Nous avons tous un jour découvert un endroit insolite qui nous a marqués ou charmés. Que ce soit dans un port, une destination en vacances, une ruelle inconnue ou encore chez des parents ou amis. J’ai eu la chance de découvrir un de ces petits coins hors du commun dans mon bureau à Copenhague. Ce dernier se trouve à 200m des quais du canal et tout proche du vieux port de Nyhavn. Tout pour me plaire.
Localisé dans une de ces belles bâtisses classiques du centre, il comprend plusieurs pièces immaculées aux hauts plafonds moulurés et portes secrètes, dont un “bureau ovale” sur l’angle du bâtiment (parfois, je me demande si je ne vais pas voir y apparaître le président des Etats-Unis ;-). Cependant, une des salles de réunion de ce bureau est régulièrement boudée par mes collègues car vieillotte, petite, peu confortable et au mobilier disparate, bien loin du minimalisme danois et de la prestance de sa sœur ovale. Mais, moi, elle me plaît bien, cette petite salle… Mes collègues l’ont baptisée “Le Musée”. Et en effet, elle porte bien son nom. On y trouve un bric à brac incroyable : six chaises de bois différentes, une longue table ovale, d'antiques carafes à eau, des anciens almanachs, quelques piles de vieux livres et surtout… quelques jolies références à la mer et aux marins. Voyez plutôt en images ci-après.
Je n’ai pas encore percé le mystère de l’origine de cette salle mais je compte bien investiguer auprès du personnel local. Qui sait, découvrirai-je que je travaille pour un ancien capitaine de frégate royale (ou plus probablement de navire de guerre viking) ? En tout cas, le cadre est plaisant. Même au travail, la mer et les bateaux semblent se fondre invariablement dans mon environnement. Alors, ne vous demandez plus quelle salle de réunion je choisirai pour mes prochaines discussions…
Et vous, quel est l’endroit insolite qui vous a plu ?
Un excellent dimanche à tous. Et bon vent si vous avez la chance de naviguer en ce beau WE ensoleillé.
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Et si nous poursuivions notre pèlerinage nordique ce dimanche? Je vous emmène visiter une rue de Copenhague pas comme les autres : la rue des Crocodiles.
Nyboder
Nous sommes au XVIIe siècle, sous le règne du roi Christian IV. La marine royale danoise se développe rapidement. Et le besoin se fait pressant de pourvoir d’un logement le personnel de la marine et leurs familles. La construction initiale de ces rangées de maisons à un étage, avec des rues pavées entre les deux, commence en 1631 et se termine en 1641. Les rangées de maisons sont initialement rouges et blanches mais sont à ce jour couleur « jaune Nyboder ». Il y a ensuite une nouvelle expansion du quartier dans la seconde moitié du 18ème siècle avec la construction de plusieurs rangées de maisons à 2 étages et la conversion de certaines des maisons d'origine à un étage en maisons à 2 étages. Aujourd'hui, des militaires et des civils vivent dans ces rangées de maisons. Le confort et les facilités logisitiques y sont sommaires et les maisonnettes semblent faites pour des poupées. Elles forment un ensemble cohérent et typique valant la peine d'un petit coup de pouce, ce pourquoi la ville a entrepris de rénover ces habitations. Mais elles ne sont plus à l’usage exclusif de la marine. La ville de Copenhague est riche en références à la mer et aux marins. Le quartier de Nyboder en est une des nombreuses que j’ai découverte à deux pas de mon bureau.
© Photos – Rêvesdemarins
Hyldemoer
L’endroit, près du grand canal, est tout à fait charmant. Un village dans une capitale. L’église Saint Paul toute proche est bordée de petits parcs et d’une place aux allures de campagne. La quiétude dorée du petit matin. Le soleil flavescent joue sur les façades aux teintes ambrées. Une de mes collègues a eu l’idée formidable de m’y emmener pour une réunion petit-déjeûner sur une terrasse au soleil dans ces ruelles ocrées pour un café et une de ces délicieuses pâtisseries à la cannelle dont seuls les Scandinaves ont le secret. Quoi de mieux pour débuter ma journée?
Dans le conte de fées de Hans Christian Andersen “la Fée du Sureau” (The Elder-Tree Mother, en référence à Hyldemoer, la gardienne des vieux arbres dans les mythologies scandinave et britannique), un vieil homme raconte à un garçon malade une histoire qui ouvre « un grand arbre en fleurs exactement comme celui qui se trouve à Nyboder. Près d’un arbre, deux personnes âgées étaient assises un après-midi sous le soleil éclatant. C'était un vieux marin et sa très vieille femme...". Les vieux arbres étaient abondants dans la région autour de Nyboder, ce qui a donné lieu à certaines superstitions. Si le conte vous tente, en voici le récit via le lien suivant. https://bibliotheque.fondationorange.com/Products/Read/Index/290945.
Ariel
Bon, il serait impensable de séjourner dans la capitale danoise sans passer y faire une visite de courtoisie à Ariel sur son rocher. Pas mal situé son caillou d’ailleurs : juste à côté de la menue marina moderne (devinez qui y était en premier ;-)). Une balade au coucher du soleil juste à temps pour apercevoir le rosé du crépuscule baigner de sa douceur la petite sirène au regard nostalgique de son beau prince terrien. Qu’il est bon de flâner le long de l’eau et des quais pour se changer les idées. Et quoiqu’on puisse en dire, notre jolie sirène n’est pas si petite tout compte fait (au vu de mes propres critères de mesure, du moins)… Bref, un moment qui fait du bien. Quoi de mieux pour terminer mon séjour…
Et qu’en est-il de ce qui concerne les crocodiles, me direz-vous? Bien, je n’en ai pas vu, ni dans leur rue, ni dans l’eau. Mais peut-être sont-ils la véritable raison pour laquelle la petite sirène reste bien à l’abri hors de l’eau son rocher… ?
Je vous souhaite un excellent dimanche.
Il n’y a pas de sous-métiers... Certains sont juste sous-... marins. Je vous emmène découvrir une profession insolite ce WE, celui du “mermaiding”, ou de “nage sirène“. Et non, il ne s’agit ni d’un conte ni d’un récit de la mythologie. Les sirènes existent bel et bien de nos jours et leur métier est reconnu comme une profession à part entière.
Elles se prénomment Annette, Esther, Nina, Kathrin, Linden, Melissa, Claire, Hannah ou encore Lexie. Mais leur véritable identité est celle de l’émouvante Ariel. Toutes sont des nageuses professionnelles, habituées de l’apnée et surtout passionnées par le mythe des femmes à nageoires. Au point d’en faire un métier à part entière.
Tout débute en 1902 à Melbourne, Australie. Une jeune nageuse nommée Annette Kellerman y exécute un spectacle nautique en costume de sirène á l’aquarium. Elle y nage avec les poissons au plus grand étonnement des spectateurs. Elle poursuivra sa carrière dans l’industrie cinématographique ou elle enchaînera des rôles similaires. Dans les années 1940, alors que la natation synchronisée prend son essor dans les sports officiels, une nageuse professionnelle américaine, Esther Williams, retient l’attention de la MGM et prend le relais dans toute une série de films (“aquamusicals”) mettant en scène des ballets aquatiques, de la plongée et des performances où la jeune femme est sensée trouver la sortie dans un caisson immergé totalement obscur. Elle y subit un grave accident et échappe de peu à la noyade dans une des scènes où elle est enfermée dans le caisson.
Dans les années 1980, le mythe se poursuit et Daryl Hannah fait un “splash” dans rôle de sirène en compagnie de Tom Hanks. Les films se suivent sur le même thème et ne se ressemblent pas. L’engouement pour le peuple des mers prend de l’essor. Dans les années 2010, de nombreuses sirènes “indépendantes “ telles que Hannah Fraser (Australie) ou Claire Baudet (Paris) se font connaître sur leur site web ou via des films sur YouTube. Et les filles des flots font des vagues.
Une nageoire de poids
Du monde du spectacle à la protection de l’environnement marin en passant par le mannequinat, nos sirènes se doivent faire preuve de créativité pour sortir de l'anonymat. La production de leur matériel de plongée (leur nageoire unique) est coûteux et difficile à se procurer. La plupart des sirènes professionnelles les dessinent et les produisent donc elles-mêmes. Une nageoire (monopalme) peut ainsi peser jusqu’à 15 kg, moulées en silicone, latex, fibre de verre ou de carbone. Si vos enfants sont des fans de la petite Ariel, vous leur trouverez par contre très aisément de jolis costumes avec monopalme dans les grands magasins de sport.
Piètres nageurs s’abstenir cela dit, car nager avec une monopalme demande de l’entraînement. Les sirènes appliquent la nage de style « ondulation dauphin ». Cette technique permet un déplacement subaquatique extrêmement rapide avec (ou sans) monopalme. L’ondulation devient la technique incontournable de tous les records de vitesse à la palme prôné par les plus grands sportifs comme Michael Phelps ici-bas.
Un cv en queue de poisson
Les jolies sirènes doivent avoir plusieurs cordes à leur arc (ou plutôt... de dents à leur trident... ). Il ne leur suffit pas d’avoir un corps de rêve, mais le métier exige de ces dames une série de qualités aussi variées que les couleurs de la mer et une maîtrise assez impressionnante des techniques de nage en apnée : certification de plongeur ou d'apnéiste, certification de garde-corps/RCP/premiers secours/AED). Expérience en natation athlétique ou enseignement de la natation, expérience avec les enfants ou dans l’événementiel, expérience d'acteur, chant, comédie de rue, nage synchronisée, ballet, modélisation et biologie marine. Sans oublier... Sérieuses capacités de couturière (pour pouvoir réaliser ses propres costumes) ! Bref, pas si évident de devenir une sirène professionnelle.
Il existe même des écoles de sirène pour petits et grands : la Philippine Mermaid Swimming Academy. Vous voulez en savoir plus ? Jetez donc un coup d’oeil à ces sites : https://www.lasirenebleue.com/ ou https://aquamermaid.com/blogs/news/how-to-become-a-professional-mermaid?lang=fr. Et pour les moins audacieux(ses), vous pouvez toujours relire le conte d'Andersen, un ancien billet de ce blog "Toi, Petite Sirène...", ou encore visionner un bon vieil épisode de l"Homme de l'Atlantide" :-).
Alors, si le défi d’un nouveau métier vous tente, il ne vous reste plus qu’à envoyer votre candidature pour devenir une sirène ou un homme des mers professionnel ! Bonne chance et un excellent dimanche à tous.
Et puis, j'oubliais presque... Aujourd'hui, c'est la journée mondiale des marins. Alors, une bonne fête à tous les marins !!!
Et si mettions un brin de folie dans nos vies ce dimanche ?
Le Navire de Cocagne
Nous sommes en 1494 en Alsace. Sebastian Brant, un humaniste et poète strasbourgeois publie "la Nef des Fous" ("das Narrenschiff"), un ouvrage critique de la faiblesse et de la folie de ses contemporains. Cette métaphore nautique recense divers types de folie, brossant le tableau de la condition humaine, sur un ton satirique et moralisateur. Dans le récit, le navire emporte dans sa cargaison nombre d'imbéciles, flatteurs, joueurs, faiseurs de ragots, paresseux et gourmands. Il y annonce que "le bateau va, simplement, vers son naufrage". Une oeuvre critique et pessimiste, mais qui connaît immédiatement un succès... fou. Elle sera ainsi illustrée par des gravures en bois représentant les diverses sortes de fous à bord : le bibliomane, l'avaricieux, l'usurier, le voyageur, celui qui s'adonne trop à la danse, le fou de luxure, le fou de la goinfrerie et beuverie, etc.
La métaphore de la barque et de la folie de son équipage se retrouve dès le Moyen-Âge, comme notamment dans "la Barque bleue" ("de blauwe schuit") de Jacques van Oestvoren.
En 1509, Erasme de Rotterdam, écrira à son tour "l'Eloge de la Folie". On considère d'ailleurs que c'est l'une des œuvres qui ont eu le plus d'influence sur la littérature du monde occidental et qu'elle a été un des catalyseurs de la Réforme protestante. Il sera suivi en 1516 par Thomas Moore, humaniste et écrivain britannique, et son "Utopie" ("Utopiae" du grec οὐ-τόπος "en aucun lieu"), un récit de voyage vers une lointaine et mythique île imaginaire, représentant une société idéale sans défauts.
Le point commun entre ces auteurs de satire sociale : leur oeuvre utilise comme métaphore un navire ou une île peuplée de fous, ou encore une destination imaginaire pour éviter la censure politique ou religieuse. "La folie n'est pas un péché, elle est la loi inévitable de la vie. C'est seulement quand elle se reconnaît et s'accepte elle-même qu'elle peut éviter la pire forme d'aveuglement, qui est de croire à sa propre sagesse". (Bosch, Hans Belting)
© Photos – Wikipedia
La Nef des fous de Brant et l'île de nulle part de Thomas Moor trouvent aussi leur pendant pictural dans l'oeuvre du célèbre peintre Hieronymus Bosch et sa vision d'une humanité paradisiaque dans son 'jardin des délices". Si vous passez au Louvre à Paris, allez donc admirer sa version en images de la "Nef des Fous" dans son triptyque. Se trouvent dans sa version de la nef, des hommes assez insensés pour s'embarquer sur un navire sans voile ni gouvernail, avec pour toute vergue un mât de cocagne où, trop occupés par leurs plaisirs, les deux nautiers abandonnent leur louche énorme qui pourrait faire office de rame ou de godille . Ces hommes et ces femmes embarqués ensemble ne vont nulle part, ils ne s'en rendent pas compte et ne s'en soucient en rien. Le peintre y critique les mœurs dissolues du clergé et la débauche cédant aux vices. Hieronymus Bosch... dont nombre diront qu'il n'avait pas vraiment toute sa tête pour imaginer des créatures aussi fantasmagoriques... Mais les grands artistes n'ont-ils pas souvent été accusés de folie (Van Gogh, Dali, Claudel, Hemingway, Rimbaud, Maupassant, Baudelaire... ). "Génie" rime-t-il donc avec "folie" ?
© Photos – Wikipedia & Bosch, Le Jardin des Délices, Hans Belting (edition Gallimard 2005)
L'île des fous
Cependant, la folie n'existe pas que dans l'imagination des auteurs du XVIe siècle... L'île des fous a réellement existé : l'île de San Servolo. Elle se trouvait à Venise, entre la place Saint-Marc et le Lido. Ayant d’abord accueilli un monastère bénédictin, elle a ensuite abrité un hôpital militaire avant de recueillir les aliénés de Venise à partir de l’époque napoléonienne. L’ île a ensuite été transformée en un centre universitaire international et abrite le musée de l’hôpital psychiatrique de San Servolo. Une île isolée de la réalité du monde, à l'abri des raisons, tout comme le premier lazaret créé lui aussi sur une des îles de la lagune, pour y séparer les malades des bien portants.
Folie en mer
La mer entretient un lien tout particulier avec la folie... De longues périodes en navigation ou sur une île déserte a de quoi faire chavirer les esprits les plus forts. Chaleur, déshydratation, hallucinations, manque de sommeil, fatigue extrême, solitude, désespoir, peur. Tous les navigateurs solitaires, à un moment ou un autre, doivent se demander s'ils ne sont pas en train de perdre la tête.
"La Mer rend fou... Parfois, je me demande si ces images ou souvenirs ne sont que le fruit de mon imagination tant leur réalité me semble intense."
Je vous conseille vivement trois excellents romans qui traitent de la folie en mer, et qui vous tiendront en haleine jusqu'à la toute dernière page !
Et puis, après tout, la folie ne fait-elle pas toujours un peu partie de nos vies? Ces moments forts qui nous font brièvement oublier nos raisons, pour retrouver ensuite nos sens. Quelques instants de folie sur la nef des fous qui nous font nous sentir vivre un peu plus intensément, décuple nos forces ou nos émotions, en mer ou ailleurs (sans pour cela nous coûter une oreille... ). Et nous donne des souvenirs à raconter aux gens "sages" et sains d'esprit ;-), une fois de retour sur la terre ferme.
Alors, je vous souhaite un dimanche un peu fou (juste pas trop) !
Oublions la mer et les bateaux pour le temps d'un billet hors série.
Vous aurez entre-temps peut-être remarqué que j’ai une tendresse particulière pour certains objets de la vie courante qui ne semblent revêtir aucune importance à première vue... Souvenez-vous, dans un billet précédent - Stairway to Haven - Je vous avais ainsi présenté les escaliers, ou encore les chaussures, dans - les Souliers Rouges - . Mes proches vous diront que j’ai la manie, en voyage comme ailleurs, non seulement de prendre une quantité déraisonnable de photos (vive l’avènement du digital ! ) mais en outre de photographier en série des objets sans intérêt. Et les portes, en font, bien entendu, partie !
S'il existe rarement des coques de voiliers peintes en vert (certaines superstitions de marins prétendant que cela porte malheur et pourtant, il s'agit là d'une couleur vraiment magnifique sur un voilier), il en est de même pour les coloris choisis pour les portiques. Si l’on regarde autour de soi, souvent les portes sont peintes en de multiples couleurs : bleu, mauve, vert, brun, gris, blanc... Mais il est une teinte qu’on trouve beaucoup moins fréquemment sur ces objets dans nos régions : le rouge. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi ? Moi oui !
© Photos - Rêvesdemarins
Selon le pays et la culture, la teinte du portique d’entrée peut porter une symbolique différente. Une porte rouge en Ecosse symbolise que les propriétaires ont fini de payer leur hypothèque. Autrefois aux États-Unis, un huis rubicond était signe d’accueil pour les voyageurs, un endroit sûr où ils pouvaient se reposer en toute quiétude. En Asie, la couleur amarante porte chance et illustre l’entrée par laquelle le Chi, principe fondamental de l’univers et de la vie, peut pénétrer dans la maison, tout comme selon le Feng Shui, y amener de l’énergie. En Inde et en Orient, le pourpre demeure un colori prédominant dans l’architecture. Dans les pays anglo-saxons, les portails coquelicot font foison, surtout dans des quartiers où toutes les maisons se ressemblent. Tout comme celles des phares, des casernes de pompiers ou encore des trains. Autrefois dans nos contrées, les fermes arboraient souvent deux couleurs aux portes et volets : celles des blasons du châtelain auquel ils appartenaient ou louaient leurs terres. Et parfois, le rouge en faisait partie.
Les vieilles églises catholiques utilisaient du carmin sur les porches pour rappeler aux paroissiens la passion du Christ et, pour eux, un vantail cinabre symbolisait le sol sacré et un lieu libéré du mal. Ainsi un des monuments les plus renommés (et que j’adore) compte ainsi une petite porte rouge : la cathédrale de Notre Dame de Paris.
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"Non loin du Portail du Cloître, la petite Porte Rouge doit son nom à la teinte de ses vantaux. Au Moyen Age, le rouge est la couleur réservée aux femmes. Dans l’iconographie, la Vierge ou « Notre Dame » est vêtue d’une robe rouge comme sur le vitrail de Notre-Dame de Chartres. A partir de la Renaissance, Marie est généralement vêtue en bleu. La porte rouge s’ouvre par une chapelle latérale nord au niveau de la troisième travée du chœur. Commandée par saint Louis, Pierre de Montreuil la réalise vers 1270. Elle permet aux chanoines de se rendre à l’office en reliant directement le cloître au chœur de la cathédrale. " (www.notredamedeparis.fr)
La ville lumière compte quelques exemplaires de ce style architectural flamboyant, telles que les demeures d’Aguesseau, de la rue Richelieu, de la rue Michel Lecomte ou encore le bar Little Red Door, qui arborent tous fièrement leur porte vermillon. Bruxelles compte d’ailleurs aussi une « rue de la porte rouge » avec quelques jolis portiques aux couleurs de Bacchus. Les maisons bretonnes typiques (encore un coin du monde qui me parle... ), comportaient elles également fréquemment ce genre d'attribut.
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Je peut m’imaginer quelques autres explications plus loufoques expliquant la rareté de cette teinte sur les portiques d’entrée chez nous : les menuisiers de nos contrées souffriraient-ils de « protanopie » (une affection souvent plus simplement nommée « daltonisme ») par rapport à cette couleur ? Les pigments seraient ils plus onéreux ou difficiles à se procurer ? Ou serions-nous tout simplement devenus allergiques à la couleur du vin (en France, Allemagne, Italie, mmm ? Très improbable... ) ?
La porte rouge, c’est pour d’autres aussi celle dont on espère qu’elle s’ouvrira à nouveau. C’est celle derrière laquelle se trouve l’espoir, la liberté, l’amour, le bonheur. C’est celle qu‘on n’ose pas franchir par peur qu’elle ne recèle plus rien de tout cela. Ou par crainte de ne plus pouvoir revenir sur nos pas, de se retrouver coincé dans un monde incertain, empli de dangers. C’est celle qu’on imagine ouvrir cent fois sans jamais en faire tourner le battant. C’est celle, pourtant, qui mène souvent à nos rêves. Et depuis un an, beaucoup d’entre nous songent à l’ouvrir enfin cette porte pour sortir de cette crise sanitaire, sans dangers et redécouvrir la vie dont ils rêvent tant depuis de longs mois.
© Photos - Rêvesdemarins
Alors, tenez encore un peu le coup bien au chaud à l'intérieur en attendant que la tempête passe. Je vous souhaite de voir cette porte rouge s’ouvrir pour vous dès que possible. Et je vous laisse deviner de quelle couleur est ma porte d'entrée dans les photos ci-dessus ;-). Et la vôtre, de quelle teinte est-elle donc ?
Un excellent dimanche à tous.
Blessures en mer : une matière dont les siècles d'or de la navigation ne parlent même plus tellement ils font partie du quotidien de la vie des marins d'alors. Estocades, balafres, ravage d'une main, jambe, oeil... : une pacotille et une banalité par sa fréquence à l'époque. Examinons tout de même le sujet le temps d'un petit billet.
Pirates de bois
Au XVIe siècle, François Leclerc, un corsaire et pirate d'origine normande est surnommé "Pata de Palo" (jambe de bois) par les Espagnols. Il perd en effet une jambe lors de combats navals puis subit une blessure grave au bras au cours de sa carrière. Son infirmité ne l'empêche pas d'écumer les mers et de poursuivre ses raids sur les territoires et navires espagnols (La Palma, Canaries, Portorico, Santiago de Cuba, Panama... ). Il est le premier Européen à s'installer à Sainte Lucie avec ses équipages et termine sa vie aux Açores.
Le grand amiral britannique Horatio Nelson, lui-même fut victime d'un bombardement et perd l'usage de son oeil droit en 1794 pendant le siège de Calvi lors d'un combat opposant les forces françaises. Le nom de Long John Silver vous dit-il encore quelque chose ? Ce pirate borgne à la jambe de bois, portant un perroquet sur son épaule. Né de l'imagination de Robert Louis Stevenson dans l'île au trésor. Un personnage inquiétant. Vous le découvrirez dans le roman "John Long Silver" d'un auteur suédois que j'apprécie particulièrement : Bjorn Larsson. Souvenez-vous également du beau Geoffrey de Peyrac (Robert Hossein), le navigateur balafré, dans la série cinématographique Angélique Marquise des Anges. Le capitaine au visage si particulier et pourtant très charmant malgré son imperfection. D'accord, un peu désuet, mais un agréable souvenir tout de même. Que dire de l'ineffable Capitaine Crochet (alias Hook avec l'excellent Dustin Hoffman) de Peter Pan. Et de la main qu'il a laissée en pâture au crocodile de l'île du pays imaginaire (Neverland). Ou encore le capitaine Thomas Bartholomew Red de la saga "Pirates" de Roman Polanski (Walter Matthau). Triple Patte, le pirate philosophe à la jambe de bois des aventures d'Astérix et Obélix et ses inéluctables répliques latines (dont " O tempora o mores... "). Ou encore l'inoubliable Lieutenant Dan (Gary Sinise) dans Forrest Gump, amputé des deux membres inférieurs au Vietnam mais qui devient malgré tout un excellent second capitaine de pêche à la crevette sur chalutier. La liste est longue.... Tous sont des héros (réels ou fictifs) ayant prouvé que leur infirmité ne les a pas empêchés de poursuivre leur vie ni leurs rêves de marins.
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Médecine de bord
La médecine à bord d'un navire demeure néanmoins un art précaire. Circonstances complexes, isolation, manque de moyens et d'hygiène. Des siècles durant, les médecins de bord avaient souvent des rôles divers : docteur, barbier, chirurgien, scientifique ou même cosmographe. Un peu comme les médecins de l'armée, ils doivent prendre des décisions rapides, drastiques et radicales. Les épidémies sont légion à bord et les blessures souvent implacables. Les médicaments sont rares et il est plus aisé de couper que de tenter de soigner un membre abîmé. Certains les traiteront dès lors de bouchers (les techniques de l'époque n'étaient, certes, pas les plus douces). Cependant, ces hommes de science à la fois marins, ont, dans tous les cas, contribué au progrès des sciences médicales comme à la découverte du monde. L'occasion de voir ou de revoir l'excellent film "Master & Commander", le courageux jeune Midshipman Lord Blakeney (Max Pirkis), qui se voit privé d'un avant-bras à l'âge de 13 ans à peine et le fidèle médecin de bord Stephen Maturin (Paul Bettany), scientifique, naturaliste, musicien et habile chirugien.
Le sujet de la médecine marine vaut, à mon sens, d'y consacrer un billet en soi. Nous y reviendrons donc ultérieurement dès que j'aurai trouvé l'occasion d'approfondir la matière et de consulter des sources historiques un peu plus sérieuses pour vous en reparler.
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Repousser les limites
Ils évoluent comme sur des ressorts.... Ressorts par rapport au sol, à la vie, à l'adversité qui les a frappés. Ils rebondissent pour repartir. Ils n'abandonnent jamais. Je ne suis vraiment pas une fan de sports. Mais je ne dédaigne pas visionner certaines catégories des jeux olympiques. J'ai ainsi beaucoup de respect pour ces athlètes qui repoussent leurs limites pour poursuivre leur quête paralympique. La technologie moderne, les prothèses incroyables et la médecine actuelle, permettent des miracles dont on n'osait pas même rêver il y a quelques siècles. L'effort n'en reste pas moindre et la volonté de dépasser leur infirmité physique demeure admirable. Bravo à tous ces athlètes hors du commun, que ce soit à la voile, au ski, à la course, au volley-ball ou encore aux poids et haltères.
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Trois pattes
Je vous souhaite un bon dimanche à tous.
Je vous emmène à la plage en mer du Nord, ce WE, pour une rencontre pas comme les autres. Nous partons à la découverte d'étonnantes “bêtes de plage”.
Croyez-vous aux animaux fantastiques ? Théo Jansen, lui oui. Il en est même le génial créateur. Depuis 1990, les tuyaux de pvc prennent vie sous la main du vent et celles de cet artiste, au profil de scientifique passionné de nature. Assemblés pour former des structures cinétique complexes, ils se transforment en animaux aux allures fantasmagoriques se muant sous le souffle du vent du Nord. Un peu comme si Eole leur avait insufflé une étincelle de vie.
Un succulent mélange d’art, d’ingéniérie, d’amour du vent et de poésie. Ces chimères géantes dans le sable semblent posséder une volonté propre, en se déplaçant au gré des humeurs du vent. Nul besoin de moteur, de main de l’homme ni de roues. Elles marchent seules, dès qu’Eole vient chatouiller leurs articulations décharnées. Certains ont des ailes, d’autres des jambes, d’autres encore des nageoires. Trois, dix, vingt parfois même plus. Tels des chenilles et des insectes de mer colossaux, ils se nomment Omnia, Suspendisse, Adulari, Umerus ou encore Ordis. Chacun d’entre eux possède son nom, son mouvement et son caractère propre. Chacun sa cinétique et sa manière de marcher, de courir, de galoper bien à lui. Une course fluide. Des hippocampes du sable. Des cavaliers du vent, fous de la mer et du rivage. Des écuyers libres qui déambulent en toute majesté, poussés par une main invisible. Elles plairont à certains et en effrayeront d’autres par leur aspect de monstres squelettiques. Moi, je les trouve simplement magiques et elles me font rêver.
Avec les années, l’anatomie de ces bébêtes se complexifie. Elles se dotent de senseurs qui peuvent repérer les points d’eau et les vagues, pour éviter que leurs “pattes” ne s’enfoncent dans l’onde sans plus pouvoir en sortir. Elles gagnent même une sorte d’”estomac d’air”, réserve qui leur permet d’emmagasiner du vent pour les moments sans brise pour les faire avancer.
Si comme à moi, ces jolies bestioles vous parlent, jetez donc au coup d’oeil au site de leur génial inventeur sur https://www.strandbeest.com.
J'en profite pour souhaiter une fois encore un très joyeux anniversaire à mon petit filleul Attila, qui est fou de chevaux et d'animaux merveilleux (et que je compte bien emmener un jour voir ensemble ces jolies bêtes de plage).
Un excellent dimanche à tous.
Après les billets sur les cathédrales des mers et de Notre Dame dans ce blog, si nous parlions des cathédrales d'eau ce WE ? Au lieu d'eau salée, c'est l'eau douce qui sera à l'honneur cette fois-ci.
L'eau, l'or transparent
L'eau, une denrée de grande valeur. Si les touaregs et autres peuples du désert en sont de fervents protecteurs, dans nos pays occidentaux, on l'oublie cependant trop souvent de nos jours. Cela dit, nos ancêtres en connaissaient le véritable prix. Ils ont ainsi bâti des merveilles architecturales pour préserver et conserver ce bien précieux.
Les civilisations de l'Antiquité l'avaient compris depuis bien longtemps... L'eau était la richesse par excellence. Il n'est dès lors pas étonnant que les civilisations les plus brillantes aient toujours cherché à s'installer près de la mer, de fleuves ou de sources d'eau. Pas uniquement pour des raisons d'échange commercial, mais tout simplement par souci de survie. Trouver de l'eau, c'est une chose. Mais la transporter et surtout la conserver en est une autre. Les romains, entre autres, ont été particulièrement doués en termes de techniques d'ingéniérie hydraulique : ponts-acqueducs, techniques de captation, adduction, transport, évacuation et purification, citernes et réservoirs... Leur savoir et leus réalisations sont impressionnants. Rome et ses provinces regorgent de trésors où l'eau fut un point central. D'ailleurs, y a-t-il ville au monde où les fontaines sont plus belles qu'à Rome ?
En anecdote, saviez-vous que la célèbre "bocca della verita" de Rome n'était ainsi en réalité au départ probablement qu'une plaque d'égoût ? Elle semble représenter Oceanus, un des dieux titans de la mer et on suppose qu'elle se trouvait au départ dans le temple d'Hercule.
© Photos – Wikipedia,
Merveilles sous-terraines
Mais revenons au sujet de la conservation de l'eau ailleurs qu'à Rome. Trois cités possèdent de véritables joyaux en cette matière.
Le Palais enfoui, Istanbul
La cité des mille et un rêves aux croisées des cultures cache un joyau de plus dans ses entrailles, un palais enfoui : la basilique citerne (Yerebatan Sarnici). Une forêt de trois cents trente six colonnes de marbre décorées. Le réservoir possède une capacité de contenant d'environ 100.000 mètres cubes d'eau. Elle date de l'ère de Justinien Ier (VIe siècle). Quelques colonnes sont ornées en leur base d'une tête de méduse posée de côté. La légende affirme que leur position vient de la volonté d'éviter le regard de la Gorgone. En réalité, on suppose qu'elles ont été posées ainsi en fonction de leur grandeur pour une position plus approriée à la taille de la colonne qu'elles soutiennent. Une ambiance millénaire magique et fraîche dans la torpeur d'une ville qui ne dort jamais.
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El Jadida (Mazadan), Maroc
El Jadida, en bord de mer. Une ville mauresque conquise par les Portugais au XVIe siècle. Sa forteresse de Mazagan compte parmi l'héritage culturel de l'Unesco. Encore un endroit du monde au croisement des cultures... (ces endroits multi-culturels me fascinent toujours). Cette dernière cache un diamant au fonds de ses sous-terrains : un réservoir d'eau douce. Bien plus humble que celui d'Istanbul, il est vrai : à peine cinq colonnes. Mais là également, l'eau reflète les formes du plafond et de ses voûtes en arcades. Un endroit envoûtant.
© Photos – wikipedia
Enfin... Paris
La ville lumière est magique. Mais en plus de tous ses atouts que vous connaissez probablement déjà, elle recèle une merveille sous-terraine peu connue des touristes : le réservoir d'eau douce de Montsouris dans le XIVe arrondissement. Il s'agit d'une construction de 1873 et toujours en service aujourd'hui comme un des cinqs principaux réservoirs de la cité. Ce réservoir a été réalisé sur d'anciennes carrières et conçu pour éviter aux parisiens de continuer à utiliser l'eau de la Seine, devenue trop polluée pour la consommation. Elle recueille l'eau de pluie ainsi que celle de diverses sources jusqu'à cinquante km de la capitale. Si l'endroit vous tente, vous trouverez plus d'informations sur ce site hors du commun via le lien www.eaudeparis.fr.
© Photos – Huffpost.com, www.eaudeparis.fr
J'avais déjà exploré celui d'Orviéto en Italie, mais ces trois chefs-d'oeuvres d'architecture se trouvent encore sur ma liste de souhaits de visite, ainsi qu'une série d'autres tels que le réservoir du Palais de las Veletas à Cáceres en Espagne ou encore celui de Silves au Portugal. Des sites insolites, mais à la beauté incroyablement attrayante. Et je compte bien un jour les découvrir autrement qu'à travers les photos.
© Photos – www.portugalvisitor.com, www.listarojapatrominio.org, www.italy-travel-vacation.com (de gauche à droite : Silvès, Cáceres, Orvieto)
Alors, si vous vous désolez de la météo pluvieuse ce week end, souvenez-vous que le ciel nous envoie ainsi de l'or liquide... Un excellent dimanche à tous. Prenez bien soin de vous.
Une petite anecdote légère ce WE.
Une des choses que je trouve personnellement compliquée à la voile est la gestion du sommeil. Et un des éléments importants pour bien dormir est la literie et ses attributs. Si les vrais marins, les durs à cuire, sont eux capables de dormir n’importe où et n’importe comment. Ce n’est pas (encore) mon cas. J’ai besoin d’un certain confort : pouvoir étendre mes jambes, du silence, un peu d’obscurité, un semblant d’oreiller et de quoi me couvrir, même légèrement. Dormir quand on est mouillé ou qu’on a froid est vraiment difficile. Et en mer ou en montagne, ce n’est pas toujours donné. Pour moi, trouver le sommeil en solo est déjà une performance en soi. Mais à plusieurs, cela relève souvent de l’exploit. Trait génétique, un rien me réveille et il me faut un temps déraisonnable pour me rendormir.
Qu’est-ce qui vous irrite le plus lorsque vous dormez en compagnie ? Les ronflements ? Le babillage nocturne ? Le somnambulisme de votre compagnon de chambre ? Le manque de place dans le lit ? Les moustiques parce que l’autre souhaite dormir la fenêtre ouverte ? Pour certains, le point crucial est... la couverture ! Et le défi de la garder sur le dos plutôt que de laisser le voisin l’attirer à lui en vous laissant un malheureux petit centimètre carré de tissu pour vous réchauffer.
“Chacun tire la couverture de son bord.” (Proverbe québécois)
Quoi de plus banal qu’une couverture... Un simple morceau d’étoffe. Oui, mais quelques mètres carrés (ou moins) de confort, de chaleur, de douceur... Un espace à soi, Un coin de repli, de protection, d’isolation, de privatisation. Un refuge loin des regards, de la fatigue, des larmes. Un cocon pour récupérer, se retrouver avec soi-même et épancher ses fatigues.
Une odeur, une sensation particulière. Certains l’aiment légère, aérée. D’autres la rêvent soyeuse, brillante, chatoyante. De plumes, de flanelle, de laine ou de coton. Étoffe super légère ou lourde de couches superposées qui vous clouent au matelas. Duvet douillet bien épais ou polar éthéré. Toile rêche et solide ou édredon fluide. Une couverture en dit long sur celui ou celle qu’elle recouvre. “Savoir qu'il y a quelqu'un quelque part qui pense a vous, qui vous réserve un petit coin dans son cœur, au chaud, à l'abri de tout, c'est comme une couverture toute douce qui vous enveloppe et vous protège du froid.“ (Agnès Ledig)
La couverture, dans ma maison, c’est plus qu’une anecdote, c’est une véritable pièce de théâtre journalière. Une compétition entre le chien et le chat pour être le premier sur LA couverture, celle bien épaisse, douce et surtout placée à la place stratégique : celle à côté de mon siège. Parfois, l’un s’y place lorsque l’autre ne regarde pas ou est occupé dehors. C’est un jeu à celui qui sera le premier et surtout à qui prendra le plus de place dessus. C'est la couverture du chat, que le chien a chipé, puis que le chat a récupéré, et que le chien tente à présent de rechaparder. Bref... Toute une histoire. Oh, des couvertures, il y en a pour tout le monde. Mais c’est celle-là en particulier qu’ils se disputent, un peu comme un vieux couple de vieilles dames avec leurs habitudes desquelles elles n’aiment pas être dérangées.
Il y a quelques mois, j’ai passé quelques nuits au chevet de ces bêtes après une opération médicale délicate (je sais, certains trouveront cela idiot, mais je suis ainsi... ). J’ai donc dormi (très peu) sur un matelas de fortune dans mon sac de couchage de voile dans la buanderie à côté du panier du chien. Et devinez ce que j’ai retrouvé sur ma couverture ? Un chien et un chat, Si je n’ai pas trop fermé l’oeil, je n’ai en tout cas pas eu froid ces nuits-là :-) !
© Photos – Rêvesdemarins
Alors, en vous mettant au lit, regardez bien si elle ne cache pas une petite (ou grosse) boule de poils affectueuse avide de vous chiper votre couverture douillette. Un excellent dimanche à tous et bon long congé si vous ne travaillez pas lundi.
Histoire de varier les sujets et les plaisirs, pourquoi pas un peu d'anthropologie ce WE ? On parle souvent des petits bonshommes verts de mars, habitants de la planète... rouge! Alors, comme nous sommes sur la planète des océans, je vous emmène à la rencontre des hommes... bleus, ce dimanche. Et faute de pouvoir vous dire encore les mots bleus, je vous offre les "homo" bleus ;-).
Les Hommes Bleus
Les hommes bleus, cela n'existe pas, me direz vous ! Détrompez-vous... Examinons-ceci par ordre chronologique.
Au Moyen Âge et durant leurs diverses pérégrinations de conquète, les Scandinaves ont eu l'occasion de rencontrer de nombreux hommes à la peau sombre, voire très sombre. Les Vikings sont allés jusqu'en Espagne et en Mauritanie. Ils appellent d'ailleurs l'Afrique "Bláland", le pays bleu. Avaient-ils donc déjà rencontré les personnages d'Avatar ? Peu vraisemblablement. La perception et l'interprétation des couleurs était différente à cette époque. Et le bleu représentait des couleurs sombres allant du bleu-verdâtre au brun-noir. Les couleurs de peau de ces contrées étant radicalement plus foncées que celles des peuples nordiques.
"Alors que les Danois et les Norvégiens organisent des raids dans toute l’Europe Occidentale, d’autres groupes se dirigent vers l’est et, remontant les fleuves russes, atteignent Constantinople, la mer Caspienne et le califat Abbasside, que les sources scandinaves appellent Serkland. Ils y rencontrent des « hommes bleus » : blámenn, au singulier blámaðr". (Tomas Boestad, Actuel Moyen Âge, août 2019)
Dans la mythologie norroise, les peuples des contrées du Sud ou de l'Orient ("des pays dévastés par le soleil") sont souvent représentés commes des hommes à la barbe noire et la peau foncée - les "blámenn" - et venant de mondes démoniaques ou malfaisants. Cette différence d'aspect (parce que les différences de religions n'empêchaient pas les échanges commerciaux ou culturels à l'époque) expliquait donc l'association de ces hommes "bleus" à des valeurs négatives chez les Scandinaves. Les Vikings étaient-ils donc racistes ? A débattre... Charles Perrault, en tout cas semble être demeuré sur ces impressions si l'on en croit sa fameuse légende de Barbe Bleue.
Navigateurs du Désert
Restons donc un peu plus au Sud. Et allons voir ces fameux hommes bleus dont les Vikings parlaient. Nous voici en Afrique, dans le Sahara central et ses bordures (Algérie, Libye, Niger, Mali, Mauritanie, Tchad, et Burkina Faso). Les habitants sont des Berbères et se font appeler les Kel Tamasheq. Leur origine remonterait à 1.000 AC en Libye. A l'origine nomades, ils aident fréquemment les convois à travers le désert, grâce à leurs qualités de guides, leur connaissance de la topographie locale, des points d'eau, des étoiles, leur courage et patience légendaire.
Ils forment une société reconnue comme matriarcale. De façon générale, les femmes touarègues ont un statut élevé par rapport à leurs homologues arabes. Si les femmes ne portent pas le voile, les hommes si... Les hommes touaregs sont vêtus d'une longue tunique, le takatat, et d'un turban de quelques mètres de long enroulés autour de la tête et du corps pour les protéger des ardeurs du soleil et du vent, ne laissant apparaître que leurs yeux. Ils prennent le voile comme signe de passage à la virilité. Ce dernier est nommé "chèche". Sa teinture tend à se déposer peu à peu sur la peau, ce qui explique que l'on donne parfois aux Touaregs le surnom d’« hommes bleus ». Cela dit, la couleur de leur voile varie selon les circonstances et les occasions et ne se limite pas au bleu indigo.
© Photos kwekudee-tripdownmemorylane.blogspot.com
Du Bleu sur la Toile
Le bleu, que ce soit celui des peaux ou des tenues vestimentaires, a d'ailleurs inspiré les plus grands artistes de tous les temps... Une couleur tout simplement magique. Saurez-vous les reconnaître ?
© Photos wikipedia (de g à d : Van Eyck, Vermeer, Gitar, Degas, Renoir, Derain, van Dongen, Van Gogh, Derain, Chagall, Picasso, Magritte)
D'ailleurs, la langue ne prouve-t-elle pas que les hommes bleus existent bel et bien ? Ne dit-on pas : bleu de toi, bleu de frousse, avoir des bleus à l'âme, être fleur bleue... Et bien d'autres nuances de bleu encore à (re)découvrir dans un billet précédent de ce blog "Vous avez dit Schtroumpf ? ".
Hommes Bleus des Temps Modernes
Enfin, les créateurs modernes de rêve n'ont cessé de fabuler et spéculer sur l'existence de ces hommes bleus. Avec brio et humour.... Que ce soit James Cameron, Leloup ou Peyo...
© Photos wikipedia
Alors, si ce billet ne vous a pas encore convaincu de l'existence des hommes bleus, il ne vous reste qu'à passer la nuit dans un bon bain d'eau glacée ou encore dehors, mais sans pyjama. Demain matin, vous verrez... Vous y croirez certainement en regardant la couleur de vos lèvres dans le miroir :-) !
Un excellent dimanche à tous. |
AuteurArchives
August 2023
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