Dernier jour de l'an... Je pourrais vous faire part de mes bonnes résolutions pour 2018. Par exemple, je pourrais envisager de m' arrêter de fumer, de me mettre au macramé ou au tricot. Mais voilà, je ne fume pas, le macramé ne m'intéresse que lorsqu'il ressemble à du matelotage et mes capacités à manier les aiguilles se limitent à celles de la boussole de bord. Je préfère donc profiter de cette occasion pour poser un regard sur mon Tour du Monde des douze derniers mois.
2017, une traversée riche en aventures, découvertes, conquêtes et mises à jour de quelques trésors. Fertile également en déboires, revers et fortunes de mer, voire errances parfois. Alors, laissez-moi rêver que je suis un petit capitaine de navire pour vous conter ainsi mon périple de cette année... (Même s'il me reste encore beaucoup de milles à parcourir avant de mériter tel titre. )
Dur Labeur à Bord
Tout d'abord, et c'est ainsi que beaucoup voient simplement le petit capitaine de ma frégate : un bourreau du travail, qui toujours tient la garde, et qui jamais ne relâche la cadence pour lui-même, ni pour son équipage. Des jours et des nuits de labeur pour ses commanditaires. Et c'est vrai, 2017 fut loin d'être de tout repos. C'est le lot de nombreux indépendants à la tête d'une petite entreprise. Une vision un peu réductrice car derrière la dure silhouette du chef de quart exigeant et sa discipline de fer au travail se cachent des rêves et des espoirs bien autres que le simple désir d'un commerce prospère.
Mon Royaume pour un Cheval Marin
Et oui, le petit capitaine a de grands rêves... Un rêve en particulier : participer à une compétition de bateaux à voile d'envergure internationale... Et arrive en 2017 une proposition d'embarquer pour s'en aller pourchasser la chimère... Grâce à la confiance d'un équipage et de son skipper, nous voici à bord d"un coursier de quarante pieds pour la Round the Island Race à Cowes. Le rêve devient réalité... Et la réalité dépasse de loin le rêve ! Merci à tous ceux-là qui ont cru en nous, du moins suffisamment pour nous permettre de les accompagner. Un périple tout simplement magique... A refaire très vite ! Et au diable le mal de mer !
Escales de Vie
Felixstowe, Pin Mill, Cowes, Porthsmouth, Dubrovnik, Slano, Cadzand, Rome, Le Crotoy, St Valéry, Gøtenborg... Un mini tour d'Europe continentale tout au plus en 2017... Mais, tour tout de même... Avec des amis chers. Et des moments inoubliables.
Une traversée fortissimmo et intense en termes d'émotions humaines, créant et comblant à la fois un immense vide. La visite de petit loups de mer lors d'une escale en Suède. Une série de bords de près en compagnie de merveilleux papillons de mer. Des papillons rendant le voyage extraordinaire, jusqu'au dernier souffle de vent, jusqu'au dernier battement d'aile. Des papillons qui se sont envolés ou allés voir de l'autre côté du miroir bleuté, mais qui, pourtant, ne quitteront plus jamais vraiment le navire... Des navigations de près un peu plus délicates à gérer aussi, entre autres près des eaux de Robinsons Crusoës, dédaignant la bouée de sauvetage qu'on leur lance, trop inquiets de leur mode de survie pour reconnaître que le navire qui les aborde désire en réalité leur porter secours. Une expédition avec ses bonheurs et ses douleurs, ses réussites et ses déroutes. On ne peut pas sauver tous les naufragés contre eux-mêmes, ni contre leur destinée. Une odyssée jalonnée de moments forts, très forts. en 2017...
© Photos - Rêvesdemarins & Projet Voilier Pollen
Fenêtre ouverte
Avec une nouvelle année s'ouvre une fenêtre sur une autre mer. Plus bleue, plus transparente, plus vaste. Une tempête peut révéler une île inconnue et le début d'un merveilleux nouveau voyage. Et, en tant que petit capitaine, je compte bien diriger mon bateau dans cette direction.
"Parfois la vie ferme une porte et s'ouvre alors une fenêtre... "
Alors, dans mon programme de 2018, j'ai déjà inscrit à ma liste de souhaits quelques jolis projets, en sus de me trouver de nouveaux commanditaires-clients (il faut bien renflouer la caisse de bord pour entretenir le navire de temps à autre ! ).
Pourquoi pas l'essai d' un catamaran (Prototype TS5) tout beau, tout neuf et dernier cri ? Et quelques navs en Mer du Nord ou en Bretagne ? Ou encore une petite échappée belle au Lac de Côme ? Sans oublier la poursuite du rêve d'un ami pour la suite de la construction de son voilier d'argent, qui n'attend que nous dans son hangar agricole. Eventuellement une petite pointe jusqu'au sud de l'Italie à la voile à la fin de l'été, un reportage journalistique à la Sérénissime et très certainement quelques allers-retours au pays des fjords. Sans aucun doute aussi, des milliers de photos, la continuation de ce blog (même si sa fréquence se réduira éventuellement un peu) et la publication de quelques articles véliques, voire l'édition d'un livre ? Qui sait... Et puis surtout, un défi (de taille pour moi) brigué depuis bien longtemps : l'obtention de mes brevets de navigation et de Yachtman. Alors, amis voileux, si le coeur vous en dit de m'accompagner pour un ou plusieurs de ces projets, faites-moi signe ! Plus on est de fous, plus on "ris" à bord... Bref, ce ne sont pas les idées qui manquent et je ne risque pas de m'ennuyer en 2018...
© Photos - Rêvesdemarins & SailforBelgium/A.Guillaume
Enfin, je ne pourrais pas terminer ce billet sans remercier tous ceux et celles qui ont contribué à mes escales de vie. Ceux et celles qui les ont partagées avec moi et qui me permettent d'avancer dans mon océan, malgré les tempêtes, les pétoles et les coups de tabac. Merci à vous tous. J'ai beaucoup de chance de vous connaître. Merci aussi à vous mes lecteurs, connus et inconnus. C'est en grande partie grâce à vous que ce blog tient sa raison d'exister. A quoi bon écrire pour un auteur s'il n'est pas lu, n'est-ce-pas ?
Sur cette liste d'escales (qui va sans aucun doute s'allonger encore), je vous souhaite une merveilleuse année 2018 ! Emplie de bonheurs, d'expériences nouvelles, de beaucoup d'amour et de tendresse et surtout sans gros ennuis de santé. Que les Dieux marins vous protègent en 2018. Bonne année à tous !
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Du temps de mon grand-père, le soir du 24 décembre était toujours une soirée inoubliable, riche en folkore, mystères, magie et contes de fées. Alors, en son souvenir, puisque ce site web lui est dédié, voici un petit conte de Noël, histoire de perpétuer la tradition en hommage à un bel auteur cher à mon coeur.
En rencontrant mon filleul en Suède début de ce mois, j'ai découvert que cet adorable petit garçon de cinq ans affectionne beaucoup les animaux. Et un d'eux en particulier. (Comme son prénom pouvait le présager) Attila est en effet fasciné par les équidés à longue crinière. Alors, en ce WE de Noël, je n'ai pas pu résister à l'envie de lui composer un petit conte de circonstance sur ce thème. "Il était une fois un petit cheval... "
Il était une fois un petit cheval qui se nommait Kelpi. Il vivait dans les Highlands écossais, là où l'homme a du mal à se frayer un chemin dans une nature sauvage. Son pelage était gris ardoise. Le bout de ses pattes était couvert de larges fanons couleur d'anthracite. Il possédait un regard très particulier : des yeux vert de gris parsemé de quelques étincelles dorées avec de longs cils noirs. Sa crinière, entièrement cendrée, presqu'argentée, volait dans le vent de l'Est. Sa robe était incroyablement épaisse et le protégeait du froid piquant de l'hiver. Son museau, d'un rosé tendre, était doux comme de la soie au toucher. Ses pattes étaient sensiblement plus courtes que celles de ses congénaires et son poitrail plus costaud. Etonnamment pour sa stature, il possédait une force hors du commun.
Cependant, son aspect extérieur le désolait. Il ne ressemblait en rien à tous les autres chevaux des étendues où il aimait à gambader. Tous les autres arboraient une autre teinte : bruns, noirs, blancs ou encore bai. Leurs yeux étaient tous foncés : marrons, dorés ou ébène. Son regard clair intriguait ses compagnons. Et on le regardait souvent de travers. De plus, sa petite taille l'affligeait comparé aux longues et fines jambes de ses congénères. En outre, les siennes se terminaient par une sorte de houpette de longs poils derrière ses sabots, donnant l'impression de bottines de fourrure. Les autres se moquaient souvent de lui en référant à l'imperfection de ses pattes et de sa modeste taille. Et le petit cheval se sentait très seul... Il ne comprenait point pourquoi sa différence le rendait si peu acceptable pour ses pairs. Mais, il ne leur en voulait pas. Il se contentait de rester à part et de vivre une vie d'ermite.
Kelpi faisait preuve d'une grande intelligence. Il était doux et sensible. Il était toujours le premier à flairer le danger et repérer les bruits inhabituels. Et puis, surtout, le petit cheval était libre : il n'appartenait à personne et ne laissait aucun humain l'apprivoiser. Les hommes avaient beau tenter de lui mettre un licou et de les accompagner dans leurs écuries, le petit cheval se libérait toujours et s'enfuyait au galop dans les collines. Ces caractéristiques rendaient ses congénaires incroyablement jaloux de lui. C'est ainsi qu'il fut nommé Kelpi par son entourage. Dans la mythologie écossaise, les "Kelpies" représentaient de puissants êtres mi-chevalins, mi-aquatiques, capables de prendre forme humaine, attirant les voyageurs imprudents dans cette région hostile. Ces derniers, souvent perdus et fatigués dans les montagnes des Highlands, étaient heureux de trouver une monture acceptant de les porter sur leur dos, sans réaliser que cette monture allait ensuite les emmener au fond des lochs (lacs) de la région, d'où ils ne ressortiraient jamais. Tous craignaient ces créatures fantastiques. La légende avait donc suivi Kelpi et le mystère qui entourait son existence solitaire.
© Photos - Rêvesdemarins
Ce soir-là de fin Décembre, alors que la bise soufflait rageusement sur les collines et que la neige tombait sans discontinuité, tout le monde célébrait la Noël dans les maisonnées de pierre. Les quelques rares habitants de la région faisaient bonne chère au coin d'une bonne flambée au son des violons et cornemuses. Sur la table, "haggis", "broth", "black pudding", marrons et saumon faisaient saliver les papilles des invités, arrrosés du whisky ambré de la distillerie locale.
Au dehors, le petit cheval se pelotonnait au fond d'une grange abandonnée près du loch Duich, en tentant tant bien que mal de se réchauffer dans la nuit glacée. Il se sentait bien solitaire ce soir-là... Mais, à quoi bon rejoindre ceux qui ne l'acceptaient de toute manière pas comme il était et le lui faisaient bien comprendre. De son promontoire qui donnait sur les lac de mers environnants, le petit cheval pouvait aperçevoir la ferme où ses frères dormaient, de l'autre côté de l'eau. Au loin vers l'Est, les monts enneigés. Vers l'Ouest, le vieux château d'Eilean Donan se profilait sur l'onde, comme un enchanteur de pierre. Les prairies qui le bordaient étaient emplies de givre et immaculées sous la neige fraîche. Il se disait qu'il habitait là une région magnifique : trois immenses lacs de mer se rejoignaient à cet endroit, à proximité de l'océan et de l'Île de Skye. Et cette pensée le réconfortait quelque peu.
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Par contre, bien au chaud dans leurs écuries, ses frères et soeurs se prélassaient dans leur enclos la panse pleine, car il ne faisait pas une température à mettre un cheval dehors ! Lorsque soudain retentit un bruit inquiétant au loin. Un crépitement frémit, puis une odeur âcre leur monta aux naseaux. Leur coeur se serra. Dans le grenier à foin voisin, une lanterne s'était renversée avec la force du vent. Le feu avait pris dans les combles et commençait à se propager malgré la neige. En panique, les chevaux prisonniers de leur étable se mirent à hennir et ruer de toutes leurs forces. Mais les fermiers n'entendaient rien, trop occupés à faire la fête.
A présent, le brasier se rapprochait dangereusement et menaçait de gagner les écuries toutes proches, où se trouvaient les bêtes prisonnières. Ils avaient beau faire un potin d'enfer et se démener comme des diables pour se libérer, la lourde porte du hangar était solidement fermée à clé. Ils étaient captifs !
Les premières flammes commençèrent à lécher la porte d'entrée et la fumée avait à présent envahi la bâtisse de bois. Les chevaux, avec leurs fines pattes, tentaient désespérément de se frayer une brêche dans la porte de chêne. En vain. Elle résistait à leurs assauts. Lorsque tout d'un coup, ils entendirent un bruit cadencé au dehors. On aurait dit... des sabots ! Puis des voix d'hommes, des cris et des jurons. C'était Kelpi ! Il était venu à leur aide ! Et le petit cheval avait été prévenir les fermiers en hennissant et tambourinant sur l'huis de la maison. Mais au moment où le fermier voulut ouvrir la porte de l'écurie pour libérer les bêtes, elle se révéla impossible à ouvrir, les fers des battants déjà rougis par le feu, ayant été scellés par la chaleur.
Alors, Kelpi risqua le tout pour le tout. Il se plaça juste devant la porte, rua et frappa de toute ses forces avec ses sabots dans le bois en flammes. La fournaise lui brûlait les pattes et quelques flammèches lui roussissaient les fanons. Mais, il continua, encore et encore, sans relâche jusqu'au moment où une des planches céda. Le fermier, armé d'une hache, continua le travail déjà ébauché par le petit cheval. Et un des battants du portique finit par céder. Les animaux prisonniers déboulèrent vers la sortie et la liberté. Ils étaient enfin sauvés...
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Kelpi était épuisé. Il s'écroula sur le sol enneigé, à quelque distance de la grange en feu. Alors, se passa l'impensable : les autres chevaux s'approchèrent de lui et l'entourèrent. Une jument se coucha tout contre lui pour le réchauffer et ils restèrent ainsi durant un long moment. Le fermier appela les bêtes, qui refusaient à présent de le rejoindre. Intrigué par leur manège, il s'approcha du petit groupe et découvrit Kelpi allongé sur le sol, les pattes méchamment brûlées par son effort. Et pour une fois, le petit cheval se laissa toucher. Le fermier lui caressa les naseaux et l'échine. Il le couvrit de son manteau et lui apporta de l'eau à boire. Le feu avait à présent été maîtrisé et il emmena les animaux au sec dans une grange. Dès que Kelpi eut repris quelques forces, il se laissa transporter par les hommes, qui soignèrent ses blessures aux pattes, le nourrirent et prirent soin de lui, comme un de leurs propres chevaux.
Depuis cette nuit de Noël-là, le petit cheval demeura près des fermiers et de la compagnie de ses frères aux longues jambes, bien à l'abri du blizzard et du gel. Plus jamais aucun autre cheval n'osa mépriser son aspect. Il fut enfin considéré comme un membre de leur famille à part entière. Ils vécurent ainsi encore de longues années de bonheur dans les collines écossaises, dans lesquelles il aimait tant à galoper.
Alors, je vous souhaite à tous un merveilleux Noël. Qu'il vous soit doux et heureux. Et surtout qu'il vous soit source de tolérance, réconciliation et surtout de beaucoup d'amour. Et comme on dit en gaélique écossais : Nollaig Chridheil ! Joyeux Noël !
Une petite exception à la règle : pas de billet sur la mer ni les voyages aujourd'hui...
Encore sept fois dormir et nous y serons à nouveau...
Les fêtes de fin d'année restent des moments célébrés dans mon entourage, comme dans beaucoup d'autres dans la culture à laquelle j'appartiens. Et cependant, j'avoue, je redoute un peu cette période faste, où il est de tradition de faire bonne chère, de multiplier les réunions familiales et les ripailles sur quelques jours. Je devrais me réjouir et pourtant, j'appréhende un peu cette période. Pourquoi cette ombre à un tableau qui se veut joie et allégresse ?
La Chaise Inoccupée
J'ai la chance de faire partie de cette infime portion de la population privilégiée, qui n'a aujourd'hui pas trop de soucis matériels. La tradition familiale, depuis des générations, se veut opulente et généreuse en termes d'accueil. Il est vrai que donner et distribuer du bonheur demeure toujours une grande joie, bien plus que celle de recevoir.
Cependant, malgré le faste et l'opulence, il me semble qu'il manque toujours quelqu'un autour du sapin. Que la grande table reste toujours quelque part incomplète. Il y a toujours ce fauteuil au coin de l'âtre que je voudrais voir occupé. Cette sonnette désespérément muette que je voudrais entendre tinter. Ainsi, dans chaque foyer, il y a toujours une chaise vide... Que ce soit l'enfant qui n'a pas pu se libérer, le frère perdu, l'être banni de nos vies, la soeur dont on est resté sans nouvelles, le parent ou l'ancien compagnon avec qui l'on est en froid depuis bien longtemps. Ou encore ce proche qui s'est envolé pour une autre galaxie et qui nous manque cruellement. Dans cette chaise vide, se trouve toujours l'image de quelqu'un qui peuple nos pensées et nos coeurs. Alors, elle a toujours sa place à table.
© Photos - Rêvesdemarins
La Chaise Solitaire
Il y a aussi ceux-là, qui voudraient bien rejoindre une table, mais que personne n'a invité... Ou chez qui la sonnette de la porte d'entrée s'est tue depuis belle lurette. Et qui passent la soirée en tête à tête avec leur chaise (roulante ou non), leur fauteuil devant une assiette vide, leur carton sur le trottoir, ou leur poste de télévision. Ni sapin, ni guirlandes. Ni paquets dorés ou feu d'artifice. Ou personne avec qui l'admirer. Qu'ils soient jeunes ou âgés, gentils ou acariâtres, ceux-là devraient pouvoir aussi partager une petite place auprès d'une maisonnée chaleureuse et aimante. Et cette pensée m'attriste terriblement. J'avoue, je le dénonce et ne fais pourtant rien en particulier pour rassembler ceux-là-mêmes, que je ne connais pas... Mais, peut-on porter le poids du monde sur ses épaules ? Il y a déjà tant à faire dans son entourage immédiat.
Peut-être alors cette chaise vide à notre table pourra-t-elle, un jour, accueillir un de ceux-là ?
La Chaise de la Trêve
Lors d'une nuit étoilée de décembre, il y a plus de deux mille ans, quelque part dans le froid nocturne glacial des monts judéens. Bethléem, Cisjordanie actuelle, à environ dix km au sud de Jérusalem. Un endroit supposé représenter la paix. Et pourtant, depuis des siècles, les politiques (et pas que les actuels) en ont fait un lieu de conflits et de discorde. Et ces dissensions semblent sans fin. Les écrits des sages y relatent la naissance d'un petit bout d'homme, qui allait faire couler beaucoup d'encre. Une encre se voulant pourtant d'espoir.
Une encre à la teinte rougie par les siècles aussi... La période de Noël a toujours été signe de trêve et l'occasion pour les belligérants de brièvement déposer les armes. Un cessez-le-feu sacré... Cette chaise-ci représente donc le symbole d'un arrêt des hostilités dans notre monde de tensions. Le moment de mettre ses différends de côté. De renvoyer ses discordes au placard. De ravaler sa colère et son ressentiment. De jeter ses rancoeurs pour de bon au panier. Un moment de pardon et de réconciliation où le dialogue peut enfin reprendre. L'opportunité de faire un geste vers l'autre. Et c'est là que la chaise vide prend tout son sens... En invitant l'autre à s'y asseoir face à nous ou à nos côtés, au lieu de lui tourner le dos. La chaise vide est une porte ouverte à l'autre...
© Photos - Rêvesdemarins
Alors, si même il vous reste une chaise vide en cette période de célébrations, ne l'enlevez surtout pas... Qui sait, ce sera peut-être l'occasion de rajouter quelques noms à votre liste d'invités, ou du moins à celle de vos cartes de voeux de fin d'année.
Et si vous comptez sur ce dimanche pour préparer votre sapin de Noël, alors bonnes guirlandes ! Bonne fin de WE à tous.
Quand le château de cartes s'effondre
Il y a de ces moments dans l'existence où la vie ne nous parle plus. Ces périodes où notre château de cartes s'effrondre inopinément par un coup du hasard ou du destin. Une nouvelle qui nous déchire, le deuil d'un proche, la perte d'un emploi, l'annonce d'une maladie ou d'une récidive, une séparation, un accident qui survient et tant d'autres angoisses... Selon les cas, une kyrielle de petits ou grands malheurs qui nous enfoncent vers un vide et de lourdes interrogations. Et souvent, ces événements ne viennent pas seuls, mais en cascade (vous connaissez tous la fameuse loi des séries ou de "Murphy").
Alors, dans ces instants-là, nous tentons de trouver un moyen de nous réconforter, comme un enfant enlace son "doudou" dans ses bras pour se rassurer. A chacun sa manière. Pour certains, il s'agit de serrer un objet affectionné d'un être cher contre soi, pour d'autres de se pelotonner dans une position tranquilisante, de faire une longue marche le long de la mer, ou partir faire un jogging pour se vider l'esprit. Pour d'autres encore, il s'agit de rejoindre un endroit particulier, un havre de paix, où l'on se sent "chez soi". Et la mer a cet effet sur moi. Je m'y sens "chez moi" près d'elle, ce que j'aime à appeler un "Home by the Sea". Le bruit du ressac et des marées. La musique du vent sur la grève. Le jeu des embruns sur les vagues. La tranquilité d'un horizon pur. Le froid piquant de la bise salée. Le goût de l'iode sur mes lèvres. Le kaleïdoscope des tons de l'onde allant du gris acier au bleu turquoise, en passant par l'orangé des couchers de soleil ou le vert smaragdin des jours de pluie. Le va et vient continu de flux et du jusant. La mer m'apaise. Elle me fait me retrouver avec moi-même. Elle me ramène vers mon coeur, me rapproche de mon essence.
Scandic Home by the Sea
Cette semaine, j'ai retrouvé un de mes "Home by the Sea". Un petit village en bord de mer suédoise, au milieu des fjords glacés, près de Gôteborg. Auprès de quelques proches, qui m'ont fait me sentir vraiment chez moi, même si j'étais à des milliers de kilomètres de ma maison... Pas encore de neige, hélas, mais déjà l'atmosphère chaleureuse (le "mys" suédois, le "hygge" danois, ou "cocooning") dont seuls les Scandinaves ont le secret pour passer à travers les très longs hivers sans lumière. Et oui, la nuit commence à y tomber à partir de 15h30 déjà... Si certains lecteurs se disent qu'ils ne pourraient jamais y séjourner en hiver, moi, je m'y sens bien. Le remède contre le manque de photons ? Créer la lumière et la chaleur artificiellement. Et tout est bon pour y parvenir : chandeliers à la fenêtre, bougies, chandelles, lumières d'ambiance, flambeaux, lumignons, coloris de braise, feu de bois, brasero, barbecue (si, si, par tous les temps ! ), petits pains à la cannelle ou encore décorations prématurées de Noël.
© Photos – Rêvesdemarins & Isabelle Burguet
Sankta Lucia
En ce qui me concerne pour retrouver un moment de paix dans une période difficile ? Faute de pouvoir me retrouver sur un voilier en mer, je me rabats sur une petite pause confortable dans un sofa sous une couverture toute douce, en chaussettes, sous une lumière tamisée, quelques bougies, un bon feu de bois qui crépite, et surtout (le plus important ! ), le chat qui ronronne sur mes genoux. Le tout agrémenté d'une musique qui me touche. Tout cela, idéalement, près de la mer, bien évidemment. J'en profite d'ailleurs pour vous faire partager quelques morceaux, dont Molly Sanden, une jeune suédoise à la voix magnifique. Et peu importe si vous ne comprenez pas le suédois : la musique parle d'elle-même !
Alors, si vous venez d'accuser le coup d'une de ces périodes ardues, j'espère que vous trouverez dans ce petit billet l'inspiration pour votre propre "Home by the Sea" et vous réconforter quelque peu.
Je vous souhaite un dimanche apaisant (et n'oubliez pas la peluche ronronnant sur les genoux ! A moins d'être allergique aux poils, il s'agit d'un remontant infaillible ! ).
Vous vous souviendrez probablement du petit animal qui partait jadis en mer avec les caravelles ou autres frégates : les navires emmenaient en effet autrefois un CHAT pour se débarrasser des rats sur les navires. Equipier bien seyant pour se défaire des intrus à longues dents à bord.
Mais ce que l'on sait moins, c'est qu'ils emmenaient également un autre type d'animal en mer : le TouCHATou (que j'ai rebaptisé ici Moussaillon à cinq pattes )... Compagnon indispensable pour les navigations au long cours. Les bateaux de nos jours ont d'ailleurs perpétué cette tradition. Et il est rare de s'embarquer en mer aujourd'hui sans ce membre d'équipage un peu particulier.
Créature étrange, mais oh combien salutaire aussi bien en mer que sur la terre ferme. Et si elle peut parfois paraître envahissante à première vue, elle est souvent sympathique, volontaire, inventive et surtout très attachante. Je vous en propose une petite description dans ce billet.
Un Physique au Croisement des Espèces
Des yeux de Lynx.
Un regard perçant, capable de remarquer le moindre détail à grande distance. Même s'il aime parfois à se parer de lunettes. Souvent méticuleux et minutieux dans son labeur. La force du Taureau Certains Touchatous font preuve d'une force physique assez époustouflante. Ils parviennent à déplacer des objets et des matériaux que vous pourriez à peine soulever. Sans pour cela avoir la taille d'un buffle. Parfois même, leur gabarit paraît insignifiant par rapport à la carrure athlétique des actions qu'ils réalisent. Un peu comme des fourmis capables de porter cinquante fois leur propre poids, en somme. L'agilité du Singe Il se contorsionne dans les endroits les plus tortueux, labyrinthiques et inconfortables qu'on puisse imaginer : entre les canalisations de l'évier, au fond des coffres à voiles, sous les panneaux du sol, dans les sous-bassements des cavités inondées, entre les panneaux cloutés d'un meuble, dans un bain d'huile d'un moteur défaillant, en tête de mât d'un voilier... Tout est bon pour une séance d'acrobatie. La peau de l'Hippopotame Le Touchatou adore les ablutions de boue. Plus sale, au mieux. Il présente une prédilection toute particulière pour la poussière, l'huile de moteur, l'eau trouble ou encore la sciure de bois. Une journée trop propre le rend maussade. Par contre, il ne dédaigne pas une bonne douche chaude d'eau savonnée (propre cette fois-ci) pour se décrasser en fin de journée. L'habileté du Castor Là, tout dépend de l'individu. Certains sont dotés dès leur plus jeune âge de doigts en or. Et leur habileté manuelle se prouve sans pareil : de leur dextérité sortent des trésors. Vous en verrez parfois tenir un marteau d'une main, un clou et des vis de l'autre, en bloquant une planche du gros orteil gauche et en coinçant le tournevis entre les orteils du pied droit, tout cela, la lampe de poche entre les dents (les fameuses 5 pattes du Moussaillon... ). Cependant, tous n'ont pas la chance d'être dotés d'un tel don. Et si la bonne volonté est bien là, les résultats sont parfois moins probants... Vous savez... La porte qui ferme encore moins qu'avant la réparation, le meuble "schief", le robinet qui ne cesse de larmoyer, la charnière qui a commencé à grincer... Et j'en passe. Vous connaissez tous des exemples de ce genre. La Nature n'est pas toujours parfaite. Ceux-là compensent souvent leur maladroitesse par d'autres qualités tout aussi valables. Il vaut donc mieux ne pas (trop) la leur faire remarquer. Surtout ne leur en veuillez pas et encouragez-les à poursuivre leurs efforts louables (tout en tenant la trousse de premiers soins à portée de main).
Un Caractère Bien Trempé
L'inventivité du Dauphin
Créatif jusqu'au bout des doigts. il n'y a pas une seule idée, mais vingt à la fois qui lui passent par la tête. Son esprit ne cesse jamais d'imaginer. A tout problème solution. A toute demande, création. Il a l'innovation dans le sang. Il est né pour inventer, pour transformer. Un véritable petit génie. Même si toutes ses in(ter)ventions servent parfois plus à satisfaire son besoin de réalisation qu'à l'apport de résultats immédiats. Le Ludisme de la Pieuvre Espiègle et farceur, notre ami adore se déguiser. Surtout qu'on ne le reconnaisse pas ! Que ce soit derrière un masque anti-poussières, un casque de soudure, des lunettes de plongée, des gants dignes de Goliath, une combinaison de travail bleue, style cosmonaute ou encore de magnifiques caches-oreilles (pour ne surtout rien entendre lorsqu'on lui demande de faire moins de bruit). La Ténacité du Bourricot En plus de parfois se charger les bras comme un âne, il a en outre parfois tendance à adopter certains traits de caractère de ce dernier : patient, tenace et têtu tant qu'il n'a pas obtenu les résultats escomptés. Il peut recommencer vingt fois la même tentative avant d'y parvenir (ou pas ... ). L'humeur du Cochon et le Ronchonnement de l'Ours Par contre, vous l'entendrez souvent jurer et marmonner dans ses babines. Surtout lorsque les choses ne vont pas comme il l'entend. Il ira même souvent jusqu'à pousser quelques beuglements sonores (allez savoir, que ce soit de désespoir ou d'exaspération) pour exprimer ses états d'âme. Le Courage du Lion Il n'hésite pas à s'essayer à de nouvelles techniques et à de nouveaux outils, même sans en connaître le fonctionnement. Et pour ce faire, à manier des matériaux ou machines relativement dangereuses. Peur de rien pour parvenir à ses fins : scies, fonderies, instruments dentés, haches, massues ou autres engins dont se délectent les producteurs de films d'horreur à bon marché. (Ici aussi, la trousse de premiers soins est d'application. ) L'Economie de l'Ecureuil Enfin, le Touchatou adore emmagasiner. Dans son repaire terrestre, vous trouverez dix mille objets plus déroutants les uns que les autres - "Cela pourra toujours servir un jour..." - qu'ils soient rouillés, ou dans un état convenable. Et plus le hangar est grand, plus il se remplit. Une bonne provision pour les vingts prochains hivers.
Son Régime Alimentaire
Il raffole souvent de friandises, d'un bon paquet de frites (de préférence de la friterie du coin, mais ces dernières ne font pas légion en mer... ), d'un grand bol de potage bouillant avec une tartine de bon pain, ou d'un solide steak pour les non végétariens. Durant la journée, il turbinera souvent à l'eau fraîche et aux barres de chocolat. Par contre, en début de soirée, nombre d'entre eux ne dédaigneront pas une bonne bière ou un "ch'ti coup de pinard" (une fois amarré bien entendu). Mais, comme il trime dur, il a besoin d'énergie ! N'oubliez donc pas de bien le nourrir, surtout durant ces températures hivernales.
© Photos – www.Jeuxetcompagnie.fr
Alors, si jamais un Touchatou décide d'élire domicile à vos côtés ou de vous joindre à bord lors de votre prochaine sortie en mer, soyez sympa et traitez-le bien, peu importe s'il est doué ou non. Même s'il demande un peu de recadrage de temps à autre, sa présence est un véritable trésor !
Un excellent dimanche à tous les bricoleurs (qui, je l'espère ne m'en voudront pas de ce billet un peu taquin) ! |
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May 2023
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