Et si nous partions naviguer en eaux peu profondes ce week end ?
Entre deux eaux
On a fréquemment tendance à croire qu’une navigation au large est plus périlleuse que celle le long d’une côte, voire le long du rivage. Et pourtant... Il est de ces basses eaux où les vagues s’amplifient incroyablement fort au contact du sol, où ces bancs de sable sont sur le point de nous bloquer la route et où les rochers se dissimulent juste sous la surface de l’eau, prêts à déchirer nos coques. Et puis, on y est rarement seul sur l'eau...
Qui ne s’est jamais trompé de calculs de marée en Bretagne ou ne s’est retrouvé échoué entre deux eaux ? Pour les simples nageurs, qui n’a jamais été surpris par la force des vagues ou des courants près du rivage ? Je me souviens d’une trempette en Algarve et dans l’océan atlantique portugais où ma séance de natation s’est muée en une séance de plongée dans une machine à laver XXL d’eau salée (et glacée de surcroît... ) dont j’ai eu un mal fou à me dépêtrer après quelques solides tasses. Une véritable montagne russe marine à 360°, dans moins de deux mètres de profondeur... Une force des vagues insoupçonnée. Ou comme cette fois où, en nos tout débuts de voile sportive, avec de l'eau jusqu'au menton, notre catamaran de sport n’est jamais parvenu à franchir la houle pour rejoindre le large malgré ses 200 kg (nous n'étions pas trop fiers... ).
Il faut obligatoirement passer entre deux eaux pour rejoindre l’une ou l’autre destination. Des eaux souvent troubles, tumultueuses ou incertaines durant un certain temps. Et souvent inconfortables. Les passages et transitions sont à la fois attirants et fatigants. Ils requièrent une attention soutenue, une adaptation au changement, une capacité de naviguer entre les remous ou les écueils.
C’est parfois aussi, au départ vers le large, le moment où l’on apprend à connaître ses équipiers ou son skipper, avec les bonnes ou moins bonnes surprises. Il est nécessaire d'y prêter attention aux autres navires autour de soi. Et si l’on n’ a plus mis le pied depuis un certain temps sur un navire, le risque de mal de mer risque de s'en mêler. Besoin de se remémorer les réflexes à avoir, les bons gestes et les manœuvres à opérer. On doit repenser à ses cours et aux règles de navigation. Il faut y trouver ou retrouver ses marques et faire ses preuves à bord. Une fois en haute mer ou arrivé au port, tout semble plus simple, plus clair, et les eaux plus limpides. Naviguer en eaux peu profondes, entre deux courants, entre deux marées, c’est l’art du marin qui part ou qui arrive, pour ajuster son gouvernail et ses voiles vers le cap souhaité.
Alors, si vous naviguez en eaux peu profondes pour l’instant, bon vent pour franchir la limite entre les eaux. Tenez bon la barre et le vent sans vous décourager, il ne s'agit que d'une question de temps et de persévérance.
Un excellent dimanche à tous.
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Il n’y a pas de sous-métiers... Certains sont juste sous-... marins. Je vous emmène découvrir une profession insolite ce WE, celui du “mermaiding”, ou de “nage sirène“. Et non, il ne s’agit ni d’un conte ni d’un récit de la mythologie. Les sirènes existent bel et bien de nos jours et leur métier est reconnu comme une profession à part entière.
Elles se prénomment Annette, Esther, Nina, Kathrin, Linden, Melissa, Claire, Hannah ou encore Lexie. Mais leur véritable identité est celle de l’émouvante Ariel. Toutes sont des nageuses professionnelles, habituées de l’apnée et surtout passionnées par le mythe des femmes à nageoires. Au point d’en faire un métier à part entière.
Tout débute en 1902 à Melbourne, Australie. Une jeune nageuse nommée Annette Kellerman y exécute un spectacle nautique en costume de sirène á l’aquarium. Elle y nage avec les poissons au plus grand étonnement des spectateurs. Elle poursuivra sa carrière dans l’industrie cinématographique ou elle enchaînera des rôles similaires. Dans les années 1940, alors que la natation synchronisée prend son essor dans les sports officiels, une nageuse professionnelle américaine, Esther Williams, retient l’attention de la MGM et prend le relais dans toute une série de films (“aquamusicals”) mettant en scène des ballets aquatiques, de la plongée et des performances où la jeune femme est sensée trouver la sortie dans un caisson immergé totalement obscur. Elle y subit un grave accident et échappe de peu à la noyade dans une des scènes où elle est enfermée dans le caisson.
Dans les années 1980, le mythe se poursuit et Daryl Hannah fait un “splash” dans rôle de sirène en compagnie de Tom Hanks. Les films se suivent sur le même thème et ne se ressemblent pas. L’engouement pour le peuple des mers prend de l’essor. Dans les années 2010, de nombreuses sirènes “indépendantes “ telles que Hannah Fraser (Australie) ou Claire Baudet (Paris) se font connaître sur leur site web ou via des films sur YouTube. Et les filles des flots font des vagues.
Une nageoire de poids
Du monde du spectacle à la protection de l’environnement marin en passant par le mannequinat, nos sirènes se doivent faire preuve de créativité pour sortir de l'anonymat. La production de leur matériel de plongée (leur nageoire unique) est coûteux et difficile à se procurer. La plupart des sirènes professionnelles les dessinent et les produisent donc elles-mêmes. Une nageoire (monopalme) peut ainsi peser jusqu’à 15 kg, moulées en silicone, latex, fibre de verre ou de carbone. Si vos enfants sont des fans de la petite Ariel, vous leur trouverez par contre très aisément de jolis costumes avec monopalme dans les grands magasins de sport.
Piètres nageurs s’abstenir cela dit, car nager avec une monopalme demande de l’entraînement. Les sirènes appliquent la nage de style « ondulation dauphin ». Cette technique permet un déplacement subaquatique extrêmement rapide avec (ou sans) monopalme. L’ondulation devient la technique incontournable de tous les records de vitesse à la palme prôné par les plus grands sportifs comme Michael Phelps ici-bas.
Un cv en queue de poisson
Les jolies sirènes doivent avoir plusieurs cordes à leur arc (ou plutôt... de dents à leur trident... ). Il ne leur suffit pas d’avoir un corps de rêve, mais le métier exige de ces dames une série de qualités aussi variées que les couleurs de la mer et une maîtrise assez impressionnante des techniques de nage en apnée : certification de plongeur ou d'apnéiste, certification de garde-corps/RCP/premiers secours/AED). Expérience en natation athlétique ou enseignement de la natation, expérience avec les enfants ou dans l’événementiel, expérience d'acteur, chant, comédie de rue, nage synchronisée, ballet, modélisation et biologie marine. Sans oublier... Sérieuses capacités de couturière (pour pouvoir réaliser ses propres costumes) ! Bref, pas si évident de devenir une sirène professionnelle.
Il existe même des écoles de sirène pour petits et grands : la Philippine Mermaid Swimming Academy. Vous voulez en savoir plus ? Jetez donc un coup d’oeil à ces sites : https://www.lasirenebleue.com/ ou https://aquamermaid.com/blogs/news/how-to-become-a-professional-mermaid?lang=fr. Et pour les moins audacieux(ses), vous pouvez toujours relire le conte d'Andersen, un ancien billet de ce blog "Toi, Petite Sirène...", ou encore visionner un bon vieil épisode de l"Homme de l'Atlantide" :-).
Alors, si le défi d’un nouveau métier vous tente, il ne vous reste plus qu’à envoyer votre candidature pour devenir une sirène ou un homme des mers professionnel ! Bonne chance et un excellent dimanche à tous.
Et puis, j'oubliais presque... Aujourd'hui, c'est la journée mondiale des marins. Alors, une bonne fête à tous les marins !!!
Un long silence en mer vaut tous les discours à terre... Un vide sonore à la fois attirant et inquiétant. Alors, c'est parti pour un petit billet sur les secrets du mutisme de l’océan.
Havre de paix
Projetez-vous en pleine mer, au petit matin. Personne aux alentours. Juste vous et l'océan doré. Le soleil se lève paisiblement sur l'horizon. Le vent est tombé. On entend à peine un faible clapot de l'eau. Votre esprit peut enfin se reposer. Vos oreilles vous sussurent des mots sans bruit. Vous flottez dans une mer de quiétude. Le pied... Dieu que j'aime le silence. Surtout pour dormir lorsqu'on a le sommeil léger ! Pas d'équipier qui ronfle (pas toujours gagné sur un voilier... ), pas de cordages qui grincent ni de voisin de ponton qui met la musique aux petites heures du matin. Dieu que cette pensée est douce. Le monde s'ouvre à nous dans la ferveur du silence.
"Le silence se prolongeait. Il devenait de plus en plus épais comme le brouillard du matin. Épais et immobile. " (Le Silence de la Mer, Jean Bruller dit Vercors)
Silence ouaté
Autre image en mer... Le brouillard. Celui qu'on redoute mais qu'on parvient rarement à éviter. Il tombe parfois brutalement, comme un couperet qui nous sépare du monde visible et audible. Il paralyse le vent et fatigue les voiles. Il réduit nos sens et tamise les sons. Il aiguise nos sentiments d'angoisse (surtout au beau milieu d'une shipping lane en mer du Nord sur un 50 pieds à la voile... ). Il transforme les moindres ombres en géants monstrueux et les plus petits bruits en mugissements de Gorgone. Il nous retranche sur nos gardes à l'aguet d'une corne de brume pour le déchirer sans pitié.
"Le brouillard fait silence sur l’océan. Il assoupit la vague et étouffe le vent. " (Les travailleurs de la mer, Victor Hugo)
Tous les silences ne font pas le même bruit
Dans certaines cultures, le silence fait partie intégrante des conversations. Il rythme les dialogues et les échanges. Il est indispensable à la réflexion. J'ai eu la chance dans ma vie de travailler à plusieurs reprises avec le Japon et dans cette culture, le non-dit renferme une richesse fabuleuse. Pas question de couper un moment de silence dans une réunion, ce serait une entrave aux bonnes manières. Pas besoin non plus de se sentir mal à l'aise par ce manque de paroles. Il est nécessaire au bon déroulement de l'entrevue. En Occident, la parole est d'argent. En Asie, le silence est d'or. Le silence a des vertus que les clameurs ne peuvent égaler.
"Il est des silences qu'il ne faut pas déranger. Pareils à l'eau dormante, ils apaisent notre âme. " (Yasmina Khadra)
Silence radio
Le silence avant la tempête... Celui-là est terrifiant. Parce qu'on sait ce qu'il signifie. Parce qu'on en connaît la suite sans pourtant pouvoir en mesurer la magnitude. Un silence lourd, pesant. Un calme temporaire avant que le ciel tout entier ne se déverse et ne déclenche la colère des Dieux. Tout comme dans l'oeil d'un cyclone, l'insonorité de la nature renferme un danger imminent. Un vide de son, un soupir avant le grand concert ou la cacaphonie des éléments qui va se déchaîner.
"C'est dans le silence qu'on entend les plus grandes vérités". (Dalaï Lama)
Tout comme avant l'orage, le silence devient quelquefois inquiétant lorsqu'il nous coupe du monde. Souvenez-vous de ces innombrables navires ou avions autrefois soudainement plongés dans une immensité de solitude lors de leur passage au-dessus du territoire des Bermudes. Plus de radio, plus de contact. Plus de possibilité d'appeler au secours. Plus proche de nous aujourd'hui : imaginez que votre téléphone portable tombe en panne ou de vous retrouver sans connection durant quelques jours. Si les marins solitaires naviguant à l'ancienne ou les ermites ne s’en inquiètent guère, une majorité d'entre nous, piètres esclaves du petit écran à touches, devient fou à l'idée de ne plus être accessible via les ondes électromagnétiques ou hertziennes. Un fléau de notre époque sans doute. Une transat à la voile possède ce charme de la non connectivité (sauf pour les urgences via VHF ou satellite). Désintoxication et retour aux sources assurés.
"Hello Papa Tango Charly, Hello Papa Tango Charly
Un silence renferme parfois bien plus de mots qu'un long discours, à travers d'invisibles lignes. Dans ce monde hyper connecté et bruyant, il signifie parfois la haine ou l'amour, mais rarement l'indifférence ou l'oubli car la notion abstraite du temps n'est qu'une goutte d'eau à l'échelle d'un dialogue entre sourds et muets.
Je vous souhaite un excellent dimanche, silencieux à souhait.
Lorsque soleil et mer s'entremêlent, naît un subtil parfum doux-amer...
Sur ces quelques mets doux-amers, je vous souhaite un excellent dimanche.
En guise de muguet, je vous offre un tout petit billet en images, mais haut en couleurs, ce dimanche.
Les kaléidoscopes sont des objets fascinants. Changeants, imprévisibles, intarissables de teintes. À chaque secousse, un nouveau tableau. À chaque mouvement, une palette de formes et de couleurs différentes. Un régal pour l’oeil. Un festin pour l'imagination. Un instrument magique pour l’enfant (ou l’adulte) qui sait encore apprécier les choses simples. De plus en plus rare de nos jours. Ces jeux de coloris nous reflètent ainsi une superbe représentation de notre belle nature et de son incroyable diversité, que nous nous devons de préserver. J’aime à redécouvrir ces mille et une floraisons et à glisser l’objectif de mon appareil photo dans leurs secrets les mieux gardés, pour un regard plus intime et quelque fois même un tantinet indiscret. (... ) Comme de longs échos qui de loin se confondent
© Photos – Rêvesdemarins
Certains croient au pouvoir des fleurs (et je ne parle pas de celle du pavot ici... ). Et vous ? Saurez-vous donc les reconnaître ci-dessus ?
Je vous souhaite un excellent dimanche. Et que ce panier de pétales de couleurs fleure bon chez vous! |
AuteurArchives
August 2023
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