Toscane. Mais une Toscane différente de celle des guides touristiques…
Cyprès et collines
Une Toscane pas chère, sans touristes, verte et jolie à souhait, tout près de chez vous. Notre petit pays n’est pas si plat et se prouve souvent digne d’intérêt lorsque l’on prend la peine de regarder autour de soi. En roulant pour le travail, j’ai ainsi découvert quelques petits bijoux de paysages m’ayant emmenée tout droit dans les collines toscanes. Ne manque juste que le soleil de temps à autre.
Cyprès, collines, routes ondulantes et charmantes chapelles. Sans oublier les champs dorés ou encore les vignobles rougeâtres. Des petits havres de paix pour les amoureux de calme et de paix loin du monde de la route du Sud. Où les trouver ? Un peu partout, il suffit d’ouvrir les yeux. Quelques exemples en images ci-après, notamment en Hesbaye. Où ? Le long de la E42 entre Liège et Namur, comme la petite chapelle de Saint Donat à Héron. Autre coin admirable dans le Brabant flamand, près de la nationale entre Lennik et Ninove, lorsque vous êtes sur la chaussée de Asse. Un peu plus au Sud, prenez la E25 entre Genappe et Mont-St-Guibert, près de Louvain-La-Neuve. Vous y passerez par des collines avec un petit air de Crete Senesi. Et si notre vin belge n'y vaut pas (encore) le Brunello di Montalcino (un de mes préférés, avec le Barolo piémontais, mais pour lequel il faut casser sa tirelire... ), il est de nombreux petits producteurs belges qui offrent un nectar de raisin tout à fait agréable à déguster (ou tout simplement ses fruits comme à Overijse). Quant à l'antipasti traditionnel, que diriez-vous de succulentes bruschette aux tomates et origan frais de mon jardin ?
Je vous invite à vous balader hors des sentiers battus de vos régions et vous souhaite de jolies découvertes toscanes tout près de chez vous. Un excellent dimanche à tous. Et bonnes vacances si vous en avez l’occasion.
À l’aube d’un nouveau printemps le mois passé, j’ai eu la chance d’une petite escapade de quelques heures entre deux journées de travail. Ce week-end, je vous emmène en bord de mer Baltique… Cap sur Helsinki !
Port baltique
Têtes au teint blond-blanc, regards d’azur en amande, profils taiseux ou conversations dans une langue aussi exotique qu’incompréhensible pour mes oreilles pourtant à présent habituées aux consonances nordiques. Mais le finnois s’apparente au hongrois et non à ses voisines. Le mystère finnois a titillé mon intérêt. Et je suis partie explorer ces quelques endroits que j’avais entrevus en venant de l’aéroport. Quelques mâts de bois discernés entre les buildings. Bleu baltique brillant sous un ciel du même ton. Murs colorés aux fenêtres à croisillons. Et des températures estivales !
© Photos – Rêvesdemarins
Au pays de Freyja
Freyja est la fille de Njörd, dieu de la mer et des océans dans la mythologie scandinave. De longs cheveux blonds, des yeux couleur d’océan, elle se déplace sur un char tiré par deux chats des forêts nordiques.
En vieux norrois comme en islandais moderne, Frú a pour sens « maîtresse, dame, femme ». Dans les autres langues modernes, le vocable est devenu Frue (danois), Fru (suédois), Frau (allemand), Vrouw (néerlandais). (Source : wikipédia)
Les attributs de Freyja ont également un lien avec la mer dans son nom "Mardöll". Tout comme les sirènes, Freyja est réputée pour voler le cœur des marins et les attirer irrésistiblement vers elle. A ce point, elle est souvent désignée comme représentante de l’amour, la luxure, le désir, mais également de la guerre, les prétendants ayant guerroyé pour obtenir ses faveurs.
Les marins finlandais, amoureux des belles dames de bois blond (et aux vingt couches de vernis pour les protéger de l’eau salée… ) n’ont donc pas hésité à doter leurs navires du nom de cette déesse de beauté nordique hors du commun.
© Photos – Rêvesdemarins
St Petersburg scandinave
Un petit air slave plane sur la capitale finlandaise. Une architecture citadine qui replonge entre Prague, Paris et St Petersburg. Des bâtiments imposants entre des rues aux maisons colorées. Les coupoles dorées de la cathédrale orthodoxe d’Uspenski, en bord de mer. Un bijou architectural aux allures moscovites, ayant souvent servi de décor à des films sensés avoir lieu en Russie. Une ville en bord de Baltique au charme indéniable.
Par contre, y trouver un restaurant libre un premier vendredi soir d’été, par beau temps après les mois de confinement, et surtout un tant soit peut payable, est une autre affaire… Pas une seule place de libre. Des établissements et des terrasses bondés. De la musique partout, comme lors d’un festival estival. À la carte traditionnelle : du renne et… de l’ours au menu. En souvenir de mon Teddy en peluche, j’avoue ne pas avoir tenté l’aventure. J’ai fini par dénicher une petite cave à vin espagnole où la charmante serveuse originaire de Barcelone (non, je n’y ai pas vu Manuel ;-))) pour les adeptes de Fawlty Towers) a accepté de me servir ses derniers tapas avec un excellent vin de sa région. Pas très finlandais comme repas, mais plus sympa pour les Paddingtons locaux. Et surtout, une addition moins salée.
© Photos – Rêvesdemarins
Art moderne aquatique
Enfin, ma balade le long du port entre les navires boisés m’a paru un peu comme une visite dans une exposition de peinture contemporaine. Le soleil de fin de journée y jouait sur les eaux du port et le transforme en musée d’art moderne géant en plein air. Ses palettes surréalistes étaient fascinantes de beauté.
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Kippis !
« Kippis », c’est le nom que j’ai décidé de donner à cette sympathique petite mouette locale qui a pris la pose sous mon objectif pour un photoshoot, pas impressionnée pour un sou. Je vous arrête déjà vous imaginant la raison de son sobriquet. Et non, ce n’est pas ce que vous pensez… « Kippis! » signifie tout simplement « Santé ! Cheers ! A la bonne vôtre ! Salute ! » en langue finlandaise. (Oui, toutes ces photos m’avaient clairement donné soif ;-)). Ce mot est le seul terme local que je sois parvenue à comprendre et à surtout à retenir!
© Photos – Rêvesdemarins
Je vous laisse donc découvrir cet endroit que je tenterai de revoir pour une visite privée plus longue. Et vous souhaite un excellent dimanche, en mer ou ailleurs, en bonne compagnie. Kippis !!!
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March 2023
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