Les astrologues définissent mon origine liée à celle du renard Le calendrier chinois, celui du rat. Mais je vous assure que c'est bien sous le signe du chien que je me sens ces derniers temps. Un petit billet insolite, ce week-end.
Quart de nuit
Trois heures du matin. L'heure de la nuit que j'aime à définir comme celle du chien. J'ai un mal de... chien à sortir de ma léthargie. J'émerge d'un sommeil profond. Sur un voilier, c'est le quart de nuit que je redoute le plus : celui en plein milieu de nuit. Il y fait glacial, humide, sombre. La fatigue est lourde dans mes jambes et mon esprit relativement embué. Il fait une météo à ne pas mettre un chien dehors.... Par une nuit pluvieuse et très houleuse, je sens le froid glacer mon corps jusqu'au plus profond de l'être. Je me donne alors un mal de chien dans le roulis et la cabine étroite pour m'habiller de circonstance : lampe frontale, combinaison de pluie, sous-couches, bonnet, gants, bottes imperméables, gilet... Une véritable combinaison d'astronaute nautique. Une tenue qui a tout de même du chien....
Dans le carré, il faut revérifier la position, faire le point avec le co-équipier du quart précédent, checker l'AIS. Puis, arrivé sur le pont, il faut alors amarrer sa ligne de vie et prendre la barre, inspecter le réglage des voiles par rapport au cap et à l'allure. Et surtout inspecter les feux en mer pour s'orienter et éviter les autres navires. Et le quart démarre pour quelques heures de veille, seule âme éveillée à bord pour la direction du bateau. Je m'y sens souvent comme un chien dans un jeu de quille, surtout lorsque la houle se prononce et que je me retiens de devenir malade comme un chien dans le tangage... Il fait un temps de chien. Autant le quart du soir en compagnie de la lune et de Vénus sous un firmament étoilé, ou celui du petit matin entre chien et loup, pour le lever du soleil m'ont persuadée de leurs charmes, j'avoue que celui du milieu de nuit ne me tente toujours guère et me demande toujours un effort particulier. Ce dernier a parfois le don de me mettre d'une humeur de chien pour quelques instants. Heureusement, un skipper attentionné aux besoins de son équipage organisera souvent une tournante pour permettre une permutation des heures entre les équipiers d'une nuit à l'autre. Parfois, il m'arrive de regarder l'horloge en chien de faïence, en espérant tourner ses aiguilles plus prestement et de voir enfin la fin du quart arriver. Ce quart de nuit-là et moi nous entendons comme chien et chat. Lorsque je peux enfin rejoindre ma bannette en fin de quart avec des yeux de chien battu et mes vêtements baignant dans une odeur de chien mouillé, je me replie en chien de fusil dans mon sac de couchage, bien au chaud. Ouf, dodo, enfin.
Le quart du chien
Depuis quelques semaines, c'est à terre que je prends mon tour de nuit. Entre trois et cinq heures du matin, il est temps de se lever. Même scénario : la partie nocture la plus glacée où la couette de plumes semble encore plus cruelle à quitter. Je prends ma lampe frontale et descends les escaliers de vieux bois couinants, sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller la maisonnée. J'enfile une paire de chaussures sur mon pyjama, un gros pull et m'enfonce dans la nuit après avoir emmené un bassin, de l'eau chaude savonnée et une grande trousse de pharmacie. Prête pour le quart.
Chez moi, l'heure du chien est littéralement celle... du chien ! Chaque nuit depuis quelques semaines, demande une attention toute particulière pour notre compagne à quatre pattes, dont l'âge canonique (ou plutôt "caninique" :-)) requiert des soins médicaux et sanitaires en 24/7. Une bonne heure de travail. Beaucoup de douceur, de tendresse dans l'attitude. Pas de gestes brusques, du doigté, de la finesse. De l'inventivité et de la créativité pour parvenir aux résultats nécessaires sans la blesser. Et surtout du temps et de la patience. Et en pleine nuit, c'est encore un peu plus compliqué. Mais on gère. Parce que lorsqu'on aime, on ne compte pas ses efforts pour l'autre, d'autant plus dans ses vieux jours. Un drôle de quart de nuit, certains diront-ils, voire déraisonnable diront d'autres. Mais, une belle navigation d'équipe pour quelques instants de plus ensemble sur cette terre. Je ne regrette aucune de mes nuits sans sommeil pour ces heures du chien.
Alors, je vous souhaite un excellent dimanche, qui ait du chien malgré la petite heure de sommeil en moins pour rejoindre celle de l'été ;-). N'oubliez pas d'ajuster vos montres !
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Que faire lorsque vous êtes à l'étranger à l'hôtel pour le boulot et que votre voisin vous empêche de fermer l'oeil en faisant la nouba à partir de 04:30 du matin (et que vous n'êtes pas un lève-tôt... ) ?
Si vous avez la chance d'être dans un bel endroit, comme moi à Copenhague : vous sortez de votre lit. Vous vous emmitouflez carrément : gants, bonnet, écharpe, chaussettes nordiques. Et vous mettez votre mauvaise nuit au placard pour aller voir le lever du soleil malgré les températures bien négatives. Et hop, le tour est joué ! Le manque de sommeil semble tout d'un coup beaucoup moins lourd à porter. The early bird catches the sun...
Ombres et lumières du jour, lent réveil du Levant
Eclats d'étoiles et de flots aux gués dormants Silhouettes informes, lignes courbes de géants dorés Rosés de volutes en rondeurs, de bleutés de douceur Aquarelles d'invisibles peintres à la main tremblante Mâts et coques fauves à la silhouette changeante Horizons de tours vermeils, volutes incandescantes Du matin s'émerveillent les palettes flavescentes Ambres de vagues endormies, d'un doucereux sommeil Pâles ocres d'océans cuivrés peu pressés de l'éveil Fauves étendues baignées de l'étreinte matinière Caresse de l'astre pour un tendre baiser velouté
© Photos – Rêvesdemarins
The early bird catches the colors
Si vous aimez l'art contemporain, alors, les matins sont pour vous. Le lever du jour y enfante des formes plus improbables les unes que les autres. Des esquisses qui se modifient à chaque rayon qui les touche. Pas une image égale à la suivante. L'aube y dessine des histoires, des récits et des contes dont l'issue change à chaque instant. L'aurore y est plus intense; le réveil y est plus dense. Un peu comme un artiste fou dont la main ne cesserait de peindre sans jamais s'arrêter. Un Van Gogh avant l'heure. Un génie des traits de lumière à la beauté chatoyante. Surtout lorsque la magie de ses doigts rencontre les farfadets de l'eau. Leur rencontre met à jour les tableaux les plus surréalistes qu'il soit. Un régal pour les yeux et le coeur. Probablement un des mes artistes préférés.
© Photos – Rêvesdemarins
The early bird catches the duck...
Un canard sur un lac fait-il de lui un canard laqué ;-) ? Celui qui se promenait dans le vieux port de Nyhavn ce matin-là, ne m'a pas répondu à cette question. Trop occupé à se déguiser en estampe digne de Kandisky et à parfaire sa technique de camouflage entre les reflets des vieux gréments à quai le long des façades colorées.
© Photos – Rêvesdemarins
Je vous souhaite d'aussi belles aurores à venir. Un excellent dimanche à tous.
Que diriez-vous d'une légende marine ce week-end ? Je vous emmène dans l'île de beauté pour une légende corse.
Un mollusque tape à l'oeil
Dans les régions méditerrannéennes et plus précisement en Corse, existe un coquillage particulier : l'astrée rugeuse. Son opercule minéralisé aux formes spiralines a pris le nom de "l'Oeil de Sainte Lucie" en rappel à la légende du IVe siècle. Sa coquille est formée d’une spirale dont les deux faces ont des couleurs différentes : blanc nacré, représentatnt l'oeil de Sainte Lucie et l'autre côté teinte corail, tirant parfois sur l’orange vif, symbolisant l’amour de la Vierge Marie.
© Photos – wikipedia
La légende de Sainte Lucie
Lucie, une jeune fille originaire de Catane en Sicile, se rend à Syracuse. Sa mère est gravement malade. Priant Sainte Agathe de guérir sa mère, le miracle se produit. En remerciement de la guérison miraculeuse, la jeune fille décide de vouer sa vie à la religion et refuse le mariage. Pour repousser tous ses soupirants terrestres, elle renonce alors à ses jolis yeux en offrant ces derniers à la mer. La Vierge Marie, émue de sa générosité, lui rend la vue et des yeux de lumière, des "Ochji belli e lucenti", en langue corse. Depuis ce jour, la mer brille de ces magnifques joyaux.
Il existe bien entendu différentes légendes narrant l'origine de ces coquillages, mais celle-ci a ma préférence, étant une version plus douce... Sainte Lucie est aujourd'hui considérée comme la sainte patronne des aveugles et mal-voyants. Dans les traditions scandinaves, on la célèbre le 13 décembre, en honneur de la lumière, de jeunes filles vêtues de robes blanches et de couronnes dansant en célébrant la venue des jours les plus sombres de l’hiver à la lumière de bougies.
© Photos – wikipedia
Les marins et pêcheurs locaux en peignent fréquemment des représentations sur la coque de leur navire afin qu’il puisse « voir » le bon chemin lorsqu’il navigue sur l’eau. En lithothérapie, le petit coquillage est réputé apporter sérénité et posséder des vertus médicinales, notamment pour les maladies oculaires.
Si jamais vous avez l'occasion de visiter l'île de beauté et d'y flâner le long des rivages, je vous souhaite d'y trouver les jolis yeux de Sainte Lucie. Ils vous porteront bonheur.
Un excellent dimanche à tous.
Cela faisait longtemps... La vie tourne un peu trop vite. Les jours passent sans s'arrêter. Les heures manquent. Les priorités nous tiennnent à l'écart de nos envies. Nous y revoici. Enfin un petit billet.
The answer, my friend, is blowin' in the wind, the answer is blowin' in the wind... (Bob Dylan)
L'air est frais, même froid, piquant. Le vent souffle furieusement dans mon dos. Je ne vois que quelques ombres entre mes mèches rebelles de cheveux volant en tous sens. Une musique lançinante résonne autour de moi : les navires en hibernation sur leurs bers sonnent leur symphonie de mâts et de drisses qui s'entrechoquent dans une mélodie métallique de plus en plus assourdissante au fur et à mesure que je me rapproche. Les anémomètres tournent comme des sots, les cables d'acier battant la mesure sur les mâts et les étais, comme un percussionniste un peu fou sur des xylophones verticaux géants. Un peu plus loin, le vent transforme des bouées en un serpent d'or et de vermeil sur l'eau glacée du port. L'endroit est relativement désert en cette morte saison. Les quais sont vides, les parkings sont pleins à craquer, les voiliers bien calés les uns près des autres pour leur sommeil d'hiver.
© Photos – Rêvesdemarins ,en Mer du Nord
How many seas must a white dove sail, before she sleeps in the sand... (Bob Dylan)
A la côte, ce sont les vagues qui ont pris la mesure de la brise. La mer n'a pas l'air de trop bonne composition : elle est nerveuse, agitée, bouillonnante à certains endroits. Verdâtre par ici, grisâtre par là entre ses lames bleutées. Elle conserve les traces du vent qui l'a malmenée les derniers jours, comme possédée par un sorcier vaudou invisible. Les joueurs de polo n'ont qu'à bien se tenir sur leurs montures les pieds dans l'eau.
© Photos – Rêvesdemarins, en Mer du Nord
Yes, 'n' how many years can a mountain exist, before it's washed to the sea... (Bob Dylan)
Même spectacle sur le sable avec qui Zéphyr joue à faire et défaire ses châteaux: de monticules en montagnes, de vallées en précipices de petits grains dorés. Le paysage se modifie au gré des humeurs du dieu des airs. La plage prend d'autres atours à chaque instant. Je ferme les yeux et lorsque je les réouvre, je découvre un nouvel endroit, comme par magie. Et lorsque la marée envahira le rivage, à son tour, elle redessinera le décor à sa manière. Dans la vie, comme en bord de mer, rien n'est perpétuel. Tout est en constant mouvement.
© Photos – Rêvesdemarins, en Mer du Nord
Si les Chinois ont choisi le lapin comme emblème à partir de ce mois, moi, j'en reviens au petit crabe en ce 4 février, journée mondiale de la lutte contre le cancer... Un blog en l'honneur et soutien de ceux qui ont un oeuf à peler avec ce petit crustacé à l'appétit glouton.
Tout commence dans une boîte de conserve...
Une aventure qui débute un jour comme un autre. En rue, avec une simple boîte de conserves, mais soudainement qui change une vie... Un événement banal, qui se mue en une odyssée dangereuse et mystérieuse aux confins de nos limites.
Une traversée océanique qui se termine dans une chaloupe au milieu de l'eau glacée. La soif, le froid, la chaleur intense. La peur de se perdre, de perdre l'autre, de ne pas revenir. La colère, le désespoir, le découragement. Un combat, une fuite, un voyage. Au bout du monde, au bout du désert, au bout de soi-même...
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Canailles ! ... Emplâtres ! ... Va-nu-pieds ! ... Troglodytes ! ... Tchouck-tchouk-nougat ! ...
Après la tempête en mer, celle du vent saharien. Les ouragans se suivent et ne se ressemblent pas. La souffrance du corps et de l'esprit. Et dans ces fameuses conserves de crabe, un remède pour oublier ses maux... Une drogue pour calmer ses angoisses.
Une épopée au fin fond des dunes et du désert de la soif. L'adversité qui crée des amitiés pour la vie. Mais une traversée où même les plus grands amis perdent la tête dans un delirium tremens face aux défis de la Nature. Des moments où l'esprit perd le Nord.
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Et cette touche d'humanité malgré les apparences... Celle où même les plus grands héros se laissent aller à chanter les noms d'oiseaux pour trouver la force de continuer et de retrouver leur chemin dans leurs mers houleuses. La persistance pour survivre. La volonté de sortir de leur situation précaire et des pinces dorées du crustacé.
© Photos – Tintin.com
Une petite pensée pour tous ces héros qui se sont jadis frottés au petit crabe glouton (ou se débattent aujourd'hui encore avec la bébète). Soyez tolérants et patients avec leurs délires et leurs joutes verbales....
Un très bon dimanche à tous. Dites-moi votre surnom d’enfance et je vous dirai qui vous êtes…
Nous sommes tous uniques. Et si certains noms nous reconnaissent officiellement pour le monde extérieur, nos proches ont parfois choisi de nous affubler d’une autre identité, bien plus secrète, tendre ou loufoque que le titre du registre des naissances.
Mon grand-père, à qui ce blog est dédié, était le premier à aimer l’usage de surnoms. Il se faisait d’ailleurs appeler “Monseigneur” par ses proches. Et c’est sous ce nom quelque peu théâtral que nous nous souvenons de cet homme humble, créatif, assoiffé de connaissance, à la plume et l’imagination débordante.
Il y a tout d’abord un prénom, ou deux, trois ou plus…
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Après quelques semaines de confinement forcé à l’abri du mauvais temps et des risques de refroidissements, mon rythme professionnel de voyages a été quelque peu ralenti (au plus grand plaisir de mes proches). Cependant, les microbes ayant enfin pris la poudre d’escampette et les obligations professionnelles ayant pris, elles, celle de la ritournette… Me revoici prête à reprendre la route avec mon baluchon attaché-caisse pour de nouvelles aventures scandinaves. Ce dimanche, je repars vers la ville de la petite sirène.
La ville où flotte le plus vieux drapeau au monde, le “Dannebrog”. depuis le XIIIe siècle. Une cité de l’eau et des canaux à chaque coin de rue. Un port où l’on peut même oser un plongeon, ses eaux étant réputées pour être propres (et relativement chaudes pour les normes de températures nordiques). Une capitale où l’on prétend que les habitants sont les plus heureux au monde, avec un système social et médical hors du commun. Un réseau de rues grouillantes de bicyclettes et de fervents défenseurs de la nature. Enfin, la mégapole d’un pays avec un grand sens de l’humour, de l’égalité et de l’humilité. La fameuse “loi de Jante” (Janteloven) y prend ses racines et y rend la culture agréable, en préservant l’harmonie et l’uniformité.
Un pays avec un des taux d’emploi les plus élevés au monde, à 75%. Tout comme son taux de TVA (25%)… Une ville où les spécialités du petit déjeuner, les “Wienerbrød”, pâtisseries viennoises, sont nommées d’après une autre ville majestueuse, et où les pâtissiers sont venus s’installer au XIXe siècle. Une cité où je me délecte des délicatesses à la cannelle avec un bon café au lait après une bonne marche dans le vent marin et le froid nordique pour rejoindre mon bureau. D’ailleurs, au Danemark, la mer n’est jamais à une distance supérieure à 52 km de l’endroit où vous vous trouvez, entre ses 444 îles. La grande bleue est absolument partout !
Un endroit magique pour y débuter la journée le long du vieux port entre les façades et les ciels colorés, surtout en hiver. Ma Venise Nordique... Une autre histoire de vilains petits canards qui se transforment en majestueux cygnes...
Et vous, quelle sera votre première destination de l’année ?
Un excellent dimanche à tous.
Aimez-vous faire des photos ? Moi oui ! Mais pas à n'importe quel prix... Que diriez-vous d'un petit billet de bonnes résolutions pour bien débuter l'année ?
Mon royaume pour un selfie
Les hommes leur avaient donné un nom. Ils avaient nagé des milles et des milles dans une direction qui les avait emmenés loin de chez eux. Et ils s’étaient retrouvés piégés dans des eaux dont la couleur et le goût leur étaient inconnus. Perdus au milieu des hommes. Égarés loin de leur milieu naturel et de leur mer…
Les dernières années ont vu en Europe des animaux marins quitter leurs routes de migrations habituelles et remonter les cours d’eau ou encore s’installer dans des ports pour le plus grand amusement des touristes en mal de reportages à sensations. Un spectacle malheureusement tragique pour les créatures coincées dans les eaux étrangères. Des jours et des nuits d’errance à la recherche du chemin de leur mer. Des heures d’épuisement malgré les efforts des hommes pour les renvoyer vers leurs patrie. Un béluga (“canari des mers”), à bout de forces dans ces flots au parfum trop doux pour son palais. Des curieux sur les quais. Du bruit. Du monde. Des gens agglutinés autour de lui, leur téléphone à la main pour une photo à poster sur leur compte Instagram. Tout un monde effrayant et assourdissant pour ces beautés marines. Un éléphant de mer - Freya - qui finira par confondre plage de sable et plage arrière des bateaux pour y faire sa sieste au soleil norvégien. Et tout autour, des hommes, des centaines de curieux, encore et encore. Alors, pourquoi repartir vers le large lorsque l’on a tant de succès auprès du public ? Cependant, qui dit près des hommes, dit loin des siens et de la liberté retrouvée… Malheureusement les lobby’s norvégiens de l’industrie maritime ont eux clairement choisi la solution de facilité pour se débarrasser de cet hôte quelque peu encombrant, à savoir... l’euthanasie… Toutes les excuses sont bonnes pour satisfaire les besoins commerciaux au détriment de la nature. En France, jusqu'au coeur de Paris, même histoire avec un orque. Les autorités françaises tenteront de diverses manières de renvoyer leur hôte marin vers l’estuaire (avec des sonars et autres technologies de pointe). Sans succès, là également.
Autre exemple : les bébés phoques en baie de Somme font également les frais des touristes, trop empressés de faire un selfie avec les adorables petites boules de poils aux grands yeux d’ébène ou de les caresser. Effrayés par les observateurs trop entreprenants, ils paniquent, s’enfuient et sont séparés de leur mère ou du groupe. Incapables de subvenir seuls à leurs besoins, ils finissent ainsi par dépérir ou pire.
L’orque récemment échoué sur le rivage de Cadzand en mer du Nord en est un autre triste exemple, les efforts des hommes pour la renvoyer à l’eau ayant été vains. Sa condition physique dépérissant heure après heure. Et autour de sa carcasse agonisante, des centaines de touristes en mal de spectables morbides, venus parfois de loin pour assouvir leur plaisir macabre.
Trop d'histoires qui malheureusement se terminent rarement en happy ending... Alors, si vous aimez réellement la nature, oubliez Tiktok, Instagram et autres médias à sensations. Et si vous souhaitez tout de même photographier ces petites merveilles, faites-le à large distance avec un grand zoom ! Il leur importe peu de faire la une de votre cercle d'amis ou d'obtenir le plus grand nombre de "likes" dans un post.
Un très agréable dimanche à tous.
Dernier jour de l’an. En guise de rétrospective, pourquoi ne pas vous lire le passé et l’avenir... dans les feuilles ?
© Photos – Rêvesdemarins
Lignes courbes, rides rondes, et points cardinaux de papier
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Pour cette année nouvelle, je vous souhaite de jolies feuilles de vie, de toutes les teintes et les formes. Qu'elles y dessinent de simples bonheurs, beaucoup de tendresse et une bonne santé, à travers toutes les saisons.
Meilleurs voeux à tous pour 2023 !
Noël ne serait pas Noël sans un petit conte... Allez, zou, c'est parti ! Je vous emmène au fond de nos forêts ardennaises - région de légendes et repère de lutins (aussi nommés "Nutons" ou "Sottais" dans mon pays de la Vesdre) - pour un Noël pas comme les autres.
Il était une fois un petit village perdu au fin fond d'une forêt sombre et froide...
Il était une fois un petit village perdu au fin fond d'une forêt sombre et froide dans une région reculée de nos contrées... C'était l'endroit où la température tombait le plus bas de tout le pays. L'hiver semblait s'y être définitivement installé depuis des mois. Le soleil avait toutes les peines à y percer le brouillard glacé et les habitants avaient pris le pli de vivre dans une obscurité permanente. Les gens du hameau s'étaient habitués à un mode de vie replié sur lui-même, à l'abri du reste du monde. C'est là que vivait Isaline, une fillette, seule avec son oncle et sa tante. Ses parents ayant disparu dès sa tendre enfance.
Les jours s'y ressemblaient, les uns après les autres, dans la froidure et l'ombre. Les habitants y vaquaient à leurs occupations journalières sans lumière et à tâtons. Le temps semblait s'y être arrêté, comme figé par la glace et la pénombre. Un soir plus noir que d'habitude, la neige avait recouvert toutes les maisonnettes jusqu'au toit. Personne n'osait tenter de sortir, par peur de se transformer instantanément en bonhomme de neige ou de geler sur place. Pas un seul bruit ne traversait le manteau blanc. La forêt semblait sans vie. Et pourtant... A travers les arbres, de temps à autre, comme bercée par la brise, une faible lumière venait percer la noirceur. Un infime point doré d'abord, puis une faible flamme vacillante. - "Ce sont des feux follets, les âmes des défunts", clamaient les anciens villageois. - "Ne les approchez surtout pas ! Ils vous emporteront avec eux dans l'au-delà !". Isaline, cependant, ne pouvait s'empêcher de scruter l'horizon dans l'espoir d'aperçevoir une de ces lueurs dorées. Contrairement aux autres villageois, elle pensait qu'il s'agissait de petits anges et non de démons venus damner les habitants. Son oncle avait beau lui répéter de ne pas y prêter attention, elle continuait de croire à la bonté de ces petits êtres de lumière. Il lui interdisait de sortir et de s'aventurer seule dans les bois. Ce soir-là de Noël, les parents adoptifs de la fillette dormaient à poings fermés dans la maisonnette de bois. Tout était calme dans la chaumière. Ils avaient partagé un bon repas et les plats étaient encore chauds sur la vieille table de chêne. Le feu était éteint dans l'âtre mais les braises chauffaient encore la chambrée. Sous ses lourdes couvertures de laine, la fillette ne pouvait fermer l'oeil. Ils n'étaient point fortunés. Elle avait pourtant tout ce dont elle avait besoin : une famille aimante, un toit pour s'abriter et de quoi vivre confortablement. Mais, ses parents lui manquaient. Et tout au fond d’elle, elle cherchait en vain cette lumière dont elle rêvait pour illuminer ses jours. Tout autour du village lui semblait tellement gris, fade et sans couleurs, sans soleil.
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Le lendemain soir, alors qu’elle avait le visage collé à la vitre à croisillons joliment décorée par le givre, à côté de son lit, il lui sembla entendre des pas feutrés dans la neige. Puis, elle crut que ces derniers se rapprochaient, jusqu’à faire craquer le vieux plancher. Elle cligna des yeux et ses oreilles écoutèrent attentivement. Une douce aura dorée avait empli sa chambrette. Puis, tout retomba dans le silence. Isaline resta immobile puis remonta dans son lit, sous les couvertures, paralysée à la fois de peur et d’excitation de découvrir l’origine de ce tumulte. Elle attendit et attendit encore, mais plus rien ne bougea autour d’elle. Et la fillette finit par s’endormir. Le lendemain matin, elle se dit qu’elle avait probablement rêvé.
La seconde nuit, les pas reprirent. Mais cette fois-ci, elle n’y tient plus et se leva. L’aura dorée avait finement illuminé la table à manger où quelques morceaux de fromage, un pot de miel et un quignon de pain avaient été oubliés. Par terre, quelques miettes. Et la cuillère de miel avait été vidée. - « Ce doit être des souris. J’aurais dû y penser ! », se dit-elle. Et elle repartit se coucher. Mais le surlendemain, quelle ne fut sa surprise de trouver, à côté de son lit une petite fleur bleue, toute de laine tissée ! D’où pouvait-elle bien donc provenir ? Elle avait été fabriquée par des mains expertes et certainement très fines. Elle la prit délicatement et la posa sous son oreiller. Elle n'en dit mot à son oncle et sa tante. Mais se promit bien d'élucider le mystère.
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La troisième nuit qui suivit Noël, Isaline ne s'endormit pas. Elle prit la précaution de laisser un bol de potage encore chaud sur la table, une grande cuillère en bois, du pain, quelques noix et des fruits des bois. Elle attendit, tapie sur son lit, en scrutant le chemin qui menait à la chaumière. C'est là qu'elle "les" vit enfin... Ils étaient cinq. Cinq petits Sottais. Des Nutons de la région, avec leur bonnet rouge, bien emmitouflés, leurs chausses vertes à pointes, et leur gros nez écarlate dans le froid piquant. Les créatures du "petit peuple" comme on les appelait, portaient chacun une menue lanterne, dont la flamme dansait dans le vent ardennais et leur donnait l'allure d'un collier de lumière dans l'obscurité environnante. Ils n'avaient certainement pas l'air bien méchants !
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L’étrange cortège parvient à la chaumière. Et comme par magie, la porte d'entrée s'ouvrit pour laisser rentrer les petits êtres. Elle se referma aussitôt derrière eux. La fillette les observa en silence : ils avaient faim et ils se dirigèrent tout droit sur le repas laissé à leur attention. Ils avaient placé leurs lanternes en rond autour de la table. On aurait dit un ballet aux chandelles. La lumière qu'elles projetaient sur les murs était particulièrement douce et chaleureuse. Isaline eut soudainement le sentiment que ses parents étaient là, tout près d'elle. Et elle sentit une chaleur monter du fond de son âme, sur ses mains, jusqu’au bout de ses doigts. Une incroyable paix monta en elle et tout d’un coup, elle se sentit rassurée. Elle n’était plus seule. A travers les flammèches qui virevoltaient dans les petites lanternes posées sur le plancher, elle reconnut les étoiles dans les yeux de sa mère et la chaleur des bras de son père lorsqu’il la serrait dans ses bras tout enfant. La mélodie des flammes qui brûlaient ainsi lui rappelèrent les douces mélopées des berceuses que lui chantaient ses chers parents pour l’endormir alors qu’elle avait peur de l’obscurité.
Elle resta un long moment ainsi à les observer. Ses yeux croisèrent ceux d’un des petits lutins. Ses pupilles étaient d’un vert profond, avec des points dorés à travers ses cheveux hirsutes et sa longue barbe blanche. Le petit être lui sourit. Il sembla à Isaline qu’il lui disait quelque chose dans son regard. Un peu comme s’il voulait la remercier du repas qu’elle leur avait laissé. Ses paupières se firent subitement lourdes et la fillette s’endormit. Lorsqu’elle les rouvrit le lendemain matin, elle se retrouva dans son lit. Comment était-elle arrivée là ? Et à côté de son lit se trouvait à présent une menue lanterne, la petite fleur bleue attachée à son anse.La lanterne brillait de mille feux. Sa lumière était douce comme de la soie et son toucher chaud pour y revigorer ses menottes engourdies.
© Photos – Rêvesdemarins
Le jour d’après en se levant, la fillette se sentit quelque peu différente. La neige avait cessé de tomber. Le soleil avait enfin percé les nuages et la forêt avait retrouvé quelques teintes verdâtres. Les habitants étaient enfin sortis de chez eux et avaient repris leurs activités.
Isaline se rendit dans la pièce principale où l’attendaient son oncle et sa tante. - « Bien dormi, mon petit ange ? », demanda sa tante d’un regard bienveillant. « On dirait que les mauvais esprits sont partis avec la neige... ». Isaline ne dit mot de ses découvertes nocturnes. Elle garda son secret bien gardé. Depuis ce jour-là, la petite lanterne ne quitta plus la chaumière et une flamme y brûla toutes les nuits, pour réconforter la fillette à chaque fois qu’elle sentait la tristesse ou la peur monter en elle. Étonnamment, il n’y eut jamais besoin de la rallumer, incandescente d’une lueur éternelle. Isaline ne revit jamais les petits Nutons. Mais on raconte qu’ils reviennent chaque nuit pour alimenter la petite flamme pour que jamais elle ne s'éteigne.
Inutile de vous dire que j'adore les bougies et lanternes. Et que mon habitation - tout comme chez les Scandinaves - en est remplie...
Merci à tous ceux et celles qui ont été ma lanterne magique dans mes nuits et mes jours, que ce soit un soir, un an ou une vie. Un très joyeux Noël à tous ! |
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March 2023
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