Il y a deux ans, un marin au profil hors des sentiers battus, rencontré dans le cadre de mes activités à l'hôpital, me contait encore avec passion comment son rêve nautique avait dû prendre une pause à cause de la maladie. Un an et demi plus tard, Guy nous a quitté. Cependant, son rêve vit toujours... en nous et en moi. Et je compte bien le poursuivre avec ceux qui voudront encore y croire. L'occasion d'un billet pour le partager avec vous. (© Extrait de l'article publié dans Yachting Sud nr 952)
Dessine-moi un bateau, s’il te plaît, quémande l’enfant… Le Maître d’école trace quelques courbes sur le papier blanc et commence l’ébauche de ce qui deviendra un projet de vie…
Un instituteur, passionné de mer et de navires. Avide d’un monde meilleur, de liberté et surtout d’une existence plus en harmonie avec la nature profonde de l’homme, loin de notre monde de surconsommation, de plaisirs frivoles et d’enchaînements sociaux. Un homme proche de lui-même. Libre et autonome, simple. Un capitaine courage sans les galons. Un navigateur au long cours sans les généreux mécènes. Un skipper de régate sans les trophées. Simplement un marin. Un vrai.
Vaisseau d'Argent pour Rêve en Or
Il y a plus de treize ans, Guy avait imaginé un navire d’argent, pour parcourir les mers et emmener des jeunes en quête d’un avenir où ils pourraient enfin laisser parler leur véritable nature, face aux éléments et au dépouillement d’une existence en mer où l’on ne triche pas. Un projet : la construction du Voilier Pollen, pour « essaimer » à ces jeunes le courage de vivre leurs rêves à travers la voile en haute mer.
« Construire un bateau et voyager, ce fut d’abord un rêve d’enfant, ce rêve que tout le monde fait. A l’adolescence, il fut la réponse banale au manque de motivation ressenti face au moule dans lequel on tentait de me couler. Ce rêve était une échappatoire mais donnait néanmoins un sens à mes actions. Mes premières navigations furent l'occasion d'une première découverte : le bateau et sa lenteur me permettaient de vivre pleinement l'instant présent. » (Guy B.)
© Photos - Projet Voilier Pollen
Au départ, quelques croquis sur une table et de nombreuses discussions avec des amis de métier, dont un architecte naval. Les dessins se transforment ensuite en maquettes de carton, puis en technologie informatique 3D. Et le rêve commence à prendre forme. Après quelques années de cours du soir en soudure, le marin autodidacte se lance dans l’aventure durant son temps libre. Une entreprise qui se promet de longue haleine… Des tôles d’aluminium épais pour une coque, du matériel de soudure, des milliers d’heures de patience, des jours de méticulosité sans faille et une bonne dose de dérision de soi. Les voisins le voient un peu comme un original, mais le jour où son œuvre prend forme, ils restent ébahis du résultat de son travail : une coque argentée a pris naissance au milieu des vergers et des champs brabançons.
Autodidacte jusqu'au Bout des Voiles
Et la création se poursuit au milieu d’une ancienne fonderie devenue hangar agricole, ensuite reconvertie en chantier naval. En plus de son solide bagage de navigateur (géographie, orthodromie, météorologie, géométrie, astronomie, arithmétique, mécanique…), Guy fait partie de cette race d’hommes assoiffés d’apprendre. Le travail de conception et de construction d’un voilier requiert du savoir dans un nombre fastidieux de disciplines aussi variées que techniques : mathématiques, trigonométrie, machinerie, électricité, architecture, métallurgie, soudure, chimie, voilerie, et tant d’autres. La difficulté ne le décourage pas : au contraire, le défi motive le marin autodidacte. Il ne cesse de peaufiner son expertise dans chacun des domaines concernés. Chaque pièce, chaque courbe naît de ses mains : boîtes dorades (aérateurs), aileron d’étambot, bulbes de lest, coulée de gueuses, barrots de pont, safrans, coffres de cockpit, capot de descente, couronnes de hublots, régulateurs d’allure, accastillage, listons, roof, bossage, haubanage… Fusion, soudure, charpenterie, chaudronnerie, électricité, ferronnerie, rien n’est laissé au hasard.
Va sans dire, que l’ouvrage passe par des phases d’apprentissage, des erreurs et des corrections, comme tout bâtisseur en herbe. Une coque rentrée littéralement au chausse-pied dans son hangar agricole (en descellant quelques briques pour qu’il passe sous le linteau). Des plans et des projets revus vingt fois au fur et à mesure que le créateur échange des idées avec des professionnels du métier : un autre type de voile, une autre longueur de mât, mono-quille ou bi-quilles latérales lestées, gréement cotre avec ou sans bout-dehors… Tant de questions auxquelles Guy choisit toujours la solution la plus adaptée. Dix mètres de courage, d’inventivité et de ténacité. Sept tonnes de ferraille, de passion et de volonté infaillible d’un constructeur naval amateur prêt à tout pour concrétiser le rêve d’une vie.
© Photos - Projet Voilier Pollen
Un Projet qui a largué les Amarres
Il m'attend dans son hangar... Peu m'importent mes chances. Peu m'importe le temps, ou ma désespérance, mais mon cœur serait tranquille. » (Guy B.)
Et puis frappe la maladie, implacable et fatidique, mais sans parvenir à dominer le rêve, juste à le ralentir… Et le songe se poursuit, moins souvent, moins intensément, mais sans jamais se faner. Les années passent. La coque est prête, les plans sont dessinés, le choix des voiles établi. Et c’est là que le destin décide de mettre le rêve en berme… En novembre 2017, le Pollen perd son père et capitaine avant d’avoir pu goûter à la mer…
Cependant, le rêve du Voilier Pollen continuera. Il a également pour objectif la création de reportages sur d’autres cultures, modes de pensée et arts de vivre différents sur notre planète, dans un souci pédagogique d’ouverture au monde, d’appel à l’acceptation de l’autre et à la tolérance. « (…) Le Pollen naviguera à la rencontre et à la découverte de ceux-ci… Nous tenterons alors de montrer au travers de reportages que cette "autrement" fleurit et qu'il est prometteur d'avenir et d'espoir. D’escale en escale, d'école en école, ces reportages seront présentés à d’autres, enfants et adultes, et une dynamique d’échange sera initiée. Concrètement, les voyages du Pollen se feront par bonds successifs avec des retours au pays consacrés aux témoignages et à la préparation du prochain voyage. Le premier voyage verra certainement le Pollen en Méditerranée, berceau de notre civilisation. (…) » (Guy B.)
© Photos - Projet Voilier Pollen
Bon vent, capitaine… Bon vent. Ton projet a largué les amarres et il arrivera à bon port. Tes équipiers qui restent à quai derrière toi, croient aujourd’hui fermement au rêve du Pollen et t’ont promis de le mener à bien pour qu’il passe de l’espoir à la réalité. Tu peux compter sur ton équipage pour tenir parole.
Quelques treize ans après son lancement, ce projet peut encore se matérialiser en souvenir de son skipper. Après de longs mois de recherches, un chantier naval semblerait en effet enfin être ouvert à la finition de l'ouvrage. Bien entendu, il faudra encore quelques années de travail et de sueur, avec ceux que fait vibrer la philosophie de la mission du Pollen, avec ceux qui souhaitent participer, poursuivre ou tout simplement encourager une incroyable aventure digne d’attention. www.facebook.com/Projet-Pollen
Si vous êtes de ceux-là, l’équipe du Pollen, dont je fais partie, n’attend plus que vous. Un excellent dimanche à tous.
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Voyons si vous connaissez vos classiques ce dimanche... Qui de vous se souvient de l’origine de l’expression en titre de ce billet ? Auteur, endroit, époque, contexte ? Pas d'idée? Laissez-moi donc vous rafraîchir la mémoire dans ce billet...
Bataille navale
Bon, quelques indices...
Nous sommes fin du XVIIe siècle dans les Caraïbes... Les eaux bouillonnent de navires aux précieux chargements. Au loin apparaît une frégate à la figure de proue, toute d'or vétue, évoquant la silhouette des narvals et au nom d'un animal légendaire. Derrière elle, un imposant trois-mâts glisse sur les eaux limpides. Son pavillon porte des couleurs aussi noires que celle de ses canons. Au gouvernail, un capitaine dont le nom à lui seul fait déjà frémir : Rackham. Tout de pourpre vétu, coiffé d'un fier tricorne à plume, sabre à la taille. Le navire se rapproche dangereusement. Il est trop rapide. Trop tard pour lui échapper. C'est l'abordage ! La lutte est sans merci. Le capitaine de la frégate est fait prisonnier et attaché au mât... Mais, le navire pirate, vainqueur, sombre, endommagé par la rude bagarre. L'équipage de flibustiers décide alors de prendre ses quartiers dans le trois-mâts qu'il vient d'appréhender. Ils y installent donc le butin qu'ils ont auparavant volé à un vaisseau espagnol : un trésor d'or et de diamants soigneusement enfermé dans un coffret scellé. Alors que les pirates célèbrent dignement leur victoire autour d'une cargaison de rhum, notre capitaine parvient à s'échapper et à faire exploser son navire, ne souhaitant pas le laisser aux mains des forbans. Il rejoint alors une île toute proche où il se réfugie. Son navire sombre ainsi emportant son histoire, avec son précieux trésor au fond de l'océan.
© Images – wikipedia & moulinsart.be
Son ennemi juré ? Pas qu'un personnage fictif. Britannique d'origine. De son vrai nom, John Rackham ou Jack Calico. Actif dans les Bahamas et Cuba, il écuma les mers du Sud durant la plus glorieuse période de la piraterie. Il fut un des rares pirates à compter deux femmes - Mary Read et Anne Bonny- parmi les proches de son équipage.
C’est un fameux Trois Mâts...
Un navire d’exploration - Le Sirius - commandé par le capitaine Chester, part à la recherche d’un trésor englouti. La première rencontre avec un professeur distrait (et un peu sourd d’oreille) qui les accompagnera dans un drôle de submersible en forme de requin. Un voleur de portefeuilles. Une carte marine encryptée. Scaphandres, requins et explorations sous-marines. Du rhum... Beaucoup de rhum... Des coordonnées géographiques trompeuses (le méridien indiqué sur les messages encryptés étant celui de Paris au XVIIe siècle et non celui de Greenwich) qui rendent les recherches complexes. Bref, de l'aventure. De la vraie.
© Images – moulinsart.be
Que le Grand Cric me Croque !
Enfin, une île déserte, ou presque... Du moins habitée par des singes et des perroquets pour le moins doués de la parole puisqu'ils sont parvenus à retenir tout le dictionnaire d'injures de notre vaillant capitaine fugitif, le grand Chevalier de Haddock (ancêtre du bien connu Archibald du même nom). Inutile de dire qu'ils m'ont, par la même occasion, inspirée pour ce billet.
© Images – moulinsart.be
La Licorne
Le nom de son vaisseau porte les armes et l.’emblème d’un animal fantastique : une licorne... Un vaisseau de guerre de Louis XIV (le même Louis qui aurait fait don du château de Moulinsart au Chevalier de Haddock... ).
Et son récit en a manifestement inspiré d'autres que moi. En effet, quelques contructeurs navals créatifs ont décidé de rendre vie à la Licorne, en réalisant sa réplique dans le port de Bruxelles, où elle est actuellement à quai au BRYC. Le bateau mesure 14m hors-tout et sera navigant. Ne manque encore que les voiles ! Il a été mis à l'eau ce 27 avril 2019 et baptisé au champagne et à ... la kriek bruxelloise, faute de rhum ! Avis aux amateurs. Découvrez ce projet sympathique (débuté en 2017) en cliquant sur les liens ci-après.
© Photos /images– Rêvesdemarins /moulinsart.be
La mémoire vous flanche encore et toujours ??? Bon un tout dernier indice...
Si comme moi, vous naviguez au départ de Nieuport ou volez sur Brussels Airlines, vous aurez peut-être la chance, de prendre la mer sur un splendide voilier sportif ou de vous envoler dans un appareil qui porte le nom du dit pirate.
© Photos – Rêvesdemarins
Bon, pour ceux qui n'ont pas encore retrouvé la mémoire, il ne vous reste plus qu'à éplucher votre bibliothèque ou vous rendre dans la librairie la plus proche pour y dégotter deux de mes albums de Tintin préférés : Le Secret de la Licorne et le Trésor de Rackham Le Rouge.
Bonne lecture et un excellent dimanche !
Dans cet univers en perpétuel changement, peu à peu nos certitudes volent en éclats. En un instant, une tornade peut tout balayer d'un seul geste de sa main éthérée. Et tout devient potentiellement ouvert à se modifier ou à disparaître. Les gens, les choses, les connaissances, les endroits, les situations. Les marins et les montagnards en sont particulièrement conscients. Mère Nature possède un agenda qu’elle ne laisse voir à personne, qui recèle son lot de surprises, même pour les plus grands météorologues. Un petit billet sur les ouragans, la précarité du présent et quelques manières de l’aborder.
Casserole Infernale
"Une tornade est un tourbillon de vent isolé prenant la forme d'un entonnoir sortant d'un nuage convectif, le plus souvent un cumulonimbus, et dont la pointe est tournée vers la surface terrestre (...). En touchant la surface terrestre il prend l'aspect d'une colonne d'orientation à peu près verticale, mais souple et mobile horizontalement. Celle-ci, en balayant la terre ferme ou l'eau, soulève sur son passage toutes sortes d'éléments solides ou liquides qu'elle entraîne à sa base en une excroissance bouillonnante, appelée le buisson de la trombe et constituée soit par une nuée de gouttelettes au-dessus de la mer, soit par des poussières, du sable et une multitude de débris au-dessus du sol. On parle de tornade si l'air en rotation entre en contact avec la terre ferme ; lorsque le phénomène ne touche pas le sol, on parle simplement d'un entonnoir nuageux. Lors d'un contact sur l'eau plutôt que sur le sol, on parle alors de trombe marine. " (Source : Wikipedia)
La première tornade recensée daterait du VIe siècle dans un écrit de Grégoire de Tours, puis du XIe siècle à Londres. Au XIIIe siècle, les écrits relatent une tempête maritime féroce au port de la Valette à Malte, qui réduit l'armada des Chevaliers de St Jean en petit bois... Ce n'est qu'à partir du XIXe siècle que des études approfondies, notamment par le corps des chercheurs de l'armée américaine, seront lancées pour analyser, expliquer et surtout prévoir, ce type de manifestation météorologique. Depuis lors, la technologie a été mise au service de la science, notamment grâce à la modélisation informatique,
La tornade naît près des courants ascendants d'orages à basse altitude. En effet, elle s'y trouve dans un environnement où les vents changent à la fois de force et de direction avec l'altitude (on dit qu'ils sont "cisaillés"). Elle se caractérise par un vortex de l'air en rotation horizontale causée par le cisaillement des vents avec l'altitude. La plupart du temps, sa rotation va dans le sens anti-horaire dans l'hémisphère nord. Le mouvement de l'air en rotation est soumis à l'interaction entre différentes forces : la force de Coriolis, la variation de pression atmosphérique, la gravité, la force centrifuge et la friction. C'est, entre autres, la combinaison de ces facteurs qui influencera l'intensité de la tornade. Bref, une casserole infernale...
Les régions du monde les plus favorables à la naissance de tornades sont diverses. Cependant, les Etats-Unis et les régions sub-tropicales sont particulièrement propices à leur formation. Les Etats du Texas, Oklahoma, Kansas et Nebraska sont ainsi surnommés"Tornado Alley" avec un tiers des tornades aux États-Unis à leur palmarès. Et si elles sont habituelles au Paraguay, en Argentine, au sud du Brésil, en Inde ou au Bengladesh, elles sont également fréquentes aux Pays-Bas ainsi qu' en Grand-Bretagne (20 à 30 tornades/an) bien que d'amplitude relativement plus faible dans ces régions du monde.
La plus longue tornade jamais enregistrée fait 325 km de long et s'étend sur trois Etats américains en 1925 (Missouri, Indiana, Illinois). La plus meurtrière sévit en 1989 au Bengladesh où elle fait plus de 1.300 victimes. En 1999, on enregistre des vents de pas moins de 484 km/h dans l'Oklahoma ! Tout simplement apocalyptique...
© Photos – Wikipedia
Leur Petit Nom
"Tornade", une expression relativement récente (XVIe) provient probablement de l'espagnol "tornado", des colonies américaines. Ces phénomènes sont en effet prévalents dans ces régions. Avant cette époque, l'on parlait d'orages ou de violentes tempêtes se formant généralement en mer. Un ouragan ou une tempête ne prend le nom de "tornade", qu’une fois qu'il/elle touche terre.
Irma, Gabriel, Katrina, Harvey, Carmen, Florence, Mich, CIndy, Usagi, Koguma et bien d'autres... L’organisation météorologique mondiale (OMM) délègue à cinq organismes régionaux le choix des prénoms, qui doivent alterner masculin et féminin. Pour l’Europe, c’est le service météorologique de l’université libre de Berlin qui nomme tous les anticyclones, dépressions et ouragans tandis que l'OMM fait autorité pour le reste du monde. En revanche, elle ne baptise un vent que s’il dépasse la vitesse de 119 km/h et qu’il est accompagné de pluies torrentielles. Le choix de leur donner un prénom (familier à la région où il va frapper) vise à aider à identifier rapidement les tempêtes dans les messages d’alertes, car les noms sont beaucoup plus simples à retenir que des nombres ou des termes techniques. Les prénoms sont utilisés en boucle. On ne retire un prénom de la liste qu'en cas extrême, par exemple particulièrement meurtrier.
© Photos – Rêvesdemarins
Même si l’on peut généralement déterminer sa force, mesurer l'amplitude ou la violence réelle sur place d'un ouragan demeure toujours complexe : Type F1, F2, F3, F4 sur l'échelle de Fujita ou l’absolue F5, « le Doigt de Dieu »... Les divers scientifiques, même les meilleurs, font des prévisions comportant toujours une marge d’erreur. Et surtout, comme les tremblements de terre, les tornades amènent parfois à leur suite d’autres dangers comme les raz de marée, tsunamis ou fortes houles. Nul ne sait ce qu’elles emmèneront dans leur sillage.
It's raining cats & dogs
Les ouragans ont ce pouvoir inouï, presque divin, de déplacer des objets et des êtres vivants, peu importe leur taille ou poids. Comme d’infortunés animaux se trouvant sur leur chemin. Les expressions française "il pleut des hallebardes" et anglaise "it's raining cats & dogs" proviendrait, à ce que l'on affirme, de ce terrifiant pouvoir...
Annonce d’un Ouragan en Mer
L'Ouragan est annoncé. Les diverses stations météo et images satellites ont confirmé sa présence dans les parages à relativement court terme. Reste à voir s'il va éclater juste sur nous ou s'il va décider d’aller faire un tour ailleurs. Une fois en mer, une chose est certaine, lorsque nous le croiserons, nous ne pourrons pas l’éviter. Il faudra passer à travers sa masse et espérer que le navire tiendra bon.
Alors, que faire avant son arrivée ? Selon les types de marins et de personnalités, les réactions diffèrent. Et à chacun sa manière. Il n’y en a pas de meilleures que d’autres car elles doivent correspondre aux besoins de leur acteur. À chacun de découvrir ce qui lui convient le mieux. Avec l’expérience, les styles peuvent aussi s’adapter et se modifier. Analysons quel genre de marins l'on peut trouver à bord dans telle situation.
© Photos – Armand Burguet & Alexis Guillaume
L'Intrépide
Face à l’annonce d’un danger majeur et imminent, il y a d’abord le marin qui préfère ne pas s’en faire de trop et se dire « on verra bien, on gérera au fur et à mesure ». Inconscience ? Légèreté ? Présomption ? Pas nécessairement. Plutôt la capacité à appréhender un événement funeste comme un défi et faire confiance à son expérience, sa créativité, sa bonne étoile, la chance et ses capacités pour s’en sortir.
L'Averti
Ensuite, il y a le marin qui se prépare, reprépare, vérifie trois sytèmes météo différents et recoupe les informations. Celui qui débriefe l'équipage sur la procédure de secours, remplit leur journal de bord un peu plus souvent que d'habitude avec leur position. Celui qui prend la peine de prévenir les bateaux environnants du grain qui arrive. Celui qui arrime tout à bord, prépare les grab-bags et prend toutes les mesures nécessaires pour être prêt à affronter le pire. Le rationnel, l'organisé, l'hyper prévoyant. Même s'il n'est pas toujours des plus comiques à bord, celui-là agit sur tout ce qui demeure en son contrôle pour son bien-être et celui de l’équipage.
Le Défaitiste
Il ya aussi le marin qui baisse les bras et se dit qu'il n'y parviendra pas. Que de toute manière, le bateau ne tiendra pas et qui décide de faire demi-tour en mer. On ne peut pas le lui reprocher. C'est une option comme une autre. Cependant, il est souvent déjà trop tard que pour rebrousser chemin une fois sur la trajectoire de la tempête. Donc, cette option-là ne fonctionne pas toujours.
L' Emotif
Il y a également le marin qui se laisse guider par ses émotions et perd tout sens rationnel dans l’attente de la bagarre. Celui qui ne sait plus où donner de la tête, s'énèrve, se fâche et a tendance à ne pas garder la tête froide pour se préparer à la lutte contre le Titan planté un peu plus loin sur sa trajectoire. Personne n'est à l'abri d'un moment de désespoir, de panique ou d'incompréhension. Toutefois, ces moments-là font souvent perdre un temps précieux et renforcent le sentiment d'impuissance face aux éléments. Sans oublier qu'ils rendent l'atmosphère ambiante tout aussi électrique que celle de l'orage qui les attend. Cela dit, nous ne sommes qu'humains...
Le Philosophe
Enfin, il reste alors le Philosophe. Ce marin-là qui écoute, reste calme, rassure, se veut objectif et voit le verre à moitié plein sans verser dans l’utopie ni la rêverasserie. Surtout durant l’attente de l’abordage de l’ouragan.
Je vous laisse méditez sur le ou les types qui s’accordent le mieux à votre cas. Et de toute manière, on ne sait jamais vraiment à l’avance comment l’on va réagir face aux événements. On ne peut pas cataloguer les gens dans des « boîtes » (et heureusement ! )
« Mais si les langues se sont tues enfin, les cœurs, eux, n’ont pu s’arrêter de battre. Comme le calme avant la tempête... » (P. M)
La vie prend parfois des détours inattendus ou redoutés. Cependant, généralement, on s’y adapte plus ou moins aisément par l’action, la décision et les choix, même ces derniers peuvent s’avérer ardus. Tout va plus facilement tant que l’on contrôle un minimum les événements et leurs conséquences. Là où cela se complique, c’est lors du lâcher prise contraint et forcé. C’est là où l’on devient dépendant des autres ou du bon vouloir du Destin: l'attente, longue et insoutenable avant de se trouver face à l'ouragan. Alors, un moyen d'endurer cette période d'attente est de profiter de chaque instant, de focaliser son esprit et ses gestes sur des choses positives, utiles ou ayant un quelconque impact satisfaisant. Et prendre tout ce qui peut nous permettre d'emmagasiner des forces pour le moment de passer à l'abordage.
Sur ce toubillon de réflexions cycloniques, je vous souhaite un excellent dimanche, sans tornades ni grains (mis à part ceux de sable si vous profitez d'un beau WE en bord de mer).
Hercule, toi qui n'a jamais reculé devant rien. Toi qui a défié les Dieux belliqueux. Toi, qui leur a prouvé ta force et ton courage. Je te dédie ce billet.
Hercule, Coeur de Lion
Hercule, Héraklès... Tu as voyagé durant des années dans des contrées hostiles, jusqu'en Enfer et jusqu'au domaine d'Hadès dont tu es revenu épuisé, mais triomphal.
Au cours de tes pérégrinations, les Dieux t'ont confronté à des obstacles sans précédent et des travaux dont personne ne pensait qu'il était possible de réaliser. Et pourtant... Tu l'as fait. Durant dix longues années, à chaque tâche accomplie, surgissait de nulle part alors une autre, imprévue, insaisissable, implacable, souvent plus pénible que la précédente. Et parfois, la même tâche se défaisait, te demandant de recommencer ton labeur, de repasser par les mêmes dangers, les mêmes embûches, inlassablement... Et sans relâche, sans te décourager ni baisser les bras, à chaque coup de théâtre du Sort, tu as repris tes efforts, tu as repris ton bâton de pèlerin pour affronter les guets-apens qu'il avait placés sur ta route.
A chaque épreuve, tu as dû te contenter des armes que l'on voulait bien te procurer. Des moyens de défense pas toujours efficaces ni aisés à manier. Des potions revigorantes pour te rendre des forces. Des boucliers maniés par d'autres et à qui tu as dû faire confiance pour ta défense. Et souvent, c'est à la force des poings et de l'esprit que tu as résisté.
Tu en as des cicatrices, des bleus, des bosses et des morceaux en moins. Ton corps en est empli. Il en a supporté des blessures, des entailles et des morsures de tes ennemis. Et si ton image de lutteur a quelque peu changé au cours de tes affrontements, ton tempérament a toujours su surmonter la tentation d'abdiquer face à l'adversaire. Ni les lions affamés, monstrueuses hydres, serpents, sangliers, taureaux ou juments sauvages, ni féroces cerbères, terrifiants centaures ou ni même les sanguinaires Amazones ne sont parvenus à te faire mettre genou à terre. Tous ont dû se plier à ta force et ta résilience.
Le Treizième Travail
Douze Travaux de Titan. Et tout ceux additionnels que l'Histoire ne narre pas. Et tu espérais enfin prendre un repos bien mérité, sans luttes ni batailles après tant de servitude.
Mais, voilà, les Dieux en ont décidé autrement. Et voici qu'ils te défient à nouveau, pour une treizième fois. Et tu te retrouves aujourd'hui face à face avec un autre crabe invisible, de l'immonde sorte de celle qui t'avait assailli il y a dix ans déjà, mais que tu avais vaincu haut la main. Dix ans où tu avais pu bénéficier d'une rémission hors de vue de ce monstre sans visage. Dix ans, avec d'autres combats, mais quelque peu moins instrusifs que celui que te lance aujourd'hui cette petite créature ignoble et insaisissable, renaissant ainsi de ses cendres, contre toute attente. (...) "I'll be there someday, I can go the distance
Je refuse de céder à la superstition. Et le treizième travail sera ta chance. Celui-ci également, tu en viendras à bout ! Tu va lui flanquer une bonne raclée à cette sale bête et la faire disparaître pour de bon ! Une fois de plus, tu ne seras pas seul pour y parvenir. Il te faudra une fois de plus de la patience, du courage et de la persévérance. Mais je sais que tu les trouveras le moment nécessaire pour surmonter ce nouvel ouvrage. Et nous fêterons ensemble ta victoire héroïque !
Parce les Héros n'existent pas uniquement dans la mythologie... Ils sont là, près de nous, chaque jour. Il faut juste savoir les reconnaître.
Prenez bien soin de vous. Un excellent dimanche à tous. |
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August 2023
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