Histoire de perpétuer la tradition, voici un petit conte de Noël.
Il était une fois un loup nommé Noyé...
Il était une fois un loup qui vivait dans les Hautes Fagnes...
Il vivait en solitaire, au plus profond des plateaux ardennais. Il arborait un pelage feu et noir. Et comme le sol, le bout de sa queue était entièrement couleur de l’ébène, comme un pinceau trempé dans les tourbières de la région. Il arpentait les longues étendues rousses parsemées de sapins entre deux forêts. Fin et souple, il se faufilait entre les longues herbes et entre les points gorgés d’eau ferrugineuse. Durant de longues années, il avait appris chaque recoin, chaque motte de tourbe, chaque mousse émeraude. Il connaissait les bois sur le bout des pattes et admirait chaque lever du soleil à travers les branches d’épines. Il vivait à cet endroit depuis sa tendre enfance et s'y sentait chez lui.
Cet hiver-là, le loup venait de compter son douzième printemps. Une éternité pour un animal solitaire. La neige avait recouvert les étendues de son immense manteau blanc et le blizzard soufflait avec rage. La glace avait emprisonné les ruisseaux et les flaques de la Fagne. Le givre avait transformé les cascades des Nutons (les petits elfes de la région) en statues translucides jusqu'au plus profond des bois. Et le loup était las. Il ne sentait plus ses pattes. Il avait froid malgré sa fourrure généreuse. Il tremblait et sentait ses forces l'abandonner. "Mon temps est venu", se disait-il. j'ai bien vécu après tout. Peut-être est-il temps pour moi de m'endormir dans la grande prairie. Et il se coucha le long des berges de la Neûre Êwe (l'eau noire), à la limite de la Hoegne, une des deux rivières qui traversaient la région. Il ferma ses yeux dorés et se laissa emporter par la fatigue. Il resta ainsi sans bouger et le battement de son coeur ralentit progressivement. Il était prêt à partir.
Au crépuscule, un bûcheron passa par là avec son fils et se rapprocha de la rivière pour y remplir leurs gourdes d'eau après une dure journée de labeur dans la forêt avoisinante. Quelle ne fut pas leur surprise d'y trouver... un loup ! Leur première réaction fut la peur. L'homme recula prestement et tient son fils derrière lui pour le protéger. Mais l'animal ne bougea pas d'une once. Il gisait là, tranquillement, dans les herbes hautes parsemées de givre. Le fils de l'homme, intrigué, se rapprocha du loup. Le bûchuron le tint pour mort. Son fils le regarda de plus près et rétorqua : "Mais, il respire encore, père... Il a l'air blessé et très faible. Et si nous le ramenions à la maison pour le soigner ? ". Le bûcheron regarda son fils, interloqué. "Mais, mais... il s'agit là d'un loup, mon fils ! Pas d'un simple chien ! Allons bon, repartons. La nature fera son travail. S'il doit s'en remettre, il se réveillera. Sinon, il s'endormira à jamais. "
Les deux hommes reprirent le chemin vers leur chaumière où brillait déjà une lanterne dans l'obscurité tombante. Durant la nuit, une terrible tempête de neige se leva sur le plateau et au petit matin, le sol était totalement recouvert d'un manteau blanc. Leurs traces avaient disparu. Jean-Noël - ainsi se prénommait le petit garçon - se leva et enfila ses bottes et sa redingote. Il n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, pensant au pauvre loup, seul dans le froid et le blizzard. Il voulait en avoir le coeur net. Il repartit dans la Fagne avec un bâton, pour voir si le loup avait survécu à la nuit. Arrivé au bord de l'eau, il remarqua quelques traces fraîches dans la neige. Clairement, le loup avait tenté de se lever pour boire. Mais s'était recouché, à bout de forces. Jean-Noël n'y tint plus. Il avança sa main vers le museau pointu. "Je ne te veux pas de mal. Je vais t'aider. Tu verras, je vais te ramener au chaud et tu pourras guérir chez nous". L'animal huma la main enfantine qui se présentait à lui, ouvrit ses yeux de feu et lui lècha les doigts. "Tu n'es pas méchant, je vois cela dans ton regard... ". Et le loup posa délicatement son museau dans la paume de sa petite main.
Jean-Noël fit boire le loup dans sa gourde et posa sa redingote sur l'animal pour le tenir au chaud. Son pelage était doux... "Je reviens avec mon père pour te chercher. Ne bouge pas. " Et il repartit en courant vers la chaumière. Ses parents, inquiets de son escapade, le réprimandèrent à son retour. "Il est hors de question d'aller chercher cette bête ! ". Alors, Jean-Noël fondit en larmes. Le père finit par abdiquer face au chagrin de son fils. Ils ramenèrent alors le loup dans leur maisonnée sur une bâche et l'installèrent dans le fumoir à viande sur un tas de foin. Il y faisait bien chaud. Et durant dix jours et dix nuits, le loup, incapable de se lever, resta couché et refusa de manger quoi que ce soit. Durant cette période, le jeune garçon refusa de quitter son ami à quatres pattes et dormit à ses côtés. Le onzième jour, la veille de Noël, il ne respirait plus que très faiblement et n'avait presque plus la force d'ouvrir les paupières. Jean-Noël était despespéré de voir son ami dépérir ainsi sans pouvoir l'aider.
Comme toutes les veilles du 24 décembre, la famille avait placé du pain et de l'eau dehors pour qu'il soit béni par l'Ange à minuit. Au petit matin du 25 décembre, Jean-Noël se réveilla avec un sentiment de froidure. Le loup avait disparu ! Il se précipita au-dehors, persuadé d'avoir perdu son compagnon à jamais.... Il scruta l'horizon dans le soleil levant. L'enfant était aveuglé par ses propres larmes. Il tomba assis par terre, inconsolable. Puis, un murmure retentit dans le silence glacé de la plaine : "houououououou...." Et une forme rousse et noire apparut derrière la maison. Elle s'approcha de lui en trottinant. Il sentit alors une caresse humide et douce sur sa main. Il releva les yeux et se trouva face à face à un regard de feu bordé de longs cils noirs, qui le regardait d'un air attendri. Il prit l'animal dans ses bras et le serra contre lui. "Merci à l'Ange ! Il m'a rendu mon loup ! Noyé. Nous te nommerons Noyé...", dit alors l'enfant au loup.
Depuis ce jour, le bûcheron et sa famille vivèrent heureux, en lisière des Fagnes, avec leur nouveau compagnon. Le village d'où leur grande famille était originaire était un petite bourgade nommée "Stembert". Depuis ce jour, les habitants du village furent surnommés les "Leûps" (les loups).
Noyé signifie "Noël" en wallon de la région. Et Jean-Noël n'était autre que mon grand aïeul...
Alors, je vous souhaite un très joyeux Noël si vous le célébrez. Qu’il vous soit tendre et paisible. Et aussi doux et chaleureux que la fourrure de Noyé contre ma joue ce soir.
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V comme...
© Photos – Rêvesdemarins
V, c'est aussi comme... Veiller tard
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
La nuit du 5 au 6 décembre. Une nuit un peu spéciale. On y place les chaussures devant l’âtre avec des carottes et du pain dans les chaumières et on espère qu’elles se rempliront d’autres bonnes choses le lendemain matin : une orange, une mandarine, des noix ou encore une tablette de chocolat. Passage du grand Nicolas et de son âne (devinez celui des deux qui aime les carottes ;-)).
Mais pour d'autres, notre grand Nicolas représente avant tout le patron des bateliers, pêcheurs, marins et mariniers. Alors, un petit billet en son honneur.
Nicolas et les matelots
Les légendes du grand Saint parlent souvent de son sauvetage des enfants. Cependant, l’histoire relate également d’autres miracles prodigués par le patron des gens de mer.
Lors d’un pèlerinage en Terre Sainte, Nicolas rencontre un marin et lui prédit qu’une horrible tempête va se lever. Le marin lui rit au nez et monte à bord. La prédiction se révèle pourtant juste. Le marin qui se trouve sur son bateau avec tout son équipage se retrouve prisonnier des mouvements tumultueux des flots. La tempête est terrible. Et tous les passagers se croient perdus. C’est alors que le saint implore les flots, rend le calme à la mer et sauve ainsi tout l’équipage. Une autre fois, sur la côte de Lycie, une terrible tempête se lève en mer et menace un navire de chavirer. Le saint apparaît alors aux matelots et les exhorte au courage. Il aide à la manœuvre des voiles et du gouvernail. Il les ramène sains et saufs au port avant de disparaître. Depuis ce jour, les marins ont reconnu Nicolas comme saint patron de leur corporation. Lorsque le grain se lève et qu’ils se sentent en danger, ils implorent la protection de ce dernier.
Nicolas et la mer
Nicolas, c'est aussi est un petit garçon de 10 ans dans un village de pêcheurs... Il va vivre une aventure hors du commun en mer avec ses amis Annetta et Tommaso. Il y apprendra le sens du courage et de l’amitié. Et surtout il y affrontera le célèbre Kraken. Une leçon de vie à la dure. Une leçon de mer. Une bande dessinée que le grand Nicolas a peut-être emmené dans son grand panier ? Et qui sait l’occasion de commencer (ou compléter) votre collection de BDs de mer ?
Voici donc quelques idées pour votre bibliothèque de bord, un peu moins sérieuses que les ouvrages techniques de voile, histoire de varier les plaisirs et de vous changer les idées.
Vous êtes un inconditionnel des ouvrages pour enfants ? Il vous reste toujours les inoubliables récits d’Ordralphabetix et de ses poissons frais (enfin euh... ), du chevalier de Haddock ou encore du petit Nicolas en vacances à la mer...
Et pour un bon fou-rire, un peu d’humour désopilant avec les animaux marins (Cazenove-Jytery).
Alors, si vous avez été sage, le grand Nicolas viendra peut-être vous faire une petite visite ce WE et déposer quelques uns de ces jolis ouvrages dans vos chaussures pour égayer votre hiver. Un bon dimanche à tous et bonne lecture.
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AuteurArchives
August 2023
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