Après de longues semaines de silence, enfin un petit billet.
Un billet appel, un petit billet message pour une cause en détresse qui compte pour moi.
Depuis plus de sept ans, j’ai la chance incroyable de pouvoir écrire et publier des articles comme journaliste de mer pour la plus belle édition marine belge : Yachting Sud. Un magazine de voile de qualité existant depuis 1923. Le seul magazine francophone belge. Un magazine centenaire axé sur la qualité de son contenu et de son format, nommé d’après le voilier en bois barré par Charles Bertels, son créateur.
Les tendances des dernières années, la digitalisation, le covid et la hausse des prix du papier lui ont rendu la vie dure. Et l’avenir de l’éditorial est à présent mis à rude épreuve. Se repenser, se refaire un avenir, se réinventer. Pas une chose facile. Et Dieu sait si la presse nautique est un secteur qui souffre ces derniers temps. Les lecteurs veulent du digital, vite et pas cher, voire gratuit. Les jeunes veulent des nouvelles rapides, bon marché, accessibles en temps réel, pas trop compliquées à lire. La quantité prime sur la qualité. Le papier est révolu et prend de la place. En plus, il faut le recycler une fois lu. La mondialisation remplace les actualités locales. Les salons nautiques sont peu à peu révolus pour passer à des forums sur internet. Les gens se rencontrent sur des écrans et les publics changent. Bref, le monde évolue.
© Photos – Yachting Sud
Si certains voiliers se transforment en machines de guerre volantes ou en buildings flottants, d’autres tentent de redessiner le monde du transport et du cargo pour la protection de la nature et des déplacements plus durables. Je continue à croire que la navigation à l’ancienne et à la force du vent ne rendront jamais l’âme car ils sont l’âme de l’homme et de son lien à la nature. Je persiste à espérer que les lecteurs de demain reviendront aux valeurs véritables et retrouveront un intérêt pour cette belle activité en Belgique ou ailleurs. Notre petit pays possède un terrain de jeu superbe dans ce domaine : près de la Manche, des eaux normandes, bretonnes, frisonnes. Une localisation intéressante pour apprendre même si la météo n’y est pas toujours idyllique. Je suis fière de mon petit pays et de ses marins. Il a quelque chose à raconter et compte de nombreux anciens ou futurs héros des mers. Des chantiers, des innovations, des beautés à explorer et des savoir-faire à redécouvrir. Et qui dit découverte dit narration de leurs exploits. Que ce soit sur le papier, lors d’une présentation ou d’un spectacle, ils valent la peine qu’on écrive des récits à leur égard.
Mon cœur saigne à l’idée que cette belle revue belge doive un jour peut-être rentrer au port et cesser de naviguer sur toutes les mers du monde. Mais, il n’est pas trop tard pour lui refaire une beauté, renforcer sa coque et lui installer de nouvelles voiles pour reprendre le large le plus rapidement possible. Ceci n’est qu’un « Pan pan » et pas encore un « Mayday ».
Longue vie à Yachting Sud (www.yachtingsud.eu), pour que nous puissions fêter son double centenaire un jour ! Un excellent dimanche à tous. Et qui sait, l’occasion de découvrir notre magnifique magazine ou d’en donner envie autour de vous.
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Que diriez-vous d'un billet hommage aux premiers journalistes marins ?
(Extrait de mon article dans le magazine Yachting Sud nr 970). « Je verrai de mes yeux les merveilles et les terreurs de l’océan. »
Depuis la nuit des temps, les hommes n’ont eu de cesse de narrer et de transcrire leurs épopées. En mer ou ailleurs, poussés par un besoin pressant de coucher sur le papier leurs aventures et leurs vicissitudes, les chroniqueurs de bord ont légué à l’histoire les faits, les récits et les états d’âme des plus grands voyageurs de notre monde, à travers les siècles.
Journal de circumnavigation
Nous sommes en septembre 1519 et l’équipage du Portugais Ferdinand de Magellan s’apprête à larguer les amarres pour un voyage autour du globe qui marquera un nouveau cap dans la navigation. A bord de la Trinidad, Antonio Pigafetta, un savant vénitien, range soigneusement ses plumes et ses carnets dans le petit coffre de bois, dans un coin de la bannette sombre et humide. Il réalise bien peu alors le fabuleux héritage qu’il léguera à l’univers, à travers les futurs écrits de son journal de bord. On ne sait que peu de choses de Pigafetta, mais sans ses chroniques, les nouvelles du premier voyage autour du monde ne nous seraient jamais parvenues. Il compila des journaux de bord très détaillés, agrémentés de cartes illustrées tout au long du parcours. Il y relate les affres des diverses étapes ainsi que les réussites de l’exploration : mutineries, cannibalisme, scorbut, noyades, tempêtes, famine poussant les hommes à déguster des rats ou de la sciure de bois. Il consigne dans ses notes des descriptifs des phénomènes astronomiques (les nuages de Magellan, deux galaxies visibles). Il y conte également la découverte des îles aux épices, les rencontres avec des peuplades étonnantes telles que les « géants patagons », et le passage vers l’Atlantique, parfois avec une certaine fantaisie en transcrivant les récits de voyageurs ou d’indigènes. Sur les 260 membres d’équipage et les cinq vaisseaux affrétés, un seul en reviendra avec dix-huit hommes, dont Pigafetta, Magellan lui-même faisant partie des victimes qui ne revirent jamais leur port d’attache.
Le travail de chroniqueur de Pigafetta ne fut pas reconnu à l’époque par les divers monarques à qui il les présenta à son retour. Et notre journaliste de l’époque ne reçut qu’une bien maigre compensation pour ses manuscrits. Si Pigafetta ne verra jamais son ouvrage imprimé, quatre de ses versions manuscrites ont néanmoins traversé les siècles et les océans pour nous régaler aujourd’hui de leurs récits fantastiques.
© Photos – Carnets de marins, Huw Lewis-Jones, éditions Paulsen 2019
Carnets de stratèges
© Photos – Carnets de marins, Huw Lewis-Jones, éditions Paulsen 2019
Peintres à bord
« Sa peau, dépourvue d’écailles, avait la texture du cuir et la couleur grise du plomb… »
Si au départ, les carnets nautiques ont une vocation pratique, logistique, voire légale (l’annotation des coordonnées, événements de bord et positions du navire… ), certains calepins de bord se révèlent souvent de petites œuvres d’art. Leurs auteurs maniaient le crayon et le pinceau avec brio : atlas, cartes célestes, bestiaires, anthologies zoologiques. Pour n’en citer que quelques uns : les cartes de Tupaia rédigées pour James Cook sur le HMS Endeavour en Nouvelle-Zélande ou encore les recueils de dessins d’Erik Hesselberg sur le Kon-Tiki, réalisés dans les îles polynésiennes.
© Photos – Carnets de marins, Huw Lewis-Jones, éditions Paulsen 2019
Une plume pour la science
© Photos – Carnets de marins, Huw Lewis-Jones, éditions Paulsen 2019
Ecrire pour survivre
Certains carnets de bord furent griffonnés sur un bout de papier chiffonné au fond d’une cale, dans une mer en furie. D’autres tinrent dans de petits calepins remplis entre deux quarts par des matelots pour prévenir le sommeil. D’autres encore prirent la forme de tableaux de maîtres-peintres, d’encyclopédies ou même de journaux intimes.
Tout événement consigné dans un journal de bord, même minime, est important dans la vie des marins, et transmettra des connaissances et des récits de voyages à travers les époques. Tous ces chroniqueurs marins, petits ou grands, célèbres ou méconnus, ont façonné l’histoire à leur manière. Chaque navigation mérite son écriture et chaque homme de mer mérite d’en faire la lecture. A vos carnets et crayons ! Un excellent dimanche à tous.
Après une navigation de presqu'un an dans la Baltique, il est enfin de retour. De retour à son port d'attache. Là où il vit le jour, sombrit puis renaquit... Je vous emmène à bord du plus grand trois-mâts en bois au monde, ce week-end : le magnifique Götheborg de Suède.
Naufrage
En 1738, la Compagnie suédoise des Indes orientales ordonne la construction du plus grand navire de commerce en bois. La Suède rejoint ainsi les autres grandes nations navales de l'époque, à savoir le Portugal, les Pays-Bas et l'Angleterre. Contrairement à de nombreuses autres compagnies des Indes orientales, la Compagnie suédoise est une entreprise purement commerciale et n'a aucune mission de colonisation. Le navire opère ainsi de nombreux voyages vers la Chine.
Sept ans plus tard, le géant des mers heurte un rocher à seulement 900 mètres de son anneau et fait naufrage au large de son port d'attache, de retour de son troisième voyage en Chine. Les 144 membres d'équipage en réchappent indemnes. Son épave demeurera au fond des eaux nordiques jusqu'en 1984, où des chercheurs le renfloueront. C'est alors que naît la folle idée de sa reconstruction.
© Photos – Gotheborg.se
Renaissance
Le navire a été reconstruit en utilisant des techniques anciennes et traditionnelles pour le rendre aussi proche que possible de son ancêtre. La hauteur libre du pont a été augmentée de 10 cm, puisque les marins d'aujourd'hui sont plus grands que leurs ancêtres. Et, alors que l'extérieur reste fidèle à l'original, l'intérieur, par contre, est très moderne avec un système électrique et d'hélices alimentées par des moteurs diesel ainsi que tout le confort et les dispositfs de navigation et de sécurité nécessaires aux réglementations actuelles.
Une voilure impressionnante : 26 voiles pour une superficie totale de 1,964 m². Pas moins de vingt tonnes de gréement. A son bord, un équipage digne de son aïeul: capitaine, second, médecin de bord, charpentiers, maître-voilier, cuisiniers, maître d'équipage, quartier-maître, pilote, chef ingénieur et tant d'autres. En 2005, sa réplique est fin prête à reprendre la mer, après plus de deux siècles de relâche.
© Photos – Gotheborg.se
Depuis lors, la nouvelle merveille navale a navigué les sept mers et fait escale dans des ports historiques pour n'en citer que quelques uns : Cadiz, Recife, Cape Town, Port Elisabeth, Fremantle, Jakarta, Canton, Shangaï, Hong Kong, Singapour, Chennai, Djibouti, Alexandrie, Nice, Londres, Oslo, Helsinki, Helsingborg ou encore Malte...
Son tour européen de 2023, a emmené le Götheborg dans les ports de Sète, Gibraltar, Jersey, Rotterdam et Hambourg. Hier, le navire est enfin rentré dans son port d'attache, Götheborg, pour ouvrir la célébration du jubilé des 400 ans de la ville de Götheborg, avec une salve impressionnante de canons. Si l'envie vous titille d'en apprendre plus sur ce magnifique navire, jetez-donc un coup d'oeil à www.gotheborg.se.
Pan Pan
En avril de cette année, c'est à la grande surprise de l'équipage du Corto, un voilier de 8 mètres, que le plus grand cargo à voile en bois du monde (50 mètres... ) est venu à son secours après un appel de détresse au large des côtes françaises. Le petit voilier avait perdu son gouvernail en mer. Durant quelques instants, son équipage s'est tout simplement demandé s'ils ne rêvaient pas, où s'ils avaient voyagé dans le temps en voyant arriver à l'horizon un trois-mâts marchand du XVIIIe siècle toutes voiles dehors à leur rescousse. En route pour Jersey, étant le navire le plus proche du voilier, le navire de la Compagnie des Indes orientales a répondu à l'appel. Le Corto a été remorqué dans le sillage du Götheborg, suivi le lendemain par un bateau de recherche et de sauvetage français du port de Paimpol. Durant tout ce temps, le géant historique est resté auprès des deux rescapés en attendant les secours français, les appelant toutes les heures.
© Photos – David Moeneclaey
"A 15h30, nous étions en mer, à plus de 50 milles nautiques des côtes, lorsque notre safran a cassé. Après avoir envoyé un appel Pan-Pan sur la radio VHF, le trois-mâts Götheborg a rapidement répondu à notre appel en nous proposant de nous remorquer jusqu'à Paimpol. Nous étions perplexes face à la différence de taille entre nos deux bateaux (...). Le Götheborg s'est approché très près de nous pour lancer la ligne et passer une grosse corde. Le mouillage s'est bien passé, et nos destins ont été liés pendant de très longues heures, pendant lesquelles nous avons partagé la même fréquence radio pour communiquer entre nous (...). "
Une épopée qui incarne les valeurs les plus nobles de la mer et de la solidarité entre marins, peu importe leur rang, ou leur taille...
Un tout beau dimanche ensoleillé à tous. Et un très bel anniversaire à mon petit neveu qui habite... Götheborg et verra peut-être ce joli bateau (petit chançard, va ;-)).
Cela faisait longtemps... La vie tourne un peu trop vite. Les jours passent sans s'arrêter. Les heures manquent. Les priorités nous tiennnent à l'écart de nos envies. Nous y revoici. Enfin un petit billet.
The answer, my friend, is blowin' in the wind, the answer is blowin' in the wind... (Bob Dylan)
L'air est frais, même froid, piquant. Le vent souffle furieusement dans mon dos. Je ne vois que quelques ombres entre mes mèches rebelles de cheveux volant en tous sens. Une musique lançinante résonne autour de moi : les navires en hibernation sur leurs bers sonnent leur symphonie de mâts et de drisses qui s'entrechoquent dans une mélodie métallique de plus en plus assourdissante au fur et à mesure que je me rapproche. Les anémomètres tournent comme des sots, les cables d'acier battant la mesure sur les mâts et les étais, comme un percussionniste un peu fou sur des xylophones verticaux géants. Un peu plus loin, le vent transforme des bouées en un serpent d'or et de vermeil sur l'eau glacée du port. L'endroit est relativement désert en cette morte saison. Les quais sont vides, les parkings sont pleins à craquer, les voiliers bien calés les uns près des autres pour leur sommeil d'hiver.
© Photos – Rêvesdemarins ,en Mer du Nord
How many seas must a white dove sail, before she sleeps in the sand... (Bob Dylan)
A la côte, ce sont les vagues qui ont pris la mesure de la brise. La mer n'a pas l'air de trop bonne composition : elle est nerveuse, agitée, bouillonnante à certains endroits. Verdâtre par ici, grisâtre par là entre ses lames bleutées. Elle conserve les traces du vent qui l'a malmenée les derniers jours, comme possédée par un sorcier vaudou invisible. Les joueurs de polo n'ont qu'à bien se tenir sur leurs montures les pieds dans l'eau.
© Photos – Rêvesdemarins, en Mer du Nord
Yes, 'n' how many years can a mountain exist, before it's washed to the sea... (Bob Dylan)
Même spectacle sur le sable avec qui Zéphyr joue à faire et défaire ses châteaux: de monticules en montagnes, de vallées en précipices de petits grains dorés. Le paysage se modifie au gré des humeurs du dieu des airs. La plage prend d'autres atours à chaque instant. Je ferme les yeux et lorsque je les réouvre, je découvre un nouvel endroit, comme par magie. Et lorsque la marée envahira le rivage, à son tour, elle redessinera le décor à sa manière. Dans la vie, comme en bord de mer, rien n'est perpétuel. Tout est en constant mouvement.
© Photos – Rêvesdemarins, en Mer du Nord
Ces dernières semaines, un air voisin souffle dans l'air. Toute une série d'évènements me portent de retour vers les Pays-Bas, où j'ai travaillé avec plaisir durant plus de quatre ans dans le passé. Alors, si nous partions à la découverte d'un petit trésor de nature pas si loin de chez nous : la Frise, ce week-end ?
Les Îles Wadden
Tout débute à chacun de mes voyages mensuels vers Copenhague pour mon travail. Je m’arrange toujours pour obtenir un siège côté hublot pour avoir le bonheur de voir le coucher du soleil, et en particulier lorsqu’il se pose sur les îles de la Frise. Petites taches sablées et dorées éparpillées dans les flots, brillant sous les derniers rayons du jour. Une image magique. Par temps clair, c’est un peu comme si je regardais un atlas de géographie en direct. Un plaisir que j’avais oublié depuis quinze ans mais dont ma mémoire avait enfoui le souvenir pour le faire réapparaître plus vif encore après ces longues années d’ombre. Des formes fantasmagoriques à souhait. Et à chaque fois, je me dit qu'y naviguer à la voile devrait être une belle aventure (y compris pour y slalomer entre les divers bancs de sable... ).
Huit îles sauvages reconnues comme patrimoine de l'Unesco, dont cinq sont habitées, situées entre la Mer du Nord et la mer de Wadden, sur la route du Danemark : Texel, Vlieland, Terschelling, Ameland, Schiermonnikoog - inhabitées: Noorderhaaks ou Razende Bol, Rottumerplaat et Rottumeroog. Un archipel hors du commun et des sentiers battus pour les amoureux de nature : vieux phares, zone aux activités de marées intenses, faune riche et églises marines, villages de pêcheurs, parcs naturels, phoques, oiseaux marins, moutons, balades dans les dunes... Sans, je l'espère, trop de touristes... (Même si ceci n'est plus gagné d'avance nulle part de nos jours). « Friesland... Not suitable for couch potatoes, box-set binge-watchers, landlubbers, speed demons, city slickers, Sunday drivers, homebodies and people who don’t like nature. » (source : www.friesland.nl)
La semaine dernière, ma nouvelle personne de contact pour une plateforme informatique de recrutement se présente : sa voix, mélangeant des accents résolument danois, néerlandais et allemands, me rappelle subitement que cette région du Nord des Pays-Bas, demeure encore sur ma liste de régions à visiter (plutôt que de me contenter de la survoler... ). Elle explique être danoise du Sud, mais aux origines frisonnes et au dialecte reflétant un subtil mélange de trois régions limitrophes, aux tonalités que j’aime (même si ce dernier - tout comme le danois - semble absolument incompréhensible pour la plupart des gens normaux ;-)).
© Photos – www.Friesland.nl
Tjalks
J’avais déjà poussé ma voile d’Amsterdam à l’IJsselmeer et l’envie de rejoindre le cap Hoorn néerlandais avec des amis gantois, il y a des années. Une adorable petite ville typique, maisonnettes aux façades en escaliers volutés le long de charmants canaux, bordées de ponts basculants. Et une ambiance chaleureuse pour une brève relâche. Sans oublier les innombrables vélos. Un amarrage à couple contre un de ces magnifiques navires « Tjalks » locaux, ces navires de transport à fond plat, aux dérives latérales extérieures, à voile aurique et dont le mât est amovible pour le passage de ponts grâce à un treuil. Manoeuvre qui peut s'effectuer seul ! De véritables petits bijoux de conception.
© Photos – www.Friesland.nl & wikipedia
Mais la Frise, c'est également le terrain de jeux des voileux en mal de compétition. Un ami kiné, voileux acharné (et surtout très doué), de qui nous avions d'ailleurs acquis un F18 il y a quelques années, m'a récemment raconté avoir participé à la plus grande régate de catamarans de sport au monde : le Tour de l'ïle de Texel. Cette régate existe depuis 1978. La prochaine aura lieu ce 18 juin 2022. Plus de 600 catamarans sur la ligne de départ en mer du Nord, piaffant et hennissant pour parvenir à franchir les rouleaux (ou non... ) qui leur fera faire le tour de l'île frisonne en ruant dans les brancards marins sur plus de 100 km en un temps donné. Les écoutes de voiles au bout des doigts, tels des coureurs de chars romains, les rênes en main, qui se croisent dans un stade nautique, penchant dangereusement plus leurs coursiers prennent de la vitesse. Beaucoup de casse et d'embouteillages à prévoir. Départ donné en hélicoptère. Une compétition à ne pas manquer pour les passionnés de cette voile sportive (petite voile, d'accord, mais rapide ! On y monte à plus de vingt noeuds au raz de l'eau, voyez plutôt dans la vidéo ci-dessous). Cela me tenterait bien... Mais pour se faire, il va falloir sérieusement retravailler les abdos et dérouiller les muscles pour se mettre au trapèze (dixit mon kiné ci-avant ;-) ).
Pour terminer ce billet, je ne pouvais m'empêcher de partager quelques extraits d'un groupe local dont les mélodies m'ont souvent fait rêver : le groupe Twarres. Un jeune duo aux harmonies rafraîchissantes en dialecte frison (notamment). Ils remportèrent un prix musical pour leur interprétation de "Wêr bisto" en 1999. J'espère que leur musique vous plaira autant qu'à moi.
Je vous souhaite un excellent dimanche, et comme on dit en frison " lokkige snein en goed gelok ! ".
Parce qu’aimer écrire débute souvent par aimer lire…
Quelques bribes marines composées par un bel auteur québécois du siècle des poètes. A découvrir, ce week-end. Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
© Photos – Rêvesdemarins
Que cette journée vous soit aussi douce que ces quelques vers océaniques.
Aimez-vous les belles moustaches ?
Préférez-vous celle du très célèbre Hercule Poirot, de Sherlock Holmes ou encore de Salvatore Dali ? A moins que vous ne craquiez pour la Nietzschéenne, la Freddy Mercurienne ou l’Offenbachienne. Et portées par un fringant marin en uniforme, elle devient alors irrésistible. Mais, celle qui me rend, moi, complètement gaga, c’est celle de l’équipier aux pattes de velours et au nez en forme de cœur.
Les Neufs Vies des Chats Marins
Les chats, cela n’aime généralement pas l’eau. Et pourtant, entre les félins et les navires, c’est une longue histoire d'amour… Depuis la nuit des temps, les petits monstres à coussinets rosés et moustaches ont été les fidèles compagnons des hommes et des marins dans leurs traversées. La présence de chats à bord était indispensable pour garantir un contrôle de la vermine en mer. En prévention des maladies et préservation des vivres et matériaux nautiques tels que les cordages, fortement appréciés des rongeurs.
Depuis des millénaires, les chats ont été considérés comme des animaux aux pouvoirs quelque peu magiques ou sacrés. De l’Egypte antique aux grandes découvertes en passant par les navigations des Vikings, ils ont fait partie intégrante des équipages maritimes. Les superstitions des marins concernent également les aptitudes particulières de ces petites bêtes. On leur confère ici des pouvoirs surnaturels. On pensait ainsi à bord que les félins pouvaient tenir en équilibre sur leurs pattes par n'importe quel temps, y compris dans la houle la plus féroce. Les chats polydactyles (ayant un nombre de doigts plus élevé que la normale en raison d'une anomalie génétique) étaient d'ailleurs recherchés comme des créatures rares aux dons précieux dans leurs prouesses d'équilibristes. La croyance dans les milieux nautiques s'étendait à leurs capacité de prédire la météo. Les chats sont en effet capables de détecter de légers changements de temps, grâce à la grande sensibilité de leur oreille interne. Les basses pressions atmosphériques, précurseurs du temps orageux, rend souvent les chats nerveux et agités et les font réagir aux changements de pression barométrique. Lorsque le chat s'agite, le grain rapplique...
Chez les Vikings, les légendes prétendaient que la déesse Freya elle-même se déplaçait sur un chariot tiré par des "Wegies" ou chats des forêts norvégiens, une race de chats aux longs poils, aux oreilles assorties d'un plumet et à la taille et résistance hors normes. Un de ces spécimens m'a "adoptée" il y a des années en choisissant ma demeure et venant tout simplement s'y installer jusqu'à sa 26e année (un vie extraordinairement longue pour un animal de ce type). Une peluche géante au caractère bien trempé. Et son souvenir me demeure extrêment doux (voir photo ci-bas en noir et blanc).
A Ch’abordage !
© Photos – Wikipedia
Dans l’histoire moderne, de nombreux navires célèbres ont emmené leur mascotte dans leurs odyssées. Pour ne vous en citer que quelques uns :
Sam, l’insubmersible
Quelques souvenirs ci-après de chats marins rencontrés au cours de mes navigations.
© Photos – Rêvesdemarins
Alors, chers marins, toujours pas envie d'emmener un minou à bord pour vos prochaines navs ? Une excellente semaine à tous.
Une fois n’est pas commune, un petit billet en honneur d’une œuvre cinématographique, ce week-end. Si vous avez besoin de repos et de détente, pour quelques heures d’évasion du monde réel, ce billet est pour vous ! Je vous emmène en mer sur une frégate anglaise pour une odyssée délassante avec une relâche aux Îles Galápagos pour une découverte un peu en avance sur Charles Darwin.
Inspiré du roman de Patrick O'Brian de 1969, le film reprend une quête nautique, faite d'honneur, de courage, de batailles et d'explorations du monde comme seuls les siècles des grands marins ont pu en initier...
Batailles Napoléoniennes
1805. Quatre ans avant la naissance du père de la théorie de l’évolution. Nous sommes à bord de la frégate britannique de guerre HMS Surprise dans les eaux du Cap Horn. Son capitaine, Jack Aubrey, a été nourri de ses rencontres en Égypte avec le grand Lord Nelson. Sa mission : arrêter un navire français, l’Acheron, par tous les moyens. Ce dernier étant suspecté de vouloir saboter la flotte baleinière de sa Majesté.
Le navire ennemi semble intouchable. Tel un navire fantôme, il apparaît puis disparaît régulièrement dans leur sillage sans jamais se laisser rattraper. Il échappe plusieurs fois à ses poursuivants britanniques à la faveur du brouillard, du Cap Horn aux Galapagos. Ils sont alors pris dans la pétole durant de longs jours. La tension monte à bord du navire du capitaine Aubrey. L'équipage suspecte l'aspirant de marine Hollom de leur porter la poisse. Le jeune homme n'est pas populaire à bord, trop doux pour le travail... Ce dernier choisit de disparaître en mer. Et, contre toute attente, le vent reprend... La superstition a la vie dure dans le milieu marin. A bord se trouve Stephen Maturin, le chirugien de bord. Maturin est en réalité un médecin naturaliste, passionné par les découvertes qu'il pourrait faire aux îles Galapagos et bien peu intéressé par les projets militaires de son capitaine.
Les musiques du film sont particulièrement agréables et bien choisies dans le décor d'époque. Splendides duos d'archers dans une cabine marine en pleine mer. Je vous laisse juger.
Juste avant Darwin
Blessé dans un accident de tir à l'albatros, Maturin se meurt. Et le capitaine Aubry décide enfin de mettre un terme temporaire à sa poursuite du navire français pour pourvoir à sa guérison. Il fait alors relâche aux Galápagos pour permettre une opération chirurgicale à terre. Une pause pour reprendre des forces et enfin répondre au souhait du médecin naturaliste de découvrir une nouvelle faune. Les îles sont un sanctuaire unique au monde pour certaines espèces. Il est ainsi un des précurseurs fictifs de Charles Darwin qui fera escale dans ce petit paradis terrestre pour cinq semaines en 1835 et y en déduira la théorie universelle de l’évolution sélective. Mais nous prendrons le temps de narrer cette épisode majeur de l’histoire et celle du navire HMS Beagle, qui emmènera Charles Darwin vers la découverte scientifique qui changera la face du monde, dans un billet suivant, dont les fameux carnets de notes viennent d'être récemment retrouvés.
Durant ses observations de la nature fabuleuse de ces îles, le médecin remarque les capacités étonnantes de certaines espèces en matière de camouflage (notamment, celle des "phasmes", insectes à l'aspect de branche de bois). Il en fait part au capitaine Aubrey. Et c'est la révélation... C'est alors que Jack Aubrey s'en inspire pour déguiser son navire en bateau de baleinier et se faire aborder par l'Acheron, tendant ainsi une embûche à son ennemi. Il prend alors enfin pouvoir du navire ennemi qu'il poursuit depuis de nombreux mois. La nature n'en finit pas d'inspirer les plus grands. Elle est source d'inspiration universelle.
Je le visionne et le re-visionne sans jamais m’en lasser… Les images, le récit, le contexte historique, le langage nautique de l ‘époque et la musique continuent inlassablement de me charmer. J’espère vous avoir quelque peu sorti de vos tracas journaliers à travers cette fresque marine.
Un excellent dimanche à tous !
Travailler à l’international comporte quelques avantages malgré les longues heures et les nuits loin de son lit habituel. Et à chaque opportunité, j’en profite pour prendre quelques clichés entre deux réunions. Je vous emmène prendre un bain d’eau bien fraîche ce week-end. Nous partons dans le fjord d’Oslo, en Norvège.
Berceau des grands explorateurs polaires
Fridtjof Nansen, Otto Sverdrup et Roald Amundsen furent les pionniers des expéditions polaires. On retrouve à Oslo, les traces de leurs exploits et une reconstruction grandeur nature de l’un de leurs bateaux, le Fram ainsi que le Gjøa, premier navire à franchir le passage Nord-Ouest. Ceci fera l’objet d’un billet séparé, mais voici déjà de quoi vous mettre l'eau (froide... ) à la bouche. Lorsqu’on découvre les moyens limités avec lesquels ils ont réussi ces défis, on réalise à quel point ces marins avaient du cran et de la persévérance (avec un grain de folie aussi…) au vu des conditions climatiques extrêmes qu’ils ont dû endurer a l’époque dans ces régions inhospitalières du monde. Chapeau (ou plutôt… bonnet... ) bas, messieurs les explorateurs !
© Photos – Rêvesdemarins
Bygdøy, l’île aux musées
Lors d’un précédent voyage à Oslo, de voile celui-là, j’avais déjà eu la chance de me rendre à la presqu’île aux musées. Une péninsule riche en joyaux culturels et historiques, petit paradis pour les amoureux de la mer et des navires. Musée maritime, musée kon-Tiki, musée Fram, musée du folklore norvégien et surtout musée des bateaux vikings, renfermant trois incroyables épaves originales de drakkars. C'est ce dernier que j'avais eu l'occasion de voir. Il est actuellement malheureusement fermé pour rénovation pour pas moins de cinq ans… Si vous voulez en découvrir quelques images, jetez donc un coup d'oeil à un ancien billet sur le sujet : "les sept vies des navires".
Cette fois-ci, je n’ai donc pas résisté à la tentation de retourner dans ce petit Éden pour quelques heures à mon arrivée sur le sol scandinave. Pour les fans de balades à pied comme moi, il vous faudra environ 1,5h de marche pour y parvenir au départ du centre. Mais la promenade, qui passe notamment près des jardins royaux, en vaut la peine (à condition d’être bien emmitouflé en cette saison). Sinon, le vélo et le bus sont de bonnes alternatives pour les plus pressés. Même après le coucher du soleil, on se sent en sécurité dans ces ruelles désertes. Oslo est reconnue comme une ville sûre, avec un taux très bas de criminalité et de chômage.
© Photos – Rêvesdemarins
Pause photos
Après un petit déjeûner de roulades à la cannelle, que diriez-vous d’un sauna bien bouillant suivi d’un petit plongeon dans l’eau glacée du fjord avec vue sur le château, histoire de vous rafraîchir les idées avant d’aller au boulot? Voici ce que mes collègues ont le loisir de faire avant de rejoindre Aker Brugge, ancien quartier des docks transformé aujourd’hui en district financier de la capitale norvégienne, près du centre Nobel. Chaussures de marche fourrées aux pieds et petits escarpins dans le sac. Le sol y reste gelé durant de longues heures et la balade le long des anciens docks se révèle une véritable patinoire. Le soir, après une journée bien remplie, on remet le bonnet, les moufles et les bottines pour un repas traditionnel près du théâtre royal, bien arrosé à la chaleur des lampions et des couvertures de laine dont seuls les Scandinaves ont le secret.
Mais, mon plaisir solitaire reste bien une petite flânerie photos matinale le long du fjord avant de débuter mon marathon de réunions sans pauses. Et ce matin-là, j’ai eu la chance d’avoir le soleil pour réchauffer mes doigts engourdis par le gel sur l’appareil photo et les quais où dormaient encore les vieux gréements de bois blond couverts de givre.
© Photos – Rêvesdemarins
Figurines
La ville regorge de figurines et statues à chaque coin de rue ou en bord de mer. Telles des marionnettes inanimées, elles peuplent les places et les quais de leurs regards figés. L’art contemporain y est célébré de toutes parts, des œuvres les plus raffinées aux plus kitchs. Ces femmes de marins scrutant l’horizon en attendant le retour de leur aimé. Ce plongeur d’argent nommé "Dykkaren", digne d'appartenir à la ligue des 4 Fantastiques superhéros, parfaitement équipé et prêt à pousser une tête dans les eaux glaciales du fjord. Ou encore cet échassier tentant désespérément de garder les pieds au sec (au contraire de sa tête qui n’a pas échappé aux “cadeaux humides” des mouettes ;-)).
En tout cas, moi, j'y retournerai certainement, mais peut-être en été cette fois-ci ! Alors, envie d’un petit voyage au pays du plongeur d’argent ? Un excellent dimanche à tous.
Pourquoi pas un petit billet lecture ce WE ? Allez zou, c'est parti pour une présentation d'un bon roman : "Le Cimetière des Bateaux sans Nom", de l'auteur espagnol Arturo Pérez-Reverte (traduit de l'espagnol).
Roman de mer, évidemment... Mais un ouvrage qui plaira peut-être également aux férus d'histoire, de politique, de jeux de pouvoir, de cartographie, méridiens et latitudes, de géographie, batailles navales, et de suspense avec un zeste de désir et une bonne histoire de corsaires. Envie d'en savoir plus ?
Carte Urrutia
Nous sommes en Espagne. Tout débute dans une salle de ventes aux enchères de Madrid où le prix d'une ancienne carte marine, l'Urrutia, monte indécemment dans le nombre de zéros pour son acquisition, entre une mystérieuse acheteuse blonde aux taches de rousseur et un mafiosi aux yeux globuleux. Mais pourquoi tant d'acharnement à obtenir cette vieille carte? Un homme, Coy, erre dans cette salle de vente, le vague à l'âme. Coy est un marin sans navire. Exilé de la mer suite à un naufrage malheureux, il tente de retrouver son océan à travers les musées maritimes, les balades sur le port et les almanachs nautiques. Coy va mettre les pieds dans une affaire aussi étrange que complexe, à la recherche d’un navire - le Dei Gloria - naufragé au XVIIIe siècle dans les eaux espagnoles, à la suite de la poursuite impitoyable du brigantin par un chébec corsaire. Un seul survivant et témoin du drame, un jeune pilotin... Mais ses écrits reflètent-t-ils réellement toute la vérité des faits ? Le marin exilé se lance à la recherche d'un navire et d’une déesse aux milliers de taches de rousseur, qui l'attire inéluctablement dans ses filets… La promesse d'une cassette contenant pas moins de quatre cents émeraudes… Une chasse au trésor pas comme les autres.
Le Méridien secret
Pour retrouver une épave, il faut des coordonnées marines fiables…. Mais voilà, les méridiens de l’époque - celui de Greenwich n’étant pas encore la référence -, étaient divers… Paris, Carthagena, Tenerife, Cadix… Sur lequel se baser pour lancer les recherches du navire disparu? Et puis comment traduire les anciennes coordonnées sur une carte moderne pour retrouver la localisation exacte des navires perdus? Et si sa longitude était calculée sur un méridien secret,,,, Une énigme liée à l’histoire des Jésuites, à l’époque où leur ordre est sur le point d’être banni du territoire… Un prisonnier qui subit la question durant plus de vingt ans, pour révéler la clé du secret du capitaine du navire enfoui dans les flots avec son trésor et sa localisation marine… Une plongée dans l’univers fascinant des religieux aux secrets marins bien gardés.
© Photos – Wikipedia
Les Langoustes vertes
Un fond de sable. Des langoustes d’une couleur inhabituelle…. Vertes, comme le bronze des canons coulés de la frégate pirate. Leur carapace ayant la propriété de prendre la teinte de leur environnement pour se camoufler… Mais où et comment trouver ces fameuses langoustes ? Comment retrouver leur trace dans les eaux troubles ? Et une fois les épaves mises à jour, contiendront-elles encore les précieuses émeraudes ? La structure de bois n’aura-t-elle pas enfoui leur fabuleux chargement ? Les plans du navire permettront-ils de découvrir le trésor des Jésuites ? Tant de questions à résoudre à bord d’un simple voilier pour parvenir au but tant convoité avant les chasseurs de trésors aux moyens mafieux illimités et surtout sans scrupules pour parvenir à leurs fins,,,
Un roman qui débute lentement, à la langue quelquefois un peu plus ardue à suivre par son vocabulaire technico-historique. Mais qui vaut la peine de s’accrocher. Le suspense étant total au fur et à mesure de la lecture. Et qu’en est-il du fameux cimetière des bateaux sans noms auquel le titre du roman fait référence, me direz-vous ? Je vous laisse découvrir de quoi il en ressort en lisant ce roman accrocheur !
Je vous souhaite beaucoup de plaisir de lecture. Un excellent dimanche à tous, pas trop venteux.
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August 2023
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