Ils déambulent auprès de centaines d'autres. Ils se frayent un chemin à travers la foule dans cette salle bondée. Nous nous croisons. Pas un mot. Juste un regard timide. Deux petits coquelicots parmi tant de gris, de brun et de noir. Ils apportent enfin de la lumière dans ce monde triste. On ne peut pas les rater, à condition de regarder dans la bonne direction et d'y prêter un peu d'attention. Ils m'ont tout de suite envoûtée. Coup de foudre immédiat pour ces capucines qui arborent leur différence. Enfin un être qui ose s'affirmer et montrer sa vraie couleur, ici celle de l'écarlate. Je suis sous le charme.
Les voyages forment la jeunesse et... déforment les chaussures. C'est bien connu. Restons donc aujourd'hui dans le thème du voyage, mais dans celui qui se fait à pied au lieu d'à la voile, pour une fois.
© Photos - Rêves de Marins
Avant de me lancer dans la passion des flots et des navires, j'ai passé pas mal de temps en balades ou trekkings. Et j'aime toujours cela. Si la bicyclette ne m'a jamais tentée (je viens des Ardennes, voyons, pas du plat pays... ), par contre, la marche à pied me sied bien. Il s'agit là d'une agréable manière de découvrir des endroits isolés, inaccessibles en voiture et où l'on a, dès lors, toutes les chances d'observer une nature relativement préservée de l'homme.
Le périple vers Saint Jacques de Compostelle demeure sur ma liste de choses à réaliser avant de quitter cette terre. Tout comme une visite au Népal, en Patagonie, ou encore dans les déserts marocains ou nord-américains. De belles balades à pied en perspective. Il faut des rêves pour exister, n'est-ce pas? Faute d'avoir déjà pu réaliser tous mes rêves de bourlingueur, j'ai précédemment passé un peu de temps en altitude canadienne, nord-américaine, française, suisse et italienne. En (haute) montagne, on peut retrouver des sensations de solitude et de plénitude, tout comme en mer. On s'y sent tout petit, et très modeste, face à la nature. Mais, l'ennui des montagnes, c'est que cela monte... Et pour parvenir à l'objet de ses désirs (par exemple, un lac d'altitude, un glacier, un refuge...), il en coûte pas mal d'efforts, une bonne condition physique, et même souvent des cloches aux pieds. D'où l'importance d'une bonne paire de chaussures pour nous accompagner lors de nos pérégrinations alpestres.
Trouver Chaussure à son Pied
Une paire de chaussures, c'est comme un couple. Il faut parfois de nombreux essais avant de trouver l'âme soeur des godasses. Des mariages ratés, des divorces précoces et parfois même des unions qui capotent déjà avant la nuit de noces! Il faut savoir faire le bon choix. Ne pas être trop coquet (à moins d'être prêt à souffrir), ni trop honteux de sa taille 42 fillette en tenant absolument à rentrer dans du 38 parce que "c'est plus joli". Ne pas se dire que la chaussure fera un bon marin dans la pluie battante, si cette dernière a été conçue pour faire la crêpe sur les plages de sable doré: elle se noiera dès la première averse... Ne pas se faire d'illusions non plus quant à la capacité d'un épais cuir de buffle à se transformer durant une seule nuit en doux pécari. Bref: la sélection du partenaire idéal demeure délicate et nécessite pas mal d'adaptation.
Connaître la fine Semelle de l'Histoire
Les premiers couvre-pieds répertoriés datent de quatre mille ans avant JC, en Arménie. De toutes époques, ces attributs pédestres ont joué un rôle influant sur la société et les moeurs culturelles.
Dans la Rome Antique, les sandales en disaient long sur le rang social de ceux qui les portaient (ou non). Plus elles étaient ornées (incrustées de bijoux, lanières... ), plus leur propriétaire était fortuné ou influent. Les hommes libres se contentaient de sandales en cuir. Quant aux esclaves, ils n'avaient tout simplement pas le droit d'en porter. Toutes ces histoires pour qu'aujourd'hui les "spartiates" de guerrières soient à nouveau à la mode.
Certains rois se sont faits représenter par leurs chaussures que l'on plaçait devant le trône ou à table quand ils ne pouvaient être là physiquement. Louis XIV, qui était de petite taille, imposa aux hommes de sa cour et aux nobles la mode des souliers à talon haut, grande languette ornée d'un nœud ou d'une boucle. Sans oublier le Chat Botté, Alice au Pays des Merveilles ou encore Cendrillon...
De San Fransisco à Brooklyn en passant par Madrid, les baskets du monde entier pendouillent dans le vide, retenues par leurs lacets sur des lignes électriques ou fils tendus entre des maisons. Mais d'où vient donc cette coutume? En Espagne, paraît-il, la mafia jetterait une paire de baskets à l'entrée d'un quartier pour prévenir la police de ne pas approcher. Aux Etats-Unis, elles marqueraient le territoire de dealers de drogue ou de gangs ou un hommage à un des leurs décédés. En Australie, il s'agirait là d'un signe célébrant la perte de virginité. Bref, les coutumes varient. Nul ne saura jamais la semelle de l'histoire!
Pied de Nez aux Apparences
En plus de dévoiler le statut social de son propriétaire, une paire de galoches en révèle en réalité bien plus sur la personnalité de celui qui les revêt, que ce l'on pourrait imaginer...
Dis-moi quelles chaussures tu portes et je te dirai qui tu es...
© Photos - Rêves de Marins
Que ce soit le style, la marque ou encore l'état d'entretien de nos petits petons, ces derniers en disent long sur nos habitudes, nos goûts ou encore notre tempérament. Sous des apparences souvent trompeuses, les godillots s'avèrent une précieuse source d'information sur la véritable nature de leur propriétaire. Sous des dehors à première vue vaniteux, une personne peut s'avérer en réalité très humble. Et le contraire également. Des chaussures à talons aiguille peuvent indiquer un manque de confiance en soi (et pas uniquement une taille d'un mètre et demi, comme la mienne - je ne porte d'ailleurs que rarement de vraiment hauts talons! ). Des mocassins de cuir fin peuvent dissimuler une âme sensible et raffinée. Des bottes peuvent simplement indiquer une frilosité aux éléments météo, une certaine réserve à montrer ses jambes, ou encore une passion pour l'époque des Capes et Epées... Des santiags, espadrilles ou tongs pourraient déceler un certain style de vie babacool, sans pour la cause dénoncer un manque de sérieux. Etc.
" (...) Elle le toise à la volée : quelle personnalité dissimule-t-il donc sous ses dehors de bon chic bon genre ? Costume gris foncé de qualité, chemise claire, cravate écarlate à dessins, le modèle large des hommes d’affaires stylés. Des boutons de manchette raffinés. Une montre classique, fine, bracelet de cuir souple. Chaussettes assorties aux chaussures noires. Tiens, pas cirées les chaussures… Cela ne colle pas à l’image impeccable d’un homme du monde guindé. Sa coquetterie ne serait-elle donc que la façade d’une âme sincère ? Ce détail viendrait-il de le trahir ? (...) (L'Autre Mer, Perwann Maren)
Et puis, un peu d'observation pédestre vous aidera certainement à obtenir le pied marin avec la personne que vous observez. Juste histoire de vous familiariser avec ses quelques secrets. Mais, si vous parvenez quelque peu à déchiffrer le message de ses escarpins, alors, peut-être est-il temps de prendre l'occasion au pied levé d'apprendre à la connaître ou même de lui faire du pied si cette dernière ne vous est décidément pas indifférente...
Les artistes suivants ne démentiront d'ailleurs pas un quelconque intérêt pour le sujet... Il y en a pour tous les goûts et toutes les odeurs...
Bref, sur ce, je vous laisse aller inspecter les charentaises de votre voisin ou cirer vos propres chaussures. Et sachez que j'ai pris mon pied en vous écrivant ce petit billet pas trop sérieux...
Bon dimanche!
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August 2023
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