La semaine dernière, je vous ai présenté Mucca. La voici enfin en images ! Son étable se trouve en Haute Adige, dans le Tyrol du Sud, côté italien. Au coeur de la chaîne des Dolomites (d'ailleurs classés au patrimoine de l'Unesco).
Mucca rêve de voyages. Et plus précisément, de ces sommets enneigés qu'elle aperçoit de sa prairie au village. Mais, elle n'est qu'une simple vache... Et les vaches, comme tout le monde le sait, cela ne fait pas d'alpinisme...
Chaque jour, elle soupire et se lamente à ses compagnons (le lapin et le cygne du lac tout proche), de ne pouvoir quitter son étable pour grimper au sommet du Mont Ladin, aux neiges éternelles. - Un jour, vous verrez : je franchirai les monts et vallées pour aller boire dans la neige des cîmes et lècher les glaciers bleutés ! Et personne ne la croyait vraiment... Jusqu'à ce matin-là... Alors qu'elle broute tranquillement l'herbe verdoyante de son pré en haut du village, elle sent tout d'un coup quelque chose d'humide qui lui chatouille les babines. Elle secoue son nez, renifle et se retrouve museau à museau avec... une grande paire d'yeux marrons qui l'observent à la dérobée, avec un sourire moqueur terminé par deux belles incisives. Une marmotte sortant de son terrier ! - Bonjour jolie damoiselle ! Je vous aurais bien embrassée une fois de plus... Mucca recule soudain. Elle écarquille les yeux. Une marmotte qui parle ! Mais, décidément, aux manières douteuses ! - Ne me regarde pas comme si j'étais le fermier, voyons. Je m'appelle Mankei. Et je sais bien, moi, comment te permettre de réaliser tes rêves de voyages... Mucca reste ébahie. - Hé oui, je suis un génie... Et j'ai le pouvoir de t'emmener aux neiges éternelles. A condition, que tu acceptes de suivre mes indications. Cela te tente ? Mucca hésite. Elle se dit en elle-même : voici un beau parleur. Les génies, cela n'existe pas, voyons ! Encore un qui cherche juste à me séduire pour un baiser. Tous les mêmes...
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Bain de Fleurs d’Alpages
- Bon, encore une incrédule. Toutes les mêmes, ces vaches... D'accord. Je vais te prouver mes pouvoirs. Vois-tu ces alpages fleuris sur le versant d'en face ?
- Oh oui. Ils ont l'air magnifiques. Et ces milliers de fleurs sauvages qui les couvrent. Mais, seuls les moutons ont le droit d'y brouter. Et ces étables à l'odeur du vieux bois. J'aimerais tant pouvoir m'y reposer. Cependant, c'est tellement haut pour y parvenir. Et le maître ne nous laisse jamais y monter malgré nos cloches pour nous retrouver. - Bien. Alors, ferme les yeux et visualise une de ces vertes prairies. Pense-y très très fort. - Tu ne vas pas me jouer un tour pendable, tout de même ? - Bien sûr que non. Allons bon, tu les fermes ces jolies paupières ? Mucca obtempère, sans vraiment y croire et s'attendant à ce que le fripon en profite pour lui chatouiller à nouveau le museau. Lorsqu'elle les rouvre, elle n'en croit pas ses pupilles : ils sont au plus haut des alpages, entourés de millions de coloris floraux plus vifs les uns que les autres : des roses, des mauves, des jaunes, des orangés, des bleus, des blancs. Gentianes, silènes enflés, chardons, lys de montagne, myosotis, campanules, crocus, orchidées, achillées, oeillets... Et l'herbe y est d'un vert fluorescent ! La vache saute de joie ! Elle ne sait contenir sa gaieté. En face de l'alpage, se profile le massif enneigé dont elle rêve. - Si tu continues ton chemin vers le bout de l'alpage, Mucca, il te suffira de suivre les traces de la moraine pour parvenir au pied du Mont Ladin. Sur ces bonnes paroles, je te laisse à ton repas et je m'en vais faire une petite sieste. Ciao ! Et la marmotte disparaît, non sans avoir laissé à nouveau un baiser humide sur le museau de la demoiselle. Mucca reste sans mots. Trop heureuse d'être déjà si proche de son but.
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La Flûte Enchantée
Pour entreprendre la seconde partie de son périple, Mucca arrive ainsi sur un long plateau à la vue époustouflante sur toutes les montagnes environnantes. C'est ici que son souhait pourra prendre forme. Mais pas de Mankei pointant son nez d’un seul terrier... Où ce petit génie poilu se cache-t-il donc ? Il doit encore faire la sieste. Mucca a beau scruter les prairies environnantes et chacune de ses bosses, pas de marmotte en vue. Entre les gazouillis des alouettes, elle entend alors le chant d'un drôle d'oiseau... Elle cligne des yeux pour tenter de l'aperçevoir dans le ciel, mais le son semble provenir... du sol ! En effet, un peu plus loin, assis sur un rocher, elle distingue alors un berger tenant un bois bizarre dans ses mains. De ce morceau de bois sort une douce mélodie.
- Je t'attendais, Mucca. Mankei m'avait annoncé ton arrivée. - Euh, tu me connais, berger ? - Je ne suis pas un berger. Je n'en ai que la forme. Je suis le second génie, le frère aîné de Mankei. Mon frérot est un peu taquin et parfois sa galanterie manque de style, mais il a le coeur juste. Tu as besoin de moi pour te mener à ta prochaine étape. Mais en auras-tu le courage, Mucca ? - Cela dépend de ce que tu attendras de moi... , se dit Mucca, un peu inquiète. - Je te demanderai simplement de me rapporter une petite fleur lors de ton voyage au sommet. Mais pas n'importe quelle fleur. Celle que je désire est une Edelweiss, une étoile des neiges... Elle ne pousse qu'entre les rochers les plus élevés de ces montagnes, à la limite de la neige. Acceptes-tu de m'en ramener une ? Il te faudra gravir de hautes pentes et braver les dangers des monts Ladins. - Et tu m’aideras à parvenir aux neiges éternelles ? - Oui, à la condition que tu ailles me cueillir cette petite fleur. Elle possède un pouvoir magique dont les génies ont besoin pour conserver leurs pouvoirs surnaturels. - D'accord, berger. Je désire trop réaliser mon rêve. Je te la ramènerai, ta fleur. - Bien. Alors, ferme les yeux et pense très fort à cet endroit que tu rêves de rejoindre. Lorsque je cesserai de jouer de cet instrument enchanté, tu seras tout prêt de ton but.
A ces mots, Mucca ferme ses paupières et se laisse bercer par le doux chant de la flûte. Puis, le silence s'installe. Lorsqu'elle les rouvre, elle n'en croit pas ses yeux. Ni ses pattes ! Au lieu de ses gros sabots bruns, elle découvre, de jolis patins onglés tout fins. Puis, elle inspecte ses pattes, elle a soudain de bien plus longues jambes qu'auparavant. Et son cou ! Son cou a pris tout d'un coup un mètre de plus. On dirait une girafe ! Elle se sent d'ailleurs plus légère. Alors, elle risque un coup d'oeil en arrière et le pelage de sa croupe est à présent tout blanc ! Mucca a pris l'aspect d'un... Lama ! Un magnifique lama à la laine douce et épaisse et au long cou gracieux.
- Pas mal ! Joli brin de fille ! Mucca sursaute à ces mots. Mais qui donc l'accoste ainsi ? Elle se retourne et aperçoit d'où vient la voix : un autre lama, tout noir, à l'air ébouriffé la regarde d'un air moqueur. Les dents vertes d’herbe, sans gêne aucune de parler la bouche pleine. Sur sa tête une touffe brun-roux lui cache les yeux, telle une perruque hippie. Mucca le regarde d'un oeil noir, offusquée de sa remarque un tantinet cavalière et de son clair manque de bonnes manières. - Ne fais pas cette tête-là. Ce nouvel aspect te va à ravir. Tu ne me reconnais pas à ma voix ? - Man... Mankei ? - Hé oui. Pas mal comme déguisement, non ? Note que pas trop pratique pour rentrer dans mon terrier... Cette tenue t'est nécessaire pour braver le froid et les cailloux de la montée au glacier. Tu verras, elle est très commode. Je t'accompagne un bout de chemin, histoire que tu ne te perdes pas en route pour ramener la fleur à mon frère. Ne perdons pas de temps. La route est encore longue et pas mal d’embûches nous attendent en chemin. Sur ce, les deux lamas prennent le départ vers les sommets enneigés.
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L’Arbre des Hulules
Après de longues heures de marche les deux compagnons de cordée parviennent enfin au sommet d’une première montagne d’où l’on aperçoit les cîmes enneigées du majestueux Mont Ladin. Les nuages se sont accumulés et le ciel s’est curieusement assombri. De lourdes couvertures noirâtres camouflent à présent le ciel, qui semble vouloir envelopper les montagnes de sa cape de nuit. Le vent s’est levé et souffle en rafales.
Mucca commence à sentir le froid sur son échine malgré sa nouvelle toison, dont elle apprécie à présent la précieuse valeur. Mankei avance devant elle sans faiblir le pas. Elle voudrait faire une pause pour se reposer un peu. Mais l’endroit n’est guère accueillant. Il est plutôt même sinistre. À l’horizon se profile une silhouette fantomatique. Un arbre lugubre dont les branches semblent porter des fruits bizarres. À présent, le ciel s’est totalement assombri et Mucca peut encore à peine discerner les formes des roches sur les parois d'en face. Arrivée au pied de l’arbre, elle fait mine de s’arrêter. - Je n’en peux plus Mankei. Moi, je prends un peu de repos ici avant d’entamer l’ascension finale. - Shuuuuuuuuuuut !!! Lui intime la marmotte. Tais-toi. Tu vas les réveiller !!! - Réveiller qui ? Il n’y a personne d’autre que nous ici, voyons. - Shuuuuuuuuuuut, te dis-je !!! Ou faut-il donc que je crache pour que tu m’écoutes ! - Ah non, garde tes mauvaises manières. Je..... Un hululement macabre lui coupe soudain la parole. Puis, deux, puis trois, puis dix, plus effrayants les uns que les autres. Le vacarme semble provenir de juste au-dessus de leurs têtes. Ils lèvent alors le regard pour découvrir dans la pénombre une dizaine de paires d’yeux brillants allant du doré à l’orange en passant par le jaune vif. D’immenses yeux qui les fixent du haut des branches de l’arbre, d'un air glouton.
© Photos - Rêvesdemarins
Mucca reste pétrifiée de peur. Mankei se colle contre elle et lui glisse à l’oreille :
- Je t’avais bien dit de te taire, non d’un terrier ! Laisse-moi leur parler et surtout ne dis pas un mot si tu ne veux pas que ces oiseaux de mauvaise augure te transforment en souris pour leur petit déjeuner cette fois-ci ! Mucca opine du regard. - Qui ose ainsi importuner notre repos ?!! - Veuillez nous excuser, divins Hulules... Nous ne sommes que de pauvres voyageurs de passage. Nous ne voulions point vous déranger. Nous repartons sur le champs. - Vous osez profaner notre sommeil divin, manants ! Gronde un hibou grand duc qui semble diriger le groupe. Il va vous falloir payer votre forfaiture ! - Oh, sois gentil, Grand-Père... Rétorque une petite chouette sur une branche plus basse. Finalement, des visiteurs, cela nous fait une distraction pour une fois. Personne n'ose jamais venir ici. Et tout le monde nous craint. Laissons-les passer et nous raconter leur histoire. - D'accord, d'accord... Et puis, en réalité, j'en ai assez de faire peur aux promeneurs. Cette mauvaise réputation me colle aux plumes et il est temps d'y mettre fin. C'est bon. Vous pouvez passer votre chemin, à une condition, cela dit : celle de nous narrer votre récit. Les deux lamas se sentent tout d'un coup soulagés de la tournure que prennent les choses. Et ils décrivent leur épopée et la raison de leur voyage au groupe de hulules, qui les écoutent avec attention et attendrissement d'avoir enfin quelqu'un à qui parler.
La Montée au Sommet
Ayant quitté les Hulules, les deux compagnons parviennent enfin au pied de la moraine. Devant eux : des parois abruptes et lisses, colorées de noir et d'ocre aux allures de Far West. Elles semblent insurmontables. Mankei réfléchit :
- Nous n'allons jamais y arriver ainsi. Il nous faut un autre matériel d'alpinisme. Ferme les yeux, Mucca ! Allons, encore une fois. Et lorsque le lama blanc les rouvre, elle sent sur sa tête deux cornes allongées. Ses pieds sont cornés et elle a une barbichette ! - Mais, mais, mais... je suis ... une chèvre !!!! Mon Dieu, Mankei, que m'as-tu encore fait ! Ma mère ne me reconnaîtra jamais plus ! - Cesse de geindre et contente-toi d'accepter le charme. Sous cette forme, tu vas enfin pouvoir grimper sur les rochers et monter jusqu'à la limite de la neige pour y trouver ton étoile des neiges. Même un lama n'y parviendrait pas avec sa constitution. Et Mankei sautille devant Mucca d'un rocher à l'autre, comme si de rien n'était, parfaitement enchanté de son nouvel aspect. Tout au long du trajet, ils suivent des "hommes debout", des amoncellements de pierres placés là par les hommes pour indiquer le chemin. Pour une fois que les humains font quelque chose d'utile... Parfois, le gris des cailloux se fond dans la masse des pierres empilées. Il leur faut donc une bonne vue pour discerner le parcours à suivre. Mais, les bons yeux, cela connaît les chèvres...
Arrivée au Tibet Ladin
"C'est le Voyage qui fait la Vache... " (Ladin Tseu ? ... )
Après quelques heures de montée à travers la moraine et les pierres, les deux chèvres accèdent enfin à une étendue de neige. On dirait une grotte.
- C'est ici que tu trouveras l'édelweiss, Mucca. Dans la grotte de neige. Ma mission se termine ici. Lorsque tu l'auras cueillie, garde-la bien précautionneusement entre les dents. Puis referme les yeux. Pense à ton étable. Et tu retrouveras ton aspect d'origine. J'ai apprécié notre périple, Mucca. Au plaisir de te revoir. Et Mankei fait mine de repartir vers la vallée. - Attends ! Mucca s'approche alors de Mankei et lui touche doucement les babines du bout de son museau. - Je te dois bien un baiser... Merci de ton aide, petit génie. Mankei sourit de tout son museau. A ces mots, Mucca s'en retourne vers la grotte de neige. Brrrr, qu'il y fait froid. Tout au bout, cachée entre deux pierres sur le sol glacé, brille une petite fleur... Elle l'a trouvée ! Elle grignote tout d'abord un peu de neige pour apaiser sa soif, puis emporte la fleur. Elle admire encore un instant cette chère montagne, puis ferme les yeux. Et comme par miracle, elle se retrouve dans son pré. Sa cloche autour du cou, ses belles couleurs gris foncé et son pis ! - Je suis une vache ! Je suis à nouveau une vache, s'écrie-t-elle ! Et j'ai été jusqu'au glacier ! - N'oublies-tu point quelque chose ? Demande alors une voix. Mucca se retourne et aperçoit le berger. Elle lui tend l'édelweiss. - Merci, génie. J'ai fait un magnifique voyage grâce à toi et ton frère. Mais, je suis heureuse de retrouver les miens et mon aspect bovin... - C'est non pas la destination, mais bien le voyage qui fait l'homme, Mucca. Ou la vache !
© Photos - Rêvesdemarins
Alors, si l’envie vous prend un jour de découvrir les sommets enneigés du Pays des Ladins, prévenez- moi et je vous donnerai le secret pour l’atteindre sans, pour la cause, devoir vous transformer en lama, chèvre, hibou ou marmotte !
Je vous souhaite un agréable dimanche estival, et qui sait, comme moi, à peine rentrée, déjà empli des rêves des prochains voyages.
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Il était une fois un petit archipel perdu en plein milieu de l'océan (je ne vous dis pas lequel, ce serait trop aisé ;-). Il comptait neuf îles dans un magnifique encrin de verdure.
© Photos - Luis Cardoso (unsplash.com)
Alors, pas encore deviné ? Non ? Bon, d'accord. Encore quelques indices...
Archipel nommé d'après sa population d'oiseaux (faucons/éperviers). Il y règne une intense activité sismique. Les îles étaient vierges de toute population humaine jusqu'au XVe siècle. Ensuite, un certain Jàcome de Bruges, travaillant pour Henri le Navigateur, reçut ainsi la mission d'y installer des familles flamandes, suivies par des françaises puis des espagnoles. Il y flotte aujourd'hui un petit air lusitanien.
Enfin, dernier indice : entre cet archipel et notre Plat Pays, en ligne droite, il n'y a ... RIEN ! Que de l'eau, encore de l'eau et toujours de l'eau !
Une grosse semaine de navigation hauturière au long cours, fleurtant avec les zones de dépression. Une vraie nav... 1300 milles nautiques sans voir la terre, en tête à tête avec la grande bleue. Destination d'arrivée ? Lorient, la base (Bretagne sud). Un beau défi (et pas qu'au mal de mer ! ).
J'attends vos suggestions pour découvrir notre destination de départ !
Un excellent dimanche ! Et peut-être l'occasion d'admirer votre mappemonde d'un peu plus près ;-).
Quand le château de cartes s'effondre
Il y a de ces moments dans l'existence où la vie ne nous parle plus. Ces périodes où notre château de cartes s'effrondre inopinément par un coup du hasard ou du destin. Une nouvelle qui nous déchire, le deuil d'un proche, la perte d'un emploi, l'annonce d'une maladie ou d'une récidive, une séparation, un accident qui survient et tant d'autres angoisses... Selon les cas, une kyrielle de petits ou grands malheurs qui nous enfoncent vers un vide et de lourdes interrogations. Et souvent, ces événements ne viennent pas seuls, mais en cascade (vous connaissez tous la fameuse loi des séries ou de "Murphy").
Alors, dans ces instants-là, nous tentons de trouver un moyen de nous réconforter, comme un enfant enlace son "doudou" dans ses bras pour se rassurer. A chacun sa manière. Pour certains, il s'agit de serrer un objet affectionné d'un être cher contre soi, pour d'autres de se pelotonner dans une position tranquilisante, de faire une longue marche le long de la mer, ou partir faire un jogging pour se vider l'esprit. Pour d'autres encore, il s'agit de rejoindre un endroit particulier, un havre de paix, où l'on se sent "chez soi". Et la mer a cet effet sur moi. Je m'y sens "chez moi" près d'elle, ce que j'aime à appeler un "Home by the Sea". Le bruit du ressac et des marées. La musique du vent sur la grève. Le jeu des embruns sur les vagues. La tranquilité d'un horizon pur. Le froid piquant de la bise salée. Le goût de l'iode sur mes lèvres. Le kaleïdoscope des tons de l'onde allant du gris acier au bleu turquoise, en passant par l'orangé des couchers de soleil ou le vert smaragdin des jours de pluie. Le va et vient continu de flux et du jusant. La mer m'apaise. Elle me fait me retrouver avec moi-même. Elle me ramène vers mon coeur, me rapproche de mon essence.
Scandic Home by the Sea
Cette semaine, j'ai retrouvé un de mes "Home by the Sea". Un petit village en bord de mer suédoise, au milieu des fjords glacés, près de Gôteborg. Auprès de quelques proches, qui m'ont fait me sentir vraiment chez moi, même si j'étais à des milliers de kilomètres de ma maison... Pas encore de neige, hélas, mais déjà l'atmosphère chaleureuse (le "mys" suédois, le "hygge" danois, ou "cocooning") dont seuls les Scandinaves ont le secret pour passer à travers les très longs hivers sans lumière. Et oui, la nuit commence à y tomber à partir de 15h30 déjà... Si certains lecteurs se disent qu'ils ne pourraient jamais y séjourner en hiver, moi, je m'y sens bien. Le remède contre le manque de photons ? Créer la lumière et la chaleur artificiellement. Et tout est bon pour y parvenir : chandeliers à la fenêtre, bougies, chandelles, lumières d'ambiance, flambeaux, lumignons, coloris de braise, feu de bois, brasero, barbecue (si, si, par tous les temps ! ), petits pains à la cannelle ou encore décorations prématurées de Noël.
© Photos – Rêvesdemarins & Isabelle Burguet
Sankta Lucia
En ce qui me concerne pour retrouver un moment de paix dans une période difficile ? Faute de pouvoir me retrouver sur un voilier en mer, je me rabats sur une petite pause confortable dans un sofa sous une couverture toute douce, en chaussettes, sous une lumière tamisée, quelques bougies, un bon feu de bois qui crépite, et surtout (le plus important ! ), le chat qui ronronne sur mes genoux. Le tout agrémenté d'une musique qui me touche. Tout cela, idéalement, près de la mer, bien évidemment. J'en profite d'ailleurs pour vous faire partager quelques morceaux, dont Molly Sanden, une jeune suédoise à la voix magnifique. Et peu importe si vous ne comprenez pas le suédois : la musique parle d'elle-même !
Alors, si vous venez d'accuser le coup d'une de ces périodes ardues, j'espère que vous trouverez dans ce petit billet l'inspiration pour votre propre "Home by the Sea" et vous réconforter quelque peu.
Je vous souhaite un dimanche apaisant (et n'oubliez pas la peluche ronronnant sur les genoux ! A moins d'être allergique aux poils, il s'agit d'un remontant infaillible ! ).
Lectori Salutem !
Comme tous les chemins mènent à Rome, la route de la cité antique s'est avérée relativement aisée à trouver par les millions de pèlerins et de touristes qui la parcourent chaque jour. L’affluence des visiteurs n'a cessé d'y croître depuis des siècles. Et je n'ai fait que confirmer cet adage en y passant moi-même quelques jours le WE dernier. Je vous emmène donc aujourd'hui faire un petit tour dans ce que beaucoup (à commencer par les Romains eux-mêmes) appellent "la plus belle ville du monde".
Mais comme d'habitude, d'abord un tout petit peu d'histoire pour débuter ce billet.
Selon l'historien Tite-Live, Rome, une des plus anciennes cités d'Europe, aurait été fondée en 753 av. JC par Romulus. Vous connaissez sans doute la légende de la louve (ou plus probablement "Lupa", la femme d'un berger) qui recueilla deux jeunes jumeaux: Romulus et Remus, fils de Mars, abandonnés à une mort certaine dans la nature. Un village se serait alors implanté sur le Palatin et les Romains s'uniront aux Sabins jusqu'à ce qu'il soit pris par les Etrusques. C'est sous la domination de ces derniers que Rome deviendra alors une véritable ville. La cité latine se rebellera ensuite pour se muer en République. S'y succèderont ensuite divers rois, empereurs et consuls, dont quelques règnes seront plus tard qualifiés de dictatures. Ce sera notamment le cas du règne d'un certain... Jules... vers 45 av. JC. Le christianisme y fera son apparition, faisant de Rome le foyer principal de la nouvelle religion. Après un déclin durant le Moyen-Âge, la cité reprendra son éclat au XVe siècle à travers l'avènement de la Renaissance, jusqu'à ce qu'elle devienne en 1870 la capitale d'une nation tout juste unifiée : l'Italie.
Histoire de Plumes
Rome semble étrangement liée à une histoire de plumes...
Primo, comment ne pas oublier que, selon la légende, la ville fut autrefois sauvée par l'intervention sonore de nobles volatiles : les Oies du Capitole, avertissant ainsi les habitants réfugiés dans l'ancienne citadelle du Capitole, d'une invasion gauloise.
Secundo, vous vous souviendrez sans doute que les milices romaines arboraient souvent une "aigrette" (qui vient du mot "aigron", ou "héron") sur leurs casques rutilants. Bien entendu, cet appendice de plumes n'était réservé qu'aux militaires d'un certain rang (généraux, commandants, officiers supérieurs et certains centurions).
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Tertio, un noble oiseau représentait autrefois le symbole de la cité antique : l'aigle ("aquila" en latin). Il reflétait la force, la puissance et la majesté. Il se retrouvait sur toutes les bannières des légions et des troupes militaires. D'une seule, il passa à deux têtes pour figurer la domination de l'Empire sur les territoires de l'Ouest et de l'Est. Bien des siècles plus tard, d'autres monarques reprirent d'ailleurs ce symbole de puissance, telle que Charlemagne, Napoléon 1er, ou encore des nations telles que l'Autriche, la Prusse, la Pologne, l'Allemagne, la Russie ou encore les Etats-Unis d'Amérique.
Quarto, et enfin, l' aigle impérial romain semble avoir aujourd'hui été détrôné par un autre royal volatile. Ce dernier étant originaire de la mer, à savoir... hé oui : la mouette ! Toutes les Mouettes Mènent à Rome...
En lieu et place de légionnaires, c'est bien de cohortes de volatiles marins que la cité millénaire s'est vue assaillie depuis ces dernières années. Manifestement, nos pêcheurs à plumes apprécient les belles et bonne choses (surtout là où les touristes sont... légion). La fameuse phrase de Jules César (dans son rapport au Sénat romain après sa victoire rapide à Zéla, Asie Mineure, sur Pharnace II, roi de Pontelimon en -47), pourrait donc se transformer quelque peu aujourd'hui...
"Volavi, Vidi, Vici... " (J'ai volé, j'ai vu, j'ai vaincu... )
Nos amis Yves et Yvette, rencontrés au Mont Saint Michel (voir le billet "Au Gré des Marées" , Sept 2016), auraient-ils donc décidé d'hiverner cette année et de gagner le Sud pour se réchauffer au soleil romain ? Qui sait, existe t-il une compagnie low cost aviaire faisant la publicité pour la ville de César. En tout cas, nos mouettes ont rassemblé leurs troupes. Je les ai ainsi rencontrées un peu partout, à commencer par les passages stratégiques et historiques de la capitale italienne. Jetons donc un coup d'oeil à quelques endroits qui me plaisent particulièrement à Rome.
Pas de Poules Mouillées au Colisée
Impossible de vous balader dans la ville sans passer par l'imposante bâtisse aux deux-cent dix arcades, le symbole de la Rome antique. Un méga théâtre de plein air pouvant accueillir plus de 70.000 spectateurs. A peu près l'équivalent du stade de France à Paris. Plus de six millions de visiteurs par an ! Avis aux âmes en mal de compagnie, vous ne vous y sentirez jamais seul ! Un stade autrefois protégé du soleil et des intempéries par une bâche tendue au-dessus des gradins, le "Velum". Un système de voiles ingénieux et surtout tellement complexe qu'il était à l'époque manoeuvré par ... des marins ! Hé oui ! Et devinez comment se nommaient les gradins supérieurs (l'endroit où se tenait le petit peuple) ? ... "Le Poulailler"... Nous voici revenus à nos histoires de plumes !
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Les jeux, spectacles et combats de gladiateurs s'y sont succédés avec les souverains. Et pas de poules mouillées dans l'arène ! Le film "Gladiator" plaira certainement aux amateurs de drames historiques (à condition de ne pas avoir peur du sang et des tripes ). Le décor romancé vous replongera dans l'ambiance de la Rome de l'empereur Commode. Musique de film excellente par Hans Zimmer. Acteur principal de charme pour les lectrices qui aiment les taiseux aux gros muscles et au grand coeur (Russell Crowe).
A propos de poules mouillées... Les fameuses reconstitutions de batailles navales narrées par l'historien Dion Cassius (vers 200 après J.C. ) sembleraient ne jamais avoir eu lieu au Colisée (ce qui aurait noyé toutes les galeries du centre de la bâtisse servant à amener les acteurs des jeux, hommes ou bêtes). Les spécialistes pensent aujourd'hui que ce genre de spectacle aurait plus vraisemblablement eu lieu dans la Naumachie d'Auguste, une arène aquatique située dans le Trastevere, sur la rive opposée du Tibre, alimentée par un aqueduc. Encore une merveille de la fabuleuse ingéniérie romaine de l'époque.
Domaine des Dieux
Le Forum Romain, le coeur politique, commercial et judiciaire de la cité républicaine. Temples, basiliques, arcs, colonnes et marchés s'y serrent sur un espace en plein centre de la ville, juste en contre-bas du Palatin, origine de la cité. Il comprend notamment le Temple de Romulus, qui sert de vestibule au premier édifice païen transformé en sanctuaire : l'Eglise de Saint Cosme et Damien, aux fabuleuses mosaïques.
Sans oublier, un peu plus au Nord-Ouest dans la ville citadine, le Panthéon, un des plus grands édifices de l'architecture européenne et temple de tous les dieux. Un des symboles de la Ville Eternelle. Temple antique transformé en église, au splendide chapiteau et inscriptions latines. Seule source d'éclairage de la bâtisse : un oculus, au faîte du dôme, qui donne une atmostphère très particulière à ce sanctuaire renfermant les tombeaux de nombreux rois d'Italie et d'artistes tels que Raphaël. Un retour dans le temps, à travers les plus anciennes rues pavées de Rome. Je ne m'en lasse pas.
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Ville aux Mille Volets
Ce qui me frappe toujours à chacun de mes séjours dans la cité romaine, c'est sa chaleur : que ce soit à travers la couleur de ses maisons aux volets lamellés de bois, l'animation de ses rues, la splendeur de ses bâtisses ou encore l'accueil convivial de ses habitants (à deux ou quatres pattes ! ). Partout où l'on regarde, l'histoire est présente, sans jamais rien enlever au charme de sa beauté simple. J'adore. Il me reste encore tellement d'endroits à y découvrir (à commencer, bien évidemment, par son port antique : Ostie). Il va falloir prévoir une prochaine visite !
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Non Canimus Surdis (Rien n'estsourd à nos chants)
Enfin, qui dit Rome antique, dit Latin. Et j'avoue être totalement ignare à ce sujet ayant boudé les gréco-latines pour un autre choix d'études. Mais, la langue m'attire et les inscriptions dont la cité romaine grouille à chaque coin de rue m'interpellent toujours. Voici donc l'occasion de vous faire découvrir un groupe actuel de choeurs féminins qui chantent dans une langue imaginaire aux consonances latines : Adiemus, Karl Jenkins (notamment un des thèmes du film "Avatar"). Le résultat est, à mon sens, pas mal réussi.
Alors, revenons à nos mou... ettes !
Nos petites mouettes romaines ne sont que le reflet du changement sociétal en train de s'opérer : là où va l'homme, suit la mouette car ce dernier est synonyme de nourriture aisée à obtenir. Et Rome n'échappe malheureusement pas au déferlement de plus en plus intense des visiteurs, qu'ils soient pèlerins ou touristes. Mais, je vous parlerai de ce phénomène sociétal et de la globalisation dans un billet ultérieur. Histoire de ne pas faire de ce billet tout un roma(i)n !
Sur ces réflexions, si vous vous rendez à Rome, faites comme les Romains et n'hésitez pas à découvrir aussi les endroits moins courus de la ville. Vous ne serez pas déçus.
Auguro a tutti una bella Domenica !
Débutons ce billet par une petite devinette... Si je vous dis"Gueuse" , vous me dites... ?
Non, il ne s'agit ici pas de la fameuse bière "bruxelloiZe" (même s'il fait chaud et vraiment soif ce WE... ). Alors vous pensiez? Une femme? Ah... Vous vous rapprochez. Et encore? Non, pas une de ces amazones ayant décidé de porter les braies et de prendre les armes dans la bataille des Hollandais contre la domination Espagnole au XVIe siècle. Alors, toujours pas deviné? Messieurs les ingénieurs, vous dites? Un lingot de métal coulé dans le sable, parfois utilisé comme lest dans les navires? Mmm, pas mal... On arrive près du sujet. Allons bon, je vous aide : notre "Gueuse" d'aujourd'hui, originaire de Zurich, porte une robe écarlate et blanche. Elle adore l'eau et a élu domicile dans un bassin situé entre Molenbeek, Laeken et Schaerbeek . Enfin, elle passe son temps à emmener des touristes sur le Canal, à la découverte de ses environs. Un métier tout à fait honorable malgré son nom évocateur. Et notre "Gueuse" nous entraîne aujourd'hui dans un périple au Port de Bruxelles.
© Photos - Rêves de Marins
L'Escaut à Bruxelles
Comme à notre habitude, revenons tout d'abord quelques siècles en arrière. Du temps où les hommes rêvaient de relier Bruxelles à l'Escaut, et de là rejoindre la mer.... Sans pour cela devoir passer par la Senne, rivière capricieuse (tracé sineux, ensablements fréquents, deltas... ), et de plus sous la tutelle (et surtout les impôts) de la ville de Malines. La construction du Canal fut débutée au XVIe siècle. Il allait joindre la cité des "ketjes" à Willebroek et permettra ultérieurement un passage maritime d'Anvers à Charleroi.
Grâce à la construction de diverses écluses, le Canal est aujourd'hui accessible aux navires de mer de 4.500 tonnes et aux péniches allant jusquà 9.000 à tonnes.
Promoteur d'un développement durable
Le Port de Bruxelles, plus de 105 hectares le long du Canal. Il emploie environ 4.500 personnes, sans compter les activités qu'il génère dans les quatre cents entreprises installées le long de ses berges. Il s'est également donné pour mission de promouvoir un mode de transport durable et en faveur de l'environnement. Près de sept millions de tonnes de marchandises y transitent par an. Principalement pour l'approvisionnement de la ville en matériaux de base de construction, combustibles, métaux, produits d'alimentation et agricoles. Saviez-vous que grâce au transport fluvial, la ville de Bruxelles évite chaque jour le passage de plus de deux milles camions à travers la capitale (600.000 rien que l'année passée, ce qui représente une réduction d'environ 95.000 tonnes de dioxyde de carbone).
Un nouveau projet est en train de prendre vie, qui consistera en la création d'un embarcadère pour navires de tourisme. Mais surtout la reconversion des berges en promenades pédestres et cyclables longue de plusieurs kilomètres, pour ensuite relier le canal au domaine nature de Neder-over-Heembeek. Sans oublier la rénovation et transformation d'anciennes grues en centres de loisirs. Et même les tas de ferraille sur les berges y prendront alors des allures d'oeuvres d'art moderne. Une belle initative "verte".
© Photos - Rêves de Marins
Un Clubhouse Royal
Le Roi Léopold II appréciait les bonnes choses de la vie. Les beaux navires en faisaient bien entendu partie... Et en héritage, il nous a laissé un club nautique de renom, le Brussels Royal Yachting Club (B.R.Y.C.).
Un titre pompeux. Je pensais personnellement, naïvement (et qui sait, à tort) que ce club n'était réservé qu'à une élite, avec pour flotte exclusivement des yachts d'exception. Bien entendu, ses membres font, sans aucun doute, honneur à leur fondateur, par la réputation de leurs précepteurs et prestations nautiques. Cependant, ma surprise fut grande, en le découvrant, de constater un clubhouse d'une grandeur passée. Et que, non seulement l'endroit était moins huppé que je ne me l'imaginais, désuet à la limite du rétro, mais surtout que les bateaux y séjournant bien moins prestigieux que je ne m'étais laissée dire. Certains voiliers nécessitant même jusqu'à un sérieux coup de rénovation. Mais, comme dans bon nombre de marinas, combien de ces embarcations larguent donc-t-elles fréquemement les amarres? Un mignon petit port en pleine métropole. Bref : j'ai beaucoup aimé l'endroit dans la verdure, en bord de l'eau, avec une vue sur la marina dans un cadre charmeur, à cinq minutes du plein centre de la capitale. A refaire pour un lunch ensoleillé sur la terrasse!
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Le Canal, source d'inspiration
Enfin, les eaux du Canal ont ce charme des péniches chargées tellement que l'eau couvre leur passe-avants et que l'on imagine sur le point de sombrer à chaque instant, des navires de l'école des cadets qui ressemblent plus à des bateaux-fantômes ou encore des petits voiliers qui font leurs premier bords devant les zones industrielles aux allures de monstres de fer. Cet endroit insolite à Bruxelles n'a pas manqué d'apporter l'inspiration à quelques artistes, que ce soit à travers leurs graffitis, leurs bandes dessinées, ou tout simplement la palette du soleil dans l'onde...
Alors, peut-être l'occasion d'aller y faire un tour un de ces jours? Je vous souhaite un excellent dimanche. Bonne chance à tous les courageux d'entre vous qui courent les 20 km de Bruxelles aujourd'hui! Et pourquoi pas, avec une bonne gueus(z)e bruxelloise pour vous rafraîchir en fin de parcours!
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Le matin se lève sur Nieuport, ce samedi. Un nouveau matin de printemps. Un nouveau départ. Ma première sortie en Mer de la saison. Enfin...
Ponton O. Je parcours l'allée pour y rejoindre notre convoyeur, que je ne connais pas encore. Au ponton, quelques bijoux de navigation, dont de mes voiliers préférés. Et la surprise d'y découvrir un 40 pieds au nom délicieux : Moonlight Shadow. Ceci ne peut être que de bonne augure pour notre sortie en mer.
Destination: Ipswich, UK.
80 miles nautiques environ. Vent de Sud-est annoncé. Un peu de soleil. Petite brise. Bref, pas trop mal. Et l'ambiance à bord avec de joyeux lurons ne peut que nous mettre de bonne humeur. Après quelques (longs et) facétieux moments de recherche pour enfin parvenir à décrypter les secrets du navire (mademoiselle ne se laisse pas décrypter... ) et le préparer à sa sortie, nous voici partis... Navigation de nuit et manœuvres au programme. Rien de tel qu'une bonne petite séance de pratique pour continuer à s'instruire en mer. Nous larguons donc les amarres à la rencontre des supertankers, d'une escapade à travers les champs d'éoliennes et à travers les méandres de la rivière Orwell. Retour prévu par une étape à Ramsgate.
En attendant de vous livrer les détails de notre récit (à notre retour ce mardi), voici déjà quelques images, histoire de vous mettre l'eau (salée) à la bouche. Bon dimanche à tous et à mardi soir pour la suite de ce billet!
Ce dimanche, journée de vote pour les présidentielles en France. Je pourrais bien évidemment vous parler des élections et des résultats que l'on espère ou que l'on craint. Mais franchement... j'en ai un peu assez de ce "soap" à la française. Et puis, les médias sont là pour cela. Je vous propose néanmoins de demeurer en France, et de surcroît, à Paris pour ce billet du blog, histoire de découvrir une autre facette de cette ville prodigieuse. Je vous emmène aujourd'hui dans "l'Autre Paris" : Paris au fil de l'eau.
La Ville est un Long Fleuve Tranquille
La Seine poursuit son long chemin imperturbable d'Est en Ouest, telle un navire, qui dans un cycle marin sempiternel, naviguerait allègrement sur le fleuve, du Jardin des Plantes à la Cathédrale, entre les amers tribord (se trouvant sur la rive droite), comme les façades grandioses du Louvre, l'Orangerie jusqu'à la Concorde et Chaillot - et les amers de la rive bâbord (situés sur la rive gauche), tels que les Quartiers Latin et St Germain, le Panthéon et les Monnaies. Et notre bateau poursuivrait ainsi ses pérégrinations fluviales par Orsay et les Invalides, jusqu'au champs de Mars. En atteignant la courbe du fleuve repartant vers le sud, l'on pourrait, par beau temps et en montant au sommet du mât, aperçevoir à tribord toute, au loin les Champs-Elysées, l'Arc de Triomphe, jusqu'à l'Arche de la Défense.
En remontant le fleuve au départ de la rive droite par contre, notre voilier pourrait faire escale au bout de l'île de la Cité avec son îlot isolé, entouré de saules pleurant sur les amants qui s'abritent sous leurs branches protectrices aux allures de voilures. Un endroit au bout de la terre, protégé du monde réel. Un endroit où il fait bon s'arrêter un instant dans sa vie pour laisser parler les émotions. Notre voilier laisserait derrière lui la silhouette de Notre Dame, la Conciergerie et le Pont Neuf. La grande Dame de Pierre, dans toute sa splendeur et sa majesté. Comme une de ces héroïnes des romans d'Agatha Christie, dame de bonne famille parée de bijoux, se tenant bien droite, d'un maintien et d'une tenue impeccable dans toutes les circonstances, malgré les événements qui agitent et bouleversent le monde autour d'elle. Une dame sans âge. Les pavés de son parvis luisant dans la lueur des réverbères au galbe forgé, dans la pénombre du crépuscule naissant.
© Photos - Rêves de Marins
Le Phare de Paris
Le Phare de Paris... De son petit nom Madame Eiffel, une grande dame d'acier dans sa tenue de soirée illuminée de paillettes et au faisceau de longue portée. Elle en a sauvé des navigateurs perdus dans la marée de la foule parisienne. Elle en a ramené à bon port des marins d'eau douce égarés dans les méandres des ruelles de la cité. Paris ne serait plus Paris sans son phare...
Mais saviez-vous qu'il a existé un autre, un vrai phare à Paris? Il s'agissait d'une réplique d'un phare breton, dominant la rue Castagnary dans le XVe arrondissement de la capitale. Il signalait la position de halles aux poissons et aux huîtres: "la criée du phare", puis "les samouraïs des mers". Celles-ci ayant fermé, le phare fut détruit en 2015 pour être remplacé par des logements sociaux, englouti par les marées immobilières.
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Quai des Brumes
Il fait sombre. La nuit est tombée sur la cité. Le quai est désert. L'ombre d'un pont qui se profile derrière les platanes centenaires. Le clapotis de l'eau, rassurant, doux chant de la Seine, qui n'est interrompu de temps à autre que par le brouhaha de touristes insomniaques, déambulant dans des vaporettos version Venise française.
" (...) Ils passent sous le pont, avant de remonter sur les quais. Ce dernier les enveloppe soudain de l’ombre de son arche de pierre. L’ombre de la dernière chance, à l’abri des regards, à l’abri du monde, à l’abri d’eux-mêmes. (...) " (L'Autre Mer, Perwann Maren)
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L'autre Paris, c'est celui des bateliers, des bouquinistes le long des quais et des amoureux en mal de solitude dans une ville grouillante à toute heure du jour et de la nuit. Et les quais le long de la Seine représentent ainsi un refuge inespéré pour tous ceux en quête d'un havre de paix, de calme et d'intimité.
Qui dit "quai", dit "Jean Gabin et Michèle Morgan" dans un film culte. Même si son scénario a lieu au port du Havre et non à Paris,"Quai des Brumes" est d'abord une belle histoire ou se mèlent voyages lointains et amours passionnels. D'accord, seules certaines générations de mes lecteurs s'en souviendront et la plupart des autres trouveront cette référence un peu, voire très ringarde... ("T'as d'beaux yeux, tu sais..."). Mais peu importe. Paris fut, et reste néanmoins considérée comme la ville romantique par excellence, et donc celle du coeur. Enfin, qui dit quai, dit pont... Avez-vous déjà dormi sous un pont? Moi oui! Dans ma prime jeunesse, une nuit chaude d'été en France, au grand dam de mes parents. Une aventure plaisante lorsqu'elle ne dure qu'une nuit, mais beaucoup moins poétique lorsqu'il s'agit là d'un mode de vie forcé, surtout en plein hiver. Les ponts de Paris, ont ainsi souvent été le refuge de personnes sans domicile fixe ou en situation de précarité. Heureusement, de nombreux abris ont été affrétés ces dernières années par la ville de Paris pour les accueillir, notamment une association nommée "Péniche Accueil" - dans une péniche transformée en lieu d'hébergement. Plus d'informations à ce propos via le lien http://www.peniche-accueil.fr. Une belle initiative.
Bouquinistes de Mille Sabords
Enfin, Paris, c'est aussi le paradis des amoureux des belles lettres et des vieux bouquins. Quoi de plus charmant que de flâner un dimanche matin sur les quai, à farfouiller dans les échoppes des bouquinistes pour y trouver le livre rare ou insolite. J'y ai découvert nombre de librairies nautiques et de voyages, auxquelles je ne manque jamais de rendre visite à chacun de mes passages dans la capitale française. Que ce soit près de la place de l'Etoile, à Argentine, St Germain des Prés ou encore au Canal Saint Martin, pas de souci: à Paris, vous trouverez votre bonheur si vous êtes en quête d'un bon ouvrage maritime. Et puis, pourquoi ne pas ensuite vous installer confortablement dans un sympathique petit établissement (bar à vin, crêperie bretonne, bar écailler... ) pour y lire votre nouvelle acquisition littéraire tout à votre aise? Le plan vous tente?
© Photos - Rêves de Marins
Les Artisans de l'Eau
Poursuivons par quelques oeuvres découvertes à Orsay, qui ne laissent aucun doute sur l'attirance certaine que l'eau, la mer et les navires ont eu sur les peintres, petits et grands, de tous temps. Paris, au fil de l'eau... Et si le jeu vous distrait, je vous mets au défi d'en identifier les artistes...
© Photos - Rêves de Marins
La Seine vue du Ciel
En outre, je vous recommande un très bel ouvrage de Yann Arthus-Bertrand intitulé "Paris vu du Ciel", pour explorer la ville sous un autre angle encore. Photographe, reporter émérite et fervent défenseur de notre planète. A découvrir sans modération.
© Photos - Yann-Arthus Bertrand
Alors, lors de votre prochain séjour dans la Ville Lumière... Peut-être prendrez-vous l'occasion de visiter "L'Autre Paris" de ce billet, si ce n'est déjà fait?
Un excellent dimanche à tous!
Quartier Général d'un de mes clients, proche de la Gare du Nord. Un de ces matins frénétiques avant mon animation d'un séminaire important. Quelques derniers détails à régler avant que les participants n'arrivent dans la salle. Soudain, une rumeur au bureau. Puis une autre. Et ensuite les bruits de couloirs se précisent... Mon client me demande alors de déplacer le séminaire pour la journée en dehors de la ville pour des raisons de sécurité. On croit à un canular. Suit alors une confirmation via les medias, internet et d'autres collègues. Et la panique monte insidieusement en moi... Mon coeur bat la chamade. Mon Dieu, pourvu que... Et si il y...
Un matin que je n'oublierai plus... Et pourtant, ceux que j'aime et leurs proches ont été épargnés. Ils ont eu de la chance. Je fais partie des bienheureux... Ce matin-là, je suis certaine que des milliers d'entre vous avez vécu ces mêmes angoisses, ces mêmes moments de supplice lorsqu'on tente de contacter ceux qui comptent pour nous sans parvenir à les joindre immédiatement. Et ce doute affreux qu'il leur soit arrivé malheur, qu'ils fassent soudain partie des statistiques.
Un article un peu plus éloigné de la mer aujourd'hui. Et en hommage à la ville ainsi que tous ceux et celles que les événements du 22 mars 2016 y ont marqué à jamais...
Certains l'adorent pour son charme, la saveur de son dialecte et son côté international. D'autres la détestent pour ses files, sa politique décousue ou son incohérence. Cependant, on y est rarement indifférent... Alors, une fois n'est pas coutume, laissez-moi vous emmenez pour un bref voyage dans le monde des "ketjes", "plattekeis", "kweebus "et autres savoureux "scrogneugneux" de la capitale belge et européenne. Bruxelles, ma Belle, ma ville d'adoption.
Les événements tragiques de Paris de novembre 2015, puis Bruxelles de mars 2016, m'ont rapprochée encore plus de ces deux métropoles où j'ai passé une partie de ma vie et qui font vibrer mon âme.
Ne vous méprenez pas sur mes propos: originaire de la région située entre la Cité Ardente (Liège), la Cité de la Laine (Verviers) et les Hautes Fagnes belges, mes contrées d'origine demeurent toujours dans mon coeur et lorsque j'y retourne, j'y retrouve avec plaisir les souvenirs d'enfance et les endroits qui enchantent ma mémoire. Cependant, je me considère un peu plus bruxelloise que principautaire, y ayant vécu durant mes études ainsi que la plus grande partie de ma vie d'adulte.
Certains ont décidé de quitter la capitale après les événements du 22 mars dernier. Par crainte d'un nouvelle catastrophe et par protection de leurs proches. Par dégoût d'un endroit soi-disant incapable de garantir la sécurité de ses habitants. Ou encore par déception de politiques locaux, manifestement quelque peu impuissants à mettre en place une gestion cohérente et efficace d'une capitale européenne. Et si quelque part, je peux comprendre leur réaction, je ne partage par contre pas leurs inhibitions. Je continue à croire que Bruxelles reste un endroit où il fait bon vivre. Même si des changements fondamentaux de gestion seraient plus que les bienvenus. Et je refuse de céder au chantage de menaces. Bruxelles reste ma ville et je compte bien continuer à y déambuler librement.
Je ne vous décrirai point ici le Bruxelles des touristes ni ses plus belles attractions. Les guides le feront mieux que moi. Non, ce que je voudrais partager ici, c'est bien le Bruxelles des Bruxellois, celui de ceux qui y habitent ou y travaillent tous les jours. Le Bruxelles tel que je le vis. Quelques images qui ont attiré mon oeil en m'y rendant. Et ce qui me charme tant dans cet endroit central de notre petit pays.
Bruxelles Immobilité
Bien entendu, il s'agit d'une grande ville. Avec son trafic, son prix, sa pollution, son engorgement et tous ses autres gros défauts. Le métro y fait pâle figure comparé à l'efficacité de celui de Paris, Londres ou New York. Les réfections urbaines y sont dignes d'une bande dessinée de Gaston Lagaffe. Le nombre de vélos a simplement explosé les dernières années, y compris dans les deux artères principales d'entrée et de sortie de la ville. Imaginez-vous pédaler sur une avenue à cinq bandes au milieu des voitures... Ne pas oublier son masque à gaz... Mais si vos activités professionnelles sont relativement nomades avec souvent du matériel à transporter, comme les miennes, oubliez le vélo ou les transports en commun... Entre les grêves ou les retards des transports en commun, les manifestations, les déviations pour travaux, les sens uniques qui poussent comme des champignons (et qui changent de sens du jour au lendemain) et les rues en réfection, trouver son chemin relève parfois de l'exploit de Thésée pour sortir du labyrinthe du Minotaure, mais sans l'aide d'Ariane cette-fois.
Cela dit, avec une bonne cartographie de la ville en tête, de la patience, de la créativité et une bonne dose d'humour, la cité finit toujours par livrer ses secrets et me mener à bon port (même si elle m'arrache de temps à autres quelques bonnes injures - en "brusseleer" bien entendu! ).
Muggezifter
Son caractère international indéniable fait justement partie de ces raisons qui me fait tant aimer cette cité. Elle possède la diversité d'une capitale du monde, sans (trop de) ses désavantages, avec un niveau de qualité de vie raisonnable comparé à d'autres métropoles. Bon d'accord, pour une ville internationale, on pourrait franchement y parler un peu plus de langues (à commencer par toutes les langues nationales) dans tous les magasins et administrations. "M'enfin... (dirait Gaston).
Et surtout... Un passé et une culture savoureuse. Quel bonheur de se promener dans les Marolles ou de goûter au plaisir d'une soirée chez Toone. De goûter un bon petit vin blanc frais ou une bière blanche au citron sur une terrasse au soleil dans une des ruelles pittoresques du vieux centre. Ou encore de déguster un vrai stoemp dans la cave d'un restaurant des venelles de la Grand'Place. Un véritable trésor de petites auberges et cafés bien sympathiques. Mais, ce qui me charme le plus, c'est d'entendre encore parler le vrai Bruxellois, patois délicieux au carrefour des langues du Nord et du Sud de mon pays. Un franc parler dont je ne me lasse guère. En Bruxellois, même les injures semblent douces: "Architect", "Façadeklacher", "Schieve Lavabo", "Pottezoeïper", "Curieuzeneuzemosterpot", "Rollmops", "Triene zeur", "Employé van 't gestfabriek" et j'en passe... Vous manquez d'inspiration? Jetez donc un coup d'oeil au "diksionnaire" suivant: http://www.humoeurs-bruxelloises-brussels-zwanze.com/diskionnaire-des-insultes-bruxelloises.html.
Capharnaüm Architectural
Pour découvrir les belles demeures, il suffit de lever la tête. Au détour d'une rue, vous trouverez bien toujours un petit joyau d'architecture, que ce soit d'Art Nouveau, de ferronneries ou même de vielles maisons en pierre d'époque. Mais, cela demande un oeil de lynx ainsi qu'un effort certain. La politique d'urbanisme (ou le manque de) de dix-neuf communes sans réelle vision partagée, a laissé s'implanter des buildings modernes de toutes tailles, styles, couleurs, formes et esthétiques, entre les bijoux architecturaux de la métropole. Ce qui donne à la ville un aspect de patchwork assez déroutant. Mais ne vous laissez pas décourager. Prenez donc le temps de vous promener à travers les artères, chaussées et ruelles. N'hésitez pas à garder le nez en l'air et de regarder au-delà du premier étage des devantures de magasins ou de maisons à l'apparence quelconque au premier abord.
© Photos - Rêves de marins
Patchwork Culturel
Bruxelles, c'est aussi un méli-mélo de cultures, de nationalités, de croyances, d'origines... Et ce melting pot-là sent bon! Une richesse incroyable de par les quatres coins du monde qu'elle réunit sur un tout petit espace (1 million d'habitants, avouons, n'est pas grand'chose à l'échelle de l'univers...). On vous décriera Matongé, Molenbeek et autres quartiers colorés. Mais en réalité, cette palette-là du peintre rend le tableau bruxellois encore plus magnifique et lui donne toute sa véritable valeur.
La Mer à Bruxelles
Hé oui, vous vous en doutiez... Je ne pouvais pas y couper. Hé oui, j'ai même trouvé la mer et des bateaux à Bruxelles!
Du Canal de Bruxelles (le long duquel j'ai la chance d'avoir actuellement un client), en passant par les étangs du Bois de la Cambre, Mellaerts ou encore de la place St Catherine... Il y a bien des navires dans la ville. Il existe d'ailleurs quelques festivals de la Mer et de la voile en pleine ville. Notamment, les Voiles des Etangs Mellaerts (ce 26 mars 2017), les Journées Bruxelloises de l'Eau, ou encore un ballet de voiliers en bois aux Quais aux Briques... Sans parler des quelques clubs nautiques réputés de la capitale. De quoi vous mettre du vent dans les voiles!
© Photos - Rêves de marins
D'ailleurs, en mai 2016, le port de Bruxelles a organisé une fête à l'occasion de laquelle quelques voiliers historiques (le Marjorie II, le Galant et l'Iris), ont fait leur entrée dans le port bruxellois. Ici-après, quelques images de cette visite hors du commun.
© Photos - Olivier Polet (http://photographe-polet.com)
Choux de Bruxelles
Enfin, Bruxelles, quoi qu'on en dise, compte pour moi quelques charmants quartiers aux allures de village (le vieux Boisfort, la ferme du Laerbeek ou encore le Moulin de Woluwé par exemple), ainsi que de nombreux espaces verts et me donne le sentiment de ne pas être dans une zone urbaine, mais relativement nature. Je cultive d'ailleurs un souvenir impérissable de mes sessions de blocus pour les examens universitaires sur le gazon du bois de la Cambre (si, si, très bon pour l'inspiration et les coups de soleil! ), des ballades dans la réserve du Laerbeek ou des parties de traîneau dans un de ses parcs vallonnés (non, Bruxelles est loin d'être plat! Tous les cyclistes vous le diront. ).
Alors, si ce billet ne vous a pas fait changer d'avis concernant Bruxelles, peut-être aura-t-il du moins le mérite de vous l'avoir fait découvrir sous un autre jour. Alors, à bon Brusseleûr, salut!
Souvenez-vous:Valery Vasilevskiy, un artiste russe que je vous ai déjà présenté dans un billet et une page précédentes (http://www.revesdemarins.com/cathedrales-des-mers.html). Hors pair en ce qui concerne les images de vieux grééments et de "Tall Ships". Un homme simple aussi, qui semble cultiver une profonde tendresse pour sa patrie et le lui rend bien à travers la pellicule.
En parcourant récemment quelques unes de ses dernières oeuvres, je suis tombée par hasard sur ces quelques photographies d'une maison au nom évocateur "Цaйka ". Et voilà le résultat: un billet-ode à un pays que je rêve encore de découvrir.
Photos © Valery Vasilevskiy
Loin de moi l'idée de vous étaler ici une description touristique de cette région. Mon but dans ce billet est simplement de partager avec vous ce qui aiguise ma curiosité pour cette région du globe.
Dans un billet précédent, je vous ai révélé que ma prime jeunesse a été charmée de berceuses russes, d'encens, de loukoums, d'icônes dorées de l'église orthodoxe et de prénoms tels que Petya ou Piotr. Le père de ma gardienne étant à l'époque diacre à l'église orthodoxe russe et un babysitter formidable pour une petite fille qui adorait les histoires et les contes de princes des steppes. Et pourtant, plus de quarante cinq ans plus tard, je n'ai toujours pas encore foulé le sol russe. Un manquement dans mon patrimoine culturel.
Coupoles dorées et parvis enneigés
Photos © Valery Vasilevskiy
Isbas et déserts de glace
Une nation souvent décriée politiquement et bien davantage encore dans l'actualité d'aujourd'hui. Probablement avec raison. Mais, je ne souhaite point faire de polémique ici. Ce que je vois dans cette nation, c'est surtout le berceau de grands auteurs ou artistes, des paysages époustouflants, des immensités sauvages dans un climat défiant l'imagination. Des contrées qui m'intriguent, par leur vastitude, leur diversité et, hé oui, je suis incorrigible... , aussi leur froideur (je me sens décidément Fille du Nord... ).
Ce ne sont pas les villes, mais bien la nature et les endroits les plus reculés aux confins du pays qui m'attirent. Ces contrées où le présent semble avoir été figé dans le passé par le froid. Et où les choses et les gens me transportent soudain quelques siècles plus tôt. Pas que le présent ne m'intéresse guère. Juste le fait que je reste une indécrottable sentimentale et que ces vieilles images me parlent plus que celles de la réalité moderne. Je ne peux m'empêcher de m'imaginer dans une de ces Isbas de bois traditionnelles, colorées et enchanteresses, au feu de bois brûlant en permanence, agrémentées de couvertures de laine brodées, au beau milieu de steppes enneigées et de forêts pétrifiées par le gel. Tout cela au son mélodieux d'une balalaïka mélancolique. Qui de nous n'a jamais rêvé de se retrouver dans le décor féérique de Docteur Jivago? Une nature impitoyable, des étendues vierges et des paysages inhabités à perte de vue.
Photos © Valery Vasilevskiy
Tradition navale
Sans oublier qu'il s'agit là d'un pays amoureux des bateaux. Je ne vous parle ici pas même de sous-marins nucléaires ou artilleurs, mais bien de tradition navale et voiliers légendaires qui font la fierté de leurs équipages. Surtout lorsque l'on réalise dans quelles mers glaciales et dantesques ils ont l'habitude d'évoluer. Et un nom mythique: le Sedov...
Photos © Valery Vasilevskiy
Wind of Change
"Au royaume de l'espoir, il n'y a pas d'hiver." (Proverbe russe)
Une tradition littéraire de grands auteurs tels que Pouchkine, Gogol, Dostoïevski, Tourgueniev, Tolstoï ou encore Tchekhov. Sans compter les compositeurs traditionnels ou de renom qui me charment tant tels que Tchaïkoswki, Rimski-Korsakov, Khatchatourian, Rachmaninov ou encore Prokofiev. Connaissez-vous d'ailleurs Maxim (Alexandrovich) Vengerov ? Un musicien prodige contemporain . Le meilleur violoniste de notre temps à mon sens, alliant sensibilité, justesse et virtuosité. A découvrir sans modération, dont je vous offre ici quelques extraits.
Et pour ceux que la musique classique ne tente toujours pas, quelques versions un peu plus modernes en hommage à la culture de l'ancien Royaume de Pierre Le Grand.
Je terminerai enfin ce billet par quelques vers d'une amie russe poète dont j'espère qu'elle ne m'en voudra pas de la citer avec une traduction très libre.
Et les goélands dans tout cela, me direz-vous??? Ces magnifiques oiseaux de mer valent bien que l'on passe un peu de temps à conter leur histoire en particulier... Alors, suite de ce récit au prochain billet...
Tout d'abord, les escaliers constituent un attribut primordial dans un navire... Impossible de descendre se mettre au sec dans le carré ou de remonter à bord une fois dans l'eau sans l'aide d'une petite échelle au moins ou de quelques marches pour l'atteindre. Ensuite, la forme des escaliers se révèle souvent un réel défi dans un voilier, non seulement pour les pieds (surtout si vous faites du 45 fillette), mais également pour la tête (port du heaume conseillé, ou du moins d'une casquette, pour protéger votre cher petit crâne (surtout si les cheveux le boudent). Hé oui, les constructeurs de voiliers aiment faire faire de la gymnastique aux marins en plaçant les escaliers juste devant une ouverture de porte idéale pour des nains ou des gnômes. Non seulement il vous faudra regarder vos pieds, mais de surcroît baisser carrément la tête pour ne pas vous prendre le chambranle en plein front.
Ensuite, les escaliers sont souvent placés à un endroit stratégique du navire: ils recèlent fréquemment le compartiment du moteur (juste un peu délicat lorsqu'on chipote dans le cambouis et qu'un équipier doit précipitamment se rendre dans le carré.). Et pour couronner le tout, puisqu'ils sont exposés aux éléments liquides (vagues, paquets de mer, pluie, neige...), ils sont par nature: glissants! Alors, bonjour les dégâts lorsque vous avez une envie pressante de rejoindre votre cabine.
© Photos - Rêvesdemarins
Sans compter les escaliers de mâts: les "enfléchures", qui permettent de monter dans les mâts et d'atteindre les différentes hauteurs de vergues (petits mâts horizontaux auxquels sont ferlées les voiles) sur les vieux gréements (trois-mâts ou plus).
Là, on ne parle plus de grimper une rangée d'escaliers mais plutôt d'acrobatie et d'alpinisme lorsque l'on sait que certains mâts pouvaient atteindre plus de cent mètres de hauteur (tout cela en mer et dans la houle...)..
D'autres escaliers qui me charment sont aussi ceux de ces fiers brises-lames, qui mènent jusqu'aux limites de la terre ferme, juste avant que les vagues ne dévorent leurs pierres aux couleurs d'algues. Ces quelques marches qui me font rêver un instant que je me suis transformée en sirène, au bord de l'immensité d'écume, dans l'attente d'un navire.
© Photos - Rêvesdemarins
Certains escaliers, surtout ceux en colimaçon, me donnent une sensation de mener à l'infini, un chemin vers le Ciel et les Nuages. Une route vers l'absolu et l'éternel. Les bâtisseurs de phares et de cathédrales l'ont d'ailleurs somptueusement reflété dans leur art de la construction. Je pense aux phares de la Coubre, de la Baleine (La Rochelle) ou du Grand Charpentier (St Nazaire), par exemple. Sans, bien entendu oublier la merveille de la surprenante Sagrada Familia d'Antonio Gaudi à Barcelone. A vous en donner le tournis.
© Photos - Wikipedia
Puis, dans ma famille, les escaliers ont toujours été l'endroit privilégié pour capter une petite tranche de vie, un joli morceau du temps qui passe. Et cela depuis quelques générations. Et les belles traditions ne se perdent pas.
© Photos - Rêvesdemarins
" J'ai connu une femme. Je ne parle pas sa langue. Elle ne parle pas la mienne. Mais tout en haut de l'escalier, elle m'attend. Un jour, je reviendrai frapper à sa porte pour lui dire que notre bateau s'apprête à partir... " (Amin Maalouf)
Alors, la prochaine fois que vous emprunterez des escaliers, peut-être penserez-vous à moi et à ce petit billet insolite!
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August 2023
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