Back to my favourite place, il y a quelque temps. Nieuport, mer du Nord. Les dunes entre Nieuport, Lombardsijde, Oostdunkerke et Coksyde. L’estacade. Le port de plaisance. Les mouettes, les phoques et les cormorans. Le froid qui s’insinue et la bise qui pique. Les vagues incessantes. Le phare rouge et blanc et sa lueur rassurante. Le vent et sa musique dans les haubans. Le soleil couchant sous les nuages de décembre.
La mer en hiver, superbe et majestueuse. La mer et ses rouleaux, puissants et incessants, comme ceux de la vie. Ceux qui retournent, renversent, fatiguent. Ceux contre lesquels on nage et se bat inutilement. Ceux qui empêchent de dormir et réveillent dans la douleur et l’épuisement. Ceux qu’il vaut mieux suivre et étreindre plutôt que de tenter de repousser. Des rouleaux sans surcis, qui dansent et submergent. Ceux qui semblent parfois les plus forts. Ces rouleaux qui malmènent l’immunité, alliés des petits monstres houleux et autres hydres, ogresses d’énergie. Ces rouleaux dont on ne voit pas la fin dans leur ronde récurrente. Ceux qui cassent, pèsent et exténuent le corps et l’âme. Ces vagues scélérates qu’on voit venir sans pouvoir les éviter ni changer de cap. Ces tourbillons qui chavirent nos navires sans qu’on puisse les éviter. Alors, on remonte le zip de son ciré, on baisse la tête et on attend patiemment que la tempête passe. On s’enferme dans le carré. On met le voilier à la cape et on s’accroche à tout ce qu’on peut. Et avec beaucoup de patience, de courage, de repos et de philosophie, les vagues rondes finiront bien par s’éloigner. Elles laisseront parfois les voiles en lambeaux et le marin au bout du rouleau. Quelques fois, la tourmente emportera même le mât ou le gouvernail. Mais, si la coque tient le coup, le marin reprendra des forces et trouvera un moyen de franchir la houle pour rentrer à bon port. "Le Temps est la laisse sans mer, sans sable, sans rive, sans rouleau, sans écume. Echouage d'un espace autre que l'espace en amont de l'espace. Site perdu du perdu. Vide." (Sordidissimes, Pascal Quignard)
© Photos – Rêvesdemarins
Un excellent dimanche à tous, sans trop de rouleaux.
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Que diriez-vous d'une histoire de super héros, ce dimanche ?
Le marin était tranquillement assis sur la pont lorsqu’il sentit une infime caresse sur son bras dénudé. Il aperçut alors une minuscule araignée grimpant sur son coude. Comme une petite brise, mais un peu plus insistante. De caresse, la sensation se mua en brève douleur. “Aïe, elle m’a mordue, la goulue ! “
Un récit qui aurait pu débuter comme un roman de Marvel et un de ses super héros…
Les gabiers, hommes-araignées
Sur le plancher, une araignée, se tricotait des bottes...
Je me souviens de cette chanson enfantine que me fredonnait ma marraine pour m'endormir lors de ma toute petite enfance. Et pourtant, elle n’est pas tout à fait parvenue à me faire aimer les araignées... Même si je reconnais qu'elles sont d'utilité à notre environnment, qu'elles soient petites à longues pattes ou grosses velues, je les préfère loin de moi et surtout en dehors de mon habitation. Pourtant, résidant à la campagne, elles adorent s'y prélasser, surtout en automne.
Par contre, leur travail de tisserands m'épate et je dois bien reconnaître qu'elles s’avèrent être des couturières hors pair. Leurs toiles sont de véritables petits bijoux, surtout lorsque baignées de la rosée matinale. Et c’est alors que leur travail de patience me fait penser à toutes ces magnifiques architectures de cordages sur les vieux gréements et à ces Spidermen de la marine.
Sur les navires traditionnels et les vieux gréements à voiles carrées, les échelles de haubans qui permettaient de monter au mât, ressemblaient étrangement à d’immenses toiles d'araignées. Et les marins qui devaient s’y rendre jouaient aux équilibristes pour y grimper en pleine houle. Ils y déambulaient tels des funambules entre espars, vergues et haubans. Imaginez-vous devoir imiter Tarzan, mais sur des lianes en pleine mer à plus de soixante mètres de hauteur, et surtout par une mer démontée et des vagues qui font tanguer le navire dans tous les sens, dans un roulis amplifié par la hauteur des vergues. Les gabiers étaient ainsi les ancêtres de l’homme-araignée pour monter dans la mâture, et manœuvrer les voiles en marchant sur les enfléchures, cordages horizontaux fixés sur les haubans entre les divers mâts. En plus d’un diplôme de marin, il leur fallait les qualités d’alpinistes expérimentés pour escalader les centaines d’échelons brinquebalants pour y aller prendre un ris dans les huniers, atteindre les voiles à ferler, les bouts à démêler, la lanterne de mât ou encore le panier ou la plateforme du gabier.
Le mot “gréement “ vient d’ailleurs du vieux norrois “greida”, qui signifie “arranger”, “serrer” ou “défaire”.
© Photos – Rêvesdemarins
“Chargé des manœuvres les plus hautes, il perçoit par conséquent une solde plus élevée que les autres matelots. Les voiles les plus hautes sont les plus difficiles à ouvrir ou fermer, surtout par gros temps où les mouvements du navire sont amplifiés par la flèche du mât pouvant atteindre jusqu'à 60m sur les plus gros navires (navires de premier rang).” (Source: Wikipedia)
Les gabiers chargés des manœuvres les plus hautes, commandaient aux matelots même s’ils n’avaient pas le statut d’officier. Ils étaient considérés comme les meilleurs marins du navire et bénéficiaient d’un statut particulier. Ils étaient des experts en noeuds marins et maniement des garcettes de ris servant à ouvrir ou fermer les voiles.
© Photos – Valéry Vasilesvskiy @photonord.ru
Bon, alors, la prochaine fois que je croiserai une de ces petites (ou grosses) bestioles, j’y réfléchirai deux fois en pensant à toutes ces jolies échelles de mâts qu’elle pourrait tisser. Et qui sait, pourrais-je tolérer la cohabitation de sa toile devant ma fenêtre (euh... à l’extérieur… ).
Un excellent dimanche à tous.
Nous repartons à Copenhague ce dimanche, pour une petite visite d’un des plus jolis quais le long de l’eau que la ville ait à offrir. Je vous emmène à Nyhavn.
Nyhavn - "nouveau port"
Du danois prononcé [nu hɑwn] (hé non… Rien ne se dit comme on l’écrit dans cette langue ! ). Construit et creusé dans les années 1670 à 1673, le canal de Nyhavn était une passerelle vers la mer de la vieille ville intérieure de Copenhague à la Place Royale. Il servait principalement aux navires cargos et aux pêcheurs, connu pour ses bières, ses marins et ses maisons de plaisir. Le petit canal intérieur fut ensuite repris pour le trafic de marchandises des petits vaisseaux danois interne jusqu’aux années post WWII. Les navires désertèrent bientôt l’endroit et les quais colorés furent alors reconvertis en port historique, pour le plus grand plaisir des touristes.
Ses maisons bigarrées de bois datent du XVIIe et XVIIIe siècle. La plus ancienne remonte à 1681. Chacune d’entre elle porte son histoire bien à elle. Et j’ai l’incroyable chance d’avoir un équipier au travail qui y a passé quelques années. Cette semaine, il m’a donc emmenée y faire un tour le soir pour une mini visite guidée privée, anecdotes en prime. Les bâtiments sortant tout droit d’un conte de Hans Christian Andersen (qui a vécu au nr 18 du même quai), sont bordées d’une flotte de vieux gréements en bois le long desquels je ne me lasse pas de flâner malgré les touristes. Y sont notamment amarrés le Svalan, le Anna Møller, le Mari (navire de contrebande), le XVII Gedser Rev (navire musée) ainsi que le Bådteatret (navire théâtre). Le port compte également quelques grands navires à voile, comme le Halmø, le Mira (ketch convoyeur de craie) ou encore le Lilla Dan, à bord desquels j’ai bien l’intention d’embarquer pour une balade le jour où mes activités professionnelles me laisseront quelques heures de répit pour y tirer un ou deux bords sur les eaux danoises.
© Photos – Rêvesdemarins
La mer touche au plus profond de l'homme. Dans la lumière du soleil, n'est-elle pas le miroir de l'âme humaine ? (Philippe Poisson)
Les reflets de l’eau prennent parfois des airs de tableaux impressionnistes, abstraits voire même cubistes. Les images s’inversent, méandrent, se torsadent et ondulent. Les teintes des objets reflétés par l’eau se mélangent à la lumière pour ainsi faire naître une réalité nouvelle, quelque peu distordue, leur donnant une toute autre dimension.
Nyhavn by night
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lâme. (Charles Baudelaire)
La nuit, le quai se transfigure en kaléidoscope de lumière : fenêtres illuminées des ombres des vieilles maisons, terrasses multicolores, centaines de petits drapeaux, enseignes colorées des établissements d’où s’échappe une ambiance chaleureuse et enjouée au son des musiciens des rues, des chopes qui trinquent et des rires, feux incandescents des navires et hublots aux tons diaphanes. De quoi rendre jaloux les pointillistes les plus avant-gardistes. Un festival de teintes et de formes plus ondulantes les unes que les autres. Bref, de jour comme de nuit : j’aime.
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Toujours pas envie de me rejoindre découvrir le quai du miroir et la capitale danoise après ces quelques images inversées ? Je vous souhaite à tous une excellente semaine.
L’océan emporte nos corps et nos cœurs
Brinquebalant nos sens et nos humeurs Assoiffés de sel, d’eau et de mémoires Désespérés de brises, de vagues et d’exutoires Par vents et marées, le goût de l’eau persiste Par temps et années, l’image du bonheur résiste Les voyages finissent sans pourtant s’envoler Les visages demeurent immortels à jamais Les vagues reculent pour laisser place aux brisants Les sables avancent comme les aiguilles des ans Marin d’un jour, marin toujours Navire d’un détour, d’une vie parcours Le ressac qui revient avec insistance Visages qui portent la souvenance Un instant de rêve sur les bords de nos routes Des épopées qu’on regarde par la poupe L’horizon qui recule un peu plus chaque instant Le bleuté du miroir devenu incandescent Ces embruns qu’on regrette durant les jours sans vent Et les lames de fond qui prennent les devants Les mois et les journées refoulent les images Mais pas le souvenir d’hier Les vents et les marées repoussent les vagues Mais pas la force de la mer…
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Il y a tout juste six mois, les voiles du destin emmenaient un grand marin de l’autre côté de l’horizon, bien trop tôt. Aujourd’hui, il aurait également célébré son nouveau printemps en agréable compagnie, sans aucun doute en mer et très probablement avec un bon ‘ti punch à l’arrivée au port. Alors, bon anniversaire cher capitaine... Merci pour tous ces merveilleux souvenirs et ces belles leçons de vie en mer que tu nous as léguées. Les vents et les marées repoussent les vagues mais pas la mer.
Un excellent dimanche à tous.
La pandémie a donné pas mal de fil à retordre à bon nombre d'entre nous. Cependant, certains ont su tirer le meilleur du pire et ont transformé cette période de confinement en opportunité pour préparer leurs rêves pour lesquels ils n'avaient jamais le temps ni l'occasion : changer de boulot, déménager, se mettre à l'expérimentation culinaire, à la poterie ou à la bicyclette, lire l'intégrale de Shakespeare ou de Tolstoï, construire une annexe ou un carport, apprendre le yoga ou la méditation et j'en passe... Ils ont décidé de casser leur tirelire boulimique des économies faites sur les vacances qu'ils n'ont pas pu prendre durant cette longue période en ermite, pour une activité qui leur trottait dans la tête depuis bien longtemps sans jamais pouvoir la réaliser jusque là.
La presse le confirme : le business de la voile a le vent en poupe. De plus en plus de jeunes y prennent goût. Les médias en font la publicité. Les candidats au brevet sont légion. Les écoles de voile reprennent du poil de la bête. Les ventes de bateaux ont explosé ces derniers mois et les listes d'attente s'allongent pour obtenir un anneau dans les ports. Les sponsors commencent à refaire surface et les moins jeunes ne s'en lassent pas. Un beau cadeau pour tous ces marins ayant été contraints de demeurer à terre durant tous ces longs mois. Ainsi, bon nombre de passionnés de mer en ont, eux, profité pour passer leur brevet de navigation ou même acquérir leur propre voilier. Et mes anciens compagnons des cours de voile n'ont pas fait pas exception à cette tendance. Un nombre d'entre eux ont obtenu leur papiers de yachtman et enfin acheté leur joujou favori. Et je suis très heureuse pour tous ces rêveurs qui ont su attraper la chance au vol. Bravo ! Go for your dream ! Quant à moi, j'ai mis mon rêve dans un tiroir bien au chaud en attendant que le vent tourne un jour dans la bonne direction.
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Alors, voici venu pour eux le moment de poncer, nettoyer, gratter, caréner, réparer ou vernir avant de pouvoir larguer les amarres. Tout un poême avant de mettre un pied en mer. Mais cela fait indubitablement partie du charme de devenir propriétaire d'un voilier. Leur couleur demandera quelques couches, le moteur quelques tours de vis supplémentaires, les voiles une nouvelle robe et tant d'autres modifications que certains jugeront nécessaires pour que leur chérubin leur plaise autant que peut.
Et puis, parfois, il y aura le nom du petiot (ou de la bête selon le modèle)... Un nom de prestige pour certains. Un sobriquet qui semblera ridicule ou du moins au goût douteux pour d'autres... Et pourtant. A ceux qui pensent renommer leur destrier marin, soyez indulgents pour le petit nom dont les anciens propriétaires ont baptisé (certains diront "affublé"... ) votre nouveau bambin. Un navire est une dame délicate, jalouse et surtout très sensible. Lui ôter son nom lui semblera parfois pénible, critique, déshonorant, voire infâmant selon les degrés de susceptibilité. Alors, réfléchissez bien avant d'entreprendre tel re-baptême. Certains vieux loups de mer vous diront que cela porte malheur. Un nom, c"est pour la vie. Et si vous décidez tout de même d'ignorer la malédiction, n'oubliez alors pas de respecter le protocole consistant à traverser l'erre du navire après l'avoir renommé. (Pour plus d'informations sur le sujet, voir un blog antécédent "Le nom des rafiots s'écrit partout".) Et même s'il est long à épeler à la VHF... "Out of Office" me semble un nom de voilier que je ne voudrais en aucun cas modifier. Juste ce dont on a besoin pour déconnecter du travail ! Je n'en connais pas le propriétaire, mais il ou elle a été bien inspiré(e).
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Alors, si vous faites partie de ces privilégiés qui ont su réaliser leur rêve un peu fou, bon vent et profitez de votre nouvelle frégate, peu importe son nom ! Un excellent dimanche à tous.
J’apprends et puis j’oublie. Que ce soit au professionnel ou au privé, mon esprit efface inlassablement ce que je ne pratique plus au jour le jour. Les langues, les connaissances, les techniques, les règles, les noms… Les gestes qui ne sont pas encore ancrés dans ma peau comme un ADN. Un peu comme s’ils avaient ce besoin impératif d’être caressés quotidiennement pour se laisser apprivoiser. Une des rares choses qu'on oublie rarement (heureusement) sont les gens. Mais tout le reste semble tellement éphémère dans nos mémoires.
Plus les mois sans la mer et la navigation me semblent loin, plus le sentiment se renforce de ne plus rien savoir, d’avoir tout oublié. Serai-je encore capable de manœuvrer et de sentir le vent ? Pourrai-je encore me réhabituer au roulis et lire les vagues ? Ma mémoire et mes bras me trahiront-t-ils lorsque je remonterai enfin à bord ? L’âge, la fatigue du temps, la lassitude du corps et les mois d’abstinence de l’eau jouent au yoyo sur mon esprit. Un marin oublie-t-il jamais ce qu’est la mer ? Le temps passe…
La voile est-elle donc comme la bicyclette ? Tant d’interrogations en attendant impatiemment de pouvoir enfin reprendre la mer… Alors, je vous souhaite un excellent dimanche, sans trop de trous de mémoire !
Et si nous partions naviguer en eaux peu profondes ce week end ?
Entre deux eaux
On a fréquemment tendance à croire qu’une navigation au large est plus périlleuse que celle le long d’une côte, voire le long du rivage. Et pourtant... Il est de ces basses eaux où les vagues s’amplifient incroyablement fort au contact du sol, où ces bancs de sable sont sur le point de nous bloquer la route et où les rochers se dissimulent juste sous la surface de l’eau, prêts à déchirer nos coques. Et puis, on y est rarement seul sur l'eau...
Qui ne s’est jamais trompé de calculs de marée en Bretagne ou ne s’est retrouvé échoué entre deux eaux ? Pour les simples nageurs, qui n’a jamais été surpris par la force des vagues ou des courants près du rivage ? Je me souviens d’une trempette en Algarve et dans l’océan atlantique portugais où ma séance de natation s’est muée en une séance de plongée dans une machine à laver XXL d’eau salée (et glacée de surcroît... ) dont j’ai eu un mal fou à me dépêtrer après quelques solides tasses. Une véritable montagne russe marine à 360°, dans moins de deux mètres de profondeur... Une force des vagues insoupçonnée. Ou comme cette fois où, en nos tout débuts de voile sportive, avec de l'eau jusqu'au menton, notre catamaran de sport n’est jamais parvenu à franchir la houle pour rejoindre le large malgré ses 200 kg (nous n'étions pas trop fiers... ).
Il faut obligatoirement passer entre deux eaux pour rejoindre l’une ou l’autre destination. Des eaux souvent troubles, tumultueuses ou incertaines durant un certain temps. Et souvent inconfortables. Les passages et transitions sont à la fois attirants et fatigants. Ils requièrent une attention soutenue, une adaptation au changement, une capacité de naviguer entre les remous ou les écueils.
C’est parfois aussi, au départ vers le large, le moment où l’on apprend à connaître ses équipiers ou son skipper, avec les bonnes ou moins bonnes surprises. Il est nécessaire d'y prêter attention aux autres navires autour de soi. Et si l’on n’ a plus mis le pied depuis un certain temps sur un navire, le risque de mal de mer risque de s'en mêler. Besoin de se remémorer les réflexes à avoir, les bons gestes et les manœuvres à opérer. On doit repenser à ses cours et aux règles de navigation. Il faut y trouver ou retrouver ses marques et faire ses preuves à bord. Une fois en haute mer ou arrivé au port, tout semble plus simple, plus clair, et les eaux plus limpides. Naviguer en eaux peu profondes, entre deux courants, entre deux marées, c’est l’art du marin qui part ou qui arrive, pour ajuster son gouvernail et ses voiles vers le cap souhaité.
Alors, si vous naviguez en eaux peu profondes pour l’instant, bon vent pour franchir la limite entre les eaux. Tenez bon la barre et le vent sans vous décourager, il ne s'agit que d'une question de temps et de persévérance.
Un excellent dimanche à tous.
Et si nous partions à la pêche en Mer du Nord, ce dimanche ?
Le suspense du Brexit a été complet jusqu’au tout dernier moment. Et cependant, un accord a finalement été trouvé entre les parties de chaque côté de la Mer du Nord. Un soupir de réconfort pour les pêcheurs de notre partie du Channel, inquiets pour leurs droits respectifs et leur avenir.
Privilegie der Visscherie
"Charles II voulut-il simplement marquer sa gratitude envers Bruges, ou bien ce geste lui permettait-il également d’affirmer à ses ennemis les Hollandais, partisans de la mer libre, que le roi d’Angleterre était le souverain des mers ? Nul ne le sait. "(Le droit de pêche en mer territoriale, Rudi.bruylandt.be)
Aux environs de 1850 débutent des négociations entre la Belgique et le Royaume-Uni pour la conclusion d’une convention de pêche par laquelle la Grande-Bretagne désire le régime du droit exclusif de pêche pour les Britanniques dans une zone côtière de douze milles marins. La pêche belge, fort active le long des côtes écossaises, est menacée. Et une longue bataille légale commence...
La Belgique compte une flotte de pêche de 67 navires. Cette zone est importante pour les pêcheurs flamands. Elle représente environ la moitié de leurs prises. Dans le contexte post-brexit, alors que Londres entend fixer chaque année, unilatéralement, les quotas de pêche dans ses eaux, le vieux document de l'ami Charles refait surface, n’ayant jamais été abrogé par les parlements durant trois siècles. Lors des tergiversations du Brexit, le gouvernement belge conserve ce joker dans sa manche pour la négociation de la pêche en eaux territoriales au cas d'un Brexit dur. La pêche dans les eaux britanniques représente 650 millions d’euros par an à l’échelle de l’Union. En Flandre, la moitié des prises des pêcheurs en dépend. Pour le Royaume-Uni, c’est plus symbolique car la pêche n'y représente que 0,1% de son économie. Mais les traditions y ont la vie dure.
Alors, si l’envie vous prend d’aller titiller le poisson au delà des douze milles marins de nos côtes ou de déguster des crevettes grises, ayez une petite pensée pour l'ami Charles et à ses vieux papiers... Un excellent dimanche à tous.
Il y a lui. Il y a elle. L’homme et la mer. Le marin et sa sirène. Et lorsqu’ils se rencontrent, c’est tout l’univers qui bascule. C’est tout le cosmos qui s’unit. Un petit billet sur la femme qui se cache derrière chaque marin.
L‘élément féminin a depuis toujours fait partie inhérente des abords de la mer et de la vie des marins. Que ce soit dans la mythologie ou dans les légendes, sur les quais ou à bord des navires, à terre dans les maisonnées ou encore dans les bars des ports. Dans l’ombre ou en pleine lumière, la présence de la femme demeure inlassablement indissociable du monde maritime.
Croyances & superstitions
« Une femme à bord, cela porte malheur », disait l’adage… Cela n’apporte que querelles et convoitises entre les hommes, ennuis logistiques ou fortunes de mer. Homère a décrit les malheurs qui s’abattraient sur Troie si les marins ne ramenaient pas la belle Hélène à son époux, embarquée en cachette par son amant, à bord d’une frégate, vers la célèbre ville du roi Priam. Autre légende : celle de Thésée. Revenant de Crète à bord de son bateau, après avoir vaincu le Minotaure, il célébra tant et si bien son retour au pays en compagnie de la jolie Ariane, qu’il en oublia de changer les voiles noires - signe de deuil, par des voiles blanches - signe de victoire. Son père, le roi Egée, apercevant le gréement sombre à l’horizon, pensa ainsi son fils mort et se jeta dans la mer (qui porte aujourd’hui son nom). Et la liste s’allonge des récits où les femmes et les sirènes furent considérées comme portant la guigne en mer.
«Longues oreilles et robe noire, autant que cape et moire, mènent marin au désespoir. »
Alors, faute de les laisser déambuler sur leur pont, les frégates emmenaient souvent une belle à la chevelure d’écume, sirène de bois fièrement dressée à la proue, parfois même joliment dévêtue. Ainsi, la proue du Cutty Sark représente une sorcière nommée Nannie Dee tenant une queue de cheval dans la main gauche. Un poème de l’Ecossais Robert Burns conte l’histoire de Tam, un fermier à cheval poursuivi par la jeune magicienne portant une chemise courte (« cutty sark »), qui parvient à échapper à ses charmes grâce à son fidèle destrier. Nombre de grands navires célèbres arborent une figure féminine à la proue : l’Etoile du Roy, le Stad Amsterdam, la Recouvrance, le Christian Radich, le Libertad ou encore l’Antiguav et bien d’autres.
Femme matelot, femme chef de bord ou capitaine demeurèrent ainsi longtemps des exceptions dans l’histoire de la marine, boudées des encyclopédies. Cependant, certaines d’entre elles ont laissé leurs marques dans la communauté des gens de mer. Par exemple, la piraterie a connu une poignée de tigresses des mers. D’abord, deux bretonnes : Jeanne de Belleville, qui écuma la Manche vers 1350 et Anne Dieu-le-veut dont le terrain de jeu se trouvait dans les Caraïbes. En Méditerranée, Sayyida al Hurra s’est alliée au célèbre Barberousse vers 1530. Il y eut aussi Mary Read et Anne Bonny, l’épouse de Jack Rackham, capitaine du Revenge, vers 1700. En Chine, une boucanière redoutée de la fin du XVIIIe siècle, Ching Shih, possédait une flotte de pas moins de 300 navires et une armée de 30.000 hommes. Au tournant du XIXe siècle, des femmes d’officiers de frégates et de bricks de la marine royale française purent suivre leur époux en campagne. Entre 1897 et 1921, plus de quatre-vingts embarquements de femmes à bord furent enfin autorisés pour des voyages au long cours, notamment pour le passage du Cap Horn. La marine marchande à voile, moins coûteuse que celle au charbon, connaissant une recrudescence, une centaine de navires furent affrétés, pour lesquels il fallait recruter de jeunes capitaines. Ces derniers furent à l’origine d’un changement de mentalité en exigeant d’avoir leur femme et leur famille à bord pour ces navigations au long cours. Ces Cap-Hornières endurèrent ainsi les mêmes épreuves que le restant de l’équipage masculin pour des voyages de plus de dix mois en mer, accouchant parfois même à bord (à découvrir dans l’ouvrage « Les Cap-Hornières » d’Etienne Bernet, éditions Maîtres du Vent). «Croix du Sud, étoile du Nord et femme à bord conduiront navire à bon port.»
Ce n’est donc que depuis peu dans l’histoire internationale que quelques femmes d’exception ont redoré le blason de la galerie des grands navigateurs : Florence Arthaud, Isabelle Autissier, Ellen Mc Arthur, Maud Fontenoy, Alexia Barrier, Samantha Davies ou encore Jeanne Socrates. Bien d’autres ont suivi depuis et démontrent chaque jour leurs talents en mer, à la barre d’un voilier, d’un navire commercial ou militaire. Il faudra attendre 2002 en France pour que la première femme soit nommée vice-amiral. De nombreux pays comptent ainsi aujourd’hui des femmes pêcheurs, des officiers mariniers commandants et des capitaines de frégate féminins.
© Photos – Rêvesdemarins - Wikipedia
Une femme dans chaque port et un port dans chaque femme...
Mais qui sont donc ces femmes de l’ombre, que les marins évoquent souvent ? Celles qu’ils se languissent de voir ou de revoir à l’arrivée dans un port. Celles qui leur font oublier leurs longues heures de navigation dans la pluie et la tourmente salée. La véritable rivale des femmes de marins, c’est la mer. Celle contre laquelle on ne se bat pas. C’est le bleu profond de ses abysses, et non celui des prunelles d’une autre terrienne qui envoûte les gens de mer. Alors, faute de pouvoir le combattre, les femmes de marins apprennent à aimer l’océan en accueillant les marins à leur retour, comme un port où l’on aime jeter l’ancre.
« L’amour est une mer dont la femme est la rive » (Victor Hugo)
La femme à terre, c’est un amer, un port où l’on peut se réfugier, où l’on retrouve un repère, une certitude, une empreinte qui rassure et donne de nouvelles forces pour repartir affronter les facéties de la mer. Et plus longue ou pénible est la séparation, plus intense sera le besoin de retrouver ce port.
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Capitaine à terre
Avant le départ du marin, la femme représente un associé précieux pour la préparation de son matériel, de son baluchon et quelques fois même des documents officiels nécessaires à la navigation. Une fois les amarres larguées, elle endosse la redingote de capitaine. Elle prend la barre des activités terrestres requérant une gestion intense durant les longs mois de navigation : la logistique, les enfants, la maison, la comptabilité, la gouvernance du patrimoine ou des terres et les activités additionnelles permettant de générer des rentrées financières. Au retour des hommes de mer, de nombreuses femmes de marins prouvent ainsi qu’elles sont particulièrement efficaces pour faire tourner les affaires, préparer et suivre la vente du produit des pêches. Si le métier de marin est laborieux, la navigation terrestre comporte pas mal d’écueils à travers lesquels leurs femmes tracent leur sillage avec brio. Etre femme de marin, c’est une vie indépendante et solitaire durant de longs mois. Il s’agit d’un métier en soi.
© Photos – Diego Delso CC BY-SA delso.photo)- Wikipedia
Longue est l’attente
La mer n’a pas de calendrier… Elle n’a d’empathie ni pour les anniversaires, ni pour les célébrations familiales, ni même pour les naissances ou les deuils. Seules comptent ses propres éphémérides. Il en faut de la patience pour être navigateur. Inutile de vouloir être rentré à une date fixe pour la réunion des parents à l’école ou à une heure donnée pour le repas du soir. Et tant pis si madame a mis le potage sur le feu. Monsieur arrivera lorsque les éléments en auront décidé ainsi…
Homère, une fois encore, dans son récit de l’Odyssée, nous fait l’éloge de Pénélope, la femme de marin par excellence, qui attendra patiemment vingt longues années le retour de son époux, prisonnier du jeu des Dieux en mer. L’attente à terre est longue et pesante, surtout sans nouvelles de celui qui est parti en mer. Les adieux sont souvent pénibles et l’angoisse profonde les soirs de tempête. Les technologies actuelles permettent de rester en contact bien plus aisément que par le passé. Les techniques de navigation et les modes de communication se sont foncièrement améliorés. Toutefois, un coup de tabac demeure un coup de tabac… Le danger ne s’en trouve pas amoindri. Les textos ont remplacé les prières et les bougies à la fenêtre. Internet a quelque peu évincé les émissions de radio Ostende pour obtenir des nouvelles de l’homme à bord. Mais rien encore n’a pu encore détrôner la bonne vieille communication par téléphone ou par VHF, permettant d’entendre la voix de celui qui se bat contre les éléments.
© Photos – Rêvesdemarins - Wikipedia
Le retour du guerrier de la mer
Femmes de marins, immuables amers des navigateurs...
Lorsqu’il rentre enfin du large, l’homme de mer a besoin de temps pour se réhabituer à la vie terrienne et digérer (au sens propre et au figuré) ses pérégrinations océanes. Les mauvaises langues raconteront que la première chose que fait un marin lorsqu’il rentre de la pêche – bien avant d’aller voir sa femme et ses enfants - , c’est se précipiter au café pour y boire le salaire qu’il vient de gagner et y vanter ses aventures en mer. Mais c’est loin d’être toujours vrai. Alors, la femme du marin profitera des moments de retrouvailles. Le mieux et le plus longtemps possible. Parce qu’elle sait qu’il finira par repartir en mer, quoi qu’il arrive. L’eau salée coule dans ses veines. Marin un jour, marin toujours… Et la passion des flots passe fréquemment d’une fratrie ou d’une génération à une autre. Difficile de ne pas y succomber. Et à la longue attente du père s’ajoutera alors celle des fils. On n’échappe pas à certaines vocations.
De nombreuses statues ont été érigées en l’honneur de ces femmes à la patience infinie et à l’inébranlable espoir du retour de leur marin. Comme la Fiskerkona (la femme du pêcheur), qui trône à l’entrée du petit port de Svolvaer dans les Lofoten (Norvège), ou ces autres femmes de pierre scrutant l’horizon bleuté au Grau-du-Roi (France) et à Cascais (Portugal).
Les femmes de marins et navigatrices d’aujourd’hui incarnent, chacune à leur manière, l’engagement pour les métiers de la mer et le dévouement à une passion. Elle prouvent ainsi que la détermination et le courage ne sont plus uniquement l’apanage des équipages masculins. Chapeau bas, les filles…
Un billet ce dimanche, dédié à ces femmes formidables, Malgré la mer et les tempêtes qui défient vos aimés ou le sort terrien qui vous a ravies beaucoup trop tôt de votre amour de marin : Sylvie, Dawn, Chantal, Josette, Marie-Jeanne, Catherine et tant d'autres.. Votre force, courage et endurance sont admirables.
Un excellent dimanche à tous. (PS. © Crédits - Ce texte est partiellement issu de mon article paru l'année passée dans Yachting Sud © nr 962 ).
Amiral, Capitaine, Lieutenant, Midship, Quartier-Maître, First Mate, mousse, matelot... Des titres qui comportent une logique implacable en mer. Un petit billet sur les titres honorifiques ce dimanche.
The Sea-Suite
Sur un navire, comme à l’armée, les titres ont été inventés pour une raison impérative: celle de clarifier la chaîne de commandement et des actions à prendre. En cas de crise, tempête ou bataille navale, on n’a pas le temps de tergiverser sur qui fait quoi. Chaque homme a sa place et ses ordres. Chaque marin doit savoir exactement ce qu’il est attendu de lui et ses activités sont très précises. Chacun remplit un rôle et une spécialisation précise : canonnier, pilote, midship man, barreur, gabier ou encore capitaine. Un navire à voile exige une discipline claire et comprise de tous. Les termes (le langage) utilisés se doivent d’être absolument sans équivoque pour tous, de manière à ne perdre aucune précieuse seconde dans les moments critiques. L’organisation d’un navire se doit d’être une machine aux rouages impeccables, bien huilée et sans failles. Une seule pièce de la construction vacille et l’ensemble du navire peut en subir les conséquences. Les marins d’antan avaient bien compris cette exigence. Et tout naturellement, la structure de l’équipage, des instructions et de l’organisation hiérarchique ont fait partie de la vie à bord.
En mer, on a la "Sea-suite" : un titre aussi, qui donnait jadis à bord, droit à la meilleure cabine, au miroir pour se raser, aux rations de repas les plus larges, aux morceaux de pain les moins rassis et au plus bel uniforme aux boutons brillants. Une culture “top-down”, me direz-vous ? Et oui... Pas trop d’espace pour les palabres de consensus ou interminables négociations. Et si le capitaine était un fumier ou un incapable, me direz-vous ? Bien, pas vraiment de chance, il vous restait à le supporter, ou à lancer une mutinerie... En mer, les vrais titres sont ceux que la mer leur accorde...
Heureusement, dans la voile moderne, les rôles se sont quelque peu flexibilisés. Les capitaines ont délégué une partie de leurs tâches à un équipage travaillant bien en équipe avec des hommes qui s’entr’aident. Toutefois, en cas de pépin, le capitaine reste envers et contre tout celui vers qui on tourne les yeux et qui doit prendre les décisions délicates.
En mer, le titre, on se doit de le mériter. Il est lourd à assumer. Le skipper est responsable de son équipage. Le capitaine porte le poids de son navire sur son rang. Pas question de se cacher derrière un titre face aux éléments et à la force de la nature. En mer, on peut se targuer de ses actes, pas de son grade. À bord, on est fier de remplir son rôle pour le bien de tout l’équipage, pas de sa renommée personnelle. Et les marins du dernier Vendée Globe viennent une fois de plus de le prouver en se déroutant pour secourir leurs pairs en dérive, faisant fi de leur classement de course. En mer, les vrais titres sont ceux que la mer leur accorde. Un capitaine, c’est avant tout un être courageux, solidaire, humble, créatif et résilient face à l’adversité. Son nombre de barrettes se compte à son nombre de milles en mer et de situations délicates gérées avec brio, entr’aide et modestie...
The C-suite : what’s in the name ?
A terre, on a l'autre suite... "The C- Suite" : Chief Executive Officer, Chief Operations Officer, Chief Digital Officer, Chief Happiness Officer, Chief Fool Officer... Et on n’en finit pas d’en créer de nouveaux, plus originaux les uns que les autres. Dans ce monde-ci, les titres honorifiques sont légion. Et les dernières années ont accéléré la tendance.
Au départ, vraiment représentatifs d’un contenu de rôle et de responsabilités, ils ont fini par devenir plutôt un statut, une manière de prouver une position, une autorité de décision et un contrôle des choses vis à vis du monde extérieur surtout. Ils ne coûtent rien et sont donc des outils souvent utilisés pour attirer des candidats, promouvoir une fonction vacante ou faciliter une vente. Un titre crée de la confiance, donne une présence et une raison d’être. Un titre, c’est comme une couverture bien chaude qui couvre les vêtements rapiécés, comme une cape de visibilité, un galon sur l’épaule. Il donne le droit de dire, de faire ou de décider. Il justifie un statut, un niveau, une prestance. Le titre devient incontournable sur un curriculum vitae, une page de profil. Il sert de porte d’entrée, de carton d’invitation. Et certaines sociétés ou personnes s’en servent allègrement. Et lorsqu’on doit trouver du travail, on a aujourd’hui peu de choix que celui de jouer le jeu du paraître. Heureusement, les bons recruteurs verront souvent au-delà d’une appellation chique sur un bout de papier. Dans le monde professionnel terrestre, c'est encore un peu pareil au passé : le titre le plus élevé donne encore souvent droit aux privilèges : la plus grosse voiture ou le chauffeur, le prestigieux bureau de coin, l'accès au restaurant des membres exécutifs, le téléphone dernier cri, et la superbe carte de visite... Même si ceci est en train d'évoluer vers un système moins visible, plus égalitaire (en surface du moins) et où les titres deviennent une forme de reconnaissance personnelle. N'est-t-il point plaisant d'être appelé "vice-président", "managing director", "président directeur général" ou encore "senior exécutif" ? Cela flatte l'égo, rassure et donne une importance vis à vis des autres. Cela donne un sens à une carrière parfois ou à une aspiration d'être reconnu comme quelqu'un "qui compte". Alors, pourquoi se priver de faire plaisir, diront certains ? A méditer...
Capitaine de rafiot
Et pourtant, que se cache-t-il réellement derrière une dénomination ? Après presque trente ans de pérégrinations dans le monde professionnel, principalement dans des grosses structures internationales, j’en ai vu des titres ronflants, des blasons dorés et des cartes de visite pompeuses. Et soyons honnête, j'en ai fait moi-même l'expérience (ce dont je ne me plains nullement puisque cela m'a clairement ouvert des portes).
What's in a name ?
Comme en mer, la taille du bateau qu’on dirige n’a vraiment pas d’importance. Le navire peut être modeste, voire petit en taille ou méconnu des listes des grands mécènes. La qualité du capitaine en demeure tout aussi primordiale. La complexité vient souvent d’ailleurs et le titre ne reflète pas toujours les difficultés qu’un rôle doive affronter. Conduire un cargo de trois cents tonnes où tout se fait par le pilote automatique dans une mer plate est-il réellement plus laborieux que de faire avancer un petit voilier ou un rafiot en pleine tempête, en équipage réduit et sans moteur ? Un skipper de PME est-il moins respectable qu'un CEO de multinationale ? Il doit tout savoir faire, avoir l'oeil sur tout, gérer ses finances comme un bon père de famille et jongler avec les moyens du bord, souvent bien moins généreux que dans des grosses structures. Il mérite tout autant son titre de capitaine...
Alors, ne jugeons pas sur les titres. Regardons derrière la carte de visite et les galons dorées (ou le costume cravate)... Et découvrons les vrais capitaines de ce monde.
Sur cette petite réflexion, je vous souhaite un excellent dimanche. Et un très bel anniversaire à JM, un de mes capitaines préférés (dont la stature et le grand coeur valent bien plus que tous les titres et les uniformes à barrettes :-)). |
AuteurArchives
August 2023
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