Et si nous partions à la pêche en Mer du Nord, ce dimanche ?
Le suspense du Brexit a été complet jusqu’au tout dernier moment. Et cependant, un accord a finalement été trouvé entre les parties de chaque côté de la Mer du Nord. Un soupir de réconfort pour les pêcheurs de notre partie du Channel, inquiets pour leurs droits respectifs et leur avenir.
Privilegie der Visscherie
"Charles II voulut-il simplement marquer sa gratitude envers Bruges, ou bien ce geste lui permettait-il également d’affirmer à ses ennemis les Hollandais, partisans de la mer libre, que le roi d’Angleterre était le souverain des mers ? Nul ne le sait. "(Le droit de pêche en mer territoriale, Rudi.bruylandt.be)
Aux environs de 1850 débutent des négociations entre la Belgique et le Royaume-Uni pour la conclusion d’une convention de pêche par laquelle la Grande-Bretagne désire le régime du droit exclusif de pêche pour les Britanniques dans une zone côtière de douze milles marins. La pêche belge, fort active le long des côtes écossaises, est menacée. Et une longue bataille légale commence...
La Belgique compte une flotte de pêche de 67 navires. Cette zone est importante pour les pêcheurs flamands. Elle représente environ la moitié de leurs prises. Dans le contexte post-brexit, alors que Londres entend fixer chaque année, unilatéralement, les quotas de pêche dans ses eaux, le vieux document de l'ami Charles refait surface, n’ayant jamais été abrogé par les parlements durant trois siècles. Lors des tergiversations du Brexit, le gouvernement belge conserve ce joker dans sa manche pour la négociation de la pêche en eaux territoriales au cas d'un Brexit dur. La pêche dans les eaux britanniques représente 650 millions d’euros par an à l’échelle de l’Union. En Flandre, la moitié des prises des pêcheurs en dépend. Pour le Royaume-Uni, c’est plus symbolique car la pêche n'y représente que 0,1% de son économie. Mais les traditions y ont la vie dure.
Alors, si l’envie vous prend d’aller titiller le poisson au delà des douze milles marins de nos côtes ou de déguster des crevettes grises, ayez une petite pensée pour l'ami Charles et à ses vieux papiers... Un excellent dimanche à tous.
0 Comments
Les années passent et ne se ressemblent pas. Et la crise actuelle poussant à de nouvelles méthodes de communication y a mis son grain de sel... Alors, pourquoi ne pas actualiser un ancien billet ("Comme un poisson dans l'eau") au goût du jour ? Alors, je vous offre ici une journée de travail avant et pendant la pandémie. Cherchez les différences !
Sept heures trente >> (au lieu des précédemment pénibles six heures avant la cise covid. 1,5h de sommeil gagné ! ).
Le réveil sonne, mais je l'ignore encore un peu en me disant que j'ai tout le temps. Pour débuter la semaine en beauté, grosse réunion prévue ce lundi matin. Heureusement, elle ne commence qu'à neuf heures. >> Au lieu des précédemment 10h. Le covid se rattrape un peu ici . Je prends mon temps sous la douche brûlante. Alors, que je suis confortablement installée à la table du petit déjeûner, la radio me rappelle doucereusement qu'il y a une grève générale ce matin. Youpie ! Pas de trains, bien entendu et donc de beaux bouchons en perspective. >> Mais pas de navette à faire ce matin ! Juste un escalier à monter pour atteindre mon bureau sous les combles. Je jubile... Et tout le temps de me reprendre une tartine et une tasse de thé. Huit heures quarante-cinq. Je suis fin prête : un pantalon business casual, un pull léger et un joli foulard. Pas besoin de chaussures puisque mes pieds nus resteront sagement sous ma table de bureau ! >> Au lieu de la belle chemise blanche impeccablement repassée sur un ensemble chic bleu-gris et surtout des chaussures serrantes. Un peu de repassage en moins ce WE et vive les va-nu-pieds :-). Mon thermos de thé bouillant à la main, je monte les marches de l'escalier jusquà mon bureau, comme une paisible séance de brasse dans une mer de pétole. >> Au lieu de monter dans ma nouvelle Titine, qui est sagement restée sur son emplacement de parking durant l'heure de pointe et depuis des jours déjà. Et surtout au lieu de devoir affronter une navette-séance de crawl de deux heures environ dans le froid, les files, les chauffeurs agressifs, les travaux, les nouveaux sens uniques, les dernière règles ubuesques de circulation et de parking en vigueur de la capitale. Mes dossiers sont déjà impeccablement rangés sur mon bureau. Je n'ai plus qu'à les ouvrir. >> Au lieu de devoir trimballer une mallette de matériel professionnel digne d'un appareil de body-building. Juste quelques longueurs de natation paisibles... Enfin, en théorie... Mon bureau a des allures de cockpit d'avion ou de cabine spatiale : des écrans partout, une série d'ordinateurs portables, une tablette, deux téléphones, un casque, un microphone, deux caméras, un spaghetti de cables allant dans tous les sens malgré le carcan dans lequel ils sont sensés restés bien sagement rangés (pour une raison qui m'échappe, ceux-là trouvent toujours moyen de faire des noeuds marins ! ). Ne manque plus que la manette des gaz virtuelle pour faire décoller le navire digital. Evidemment, il faut d'abord ranger la table de repassage qui se trouve juste dans l'angle de la caméra. Mais, ce n'est qu'un détail. Voici qui est fait. un dernier coup d'oeil au miroir pour m'assurer que ma chevelure n'a pas l'air d'une pieuvre enragée, ce matin. Je suis prête à me mettre devant mon écran. Je suis bien installée à l'étage >> Sans être écarlate comme un homard d'une séance de papillon de grand matin pour parvenir jusqu'au bureau. Cette fois-ci, plus de collègue déjà assis dans la salle de réunion pour regarder sa montre et me rouler de gros yeux de rascasse furibonde. Ce collègue-là est, lui, toujours en train de déspérément tenter de faire avaler le petit déjeûner à sa progéniture puis de se frayer une place sur la table de salon pour y placer son ordinateur portable à travers le brouhaha familial. Cette fois, c'est lui qui noie le poisson en balbutiant quelques mots d'excuses concernant ses obligations familiales et s'empresse d'installer son matériel virtuel.
© Photos – Rêvesdemarins
Les participants à la réunion (que j'anime), arrivent au compte-goutte. Neuf heures et quart, neuf heures et trente, dix heures... Et il en manque encore. Pas un seul ne daigne s'excuser, ni s'expliquer de son retard. >> La plupart n'ont pas daigné activer leur caméra. Seul signe de vie : la petite lumière verte à côté de leur nom indiquant qu'ils ont rejoint la réunion virtuelle. Mais sont-ils vraiment présents ? Ou sont-ils en train de regarder leur messagerie mobile, les dernières nouvelles des réseaux sociaux ou encore de se faire un expresso dans la cuisine attenante à leur table de travail. Aucune idée... Parfois, un sentiment de culpabilité plus fort les pousse à envoyer un timide message sur le chat pour faire un commentaire, qui m'indique qu'ils sont bien réels dans ma réunion.
Treize participants sur les vingt de prévus. La salle de réunion virtuelle a les allures d'un aquarium géant compartimenté comme une mosaïque avec ses parois digitales et ses éclairages disparates. Sans compter les cases désespérément sombres où certains participants ont décidé de demeurer invisibles. Sans compter celles qui n'y montrent qu'une photo figée au sourire de poisson défraîchi. La connectivité du réseau wifi est instable. J'espère ne pas être éjectée du wifi. Je fais un rapide tour de table virtuelle du regard. Devant moi, une grande perche, qui me regarde avec un regard de merlan frit. A sa droite, une fine anguille au large sourire, ni chair ni poisson et qui ne dit jamais ce qu'il pense. En haut à gauche, Monsieur je-sais-tout, prétendant apprendre à nager aux poissons. Dans le coin supérieur droit, le quatrième larron, à qui il faut tout répétér trois fois, une vraie mémoire de poisson-rouge, celui-là... Quant à ceux qui sont restés anonymes dans le noir de leur cadre, je ne peux m’empêcher de les imaginer comme ces monstres des abysses et me demande quand ils surgiront des profondeurs digitales pour engloutir leur proie virtuelle. Dix heures dix. C’est alors que la sonnerie de la porte d’entrée retentit. Zut, un recommandé ! Je propose un quart d'heure de pause café à mes participants. Tous applaudissent la suggestion. Je dévale les escaliers quatre à quatre pour parvenir à la porte d’entrée juste pour voir redémarrer la camionnette postale, avec mon colis... Il me faudra aller faire la file au bureau de poste plus tard. Ensuite, je me précipite sortir le chien, qui a lui aussi, bien besoin d'une pause urgente. Et je me presse de retour devant mon écran. Dix heures vingt cinq. Nous reprenons la réunion. Trois participants en ont profité pour quitter la réunion en douce et ne pas revenir en espérant qu’on ne remarquera pas leur absence à l’écran. C’est à ce moment que les employés communaux décident de lancer leurs tronçonneuses pour une taille des arbres voisins. Décidément... Je me lève pour fermer la fenêtre. Dix heures trente cinq. Arrive alors, un personnage que je n'ai pas encore rencontré et qui ne prend pas la peine de se présenter. Mon collègue m'indique discrètement son nom par un message privé sur le chat : un gros poisson ! Un Johnny Weissmüller, frais comme un gardon, qui semble avoir une soif de réussite à avaler la mer et les poissons ! Son microphone est enclenché et son téléphone mobile sonne. Sans couper le son, il avance en crabe dans une conversation animée sans la moindre gêne pour notre réunion. Je lui coupe le sifflet, le système me permettant de mettre son microphone unilatéralement en mode silencieux. Je poursuis mon exposé. Le requin de première a éteint sa caméra. Je suppose qu’il a replongé son nez dans sa messagerie électronique. Je reprends mon animation. Je jette un coup d’oeil à la liste des participants: encore quatre de moins, qui ont pris la poudre d’escampette sans rien dire. Je ne vais jamais y parvenir. Nous ne sommes plus que six à présent. J’entame la dernière longueur. La réunion est sensée se terminer à onze heures tapantes. - Oh non ! Lâche cela ! - retentit une voix dans le microphone. - Excusez-moi, c’est mon chien qui vient de manger le fil de mon casque, annonce une des six collègues restantes d’une voix penaude. (Fous rires à l'écran). Je cherche un autre casque et je reviens en ligne dès que possible. - Pas de souci (et encore une de moins, pensais-je). Il me faut des réponses et des décisions de la part des participants, dont j'espère de l'interaction. Ceux qui ne nagent pas entre deux eaux sans oser prendre un point de vue clair, restent, quant à eux, muets comme des carpes. Il y a anguille sous roche. J'ai beau y mettre toute mon énergie, c'est comme une goutte d'eau dans l'océan. Rien ne tourne rond ce matin... J'ai le sentiment de parler à un panier de crabes dans un bocal carré. Pas évident de faire tourner les tables virtuelles... Moi, qui me sens d'habitude comme un poisson dans l'eau pour gérer ce genre de discussions, aujourd'hui, mes mots se noient dans un silence abyssal... Je regarde ma liste de sujets à couvrir avec désespoir. Bisque, bisque, rage... C'est alors que je me réveille en sursaut. Je regarde le réveil avec incompréhension, les yeux encore noyés de sommeil : il n'est que cinq heures du matin. Et pour une fois, je n'ai pas de réunion virtuelle à animer aujourd’hui !
En vous souhaitant un début de semaine prochaine sans séance de natation virtuelle... Et en attendant, un excellent dimanche ensoleillé à tous !
Petit billet de circonstance ce dimanche. Juste par plaisir de célébrer ce qui fait la beauté de l'existence... Un hymne à ces petites bulles de mer qui rendent l’océan de nos vies tellement vibrant.
Je vous souhaite de très belles bulles de mer, quelles qu’elles soient.
Un excellent dimanche à tous.
Et si nous complétions notre bibliothèque de bord ce dimanche ? Une fois n’est pas commune, un petit billet promotionnel sur un thème aussi vieux que l’âge des capitaines : leur capacité à diriger un navire et à lâcher prise lorsque les mers le leur imposent.
Capitaine un jour, capitaine... pas toujours
Des capitaines de navires, il y en a des millions à travers les mers du monde. Pour tous les goûts et toutes les couleurs. De tous les styles et de tous genres. De tous caractères et toutes humeurs. Cependant, tous ont un élément un commun : les événements auxquels ils doivent faire face à un moment dans leur vie de dirigeant. Ce qui les différencie, c'est leur manière d'aborder la vague et d'en sortir indemne pour leur embarcation et leur équipage. Analysons d'un peu plus près.
Le nez dans la barre à roue...
© Photos – Wikipedia
Ces capitaines qui comptent
D'autre part, il y a aussi ces autres capitaines au long cours avec qui l'on aime à naviguer et que l'on est prêt à suivre jusqu'au bout du monde sur un rafiot de fortune. Ceux qu'on regrette amèrement lorsque la mer ou la terre les engloutit (souvent bien trop tôt). Ceux qui demeurent dans la mémoire. Ceux qui vous en ont fait baver mais qui vous ont grandi du rôle de mousse à celui de chef de bord.
" To move forward, you always have to take one step back to make the right choices... " (F. Grisar/H. Looten)
" If you want to inspire, inspire yourself... " (F. Grisar/H. Looten)
© Photos – Wikipedia
La réalité de bord est, cela dit, bien plus floue et mélangée que les caricatures ci-avant. Et les capitaines que nous rencontrons ne sont souvent qu'un amalgame de ces divers points de vue. Cependant, c'est la composition et la répartition subtile entre ces divers éléments qui font d'eux le souvenir que nous en conservons, ainsi que le réalisme de l'image qu'ils ont d'eux-mêmes.
De la conserve à la haute mer
Alors, à tous les capitaines qui liront ce billet, je vous recommande chaudement un ouvrage hors des sillages battus : "De la conserve à la haute mer" (Filip Grisar & Han Looten, éditions Lannoo Campus).
Tout débute par l'aventure d'un dirigeant d'une conserverie familiate bretonne pour se poursuivre par une traversée en haute mer. Cela se lit vraiment comme un roman, aisément, avec plaisir. Pour une fois, une oeuvre qui ne parle ni des grandes théories psychédéliques ni des postulats des grands gourous des sciences humaines. Il s'agit là d'une belle allégorie pragmatique des défis auxquels sont confrontés tous les dirigeants, business (sail) men et capitaines de navires. Des plus petites barques aux plus gros mega-cargos. De leurs erreurs à leurs plus grands succès. Une leçon de vie simple et authentique. Un bon livre de chevet ! De la conserve à la haute mer, une vision rafraîchissante du leadership, revisitée avec le réalisme et l'humilité des business sailmen...
© Photos – F. Grisar/H. Looten
L'ouvrage se lit comme une lettre ouverte, une porte qui donne sur l'horizon et dont on choisit de passer ou de refermer. Une parenthèse-réflexion sur nos chemins à suivre, à condition d'être prêt à se questionner sur nos manières de faire ou sur la nécessité de lâcher prise à certains moments. Ceux qui y cherchent des réponses toutes faites, s'abstenir. Bonne lecture !
Un excellent dimanche à tous !
|
AuteurArchives
August 2023
Catégories
All
Suivez Rêves de Marins sur Twitter
|