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Désertitude

17/2/2019

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Qui dit mer, dit parfois dunes... Dans un lointain billet précédent, je vous parlais d’un autre rêve encore à devenir, qui demeure sur ma liste de souhaits depuis bien longtemps sans pourtant encore y larguer mes amarres. Alors, je vous emmène pour une traversée différente ce dimanche : une traversée du désert...
Histoire de vous mettre dans l'ambiance, cliquez donc sur une des musiques ci-dessous au hasard, fermez les yeux un instant et imaginez-vous dans un décor de circonstance pour lire la suite de ce billet... Si vous ressentez déjà les premiers signes du mal de mer, c'est normal, c'est le vaisseau du désert (de son petit nom "dromadaire") qui vous (em)porte !

Désertitude, Infinitude
Mer de soleil avec pour seul azur, celui du firmament
Mer de terre, sous le brasier de l'air et le vent ondulant
Mer de mouvance à l'aspect sans cesse variant
Mer de vagues et de brises aux formes et au jeu incessant

Désertitude, Longitude
Caps de milles et de millles avant la terre ferme revoir
Equipages de sables et de voiles au gré du vent du soir
Capitaines de navires de bleu vêtus, de lin masqués
Vaisseaux bossus et haut perchés à l'allure lente et balancée

Désertitude, Solitude
Mer sableuse de réflexion, introspection
Rendez-vous avec soi-même en discussion
Voyage de rêve éveillé, émerveillé
Dans un désert voguer pour se ressourcer

Désertitude, Incertitude
Inconnu du sort du lendemain
Crainte du corps, de la soif, de la fin
Des méandres du cœur turpitude
De sa propre endurance aptitude

Désertitude, Quiétude
Nuitées étoilées, rassurante mâture
Plénitude du silence, tête à tête avec dame Nature
Béatitude de liberté et de vivant se sentir
Et à la fin du voyage, de vers le rivage vert revenir

Désertitude, Plénitude
Pour quelque temps une traversée quelque peu différente
Malgré des tempêtes le souffle doré éblouissant
Une mer de vagues, sans eau, ni ports
Un havre de pierre, îlot de paix dans une mer d'or...
© Photos - Armand  & AM Burguet
Un souvenir, c'est comme un mirage dans le désert de son esprit, une oasis dans les dunes de son cœur... (P. M. )

Un peu de poésie pour terminer ce dimanche en attendant de vous lancer (si ce n'est encore fait) dans une magique traversée du désert. Une excellente fin de WE à tous.
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Bridge over Troubled Water

10/2/2019

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Dans une actualité où les médias ne parlent plus majoritairement que de séparations, de mécontentements et de crises, pourquoi ne pas mettre une pincée de nouvelles positives au menu de notre billet dominical ? Alors, c'est parti pour vous parler de ... Nemo... ce dimanche.

Nemo, un nom qui rassemble
Nemo... Un nom mythique pour un capitaine de navire fantastique, ou encore pour un petit poisson-clown en quête de retrouver les siens. Le nom également d'un réseau réunissant plus de 30.000 musées en Europe (Network of European Museum Organisations).

Un nom qui rassemble... Un nom donc idéal également pour nommer un projet visant à relier, contre vents et marées, une île à un continent. D'autant plus lorsqu'une majorité des habitants de cette même île a décidé de se séparer de ce fameux continent.

La prise de conscience verte pour le climat et les énergies renouvelables monte en force  ces derniers mois. Ce que l'on sait moins, c'est que certains acteurs énergétiques tentent, depuis bon nombre d'années déjà, de partager cette énergie entre différentes nations, de manière à pourvoir aux divers besoins de manière durable, malgré les distances et les politiques désunies. C'est ainsi qu'une entreprise belge a lancé un ambitieux projet d'intérêt commun ayant pour objectif la création d'un lien transfrontalier permettant l'acheminement d'énergie verte vers ses voisins, notamment vers l'Allemagne. Le projet d'interconnexion "Nemo Link" a ainsi réalisé la pose de cables énergétiques sous-marins et sous-terrains entre la Belgique et le Royaume-Uni via la Mer du Nord. Même en cas de Brexit dur, les Britanniques ne seront pas obligés de retourner à la lampe à huile pour s'éclairer ;-).
Le projet est un joint venture entre les sociétés Elia (BEL) et National Grid (UK). Elle prévoit 140 km de cable entre Richborough (Kent) et Herdersbrug (Bruges), dont 130 sous la mer, avec une capacité énergétique de 1.000 MW. Le projet, débuté en 2017, vient de prendre forme par la finition de ses deux plateformes en mer (le MOG - Modular Offshore Grid). Ces plateformes, d’énormes "prises d'électricité/plugs", situées environ à 40 km de Zeebrugge, permettront le lien avec les parcs éoliens en mer et les régions concernées. La technologie utilisée ici est le HVDC (High Voltage Direct Current) vu le fait que les deux réseaux électriques ne sont pas synchronisés et offre l’avantage de mieux régler les flux. Il s’agit ici aussi du premier câble de ce type dans le monde. Conçu au japon, il est unique par son niveau de tension (400 kV) ainsi que le matériel utilisé pour son isolation.
© Photos - Elia.be
Le projet a eu à relever quelques défis supplémentaires  à ceux liés à la technologie : certaines surprises archéologiques, notamment. Les équipes ont en effet été confrontées à leur rencontre avec les restes d’un bombardier B17 datant de la dernière guerre mondiale encore présent sur la zone de construction, les obligeant ainsi à un déroutement de 14km du trajet originalement prévu. Un poste de conversion et une station de transformation viennent récemment d'être inaugurés en Mer du Nord. On leur espère une durée de vie de 25 ans. Une goutte d'eau à l'échelle de l'âge de la planète, mais un début tout de même (et une longévité certainement meilleure que celle de votre gsm, lave-linge ou grille-pain actuel ! ).
(...) Sail on silver girl, Sail on by
Your time has come to shine
All your dreams are on their way, See how they shine
Oh, if you need a friend, I'm sailing right behind
Like a bridge over troubled water
I will ease your mind (...)
(
Bridge over Troubled Water, Simon & Garfunkel)
Un petit pas de transition énergétique vers un avenir plus vert et un effort de rassemblement entre les nations au milieu du bleu de la mer.

Alors, avant d'allumer votre lampadaire ce dimanche, dites-vous que l'électricité qui en sort proviendra peut-être très bientôt de la Mer du Nord, qu'elle soit belge ou britannique, même après le 29 mars 2019...

Je vous souhaite un dimanche lumineux, qui vous apporte toute l'énergie positive dont vous avez besoin avant de recommencer une semaine au travail.
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Le Vieil Homme et la Mer

3/2/2019

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"Everything about him was old except his eyes and they were the same colour as the sea and were cheerful and undefeated... " (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
Que diriez-vous d'un billet hommage à l'âge de (dé-) raison ? Parce que le gris et le blanc, c'est beau... Surtout porté sur du bleu ! Et qu'il n'y a pas d'âge pour les héros.

Seul avec Elle...
"Encore deux mille trois cent quarante trois milles nautiques avant l'arrivée... Le temps n'a plus beaucoup d'importance. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas à bord. Faire le point, ranger, manger, dormir un peu, ajuster les voiles, effectuer quelques menues réparations, admirer le coucher du soeil, re-faire le point, re-manger, ré-ajuster les voiles, revérifier le gréement et la solidité du mât, refaire un brelage par ci, une épissure par là... Voici plus de deux cents jours que la mer m'entraîne vers l'autre bout du monde. Seul en-tête à tête avec elle... Ma belle bleue, mon intrépide amoureuse, mon amante insatiable au caractère bien... trempé... Et ce monde, rond comme une balle, ces océans convexes et l'attente de l'arrivée au bout du chemin, sain et sauf, avec un voilier entier... "
Voici ce que notre héros du jour a peut-être pensé seul en mer sur son voilier de 36 pieds durant plus de 200 jours. 212 jours pour être exact. Deux cent et douze petits et (parfois longs) jours pour un tour du monde en solitaire à l'ancienne, sans l'aide d'aucune électronique ou systèmes modernes de positionnement géographique, mis à part les bonnes vieilles méthodes de l'estime, du sextant et de la navigation aux astres. Son petit nom ? Jean-Luc Van Den Heede. Un vendéen et marin dans l'âme. Un jeune marin de pas moins de soixante-treize ans. Le vainqueur de l'édition 2018 de la Golden Globe Race réussit ainsi un tour de force malgré un chavirage, sur son voilier Matmut, un Rustler 36 de 1980.
“A man is never lost at sea and it is a long island (...) and he knew no man was ever alone on the sea. " (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)

Course Vintage
La première édition de la course, en 1968 - 1969, lancera une grande aventure navale :  un tour du monde par les trois caps, sans escales et sans assistance. Sur neufs participants (dont Bernard Moitessier sur son célèbre Joshua, qui décidera de poursuivre son tour du monde jusque Tahiti et d'abandonner la course et la philosophie commerciale de l'événement, malgré un excellent positionnement), un seul finira la course. Ce sera le skipper de Suhaili, un ancien officier de la marine marchande, (Sir) Robin Knox-Johnston, qui remportera les honneurs après une navigation de 312 jours sur son ketch en bois de trente deux pieds.

Cinquante ans plus tard, le défi est remis à l'eau au départ des Sables d'Olonne et relevé en 100 jours de moins que son prédécesseur.


“But man is not made for defeat," he said. "A man can be destroyed but not defeated.” (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
© Photos www.goldengloblerace.com
Une compétition à la voile pas comme les autres également, car, si elle bannit tout système de positionnement moderne, elle permet aux participants par contre, contrairement à toutes ses consoeurs, l'utilisation du moteur (sauf dans les derniers 250 milles avant l'arrivée et avec un maximum de 160 litres de carburant).
Enfin, la Golden Globe Race représente également une course à petit budget (enfin... tout est relatif) puisque l'investissement minimum nécessaire pour les navires y participant débute à 50.000€. Une compétition parfaitement possible sans l'aide de mécènes. Par contre, une goutte dans un océan comparé au minimum des 5 millions d'euros nécessaires pour les IMOCAs, vivant entièrement du sponsoring.

Sept Fois Alpiniste
“Now is no time to think of what you do not have. Think of what you can do with that there is. ” (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
Dans le Pacifique, les vents montent à 65 noeuds et les vagues à plus de 11 mètres. Dans la tempête, le bateau enfourne puis se retourne. C'est le chavirage. Le skipper de Matmut s'en sort sans avaries ni blessures majeures, dans une cabine sans dessus-dessous. Mais les bas-haubans sont endommagés et le mât fortement fragilisé. Il faudra à Jean-Luc Van Den Heede pas moins de sept ascensions-grimpettes dans le mât pour effectuer les observations et réparations de fortune avec les moyens du bord, au lieu de se détourner vers Valparaiso (Chili) pour une remise en état plus durable. Il prend ainsi le pari de ne pas demander d'assistance et de poursuivre sa route vers sa destination d'origine. Ce qui implique de passer à travers une nouvelle tempête, mais sur un navire endommagé cette fois. En naviguant au portant, il tentera une route évitant de nouvelles avaries. Il gagnera son pari en arrivant vainqueur aux Sables d'Olonnes le 29 janvier 2019 après un périple en solo de 27.433 milles nautiques.
© Photos - Loïc Madeline (publication Voiles & Voiliers)  & www.goldengloblerace.com
La volonté d'un homme seul face à la mer et à lui-même. Sa proximité de la nature et sa capacité à l'apprivoiser pour parvenir à se positionner en mer sans instruments modernes. Sa ténacité à affronter l'imprévu et une prise de risque raisonnée grâce à sa longue expérience de marin. Le skipper compte en effet six tours du monde en solitaire à son journal de bord et dix passages du Horn dans les deux sens.
Cependant, la course n'est pas finie. Et tous les autres participants méritent tout autant l'admiration. Alors, si le défi vous tente, suivez-la donc sur le site officiel :  https://goldengloberace.com.

La preuve que le nombre de bougies sur un gâteau d'anniversaire ne représente pas nécessairement une entrave aux rêves les plus fous... Et en particulier si vous faites partie de ces personnes d'âge mûr : si, si , si... Je vous assure que vos rides, vos cheveux blancs ou votre barbe argentée font de vous un charmant (futur) héros !

Je vous souhaite un excellent dimanche.
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La Mer est Ronde

27/1/2019

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Le Père Noël m'a apporté cette année trois magnifiques livres de mer que je souhaitais lire depuis de longues années... Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager le premier que je viens de terminer et que j'ai adoré (merci petit papa Noël ! ) : "La Mer est Ronde" de Jean-François Deniau.

L'auteur
Jean-François Deniau (1928 - 2007) est un homme de culture et de société. Diplômé de la prestigieuse ENA, sa carrière compte à ses galons une variété impressionnante de rôles : en politique, économie, négociation de traités européens, ambassadeur de France en Mauritanie et Espagne durant des périodes critiques pour la démocratie, ministre (pas moins de six fois), missions humanitaires dans des zones à haut risque (Liban, Bosnie... ) et membre de l'Académie française.

De tous temps, il n'a jamais cessé de naviguer et d'écrire. Elu à l'Académie de Marine en remplacement d'Eric Tabarly, il fonde ainsi le groupe des "Ecrivains de Marine", ce qui lui vaudra le Grand Prix de la Mer. Il est également membre du comité d'honneur de la Maison internationale des poètes et des écrivains de Saint Malo.

Marin passionné, il parvient - à mon sens - à refléter la vie en mer de manière à la fois humble et réaliste. Couvrant la complexité et la vaste étentude des domaines que la navigation comporte. Technique mais juste pas trop. Et avec un style narratoire bourré de dérision de soi. Tout pour me plaire.

© Photos - Rêvesdemarins & Wikipedia

L'ouvrage n'est pas neuf puisqu'il date déjà de 1975 (hé oui... j'ai été particulièrement lente à me le procurer... ). Il délivre une description réaliste, et particulièrement amusante des détails techniques mais aussi les plus loufoques d'une navigation et de la vie des marins (en mer ou en escale), où chaque amateur ou professionnel se retrouvera. Et pour les néophytes, il leur donnera certainement l'envie de tenter l'aventure de la mer.

De la fièvre du choix du voilier aux joies du chantier, en passant par la frénésie des préparatifs de départ puis le casse-tête chinois que représente le rangement du matériel dans un voilier, une fois l'inventaire prêt à y rentrer. Des cartes marines aux instructions nautiques, de la navigation aux étoiles et de ses aléas. Des joies de l'ancrage, au mauvais caractère du moteur, des facéties de la mécanique, au plaisir de l'ajustement des voiles et du domptage du vent. L'auteur n'y laisse rien pour compte en y abordant tous les aspects de la navigation, avec, en tout temps, une touche de dérision et de sarcasme : équipages, femmes à bord, superstitions, gros temps, croisière touristique, survie, avitaillement et cuisine à bord, bouts et noeuds marins, bibliothèque de bord, course au large, plaisirs de l'escale, formalités administratives portuaires (cela sent le vécu ! ), fortunes de mer, rencontres, pied marin et mal de mer, solitude à la barre en quart de nuit, jusqu'aux prières et chansons de marins. Sans oublier une succulente esquisse des divers océans et mers de ce monde et des anecdotes délectables.

Bref, de quoi vous sustenter généreusement sans pourtant vous donner d'indigestion. Alors, vous en trouverez quelques extraits ci-après, histoire de vous mettre l'eau (salée) à la bouche.


Le Cercle de la Mer
La mer, c'est 360° d'horizon. Un cercle. Là où l'on ne voit plus le début ni la fin. Le sentiment d'infini, de petitesse et de grandeur à la fois. C'est ce sentiment-là - magique - , que j'ai souhaité ressentir en transatlantique l'année passée.
"Dans toute traversée, c'est ce qui frappe d'abord et la première impression, qui est la bonne, se retrouve aussi être la dernière : le sentiment physique, parfois, jusqu'à l'oppression, du cercle absolu, sans faille, mathématique, qui vous entoure 24 heures sur 24 et se déplace avec vous. C'est ce qui fait que la longue traversée n'a rien à voir, mais rien à voir avec la régate ou la croisière. Dans toute évocation magique, l'opérateur commence par tracer un cercle. Seule la longue traversée est magique. Seule, elle est création d'un monde..." (JF. Deniau, La Mer est Ronde)

Mécaniques taquines
Un petit extrait, pour ceux surtout, qui comme moi, apprécient un peu de confort pour certaines exigences de la chair. Je ne peux m'empêcher de rire (après coup) en me souvenant de moments épiques en mer sur un bateau destiné aux activités de course... et non de cour... Je suis certaine que la majorité des navigatrices amateurs (on ne s'appelle pas toutes Florence Arthaud ou Ellen Mc Arthur... ) partageront ces souvenirs.
"D'abord, il faut essayer de faire sa paix avec les divers engins mécaniques, en sachant qu'il n'y a jamais de paix, seulement des armistices (...). Autre mécanique à bord plus diabolique encore : les W.C. Leur utilisation et leur maniement exigent une sorte de conférence de presse au début de chaque croisière. Il faut reconnaître que la coordination de deux ou trois manettes et volants quasi inaccessibles et d'un ou deux leviers à placer en positions diverses dépasse l'entendement d'une passagère moyenne. Il y a parfois un mode d'emploi sur une petite plaque. En se mettant à quatre pattes sur le plancher, on a une chance de pouvoir le lire, certainement pas de le comprendre. Et pourtant, on ne peut pas envoyer tout le monde dans les haubans ou sur le balcon arrière, même si cela fait vieux loup de mer aux Glénans. " (JF. Deniau, La Mer est ronde)

Naviguer de Nuit
La nuit, tout devient différent. Les sens s'aiguisent. Les corps se tendent. Et l'imagination s'emballe. Et en mer encore bien plus qu'à terre. Et puis, tout y devient à la fois immensément envoûtant et mystérieux.
"Et l'oreille ! Son règne commence. S'il fait beau, le bruit de l'eau contre la coque est une soie qu'on déchire. S'il vente, c'est le plain-chant de la mer qui s'élève. Une écoute qui bat, une voile qui faseille, une drisse qui claque. Vent arrière, c'est l'orchestre avec les stridences du vent et la basse continue de la mer qui roule sur elle-même. Vent debout, c'est le vacarme, tout craque et gémit, mais chaque craquement porte un nom. Ceux qui croient que la voile, c'est le silence, n'ont jamais navigué à la voile. " (JF. Deniau, La Mer est ronde)

J'espère que ce petit billet vous aura convaincu de vous précipiter chez votre libraire (ou l'occasion de se revoir) pour découvrir cet ouvrage succulent. Une excellente occupation pour ce WE pluvieux !

Je vous souhaite un dimanche de lecture, relax, bien au chaud.
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L'Alchimiste

20/1/2019

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Janvier. Il neige sur la ville aux mille tours. Le Pont Charles (Karluv Most) est encore désert, immaculé sous les flocons à cette heure, avant que la horde de touristes ne le noircisse de monde. De l'autre côté du fleuve se dresse fièrement le château. Le long de ses remparts s'y étire la ruelle d’Or et ses maisonnettes colorées. Construite, selon la légende, sur ordre de l’empereur Rodolphe II, un passionné de sciences occultes et d’arts ésotériques au XVIème siècle, elle y aurait abrité les alchimistes chargés de trouver la pierre philosophale permettant de changer le plomb en or et l’élixir de vie... Je vous emmène ce dimanche faire un voyage dans le passé de la romantique et très mystérieuse Prague.

La Ville des Fables
Les contes et légendes font partie intégrante de Praha. Partout où l'on pose le pied dans la cité tchèque, les vieilles pierres transpirent le mystère, la sorcellerie et l'occulte. Jusqu'aux enseignes des maisons, faute de numérotation jusqu'au XVIIIe siècle, qui portaient pour nom des signes dignes d'une fable de Jean De Lafontaine : le renard bleu, le lion d'or, la chaussure blanche, le raisin d'or, la licorne, les trois violons, l'arbre d'or, le soleil noir, la grenouille verte et bien d’autres encore.
© Photos - Rêvesdemarins
Chat noirs, magie noire... La cité regorge d’animaux les plus inattendus. Les frontons des bâtisses rivalisent d’imagination lorsqu’il s’agit de nommer leur huis d’un animal fantastique. Et en plus des chats noirs et autres reptiles en bocaux ou singes, compagnons (d’expérimentation) des maîtres alchimistes, j’y ai croisé ragondins, cygnes et même ours polaire (à mon avis, il s’était perdu celui-là...) !
© Photos - Rêvesdemarins

Festin médiéval
Mon premier souvenir culinaire de Prague m’avait laissée un peu sur ma faim. Mais ma seconde tentative de goûter à la gastronomie tchèque ne m’a pas déçue par contre (à condition de ne pas être végétarien ni trop regardant sur sa ligne). Travers de porc fondants, pain au goulash, volaille ou gibier rehaussé de raifort aux pommes (si, si, la combinaison est réussie), sans oublier les fameux pretzels locaux croquants ou les pains d’épices et une bonne rasée d'absinthe pour arrondir le tout. Une condition : oser la gargote du coin où la carte reste résolument un mystère en langue locale ou se décline en traductions anglaises ou allemandes pour le moins farfelues (celles en russe me demeurant un Code de Da Vinci tout aussi complexe à décrypter que la tchèque). En outre, comme la cité se révèle une incroyable machine à remonter le temps, j’ai résolument tenté un voyage vers le Moyen-Age en terminant mon séjour par un repas médiéval dans une cave chaleureuse sous l’oeil bienveillant du chevalier en armure aux pieds pointus gardant l’entrée et aux réserves bien arrosées : hydromel et alcool de prune local à la lueur des bougies, concert de ménestrels du pays en prime. Un festin !
© Photos - Rêvesdemarins & Wikipedia

Cité légendaire et de Légendes
Les mythes et contes font partie intégrante de Prague. A chaque coin de rue, on risque de se retrouver nez à nez avec l'un de leurs personnages ! (Surtout en hiver lors de averses de neige ou du brouillard local qui reflète parfaitement bien l'ambiance fantasmagorique de la cité. ) Pour n'en mentionner que quelque uns : la légende de St Jean Népomucène, le patron des bateliers, ponts et toute autre personne ayant un quelconque rapport avec l'eau. Ou encore celle du Golem (un être fait de vase et d'argile ayant reçu la vie pour agir comme protecteur des Juifs de la cité contre les pogroms), le Templier sans tête, le Poilu, les Gnômes du château, Laura sans tête, l'Homme de fer, le Squelette de la colline, le Bébé du pont Charles, le Barbier Fou, le Marchand Obèse ou encore le Canal du Diable... Sans oublier la fameuse légende du docteur Faust, qui adepte de magie noire, au XVIe siècle, aurait vendu son âme au diable en échange du secret de l'amour et de la jeunesse éternelle. Bref, on ne s'ennuie guère à Prague.   
© Photos - Rêvesdemarins

Les Artisans du Temps
Si le temps semble s’être figé aux siècles passés dans la vieille ville, les horloges, elles continuent inlassablement d’y tourner... Rouages, aiguilles, contrepoids et mécanismes complexes d’horlogerie passionnent les artisans du temps. Réminiscence d’une ancienne invasion helvétique ? L'horloge astronomique (en réalité un astrolabe sensé montrer la position des astres célestes), date de 1410 et est toujours fonctionnelle. Et lorsque toutes les cloches de la cité se mettent en branle pour sonner le méridien sur ordre de l'horloge, on se croirait au Vatican un jour de Pâques. Qui dit méridien, dit astronomie. Et qui dit temps dit... astrologie.

​Copernic,
Galilée et Kepler. Des noms qui résonnent toujours de nos jours. Tous ont travaillé à Prague. Et puis, un quatrième larron - Tycho Brahé, Tyge Brah de son nom danois - moins connu que ses illustres contemporains. Pourtant, à l’aide de quadrants (ancêtres du sextant) et systèmes de miroirs complexes, bien avant l’avènement du télescope, le mathématicien de la cour fut le premier à observer une supernova et à permettre la découverte des lois fondamentales du mouvement des corps célestes. Il est considéré comme le plus grand astronome du XVIe siècle. La légende raconte qu’il portait un nez en or, suite à une blessure encourue lors d’un duel. En 1601, il meurt subitement à la table de son mécène, l’empereur Rodolphe II, roi de Bohême et de Prague, dans des circonstances étranges faisant penser à un empoisonnement par des métaux lourds. Un geste de la part d’un rival astronome ? Des recherches et une exhumation en 2010 dévoileront un décès naturel coupant court aux spéculations d’intrigues de meurtre, à la légende, ainsi qu’à la nature de sa prothèse nasale, en réalité faite de cuivre/zinc. Le scientifique repose aujourd’hui dans l’église de Tyn, dont les deux flèches pointent vers le ciel en hommage à ses travaux sur la voûte céleste.
© Photos - Rêvesdemarins
L'empeur Rodolphe II, passionné de culture et de sciences, promeut un essor culturel sans précédent à la ville sortant d’une longue période de stagnation. Il possède une collection sans pareil d'oeuvres d'art. En en faisant le lieu de destination préféré d’intellectuels, scientifiques et d'artistes célèbres de l'époque, il lui vaudra le titre d’ « Âge d’Or ». Le peintre italien Giuseppe Arcimboldo (vous savez, ce peintre de tableaux souvent composés de fleurs, fruits et légumes), se risquera même à faire un portait de l’empereur lui-même sous les traits d'un jardinier. L’assemblage ingénieux de fleurs, de fruits et de légumes qu’on y voit à première vue se transforme ainsi sous un œil averti en Vertumne - un Dieu multiforme représentant les quatre saisons et surtout protecteur de l'alchimie... Ce qui nous amène au thème de ce billet...

L'Alchimiste des Sens
En plus de scientifiques, philosophes et savants, l'empereur Rodolphe II de Habsbourg s'est entouré de mages, astrologues et alchimistes. John Dee en fait partie. Dee est un mathématicien, géographe, astronome et astrologue britannique réputé pour ses connaissances en navigation, ayant lui-même formé toute une série d'équipages qui dirigèrent les grandes explorations et expéditions britanniques.  Dee a collaboré avec Gerardus Mercator et possède une importante collection de cartes, globes et instruments astronomiques. Il invente des instruments et des techniques de navigation spécifiques pour la navigation polaire. John Dee aurait, dit-on, servi de modèle d'inspiration à William Shakespeare pour le personnage de Prospero dans sa pièce "La Tempête".

Ces équipes de savants ont pour mission de décrypter les mystères de la création et de découvrir les secrets de l'invisible. La légende raconte qu'ils habitent "la ruelle d'or", en référence à leurs travaux ésotériques, aux abords du château de Prague, pour y réaliser leurs travaux en toute discrétion. En réalité, la rue aux petites maisons colorées, est habitée à l'époque par les domestiques du château, puis la garnison et ensuite des orfèvres, d'où l'origine de son nom.

John Dee est conseiller de la reine Elisabeth d'Angleterre. Il part donc en mission en Europe au service de Rodolphe. Mais s'il est un expert en navigation, ses dons en matière d'alchimie ne font de lui qu'un charlatan notoire. Il  doit s'enfuir de la cour avec bon nombre de ses collègues alchimistes (et pour la plupart escrocs), par peur de la persécution.

Son assistant, un certain Edward Kelley (alias Talbot), plus habile, devient magicien en titre de la cour en prodiguant à l'empereur un "Elixir Vitae" (Elixir de Vie), dont ce dernier se trouve tout à fait satisfait. Kelly prétend également avoir trouvé le secret de la transmutation des métaux en or via le biais d'une poudre secrète... Il affirme aussi pouvoir entrer en contact avec des anges par l'intermédiaire d'une boule de cristal. Cependant, ses recherches durent trop longtemps pour la patience du souverain et Kelley est mis en geôle. Ses secrets meurent avec leur père spirituel, lorsque l'alchimiste tente de s'échapper de prison, sans que le secret soit jamais révélé à ce jour...

Faust pensait avoir obtenu le secret de la longévité et de l'amour en vendant son âme au diable...

« Comment donc cet autre dans mes bras peut-il savoir, sentir à ce point, lire en moi ce que ma nature et mon coeur réclament au plus profond sans même que je le sache moi-même? Ne sommes-nous donc que vulgaire conquérant et naïve conquête parmi mille autres ? Serait-il possible qu’un homme de sagesse, comme il prétend l’être, possède cet extraordinaire don ? Ou serait-ce de la vanité que d’oser espérer être celui-là même à l’origine de l’inspiration de sa secrète science ? Et serait-ce de la folie que d’oser espérer être celui-là même qui fasse de lui cet incroyable Alchimiste des Sens ? »
(P. M. )
© Photos - Rêvesdemarins

Enfin, des notes de musique, polkas de Bohème, airs aux consonances tziganes et vieux chants folks retentissent dans les auberges ou au coin des ruelles et de ses musiciens ambulants. Les fantômes de Dvoràk, Smetana et Janacek rôdent dans la cité et le long des rives de la magique Vltava. Tout pour me charmer...
© Photos - Rêvesdemarins

Si je n'y ai pas découvert le secret de la pierre philosophale, de la création de l'or ou de l'élixir de vie, j'y ai par contre revu une ville au charme fou, que je ne peux que conseiller de découvrir malgré le froid de canard en hiver (ce qui expique peut-être la présence de l'ours polaire... ). Saison qui, par contre, compense et réduit considérablement le nombre de touristes.

Alors, si entre-temps, vous trouvez le secret des alchimistes, faites-moi signe ! Un excellent dimanche à tous.

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Radio Bolo

6/1/2019

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Hello again chers lecteurs. Premier billet de l'année. Donc... Bonne année à tous !!! 
Que diriez-vous de débuter la série des billets de 2019 par une petite devinette ?

"Quel est le point commun entre un plat de spaghetti et votre poste de radio ? "


Les Mille Arcades
Alors, ce point commun ? Vous l'avez trouvé ? Serait-ce l'ondulation et la ligne de leurs courbes ? Le plaisir qu'ils procurent ? L'indigestion lorsqu'on en a trop abusé ? Bon, je vous donne un indice...
Tout débute un matin ensoleillé en Emilie-Romagne (entre la plaine du Pô et les Appenins), dans la cité dont la plupart se souviennent du nom seulement lorsqu'il s'agit de l'évoquer dans leur assiette de pâtes... (Et moi, la première... ).

Fondée par les Etrusques au 6e siècle avant JC, la ville jouit au cours des siècles d'une réputation de sciences et connaissances hors du commun qui lui vaudra son surnom de "La Dotta" (la Savante), comptant la plus ancienne université du monde occidental (érigée en 1088). S'y succèderont au fil des siècles, des personnages plus brillants les uns que les autres, dont les philosophes et écrivains Pétrarque, Dante Alieghieri, Umberto Eco, les musiciens Farinelli, Respighi et le scientifique Luigi Galvani et bien d'autres... La cité se couvrira de toits aux tuiles rouges qui lui vaudront son second surnom "la Rossa" (en plus de ses inclinaisons politiques) et d'innombrables tours. La ville se dotera également de portiques magnifiques et pas moins de 38 km de galeries couvertes d'arcades reliant les bâtiments du centre historique. Pas besoin de parapluie pour sy' promener !  Sans oublier sa fameuse tradition culinaire (qui lui vaudra son troisième surnom "la Grassa") et son inmanquable "spaghetti al ragu".
© Photos - Rêvesdemarins

De Fil en Ondes...
Toujours pas trouvé ce point commun ? Mmm... Allons bon, je vous aide : qui dit spaghetti, dit pâtes et par association, maccheroni... Qui dit maccheroni, dit... Marconi... Et tous deux sont des purs originaires de ... Bologne.
Revenons ainsi à nos moutons et retrouvons un de ces fameux personnages qui ont fait sa renommée. Nous sommes en décembre 1894, dans le grenier d'une de ces magnifiques demeures aux couleurs chatoyantes. L'homme passionné en électricité pousse un "hip hip hip hourra" (ou plutôt... "evviva " en langue locale) retentissant. Voici des mois qu'il travaille à des recherches sur un mode de communication sans fil en se basant sur les travaux déjà réalisés par d'autres scientifiques tels que Samuel Morse, Thomas Edison, Nikola Tesla, Heinrich Hertz et Edouard Branly (l'inventeur du "cohéreur", un radioconducteur). Et ses efforts viennent enfin d'aboutir. En améliorant et combinant les réalisations de ses prédécesseurs, Guiglielmo Marconi parvient à réaliser une liaison radio à grande distance en télégraphie.

Le processus n'est pas encore parfaitement au point et nécessitera pas mal d'ajustements. Il réalisera ainsi une première liaison télégraphique de 24 km dans les Alpes suisses un an plus tard.  Mais à son grand dam, les autorités italiennes lui refusent le soutien et Guiglielmo décide de rallier la Grande-Bretagne pour y poursuivre ses recherches. Les Anglais puis les Américains auront plus d'estime pour les résultats de ses travaux. Il obtiendra alors un premier brevet pour son invention et fondera la société Marconi (à l'origine, nommée "Wireless Telegraph & Signal Company"). Nikola Tesla contestera d'ailleurs à plusieurs reprises la légitimité de sa découverte, clamant que les signaux radio ne sont qu'une autre fréquence nécessitant un émetteur et un récepteur. La US Patent Office américan finira par laisser le crédit de l'invention à Marconi.


En 1901, il réalise la première transmission radio transatlantique entre le Canada et les Cornouailles (Angleterre), ce qui lui vaut le prix Nobel en 1909, partagé avec Karl Ferdinand Braun.
© Photos - Wikipedia

Comment ça marche ?
Les ingénieurs en électro-techno-mécanique me pardonneront mon explication simpliste. La communication sans fil est rendue possible par la diffusion dans l’espace d’ondes électromagnétiques. On observe ainsi la transformation de la voix (dans le micro) en signal électrique vers un émetteur, qui le transforme à son tour en onde électromagnétique. Ces ondes passeront alors d'un émetteur vers un récepteur (par un système d'antennes) sur la surface de la Terre, en se reflétant sur des couches de l’atmosphère ("l'ionisphère") à une certaine vitesse. Les charges électriques dans l’ionosphère font effet de miroirs pour transporter les ondes vers le récepteur. Ensuite, à la réception, l’onde électromagnétique ainsi parvenue se remodulera en un signal électrique, qui redeviendra à son tour un signal sonore. Emetteurs et récepteurs comprennent diverses pièces permettant la diffusion des ondes (antenne, amplificateur, oscillateur, modulateur, haut-parleur... ), ou le filtrage des parasites du son. 

"Allo, A l'Eau..."
L'histoire de la radio et de la communication sans fil est donc une oeuvre collective, résultant des efforts combinés et successifs de divers hommes de science (ondes électromagnétiques, TSF, télégraphe... ). Ses applications seront multiples, mais c'est en mer qu'elle se révèlera rapidement comme le moyen par excellence de communication sans fil. La première usine de radios voit le jour en Angleterre, sur une commande de la flotte britannique, pour améliorer ses communications maritimes et la sécurité en mer.  La flotte française suivra. Lors de leurs fortunes de mer, c'est ainsi grâce à la radio que le Titanic et le République-Florida purent envoyer des messages de détresse permettant tout de même le sauvetage d'une partie de l'équipage.
Naufrage du Titanic.
« Tous ceux qui ont été sauvés l'ont été grâce à un homme, M. Marconi... et à sa merveilleuse invention »...

Qu'en est-il de la radio maritime de nos jours ? La communication par satellite (du type Iridium ou Inmarsat) a peu à peu conquis les ondes maritimes. Divers systèmes basés sur l'utilisation des ondes existent en parallèle et servent des bandes distinctes pour des utilisations diverses en matière de sécurité et communication en mer : VHF (very high frequency), Navtex, Navdat, radiotélégraphie, BLU marine, UHF, AIS... Même le Morse continue d'être utilisé dans quelques régions d'Afique du Nord, du Moyen-Orient, de Chine ou de Russie (Algérie, Irak, Kazakhstan, Koweït, Liban, Libye, Mauritanie, Ouzbékistan, Soudan, Yémen... ).

Un brevet de radiotélégraphiste (ou... , hé oui,
"Marconist" en néerlandais... ) est toujours exigé des navigateurs. Le système mondial de détresse et de sécurité en mer (SMDSM) coordonne la gestion des appels de détresse et opérations de secours en mer, telle que celle des canaux et procédures pour les cas de détresse, comme les fréquences 2182 kHz en MHF et canal 16 en VHF.

La bande métrique VHF maritime couvre de 156 à 162 MHz. Sa portée d'exploitation varie de 2 à 30 milles marins selon la puissance et la hauteur des antennes. La VHF portable, par contre, est limitée à une portée théorique de 3 à 9 milles selon le relief. Mais, toujours avoir une VHF portable à bord et surtout dans le cockpit n'est pas un luxe pour les navigateurs... Elle en vaut l'investissement. A bon entendeur salut.

D'ailleurs, pour revenir à notre introduction, la ville de Bologne, même si elle n'est pas portuaire, ne peut nier son lien certain avec la mer, jusqu'à dans son architecture citadine...
© Photos - Rêvesdemarins

Je vous laisse donc méditer les bienfaits de l'invention de Marconi, sur quelques airs de circonstance. Et qui sait, ce petit billet aura-t-il suscité chez vous l'envie de découvrir la ville d'où proviennent non seulement votre poste de radio ainsi que votre spaghetti ?

Et en prime, histoire de voir si vous connaissez encore votre code morse, voyons qui d'entre vous décryptera le message ci-après ? 

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L’Année du Lion

30/12/2018

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Et si nous nous en faisions un petit dernier avant la fin de l'année ? Et un dernier billet de l’année sans rétrospective ne serait pas un billet digne de ce nom. Alors, c’est parti. Et si les Chinois ne l’ont pas considéré digne de faire partie de leur calendrier astrologique, en y réfléchissant un peu, l’animal qui me semble avoir représenté le plus fidèlement cette année pour moi n’est autre que... le Roi des Animaux en personne.

J’ai Mangé du Lion
Pour changer un peu, 2018 a été une année bien remplie, dévorée à pleines dents.

  • Une année 2018 professionnelle déclinée en six projets majeurs chez trois clients combinés en parallèle. Et à chaque fois que je pensais prendre quelques semaines de farniente, un nouveau projet me tombait tout cuit (ou presque) dans les mains, en recommandation d’un client précédent. Difficile de refuser telle aubaine en tant qu'indépendant. Et lorsque je pense en être à ma dernière mission de l'année, un nouveau client me demande de débuter chez eux encore mi-décembre... De quoi devrais-je me plaindre ? Un agenda avec des pics en dents de scie dans mes horaires. Mais pour une fois, entrecoupé de quelques périodes de congé. J’ai dit « congé », pas nécessairement « repos »... Encore un mot que je n’ai pas encore réussi à assimiler dans mon vocabulaire courant. Je le retiens puis je l’oublie bien vite... Et hop, une première bonne résolution pour 2019 : apprendre à me reposer !
  • Le Festival de la Mer de Bruxelles 2018 (dont je vous reparlerai très bientôt), voit aussi mes tout premiers essais en tant qu’hôtesse commerciale pour le magazine où je suis journaliste. Résultat ? Je remets cela le mois prochain (ils doivent vraiment être désespérés pour prendre une fille en jeans, pull marin et chaussures de voile en lieu de mini-jupe, décolleté plongeant et talons aiguilles ;-)).
  • Juin 2018 me permet une seconde participation au Festival Musiq3 à Flagey comme concertiste amateur avec une violoncelliste et une flûtiste. Et puisqu'on dit "jamais deux sans trois", nous comptons bien nous y faire inviter une troisième fois si possible.
  • L'été 2018 est riche en voyages : de magnifiques escapades en montagne dans les Dolomites en famille. L’exploration des Îles éoliennes et ses volcans ainsi qu' un retour en Sicile et ses vieilles pierres, du soleil plein la vue.
  • Entre-temps, un WE à Londres en famille, une visite à Greenwich et à mon peintre de marine préféré.
  • Sans oublier les dizaines de levers et couchers de soleil incroyables, les rencontres inopinées avec la nature et des tas d’autres bons moments avec mes proches dont je me garde les détails... Tout cela sans ennuis de santé ni autres dignes d'être narrés ici. Bref, une année sous un relativement bon signe.
© Photos - Rêvesdemarins

Cela navigue les Lions ?
Et la voile dans tout cela ?!? Me direz-vous...

Peu de voile en termes de fréquence en 2018. Pas de nav en Mer du Nord. Juste des réunions à la côte belge. Pas encore le temps matériel non plus pour étudier ni passer mes examens de Yachtman comme j'en avais fais le voeu au départ. Mais tout de même la réalisation de quelques mémorables projets marins :
  • Le baptême (mon premier ! ) d’un bateau-bolide. Une très chouette expérience à refaire - personne n'a envie de faire construire un voilier bientôt, mmm ??
  • Ensuite, c'est bien à la voile que nous avons évolué autour du Stromboli et autres volcans endormis (euh, pas si somnolants que cela, en fait... ), pour du cabotage tranquille dans des paysages féériques, sous fumerolles et teintes chatoyantes, avec une température de l'eau à 28°C (en compagnie de très jolies méduses... ).
  • Enfin, une rencontre du troisième type à Nieuport lors d'un passage en hâte pour y glaner quelques photos de la mer entre les diverses obligations locales, qui m'a fait fondre de tendresse (visez-moi ce regard... ).
© Photos - Rêvesdemarins

La Part du Lion (de mer... )
Cependant, la part du lion (de mer... ) de cette année revient à la découverte d'un continent à demi-englouti qui m'a complètement ensorcelée : les Açores. Une région où je rêve de retourner, n'en ayant exploré qu'une infime partie. Un voyage au centre de la mer, au centre de moi-même aussi... Avec un coeur de lionceau...

Un coeur de lionceau parce qu'il y a encore beaucoup de choses à apprendre dans la savane marine. Qu'on y est dépendant des éléments et de la nature et que mon premier essai de demi-Transtlantique à la voile a été contrecarré par un estomac et surtout une météo capricieuse obligeant tout l'équipage à faire halte et reporter la traversée. Un coeur de lionceau parce que je n'ai pas voulu rester sur une note triste et que j'ai pris l'occasion au bond lorsqu'elle s'est présentée de repartir faire un nouvel essai, le coeur serré, quelques mois plus tard dans de meilleures conditions, avec succès cette fois. Et la satisfaction d'avoir grandi un peu (juste au figuré... ) sous la protection de la horde des autres lions de mer. Un coeur de lionceau, parce que ce genre d'expérience nous montre notre vraie nature, nos limites mais également nos ressources insoupçonnées.
© Photos - Rêvesdemarins

Quoi de neuf pour l’an dix-neuf ?
D'abord, revoir et passer un peu plus de temps de qualité avec ceux qui me sont chers. Reprendre les dialogues interrompus, en recréer là où ils se sont perdus. Ces amis ou membres de la famille que nos vies m’empêchent de voir à ma guise que ce soit aux quatre coins du monde ou tout simplement à quelques kilomètres de chez moi. A commencer par un WE à Prague avec ma chère filleule. Et une visite à mon filleul Viking à coup sûr ! Une escapade en visite chez des amis de longue date : qu'elle soit bulgare à la Mer Noire, écossaise  dans les Highlands en bordure de Skye, normande au Crotoy ou pyrénéenne à Carcassonne ? Une visite à Vienne, au château de Reinhardstein, aux Grandes Marées à St Malo ?  Et pourquoi pas enfin une navigation à la voile un peu plus au Nord... ? Qui sait également, l'édition d’un livre de contes pour enfants à illustrer par un ami artiste ? Des reportages pour l'ébauche d'un nouvel article journalistique, à Venise avant qu'elle ne soit submergée par le tourisme de masse et à Paris pour découvrir les collections de cartes marines de la BNF ? La wishlist est longue. 

2019 continuera en tout cas sur sa lancée avec au moins un train-train qui en rythmera les mois : mon autre job à l'hôpital, tellement bénéfique pour mon équilibre moral (et physique), le journalisme chez Yachting Sud, la musique et le blog du dimanche... Et puis, de la voile, s'il vous plaît... De la belle voile... Tant que possible. Peu de voyages ou navigations planifiés encore, mais il ne s'agit que d'une question de temps. Sans oublier de laisser quelques plages de libres pour un peu de travail pour ce nouveau client et ses projets passionnants vers une énergie plus verte...


Sous Quel Signe Sera 2019 ?
De quel animal sera donc votre année 2019 ?

​Je la souhaite du dauphin, de la baleine ou du poisson volant aux marins avec des navigations fabuleuses ! Du condor, du lama ou du Yéti aux fans de grimpette et grands espaces. Ou encore du mouton ou du chat pour les amoureux d’une année paisible et douillette.

Quant à moi, il y a quelques chances que 2019 devienne peut-être l’Année de l’Ours... En vue d'un voyage un peu particulier prévu début d'été, histoire de célébrer mon demi-siècle de manière originale (merci Z, I cannot wait to go ! ). Un périple pour lequel j’ai reçu ce Noël un présent tout aussi particulier (un bonnet extra chaud, une écharpe et des gants thermiques, cadeau logique pour partir en plein été, non ? ! ). Mais, patience... Je vous en dévoilerai plus dans quelques mois.

Je terminerai sur une note canaille avec ces quelques animaux bien repus (message subliminal pour les festoyeurs invétérés de cette période de fin d'année).

Mes "Trois Lurons", ces partycrashers de l'année passée (vous vous souvenez : Bronchus, Toussotus et Crachus ? ) campent chez moi à l'improviste depuis le 24 décembre avec leur copain Grippus. cette fois... En outre, l’année du lion n’en finissant que dans deux jours, je m’en vais donc faire ce que les lions font le mieux, à savoir : dormir !

Je vous espère une année 2019 à rugir de plaisir et - ce sera mon unique vœu, de tout coeur - une bonne santé !
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Le Renardeau à l’Anneau d’Or

23/12/2018

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Dimanche passé, je vous dévoilais quelques sources d’inspiration de ce blog. Ce WE, je vous propose un récit inspiré d’une série TV belge de ma jeunesse, lui-même illustrant un roman de Nelly Kristink, dont certains se souviendront peut-être.

Les traditions ayant la cote dans ma famille. Et le 25 décembre approchant à grands pas, alors c’est parti pour un petit Conte de Noël. Et puis tout le monde sait que les contes, c’est aussi écrit pour les grands :-).

Et pour se faire, je vous emmène aujourd’hui dans mon cher pays des Hautes Fagnes... Et plus précisément à Ovifat, près de Waimes (Robertville) sur la route de l’Allemagne. Un endroit en pleine nature, où se dresse un château médiéval aux allures quelque peu germaniques, qui me fascinait dans mon enfance et où la petite fille que j’étais rêvait en secret de se marier un jour à la lueur de cierges et flambeaux, avec un prince charmant dans la minuscule chapelle vieille de sept siècles aux bancs de bois. Depuis lors, le château a été rénové; j’ai grandi (juste un peu...); et les armoiries de mon prince charmant sont finalement devenues des ancres et vagues en lieu d’estocs et sapins, bien loin du pays de Renastène (nom wallon pour « Reinhardstein »), que j’aime à nommer comme le pays des Renards des Fagnes. Cependant, l’endroit n’a jamais cessé de titiller mon imagination.

Il était une fois un château au fin fond des Fagnes...
Picture
La neige tombe à gros flocons sur la forêt. La bise chante dans les branches chauves et les aiguilles des sapins scintillent sous leur costume de givre. Le manteau blanc qui recouvre les collines et la glace ont étouffé les derniers murmures de la Warche, le ruisseau tout proche qui coule dans la vallée. Bien tapis au chaud au fond de son terrier, Kila se repose sur un lit de feuilles blotti près de sa fratrie. Leurs pelages roux et argentés se soulèvent doucement au rythme synchronisé de leurs respirations. À travers les branches de chênes centenaires, on peut apercevoir les tours du château de Reinhardstein et ses volets aux triangles colorés. Qu’il fait bon, bien à l’abri du vent glacial.
De la cheminée de pierre s’échappent d’odorantes effluves de la cuisine. Malgré la froidure et le vent, elles n’ont pas échappé aux petits goupils dont le terrier ne se trouve qu’à une centaine de mètres. Les alléchantes odeurs de viande viennent ainsi chatouiller leurs narines. Kila se relève. Il sort prudemment de la tanière. Il hume l’air hivernal. Il peut entendre des voix venant du château. Et ces parfums de délice... Il n’en faut pas plus pour attirer le renardeau vers la demeure des hommes.
© Photos - Armand Burguet
Kila se fraye un chemin à travers la neige. Très discrètement, il se glisse dans l’entrée. Le cuisinier vient de sortir prendre de la neige dans son grand chaudron de cuivre. Les deux mains prises, il laisse la porte entr’ouverte en rentrant dans la bâtisse. Kila en profite pour se faufiler à l’intérieur. Sur la longue table de chêne, des victuailles et des volailles fraîchement plumées. Il se cale dans un coin sombre en attendant que la voie se libère vers son butin. Après une longue attente, le cuisinier quitte enfin la pièce. Kila sort de sa cachette. Méticuleusement, il inspecte la pièce et s’empare d’une petite caille. Vite, il lui faut ressortir pour la ramener dans sa tanière et la partager avec sa famille. Les proies aisées sont rares durant cette saison dans la région.

Au moment de parvenir à la sortie, la porte s’entr’ouvre... Il est coincé, trop tard pour se dissimuler ! Il reste ainsi, pétrifié. De crainte, il laisse choir son butin de sa gueule. La silhouette  féminine qui vient d’entrer reste un instant sur place, étonnée de la rencontre et l'observe d’un air empreint de curiosité. Ses yeux, cernés de longs cils, sont d'un gris profond, ses cheveux couleur de l'ambre. A son cou, une chaîne d'or à laquelle pend un menu anneau. Elle porte une robe de jade sertie de broderies argentées le long des manches. Le renardeau reste un moment subjugé par les prunelles humaines qui le fixent. Ils se dévorent longuement des yeux sans pouvoir détourner leurs regards respectifs. Un long frisson les parcourt de la tête aux pieds (et pattes... ). Puis son instinct reprend le dessus et Kila s'enfuit dans l'embrasure de la porte. Il rentre ventre à terre, et ventre vide... rejoindre les siens, un peu penaud de sa déconvenue. Mais la nuit venue, Kila ne trouve pas le sommeil. Non seulement parce que la faim lui tenaille le ventre, mais bien plus encore par cette rencontre avec cette créature à la chevelure de feu, qui lui ressemble quelque peu. Il se promet alors de la retrouver, ainsi que son repas.

Une fois remise de sa surprise, la jeune fille s'accroupit. Elle ramasse la volaille délaissée par le renard et la dépose dans une besace qu'elle emporte avec elle. Le lendemain matin, Aël se lève aux aurores, s'habille en toute hâte alors que toute la maisonnée dort encore et se rend dans la forêt, bien emmitouflée dans un manteau de laine. Elle a pensé à Kila toute la nuit et s'est promise de lui rapporter la pitance qu'il a laissé choir lors de leur rencontre. Cette petite boule de poils roux l'a attendrie et elle espère bien la retrouver. Elle marche toute la journée dans la forêt, sans succès. Pas de trace du renardeau.  Alors, elle finit par déposer le contenu de sa sacoche dans un arbre creux. Qui sait, le renardeau la découvrira-t-elle... A la tombée de la nuit, Aël se décide à rebrousser chemin, dépitée de n'avoir pas retrouvé son ami. Elle a froid. Il fait sombre. Au loin, on entend des branches craquer. En réalité, Kila l'a suivie sans se faire remarquer. Il a débusqué la nourriture et ramenée à son terrier. Au moment de rentrer au château, la jeune fille aperçoit une silhouette à la longue queue touffue. Kila est là : il la regarde de ses grands yeux dorés. Elle croit percevoir un signe de sa tête, comme pour la remercier de lui avoir ramené son repas. Puis, il disparaît sous les branches gelées. Elle ne sait trop si elle a rêvé.
© Photos - Armand Burguet
Aël a décidé de rendre visite quotidiennement à son ami et de lui apporter de la nourriture. Elle revient donc à l'endroit où elle a vu Kila pour la dernière fois, et après quelques heures, il finit par apparaître. Au fur et à mesure de leurs rencontres, le renardeau semble moins farouche et finit par accepter de prendre les offrandes qu'elle lui fait, jusqu'à venir les chercher dans la main de la jeune châtelaine. Elle s'assied sur une pierre et parle à Kila. Il reste là, à distance, et la regarde de son air coquin et doux à la fois. Une amitié improbable s'installe entre les deux compères et grandit chaque jour un peu plus.

Mais, les années passent et la jeune femme atteint l'âge de se marier. Le comte de Waimes annonce un matin à sa fille qu'il a promis sa main à un noble gentilhomme aux coffres bien remplis et que leurs noces seront célébrées la semaine suivante, dans un royaume voisin. Une alliance avec sa famille sera parfaite pour étendre leur domaine et renforcer leur position. Elle doit donc préparer ses effets pour entamer le voyage vers sa future maisonnée. Aël est désespérée. Elle n'aime pas l'homme à qui elle est promise. Il pourrait être son père; il est très fortuné, il est vrai, mais c'est un homme dur et la chasse (au renard notamment) constitue son seul loisir. Et rien que pour cela, elle le déteste déjà sans même l'avoir jamais rencontré. En outre, quitter sa région lui perce le coeur. Mais, son père a parlé et ses ordres ne se discutent pas...

Alors, le soir précédant ses noces, alors que le soleil vient de se coucher, elle s'enfuit rejoindre son gentil goupil. En larmes, elle lui raconte son malheur. "Je ne te verrai plus jamais, mon ami... Mon futur époux va m'emmener dans ses contrées pour toujours... Oh, que je suis malheureuse... Si seulement, je pouvais toujours vivre avec toi, ici, dans mes Fagnes adorées... Toi, au moins, tu me comprends et tu m'aimes à ta façon". Kila la regarde de ses grands yeux brillants. Son regard est triste. Il semble comprendre ce qu'elle lui raconte et partager son chagrin. Pour la première fois, il s'approche alors d'elle et vient se coucher à ses pieds. Aël tente un geste inattendu : elle retire la chaîne d'or qui orne sa poitrine et l'enroule très délicatement au cou de l'animal. "Nous resterons toujours ensemble, mon doux renardeau. Je ne t'oublierai jamais. Et qui sait, cet anneau te protègera-t-il des chasseurs. " Un peu effrayé du geste, Kila recule subrepticement d'abord, puis finit par se laisser caresser et glisser l'anneau doré autour du collet. Puis, comme toutes les autres fois, il s'enfuit ensuite entre les arbres, ne laissant de lui qu'une trace dans la neige fraîchement tombée et une lueur dorée.

"Il n'est pas d'homme si sage qu'il ne commette parfois une sottise, ni de sot qui ne fasse aucun acte sensé". (Roman de Renart, Pierre de St Cloud, 1174)

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Le lendemain, le convoi nuptial se met en branle. Aël a beau scruter les rebords du chemin dans la forêt, pas de trace de Kila. Il a neigé toute la journée. Les chevaux sont épuisés de marcher dans la haute neige. Il fait à présent nuit noire et le brouillard est descendu dans la vallée. On n'y voit plus à deux mètres. Il faut faire une halte pour la nuit en espérant que la brume se lèvera le lendemain matin pour leur permettre de repartir. Le bois est trempé. Le feu ne prend pas. C'est alors que les loups se font entendre. D'abord des hurlements lointains, puis plus proches et enfin des grognements distincts. Aël et ses compagnons de route tremblent soudain. Autour d'eux, des petites lumières jaunes semblent s'allumer dans la nuit. Ils sont encerclés. Et soudain, c'est l'attaque. Impitoyable, surprenante, rapide. Les bêtes affamées ne font pas de quartier. Son futur époux est tué sur le coup. Les serviteurs suivent rapidement.

Aël parvient in extremis à s'enfuir. Elle court et court encore. Comme elle peut à travers la neige et les congères. Elle court sans s'arrêter, en direction de la vallée, sans se retourner. Derrière elle, le tumulte d'une bataille sans pitié. Elle sent une présence derrière elle. Ils vont la rattraper. Elle se sent perdue. Elle trébuche et tombe  face contre terre. Elle peut alors sentir une respiration sur son cou. Elle ferme les yeux. Elle attend le coup de grâce. Mais il ne vient pas. Le silence est retombé sur la forêt. Le brouillard se dissipe. Au lieu de la morsure de crocs, c'est la douceur d'une fourrure dont elle sent la présence sur sa peau. Les yeux embués, il lui semble décerner une teinte chaude dans la pénombre. En lieu de gris ou de noir, de l'ambre vif. Mais, les loups ne sont pas de cette teinte... Serait-ce le reflet de sa propre chevelure sur l'immaculé de la glace ? Elle repousse le poitrail animal qui se presse contre elle avec ses mains. Ses doigts rencontrent alors un métal froid. Malgré l' épouvante qui l'étreint de ce qu'elle va découvrir, elle ouvre les paupières, ne comprenant pas ce à quoi elle fait face. Elle tient dans sa main un anneau d'or... Son anneau d'or. Deux yeux de la même teinte que le métal la dévisagent d'un air narquois et immensément doux...

© Photos - Wikipedia & Weyrich
Et pour l'anecdote, le "renard" était autrefois le nom donné au registre où l'on consignait toutes les circonstances d'une navigation à l'estime, à la voile ? Il s'agissait d'un disque en bois ou cuivre reprenant les directions des vents (ou points cardinaux subdivisés en 16 ou 32 aires).  Chaque demi-heure (mesurée à l'origine à l'aide d'un sablier), le timonier ou le chef de quart reportait les différents caps suivis par le navire en plantant dans le trou correspondant une cheville prévue à cet effet.
Je vous souhaite de douces fêtes de Noël. Pour que, où que vous soyez, qu'il y ait toujours un petit renard qui veille sur vous, et vous aide à retrouver votre chemin lors de vos périples.  

Merry Christmas to all !

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L'Insoutenable Légèreté des Lettres

16/12/2018

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Déjà 136 billets...
Mes proches me demandent où je trouve les idées pour un article hebdomadaire. Et je ne sais quoi répondre. Alors, un tout petit billet ce dimanche pour y répartir.


Les Muses
Chaque jour amène son lot d’événements, de rencontres et d’émotions. Chaque nuit (surtout lorsqu'elle est blanche) se veut propice aux idées et aux rêves.

Ma liste d’idées se rallonge chaque jour, au fur et à mesure qu’elles me viennent à l’esprit. Certaines resteront des mois au stade d’un simple titre de billet. D’autres naissent d’une image, une photo prise que je voudrais décliner en récit. D’autres encore viennent dans les conversations ou les rencontres. Des textes du passé que je voudrais faire revivre. Ou encore l’envie de faire voyager des lecteurs potentiels vers de nouveaux horizons. Cette liste d’idées compte actuellement plus de quatre-vingts lignes dont je raye régulièrement certaines pour en rajouter de nouvelles.

Mes muses ? Il y en a de nombreuses. Certaines qui m'inspirent en particulier et me font donner le meilleur de moi-même, voire parfois me dépasser. Des anciennes, des actuelles, des récentes, des que j'avais presqu'oubliées et qui ressurgissent à la mémoire. Des proches, des inconnus, des célébrités... Et même de celles que je n'aime pas trop. Toute muse est bonne pour l'inspiration du moment qu'elle interpelle l'esprit.

Le temps, principalement, manque pour approfondir chaque thème, chaque sujet. Certains (la plupart d’ailleurs) me réclament des recherches, des lectures, l’appel à une certaine diversité de sources pour étayer certaines explications et éviter de raconter trop de bêtises. Et donc, dépendant de cette nécessité, les thèmes sont souvent choisis en fonction du nombre d’heures disponibles (et de mon état de fatigue) pour rédiger l’article du week-end.

"Une goutte d’encre dans un océan de lettres... "
Qu’en est-il de l’angoisse de la page blanche ? Bien entendu, moi aussi, je la connais. Mais, entre nous, il ne s’agit que d’un blog... Ni mon avenir, ni l’appréciation des autres, ni même ma réputation n’en dépendent. L’enjeu demeure simplement ma satisfaction personnelle d’avoir pu tenir ma promesse hebdomadaire de délivrer un billet régulier, et de qualité si possible. En fait, cela devient ainsi une sorte de jeu auquel je me prends et dont je me saoule quelque peu. Une manière de libérer le stress, les peurs, les émotions. Un moyen de partager des idées, de confronter des opinions. Une distraction avec les mots. Un peu comme on étale ses lettres au scrabble, moi j'étale mes idées à l'écran. Une goutte d’encre dans un océan de lettres.
© Photos - Rêvesdemarins

« A quoi bon écrire si l’on n’est pas lu ? »
Enfin, la raison d'écrire répond tout d'abord à un besoin ou une envie de coucher des mots  - et des photos - sur le papier (euh... l'écran). Mais - et il est  plus honnête de l'avouer - à quoi sert-il donc d'écrire si ce n'est pour ne pas être lu... Heureusement, un seul lecteur suffit à satisfaire ce besoin. Il n'est pas désagréable de susciter la curiosité ou l'intérêt chez les autres. Alors, chaque dimanche, je me dis qu'il y a probablement (je l'espère du moins) au moins une bonne âme, qui prend la peine de lire ce petit billet hebdomadaire. Merci à tous ces bons samaritains ! 

Sur ces quelques lettres insoutenablement légères, je vous souhaite un excellent dimanche de lecture.
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El Spónsor Pasa

9/12/2018

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La voile, une activité passionnante, mais coûteuse lorsque l’on souhaite en vivre. Sans le soutien financier d’un portefeuille bien garni, faire de la voile son métier demeure souvent une utopie. Les coûts d’entretien, de réparation et de transformation d’un voilier (même lorsqu’on exécute la plupart des travaux soi-même) dépassent fréquemment de bien loin les limites de la tirelire.

Restent alors plusieurs solutions.
  • Partager les frais à plusieurs co-propriétaires (cependant pas toujours évident à gérer car les vies changent et les priorités financières aussi... )
  • Louer son voilier une majeure partie de l’année (mais pas trop pratique pour en profiter soi-même lorsqu’on en a l’envie)
  • Squatter le voilier d’un milliardaire
  • Gagner le gros lot à la loterie... ???
Les voileux professionnels, ont heureusement découvert une autre poule aux œufs d’or : les sponsors.

La quête sans fin
Les voileux n’en ont jamais eu fini de poursuivre leur quête de mécènes. Toutes les grandes compétitions de voile le démontrent aujourd’hui plus que jamais. Au point que les journalistes en réfèrent au nom du sponsor plutôt que celui du bateau ou de son skipper. Ainsi Alex Thomson est devenu Hugo Boss, Tanguy De Lamotte - Initiatives Coeur ou encore Ben Ainslie - Emirates, Jaguar Land Rover ou Ineos (les sponsors ont varié selon les récents besoins du portefeuille)... Seuls les très grands sont demeurés immuablement dans l'histoire de la voile des héros qu'on appelle seulement par leur nom : Eric Tabarly, Robin Knox Johnston, Bernard Moitessier ou encore Ellen Mc Arthur...

Cela passe ou ça casse
Evidemment, les budgets nécessaires pour entretenir une écurie de voile sont gigantesques. Surtout lorsque l'on joue dans la ligue des Titans (Foilers, Trimarans, Ultims... ). D'ailleurs les sponsors sont souvent eux-mêmes des monstres financiers du monde économique et de l'industrie du luxe (Louis Vuitton, Rolex, AB Volvo... ). Et le risque de casse n'est pas qu'une simple clause théorique dans un contrat... Le dernier sponsor de l'America's cup (Ineos) n'a d’ailleurs pas hésité à injecter la coquette somme de 110 millions de GBP dans la prochaine coupe prévue pour 2021. Alors, gare à la casse... Lorsqu'on voit toutes les avaries des voiliers rien que dans la dernière Route du Rhum...

Un Volet se Ferme
Récemment, je vous racontais arriver en novembre en phase terminale de mission professionnelle après de longues semaines de travail intense. En réalité, la fin de cet ouvrage finalisait un projet long de presque trois ans et demi pour deux clients passionnants dans le secteur de l'énergie et de l'environnement. Et de plus, des mécènes de la voile ! Et voilà. C'est fait. Je viens d'arriver à cette phase qui apporte la satisfaction d'avoir mené une combinaison de missions ardues à bien avec succès. Le moment idéal pour un peu de repos avant de nouveaux projets et clients. Je devrais donc logiquement me réjouir. Et pourtant... En réalité, le sentiment de manque soudain l'emporte sur celui de l'allégresse. Bizarre. Le deuil de bons moments ? La crainte du vide? Ou celle de l’inconnu ? Pourtant la gestion du changement et la variation font justement partie intégrante de ce quotidien qui me plaît et que j’ai choisi. Alors pourquoi ?
© Photos - America’s cup - Route du Rhum official photographers
La raison ? Je l'avoue : probablement parce que, contrairement à d'autres qui l'envisagent comme une sorte de jeu et leur font monter l'adrénaline, je n'aime pas cette phase récurrente de recherche d'un nouveau sponsor. La vente me pèse et encore bien plus lorsque le produit à vanter les mérites est ma propre personne. (Je vous rassure, mon budget de sponsoring est bien plus modeste que celui de Ben Ainslie... ). Mais on n'a rien sans rien... Je n'ai ni le(s) charme(s) ni le talent d'une Florence Arthaud pour décrocher un sponsor sans trop d'efforts. Alors, je me suis remise en quête avec énergie. Et je remercie mes anciens clients pour leurs recommandations lors de ces démarches ainsi que mes quelques coachs informels pour leurs judicieux conseils.
© Photos - Rêvesdemarins
Un volet se ferme. Une page de mon histoire se tourne. Mais une autre fenêtre va, qui sait, très bientôt s'ouvrir vers de nouvelles aventures professionnelles, encore plus belles, différentes. Avec un nouveau sponsor (dont un bureau avec vue sur le... BRYC et ses voiliers... ), qui m'a très récemment laissé savoir qu'il souhaiterait partir voguer en mer ensemble à partir de mi-décembre pour une longue nav en clientèle. Reste encore à finaliser la transaction. On croise les doigts pour qu'elle se concrétise. Episode à suivre !

En attendant mon nouvel envol, je vous souhaite à tous un excellent dimanche. Et pour battre le manque de lumière, la pluie, le vent et la froidure, rien de tel qu'une vieille bande dessinée ou un bon livre, sur une belle musique de fond.
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© Photos - Moulinsart.com
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