Lectori Salutem !
Comme tous les chemins mènent à Rome, la route de la cité antique s'est avérée relativement aisée à trouver par les millions de pèlerins et de touristes qui la parcourent chaque jour. L’affluence des visiteurs n'a cessé d'y croître depuis des siècles. Et je n'ai fait que confirmer cet adage en y passant moi-même quelques jours le WE dernier. Je vous emmène donc aujourd'hui faire un petit tour dans ce que beaucoup (à commencer par les Romains eux-mêmes) appellent "la plus belle ville du monde".
Mais comme d'habitude, d'abord un tout petit peu d'histoire pour débuter ce billet.
Selon l'historien Tite-Live, Rome, une des plus anciennes cités d'Europe, aurait été fondée en 753 av. JC par Romulus. Vous connaissez sans doute la légende de la louve (ou plus probablement "Lupa", la femme d'un berger) qui recueilla deux jeunes jumeaux: Romulus et Remus, fils de Mars, abandonnés à une mort certaine dans la nature. Un village se serait alors implanté sur le Palatin et les Romains s'uniront aux Sabins jusqu'à ce qu'il soit pris par les Etrusques. C'est sous la domination de ces derniers que Rome deviendra alors une véritable ville. La cité latine se rebellera ensuite pour se muer en République. S'y succèderont ensuite divers rois, empereurs et consuls, dont quelques règnes seront plus tard qualifiés de dictatures. Ce sera notamment le cas du règne d'un certain... Jules... vers 45 av. JC. Le christianisme y fera son apparition, faisant de Rome le foyer principal de la nouvelle religion. Après un déclin durant le Moyen-Âge, la cité reprendra son éclat au XVe siècle à travers l'avènement de la Renaissance, jusqu'à ce qu'elle devienne en 1870 la capitale d'une nation tout juste unifiée : l'Italie.
Histoire de Plumes
Rome semble étrangement liée à une histoire de plumes...
Primo, comment ne pas oublier que, selon la légende, la ville fut autrefois sauvée par l'intervention sonore de nobles volatiles : les Oies du Capitole, avertissant ainsi les habitants réfugiés dans l'ancienne citadelle du Capitole, d'une invasion gauloise.
Secundo, vous vous souviendrez sans doute que les milices romaines arboraient souvent une "aigrette" (qui vient du mot "aigron", ou "héron") sur leurs casques rutilants. Bien entendu, cet appendice de plumes n'était réservé qu'aux militaires d'un certain rang (généraux, commandants, officiers supérieurs et certains centurions).
© Photos - www. Asterix.com
Tertio, un noble oiseau représentait autrefois le symbole de la cité antique : l'aigle ("aquila" en latin). Il reflétait la force, la puissance et la majesté. Il se retrouvait sur toutes les bannières des légions et des troupes militaires. D'une seule, il passa à deux têtes pour figurer la domination de l'Empire sur les territoires de l'Ouest et de l'Est. Bien des siècles plus tard, d'autres monarques reprirent d'ailleurs ce symbole de puissance, telle que Charlemagne, Napoléon 1er, ou encore des nations telles que l'Autriche, la Prusse, la Pologne, l'Allemagne, la Russie ou encore les Etats-Unis d'Amérique.
Quarto, et enfin, l' aigle impérial romain semble avoir aujourd'hui été détrôné par un autre royal volatile. Ce dernier étant originaire de la mer, à savoir... hé oui : la mouette ! Toutes les Mouettes Mènent à Rome...
En lieu et place de légionnaires, c'est bien de cohortes de volatiles marins que la cité millénaire s'est vue assaillie depuis ces dernières années. Manifestement, nos pêcheurs à plumes apprécient les belles et bonne choses (surtout là où les touristes sont... légion). La fameuse phrase de Jules César (dans son rapport au Sénat romain après sa victoire rapide à Zéla, Asie Mineure, sur Pharnace II, roi de Pontelimon en -47), pourrait donc se transformer quelque peu aujourd'hui...
"Volavi, Vidi, Vici... " (J'ai volé, j'ai vu, j'ai vaincu... )
Nos amis Yves et Yvette, rencontrés au Mont Saint Michel (voir le billet "Au Gré des Marées" , Sept 2016), auraient-ils donc décidé d'hiverner cette année et de gagner le Sud pour se réchauffer au soleil romain ? Qui sait, existe t-il une compagnie low cost aviaire faisant la publicité pour la ville de César. En tout cas, nos mouettes ont rassemblé leurs troupes. Je les ai ainsi rencontrées un peu partout, à commencer par les passages stratégiques et historiques de la capitale italienne. Jetons donc un coup d'oeil à quelques endroits qui me plaisent particulièrement à Rome.
Pas de Poules Mouillées au Colisée
Impossible de vous balader dans la ville sans passer par l'imposante bâtisse aux deux-cent dix arcades, le symbole de la Rome antique. Un méga théâtre de plein air pouvant accueillir plus de 70.000 spectateurs. A peu près l'équivalent du stade de France à Paris. Plus de six millions de visiteurs par an ! Avis aux âmes en mal de compagnie, vous ne vous y sentirez jamais seul ! Un stade autrefois protégé du soleil et des intempéries par une bâche tendue au-dessus des gradins, le "Velum". Un système de voiles ingénieux et surtout tellement complexe qu'il était à l'époque manoeuvré par ... des marins ! Hé oui ! Et devinez comment se nommaient les gradins supérieurs (l'endroit où se tenait le petit peuple) ? ... "Le Poulailler"... Nous voici revenus à nos histoires de plumes !
© Photos - Revesdemarins
Les jeux, spectacles et combats de gladiateurs s'y sont succédés avec les souverains. Et pas de poules mouillées dans l'arène ! Le film "Gladiator" plaira certainement aux amateurs de drames historiques (à condition de ne pas avoir peur du sang et des tripes ). Le décor romancé vous replongera dans l'ambiance de la Rome de l'empereur Commode. Musique de film excellente par Hans Zimmer. Acteur principal de charme pour les lectrices qui aiment les taiseux aux gros muscles et au grand coeur (Russell Crowe).
A propos de poules mouillées... Les fameuses reconstitutions de batailles navales narrées par l'historien Dion Cassius (vers 200 après J.C. ) sembleraient ne jamais avoir eu lieu au Colisée (ce qui aurait noyé toutes les galeries du centre de la bâtisse servant à amener les acteurs des jeux, hommes ou bêtes). Les spécialistes pensent aujourd'hui que ce genre de spectacle aurait plus vraisemblablement eu lieu dans la Naumachie d'Auguste, une arène aquatique située dans le Trastevere, sur la rive opposée du Tibre, alimentée par un aqueduc. Encore une merveille de la fabuleuse ingéniérie romaine de l'époque.
Domaine des Dieux
Le Forum Romain, le coeur politique, commercial et judiciaire de la cité républicaine. Temples, basiliques, arcs, colonnes et marchés s'y serrent sur un espace en plein centre de la ville, juste en contre-bas du Palatin, origine de la cité. Il comprend notamment le Temple de Romulus, qui sert de vestibule au premier édifice païen transformé en sanctuaire : l'Eglise de Saint Cosme et Damien, aux fabuleuses mosaïques.
Sans oublier, un peu plus au Nord-Ouest dans la ville citadine, le Panthéon, un des plus grands édifices de l'architecture européenne et temple de tous les dieux. Un des symboles de la Ville Eternelle. Temple antique transformé en église, au splendide chapiteau et inscriptions latines. Seule source d'éclairage de la bâtisse : un oculus, au faîte du dôme, qui donne une atmostphère très particulière à ce sanctuaire renfermant les tombeaux de nombreux rois d'Italie et d'artistes tels que Raphaël. Un retour dans le temps, à travers les plus anciennes rues pavées de Rome. Je ne m'en lasse pas.
© Photos - Revesdemarins
Ville aux Mille Volets
Ce qui me frappe toujours à chacun de mes séjours dans la cité romaine, c'est sa chaleur : que ce soit à travers la couleur de ses maisons aux volets lamellés de bois, l'animation de ses rues, la splendeur de ses bâtisses ou encore l'accueil convivial de ses habitants (à deux ou quatres pattes ! ). Partout où l'on regarde, l'histoire est présente, sans jamais rien enlever au charme de sa beauté simple. J'adore. Il me reste encore tellement d'endroits à y découvrir (à commencer, bien évidemment, par son port antique : Ostie). Il va falloir prévoir une prochaine visite !
© Photos - Revesdemarins
Non Canimus Surdis (Rien n'estsourd à nos chants)
Enfin, qui dit Rome antique, dit Latin. Et j'avoue être totalement ignare à ce sujet ayant boudé les gréco-latines pour un autre choix d'études. Mais, la langue m'attire et les inscriptions dont la cité romaine grouille à chaque coin de rue m'interpellent toujours. Voici donc l'occasion de vous faire découvrir un groupe actuel de choeurs féminins qui chantent dans une langue imaginaire aux consonances latines : Adiemus, Karl Jenkins (notamment un des thèmes du film "Avatar"). Le résultat est, à mon sens, pas mal réussi.
Alors, revenons à nos mou... ettes !
Nos petites mouettes romaines ne sont que le reflet du changement sociétal en train de s'opérer : là où va l'homme, suit la mouette car ce dernier est synonyme de nourriture aisée à obtenir. Et Rome n'échappe malheureusement pas au déferlement de plus en plus intense des visiteurs, qu'ils soient pèlerins ou touristes. Mais, je vous parlerai de ce phénomène sociétal et de la globalisation dans un billet ultérieur. Histoire de ne pas faire de ce billet tout un roma(i)n !
Sur ces réflexions, si vous vous rendez à Rome, faites comme les Romains et n'hésitez pas à découvrir aussi les endroits moins courus de la ville. Vous ne serez pas déçus.
Auguro a tutti una bella Domenica !
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AuteurArchives
August 2023
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