Une petite anecdote légère ce WE.
Une des choses que je trouve personnellement compliquée à la voile est la gestion du sommeil. Et un des éléments importants pour bien dormir est la literie et ses attributs. Si les vrais marins, les durs à cuire, sont eux capables de dormir n’importe où et n’importe comment. Ce n’est pas (encore) mon cas. J’ai besoin d’un certain confort : pouvoir étendre mes jambes, du silence, un peu d’obscurité, un semblant d’oreiller et de quoi me couvrir, même légèrement. Dormir quand on est mouillé ou qu’on a froid est vraiment difficile. Et en mer ou en montagne, ce n’est pas toujours donné. Pour moi, trouver le sommeil en solo est déjà une performance en soi. Mais à plusieurs, cela relève souvent de l’exploit. Trait génétique, un rien me réveille et il me faut un temps déraisonnable pour me rendormir.
Qu’est-ce qui vous irrite le plus lorsque vous dormez en compagnie ? Les ronflements ? Le babillage nocturne ? Le somnambulisme de votre compagnon de chambre ? Le manque de place dans le lit ? Les moustiques parce que l’autre souhaite dormir la fenêtre ouverte ? Pour certains, le point crucial est... la couverture ! Et le défi de la garder sur le dos plutôt que de laisser le voisin l’attirer à lui en vous laissant un malheureux petit centimètre carré de tissu pour vous réchauffer.
“Chacun tire la couverture de son bord.” (Proverbe québécois)
Quoi de plus banal qu’une couverture... Un simple morceau d’étoffe. Oui, mais quelques mètres carrés (ou moins) de confort, de chaleur, de douceur... Un espace à soi, Un coin de repli, de protection, d’isolation, de privatisation. Un refuge loin des regards, de la fatigue, des larmes. Un cocon pour récupérer, se retrouver avec soi-même et épancher ses fatigues.
Une odeur, une sensation particulière. Certains l’aiment légère, aérée. D’autres la rêvent soyeuse, brillante, chatoyante. De plumes, de flanelle, de laine ou de coton. Étoffe super légère ou lourde de couches superposées qui vous clouent au matelas. Duvet douillet bien épais ou polar éthéré. Toile rêche et solide ou édredon fluide. Une couverture en dit long sur celui ou celle qu’elle recouvre. “Savoir qu'il y a quelqu'un quelque part qui pense a vous, qui vous réserve un petit coin dans son cœur, au chaud, à l'abri de tout, c'est comme une couverture toute douce qui vous enveloppe et vous protège du froid.“ (Agnès Ledig)
La couverture, dans ma maison, c’est plus qu’une anecdote, c’est une véritable pièce de théâtre journalière. Une compétition entre le chien et le chat pour être le premier sur LA couverture, celle bien épaisse, douce et surtout placée à la place stratégique : celle à côté de mon siège. Parfois, l’un s’y place lorsque l’autre ne regarde pas ou est occupé dehors. C’est un jeu à celui qui sera le premier et surtout à qui prendra le plus de place dessus. C'est la couverture du chat, que le chien a chipé, puis que le chat a récupéré, et que le chien tente à présent de rechaparder. Bref... Toute une histoire. Oh, des couvertures, il y en a pour tout le monde. Mais c’est celle-là en particulier qu’ils se disputent, un peu comme un vieux couple de vieilles dames avec leurs habitudes desquelles elles n’aiment pas être dérangées.
Il y a quelques mois, j’ai passé quelques nuits au chevet de ces bêtes après une opération médicale délicate (je sais, certains trouveront cela idiot, mais je suis ainsi... ). J’ai donc dormi (très peu) sur un matelas de fortune dans mon sac de couchage de voile dans la buanderie à côté du panier du chien. Et devinez ce que j’ai retrouvé sur ma couverture ? Un chien et un chat, Si je n’ai pas trop fermé l’oeil, je n’ai en tout cas pas eu froid ces nuits-là :-) !
© Photos – Rêvesdemarins
Alors, en vous mettant au lit, regardez bien si elle ne cache pas une petite (ou grosse) boule de poils affectueuse avide de vous chiper votre couverture douillette. Un excellent dimanche à tous et bon long congé si vous ne travaillez pas lundi.
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Que diriez-vous ce dimanche d'un petit billet en l'honneur des couleurs du temps : celles laissées par les milles nautiques sur la peau des navires ?
En rouille et verdure
Certains se passionnent pour les vieilles voitures. Et de temps à autre, je vois passer près de chez moi un de ces défilés d'"ancêtres" en pétaradant. Leurs conducteurs se fondent généralement parfaitement au look de leur véhicule, habillés à la mode de l'époque correspondante. Si le sport automobile m'ennuie éminemment, je trouve encore coquasse de voir passer ces drôles de nostalgiques des vieilles mécaniques.
Et bien, pour les bateaux, c'est pareil pour moi. Plus ils sont anciens, plus, ils ont vécu et portent les marques du temps, plus ils me plaisent. Rien ne me paraît plus beau qu’un vieux gréement. L'odeur du vieux bois et de ses dix couches de vernis... Ses planchers qui craquent et ses rivets en métal modelés par le sel. Cependant, tous les vieux navires ne sont pas nécessairement restaurés ni en bonne condition. Certains ont souffert du temps et des sorties en mer et en portent encore l'empreinte sans que leurs bobos aient reçu les soins qu'ils réclamaient. Leurs couleurs défraîchies, leurs brisures de bois, leur vernis écaillés. Les teintes de la rouille ou de la nature environnante qui ont pris possession de leur peau métallisée. Une promenade le long des anciens quais de pêche me laisse toujours rêveuse. Même si certains des navires amarrés ne sont pas si vieux, ils en ont parfois l'air. Certains diront qu'ils manquent d'entretien. Moi, j'aime à croire qu'ils ont vécu et portent les marques de la mer. Que l'océan y a gravé sa signature et laissé le souvenir de ses étreintes brutales.
© Photos – Rêvesdemarins
La couleur du passé
Lors d'une navigation à la voile jusqu'à Pin Mill, sur la rivière Orwell au Sud Est de la Grande Bretagne, nous avons croisé un cimetière de bateaux. Démoralisant ? Pas vraiment. La beauté passée comporte son attrait. Même s'il est toujours un peu triste qu'un navire ne navigue plus. Bien entendu, des bateaux laissés à l'abandon, cela fait un peu désordre. Mais, le désordre a son charme (d'accord... jusque dans certaines limites).
© Photos – Rêvesdemarins
Quelquefois, ces ancêtres ont la chance de croiser la route d'un bienfaiteur amoureux des vieilles choses et qui va alors prendre soin d'eux, patiemment, lentement, pour leur rendre une seconde vie. Les restaurateurs de navires sont un peu comme des artisans-docteurs. Ils pansent, soignent, consolent. Ils ravivent les teintes, rendent vie et solidité à ces vieilles carcasses en souffrance de leurs couleurs d'antan. On m'a récemment offert un abonnement à un magnifique magazine nautique breton spécialisé dans les articles maritimes historiques ou de restauration d'anciens navires : le "Chasse-Marée". Que des vieilleries ! Et je m'en délecte chaque mois !
"Pus vî, pus sot... ! Plus vieux, plus fou... "
En dialecte wallon de ma région d'origine, voici ce que me disaient mes grands-parents : "Pus vî, pus sot..." ou en français : "Plus on est vieux, plus on est fou...". Et j'adore cette expression car elle va à l'encontre de toutes les raisons. La sagesse vient avec l'âge. Ou pas... Et si je suis cette logique, je devrais dire "plus on est de vieux (car fous), plus on rit" ! J'aime penser que l'on peut encore rire et s'amuser (autrement, il est vrai) malgré les années que l'on porte. Si la barbe est grise, la vie ne doit pas l'être nécessairement aussi.
La mer en gris et blanc
Tout comme les navires, mes capitaines, je les aime tatoués par le vent et le soleil, façonnés par le sel et les paquets de mer, grisonnants et d’un âge mûr ! D'ailleurs, les plus belles photos de capitaines célèbres ne le prouvent-elles pas ? Ils ont de l'allure, non ?
© Photos – Wikipedia (Jean-Luc van den Heede, Eric Tabarly, Sir Robin Knox Johnston, Yvan Bourgnon et Edward Smith malgré son infortune... )
C'est dans les plus vieilles marmites que l'on fait les meilleures soupes...
Alors, si vous vous demandez si on ne vous aimera plus tout décoloré, craquelé, brinquebalant, rouillé dans vos articulations, les voiles rapiécées, avec des pièces qui manquent et des trous partout ? Oh que si... Et plus que jamais !
La couleur du temps
J’ai été récemment confrontée à ma propre décréptitude temporelle. Pour la première fois de ma vie, j'ai été temporairement suspendue de certaines de mes activités en raison de mon appartenance à un groupe à risque pour le covid 19, uniquement sur la base de mon "grand âge". Alors que dans mon métier spécifique, l'expérience représente d'habitude un atout, c’est incroyablement confrontant de se dire qu'on est considéré comme révolu à tout juste 50 ans dans un autre contexte. Et je comprends mieux à présent ce que d'autres peuvent ressentir lorsqu'ils sont mis de côté à cause d'une simple date de naissance. Me voici donc manifestement, comme ces vieux navires que j'aime tant, portant les belles couleurs du temps.
Alors, je vous souhaite à tous un excellent dimanche. Et quelque soit la couleur du temps que vous portiez, dites-vous qu’elle vous va bien !
Dans la mer il y a des pieuvres. Et les pieuvres produisent... de l'encre ! Or comme ceci est un blog sur la mer, il est donc rédigé... à l'encre. Même si cette dernière est digitale... Bref, vous aurez compris cette logique implacable : nous parlerons donc d'écriture et d’encre ce WE !
L'écriture, berceau des civilisations
Depuis des millénaires, les écritures ont fait évoluer le monde Et nous ont permis de redécouvrir nos racines. Elles sont toutes plus fascinantes les unes que les autres. Et les plus grands archéologues ont, de tous temps, tenté de décrypter leurs secrets bien gardés.
Tout débute vraiment en -3500 près d’Uruk (Irak actuel). Les Sumériens mettent au point une écriture faite de pictogrammes stylisés, gravés sur des tablettes d’argile à l’aide de roseaux. Suivent le cunéiforme, les hiéroglyphes et l'écriture cursive (hiératique) puis démotique, plus simple, que ce soit sur des papyrus, dans l'argile ou la pierre. Au cours du temps, les caractères se simplifient pour un usage dans la vie de tous les jours tels que pour la note de contrats (mariage, vente, commerce... ) ou de comptes.
Pendant ce temps en Chine, apparaissent les pictogrammes et idéogrammes à l’encre de Chine, tracés, eux, avec une plume sur de la soie. L'écriture chinoise ancestrale, de toutes, est celle qui a le moins changé au cours des siècles. Si elle a bien entendu évolué, elle a cependant conservé une large portion de ses signes, stylisés au cours du temps. Une des particularités de cette écriture réside dans la combinaison de caractères. Par exemple, si l'on rajoute au caractère "oreille", celui du "dragon", on obtient un caractère composé signifiant "sourd". C'est l'avènement de l'écriture qui détermine la frontière entre l'histoire et la "pré-histoire"...
© Photos – Hominides.com, Prezi.com & Wikipedia
On dénombre ainsi trois systèmes distincts : l'idéographique (chaque signe représente un objet, un concept ou une idée : hiéroglyphes, caractères chinois... ), le syllabique (chaque signe représente un son : tibétain, cherokee, mycénien, minoen... avec de 80 à 120 signes) et l'alphabétique (chaque signe représente un son décomposé : phénicien, grec, étrusque, latin, araméen, nabatéen... ). Il existe ensuite certaines variantes qui combinent plusieurs systèmes (par ex. le japonais mêle à la fois les idéogrammes chinois et deux alphabets phonétiques).
Si la pierre de Rosette découverte en 1799 par Pierre-François-Xavier Bouchard, puis déchiffrée trente ans plus tard par Champollion (hiéroglyphes, égyptien démotique et alphabet grec) a enfin permis quelques traductions, certains mystères scripturaux n'ont pourtant pas encore été élucidés : notamment celui des Crétois (dont le disque de Phaïstos) ni celui des Îles de Pâques.
Arabesques
Ainsi, l'alphabet arabe est issu du nabatéen. L'écriture arabe est, à mon avis tout à fait personnel, une merveille de l'écriture de par sa beauté calligraphique. Quoi de plus beau que des volutes et des courbes parfaites.
Pour l'anecdote, en 2013, j'ai eu l'occasion d'aller à Dubai pour mon travail. Et j'en ai profité pour faire une visite au musée maritime (si, si, il y en a un ! ) dans la vieille ville traversée par un bras de mer en plein désert. Un endroit résolument différent de la ville moderne, écrin de luxe pour touristes en mal d'achats et de bains de soleil. Les locaux étaient manifestement heureux car nous y étions les deux seuls jours de l'année où... il pleuvait ! Et un des endroits qui m'a marquée a été le musée local de la calligraphie. De toute beauté ! Tous les deux ans, une exposition internationale de la calligraphie s'y tient. A voir si vous passez un jour par là et que la plage ou les shopping malls vous ennuient.
© Photos – Rêvesdemarins (Musée Sharjah de la calligraphie, Dubaï)
Mon royaume pour une plume
Le papyrus et les calames vont ensuite faire place au parchemin et à la plume d'oiseau au VIe siècle (oie, corbeau, coq de bruyère, canard, ou encore vautour et aigle pour obtenir des traits plus larges). Le papier, existant depuis le premier millénaire en Chine, n'apparaîtra qu'au XIIIe siècle environ en Occident. A cette époque, on taille et brûle la penne (le bout) de la plume pour y faire tenir une goutte d'encre par capillarité. La calligraphie du Moyen-âge apparaît juste après la chute de l’empire romain, avec deux courants dérivés de l’alphabet romain : l’Onciale et la Demi Onciale, des lettres au formes rondes, souples et majestueuses. Ces dernière sont surtout utilisées pour les évangiles et bien d’autres ouvrages religieux de l’époque du Moyen Age. Les XIV et XVe verront l'apogée de l'enluminure. Les moines copistes élèveront alors l'écriture au niveau d'un véritable art. Les couleurs et les dorures étant réalisées à cette époque sur la base de poudres de pigments, de feuilles d'or et non d'encre à proprement dit.
Ce n'est qu'au XIXe siècle, et principalement en Angleterre, que verront le jour des plumes en métal, de formes diverses pour accomoder les divers styles d'écriture.
© Photos – Pixabay.com
Mais revenons au thème de ce blog : l'encre...
Autrefois, l’encre était extraite des produits naturels comme certains organes d’animaux, fruits et légumes ou pigments. L’encre de chine, utilisée dès -3.000 était à base de noir de fumée, de gélatine, de sucre et camphre dilué dans différentes solutions. Les Egyptiens améliorent cette technique pour obtenir une encre rouge à base de terre, de minium et de cinabre. Celle de la Rome antique est obtenue à base de noir de carbone. A l’époque médiévale, des encres plus résistantes sont améliorées pour la décoration d'endroit de cultes et la rédaction de manuscrits. L'encre ferro/métallo-gallique, une encre très fluide, fait ainsi son apparition à base de sulfate de fer ou de cuivre, de tannin de noix de galle, et parfois de lie de vin ou d'écorce d'arbre. Le mélange va du bleu-noir et vire au brun terne avec le temps.
Et l'encre de mer dans tout cela ???
L'encre sepia, d'origine animale céphalopode (poulpe, seiche, pieuvre... ) a été utilisée comme encre principalement dans les ports, où elle était récoltée, notamment au XIXe siècle. Elle donne une teinte plus brune et terne. Cependant, sa mauvaise tenue à la lumière et sa rareté ont fait régresser son usage. Si elle se retrouve dans l'art culinaire (les pâtes notamment), elle trouve rarement sa place sur le papier.
La calligraphie a quelque chose de magique. Je vous partage ici quelques génériques de films basés sur ce sujet et qui m'ont charmée.
A l’Ancienne
Même si ce blog est digital, je suis un écrivaillon rétro. J'aime les lettres écrites à la main. Je suis une nostalgique de l'encre et du papier. J'aime tourner les pages et sentir l'odeur de la couleur. L'encre m'inspire faute de m'enivrer. Elle me ramène, comme une petite madeleine, dans ce grenier-bibliothèque de ma petite enfance qui sentait bon les vieux livres, le bois, l'encre et les feuilles dorées. Cependant, ma bibliothèque à moi contient une série de beaux carnets vierges à écrire, dont je ne me résoud pas à entamer la virginité. Rien ne peut me faire plus plaisir que de recevoir une carte ou une lettre manuscrite. Je me réjouis déjà de lire mon nom sur le papier. Ecrire à la main, c'est prendre la peine, faire un effort. C'est intime. Cela requiert de la réflexion, du temps, de l'attention. Bien plus que le digital. Pourtant, ma calligraphie personnelle demeure une énigme à déchiffrer. A croire que mon cher père (médecin... ) m'a légué son mystère scriptural à travers les gènes. Jamais la liste des courses manuscrite ne manque de revenir avec un panier rempli d'autres victuailles que celles gribouillées de ma main sur le papier, lorsque réalisée par une tierce personne...
© Photos – Rêvesdemarins
Mes prises de notes, je les aime manuelles. Ceci a d'ailleurs fait partie de mes études (entre autres pour l'interprétation linguistique et dont je me sers toujours aujourd'hui). Au travail, je me rends aux réunions avec un grand carnet, un plumier (et depuis quelques années, des lunettes... Déjà qu’avec les binocles, j’ai du mal à me relire quelques temps plus tard, alors, imaginez sans... ). Bien entendu, j’emmène un pc, un iPad, un smartphone et autres “joujoux digitaux”. On peut aimer le rétro tout en vivant avec son temps. Et les applications de prises de notes graphiques m'intéressent beaucoup, histoire de pouvoir retranscrire le contenu plus aisément. La calligraphie et la créativité des polices de caractères me fascinent. À commencer par les anciens livres enluminés. Et une journée à la Bibliothèque Nationale de France ou à celle du British Museum me réjouit toujours.
Les paroles s’envolent, les écrits restent
Les lettres importantes, celles qui comptent dans une existence, celles-là, on les écrit à la main. On prend le temps de les dessiner, de peser chaque mot, chaque espace, chaque virgule. Et ces missives-là, on les conserve parfois précieusement. Même si on ne les relit plus durant des années et qu'on les garde au fond d'un vieux coffre fermé à clé. Qu’elles parlent d’amour, de regrets, de pardon ou de passation, elles portent en elles le poids d’une réflexion, d’une certitude, d’une décision à travers les courbes colorées sur le papier. Un peu comme si les mots couchés sur la feuille pesaient plus lourd que ceux sur un écran. Même si en soi, les phrases disent la même chose. Et le papier qu’on tient en main les rend plus réelles. On peut presque y toucher les émotions qu’il contient, comme si elles restaient gravées dans la paume qui les a tenues en frissonnant d’émoi à leur rédaction.
La graphie de la vie a son importance. Souvenez-vous. Dans le passé, avant que l'email et la téléphonie satellitaire n'existent, les lettres étaient souvent le seul moyen de communication avec des êtres aimés, à travers l'océan, à travers la guerre, à travers les longs mois d'attente de revoir l'autre. En cette période de confinement, nous avons beaucoup de chance de posséder tous les moyens de communication modernes et digitaux actuels. Imaginez un instant la même situation lors de la dernière pandémie. La seule chose que vous auriez pu recevoir (et encore) de vos proches aurait été une lettre...
© Photos – Pixabay.com
Je suis triste de lire que certains pays envisagent de tout bonnement supprimer tout simplement l'écriture manuscrite dans l'enseignement. C'est une perte de culture et d'humanité à mon sens. Une perte d'un apprentissage nécessaire et important. Et si la technologie nous lâchait. Un peu comme un marin prudent prend toujours une carte papier, une boussole et un sextant à bord. Pas uniquement par nostalgie. Mais par certitude qu'ils ne le laisseront pas tomber contrairement à la technologie. Et par amour des belles choses traditionnelles.
Plume, objet intime
En fait, c'est drôle, ce n'est qu'avec les années que j'ai réalisé à quel point l'écriture me faisait du bien. Si je vous offre un porte-plume, ou un instrument pour écrire, prenez-le comme un très beau cadeau de ma part. En plus d'être un bel objet (utile), c'est là une représentation de quelque chose que je considère comme réellement beau et intime. Evidemment, à chacun son avis... Une plume, c'est un instrument qui sert, qui vous révèle, qui parle... Je ne crois pas à la graphologie, même si elle a, en son temps, parfois été utilisée parfois dans un des mes métiers (pour le recrutement en France notamment). Cela dit, l'écriture de quelqu'un révèle un peu de la personne. Tous les grands personnages ont eu une écriture particulière, découvrant un peu de leur personnalité. Pensez à Shakespeare, Mozart ou encore Da Vinci (qui était gaucher et écrivait à l'envers). Ne pas connaître l'écriture de quelqu'un, c'est un peu ne pas le connaître tout à fait... Il manque une petite partie de lui. Donc, si vous voulez me faire plaisir, écrivez-moi une lettre, une vraie ! Et commencer par une carte de Noël me suffira, je vous rassure !
Puisqu'on ne vivra jamais tous les deux
Le temps file et les billets aussi. Je pourrais tourner une page et m’arrêter ici. Il ne s’agit pas de battre un record pour le Guinness Book. Raconte-je des bêtises ? Mes sujets sont-ils encore captivants ? Autant de questions qui demeurent sans réponse. Mis à part celle de mon propre cœur. Et ce dernier me dit discrètement : “Continue tant que tu en as, toi, l’envie et la force. Demain, ta vie peut changer, voire basculer... “. Alors, si vous voulez bien, je vais le suivre, ce petit cœur et écrire encore un peu plus longtemps...
Je vous souhaite un très doux dimanche.
La mer n'a pas d'âge. C'est en elle que tout a débuté. C'est avec elle que tout finira.
Et pourtant... Selon que l'on la côtoie avant ses vingt, quarante, cinquante ou après ses soixante ans, elle nous parle quelquefois différemment... Le premier âge de la mer débute au commencement de tout... C'est "l'âge du mousse".
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Le second âge de la mer est celui où l'homme devient "homme de mer". Celui où il commence à la comprendre, la cerner. Un âge où l'homme la défie de temps à autre aussi... Il commence à maîtriser un peu plus son art. Avec des hauts et des bas. Des succès et des erreurs. Il s'aventure un peu plus loin. Se risque au-delà des côtes, écoute sa voix et se laisse enchanter par ses mélodies. C'est aussi l'âge où il doit parfois l'abandonner durant des années en raison de sa vie terrienne, qui exige de lui bien du temps et des sacrifices loin de ses vagues.
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Le troisième âge de la mer est celui "des rugissantes et des hurlantes". Celui où le marin la comprend suffisamment que pour prêter attention à ses moindres murmures, ses envies, ses désirs. Le moment où le marin, grâce à son expérience, s'élève à sa maturité et en jouit infiniment. Son sens des courants, des vents et de l'écume lui donne la liberté de naviguer au-delà des mondes connus, au-delà des dangers, au-delà de lui-même. Sans crainte ni regrets. Celui qui tient le monde dans sa voile. Et où tous les rêves sont permis. Où les plus grands bonheurs sont à portée de ses mains.
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Le quatrième et dernier âge de la mer enfin, est celui "des apaisantes". Celui où le marin peut enfin profiter des étendues turquoise, de la caresse de la brise et de la douceur du soleil couchant. C'est celui où il a navigué tant et tant qu'il connaît les vagues et les ressacs dans tous leurs états. Au point de les prédire, de les sentir. Sans plus les redouter. C'est celui où la mer lui parle en silence et sa voix lui procure un sentiment de sérénité et de quiétude. Celui où la mer n'est plus un combat, plus un ennemi. Elle ne fait plus qu'un avec l'homme de mer. Et si ses sillons sont douces rides, elle reste infiniment jeune.
© Photos – Rêvesdemarins
Je vous souhaite à tous un excellent dimanche à tous, empli de douceur sans âge.
Il y a des années de cela, le lendemain d'un mariage familial en Suède, nous avons eu l'occasion de voir passer les manifestations du 1er mai. Une de leurs banderolles revendiquait le droit suivant "sex timmars arbetsdag". Ce slogan a fait jouer l'imagination de certains invités étrangers qui ne comprenaient goutte à la langue suédoise... (Ces Suédois, ils sont décidément très libérés ;-)). Je vous rassure, il s'agissait bien du chiffre "six" en termes de régime d'heures de travail journalier et non d'autres types de doléances sociales. Alors, cette date anniversaire m'a donné une idée de billet pour ce blog.
Un peu de géométrie ce WE. Alors, matheux, ingénieurs et trigonomes, à vos crayons ! Et quant à moi, inculte littéraire, je vais tenter de repousser une fois de plus les limites de ma zone de confort face aux chiffres ;-).
L'obsession du six et de ses rondeurs
Pourquoi la terre fait-elle 360° ? Pourquoi les méridiens sont-ils calculés en degrés, minutes, secondes, tous adeptes de l'incontournable six ? Pourquoi l’heure est-elle divisée en 60 minutes ? Bref, pourquoi ces systèmes différent-ils du simple métrique ? Ce serait tellement plus aisé de tout mesurer de la même manière.
Les géomètres, hommes de science et de mathématiques sont-ils donc à ce point biscornus que pour décider de tout jauger en portions divisibles par 6 ou par 60 ? Certes un beau chiffre, je vous l'accorde : rond dans son graphisme comme la terre (à moins que ce ne soit la forme de leur bouteille, de leur crâne ou encore celle des courbes féminines qui les aient inspirés... ). Ne sont-ils points sensés avoir l’esprit carré ou carrément angulaire ? D’oú vient donc cette manie de tout tourner au sphéroïde lorsqu’il s’agit de proportionner le temps et le globe terrestre ?
La création du monde en 6 jours
D'ailleurs, le monde n'a-t-il pas été créé en six jours selon les écrits (le septième étant un jour de repos du Créateur) ?
Dès le troisième ou quatrième millénaire AC, les Sumériens, Babyloniens et Mésopotamiens, avaient imaginé une base de 60 pour numérotation. On retrouve cette ancienne méthode sexagésimale dans la mesure des angles et du temps. Pour repérer l'écoulement du temps dans l'année et la journée, les Egyptiens, eux aussi, avaient divisé le ciel en 36 décans (plus tard ramenés à 12) associés à des divinités, chaque décan représentant une ou plusieurs étoiles. Le premier cadran solaire comprenait ainsi des graduations fixes, divisé en deux fois 12 heures pour la journée (sans tenir compte des différences de saisons). Ce cadran est demeuré jusqu'à nos jours. Hindous, chinois, arabes, puis grecs (par ex. Ptolémée), en passant par Fibonacci, ont tous opté pour ce système de mesure tournant autour du petit chiffre rond. D'ailleurs, ne dit-on point encore de nos jours "une once d'or, une douzaine ou une demi-douzaine d'oeufs " ?
Mais où cet amour pour le chiffre six trouve-t-il donc son origine ?
En tous temps, les mesures du temps ont été intimement liées à celles de l'observation des astres et du firmament, à l'astronomie et l'astrologie. La mesure moderne du temps correspond (en arrondi) à la durée de la rotation de la terre et de sa révolution. Etonnamment, les unités de temps qui sont plus petites que la seconde sont elles, par contre, mesurées selon le système décimal.
Une seconde hypothèse de l'origine du système sexagésimal se base sur la croyance que les Sumériens comptaient avec les mains... En faisant défiler le pouce sur les 3 phalanges des 4 autres doigts, soit 12 phalanges, on comptait ainsi de 1 à 12. Ensuite, on utilisait les doigts de l'autre main pour les retenues. Le pouce, en opposition à l'un des quatre autres doigts, permettait de compter de 1 à 4 douzaines. Avec les deux mains, on comptait ainsi jusqu'à 5 x 12 = 60. CQFD... Une troisième supposition relève de l'utilisation du triangle équilatéral (en réalité la forme géométrique la plus simple, bien plus que le cercle) comme référence de calcul. La somme des angles d'un triangle étant égale à un angle plat, l'angle plat est donc égal à 3 angles de triangle équilatéral et vaut 60 x 3 = 180 degrés. Un tour complet vaut donc deux angles plats, à savoir 360 degrés. D'autres encore feront le rapprochement avec les 360 (approximatifs) jours de l'année du calendrier babylonien. Ces derniers étaient répartis en 12 mois de 30 jours. Comme il faut à la Terre 365 jours pour faire le tour du Soleil, chaque nuit les étoiles tournent d'une fraction de tour (1/365 environ) par rapport à l'axe. Le degré aurait été défini comme la fraction d'angle de décalage entre le ciel d'une nuit et celui de la nuit suivante, à une même heure, les étoiles bougeant ainsi d'environ 30° entre deux lunes successives. Une dernière explication réside dans la recherche d'un moyen pour simplifier (si, si ! ) les méthodes de calcul des fractions et des multiplications. En effet, 360 étant le multiple de 1, 2, 3 et 5 il se divise par ces nombres ainsi que par leurs multiples 6, 8, 9, 10, 12, 15, etc. et toutes leurs combinaisons, ce qui simplifie la plupart des calculs et des conversions. "En réalité, Soixante est un nombre qui a la particularité d'avoir un grand nombre de diviseurs entiers (1, 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20, 30 et 60), ce qui facilite les calculs astronomiques." (Source wikipedia)
© Photos – Rêvesdemarins & wikipedia (numérotation mésopotamienne et égyptienne)
Le temps, c'est aussi la distance...
Les coordonnées d'une position géographique se basent sur sont deux angles, mesurés en "degrés", "minutes d'arc" et "secondes d'arc" et notés par les symboles ( °, ', ' ). A ne pas confondre avec les minutes et secondes horaires. La latitude d'une position est mesurée par rapport à sa distance à l'équateur selon cette méthode.
It is the star to every wandering bark, Whose workth's unknown, although his height be taken" - C'est l'étoile de toutes les barques perdues. Nul ne sait sa valeur, sa hauteur seule est connue... " (Sonnet 116, William Shakespeare)
La longitude, par contre, indique une position géographique par rapport aux méridiens. Ces derniers croisent l'équateur en reliant les deux Pôles. Et puisque l'équateur est un cercle graduable en 360 degrés, on prend la valeur de cette graduation, avec pour base de départ (0°), le méridien de Greenwich ("prime meridian"), près de Londres. Souvenez-vous, "meri" signifie "milieu" et "diem", "le jour". Les périodes de la journée sont donc dénommées "anté mériennes" ou "post méridiennes", les fameuses abréviations A.M./P.M.
Ainsi, la mesure du temps ne se limite pas au passage des jours et des nuits. Son calcul précis est absolument impératif pour la détermination d'une position sur le globe terrestre, et notamment pour la définition d'une longitude. Ce défi a fait l'objet de longues recherches durant des siècles de navigation. Ayant eu l'occasion de visiter l'observatoire ainsi que le musée maritime de Greenwich (que je vous recommande chaudement - mais après le confinement - ), nous reviendrons plus en détails sur cet aspect particulier dans une édition ultérieure de ce blog, le sujet valant vraiment d'y consacrer tout un billet. "Entre 1793 et 1798, le cercle de 360° a parfois été divisé en 400 degrés... " (Mesurer le monde, Ken Adler 2002)
© Photos – Rêvesdemarins & wikipedia (Johannes Vermeer, carte d'Ortelius)
Je pourrais terminer ce billet par une devinette de trigonométrie. Mais, je ne pousserai pas le masochisme jusque là (ouf pour moi ! ).
J'en profite pour souhaiter un très joyeux anniversaire (avec un beau 6 tout rond ! ) aux nouveaux saisonniers tels que la mariée suédoise qui m'a inspiré le thème de ce blog : Happy B, Sis !
Un excellent dimanche à tous. |
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August 2023
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