La veille d'une nouvelle grande lune...
Une soirée où, conventions insistent, il faut faire la fête... Et pourtant, cette date ne signifie pas grand' chose pour certains. Ceux qui travaillent cette nuit, les pompiers, les infirmiers, les urgentistes, les pilotes, les pêcheurs. ou encore les navigateurs en mer. Ceux qui sont seuls, dans un lit d'hôpital ou ailleurs... Ils n'en ont probablement rien à faire d’être le 1er janvier, un samedi ou un lundi. Avec pour feux d'artifices? Les étoiles filantes, les loupiottes des navires, terrains d'atterrissage ou appareils médicaux. Et pour bulles? Celles de l'eau salée, des tablettes effervescentes ou de la pluie sur les hublots. Pour ces autres, la nouvelle année a pour nom "guérison", "ligne d’arrivée", "rémission", "port", "retrouvailles", "terre" ou encore "jour de repos"... Et c'est ce jour-là où ils l'atteindront qu’il faudra leur souhaiter "Bonne Année ". A mon sens, ce sont ces moments-là qui valent d'être célébrés en lieu et place d'une date factice. " Ils ne tendront pas l’oreille aux klaxons du réveillon mais au mugissement de leur coque indiquant la vitesse, au claquement des voiles qui leur souffle un réglage ou au fâcheux craquement symptomatique d’une avarie. " (Isabelle Autissier)
Cela dit, toute date vaut la peine d'une célébration. A chacun sa liberté, n'est-ce pas? Et ce soir, hé non, vous ne me verrez pas danser un tango endiablé dans une fiesta mémorable. Je ne résiste toutefois pas à l'envie de jeter un petit coup d'oeil attendri en arrière sur ces douze dernières lunaisons...
J'ai beaucoup de chance... 2016 fut une très belle année pour moi, qui a vu la réalisation d'un incroyable nombre de mes rêves de marins. Je voulais 2016 différente. Et bien, elle l'a été. Mission accomplie.
Tout d'abord, mes premiers bords un peu plus sérieux à la voile avec des équipages fabuleux. Des cours que je voulais suivre depuis des années. De nombreuses journées en mer. Des voyages vers des destinations qui hantaient mes songes: un passage au Danemark, en Suède. La Norvège à la voile. Les vacances avec des êtres chers. Des séjours féériques à Ravenne, Bologne, Paris, Ramsgate, Bergen, Oslo, la Normandie, la Bretagne Nord, St Malo, Le Mont Saint Michel, Honfleur, Etretat, Bayeux, Rouen... Sans oublier de nombreux retours à ma chère mer du Nord et Nieuport.
La création de nouvelles amitiés solides avec des gens de mer fabuleux, que je ne voudrais perdre pour rien au monde. Des retrouvailles avec des proches après plus de vingt ans d'absence. Une seconde vie comme volontaire à l'hôpital qui me procure des moments qui me ressourcent incroyablement en énergie positive (contrairement à ce que la plupart d'entre vous pouvez imaginez) et m'ont permis des rencontres improbables.
Malgré des événements politiques et sociétaux inquiétants, cette incroyable chance qu'aucun de mes proches ou amis n'ait été gravement impacté par les terribles événements qui ont frappé notre monde cette année. Seule inquiétude qui ne me quitte point: l'état de santé de ceux que j'aime et la crainte perpétuelle que ce dernier ne se détériore. Et je ne peux qu'espérer que l'an 2017 sera clément à ces êtres chers à mon coeur... Sans compter, en outre, des réalisations professionnelles, dont je ne peux franchement pas me plaindre dans cette époque chahutée, bien au contraire, malgré un rythme de travail plus que soutenu et un planning avec lequel il faut constamment jongler pour parvenir à tout mener de front.
Des moments musicaux de folie... Jouer ce fameux concert en live à la radio au Festival Musiq3 au studio Flagey, ou encore ce concert de Noël celtique à l'Université de Namur, des répétitions rythmées de fous-rires. Des instants inoubliables de musique en mer, que ce soit dans les fjords scandinaves ou à l'arrivée de nuit à la voile en Grande-Bretagne, en accompagnement d'une gigue écossaise endiablée des équipiers à bord.
Et puis... 2016 fut aussi surtout... La naissance de ce blog...
Mon passage des quarantièmes rugissantes: neuf mois depuis la création de ce blog et mon 40e billet... Quel beau cap pour débuter une nouvelle année...
Une navigation de soirée ou de nuit souvent, dans un planning professionnel et privé ultra chargé. Ah, si les journées pouvaient avoir 78 heures... (Cela dit, je parviendrais probablement encore à les surbooker! ) Mais une très belle nav...
Et pourtant, si ce périple à travers les mots et les sujets de ce blog a été passionnant et m'a apporté une grande satisfaction, il n'a pas toujours été aisé... Non pas que j'aie crainte de tomber à court d'inspiration (la page blanche viendra probablement un jour, cela dit... ), mais plutôt la difficulté de poser les mots, de les peser, de parvenir à exprimer des sentiments ou aborder des thèmes plus personnels de manière délicate, discrète, avec finesse si possible, mais sans jamais tomber dans l'intime, l'apitoiement, ou encore l'exhaltation excessive. Pas évident de se proclamer écrivain!
Mais, surtout... Si ce blog vit et prend toute sa raison d'exister, c'est surtout grâce à vous, chers lecteurs...
A quoi bon écrire, si personne ne me lit... Pour la satisfaction de la plume? Mais ce plaisir-là, comme de nombreux plaisirs, doit se partager. Alors, il en devient deux fois plus intense. Le but était de créer un médium qui permettait la liberté totale au lecteur de le découvrir en toute anonymité ou non, de le commenter ou non. Je ne sais donc, jusqu'à aujourd'hui, pas vraiment qui lit mes billets. Et c'est très bien ainsi. J'en apprécie d'autant plus la surprise de découvrir par hasard que quelqu'un a pris la peine de parcourir ces quelques pages à un moment donné. Ce serait vous mentir que d'affirmer que vos commentaires et vos "like" me laissent indifférente. Ils me remplissent de joie à chaque fois et me donnent le sentiment d'exister. Et l'idée que certains d'entre vous se mettent un jour à attendre avec impatience la parution dominicale du petit billet du "Moussaillon Enchainé" me procure un sentiment particulièrement agréable. Mais, il s'agit là plutôt d'un bonus... En rien de la raison de la présence de ce blog.
Alors, ce quarantième billet s'adresse à vous, mes amis. Pour vous remercier de vos lectures, de votre fidélité à regarder ces petits billets, et parfois même de me gratifier de vos commentaires et de vos encouragements à poursuivre mon écriture en cette nouvelle année. Merci d'être là pour moi, dans l'ombre de ce blog.
Alors, que l'aventure de ce blog continue donc en 2017! Et que cette nouvelle année vous soit emplie de belles navs, en mer ou ailleurs, vous protège de tout aléas et souçis majeurs et vous gratifie d'une douce clémence... Bonne Année à tous!
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"... Et quant à toi, tu seras sage, si à tes enfants, de ton mieux, tu leur contes l'histoire des Mages, pour que l'Etoile brille en leurs yeux... " (Les Poèmes de Monseigneur, Willy Burguet père)
Les Etoiles... Elles sont là, par milliers, que ce soit au-dessus de nos têtes dans le firmament, au fond des océans ou encore dans nos yeux... Des myriades de petits points brillants, aux coloris variant du bleu au doré en passant par l'orange vif ou le rouge vermillon, selon leur origine, leur nature, leur âge ou encore leur taille.
Etoiles de Mer
Petit port de Hjellestad, Norvège. Tout contre les piliers en bois couverts d'algues du ponton, une vision surprenante: celle d'un de mes animaux marins favoris... Asteroïdeas, Asterias, Stella di Mare, Stered-Mor, Starfish, Crosóg Mhara... Diverses dénominations pour une et même créature emblêmatique et symbolique depuis des millénaires, que je ne me lasse pas d'observer.
Etoile du Berger
Elle était la préférée de ma grand-mère: la première qui apparaissait dans le ciel. Celle qui conserve une place toute particulière dans ma mémoire d'enfant... Ma bonne étoile, celle qui me rappelle ceux qui m'ont fait m'extasier sur le firmament, ses milliers de petites loupiottes et qui veillent sur moi, d'ici ou de là-haut. Mes préférées: Orion, les Pléïades, Cassiopée, Alpha du Centaure, l'Etoile du Nord... Je me remémore tous ces récits fabuleux de mon petit papa, de mes amis marins, montagnards ou encore pilotes d'un grand oiseau de fer. La lune, les constellations et tous ces astres mystérieux n'en finissent pas de me fasciner. Leur lueur bleutée dans les hautes latidudes scandinaves conserve pour moi un souvenir particulièrement féérique. Me reste encore à apprendre à les lire et les laisser me guider sous le sextant lors de mes prochaines navigations de nuit à la voile. Un rêve et défi de plus en devenir. Et une bonne excuse pour repartir "voiler" en mer très bientôt!
Rayon de Lune
A propos de Lune, cet astre semble singulièrement correspondre à une partie de moi. C'est du moins ce que mon entourage a jugé en définissant "Rayon de Lune" comme qualificatif complémentaire à mon totem scout (ce dernier étant bien loin d'être un animal extra-terrestre, je vous rassure! Mis à part la ressemblance de la tignasse avec "Chewbacca" au sortir de la douche peut-être... ). Je vous laisse rêvasser sur les raisons du choix de ce qualificatif, et non, ce n'est pas parce que je suis souvent distraite... Il faut croire que la pomme n'était pas tombée trop loin de l'arbre puisque mon paternel avait précédemment été nommé "Prince de Lune" par ses proches. Je dois être née sous une Bonne Etoile...
Etoiles Filantes
A chacune de leurs apparitions, je reste sans voix. A chaque traversée du firmament, un même sentiment de magie m'enveloppe. Un peu comme si un petit bout d'espoir venait de prendre forme à travers leur trajectoire lumineuse. Et je fais et refais un seul voeu... Toujours le même depuis toutes ces années... " Que les Etoiles te soient clémentes et veillent encore très longtemps sur toi... "
Voici tout ce que je désire pour cette nuit de Noël... Ce serait mon plus beau cadeau...
Ce soir, nous placerons du pain et un verre d'eau dehors pour qu'ils reçoivent une petite grâce des astres et de leurs anges célestes. Et après minuit, nous en partagerons quelques gorgées. Belle vieille tradition de notre grand-père, que je ne manquerais pour rien au monde, peu importe nos croyances religieuses ou non... Je vous souhaite une très belle veillée ce soir si vous célébrez cette fête. Et si cette date ne fait pas partie de vos traditions, que cette soirée vous soit tout simplement un moment de trêve, de paix et de bonheur simple, où les étoiles vous guideront... Je serai avec toi, avec vous... Joyeuses fêtes des Etoiles... " Les couchers de soleil se succèdent mais le souvenir de celui d'hier mérite de rester dans nos mémoires: il passe derrière une barrière de nuages rendus écarlates puis réapparaît entièrement, majestueux entre l'horizon et son couvercle. Il brille encore fort et sa lumière rasante irise la mer. Puis, il plonge, rapidement. L'équipage muet et subjugué scrute la ligne pour voir le fameux rayon vert, ... que nous ne verrons pas, d'ailleurs. Les lumières passent de l'orange au jaune, au violet puis au rose avant de pâlir dans un pourpre souligné par des nuages allongés. La nuit s'installe. Elle aussi nous ravit. Les nuages ont totalement disparu et pas de lune. Bien sûr les étoiles innombrables donnent le vertige mais l'incroyable ce soir est la voie lactée: elle court d'un horizon à l'autre dégageant une lumière si forte qu'elle est proche de celle de la lune. Et la cerise arrive par le biais d'un dauphin solitaire, torpille lancée dans la nuit, qui fait naître une pluie de plancton phosphorescent dans son sillage... la douceur du vent alizé est bien celle des tropiques et le bateau glisse vers les îles promises." (Journal de Bord de Merena, le 30 novembre 2016, 17.53N et 023.34W, à 100 miles de Mindelo au Cap Vert, Alexis Guillaume)
Que n'aurais-je donné pour partager ce moment de grâce en mer et ses coloris ensorçelants...
La couleur, présent incroyable de la nature. Tout comme une immense palette de peintre... Officiellement, il n'existe que trois couleurs : les primaires (rouge, bleu, jaune) à partir desquelles on peut créer des couleurs secondaires. Elles viennent en sus du noir et du blanc, qui ne sont pas formellement reconnues comme couleurs en tant que telles. Et pourtant...
Kaleïdoscope des mers
Sur un bateau, on se trouve constamment confronté aux couleurs... Celles des voiles, phares, bouées, feux, bouts, drisses, écoutes, cartes marines, sémaphores, pavillons, levers et couchers du soleil, étoiles... Toute une symphonie, un véritable kaleïdoscope marin. Un arc-en-ciel de teintes ayant leur propre language secret et une kyrielle de variantes formant un régal pour les yeux. Egalement un beau défi pour ceux qui aiment l'apprentissage des codes.
Tous à bord participent à ce festival de couleurs: rouge après la sieste sur le pont dans la pétole au soleil, bleu après quelques heures à la barre dans le froid glacial, vert dans la houle et les vagues tape-cul, blanc lorsque la tempête fait rage, gris dans la brume où l'on ne voit même plus l'étrave du voilier et où la corne de brume assourdissante des pétroliers résonne en passant les shipping lanes, brun lorsque la mécanique a décidé de se mettre en grève et qu'on vient de passer une heure la tête dans le compartiment moteur, les mains dans le cambouis pour tenter de le ressusciter (dans ce dernier cas, le brun vire souvent au vert olive dans le roulis...)...
Couleur pétole
La pétole, si elle tape quelquefois sur les nerfs des marins, par contre, elle procure souvent des tableaux bigarrés de la lumière sur l'eau, avec un résultat particulièrement magique.
Couleur XX ou XY?
"Chéri, pourquoi ne mettrais-tu donc pas ta cravate mandarine aujourd'hui? Tu veux dire, ma cravate rouge, chérie? .... " Vous l'aurez certainement remarqué: la même teinte semble, par un sortilège bizarre, se modifier sous l'oeil humain selon que ce dernier soit masculin ou féminin... Le bleu devient soudainement vert, le rouge se mue en orange ou encore le jaune moutarde se transforme en brun... Nous n'avons décidément pas la même vision! Et, messieurs, je vous l'accorde, le sexe féminin a cette tendance à démultiplier les dénominations des tons là où quelques uns seulement vous suffisent à décrire le monde. Pour un seul rouge, nous les femmes en faisons dix variations sur le même thème: carmin, cerise, écarlate, cinabre, coquelicot, bordeaux, andrinople, brique, rubis, tomate... Qui a dit que les femmes étaient complexes, mmm?
Couleur secrète du tableau
Cependant, les couleurs, ce sont également celles des êtres humains. Je ne vous parle pas ici de la couleur de peau... Mais bien de celles de leur nature profonde. Il y a celles de la raison et du paraître: la couche extérieure du tableau. Et cette dernière peut faire beaucoup d'effet: peur, admiration, désintérêt ou même éloignement... Puis celles du coeur: la couche primaire, que l'on ne découvre qu'en grattant la peinture, ou à force d'examiner, d'étudier une esquisse. Alors, à force d'observations répétées, l'on découvre souvent un chef d'oeuvre inattendu, une oeuvre d'art inespérée. Vous savez, comme ces tableaux qui dissimulent une autre fresque derrière la dernière couche de peinture, et recèlent la main d'un grand artiste. Pour découvrir cette merveille camouflée derrière de nombreuses épaisseurs de vernis colorés, les maîtres mots sont patience, temps, ouverture et surtout volonté, pour enfin parvenir à décrypter le secret du tableau... Et tout comme certaines toiles, certaines personnes s'avèrent plus difficiles à déchiffrer que d'autres. Mais, celles-là valent souvent la peine qu'on ne se laisse pas abuser par les apparences et que l'on s'acharne à découvrir leur véritable nature, leurs sentiments profonds et qui ils sont réellement au fond d'eux. Un peu comme ces précurseurs de l'art impressionniste, surréaliste ou contemporain. Il a dû en falloir des efforts pour parvenir à déchiffrer le message des couleurs et des formes au début de leurs oeuvres. Mais regardez aujourd'hui: leur art est reconnu à sa vraie valeur! Et puis un beau jour, le tableau s'ouvre et s'offre enfin à vous, dans toute sa beauté intérieure et vous en découvrez finalement toute sa magnificence. Et sa fragilité aussi... A vous ensuite de ne pas en abuser et de manier l'oeuvre avec délicatesse, pour ne pas l'abîmer, pour préserver ses vraies couleurs de toutes égratignures.
" (...) La situation se dégrade toujours. Les détritus forment désormais une nappe compacte qui ralentit le bateau. Elle devient si épaisse que j'ai l'impression que je pourrais marcher dessus! Cette bouillie infâme est composée de cartons détrempés, de débris de bois en décomposition, de fragments de plastique de toutes tailles, d'un mélange indescriptible d'ordures flottantes et d'une multitude d'objets plus ou moins indentifiables. Des restes de pneus, de vieilles chaussures usées, des lambeaux de vêtements, des claviers d'ordinateurs, des jouets en plastique, des bouteilles en verre, des bidons en fer rouillé... Une vitrine complète de notre société de consommation. (...) " (Comme un albatros, Pierre-Yves Touzot)
Du plastique, encore et toujours du plastique... Des bouteilles, des flacons, des sachets, des mètres de plastique à n'en plus finir... Ces polymères synthétiques ou artificiels s'inflitrent partout: dans les maisons, les magasins, les rues, jusqu'à dans... la mer...
Les océans sont peuplés de millions de créatures merveilleuses, ou effrayantes... Mais les plus terrifiantes ces dernières années sont celles qui sont en train de conquérir les mers de manière exponentielle: les déchets...
Il suffit de vous promener sur une plage. A mieux y regarder, vous finirez souvent par y découvrir au milieu des algues et coquillages, quelques morceaux de pvc, sachets plastiques, restes de filets de pêche ou autres détritus patibulaires... Malgré les efforts de nos garde-côtes, le mal est bien ancré... Nos mers sont polluées...
Je vous passe les images d'animaux marins pris au piège par des objets flottants. Ces images me sont tout simplement insoutenables... Et les plus dangereuses sont encore les mini-particules de plastique qui, désagrégées, se retrouvent dans l'estomac de ces innocentes victimes de la consommation de l'homme, puis indirectement des nôtres...
Les participants au dernier Vendée Globe en ont malheureusement fait les frais... Que ce soit Alex Thomson, Roberto Attanasio, Vincent Riou, ou dernièrement Kito de Pavant, tous ces navigateurs ont été confrontés à une rencontre malveillante avec un OFNI (Objet Flottant Non Identifié), qui, pour les trois derniers, a malencontreusement mis fin à leur navigation ou à leurs ambitions de victoire de cette course mythique, heureusement sans blessés. Sans parler de ces fameux conteneurs, tombés d'un megatonner, qui décident soudain de se transformer en navires fous sans capitaine...
Combien de fois en voilier, n'ai-je aperçu un bidon, un sac ou encore une épave de flotteur oscillant au gré des vagues et du vent. Et à chaque fois, nous tentons de récupérer cet intrus à bord pour lui rendre la place à laquelle il appartient: la poubelle. Je dis, sa place, la poubelle... Et pourtant, peut-être ai-je tort... En réalité, il serait tellement plus bénéfique à notre vieille terre de pouvoir retransformer ces objets et leur donner une seconde, troisième, quatrième vie et plus.
J'ai la chance de travailler actuellement pour un client spécialisé dans la collecte, la récupération et la tranformation de déchets. Vous savez, les camions-poubelles. Pas très sexy comme business à première vue. Et bien, détrompez-vous! Depuis lors, je ne m'énerve plus derrière un camion d'éboueurs, qui m'oblige à apprendre la patience sur la route. Respect pour ces hommes qui nous débarassent des ordures qui nous incommodent et mettent tout en oeuvre pour les recycler.
Levi's et Aquafil créent des jeans tissés à partir de filets de pêche. Algopak, une petite société à St Malo, met au point des matières plastiques (dont des sacs) au départ d'algues, et dès lors 100% biodégradables. Adidas développe des chaussures de sport aux semelles faites de déchets plastiques issus de l'océan. Le Seabin project: des surfers australiens inventent une machine à nettoyer les marinas. Ou encore, Boyan Sat, un étudiant néerlandais réalise un système de filtrage des océans. Je vous invite à lire quelques articles concernant ces inventions formidables qui constituent un pas vers un monde plus propre.
Si la vue d'un individu sans scrupules jetant un détritus dans la nature environnante me met hors de moi et me choque profondément, il y a encore du pain sur la planche pour vivre vraiment "autrement"...
En effet, changer nos habitudes requiert de la force (entre autres, de caractère), tout comme nos Benoît Brise Mer... Cela demande également de la volonté, de la ténacité et du temps... De la place aussi... Remplacer ses bouteilles de plastique par du verre et emmagasiner trois bacs séparés de tri à ordures n'est pas donné à tout le monde, surtout si votre appartement fait 50m carrés, sans terrasse ni cave. Transporter vos caisses en carton sous la pluie battante au lieu de bacs pvc ou encore emballer vos aliments dans du papier plutôt que du film étirable plastique n'est pas une évidence. Pas aisé non plus lorsqu'il vous faut trimbaler 15 litres de boissons dans des bouteilles en verre pour le barbecue avec les voisins. Tout comme notre petit Benoît, bonjour les muscles... Je pourrais vous trouver mille excuses pour ne pas modifier nos pratiques de consommation... Alors, commençons par des petites choses comme reprendre un sac en toile réutilisable pour faire nos courses. Et au lieu d'acheter des produits emballés, les produits frais, locaux, représentent une alternative tout à fait intéressante: le fermier du coin, le voisin qui élève des poules, le marché local, ou encore le potager si vous vous sentez les doigts verts! Mais si, j'éprouve un réel plaisir à me balader au marché pour y faire mes emplettes: des légumes frais, de qualité, et pas chers, pour cela il faut... du temps! Et c'est presque toujours le manque de temps qui me fait retomber dans mes mauvaises habitudes... Il est tellement plus aisé de passer une seule fois par semaine au magasin acheter des denrées emballées et qui tiendront quelques jours dans le frigo, surtout avec un agenda particulièrement chargé. Il est tellement plus simple de prendre un sachet plastique pour emballer des victuailles car il ne perce pas et ne pèse quasiment rien... Il est tellement plus aisé de jeter toutes ses ordures dans la même poubelle plutôt que de prendre la peine de les trier. Heureusement, la prise de conscience des populations en Europe débute peu à peu et des pratiques plus écologiques trouvent tout doucement leur place dans nos ménages. Certaines nations y mettent d'ailleurs un point d'honneur depuis quelques années déjà (Scandinavie, Allemagne, Autriche...).
Je profite de ce billet pour vous recommander chaudement un excellent roman sur ce sujet. Les amoureux de l'environnement, de la voile et de la mer adoreront: "Comme un albatros", de Pierre-Yves Touzot, éditions La Découvrance.
Alors, j'espère vous avoir convaincus de poursuivre les efforts de ce monde pour contribuer un peu plus à une mer plus propre... Et à devenir à votre tour, si vous ne l'êtes pas déjà, de charmants Benoît Brise Mer... (avec ou sans le béret basque ;-)).
Ce billet nous emmène dans un sujet autant banal que nécessaire: notre besoin de... sommeil.
Dodo, sieste, siesta, dutje, nap, méridienne, repos, ronflette, roupillette, roupillon, somme, sommeil... Autant de mots pour définir un et même concept: celui de prendre du temps pour recharger ses batteries, revigorer son corps, apaiser son esprit et faire emplette d'énergie.
Il est vrai que chaque être vivant ressent ce besoin différemment: selon sa nature, son âge, son biorythme, son contexte ou tout simplement ses envies. Il y a ceux qui ont besoin de quelques heures de repos seulement (les hommes d'affaires, les dirigeants, les hommes politiques, les grands sportifs...) - je les envie! - et puis ceux à qui huit petites heures de sommeil ne suffisent même pas. Il y a ceux du matin et ceux du soir. Quant à moi, ceux qui me côtoient l'auront remarqué, le matin, ma petite horloge biologique tourne au ralenti. Un vrai diesel. Ah, combien de choses pourrais-je donc faire dans ma vie s'il ne me fallait pas dormir... On peut rêver!
Il y a ceux qui dorment par nécessité, juste pas trop, juste pas trop peu. Il s'agit là de la majorité des êtres vivants. De la gent humaine ou animale, ils dorment lorsque leur corps leur intime qu'il est temps d'aller piquer un somme. Certains en font un art de vivre, qu'ils perfectionnent sans cesse (les chats, paresseux, phoques, loirs, marmottes et autres... ) et cela parfois dans des positions des plus insolites. Une véritable histoire à dormir debout!
Ronfler, c'est dormir tout haut. (Jules Renard)
D'autres en font un grand art musical (grand-pères, pères, époux et autres compagnons champions des ronflements) et excellent dans la pratique instrumentale de leur appendice nasal (même parfois agrémenté de vocalises chez certains). Ma famille compte d'ailleurs de réels virtuoses dans cette discipline, et cela depuis quelques générations!
Mais là où certains battent tous les records, c'est bien en navigation... Une des qualités d'un marin est bien sa capacité à faire la sieste à n'importe quel endroit et quel moment! Que ce soit dans sa bannette, un hamac, sur le pont ou encore même assis à la barre. Il est vital pour un voileux de pouvoir se reposer aux périodes où les conditions météorologiques et son environnement lui permettent de se reposer sans danger. Un moment de pétole, un long bord, une traversée un peu plus calme. La beauté d'une équipe, c'est cela aussi: permettre aux autres de se reposer chacun à son tour, sous l'oeil bienveillant du veilleur.
L'organisation de quarts de nuits (ou de jour) relève d'une grande importance à bord. Que les petits sommes soient de vingt minutes ou moins, ou carrément de deux heures. Mais l'essentiel réside dans la capacité de pouvoir se réveiller pour une urgence et de parvenir à se rendormir aussitôt. Les pilotes de ligne souligneront ce même besoin dans un cockpit (Si, si..., je tiens cette information de bonne source!). Il est vrai, en lieu de pyjama douillet et bonnet de nuit, les marins somnolent la plupart du temps en combinaison de voile et bonnet de néoprène... Et pour des transats en solitaire, l'art du sommeil par petits bouts (ou carrément le micro-sommeil) devient tout simplement une question de survie. Dans tous les cas, le sommeil sur demande et dans n'importe quelle position n'est décidément pas mon fort (les longs voyages en avion me le prouvent à chaque fois). Ce qui me désole car cela limite quelque peu les possibilités de ma passion pour la voile. Mais je m'applique de mon mieux à apprendre la maîtrise de l'art du Marchand de Sable...
Le manque de sommeil peut s'avérer dévastateur. Et si l'on peut résister sur l'adrénaline durant quelque temps, il y a un moment où le corps et l'esprit ne tiennent plus. Je me dis d'ailleurs que ces gardes immobiles de Buckingham palace doivent parfois dormir tout habillés, debout devant leur abri de sentinelle, soit les yeux ouverts, soit leurs paupières closes habilement masquées par leur énorme couvre-chef de fourrure. Souvenez-vous de cette époque de notre fringante jeunesse, où quelques nuits blanches nous faisaient rire... Inutile de vous dire que mes dernières nuits sans sommeil me disent clairement que l'époque de ces vingt ans-là est révolue depuis longtemps pour moi... Enfin, il paraît qu'à partir d'un certain âge, l'on a besoin de moins de dodos... Tout n'est donc pas perdu!
Dormir en musique:
Du sommeil à mon sommeil - Je rêve tout un long jour à la nuit qui me ramène enfin. Enfin, le sommeil, Le rêve et ses merveilles , où de grands oiseaux blancs tournoient lentement. Oh, regardez : il neige de grands oiseaux de neige. Et de fatigue en fatigue, Emportée, je navigue. Oh, ne m'éveillez pas. Des milliers d'oiseaux de lune se posent sur la dune. Ne les effrayez pas. Oh, laissez, laissez-moi dormir, mes oiseaux pour escorte. Je vais, la fatigue me porte. Plus loin, plus loin. Vers le silence, silence, silence. De fleurs géantes, Du sable d'ambre. Il neige des plumes. D'oiseaux de lune. Un désert blanc, Un continent, Et puis plus loin, Si loin, la mer. Du sommeil à mon sommeil. Je guette tout un long jour. Le rêve. Je rêve, Je rêve... (Du Sommeil à mon Sommeil, Barbara)
Voici quelques chansons sur le thème du sommeil que j'apprécie en particulier. Textes absolument à découvrir, celui de Lynda Lemay étant particulièrement savoureux...
" (...) Son étreinte est douce. L’homme quitte lentement les bras de Morphée pour se glisser dans ceux de la jeune femme. Il se laisse bercer (...) " (L'Autre Mer, Perwann Maren)
Enfin, pour moi, le sommeil, c'est aussi un moment de rêve, où tous les désirs sont permis, en sons, couleurs et lumières. Un moment de tendresse, de chaleur bien calé sous l'édredon en hiver. Un moment de sérénité, câlinerie ou de passion, que ce soit dans les bras de Morphée ou ceux d'un être aimé. Un moment protecteur au creux d'une large épaule. Un moment de bien-être que je voudrais durer plus longtemps lorsque le réveil sonne. C'est un droit que je voudrais accessible à tous: un vrai lit, bien au chaud pour une bonne nuit de sommeil. Et non sous un pont, à même le sol, dans le froidure et le gel... Bref: si vous souffrez d'insomnies parfois, souvenez-vous de ce dernier point: dormir, à l'abri et au confort de surcroît, est un privilège. Et chacun devrait pouvoir jouir d'une telle entrée vers les rêves...
Sur ce, je m'en vais rejoindre mon lit douillet... Bonne nuit à tous! Chaque rêve qui réussit est un accomplissement du désir de dormir. (Sigmund Freud) |
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August 2023
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