La semaine passée célébrait Pâques. Et qui dit Pâques, dit cloches. Cependant, dans d'autres contrées, le convoyeur de nos oeufs en chocolat ne vole pas. Il court. Et il a de longues oreilles... Vous voyez de qui je veux parler ? Comme, en bon marin, je n'ai pas le droit de le nommer (puisque cela porte malheur à bord), et histoire de demeurer dans le vocabulaire maritime, nous l'appellerons donc PanPan pour les besoins de ce billet. Et vous me pardonnerez d'ores et déjà pour ce billet sacrilège et quelque peu pendable...
Je vous laisse deviner le lien entre le titre de ce billet et notre ami PanPan. Alors, pour une rare fois, c'est parti pour un billet interdit aux moins de 18 ans et un peu de piquant pour titiller votre dimanche sur un sujet un tantinet osé : le Sexe en Mer.
PanPan
"Pan-Pan : Dans les conventions radiotéléphoniques internationales (transcription de la prononciation en français « panne panne ») est l'appel d'urgence lorsque la sécurité d’un aéronef, d'un navire ou d'une personne est menacée, par exemple lorsque quelqu'un est blessé ou tombe malade à bord. Cet appel se répète trois fois. L'appel d'urgence est émis sur une fréquence internationale de détresse et d'appel en radiotéléphonie ou une fréquence de travail. Il sera traité après les messages de détresse Mayday. " (Source : Wikipedia)
Outre ses qualités de convoyeur d'oeufs et de friandises pascales, notre ami PanPan est connu pour son appétit d'exercice physique, surtout en présence de jolies dames. Alors, partir en mer avec un ou une PanPan à bord vaut-il réellement la gravité du message de détresse ci-avant ? Analysons si le mythe dit vrai...
Ad Libitum
Les romans et les films (notamment ceux de James Bond pour les accros) vous feront miroiter des navigations paisibles, sur des voiliers d'exception (par exemple, le Regina dans Skyfall ou le Soufriere dans Casino Royale... ) au bar débordant des mets les plus raffinés, avec une cabine au lit Kingsize aux draps de satin. Ils vous feront ainsi rêver de nuitées d'amour intense et d'orgies décadentes à bord. La réalité sera, par contre, la plupart du temps bien différente...
Bien entendu, vous croiserez de ces voiliers en cabotage de jeunes (ou moins jeunes) insomniaques dont le volume de la musique et des litres d'alcool à bord ne sont jamais suffisants pour assouvir leur besoin de luxure et de festoiement jusqu'au petit matin. On en a tous croisé dans les marinas ou à l'ancre dans des régions touristiques. Et à bord de ces voiliers-là, je ne peux pas jurer que les soirées des PanPans ne dégénèrent pas souvent en séances déshabillées de sport en cabine. Ces bateaux-là, personnellement, je les préfère le plus loin possible de mon point d'amarrage. Leurs ébats noctures et leur insommnies libidinales m'importent peu, mais mon propre sommeil, lui, par contre, compte en mer, surtout lorsqu'il s'agit de lever l'ancre à l'aube !
© Photos – Wikipedia
My Bunny is over the Ocean...
Au risque de vous décevoir, le beau James ou l'insondable Corto, même s'ils sont à bord, ne passent pas leur temps à folâtrer dans la cabine. Ils passent leur temps à diriger le navire et à récupérer les petites heures de sommeil que leur fonction exige. Les moments de relâche donnent toujours priorité à la récupération, au repos et au sommeil. Pas trop le temps de s'adonner à de l'exercice physique en plus de celui que le voilier prévoit déjà en larges quantités pour son fonctionnement. Pas trop le temps de se regarder béatement dans le blanc des yeux alors que l'attention du capitaine ou de son équipage doit, à tout moment, demeurer focalisée sur la direction du navire.
De plus, les cabines des voiliers standards, au plafond généralement très bas à la poupe ou très étroites à l'étrave, dans le roulis ou la gîte, deviennent un équivalent de montagnes russes en constant mouvement, qui ne s'accorde pas nécessairement avec le rythme saccadé d'ébats amoureux (à moins d'être un adepte des positions du Kamasutra les plus improbables ou d'aimer quelque peu les tendances sado-masochistes) et vous procureront plus de commotions cérébrales sur les bord du plafond que d'inconsciences extasiques. Bref, la gymnastique amoureuse dans un voilier n'est pas de tout repos. Et encore... Les seules culbutes que vous pourrez espérer y faire seront plus fréquemment celles incontrôlées dues au tangage du bateau. Bon, il reste évidemment, les irrésistibles voileux qui aiment la soute à voile et s'y trouvent bien peu importe les conditions maritimes ou la contigüité des espaces... Mais, ces irréductibles marins-là demeurent des exemplaires relativement rares...
En outre, qui a jamais eu envie de poser ses lèvres sur celles d'un marin à moitié envahi par le mal de mer (et son goût hasardeux). Ou de blottir son visage dans le cou d'une équipière grelottant, aux cernes de trois jours, dont le teint a viré au vert olive et qui ne quitte pas le seau de bord d'une semelle. D'accord, la réconforter peut bien entendu remonter un peu l'égo des messieurs en mal de jouer les héros consolateurs. En outre, la douche et les vêtements propres sont rarement d'application lors d'une navigation au long cours. Et si les barbu(e)s vous attirent, les parfums corporels faisandés demeurent relativement discutables après quelques jours de navigation (même s' il en faut pour tous les goûts... ). Mais, entre nous, il y a probablement des moments à terre plus sexys, non ?
"My Bonnie lies over the ocean. My bonnie lies over the sea... "
Amours indiscrètes
Si vous aviez espéré jouer les Roméos en catimini en régate maritime, c'est une fois de plus raté ici. Peu de place sur un voilier et surtout peu d'endroits où s'isoler pour d'indiscrètes parties de jambes en l'air. Tout se sait vite sur un navire. Et surtout, tout se voit et s'entend. Il y a toujours bien un hublot non occulté ou une porte qui s'ouvre (lorsqu'il y a des portes, car nombreux sont les voiliers à l'intérieur relativement spartiate, ayant remplacé ces dernières par des tissus ou les ayant carrément enlevées pour gagner de la place). A moins que tout l'équipage ne soit d'accord sur une partouse de groupe, il y peu de chances de pouvoir assouvir vos désirs d'intimité de lune de miel à bord.
En outre, promiscuité n’implique pas nécessairement proximité. Pas la peine de s’émoustiller à l’idée de partager une nuit dans la cabine d’un(e) bel équipier(e). Ce dernier risque plus de vous décevoir en restant tout habillé, histoire de pouvoir réagir plus rapidement lors de son quart de veille. Ou de vous laisser mariner dans votre jus, en ronflant tout son saoul (lorsque son ronronnement vous tient éveillé). Une traversée nautique sportive en voilier (je ne parle pas ici des navires restant à quai ou ceux en cabotage bronzette) ne laisse dès lors que rarement des opportunités d'assouvir l'envie de moments discrets et confortables à bord pour épancher une fièvre érotique. Pour vivre à coup sûr et librement vos fantasmes sensuels, il vous faudra réserver un voyage sur un voilier hyper-confo avec équipage pour ne pas à avoir à participer aux manoeuvres et veilles, ou en chambre insonorisée dans un yacht privé avec salle de bain en marbre pour une douche orgasmique. Autre alternative, une croisière sur le voilier de James Bond avec cuisinier et skipper en prime. Ou encore un séjour sur un des ultra-luxueux buidlings flottants décadents et ses orgies du type "La croisière s'amuse". Tels que ces croisières du groupe mexicain Original Group" faisant la promotion de "Desire/Temptation cruise/Croisière du sexe" durant laquelle de nombreux jeux pour adultes sont organisés - ici encore, à condition d'avoir un porte-feuille bien garni.
Sea, Sex and... RHUM
Ian Fleming a fait de son mieux pour nous persuader que la vodka martini (shaken not stirred) fait partie intégrante du rituel sur un voilier en mer. Là encore, je dois vous décevoir... Même s'il y en a souvent dans le bar de bord, le rhum ne coulera à flots qu'à l'arrivée ou lors d'une relâche d'un voilier qui navigue pour le sport. Boire ou naviguer, il faut décider ! Les deux ne vont généralement pas trop bien ensemble. Seule exception à la règle, notre ami Archibald Haddock... Que je n'ai personnellement encore jamais rencontré à bord (ou alors, j'ai toujours navigué avec des équipages trop sages ;-)).
Cela dit, une fois accostés à terre, on ne répond plus de rien... Et alors, "the night is still young". Le rhum peut ainsi couler à flots, du moment que les marins retrouvent leur sobriété une fois les amarres larguées. (... ) Dans le port d’Amsterdam
© Photos – Moulinsart.com
Sea, Sex and... FUN
Enfin, je vous rassure : on passe parfaitement de grands moments de félicité à bord, même sans qu'elle ne passe par l'extase charnelle. Une vraie navigation à la voile demeure - pour un voileux passionné - inlassablement - des moments de bonheur incomparable qui occuperont suffisamment son esprit (et son corps), pour remplir ses journées et ses nuits de manière tout à fait jubilatoire.
Alors, lorsque vous ou votre partenaire déciderez de réserver des vacances à la voile, pas la peine de stresser ni de vous faire des plans sur la comète : les prestations maritimes suffiront... Les Don PanPan ou les croqueuses d'hommes à bord n'auront, la plupart du temps, d'yeux que pour les courbes lascives de la carène, l'angle de pénétration du vent sur les voiles ou encore la jouissance des chiffres montant sur le loch. Les seuls séducteurs à craindre seront donc Eole, l'océan ou le charme du voilier lui-même.
Alors, que ceux à qui je viens d'ôter les rêves et illusions libidinales maritimes m'excusent de ce petit billet insolite. Je vous souhaite un excellent dimanche !
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Peut-être avez-vous déjà une indigestion des articles sur le sujet. Moi aussi, entre nous. Cependant, je ne résiste pas à la tentation de vous offrir un dernier et différent point de vue sur la question.
Elles m’ont toujours fascinée. Leur cocon de pierre m'apporte toujours quelqu' admiration et une certaine dose de sérénité. Et où que j'aille aux quatre coins du monde, j'y dépose toujours une petite flammèche pour un voeu. Et celle-ci plus que toutes ses sœurs... Leurs bâtisseurs ont toujours éveillé mon respect, mon admiration et mon émerveillement. Elles ont traversé les siècles, les combats et les catastrophes (qu’elles soient naturelles ou non). Et celle dont je compte vous entretenir ce dimanche vient de défier le sort... Elle est, à mon sens du moins, la plus Grande Dame de Paris.
Et pourtant, les images de son toit en flammes me touchent profondément malgré moi. Un sentiment bizarre. Un peu comme si une partie de moi s’envolait en fumée. Pourquoi ce malaise ? Alors qu’il ne s’agit rationnellement que d’un bâtiment (et heureusement, l'accident n’a causé aucune victime). Pourquoi cet événement a-t-il ému tant de personnes (avec l’aide subliminale des médias...) tandis que tant d’autres sujets méritent bien plus de considération ? Alors, j’ai cherché la réponse.
God help the Outcasts
Tout d’abord, Notre Dame, pour certains, c’est un navire, un refuge, un sanctuaire où pauvres hères et infortunés pouvaient jadis demander l’asile. C’est une nef, une mère, des bras de pierre où l’on pouvait venir se blottir et épancher ses larmes sans honte ni crainte. C’est une maison où l’on se sent chez soi... C’est une arche de Noé, un vaisseau à bord duquel toutes les couleurs de peau, langues et même religions peuvent monter s’ils le désirent. Au diable les différences de religions. La culture et la beauté architecturale, les vraies, n’ont pas de frontières ni d’opinions politiques. Tous ceux qui l’ont visitée sont tombés sous son charme ensorceleur. Ses tours et sa flèche comme des bras tendus vers le ciel. Ses vitraux comme un hymne à la lumière. Ses arcades comme un défi à la gravité. Ses gargouilles comme un clin d’oeil aux démons. Son parvis comme une ode à la pierre. Ses cloches comme un psaume à l’oreille. Sa silhouette comme un cantique à la ville... Sans oublier le fait que Victor Hugo (et Walt Disney....) ont fait d’elle une héroïne millénaire.
© Photos - Rêvesdemarins
Le Grand Feu
Ensuite, le fait que ce soit le feu qui l’embrase. Quoi de plus banal pour un vieux bâtiment ? Elle n'est ni la première, ni la dernière à subir ce péril. Bien d'autres églises, palais ou sites culturels d'exception sont passés par là : les illustres Troie, Rome, Alexandrie (et sa merveilleuse bibliothèque) et Constantinople, le Temple de Jérusalem, les cathédrales de Nantes, Chartres, et Reims, le Palais des Doges à Venise, le Mont St Michel, les villes de Rouen, Rennes, Londres, Lisonne, New York, Boston, Montréal, Chicago, Bergen, Hambourg, Troyes, St Malo, Heidelberg, Copenhague, le Théâtre du Globe à Londres, le Reichstag à Berlin, le magasin Printemps Haussmann à Paris ou l'Innovation à Bruxelles, le Grand Bazar de Constantinople, le Grand Théâtre de Marseille, le château royal de Stockholm, le Palais Royal et l'Hôtel-Dieu à Paris, les Palais de Westminster à Londres jusqu' à celui de Bruxelles, les tours du WTC à New York et des centaines d'autres encore. Et certains d'entre eux ont eu le privilège de brûler plus d'une fois !
Toutefois, ce détail me renvoie à des souvenirs d’enfance, ceux d’un autre lieu où je me sentais chez moi et qui fut étrangement détruit exactement de la même manière : mon école secondaire. Notre Dame de Jupille. Un bâtiment classé dont une tour (la Tour Charlemagne) datait du XVIe siècle mais dont on soupçonnait des origines du VIIIe déjà comme étant un des endroits favoris de Pépin Le Bref. Une bâtisse de charme, recoins et mystères, où j’ai même eu l’occasion de découvrir les parties les plus secrètes lors de quelques séjours en internat. Planchers de chêne centenaires, portiques à l’odeur de cire, greniers sombres et surtout combles aux charpentes alambiquées. Une chapelle majestueuse, un péristyle de colonnes et des orgues au son enchanteur. Bref, une mini Notre Dame, sans les touristes... Le soir du 30 avril 1990, le feu prend dans les combles et les chambres de bonnes de l’école dirigée par les chanoinesses. La bâtisse est heureusement vide. Les pompiers sont rapidement sur place, mais le brasier s’avère incroyablement destructif et les endroits touchés difficilement accessibles vu la hauteur du vieux bâtiment. La toiture succombe, les étages supérieurs aussi. C’est ensuite au tour de sa grande chapelle. Notre professeur de musique, désespéré, doit assister à l’agonie de ses chères orgues dans la chapelle, venant juste d’être restaurées. Les flammes dévorent tout l’intérieur sauf l’ancienne tour Charlemagne et l’aile attenante. Mes souvenirs s’envolent en fumée. Mes années et bonheurs de mon adolescence s’effacent soudainement sous l’éponge calcifiée du tableau de mon passé. Une page se tourne sur mon histoire. Des années durant, jusqu’à aujourd’hui encore, cette ancienne bâtisse continue de peupler mes rêves et ceux de mes anciens compagnons scolaires. Ce bâtiment d’exception nous a tous marqués.
© Photos - INDJ - Stephanegilson.be
Nothing can be destroyed...
J’ai peur pour elle. Je crains que ses cendres n’emportent avec elles une partie de mes souvenirs, de mes émois, de mon passé. Mais la Grande Dame de Pierre tient bon les flammes. Ses cheveux boisés se consument mais elle ne faiblit pas. Sa robe de tuiles se découd mais elle reste debout, telle un fier et preux chevalier millénaire à présent nu pieds et dévêtu de son bliaud. Et puis, personne ne peut me voler ma mémoire, mes bonheurs, cet émerveillement et ce ravissement sans fin face à ses trésors sculpturaux. Son image restera à jamais gravée dans ma pierre à moi, celle de mon cœur.
Ne soyez pas triste. Mon heure était venue. J'étais lourde de milliers de prières. J'ai traversé les siècles. Sans bouger, j'ai voyagé la terre entière grâce à vous. J'ai vu tous les visages et entendu toutes les langues. En attendant de renaitre de mes cendres, je reste dans vos images et vos souvenirs. Gardez à l'esprit que je suis dans toutes les pierres, le sol sur lequel vos pieds se posent, l'air que vous respirez et aussi dans l'odeur d'encens. La pluie terminera de diffuser ma mémoire dans toutes les artères du monde. (Nuit étoilée)
Les endroits se modifient. Les objets disparaissent. Les repères déménagent. Les sentiments se fanent. Les images ternissent. Les gens changent... Tout dans ce monde n’est que mouvance. Cependant rien ne peut détruire notre passé. On peut le renier, le bannir, l’oublier, l'enfermer, le mettre derrière nous. Mais il ne cesse d’avoir réellement existé. Tous ces évènements réels, émotions, sentiments et monuments de l’histoire d’antan continuent ainsi d’exister à travers notre mémoire, nos récits et nos cœurs. C’est pour cette raison qu’ils demeurent immortels. Ceux qui ont démantelé des temples pour en rebâtir de nouveaux avec les anciennes pierres ne l’ont pas compris. Ceux qui ont bombardé les merveilles construites par leurs ennemis sont des ignares. Ils n’ont pas réalisé qu ‘en croyant les faire ainsi disparaître, qu’en réalité, ils sublimaient leur souvenir et les rendaient impérissables.
Et quand bien même le brasier t’aurait consumée ce soir-là à Paris, Notre Dame, tu continuerais d’être là, en moi... « La jeune femme déroule alors l’écharpe de laine noire qu’elle porte, lui enroule et lui noue autour du cou avec une cajolerie déconcertante. La silhouette de la Cathédrale se profile dans son ombre. Le parvis est désert. Les pavés gris reluisent dans la lumière des lanternes. » (L’Autre Mer, P. M. )
Maîtres Bâtisseurs
Si les récits médiévaux et en particulier ceux à propos des bâtisseurs de cathédrales et maîtres verriers vous tentent, ma collection de romans historiques sur ce sujet vous tiendra encore souvent éveillés avant d’aller dormir (non, je ne lis pas que des ouvrages de mer). Quelques exemples : “Les Pilliers de la Terre” (Ken Follet). “Aubertin d’Avalon” ou “le Passeur de Lumière” (Bernard Tirtiaux), “le Grand Feu” (Jeanne Bourin), Le Printemps des Pierres” (Michel Peyramaure) ou encore l’indétrônable “Notre Dame de Paris” (Victor Hugo). Et j'ose espérer que la comédie musicale de Luc Plamondon vous plaira autant qu’elle ne m'a ravie pour invoquer la magie de la cathédrale dans le récit d'un grand auteur.
Alors, je vous partage ici quelques uns de mes souvenirs forts de Notre Dame. Peu importe les médias, peu importe l'image que la presse t'a donnée et peu importe tes détracteurs. Tu restes en moi une grande dame en souvenir, qui défiera les siècles à venir.
Je vous souhaite un excellent dimanche et de très joyeuses Pàques !
Les navires fantômes ont toujours fait couler de l’encre (et pas que celui des pieuvres ni de Davy Jones, le fameux capitaine du « Hollandais Volant »). Ces embarcations aux voiles en lambeaux et à l’allure lugubre ont titillé l'imagination des marins depuis des siècles, surtout dans les tavernes des ports. Et certains de ces vaisseaux auraient réellement existé, abandonnés au jeu des flots, des suites d’une tempête, d’une épidémie de scorbut ou de peste, ou encore d’une bataille navale.
Cependant, ils n’ont pas l’exclusivité de leur caractère fantasmagorique : les Îles fantômes, elles, par contre ne sont pas une fiction, sur papier du moins... Alors, partons ce dimanche à la découverte de ces mystères géographiques.
Les cartographes et les marins les ont nommées respectivement Aurora, Avalon, Baltia, Caravanserralius, île des Démons, Drogeo, Hashima, Mayda, Pepys, Rangtiki, Satanzes, Sandy, Saxembourg, Snakes, Thulé, les Îles de Sable et bien d'autres encore...
Ces îles sont répertoriées et topographiées par des cartographes ou marins réputés. Durant des années, voire des siècles, elles demeurent sur les mappemondes, les cartes marines et dans les atlas de géographie. Cependant, lorsque les navigateurs parviennent à l’endroit de leurs coordonnées, ils tournent désespérément en rond, sans jamais les trouver. Même GoogleMaps y perd le nord. Ces fameuses îles semblent s’être soudainement évaporées. Ces îles se sont-elles déplacées suite à des mouvements sous-marins de plaques tectoniques? Etaient-elles des bancs de sable qui ont fini par reculer? Se sont-elles précipitamment englouties, emportées par un tsunami ou une éruption volcanique marine ? Ou pire, avalées par un monstre des abysses ? Nul ne sait...
L'Origine de leur Apparition
Tout d'abord, une des première raisons de ce phénomène résulte de la méconnaissance de la géographie d'un lieu ou la confusion avec d'autres endroits. Par exemple, des parties de continent dont on pensait au départ qu'elles n'étaient qu'une île, n'en voyant que la péninsule.
Christophe Colomb n'avait-il pas identifié l'Amérique comme les Indes lors de sa découverte ? La Corée fut longtemps considérée comme une île avant qu'on ne la qualifie comme reliée à l'Asie, tout comme le Brésil (anciennement nommé Vera Cruz). L'île Pepys, censée se trouver à 230 miles au nord des îles Malouines, est apparue suite à une mauvaise identification des îles Malouines. Et la liste est longue... « Cette indication alimente l’hypothèse selon laquelle l’existence du Brésil était déjà connue des Portugais avant sa découverte officielle par Cabral. Cependant, il s’agissait sans doute d’une de ces îles plus ou moins mythiques qui fleurissaient au Moyen-Âge sur les cartes de l’Atlantique et suggéraient l’existence de terres vers le couchant : l’une d’entre elles s’appelait « Brasil », toponyme dont on retrouve la trace dans des légendes celtes sous différentes graphies comme « Hy Breasail ». On la situait souvent au sud-ouest de l’Irlande où du côté des Açores (il y a un « mont Brasil » à Terceira), voire plus loin : l’auteur de la carte de Cantino a placé une île de ce nom au large du Venezuela. » (L’Egaré de Lisbonne, Bruno d’Halluin).
Thulé
Une autre explication plausible de la présence d' îles fantômes sur les cartes, relève de la disparition ou d'un oubli de leur découverte au cours des siècles.
C'est le cas de l'île de Thulé (ou "Tile"). Cette dernière aurait été identifiée au IVe siècle av. J.C. et citée comme telle dans la littérature grecque et romaine, pour alors se perdre dans les méandres du temps qui passe. Les écrits classiques en font mention comme "une île à six jours de navigation du Nord de la Grande Bretagne et proche de la "mer gelée", où le soleil ne se couche jamais en été". D'autres la placèrent comme les îles Shetland. La Carta Marina de 1539 d'Oscar Magnus, la première carte des pays nordiques, fait mention de cette île, au Nord-Ouest des Îles Orkney. En 1775, le capitaine Cook, nomma une île sous ce même nom dans le sud de l'océan atlantique, dans l'archipel des îles Sandwich. Clairement, un peu trop au sud... Thule fut ensuite référencée comme l'Islande, le Groenland actuel, l'île de Saaremaa en Estonie ou encore celle de Smøla en Norvège. On donna d'ailleurs au nom "Ultima Thule" dans le passé, une signification de "lieu aux frontières du monde connu". Ce n'est qu'en 1910 qu'un explorateur-anthtropologue groenlandais-danois, Knud Rasmussen, établit un poste de missionaires au Nord-Est du Groenland, qu'il nomma "Thule" (ou "Qaanaaq"), où il se rendit lors de pas moins de sept expéditions successives. Pour l'anecdote, notre explorateur nordique fut d'ailleurs ultérieurement nommé "le père de l'Eskimologie" pour avoir été le premier européen à traverser le passage Nord-Ouest avec un équipage de chiens de traineaux. Aujourd'hui, personne ne sait réellement ce qu'il en est. Cependant, Thulé a clairement fait couler beaucoup d'encre...
© Photos - Wikipedia
Portulan
Une troisième éventualité pour la topographie de ces îles sur les cartes marines pourrait venir de l’approximation des cartes de l’époque. Les cartes nautiques du XIIIe au XVIIIe siècle ressemblaient à des toiles d’araignées, étant quadrillées de lignes de couleur indiquant les vents ou "rhumb". Les autres signes graphiques les caractérisant étaient les roses des vents et les lieux selon leur importance. Ces tracés formaient ainsi des carrés, des rectangles et des parallélogrammes de couleur, appelés un "marteloire" (de l'italien "mar" : la mer et "teloio" : la toile), sans être encore pourtant déjà un système de coordonnées ni de projection comme celui des méridiens et des parallèles qui n'apparaîtra que plus tard dans l'histoire de la géographie. Ces portulans étaient à l'époque, le symbole d'une connaissance approfondie des mers et du pouvoir commercial et naval d'un royaume.
Les portulans étaient basés sur des observations faites à base d'outils assez élémentaires : boussole (indiquant le nord magnétique), sextant et alidade et pourtant ils étaient remarquablement précis. Ainsi, un des premiers portulans, la carte Pisane. ne déformait la Mer Méditerranée que d'un seul degré (environ 90 km) par rapport à la réalité. Mais, toutes ces cartes de navigation ne se targuaient pas de telle exactitude. D'où les libertés créatives de certains de leurs auteurs pour y faire apparaître de mystérieuses protubérances dans la mer ou le long des côtes.
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Cartographie de Stratèges
Mon Royaume pour une carte !
Une dernière explication possible de la mention d'îles fantômes serait la propension de certains monarques à "adapter" les cartes marines de manière à étendre leur territoire, à l'époque des grandes découvertes et à l'aube de l'histoire de la cartographie. Dès le traité de Tordesillas en 1494, les cartes sont d’ailleurs considérées comme des secrets d’Etat dans les Royaumes du Portugal et d’Espagne. Toute nouvelle découverte fait l’objet d'une discrétion toute particulière lorsqu’il s’agit de la coucher sur le papier. Papier, d’ailleurs conservé dans d’incroyables coffres d’acier aux mécanismes de fermeture dignes d’un travail d’horloger par leur complexité et dont les serruriers de la péninsule ibérique gardaient soigneusement le secret.
L'agrandissement des zones sous contrôle constituait un atout majeur dans le pouvoir d'un souverain. Le mécénat de grands voyageurs pour affréter des navires avec pour mission de découvrir le nouveau monde et d'y planter des comptoirs commerciaux, reste le leitmotiv des grandes explorations de ce monde. Les courbes de l’Amérique du Sud auraient ainsi, affirme-t-on à tort ou à raison, été «déplacées» de quelques kilomètres pour les besoins du règne lusitanien.
« Ah, voir des océans se remplir d’îles, voir des caps et des baies remplacer des pointillés ! Voir des mystères disparaître et d’autres apparaître, et les limites du monde repoussées toujours plus loin ! (...) C’est comme si le cartographe avait voulu placer Vera Cruz plus franchement dans la zone portugaise, pour bien montrer les droits de Portugal sur cette terre. (...) Certains toponymes, en particulier sur la côte du Brésil, ne sont pas écrits de la même main que les autres. En outre, une bande de parchemin a ete collée sur cette côte, suggérant une correction importante et un décalage vers l’Ouest de ce rivage. Des mises à jour ont donc été apportées par une main - peut-être italienne - différente de celle qui a dessiné l’ensemble de la carte. Par ailleurs, on constate que l’auteur de la mappemonde a positionné certaines côtes de manière favorable au Portugal. En particulier le Brésil et Terre-Neuve ont été dessinés plus à l’est qu’ils ne le sont en réalité, et ainsi déplacés nettement dans la zone portugaise du traité de Tordesillas. Selon certains, la carte aurait été truquée et destinée à l’Espagne afin de tromper le puissant voisin. (L’Egaré de Lisbonne, Bruno d’Halluin)
En plus de toutes ces îles fantômes, il reste également les îles imaginaires dont les anciens nous ont citées dans leur récits homériques : l'Atlantide, l'île au trésor, Utopia, Eéa, Laputa, Liliput, Neverland, Ogygie... Mais l'histoire de ces îles-là sera pour un autre billet de ce blog.
Je vous laisse donc prendre votre atlas et y pointer du doigt au hasard une île pour y rêver de bonheurs insulaires sans tempêtes ni monstres marins. Un excellent dimanche à tous ! |
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August 2023
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