Après de longues semaines de silence, enfin un petit billet.
Un billet appel, un petit billet message pour une cause en détresse qui compte pour moi.
Depuis plus de sept ans, j’ai la chance incroyable de pouvoir écrire et publier des articles comme journaliste de mer pour la plus belle édition marine belge : Yachting Sud. Un magazine de voile de qualité existant depuis 1923. Le seul magazine francophone belge. Un magazine centenaire axé sur la qualité de son contenu et de son format, nommé d’après le voilier en bois barré par Charles Bertels, son créateur.
Les tendances des dernières années, la digitalisation, le covid et la hausse des prix du papier lui ont rendu la vie dure. Et l’avenir de l’éditorial est à présent mis à rude épreuve. Se repenser, se refaire un avenir, se réinventer. Pas une chose facile. Et Dieu sait si la presse nautique est un secteur qui souffre ces derniers temps. Les lecteurs veulent du digital, vite et pas cher, voire gratuit. Les jeunes veulent des nouvelles rapides, bon marché, accessibles en temps réel, pas trop compliquées à lire. La quantité prime sur la qualité. Le papier est révolu et prend de la place. En plus, il faut le recycler une fois lu. La mondialisation remplace les actualités locales. Les salons nautiques sont peu à peu révolus pour passer à des forums sur internet. Les gens se rencontrent sur des écrans et les publics changent. Bref, le monde évolue.
© Photos – Yachting Sud
Si certains voiliers se transforment en machines de guerre volantes ou en buildings flottants, d’autres tentent de redessiner le monde du transport et du cargo pour la protection de la nature et des déplacements plus durables. Je continue à croire que la navigation à l’ancienne et à la force du vent ne rendront jamais l’âme car ils sont l’âme de l’homme et de son lien à la nature. Je persiste à espérer que les lecteurs de demain reviendront aux valeurs véritables et retrouveront un intérêt pour cette belle activité en Belgique ou ailleurs. Notre petit pays possède un terrain de jeu superbe dans ce domaine : près de la Manche, des eaux normandes, bretonnes, frisonnes. Une localisation intéressante pour apprendre même si la météo n’y est pas toujours idyllique. Je suis fière de mon petit pays et de ses marins. Il a quelque chose à raconter et compte de nombreux anciens ou futurs héros des mers. Des chantiers, des innovations, des beautés à explorer et des savoir-faire à redécouvrir. Et qui dit découverte dit narration de leurs exploits. Que ce soit sur le papier, lors d’une présentation ou d’un spectacle, ils valent la peine qu’on écrive des récits à leur égard.
Mon cœur saigne à l’idée que cette belle revue belge doive un jour peut-être rentrer au port et cesser de naviguer sur toutes les mers du monde. Mais, il n’est pas trop tard pour lui refaire une beauté, renforcer sa coque et lui installer de nouvelles voiles pour reprendre le large le plus rapidement possible. Ceci n’est qu’un « Pan pan » et pas encore un « Mayday ».
Longue vie à Yachting Sud (www.yachtingsud.eu), pour que nous puissions fêter son double centenaire un jour ! Un excellent dimanche à tous. Et qui sait, l’occasion de découvrir notre magnifique magazine ou d’en donner envie autour de vous.
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Parce qu’aimer écrire débute souvent par aimer lire…
Quelques bribes marines composées par un bel auteur québécois du siècle des poètes. A découvrir, ce week-end. Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
© Photos – Rêvesdemarins
Que cette journée vous soit aussi douce que ces quelques vers océaniques.
Pour ce week-end de Pâques, un petit billet de circonstance. Partons à la découverte des traditions de Pâques dans mon pays de cœur, le Danemark. Une de ces traditions locales comporte un charme tout particulier, celle du « Gækkebrev « , ou de la « la lettre qui rend fou ».
Je vous rassure, il ne s'agit nullement d'une lettre à l'anthrax ou au produit des frères de Kih-Oskh (Tintin et les Cigares du Pharaon ou le Lotus Bleu). Il s'agit d'une lettre bien plus innofensive et surtout plus mystérieuse !
Missive d’un auteur inconnu
La « gækkebrev » est une vieille tradition danoise datant du début du XVIIIe siècle, encore perpétuée par quelques rares enfants aujourd'hui dans ce pays du Nord. Elle pourrait découler du folklore séculaire danois, qui stipule que lorsque les « vintergække » (perce-neiges) émergent du tapis immaculé hivernal, il est alors temps d'envoyer un message à quelqu'un qu’on aime. Le mot "gæk" fait référence à la notion de "rendre fou, taquiner, plaisanter". Comme le perce-neige taquine l'été en fleurissant en hiver. Les danois sont friands de mots d'esprit, d'humour et de divertissement.
Le principe en est simple. Un inconnu envoie une lettre à un être qui compte pour lui. La missive est faite de papier fin, fabriquée à partir d'un morceau de papier carré, plié 4 fois, habilement décoré de formes découpées dans le papier (cœurs, carrés, rayures, hexagones et triangles, etc.). Lorsqu’on déplie la lettre, apparaissent alors de jolis motifs élaborés. Certaines de ces lettres ont l'aspect d'un véritable chef d'oeuvre de dentelière. La lettre est parfois accompagnée d'une fleur, un perce-neige ou une autre des premières fleurs de l'année. Sur la lettre est écrit un poème dont le texte doit rimer. La lettre doit demeurer non signée. Seul indice pour le destinataire : un point pour chaque lettre du nom ou du prénom de l'expéditeur. Si le destinataire parvient à deviner l'identité de l'expéditeur, l'expéditeur doit alors lui offrir un œuf en chocolat. Le délai pour deviner l’identité de l’expéditeur et l’appeler est généralement d’une semaine environ. Faute de quoi, l’expéditeur de la gækkebrev prendra les devants pour révéler son identité. Dans ce dernier cas, ce sera alors au destinataire de devoir un œuf au chocolat à l’auteur de la lettre. Certaines de ces lettres se révèlent de véritables petites merveilles. Délicates, sensibles et inspirantes. Avec ce piment de mystère pour rendre l’expérience encore plus enivrante. Une recette de Pâques gagnante à tous les coups. "En Giæk lader hun sig kalde, det monne mit Hjerte befale, min Giæk skal hun være fra Vintren til Somren med Ære."
© Photos – simplylivingdanish.com - videnskab.dk - wikipedia
Dans les campagnes danoises des années 1800, cette tradition n'était pas réservée aux enfants à Pâques ; c'était en fait une manière de faire sa demande en mariage... Les lettres n'étaient pas toujours décorées mais contenaient à la place un long poème et un perce-neige. De ce cas, la missive était rarement véritablement anonyme :-).
Puis, à la révolution industrielle, lorsque la population rurale s'est déplacée vers les villes, ces types de lettres ont été commercialisées. Et au lieu d'un œuf de Pâques, le prix à obtenir en en devinant l'auteur s'est transformé en une invitation à prendre un café ou à aller à un bal.
Lettre de Liaison
Dans un registre similaire, il existait également la tradition de la « lettre de liaison ». Un autre exemple de lettre en rimes, comportant une énigme à résoudre. Celle-ci était le précurseur de la "gækkebrev". Cette tradition originaire d'Allemagne au départ, avait été reprise au Danemark entre 1600 et 1800.
La lettre de liaison se lisait comme un poème, contenant généralement une énigme, qui était envoyée aux personnes le jour de leur fête nominale ou l'un des jours des quatres temps (Sainte-Croix, Sainte-Lucie, Mercredi des Cendres, Pentecôte), jours de jeûne entamant chaque saison dans la tradition chrétienne. Les deux personnes étaient alors déclarées "liées entre elles" jusqu'à ce qu'elles aient résolu l'énigme, soit en personne, soit en s'invitant à une fête. Typiquement adressées à des adultes, les énigmes de ces dernières lettres étaient plus sophistiquées que celles des "gækkebrev". Dans les recueils de poèmes des XVIIe et XVIIIe siècles, on trouve de nombreuses lettres de ce style aujourd''hui encore visibles au musée de la poste danoise. Au lieu d'une énigme, certaines requéraient de leur destinataire de défaire une série de nœuds sur une ficelle de soie ornant la lettre. Des noeuds marins, bien entendu... Jolies traditions, non ? "Jeg binder dig hverken med baand eller bast
© Photos – Enigma.dk - wikipedia
Alors, si vous recevez une lettre anonyme énigmatique, bordée de noeuds marins, ce dimanche, dites-vous que quelqu'un vous veut du bien. A moins que son expéditeur n'aie simplement envie d'un bon festin en votre compagnie !
Bonne fête de Pâques ! Un excellent dimanche à tous.
Pourquoi pas un petit billet lecture ce WE ? Allez zou, c'est parti pour une présentation d'un bon roman : "Le Cimetière des Bateaux sans Nom", de l'auteur espagnol Arturo Pérez-Reverte (traduit de l'espagnol).
Roman de mer, évidemment... Mais un ouvrage qui plaira peut-être également aux férus d'histoire, de politique, de jeux de pouvoir, de cartographie, méridiens et latitudes, de géographie, batailles navales, et de suspense avec un zeste de désir et une bonne histoire de corsaires. Envie d'en savoir plus ?
Carte Urrutia
Nous sommes en Espagne. Tout débute dans une salle de ventes aux enchères de Madrid où le prix d'une ancienne carte marine, l'Urrutia, monte indécemment dans le nombre de zéros pour son acquisition, entre une mystérieuse acheteuse blonde aux taches de rousseur et un mafiosi aux yeux globuleux. Mais pourquoi tant d'acharnement à obtenir cette vieille carte? Un homme, Coy, erre dans cette salle de vente, le vague à l'âme. Coy est un marin sans navire. Exilé de la mer suite à un naufrage malheureux, il tente de retrouver son océan à travers les musées maritimes, les balades sur le port et les almanachs nautiques. Coy va mettre les pieds dans une affaire aussi étrange que complexe, à la recherche d’un navire - le Dei Gloria - naufragé au XVIIIe siècle dans les eaux espagnoles, à la suite de la poursuite impitoyable du brigantin par un chébec corsaire. Un seul survivant et témoin du drame, un jeune pilotin... Mais ses écrits reflètent-t-ils réellement toute la vérité des faits ? Le marin exilé se lance à la recherche d'un navire et d’une déesse aux milliers de taches de rousseur, qui l'attire inéluctablement dans ses filets… La promesse d'une cassette contenant pas moins de quatre cents émeraudes… Une chasse au trésor pas comme les autres.
Le Méridien secret
Pour retrouver une épave, il faut des coordonnées marines fiables…. Mais voilà, les méridiens de l’époque - celui de Greenwich n’étant pas encore la référence -, étaient divers… Paris, Carthagena, Tenerife, Cadix… Sur lequel se baser pour lancer les recherches du navire disparu? Et puis comment traduire les anciennes coordonnées sur une carte moderne pour retrouver la localisation exacte des navires perdus? Et si sa longitude était calculée sur un méridien secret,,,, Une énigme liée à l’histoire des Jésuites, à l’époque où leur ordre est sur le point d’être banni du territoire… Un prisonnier qui subit la question durant plus de vingt ans, pour révéler la clé du secret du capitaine du navire enfoui dans les flots avec son trésor et sa localisation marine… Une plongée dans l’univers fascinant des religieux aux secrets marins bien gardés.
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Les Langoustes vertes
Un fond de sable. Des langoustes d’une couleur inhabituelle…. Vertes, comme le bronze des canons coulés de la frégate pirate. Leur carapace ayant la propriété de prendre la teinte de leur environnement pour se camoufler… Mais où et comment trouver ces fameuses langoustes ? Comment retrouver leur trace dans les eaux troubles ? Et une fois les épaves mises à jour, contiendront-elles encore les précieuses émeraudes ? La structure de bois n’aura-t-elle pas enfoui leur fabuleux chargement ? Les plans du navire permettront-ils de découvrir le trésor des Jésuites ? Tant de questions à résoudre à bord d’un simple voilier pour parvenir au but tant convoité avant les chasseurs de trésors aux moyens mafieux illimités et surtout sans scrupules pour parvenir à leurs fins,,,
Un roman qui débute lentement, à la langue quelquefois un peu plus ardue à suivre par son vocabulaire technico-historique. Mais qui vaut la peine de s’accrocher. Le suspense étant total au fur et à mesure de la lecture. Et qu’en est-il du fameux cimetière des bateaux sans noms auquel le titre du roman fait référence, me direz-vous ? Je vous laisse découvrir de quoi il en ressort en lisant ce roman accrocheur !
Je vous souhaite beaucoup de plaisir de lecture. Un excellent dimanche à tous, pas trop venteux.
Ma bibliothèque recèle quelques ouvrages que je garde précieusement à l’abri des poussières et du temps. Quelques belles éditions reliées à l’ancienne (je demeure une indécrottable sentimentale des vieux papiers) au carton, reliées sur la tranche et aux lettrines dorées. De ces livres que l’on aime toucher, caresser et dont on tourne encore les pages avec émerveillement. Des petites beautés héritées d'un amoureux des belles lettres. Dans mon petit trésor littéraire, se trouve la collection des œuvres d’un des plus grands maîtres des lettres françaises… Un billet en son honneur ce week-end.
Shakespeare français
Il y a toute juste 400 ans, ce 15 janvier, naissait rue St Honoré à Paris, un certain Jean-Baptiste Poquelin. Son nom de plume : Molière. Il allait révolutionner la littérature française. Tout comme William Shakespeare, il va écrire et écrire encore. Pour le théâtre, pour le public, pour le monde entier. Il n'a malheureusement pas connu son homologue britannique, mais nul doute qu'il fut inspiré par quelques unes de ses oeuvres. Tout comme William s'attache au Théâtre du Globle, Molière fait nâitre l'Illustre Théâtre à Paris, avec une troupe de neuf autres comédiens.
Si ses débuts ne sont guères fastes, il obtient les faveurs du public et du frère du souverain Louis XIV, au fur et à mesure de ses écrits. Molière porte un regard aiguisé sur les moeurs et les comportements de son époque, pour en faire un portrait juste, mordant et parfois grinçant. Ses grandes comédies remettent en cause des principes d'organisation sociale bien établis et des classes telle que la bourgeoisie ou le clergé. Il s'inspire abondamment de la comedia dell'arte, ainsi que du théâtre espagnol. Il est lui-même comédien et cela s'en ressent dans ses textes : il les vit. Il jouera d'ailleurs sur scène jusqu'à son décès, quelques heures seulement après avoir tenu le rôle du Malade Imaginaire. Faire du rire une arme...
Il décède le 17 février 1673, d'une affection pulmonaire (tout comme en souffrait son "avare") à la rue de Richelieu, près du Louvre à Paris, où l'on trouve encore aujourdhui une statue à son effigie. Plus loin, dans la rue se situe ainsi la Bibliothèque Nationale de France, un des joyaux pour les amoureux des belles lettres et des merveilles architecturales. Un endroit à rajouter à votre liste de visites lors d'un séjour dans la ville de Molière. Sept ans après son départ de la scène, sa troupe de comédiens se joint à celle de l'hôtel de Bourgogne et ils fondent ensemble la Comédie Française, au coeur du Palais Royal, à l'entrée de la même rue. Cette institution demeure à nos jours la plus grande institution culturelle dans l'art théâtral en France.
Le Maître des Lettres laisse derrière lui un legs d'une trentaine d'oeuvres, dont le Tartuffe, le Malade Imaginaire, L'Ecole des Femmes, Don Juan, Le Bourgeois Gentilhomme, Les Fourberies de Scapin, Les Précieuses Ridicules, L'Avare, Les Femmes Savantes, Le Médecin malgré lui ou encore le Misanthrope. Certaines d'entre elles seront interdites de jeu et révisitées pour pouvoir être jugées "acceptables". Elles traitent de sujets et critiques aussi diverses que la fausse dévotion, la médecine de l'époque, les mariages forcés, l'hypocrisie, la prétention bourgeoise, l'amour, la vie à la cour et bien d'autres.
© Photos – Rêvesdemarins
D'accord, Molière n'était pas marin et n'a pas écrit d'oeuvres majeures concernant la mer. Mais, il a été baptisé dans l'église Saint Eustache à Paris. Vous vous souvenez, celle qui comprend la devise de Paris "Fluctuat nec mergitur" dans ses vitraux... (voir le billet correspondant). C'est tout de même une prémonition pour ce blog, non ?
Mes Molières à moi
Molière a fait des émules. Et j'ai le privilège d'en compter quelques uns dans mes proches. Pour n'en citer que quelques uns : mon grand-père, bien entendu, et mon papa, qui ne cesse de m'épater à chacune de ses publications. Mon regretté ami Alexis, marin-poète, qui nous a quitté il y a presque un an déjà, mais donc les magnifiques écrits nous trottent toujours en tête... Ou encore ces quelques grands ou petits écrivains marins dont les lignes semblent avoir été écrites à l'eau de mer : indélébiles sur ma peau et ma mémoire. Beaucoup de Molières m'ont inspirée, certains plus que d'autres. A tous ces Molières de mon coeur, merci de m'avoir un jour prêté votre belle plume.
Alors, je vais me permettre d'emprunter quelqu' inspiration à mon cher papa, qui l'a dédiée à mon 18e printemps et dont le texte s'est fait tradition familiale. Ces quelques vers pour célébrer un de mes Molières à moi, ami d'enfance, qui fête une nouvelle lune ce lundi. Maître des lettres de par son métier, et à l'écriture gracieuse puisqu'il apprend cet art à nos tout petits dès leur plus jeune âge. Et puis aussi - mais peut-être l'aura-t-il quelque peu oublié - qui, à une époque, fut mon auteur-écrivain favori, alors que moi, je me contentais de composer des musiques sur des portées, pour accompagner ses jolies oeuvres sur le papier.
Ce soir, c'est ainsi que j'écris pour ton anniversaire,
Je vous souhaite un excellent dimanche, aux écrivains et aux autres !
Toujours un peu plus au Nord, me dit ma boussole... Alors allons-y ce dimanche.
Je ne suis clairement pas la seule que les Vikings aient inspirée... Dirk Brown en a fait une saga quatorze années durant dans le Journal de Mickey, où il a décrit les péripéties nautiques, guerrières et familiales de Hägar Dünor (ou Hägar the Horrible), un Viking bedonnant à la crinière rousse et au cœur tendre malgré son aspect de grand dur.
Hägar vit dans un village norvégien en bord de mer avec sa femme Helga, son chien Pilaf, son fils Homlet, sa fille Ingrid et son ami Eddy, sa cane et son chien (sans oublier la belle-mère... ) et tente désespérément d’échapper aux tâches ménagères que sa femme essaie vainement de lui imposer. Pour éviter qu’il parte en mer. Il a deux occupations principales qui sont d’attaquer les châteaux en Angleterre et de faire des festins, mais à l’occasion il reçoit aussi la visite du percepteur des impôts.
Comme selon la légende concernant les Vikings, Hägar est un marin dans l’âme et dirige un drakkar pour ses nombreuses pérégrinations guerrières. Il.pense que la mer se termine quelque part à l’horizon, engloutie par des monstres marins plus effrayants les uns que les autres. Ce qui ne l’empêche nullement de prendre le large dès qu’il en a l’occasion. Ses escapades en mer comportant toujours des défis de taille pour faire avancer son joli navire aux voiles aux lignes rouges et blanches.
© Photos – Dirk Brown
Ouah ou Øuåh ?
Ce n’est souvent qu’à l’âge adulte que l’on apprécie certains récits à leur vraie valeur et que l’on y décèle les finesses de l’auteur. René Goscinny en fait partie pour moi. Ce n’est qu’en relisant l’histoire des Scandinaves et leurs épopées maritimnes que j’ai réalisé le nombre de références que le père d’Asterix avait tracées quant à leurs talents de grands navigateurs et découvreurs du nouveau monde, notamment le « Vinland », de l’autre côté de l’Atlantique.
Il s'agit là d'une jolie réalisation en plus des fous rires en entendant les noms des personnages : Olaf Grossebaf, Batdaf, Stenograf, Dactilograf, ou encore Kérøsen, Zøødvinsen ou leur chef Viking Øbsen. Sans omettre non plus les fameuses références à Hamlet. Les deux albums « La grande traversée » et « Astérix et les Normands » mêlent ainsi pas mal d’anecdotes liées aux royaumes du Nord. « Suis-je un découvreur ou ne le suis-je pas ? Telle est la question... »
Alors, si vous avez le moral dans les chaussettes, ou si une lecture légère peut vous revigorer, je vous invite à découvrir (ou redécouvrir) une des sagas vikings ci-dessus. Bonne lecture et un excellent dimanche !
Et si nous complétions notre bibliothèque de bord ce dimanche ? Une fois n’est pas commune, un petit billet promotionnel sur un thème aussi vieux que l’âge des capitaines : leur capacité à diriger un navire et à lâcher prise lorsque les mers le leur imposent.
Capitaine un jour, capitaine... pas toujours
Des capitaines de navires, il y en a des millions à travers les mers du monde. Pour tous les goûts et toutes les couleurs. De tous les styles et de tous genres. De tous caractères et toutes humeurs. Cependant, tous ont un élément un commun : les événements auxquels ils doivent faire face à un moment dans leur vie de dirigeant. Ce qui les différencie, c'est leur manière d'aborder la vague et d'en sortir indemne pour leur embarcation et leur équipage. Analysons d'un peu plus près.
Le nez dans la barre à roue...
© Photos – Wikipedia
Ces capitaines qui comptent
D'autre part, il y a aussi ces autres capitaines au long cours avec qui l'on aime à naviguer et que l'on est prêt à suivre jusqu'au bout du monde sur un rafiot de fortune. Ceux qu'on regrette amèrement lorsque la mer ou la terre les engloutit (souvent bien trop tôt). Ceux qui demeurent dans la mémoire. Ceux qui vous en ont fait baver mais qui vous ont grandi du rôle de mousse à celui de chef de bord.
" To move forward, you always have to take one step back to make the right choices... " (F. Grisar/H. Looten)
" If you want to inspire, inspire yourself... " (F. Grisar/H. Looten)
© Photos – Wikipedia
La réalité de bord est, cela dit, bien plus floue et mélangée que les caricatures ci-avant. Et les capitaines que nous rencontrons ne sont souvent qu'un amalgame de ces divers points de vue. Cependant, c'est la composition et la répartition subtile entre ces divers éléments qui font d'eux le souvenir que nous en conservons, ainsi que le réalisme de l'image qu'ils ont d'eux-mêmes.
De la conserve à la haute mer
Alors, à tous les capitaines qui liront ce billet, je vous recommande chaudement un ouvrage hors des sillages battus : "De la conserve à la haute mer" (Filip Grisar & Han Looten, éditions Lannoo Campus).
Tout débute par l'aventure d'un dirigeant d'une conserverie familiate bretonne pour se poursuivre par une traversée en haute mer. Cela se lit vraiment comme un roman, aisément, avec plaisir. Pour une fois, une oeuvre qui ne parle ni des grandes théories psychédéliques ni des postulats des grands gourous des sciences humaines. Il s'agit là d'une belle allégorie pragmatique des défis auxquels sont confrontés tous les dirigeants, business (sail) men et capitaines de navires. Des plus petites barques aux plus gros mega-cargos. De leurs erreurs à leurs plus grands succès. Une leçon de vie simple et authentique. Un bon livre de chevet ! De la conserve à la haute mer, une vision rafraîchissante du leadership, revisitée avec le réalisme et l'humilité des business sailmen...
© Photos – F. Grisar/H. Looten
L'ouvrage se lit comme une lettre ouverte, une porte qui donne sur l'horizon et dont on choisit de passer ou de refermer. Une parenthèse-réflexion sur nos chemins à suivre, à condition d'être prêt à se questionner sur nos manières de faire ou sur la nécessité de lâcher prise à certains moments. Ceux qui y cherchent des réponses toutes faites, s'abstenir. Bonne lecture !
Un excellent dimanche à tous !
La nuit du 5 au 6 décembre. Une nuit un peu spéciale. On y place les chaussures devant l’âtre avec des carottes et du pain dans les chaumières et on espère qu’elles se rempliront d’autres bonnes choses le lendemain matin : une orange, une mandarine, des noix ou encore une tablette de chocolat. Passage du grand Nicolas et de son âne (devinez celui des deux qui aime les carottes ;-)).
Mais pour d'autres, notre grand Nicolas représente avant tout le patron des bateliers, pêcheurs, marins et mariniers. Alors, un petit billet en son honneur.
Nicolas et les matelots
Les légendes du grand Saint parlent souvent de son sauvetage des enfants. Cependant, l’histoire relate également d’autres miracles prodigués par le patron des gens de mer.
Lors d’un pèlerinage en Terre Sainte, Nicolas rencontre un marin et lui prédit qu’une horrible tempête va se lever. Le marin lui rit au nez et monte à bord. La prédiction se révèle pourtant juste. Le marin qui se trouve sur son bateau avec tout son équipage se retrouve prisonnier des mouvements tumultueux des flots. La tempête est terrible. Et tous les passagers se croient perdus. C’est alors que le saint implore les flots, rend le calme à la mer et sauve ainsi tout l’équipage. Une autre fois, sur la côte de Lycie, une terrible tempête se lève en mer et menace un navire de chavirer. Le saint apparaît alors aux matelots et les exhorte au courage. Il aide à la manœuvre des voiles et du gouvernail. Il les ramène sains et saufs au port avant de disparaître. Depuis ce jour, les marins ont reconnu Nicolas comme saint patron de leur corporation. Lorsque le grain se lève et qu’ils se sentent en danger, ils implorent la protection de ce dernier.
Nicolas et la mer
Nicolas, c'est aussi est un petit garçon de 10 ans dans un village de pêcheurs... Il va vivre une aventure hors du commun en mer avec ses amis Annetta et Tommaso. Il y apprendra le sens du courage et de l’amitié. Et surtout il y affrontera le célèbre Kraken. Une leçon de vie à la dure. Une leçon de mer. Une bande dessinée que le grand Nicolas a peut-être emmené dans son grand panier ? Et qui sait l’occasion de commencer (ou compléter) votre collection de BDs de mer ?
Voici donc quelques idées pour votre bibliothèque de bord, un peu moins sérieuses que les ouvrages techniques de voile, histoire de varier les plaisirs et de vous changer les idées.
Vous êtes un inconditionnel des ouvrages pour enfants ? Il vous reste toujours les inoubliables récits d’Ordralphabetix et de ses poissons frais (enfin euh... ), du chevalier de Haddock ou encore du petit Nicolas en vacances à la mer...
Et pour un bon fou-rire, un peu d’humour désopilant avec les animaux marins (Cazenove-Jytery).
Alors, si vous avez été sage, le grand Nicolas viendra peut-être vous faire une petite visite ce WE et déposer quelques uns de ces jolis ouvrages dans vos chaussures pour égayer votre hiver. Un bon dimanche à tous et bonne lecture.
Dans la mer il y a des pieuvres. Et les pieuvres produisent... de l'encre ! Or comme ceci est un blog sur la mer, il est donc rédigé... à l'encre. Même si cette dernière est digitale... Bref, vous aurez compris cette logique implacable : nous parlerons donc d'écriture et d’encre ce WE !
L'écriture, berceau des civilisations
Depuis des millénaires, les écritures ont fait évoluer le monde Et nous ont permis de redécouvrir nos racines. Elles sont toutes plus fascinantes les unes que les autres. Et les plus grands archéologues ont, de tous temps, tenté de décrypter leurs secrets bien gardés.
Tout débute vraiment en -3500 près d’Uruk (Irak actuel). Les Sumériens mettent au point une écriture faite de pictogrammes stylisés, gravés sur des tablettes d’argile à l’aide de roseaux. Suivent le cunéiforme, les hiéroglyphes et l'écriture cursive (hiératique) puis démotique, plus simple, que ce soit sur des papyrus, dans l'argile ou la pierre. Au cours du temps, les caractères se simplifient pour un usage dans la vie de tous les jours tels que pour la note de contrats (mariage, vente, commerce... ) ou de comptes.
Pendant ce temps en Chine, apparaissent les pictogrammes et idéogrammes à l’encre de Chine, tracés, eux, avec une plume sur de la soie. L'écriture chinoise ancestrale, de toutes, est celle qui a le moins changé au cours des siècles. Si elle a bien entendu évolué, elle a cependant conservé une large portion de ses signes, stylisés au cours du temps. Une des particularités de cette écriture réside dans la combinaison de caractères. Par exemple, si l'on rajoute au caractère "oreille", celui du "dragon", on obtient un caractère composé signifiant "sourd". C'est l'avènement de l'écriture qui détermine la frontière entre l'histoire et la "pré-histoire"...
© Photos – Hominides.com, Prezi.com & Wikipedia
On dénombre ainsi trois systèmes distincts : l'idéographique (chaque signe représente un objet, un concept ou une idée : hiéroglyphes, caractères chinois... ), le syllabique (chaque signe représente un son : tibétain, cherokee, mycénien, minoen... avec de 80 à 120 signes) et l'alphabétique (chaque signe représente un son décomposé : phénicien, grec, étrusque, latin, araméen, nabatéen... ). Il existe ensuite certaines variantes qui combinent plusieurs systèmes (par ex. le japonais mêle à la fois les idéogrammes chinois et deux alphabets phonétiques).
Si la pierre de Rosette découverte en 1799 par Pierre-François-Xavier Bouchard, puis déchiffrée trente ans plus tard par Champollion (hiéroglyphes, égyptien démotique et alphabet grec) a enfin permis quelques traductions, certains mystères scripturaux n'ont pourtant pas encore été élucidés : notamment celui des Crétois (dont le disque de Phaïstos) ni celui des Îles de Pâques.
Arabesques
Ainsi, l'alphabet arabe est issu du nabatéen. L'écriture arabe est, à mon avis tout à fait personnel, une merveille de l'écriture de par sa beauté calligraphique. Quoi de plus beau que des volutes et des courbes parfaites.
Pour l'anecdote, en 2013, j'ai eu l'occasion d'aller à Dubai pour mon travail. Et j'en ai profité pour faire une visite au musée maritime (si, si, il y en a un ! ) dans la vieille ville traversée par un bras de mer en plein désert. Un endroit résolument différent de la ville moderne, écrin de luxe pour touristes en mal d'achats et de bains de soleil. Les locaux étaient manifestement heureux car nous y étions les deux seuls jours de l'année où... il pleuvait ! Et un des endroits qui m'a marquée a été le musée local de la calligraphie. De toute beauté ! Tous les deux ans, une exposition internationale de la calligraphie s'y tient. A voir si vous passez un jour par là et que la plage ou les shopping malls vous ennuient.
© Photos – Rêvesdemarins (Musée Sharjah de la calligraphie, Dubaï)
Mon royaume pour une plume
Le papyrus et les calames vont ensuite faire place au parchemin et à la plume d'oiseau au VIe siècle (oie, corbeau, coq de bruyère, canard, ou encore vautour et aigle pour obtenir des traits plus larges). Le papier, existant depuis le premier millénaire en Chine, n'apparaîtra qu'au XIIIe siècle environ en Occident. A cette époque, on taille et brûle la penne (le bout) de la plume pour y faire tenir une goutte d'encre par capillarité. La calligraphie du Moyen-âge apparaît juste après la chute de l’empire romain, avec deux courants dérivés de l’alphabet romain : l’Onciale et la Demi Onciale, des lettres au formes rondes, souples et majestueuses. Ces dernière sont surtout utilisées pour les évangiles et bien d’autres ouvrages religieux de l’époque du Moyen Age. Les XIV et XVe verront l'apogée de l'enluminure. Les moines copistes élèveront alors l'écriture au niveau d'un véritable art. Les couleurs et les dorures étant réalisées à cette époque sur la base de poudres de pigments, de feuilles d'or et non d'encre à proprement dit.
Ce n'est qu'au XIXe siècle, et principalement en Angleterre, que verront le jour des plumes en métal, de formes diverses pour accomoder les divers styles d'écriture.
© Photos – Pixabay.com
Mais revenons au thème de ce blog : l'encre...
Autrefois, l’encre était extraite des produits naturels comme certains organes d’animaux, fruits et légumes ou pigments. L’encre de chine, utilisée dès -3.000 était à base de noir de fumée, de gélatine, de sucre et camphre dilué dans différentes solutions. Les Egyptiens améliorent cette technique pour obtenir une encre rouge à base de terre, de minium et de cinabre. Celle de la Rome antique est obtenue à base de noir de carbone. A l’époque médiévale, des encres plus résistantes sont améliorées pour la décoration d'endroit de cultes et la rédaction de manuscrits. L'encre ferro/métallo-gallique, une encre très fluide, fait ainsi son apparition à base de sulfate de fer ou de cuivre, de tannin de noix de galle, et parfois de lie de vin ou d'écorce d'arbre. Le mélange va du bleu-noir et vire au brun terne avec le temps.
Et l'encre de mer dans tout cela ???
L'encre sepia, d'origine animale céphalopode (poulpe, seiche, pieuvre... ) a été utilisée comme encre principalement dans les ports, où elle était récoltée, notamment au XIXe siècle. Elle donne une teinte plus brune et terne. Cependant, sa mauvaise tenue à la lumière et sa rareté ont fait régresser son usage. Si elle se retrouve dans l'art culinaire (les pâtes notamment), elle trouve rarement sa place sur le papier.
La calligraphie a quelque chose de magique. Je vous partage ici quelques génériques de films basés sur ce sujet et qui m'ont charmée.
A l’Ancienne
Même si ce blog est digital, je suis un écrivaillon rétro. J'aime les lettres écrites à la main. Je suis une nostalgique de l'encre et du papier. J'aime tourner les pages et sentir l'odeur de la couleur. L'encre m'inspire faute de m'enivrer. Elle me ramène, comme une petite madeleine, dans ce grenier-bibliothèque de ma petite enfance qui sentait bon les vieux livres, le bois, l'encre et les feuilles dorées. Cependant, ma bibliothèque à moi contient une série de beaux carnets vierges à écrire, dont je ne me résoud pas à entamer la virginité. Rien ne peut me faire plus plaisir que de recevoir une carte ou une lettre manuscrite. Je me réjouis déjà de lire mon nom sur le papier. Ecrire à la main, c'est prendre la peine, faire un effort. C'est intime. Cela requiert de la réflexion, du temps, de l'attention. Bien plus que le digital. Pourtant, ma calligraphie personnelle demeure une énigme à déchiffrer. A croire que mon cher père (médecin... ) m'a légué son mystère scriptural à travers les gènes. Jamais la liste des courses manuscrite ne manque de revenir avec un panier rempli d'autres victuailles que celles gribouillées de ma main sur le papier, lorsque réalisée par une tierce personne...
© Photos – Rêvesdemarins
Mes prises de notes, je les aime manuelles. Ceci a d'ailleurs fait partie de mes études (entre autres pour l'interprétation linguistique et dont je me sers toujours aujourd'hui). Au travail, je me rends aux réunions avec un grand carnet, un plumier (et depuis quelques années, des lunettes... Déjà qu’avec les binocles, j’ai du mal à me relire quelques temps plus tard, alors, imaginez sans... ). Bien entendu, j’emmène un pc, un iPad, un smartphone et autres “joujoux digitaux”. On peut aimer le rétro tout en vivant avec son temps. Et les applications de prises de notes graphiques m'intéressent beaucoup, histoire de pouvoir retranscrire le contenu plus aisément. La calligraphie et la créativité des polices de caractères me fascinent. À commencer par les anciens livres enluminés. Et une journée à la Bibliothèque Nationale de France ou à celle du British Museum me réjouit toujours.
Les paroles s’envolent, les écrits restent
Les lettres importantes, celles qui comptent dans une existence, celles-là, on les écrit à la main. On prend le temps de les dessiner, de peser chaque mot, chaque espace, chaque virgule. Et ces missives-là, on les conserve parfois précieusement. Même si on ne les relit plus durant des années et qu'on les garde au fond d'un vieux coffre fermé à clé. Qu’elles parlent d’amour, de regrets, de pardon ou de passation, elles portent en elles le poids d’une réflexion, d’une certitude, d’une décision à travers les courbes colorées sur le papier. Un peu comme si les mots couchés sur la feuille pesaient plus lourd que ceux sur un écran. Même si en soi, les phrases disent la même chose. Et le papier qu’on tient en main les rend plus réelles. On peut presque y toucher les émotions qu’il contient, comme si elles restaient gravées dans la paume qui les a tenues en frissonnant d’émoi à leur rédaction.
La graphie de la vie a son importance. Souvenez-vous. Dans le passé, avant que l'email et la téléphonie satellitaire n'existent, les lettres étaient souvent le seul moyen de communication avec des êtres aimés, à travers l'océan, à travers la guerre, à travers les longs mois d'attente de revoir l'autre. En cette période de confinement, nous avons beaucoup de chance de posséder tous les moyens de communication modernes et digitaux actuels. Imaginez un instant la même situation lors de la dernière pandémie. La seule chose que vous auriez pu recevoir (et encore) de vos proches aurait été une lettre...
© Photos – Pixabay.com
Je suis triste de lire que certains pays envisagent de tout bonnement supprimer tout simplement l'écriture manuscrite dans l'enseignement. C'est une perte de culture et d'humanité à mon sens. Une perte d'un apprentissage nécessaire et important. Et si la technologie nous lâchait. Un peu comme un marin prudent prend toujours une carte papier, une boussole et un sextant à bord. Pas uniquement par nostalgie. Mais par certitude qu'ils ne le laisseront pas tomber contrairement à la technologie. Et par amour des belles choses traditionnelles.
Plume, objet intime
En fait, c'est drôle, ce n'est qu'avec les années que j'ai réalisé à quel point l'écriture me faisait du bien. Si je vous offre un porte-plume, ou un instrument pour écrire, prenez-le comme un très beau cadeau de ma part. En plus d'être un bel objet (utile), c'est là une représentation de quelque chose que je considère comme réellement beau et intime. Evidemment, à chacun son avis... Une plume, c'est un instrument qui sert, qui vous révèle, qui parle... Je ne crois pas à la graphologie, même si elle a, en son temps, parfois été utilisée parfois dans un des mes métiers (pour le recrutement en France notamment). Cela dit, l'écriture de quelqu'un révèle un peu de la personne. Tous les grands personnages ont eu une écriture particulière, découvrant un peu de leur personnalité. Pensez à Shakespeare, Mozart ou encore Da Vinci (qui était gaucher et écrivait à l'envers). Ne pas connaître l'écriture de quelqu'un, c'est un peu ne pas le connaître tout à fait... Il manque une petite partie de lui. Donc, si vous voulez me faire plaisir, écrivez-moi une lettre, une vraie ! Et commencer par une carte de Noël me suffira, je vous rassure !
Puisqu'on ne vivra jamais tous les deux
Le temps file et les billets aussi. Je pourrais tourner une page et m’arrêter ici. Il ne s’agit pas de battre un record pour le Guinness Book. Raconte-je des bêtises ? Mes sujets sont-ils encore captivants ? Autant de questions qui demeurent sans réponse. Mis à part celle de mon propre cœur. Et ce dernier me dit discrètement : “Continue tant que tu en as, toi, l’envie et la force. Demain, ta vie peut changer, voire basculer... “. Alors, si vous voulez bien, je vais le suivre, ce petit cœur et écrire encore un peu plus longtemps...
Je vous souhaite un très doux dimanche.
Que lisez-vous en ce moment ? Moi, je me suis plongée dans “Le Bathyscaphe d'Alexandre".
Un livre qui plaira probablement plus aux historiens qu'aux amateurs de croisière. Je prends néanmoins ma chance de partager ici mes impressions d'un ouvrage qui m'a étonnée et charmée de ses ressources et son caractère scientifique. Cette œuvre sur le monde maritime à l'époque médiévale est le résultat d’une écriture collégiale entre treize jeunes chercheurs historiens/littéraires médiévistes et publié sous le label du groupe Questes. Cet ouvrage allie deux sujets qui me passionnent : mer et une période de l’histoire bien moins noire et incroyablement riche en découvertes que l'on n'a souvent eu tendance à la dépeindre. Idéal pour me plaire...
La légende d’Alexandre
Le Roman d’Alexandre est un recueil de légendes concernant les exploits d'Alexandre le Grand. Source des différents miroirs des princes médiévaux, il fut, malgré la diversité des versions, l’un des livres les plus répandus au Moyen Âge, objet des premières traductions dans les langues vernaculaires d'Europe. Concernant la littérature française, le poème d'Alexandre de Paris (Li romans d’Alixandre) marque l’apparition du vers de douze syllabes, nommé depuis pour cette raison alexandrin. (Source Wikipedia)
© Image – Wikipedia
Ceux d’entre vous qui se souviennent un tout petit peu de leurs cours d’histoire clameront haut et fort qu’Alexandre le Grand n’a pas vécu au Moyen Âge. Et ils auront parfaitement raison. Alexandre le Grand, roi de Macédoine, a vécu au IVe siècle avant JC. Souvenez-vous, il est décrit comme un des plus grands conquérants de l’Antiquité, en prenant possession de l’empire perse et s’avancant jusqu’aux rives de l’Indus. Sur la route de ses conquêtes, il fonde des villes. La plus connue de ces cités serait Alexandrie d’Egypte, sa fabuleuse bibliothèque et son merveilleux phare.
De tous temps, son nom résonne comme celui d’un héros et ses conquêtes comme un mythe. Son épopée suscite dès l'Antiquité de nombreuses publications et légendes. Une de ces légendes se nomme “Le Roman d’Alexandre”, écrit par Pseudo-Callisthène. De tous temps, ses prouesses sont louées comme un idéal de souverain, promoteur d’une ouverture entre Orient et Occident. Au Moyen-Âge, on le représente comme un modèle de vertus chevaleresques (une image probablement loin d’une réalité bien plus excessive et autrement brutale).
Dans ce roman, on retrouve un épisode moraliste narrant une anecdote liée à la mer. On y dit que le grand roi aurait visité la mer dans un sous-marin de son invention. Durant sa descente dans les fonds marins, il aurait découvert une autre forme de vie et acquis un savoir politique important : les gros poissons mangent les petits. Et parfois, ce sont les petits poissons qui mangent les grands, à force de ruses et de stratagèmes. Alexandre représente le dirigeant assoiffé de découvertes et d’aventures. Et dans ce cadre, il décide d’explorer une partie du monde qui lui est encore inconnue à travers son voyage sous la mer. Pour y parvenir, il fait mander son maître-verrier et lui ordonne de fabriquer un tonneau de verre scellé de plomb pouvant abriter trois personnes, équipés de lampes et être immergé pour aller inspecter les abysses marines. Le projet est ambitieux, téméraire et visionnaire pour l’époque où les mers sont synonymes de monstres et de créatures inconnues toutes plus effrayantes les unes que les autres. On se croirait dans un scénario de science-fiction. Et Alexandre y trouve sa finalité morale : son expérience lui permet de s’interroger sur les responsabilités politiques des souverains et y est réconforté dans sa légitimité guerrière.
Six chapitres pour un royaume marin
Mais revenons au livre " le bathyscaphe d'Alexandre", dont ce billet fait l'objet.
L’ouvrage se divise en six chapitres couvrant chacun un aspect distinct lié à la mer à l'époque médiévale. 1. La perception de la mer Il débute par l'histoire de ses représentations ambivalentes à travers les écrits et les siècles : à la fois source de peur et de curiosité. La mer dangereuse et salutaire à la fois. On la représente comme un espace changeant. "La mer et l'amour ne sont point sans orage..." (A Philis, Pierre de Marbeuf)
Vous y retrouverez des contes, légendes et récits antiques faisant tous référence à des épisodes marins y compris leur lien à l'amour : L'Odyssée, Tristan & Yseut, le Déluge, Moby Dick et bien d'autres.
"Pas plus qu'on ne pourrait épuiser la vaste mer (...), pas plus ne pourrait-on détacher de vous mon coeur..." (Le Livre du Voir dit, Guillaume de Machaut)
2. Prendre la mer
L'occasion d’en apprendre sur les procédés de navigation et innovations techniques de la période, comme le gouvernail d’étambot, la création des navires d'Oseberg et de Snekkja... Les auteurs y mettent en évidence les apports (notamment linguistiques) des navigateurs venus de Scandinavie et d'Allemagne du Nord. 3. Vivre en mer Ce chapitre ouvre une parenthèse sur le quotidien des gens de mers, surtout à travers des récits de pèlerins. 4. La mer nourricière Cette partie nous décrit la pêche et des traditions alimentaires de l'époque. Ainsi, connaissez-vous l'origine du mot "marsouin" ? Il s'agit de "mar-svin", ce qui signifie "porc des mers" en langue germanique, un animal très recherché pour sa graisse, le "craspois". 5. Les ports et sociétés littorales ICe cinquième chapitre traite de la transformation des sociétés et des paysages liés à la mer. L’essor des activités portuaires, la création de villes nouvelles, comme Lübeck et Riga au XIIe siècle et l’apparition de piliers politiques et commerciaux, parmi lesquels Venise et Gênes. 6. A qui la mer ? Enfin, cette dernière section touche à la question de la propriété de la mer : batailles navales, taxes de commerce maritime, législations pour régir les relations en mer. On y aborde comment certaines puissances tentent de taxer la mer et de pousser les économies maritimes (Danemark, Egypte fatimide, Angleterre... ). Bref, un ouvrage complet pour faire un tour relativement complet du sujet. Et malgré le fait qu’il soit le résultat de treize visions différentes, il se lit comme le produit d’un et seul même auteur. Une belle prouesse littéraire.
© Questes, Le Bathyscaphe d'Alexandre. L'homme et la mer au Moyen Âge, Paris, Vendémiaire, col. « Chroniques », 2018, 211 p., ISBN : 978-2-36358-312-3.
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August 2023
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