Les astrologues définissent mon origine liée à celle du renard Le calendrier chinois, celui du rat. Mais je vous assure que c'est bien sous le signe du chien que je me sens ces derniers temps. Un petit billet insolite, ce week-end.
Quart de nuit
Trois heures du matin. L'heure de la nuit que j'aime à définir comme celle du chien. J'ai un mal de... chien à sortir de ma léthargie. J'émerge d'un sommeil profond. Sur un voilier, c'est le quart de nuit que je redoute le plus : celui en plein milieu de nuit. Il y fait glacial, humide, sombre. La fatigue est lourde dans mes jambes et mon esprit relativement embué. Il fait une météo à ne pas mettre un chien dehors.... Par une nuit pluvieuse et très houleuse, je sens le froid glacer mon corps jusqu'au plus profond de l'être. Je me donne alors un mal de chien dans le roulis et la cabine étroite pour m'habiller de circonstance : lampe frontale, combinaison de pluie, sous-couches, bonnet, gants, bottes imperméables, gilet... Une véritable combinaison d'astronaute nautique. Une tenue qui a tout de même du chien....
Dans le carré, il faut revérifier la position, faire le point avec le co-équipier du quart précédent, checker l'AIS. Puis, arrivé sur le pont, il faut alors amarrer sa ligne de vie et prendre la barre, inspecter le réglage des voiles par rapport au cap et à l'allure. Et surtout inspecter les feux en mer pour s'orienter et éviter les autres navires. Et le quart démarre pour quelques heures de veille, seule âme éveillée à bord pour la direction du bateau. Je m'y sens souvent comme un chien dans un jeu de quille, surtout lorsque la houle se prononce et que je me retiens de devenir malade comme un chien dans le tangage... Il fait un temps de chien. Autant le quart du soir en compagnie de la lune et de Vénus sous un firmament étoilé, ou celui du petit matin entre chien et loup, pour le lever du soleil m'ont persuadée de leurs charmes, j'avoue que celui du milieu de nuit ne me tente toujours guère et me demande toujours un effort particulier. Ce dernier a parfois le don de me mettre d'une humeur de chien pour quelques instants. Heureusement, un skipper attentionné aux besoins de son équipage organisera souvent une tournante pour permettre une permutation des heures entre les équipiers d'une nuit à l'autre. Parfois, il m'arrive de regarder l'horloge en chien de faïence, en espérant tourner ses aiguilles plus prestement et de voir enfin la fin du quart arriver. Ce quart de nuit-là et moi nous entendons comme chien et chat. Lorsque je peux enfin rejoindre ma bannette en fin de quart avec des yeux de chien battu et mes vêtements baignant dans une odeur de chien mouillé, je me replie en chien de fusil dans mon sac de couchage, bien au chaud. Ouf, dodo, enfin.
Le quart du chien
Depuis quelques semaines, c'est à terre que je prends mon tour de nuit. Entre trois et cinq heures du matin, il est temps de se lever. Même scénario : la partie nocture la plus glacée où la couette de plumes semble encore plus cruelle à quitter. Je prends ma lampe frontale et descends les escaliers de vieux bois couinants, sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller la maisonnée. J'enfile une paire de chaussures sur mon pyjama, un gros pull et m'enfonce dans la nuit après avoir emmené un bassin, de l'eau chaude savonnée et une grande trousse de pharmacie. Prête pour le quart.
Chez moi, l'heure du chien est littéralement celle... du chien ! Chaque nuit depuis quelques semaines, demande une attention toute particulière pour notre compagne à quatre pattes, dont l'âge canonique (ou plutôt "caninique" :-)) requiert des soins médicaux et sanitaires en 24/7. Une bonne heure de travail. Beaucoup de douceur, de tendresse dans l'attitude. Pas de gestes brusques, du doigté, de la finesse. De l'inventivité et de la créativité pour parvenir aux résultats nécessaires sans la blesser. Et surtout du temps et de la patience. Et en pleine nuit, c'est encore un peu plus compliqué. Mais on gère. Parce que lorsqu'on aime, on ne compte pas ses efforts pour l'autre, d'autant plus dans ses vieux jours. Un drôle de quart de nuit, certains diront-ils, voire déraisonnable diront d'autres. Mais, une belle navigation d'équipe pour quelques instants de plus ensemble sur cette terre. Je ne regrette aucune de mes nuits sans sommeil pour ces heures du chien.
Alors, je vous souhaite un excellent dimanche, qui ait du chien malgré la petite heure de sommeil en moins pour rejoindre celle de l'été ;-). N'oubliez pas d'ajuster vos montres !
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Que faire lorsque vous êtes à l'étranger à l'hôtel pour le boulot et que votre voisin vous empêche de fermer l'oeil en faisant la nouba à partir de 04:30 du matin (et que vous n'êtes pas un lève-tôt... ) ?
Si vous avez la chance d'être dans un bel endroit, comme moi à Copenhague : vous sortez de votre lit. Vous vous emmitouflez carrément : gants, bonnet, écharpe, chaussettes nordiques. Et vous mettez votre mauvaise nuit au placard pour aller voir le lever du soleil malgré les températures bien négatives. Et hop, le tour est joué ! Le manque de sommeil semble tout d'un coup beaucoup moins lourd à porter. The early bird catches the sun...
Ombres et lumières du jour, lent réveil du Levant
Eclats d'étoiles et de flots aux gués dormants Silhouettes informes, lignes courbes de géants dorés Rosés de volutes en rondeurs, de bleutés de douceur Aquarelles d'invisibles peintres à la main tremblante Mâts et coques fauves à la silhouette changeante Horizons de tours vermeils, volutes incandescantes Du matin s'émerveillent les palettes flavescentes Ambres de vagues endormies, d'un doucereux sommeil Pâles ocres d'océans cuivrés peu pressés de l'éveil Fauves étendues baignées de l'étreinte matinière Caresse de l'astre pour un tendre baiser velouté
© Photos – Rêvesdemarins
The early bird catches the colors
Si vous aimez l'art contemporain, alors, les matins sont pour vous. Le lever du jour y enfante des formes plus improbables les unes que les autres. Des esquisses qui se modifient à chaque rayon qui les touche. Pas une image égale à la suivante. L'aube y dessine des histoires, des récits et des contes dont l'issue change à chaque instant. L'aurore y est plus intense; le réveil y est plus dense. Un peu comme un artiste fou dont la main ne cesserait de peindre sans jamais s'arrêter. Un Van Gogh avant l'heure. Un génie des traits de lumière à la beauté chatoyante. Surtout lorsque la magie de ses doigts rencontre les farfadets de l'eau. Leur rencontre met à jour les tableaux les plus surréalistes qu'il soit. Un régal pour les yeux et le coeur. Probablement un des mes artistes préférés.
© Photos – Rêvesdemarins
The early bird catches the duck...
Un canard sur un lac fait-il de lui un canard laqué ;-) ? Celui qui se promenait dans le vieux port de Nyhavn ce matin-là, ne m'a pas répondu à cette question. Trop occupé à se déguiser en estampe digne de Kandisky et à parfaire sa technique de camouflage entre les reflets des vieux gréments à quai le long des façades colorées.
© Photos – Rêvesdemarins
Je vous souhaite d'aussi belles aurores à venir. Un excellent dimanche à tous.
Que diriez-vous d'une légende marine ce week-end ? Je vous emmène dans l'île de beauté pour une légende corse.
Un mollusque tape à l'oeil
Dans les régions méditerrannéennes et plus précisement en Corse, existe un coquillage particulier : l'astrée rugeuse. Son opercule minéralisé aux formes spiralines a pris le nom de "l'Oeil de Sainte Lucie" en rappel à la légende du IVe siècle. Sa coquille est formée d’une spirale dont les deux faces ont des couleurs différentes : blanc nacré, représentatnt l'oeil de Sainte Lucie et l'autre côté teinte corail, tirant parfois sur l’orange vif, symbolisant l’amour de la Vierge Marie.
© Photos – wikipedia
La légende de Sainte Lucie
Lucie, une jeune fille originaire de Catane en Sicile, se rend à Syracuse. Sa mère est gravement malade. Priant Sainte Agathe de guérir sa mère, le miracle se produit. En remerciement de la guérison miraculeuse, la jeune fille décide de vouer sa vie à la religion et refuse le mariage. Pour repousser tous ses soupirants terrestres, elle renonce alors à ses jolis yeux en offrant ces derniers à la mer. La Vierge Marie, émue de sa générosité, lui rend la vue et des yeux de lumière, des "Ochji belli e lucenti", en langue corse. Depuis ce jour, la mer brille de ces magnifques joyaux.
Il existe bien entendu différentes légendes narrant l'origine de ces coquillages, mais celle-ci a ma préférence, étant une version plus douce... Sainte Lucie est aujourd'hui considérée comme la sainte patronne des aveugles et mal-voyants. Dans les traditions scandinaves, on la célèbre le 13 décembre, en honneur de la lumière, de jeunes filles vêtues de robes blanches et de couronnes dansant en célébrant la venue des jours les plus sombres de l’hiver à la lumière de bougies.
© Photos – wikipedia
Les marins et pêcheurs locaux en peignent fréquemment des représentations sur la coque de leur navire afin qu’il puisse « voir » le bon chemin lorsqu’il navigue sur l’eau. En lithothérapie, le petit coquillage est réputé apporter sérénité et posséder des vertus médicinales, notamment pour les maladies oculaires.
Si jamais vous avez l'occasion de visiter l'île de beauté et d'y flâner le long des rivages, je vous souhaite d'y trouver les jolis yeux de Sainte Lucie. Ils vous porteront bonheur.
Un excellent dimanche à tous.
Cela faisait longtemps... La vie tourne un peu trop vite. Les jours passent sans s'arrêter. Les heures manquent. Les priorités nous tiennnent à l'écart de nos envies. Nous y revoici. Enfin un petit billet.
The answer, my friend, is blowin' in the wind, the answer is blowin' in the wind... (Bob Dylan)
L'air est frais, même froid, piquant. Le vent souffle furieusement dans mon dos. Je ne vois que quelques ombres entre mes mèches rebelles de cheveux volant en tous sens. Une musique lançinante résonne autour de moi : les navires en hibernation sur leurs bers sonnent leur symphonie de mâts et de drisses qui s'entrechoquent dans une mélodie métallique de plus en plus assourdissante au fur et à mesure que je me rapproche. Les anémomètres tournent comme des sots, les cables d'acier battant la mesure sur les mâts et les étais, comme un percussionniste un peu fou sur des xylophones verticaux géants. Un peu plus loin, le vent transforme des bouées en un serpent d'or et de vermeil sur l'eau glacée du port. L'endroit est relativement désert en cette morte saison. Les quais sont vides, les parkings sont pleins à craquer, les voiliers bien calés les uns près des autres pour leur sommeil d'hiver.
© Photos – Rêvesdemarins ,en Mer du Nord
How many seas must a white dove sail, before she sleeps in the sand... (Bob Dylan)
A la côte, ce sont les vagues qui ont pris la mesure de la brise. La mer n'a pas l'air de trop bonne composition : elle est nerveuse, agitée, bouillonnante à certains endroits. Verdâtre par ici, grisâtre par là entre ses lames bleutées. Elle conserve les traces du vent qui l'a malmenée les derniers jours, comme possédée par un sorcier vaudou invisible. Les joueurs de polo n'ont qu'à bien se tenir sur leurs montures les pieds dans l'eau.
© Photos – Rêvesdemarins, en Mer du Nord
Yes, 'n' how many years can a mountain exist, before it's washed to the sea... (Bob Dylan)
Même spectacle sur le sable avec qui Zéphyr joue à faire et défaire ses châteaux: de monticules en montagnes, de vallées en précipices de petits grains dorés. Le paysage se modifie au gré des humeurs du dieu des airs. La plage prend d'autres atours à chaque instant. Je ferme les yeux et lorsque je les réouvre, je découvre un nouvel endroit, comme par magie. Et lorsque la marée envahira le rivage, à son tour, elle redessinera le décor à sa manière. Dans la vie, comme en bord de mer, rien n'est perpétuel. Tout est en constant mouvement.
© Photos – Rêvesdemarins, en Mer du Nord
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AuteurArchives
August 2023
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