Et si nous nous en faisions un petit dernier avant la fin de l'année ? Et un dernier billet de l’année sans rétrospective ne serait pas un billet digne de ce nom. Alors, c’est parti. Et si les Chinois ne l’ont pas considéré digne de faire partie de leur calendrier astrologique, en y réfléchissant un peu, l’animal qui me semble avoir représenté le plus fidèlement cette année pour moi n’est autre que... le Roi des Animaux en personne.
J’ai Mangé du Lion
Pour changer un peu, 2018 a été une année bien remplie, dévorée à pleines dents.
© Photos - Rêvesdemarins
Cela navigue les Lions ?
Et la voile dans tout cela ?!? Me direz-vous...
Peu de voile en termes de fréquence en 2018. Pas de nav en Mer du Nord. Juste des réunions à la côte belge. Pas encore le temps matériel non plus pour étudier ni passer mes examens de Yachtman comme j'en avais fais le voeu au départ. Mais tout de même la réalisation de quelques mémorables projets marins :
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La Part du Lion (de mer... )
Cependant, la part du lion (de mer... ) de cette année revient à la découverte d'un continent à demi-englouti qui m'a complètement ensorcelée : les Açores. Une région où je rêve de retourner, n'en ayant exploré qu'une infime partie. Un voyage au centre de la mer, au centre de moi-même aussi... Avec un coeur de lionceau...
Un coeur de lionceau parce qu'il y a encore beaucoup de choses à apprendre dans la savane marine. Qu'on y est dépendant des éléments et de la nature et que mon premier essai de demi-Transtlantique à la voile a été contrecarré par un estomac et surtout une météo capricieuse obligeant tout l'équipage à faire halte et reporter la traversée. Un coeur de lionceau parce que je n'ai pas voulu rester sur une note triste et que j'ai pris l'occasion au bond lorsqu'elle s'est présentée de repartir faire un nouvel essai, le coeur serré, quelques mois plus tard dans de meilleures conditions, avec succès cette fois. Et la satisfaction d'avoir grandi un peu (juste au figuré... ) sous la protection de la horde des autres lions de mer. Un coeur de lionceau, parce que ce genre d'expérience nous montre notre vraie nature, nos limites mais également nos ressources insoupçonnées.
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Quoi de neuf pour l’an dix-neuf ?
D'abord, revoir et passer un peu plus de temps de qualité avec ceux qui me sont chers. Reprendre les dialogues interrompus, en recréer là où ils se sont perdus. Ces amis ou membres de la famille que nos vies m’empêchent de voir à ma guise que ce soit aux quatre coins du monde ou tout simplement à quelques kilomètres de chez moi. A commencer par un WE à Prague avec ma chère filleule. Et une visite à mon filleul Viking à coup sûr ! Une escapade en visite chez des amis de longue date : qu'elle soit bulgare à la Mer Noire, écossaise dans les Highlands en bordure de Skye, normande au Crotoy ou pyrénéenne à Carcassonne ? Une visite à Vienne, au château de Reinhardstein, aux Grandes Marées à St Malo ? Et pourquoi pas enfin une navigation à la voile un peu plus au Nord... ? Qui sait également, l'édition d’un livre de contes pour enfants à illustrer par un ami artiste ? Des reportages pour l'ébauche d'un nouvel article journalistique, à Venise avant qu'elle ne soit submergée par le tourisme de masse et à Paris pour découvrir les collections de cartes marines de la BNF ? La wishlist est longue.
2019 continuera en tout cas sur sa lancée avec au moins un train-train qui en rythmera les mois : mon autre job à l'hôpital, tellement bénéfique pour mon équilibre moral (et physique), le journalisme chez Yachting Sud, la musique et le blog du dimanche... Et puis, de la voile, s'il vous plaît... De la belle voile... Tant que possible. Peu de voyages ou navigations planifiés encore, mais il ne s'agit que d'une question de temps. Sans oublier de laisser quelques plages de libres pour un peu de travail pour ce nouveau client et ses projets passionnants vers une énergie plus verte...
Sous Quel Signe Sera 2019 ?
De quel animal sera donc votre année 2019 ?
Je la souhaite du dauphin, de la baleine ou du poisson volant aux marins avec des navigations fabuleuses ! Du condor, du lama ou du Yéti aux fans de grimpette et grands espaces. Ou encore du mouton ou du chat pour les amoureux d’une année paisible et douillette. Quant à moi, il y a quelques chances que 2019 devienne peut-être l’Année de l’Ours... En vue d'un voyage un peu particulier prévu début d'été, histoire de célébrer mon demi-siècle de manière originale (merci Z, I cannot wait to go ! ). Un périple pour lequel j’ai reçu ce Noël un présent tout aussi particulier (un bonnet extra chaud, une écharpe et des gants thermiques, cadeau logique pour partir en plein été, non ? ! ). Mais, patience... Je vous en dévoilerai plus dans quelques mois.
Je terminerai sur une note canaille avec ces quelques animaux bien repus (message subliminal pour les festoyeurs invétérés de cette période de fin d'année).
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Dimanche passé, je vous dévoilais quelques sources d’inspiration de ce blog. Ce WE, je vous propose un récit inspiré d’une série TV belge de ma jeunesse, lui-même illustrant un roman de Nelly Kristink, dont certains se souviendront peut-être.
Les traditions ayant la cote dans ma famille. Et le 25 décembre approchant à grands pas, alors c’est parti pour un petit Conte de Noël. Et puis tout le monde sait que les contes, c’est aussi écrit pour les grands :-).
Et pour se faire, je vous emmène aujourd’hui dans mon cher pays des Hautes Fagnes... Et plus précisément à Ovifat, près de Waimes (Robertville) sur la route de l’Allemagne. Un endroit en pleine nature, où se dresse un château médiéval aux allures quelque peu germaniques, qui me fascinait dans mon enfance et où la petite fille que j’étais rêvait en secret de se marier un jour à la lueur de cierges et flambeaux, avec un prince charmant dans la minuscule chapelle vieille de sept siècles aux bancs de bois. Depuis lors, le château a été rénové; j’ai grandi (juste un peu...); et les armoiries de mon prince charmant sont finalement devenues des ancres et vagues en lieu d’estocs et sapins, bien loin du pays de Renastène (nom wallon pour « Reinhardstein »), que j’aime à nommer comme le pays des Renards des Fagnes. Cependant, l’endroit n’a jamais cessé de titiller mon imagination.
La neige tombe à gros flocons sur la forêt. La bise chante dans les branches chauves et les aiguilles des sapins scintillent sous leur costume de givre. Le manteau blanc qui recouvre les collines et la glace ont étouffé les derniers murmures de la Warche, le ruisseau tout proche qui coule dans la vallée. Bien tapis au chaud au fond de son terrier, Kila se repose sur un lit de feuilles blotti près de sa fratrie. Leurs pelages roux et argentés se soulèvent doucement au rythme synchronisé de leurs respirations. À travers les branches de chênes centenaires, on peut apercevoir les tours du château de Reinhardstein et ses volets aux triangles colorés. Qu’il fait bon, bien à l’abri du vent glacial.
De la cheminée de pierre s’échappent d’odorantes effluves de la cuisine. Malgré la froidure et le vent, elles n’ont pas échappé aux petits goupils dont le terrier ne se trouve qu’à une centaine de mètres. Les alléchantes odeurs de viande viennent ainsi chatouiller leurs narines. Kila se relève. Il sort prudemment de la tanière. Il hume l’air hivernal. Il peut entendre des voix venant du château. Et ces parfums de délice... Il n’en faut pas plus pour attirer le renardeau vers la demeure des hommes.
© Photos - Armand Burguet
Kila se fraye un chemin à travers la neige. Très discrètement, il se glisse dans l’entrée. Le cuisinier vient de sortir prendre de la neige dans son grand chaudron de cuivre. Les deux mains prises, il laisse la porte entr’ouverte en rentrant dans la bâtisse. Kila en profite pour se faufiler à l’intérieur. Sur la longue table de chêne, des victuailles et des volailles fraîchement plumées. Il se cale dans un coin sombre en attendant que la voie se libère vers son butin. Après une longue attente, le cuisinier quitte enfin la pièce. Kila sort de sa cachette. Méticuleusement, il inspecte la pièce et s’empare d’une petite caille. Vite, il lui faut ressortir pour la ramener dans sa tanière et la partager avec sa famille. Les proies aisées sont rares durant cette saison dans la région.
Au moment de parvenir à la sortie, la porte s’entr’ouvre... Il est coincé, trop tard pour se dissimuler ! Il reste ainsi, pétrifié. De crainte, il laisse choir son butin de sa gueule. La silhouette féminine qui vient d’entrer reste un instant sur place, étonnée de la rencontre et l'observe d’un air empreint de curiosité. Ses yeux, cernés de longs cils, sont d'un gris profond, ses cheveux couleur de l'ambre. A son cou, une chaîne d'or à laquelle pend un menu anneau. Elle porte une robe de jade sertie de broderies argentées le long des manches. Le renardeau reste un moment subjugé par les prunelles humaines qui le fixent. Ils se dévorent longuement des yeux sans pouvoir détourner leurs regards respectifs. Un long frisson les parcourt de la tête aux pieds (et pattes... ). Puis son instinct reprend le dessus et Kila s'enfuit dans l'embrasure de la porte. Il rentre ventre à terre, et ventre vide... rejoindre les siens, un peu penaud de sa déconvenue. Mais la nuit venue, Kila ne trouve pas le sommeil. Non seulement parce que la faim lui tenaille le ventre, mais bien plus encore par cette rencontre avec cette créature à la chevelure de feu, qui lui ressemble quelque peu. Il se promet alors de la retrouver, ainsi que son repas.
Une fois remise de sa surprise, la jeune fille s'accroupit. Elle ramasse la volaille délaissée par le renard et la dépose dans une besace qu'elle emporte avec elle. Le lendemain matin, Aël se lève aux aurores, s'habille en toute hâte alors que toute la maisonnée dort encore et se rend dans la forêt, bien emmitouflée dans un manteau de laine. Elle a pensé à Kila toute la nuit et s'est promise de lui rapporter la pitance qu'il a laissé choir lors de leur rencontre. Cette petite boule de poils roux l'a attendrie et elle espère bien la retrouver. Elle marche toute la journée dans la forêt, sans succès. Pas de trace du renardeau. Alors, elle finit par déposer le contenu de sa sacoche dans un arbre creux. Qui sait, le renardeau la découvrira-t-elle... A la tombée de la nuit, Aël se décide à rebrousser chemin, dépitée de n'avoir pas retrouvé son ami. Elle a froid. Il fait sombre. Au loin, on entend des branches craquer. En réalité, Kila l'a suivie sans se faire remarquer. Il a débusqué la nourriture et ramenée à son terrier. Au moment de rentrer au château, la jeune fille aperçoit une silhouette à la longue queue touffue. Kila est là : il la regarde de ses grands yeux dorés. Elle croit percevoir un signe de sa tête, comme pour la remercier de lui avoir ramené son repas. Puis, il disparaît sous les branches gelées. Elle ne sait trop si elle a rêvé.
© Photos - Armand Burguet
Aël a décidé de rendre visite quotidiennement à son ami et de lui apporter de la nourriture. Elle revient donc à l'endroit où elle a vu Kila pour la dernière fois, et après quelques heures, il finit par apparaître. Au fur et à mesure de leurs rencontres, le renardeau semble moins farouche et finit par accepter de prendre les offrandes qu'elle lui fait, jusqu'à venir les chercher dans la main de la jeune châtelaine. Elle s'assied sur une pierre et parle à Kila. Il reste là, à distance, et la regarde de son air coquin et doux à la fois. Une amitié improbable s'installe entre les deux compères et grandit chaque jour un peu plus.
Mais, les années passent et la jeune femme atteint l'âge de se marier. Le comte de Waimes annonce un matin à sa fille qu'il a promis sa main à un noble gentilhomme aux coffres bien remplis et que leurs noces seront célébrées la semaine suivante, dans un royaume voisin. Une alliance avec sa famille sera parfaite pour étendre leur domaine et renforcer leur position. Elle doit donc préparer ses effets pour entamer le voyage vers sa future maisonnée. Aël est désespérée. Elle n'aime pas l'homme à qui elle est promise. Il pourrait être son père; il est très fortuné, il est vrai, mais c'est un homme dur et la chasse (au renard notamment) constitue son seul loisir. Et rien que pour cela, elle le déteste déjà sans même l'avoir jamais rencontré. En outre, quitter sa région lui perce le coeur. Mais, son père a parlé et ses ordres ne se discutent pas... Alors, le soir précédant ses noces, alors que le soleil vient de se coucher, elle s'enfuit rejoindre son gentil goupil. En larmes, elle lui raconte son malheur. "Je ne te verrai plus jamais, mon ami... Mon futur époux va m'emmener dans ses contrées pour toujours... Oh, que je suis malheureuse... Si seulement, je pouvais toujours vivre avec toi, ici, dans mes Fagnes adorées... Toi, au moins, tu me comprends et tu m'aimes à ta façon". Kila la regarde de ses grands yeux brillants. Son regard est triste. Il semble comprendre ce qu'elle lui raconte et partager son chagrin. Pour la première fois, il s'approche alors d'elle et vient se coucher à ses pieds. Aël tente un geste inattendu : elle retire la chaîne d'or qui orne sa poitrine et l'enroule très délicatement au cou de l'animal. "Nous resterons toujours ensemble, mon doux renardeau. Je ne t'oublierai jamais. Et qui sait, cet anneau te protègera-t-il des chasseurs. " Un peu effrayé du geste, Kila recule subrepticement d'abord, puis finit par se laisser caresser et glisser l'anneau doré autour du collet. Puis, comme toutes les autres fois, il s'enfuit ensuite entre les arbres, ne laissant de lui qu'une trace dans la neige fraîchement tombée et une lueur dorée.
Le lendemain, le convoi nuptial se met en branle. Aël a beau scruter les rebords du chemin dans la forêt, pas de trace de Kila. Il a neigé toute la journée. Les chevaux sont épuisés de marcher dans la haute neige. Il fait à présent nuit noire et le brouillard est descendu dans la vallée. On n'y voit plus à deux mètres. Il faut faire une halte pour la nuit en espérant que la brume se lèvera le lendemain matin pour leur permettre de repartir. Le bois est trempé. Le feu ne prend pas. C'est alors que les loups se font entendre. D'abord des hurlements lointains, puis plus proches et enfin des grognements distincts. Aël et ses compagnons de route tremblent soudain. Autour d'eux, des petites lumières jaunes semblent s'allumer dans la nuit. Ils sont encerclés. Et soudain, c'est l'attaque. Impitoyable, surprenante, rapide. Les bêtes affamées ne font pas de quartier. Son futur époux est tué sur le coup. Les serviteurs suivent rapidement.
Aël parvient in extremis à s'enfuir. Elle court et court encore. Comme elle peut à travers la neige et les congères. Elle court sans s'arrêter, en direction de la vallée, sans se retourner. Derrière elle, le tumulte d'une bataille sans pitié. Elle sent une présence derrière elle. Ils vont la rattraper. Elle se sent perdue. Elle trébuche et tombe face contre terre. Elle peut alors sentir une respiration sur son cou. Elle ferme les yeux. Elle attend le coup de grâce. Mais il ne vient pas. Le silence est retombé sur la forêt. Le brouillard se dissipe. Au lieu de la morsure de crocs, c'est la douceur d'une fourrure dont elle sent la présence sur sa peau. Les yeux embués, il lui semble décerner une teinte chaude dans la pénombre. En lieu de gris ou de noir, de l'ambre vif. Mais, les loups ne sont pas de cette teinte... Serait-ce le reflet de sa propre chevelure sur l'immaculé de la glace ? Elle repousse le poitrail animal qui se presse contre elle avec ses mains. Ses doigts rencontrent alors un métal froid. Malgré l' épouvante qui l'étreint de ce qu'elle va découvrir, elle ouvre les paupières, ne comprenant pas ce à quoi elle fait face. Elle tient dans sa main un anneau d'or... Son anneau d'or. Deux yeux de la même teinte que le métal la dévisagent d'un air narquois et immensément doux...
© Photos - Wikipedia & Weyrich
Je vous souhaite de douces fêtes de Noël. Pour que, où que vous soyez, qu'il y ait toujours un petit renard qui veille sur vous, et vous aide à retrouver votre chemin lors de vos périples.
Merry Christmas to all !
La célébration de Noël, comme chaque année approche à grands pas. Et au lieu de s’en réjouir, on se surprend parfois à l’appréhender de plus en plus chaque année. Serions-nous donc en train de nous transformer en petits nains grincheux, anxieux ou pire, aigris ? Pourquoi donc ce sentiment pesant qui devrait se vouloir réjouissance. Un petit billet pour tenter de redécouvrir la magie de Noël dans ce monde qui tourne parfois un peu carré en cette période de frénésie "noëlienne".
Réunions de Masses et Masses de Réunions
Les obligations sociales, les règles de bienséance et de bonne éducation qui nous forcent malgré nous à passer des heures en compagnie dont on n’a rien à faire ou qui nous fait nous sentir seuls ou perdus au milieu d’une masse de gens... Le nombre démultiplié de réunions ou de célébrations se succédant sur une courte période. Au boulot, en famille, avec les amis, avec les activités annexes. Tout le monde semble attendre fin décembre pour se décider à organiser les fêtes, repas et soirées à ne pas manquer. Résultat ? Un agenda sur-bondé en plus des traditionnelles urgences de fin d’année à l'école ou au boulot. Comme si tout dépendait de cette fameuse date limite du 31 décembre. Et que seule cette période valait la peine de se réunir.
Mass & Mess Planning
Les plannings familiaux qui se veulent de véritables casse-têtes chinois pour parvenir à accommoder tous les agendas. Les participants respectueux des arrangements communs. Et puis les autres... dont le calendrier semble être le dernier souci et qui viennent allègrement tout chambarder au dernier moment sans vraiment comprendre le mal que les autres se sont donné pour organiser quelque chose qui convient à la majorité. Les urgences de fin d’année, qui s’amoncellent et font monter la pression. Les délais fiscaux, financiers, légaux ou sociaux à respecter (avez-vous remarqué que la pile des factures a toujours tendance à s'agrandir intensément en fin d’année ? ).
Consommation de Masse
Halloween, Black Friday, Thanksgiving, Saint Nicolas, Noël, St Sylvestre, Nouvel An... Certaines traditions locales, sociales, religieuses ou ancestrales deviennent trop souvent commerciales. Pousser à la consommation, encore et toujours plus. Nos boîtes de messagerie se remplissent à une vitesse vertigineuse de publicités de vente en cette période de fin d'année. N'y a-t-il donc plus que cela qui compte ? Le gain, la vente et la surconsommation ?
J'avoue, j'aime déambuler dans les magasins, faire des présents et gâter les miens. Un peu trop parfois. Mais, là, cela dépasse de loin mes envies d'emplettes (et mon portefeuille). Cela excède mon courage et ma patience pour me frayer un chemin à travers les foules en mal d'achats en cette période. Aller à Londres ou Paris à Noël ? Cauchemar d'agoraphobe... Vivement les petits magasins hors du monde. Ces endroits insolites. Ces étrennes personnelles, ces idées un peu folles. Les cadeaux de Noël, je les trouve au fur et à mesure de l'année, en pensant aux miens à chaque instant. Souvent simples, parfois insignifiants, mais toujours affectueux et venant du coeur. Je conserve ainsi un grand panier qui se remplit au fur et à mesure des mois lorsque je croise sur mon chemin une attention qui atterirra finalement dans la grande hotte du père Noël.
Et puis, en ces temps chahutés par les remous sociaux et un fossé qui se creuse entre les parties de la population malgré les nombreuses initiatives pour accomoder les plus vulnérables, voir des foules s'agglutiner et se bousculer devant la devanture d'un magasin pour les meilleures affaires me laisse perplexe. J'avoue que je ne saisis pas vraiment ce qui les pousse à tel acte. Le désespoir ? S'il s'agissait de denrées alimentaires ou de première nécessité (mais nous vivons ici dans des régions relativement épargnées), je comprendrais à la limite. Mais pourquoi ces combats de rue pour une TV, des vêtements, le dernier modèle de téléphone portable ou des articles de luxe. Ceux qui ont réellement besoin, ceux-là restent souvent silencieux et parfois même trop humbles pour demander. Et c'est avec ceux-là que je partage mon sandwich en rue ou à qui je refile ma paire de gants et mon bonnet lorsque je les croise sur leur matelas de carton. Ceux-là ne cassent pas les devantures ni ne mettent le feu aux voitures. Ils s'y réfugient. Parfois ils jouent ou chantent leur misère au lieu de la hurler. Et ceux-là devraient être écoutés.
Noël à l'Ancienne
Les repas interminables, et l'obligation de faire très bonne chère, alors que nous avons le privilège de manger à notre faim chaque jour ici... Et puis tous ces papiers cadeaux qui finissent à la poubelle après cinq minutes... Peut-être l'occasion cette année de sauver quelques arbres en économisant sur le papier et les rubans ? Finalement, c'est le cadeau (et surtout l'intention ! ) qui compte, non ?
Je rêve d'un Noël à l'ancienne.... De la neige. Des crêpes de ma région ("des bouquettes"). Du cidre peut-être... Un cadeau ? Pourquoi pas, mais sans tralalas ni emballage multicolore (un vieux chiffon et un ruban de tissu, cela peut faire de jolis paquets aussi). Des chants de Noël, une belle histoire, quelques notes de musique (même un peu fausses), le son d'un minuit chrétien. Un feu de bois qui crépite dans la cheminée. Un sapin illuminé ? Oui, mais de préférence plus un vrai : cela me rend trop triste de le savoir coupé ou jardiné pour seule raison de trôner dans mon salon à Noël puis de filer dans la poubelle. Et puis... Seulement les gens qui comptent vraiment pour moi, y compris ceux dont les vies ou les années nous séparent, et dont je ne peux plus que rêver de la présence. Un Noël vrai, simple, sincère, profond. Peu importe la date. Peu importe l'endroit. Un Noël loin des masses... Qui sait, ce Noël-là reviendra-t-il un jour... Qui sait, cette année déjà ?
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Je vous souhaite un bon premier dimanche de préparations de fin d'année. Simple, pas trop hectique et loin des masses (sauf si cela vous plaît ! ).
Les Poissons... Les gros, les petits, les laids, les beaux, les plus imprédictbles ou les favoris à la carte...
Lesquel vais-je donc choisir au menu ce dimanche et surtout déguster après coup... Pas envie de risquer une indigestion ni une intoxication alimentaire... Décision délicate. Sur la carte, ils font tous bonne figure. Si certains semblent appétissants, ils peuvent parfois comporter des surprises une fois dans l’assiette. Et le chef cuisinier me les recommande tous, bien entendu. Ma boîte aux lettres déborde de formules promotionnelles pour toutes ces recettes miracles. Et pourtant... En termes simples, je devrais idéalement choisir les Poissons sans arrière goût, pas trop d’arêtes et à la chair ferme. Ceux qui feront le moins de mal au palais et nourriront leur homme. Et puis surtout... dont la saveur qui tiendra ses promesses (le défi ultime !!!! ) .... Définitivement une cuisine hautement complexe... Sur la carte du restaurant communal, il y en a de toutes les tailles, de toutes les formes et de toutes les couleurs : des bleus, des rouges, des verts, des noirs et même des bariolés. Il y a les incontournables éternels : les coelacanthes, les mérous ou encore les anguilles. Puis les nouveaux venus : requin, rascasse, poulpes (qui font dix choses à la fois) et même du Nemo (vous savez, ce petit Poisson qui tente de sauver la planète à lui tout seul). Ah, j’oubliais : il y a aussi du chirurgien (ou Dory) au menu (celui qui oublie aussitôt ce qu’il a dit). Les clients attablés autour de moi inspectent la carte. Certains suivront ce que le chef recommande, comme un véritable banc de sardines (histoire de se laisser mettre en boîte). D’autres resteront sur les grands classiques. D’autres encore oseront les plats les plus exotiques. Tous chercheront un met de qualité, unique et délicat. Mais la S-élection du Poisson demeure pourtant très importante. Passer le repas et faire disette sans donner son avis nous laisserait non seulement sur notre faim mais reviendrait surtout à donner sa voix aux pires menus... Alors, rendons-nous à l'auberge communale ce dimanche pour faire un choix de repas.... Le meilleur ou le moins mauvais. Même si la décision terminera peut-être en fin de compte dans une bouillabaisse dont toute une série de Poissons seront les ingrédients finaux (y compris ceux que vous n’aurez pas trop désiré voir arriver dans votre assiette).
Les poissons, les poissons. Oh I love les poissons.
Love to chop and to serve little fish First I cut of their heads. Then I pull out their bones. Ah mais oui, ça c'est toujours delish Les poissons, les poissons, hi hi hi, haw haw haw With the cleaver I hack them in two. I pull out what's inside. And I serve it up fried God, I love little fishes, don't you? Here's something for tempting the palate, prepared in the classic technique First you pound the fish flat with a mallet. TThen you slash through the skin Give the the belly a slice. Then you rub some salt in. Cause that makes it taste nice Zut alors! I have missed one. Sacre bleu, what is this? How on earth could I miss such a sweet, little succulent crab? Quelle dommage! What a loss. Here we go, in the sauce And some flour, I think just a dab, Then I stuff you with bread It don't hurt, 'cause you're dead, And you're certainly lucky, you are 'Cause it's gonna be hot in my big silver pot Tout à l'heure, mon poisson! Au revoir! (Les Poissons, Alan Menken / Howard Elliott Ashman - The Little Mermaid Walt Disney)
© Image (Extrait de l'article du magazine Yachting Sud nr 953 paru en avril 2018)
Un navire sans nom, c’est un peu comme une mer sans eau, un voilier sans voiles. C’est un enfant orphelin, un homme sans identité... Depuis des millénaires, les marins ont pris pour usage de nommer leurs fidèles destriers de qualificatifs variés et personnalisés, des plus modiques embarcations aux vaisseaux les plus prestigieux. Mais pourquoi cette tradition revêt-elle donc une telle importance pour les gens de mer ? Une coutume aux raisons multiples.
Besoin d’un Nom pour exister
« Quand une chose n'a plus de nom, elle disparaît… » (Pierre Turgeon)
Le nom, n’est-ce pas l’être ? Les noms sont des marqueurs d'identité primordiaux car ils situent les individus et leurs liens dans une communauté (historique ou actuelle), dans une terre (le port d’origine, le village), dans une lignée, celle par exemple d’un constructeur naval (Pen Duick). Avec le nom résonne une appartenance. Un bateau, c’est un individu à part entière. Avec son physique, son caractère, ses qualités, ses défauts, ses sautes d’humeur même parfois. Un être bien réel que son capitaine interpelle, complimente, courtise, houspille, implore, ou à qui il donne des noms d’oiseaux... à ses heures perdues. Un partenaire avec qui il converse, négocie, se querelle et se réconcilie. Un bateau sans nom, c’est morne et triste. Et lors de longues traversées, n’est-il pas désolant de passer tant d’heures ensemble sans même pouvoir s’appeler par son petit nom ? Un nom, c’est également une manière de se rassurer, de se dire que l’on n’est pas seul à bord. Lors de traversées en solitaire, combien de skippers ne parlent-ils pas à leur navire, voire à leur pilote automatique (qui lui aussi, sera parfois baptisé Nelson ou Archibald...), à leurs voiles, voire à leur gréement dormant. Un des équipages (Flicka III) de la toute récente Transquadra a ainsi affectueusement renommé son bout-dehors « Pinocchio »...
Qu’y a-t-il,dans un Nom ?
« Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo Il conserverait encore les chères perfections qu'il possède... ». (Roméo & Juliette, William Shakespeare)
Comment choisir le nom d’un bateau ? Masculin, féminin ? Long, court ? Simple, tarabiscoté ? Un nom de bateau, on doit en être fier. C’est comme celui d’un enfant, d’une épouse. On doit l’aimer et le prononcer avec plaisir. On espère toujours qu’il portera bonne fortune à son équipage. Ainsi, parfois, il faudra faire fi du nom dont il a hérité. Un nom irrévérencieux ou à première vue un peu saugrenu ne signifie en rien que l’embarcation ne se révèlera pas en réalité un véritable petit bijou en mer. Il faudra savoir prendre le navire pour qui il est et non pour le concept qu’il représente à travers son patronyme. Le sobriquet du navire représentera un endroit, un souvenir, un événement historique, une marque, un être cher, une philosophie de vie, une mentalité, un caractère... Il pourra se vouloir hommage à son constructeur, à un personnage célèbre, à un héros fictif ou à quelque divinité dont on désire s’attirer les bonnes grâces. Il pourra même aller jusqu’ à traduire un sarcasme ou une plaisanterie pour les plus spirituels. Le choix demeure donc infini.
Un nom de bateau, c’est aussi un peu son histoire. Il doit idéalement raconter un récit, avoir un sens caché, tout comme un vrai prénom. Une raison de plus pour prendre le nom ou le baptême d’un vaisseau au sérieux. Que de navires aux noms évocateurs et prestigieux : La Marie-Galante, L’Etoile du Roy, l’Amerigo Vespucci, la Santa Maria, le Mayflower, le Sedov, le Simon Bolivar, Le Bounty, la Licorne, le Potemkine, le Pen Duick, le Faucon Maltais, le Karaboudjan, le Robertissima, le HMS Victory, la Recouvrance, le Normandie, le Cutty Sark, le Calypso, le Liberty of the Seas, le Redoutable, le Nautilus, le Pequod et tant d’autres...
© Photos - Rêvesdemarins
Baptême de l’Erre
Pourquoi renommer un navire ? En règle générale, il est recommandé aux bateaux de conserver leur nom même s’ils changent de propriétaires, ce qui n’est pas toujours au goût de ces derniers. Un peu comme un enfant adopté garde son prénom même si son nom de famille varie. Même si la mer engloutit le navire et l’homme, pour les grands navires, c’est bien leur nom, et non leurs prouesses que l’on retient souvent. Certains noms de navires perpétuent un parfum de regrets, d’émotions, voire de terreurs... Que ce soient le Titanic, la Méduse, le Pourquoi-Pas, le Mary Céleste ou ces fameux vaisseaux fantômes ou épaves dérivantes tels le « Flying Dutchman » ou le « Black Pearl » dont rien que le nom faisait trembler les matelots. Cependant, reprendre le nom d’un navire qui porte en lui des souvenirs amers s’avère parfois délicat. Qui aurait envie de renommer son navire « Titanic » ?
Et puis un nom, idéalement, doit être unique. Bien entendu, tout comme les monarques ou les papes, un navire peut bien entendu reprendre le nom de son ancêtre ou de ses versions antérieures (par ex. Kriter V). Certains constructeurs exigent d’ailleurs une référence à leur marque de fabrique dans le nom du navire, comme le fabuleux constructeur danois des X-Yachts : tout voilier sortant de leurs chantiers doit contenir la lettre « X » dans son nom.
Un Nom à coucher dehors
Alors, que faire au cas où le nom du navire que l’on vient d’acquérir déplaît à ce point qu’il en donne des cauchemars ? Il existe des solutions, à condition de respecter quelques règles élémentaires.
Même si les navires, d’habitude, couchent dehors, ce n’est pas une raison pour leur donner un nom digne de cette expression. Une bonne réflexion sur le prénom du nouveau-né s’impose. Et nul ne doute qu’elle donnera parfois du fil à retordre à son propriétaire avant de trouver le pseudonyme idéal. Ensuite, un peu de pragmatisme n’a jamais fait de tort à personne. Imaginez renommer votre voilier « Le Fou des Flots Surfant Sur les Vagues », « Quetzacoatl » (dieu mexicain) ou encore « Cwmystwyth » (village gallois). Bonjour les dégâts lorsqu’il faut le prononcer en urgence à la VHF ou même l’épeler selon l’alphabet maritime. Un peu d’indulgence sera donc la bienvenue pour les radiotélégraphistes qui devront le comprendre de l’autre côté de la ligne.
Éviter le Courroux des Dieux marins
Enfin, si l’administration maritime permet de changer le nom d’un navire en remplissant les formulaires prévus à cet effet (seul le numéro d’immatriculation d’un navire devrait être unique), renommer un navire a souvent été vu comme la source du courroux des dieux marins. La tradition maritime affirme en effet que cela porte malheur. Pour éviter tout désagrément de ce genre, une première sortie en mer respectant les rites initiatiques sera dès lors vivement conseillée, à savoir (cérémonie d’intronisation d’origine incertaine, mais appliquée dans certains ports) :
• Désigner une marraine • Afficher, sur le navire, le nouveau nom à la place de l’ancien • Embarquer une bouteille de champagne • Sortir en mer, la marraine à bord • Ensuite faire décrire un 8 au navire et par trois fois croiser son sillage (pour occire le fameux « macoui », ce serpent qui suit toujours le bateau, en l’endormissant avec un peu de champagne versé par-dessus bord), ou encore lui faire faire un tour sur lui-même et en croiser l’erre • Ne pas oublier d’embrasser la marraine... Pour se renseigner sur les noms de navires existants, il suffira de consulter la base de données de l’administration maritime locale. Cependant, elle n’indiquera souvent que la liste des bateaux immatriculés dans un même pays, voire une seule région. Gare donc aux doublons... Alors, si les noms potentiels de navires sont pléthore, le baptême d’un navire demeure sans aucun doute une chose sérieuse à méditer. Ne reste plus qu’à trouver le bon nom...
© Photos - Rêvesdemarins
À propos de trouver le bon nom... Ce WE, j ‘ai ainsi le grand plaisir d’assister au baptême d’un navire exceptionnel : AMALIA. Un très joli nom pour un bateau, n’est-ce pas ? Son origine ? Charlotte Amalie, dans les îles vierges américaines, que ses propriétaires aimaient bien... Je lui souhaite de fabuleuses navigations ! (Avec moi à bord, de temps à autre si possible... )
Ces quelques prochains jours de mai sont incroyablement riches en fêtes tels que baptêmes, repas, concerts, anniversaires, réunions et autres célébrations auxquelles je ne pourrai malheureusement pas toutes participer n’ayant pas encore le don d’ubiquité (il y a pourtant 365 jours dans un an ! Il faut toujours que tout tombe aux mêmes dates... ). Cependant, je serai en pensées avec chacun d’entre vous qui avez un évènement heureux à fêter auquel je ne peux me joindre. Ce n'est que partie remise ! Je vous souhaite un excellent dimanche ensoleillé de Nieuport.
© Photos - Rêvesdemarins
Un petit billet supplémentaire cette semaine, pour casser un peu la routine hebdomadaire. Et surtout pour casser les clichés et modes sociétales. Pas de mer ni voile aujourd'hui. Mais, un sujet... "bateau" : l'Amour, toujours l'Amour...
Encore un ! Allez-vous me dire... Impossible d'ignorer que ce 14 février célèbre les amoureux, car ces derniers doivent déjà avoir une indigestion de petits coeurs, mots doux et autres messages de Cupidon à travers les médias et la publicité commerciale. Donc, à tous les amoureux : je vous souhaite moi aussi une belle fête de St Valentin et beaucoup d'amour à venir ! Cependant... Pourquoi ne pas écrire un petit billet aussi pour tous ceux qui redoutent ou ressentent de l'aversion pour cette fête (devenue) commerciale, qui bannit, malgré elle, toute une partie de la population : ceux qui sont seuls ou ne se sentent pas ou mal aimés. Ceux qui appréhendent une soirée qui ne parle que d'amour écarlate alors qu'ils n'en voient pas la couleur, ou broient du gris et noir à la place. Un billet sans prétention car il est aisé de parler d'amour lorsqu'on se sent aimé. Et j'ai cette chance. Mais, surtout, un petit message d'espoir et d'encouragement pour ceux qui aujourd'hui se sentent tristes ou solitaires. Alors, faites passer le message à ceux-là !
© Photos - Rêvesdemarins
C'est quoi l'amour ?
Est-ce simplement cet état second de félicité, cette étincelle dans les regards ou ces passions flambantes ?
L'amour existe bel et bien pour tout un chacun, autour de nous, parfois sous une forme plus discrète ou "différente". Il suffit juste de savoir le reconnaître et de l'accepter comme tel. Il se dissimule souvent sous des aspects bien moins romantiques que l'homme qui nous fait une déclaration passionnée avec un bouquet de fleurs ou la femme qui nous séduit dans une robe irrésistible. Il se cache dans des gestes et situations banales, de tous les jours. L'inconnu qui nous sourit en rue. L'infirmière qui nous tient la main lors d'un traitement douloureux. Le petit chien ou le chat qui a ruiné nos fauteuils mais tellement affectueux. La collègue qui nous apporte un café pour nous remercier. Le partenaire qui met tout son coeur à préparer le petit déjeûner les jours où nous sommes fatigués. La personne qui nous accompagne en rue et nous passe une écharpe autour du cou lorsque nous tremblons de froid. Et j'en passe... Rien à voir avec l'amour des feuilletons à l'eau de rose dont les médias nous rabâchent les oreilles. Rien à voir avec les belles histoires des romans. L'amour est bien plus simple, proche et banal que tout cela. Et celui-là, chacun peut le ressentir chaque jour. Il peut venir de proches ou d'inconnus. Le tout est de l'accepter et de le prendre lorsqu'il montre le bout de son nez. Mais voilà... Le problème est qu'on a souvent tendance à ne pas le reconnaître à travers ces gestes-là...
© Photos - Kim Grove/Casali
L'amour n'est pas un long fleuve tranquille
L'amour vient parfois maladroitement. Avec des mots ou des gestes qu'on ne comprend pas ou qu'on interprète erronément. L'amour a besoin qu'on lui accorde une chance, parfois même deux ou trois. Les déceptions sont faciles à trouver. Mais bien plus difficiles à dépasser. Elles aussi ont besoin qu'on leur pardonne leurs maladresses. L'amour n'est pas un long fleuve tranquille...
"... Ces paroles enfermées que l'on n'a pas su dire, ces regards insistants que l'on n'a pas compris. Ces appels évidents, ces lueurs tardives, ces morsures aux regrets qui se livrent à la nuit. Ces liens que l'on sécrète et qui joignent les êtres, ces désirs évadés qui nous feront aimer. Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines, ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard..." (Veiller Tard, J.J. Goldman)
To be or not to be
L'amour se cache aussi dans ces gens qui nous permettent d 'être nous-même. Et ne nous jugent pas, ne nous en veulent pas d'être qui et comme nous sommes. Ces amis que nous voyons à peine une fois tous les lustres et qui pourtant ne nous laissent pas tomber et ne nous oublient pas. Ces êtres qui voient derrière notre masque ou notre maquillage et voient notre beauté sans artifices. Ces gens qui savent lire entre nos lignes et comprennent nos non-dits. Ceux et celles-là qui savent interpréter nos colères ou nos crises de larmes et sont toujours là pour nous rattraper lorsque nous tombons bien bas. Ceux qui font fi de nos petits (ou gros) défauts pour ne voir que l'essence de qui nous sommes. Ceux qui se réjouissent de nos bonheurs.
Réfléchissez bien... Il y a certainement au moins un de ces gens-là autour de nous dans notre vie. "... Love goes very far beyond the physical person of the beloved. It finds its deepest meaning in his spiritual being, his inner self. Whether or not he is actually present, whether or not he is still alive at all, ceases somehow to be of importance. " (Man's search for meaning, Viktor Frankl)
© Photos - Rêvesdemarins
On n'est redevable de rien
Enfin, l'amour, le vrai, est inconditionnel. Il est gratuit. Certains le refusent par peur d'être redevable à l'autre. Par crainte de recevoir trop et de ne pouvoir donner autant en retour. Mais l'amour inconditionnel ne demande rien en échange. Bien entendu, il n'est pas infini, ni éternel. Rien n'est immuable. Et l'amour, plus que tout, demeure fugace et fragile. Une raison de plus pour l'accueillir à bras ouverts lorsqu'on a su le reconnaître, peu importe le temps qu'il durera.
Aimer, c'est savoir dire je t'aime sans parler... " (Victor Hugo)
Alors, lorsque vous entendrez toutes ces chansons de circonstances, ne soyez pas tristes. Mais dites-vous plutôt qu'elles ont été écrites pour vous. Qu'elles rendent hommage à la personne merveilleuse que vous êtes et que l'on ne reconnaît peut-être pas à sa juste valeur, pour l'instant du moins. Si vous avez perdu un être cher et qu'il vous manque cruellement ce soir. Je ne vous dirai pas que l'amour viendra ou reviendra. Parce que je n'ai malheureusement ni les pouvoirs d'un sorcier ni une boule de cristal. Mais, l'amour est là, quelque part à vous attendre au coin d'un chemin, sous une forme que vous n'imaginez peut-être même pas... On peut tomber ou demeurer amoureux de différents êtres ou choses, vivants ou non. Et même si le besoin d'affection persiste, souvent criant, pas besoin d'être "en couple" pour trouver des moments de bonheur. L'être aimé ne doit pas toujours être phyiquement présent dans ce monde, pour que l'amour soit présent. Il doit simplement l'être dans nos coeurs.
Peut-être trouverez-vous mon billet un peu simpliste. Et loin de moi d'oser donner des leçons à qui que ce soit... Mais, ce soir, lorsque vous rentrerez chez vous, que vous soyez seul, bien ou mal accompagné, sachez que quelqu'un, quelque part, a eu cette pensée positive pour vous. Et j'espère que ce petit billet vous rendra quelque peu le sourire en cette soirée.
Bonne année et welcome back sur ce blog en 2018 !
J’espère que vous avez bien débuté cette nouvelle année, que ce soit entouré d’amis ou de proches autour d’un bon repas où tout simplement sans autre occupation que de passer d’une page à l’autre de votre calendrier. Et qui dit nouvelle date, dit changement et nouvelles aventures. Et la chance d'avoir obtenu de demeurer une année de plus sur cette terre... Qui sait, dès lors, certains d’entre vous ont peut-être démarré ce mois de janvier avec un événement ou à un endroit hors du commun. Par exemple une belle nav sur un bolide à coque(s) en mer du Sud (mmm, les petits chanceux ! ), ou encore enfoui sous des mètres de neige, dans un igloo en montagne, ou alors - pour les plus aventureux - en maillot de bain et bonnet de Père Noël pour un plongeon dans l'eau glacée de ma chère Mer du Nord (les fameux « ijsberen d'Ostende ») ... En ce qui me concerne, j’ai inauguré mon passage à l’an neuf en recevant chez moi de joyeux lurons s'étant invités tous seuls pour la fête. Pour être exact : il sont trois, débordant d'énergie et d'inventivité. On a beau leur indiquer gentiment la porte de sortie, ils reviennent par la fenêtre. Pas moyen de les renvoyer chez eux. Trois jolis larrons, très affectueux mais tout de même bien envahissants. J'ai beau leur offrir des bonbons de toutes les couleurs, des sirops plus sucrés les uns que les autres, faire des offrandes aux dieux bactériens, les envelopper dans les mouchoirs les plus doux qu'il soit et leur mettre une bouillotte sur la tête, rien n'y a encore fait. Ils se sont installés et n'ont pas encore fait signe de vouloir lever le camp depuis le réveillon. Ma première semaine de l'année s'est donc résumée à perfectionner mon art de la grasse matinée en leur compagnie, au fond de mon lit, d’où je vous écris en ce moment. Moi qui n'aime déjà pas trop les réveillons et les soirées bondées, j'innove donc ! (Et dire que je n’avais même pas participé au bain des ours polaires. )
© Photos Trois Mages - Rêvesdemarins (Ravenne)
J'avais l'intention de vous conter aujourd'hui l'aventure de trois autres convives (et ceux-là avaient des manières au moins ! ). Trois Sages ayant voyagé de très loin pour trouver une certaine étoile. Cependant, mes trois joyeux lurons à moi (Bronchus, Toussotus et Crachus) m'accaparent totalement. Et mon billet se voit donc contraint et forcé de se limiter à ces quelques lignes en leur présence.
Dès lors, je vous raconterai l'épopée de nos trois Sages : Melchior, Balthazar et Gaspar, dans un prochain billet, dès que mes invités surprise auront décidé d'aller poursuivre leur fête ailleurs. Voici déjà leur portrait en preview, ainsi que la photo de mes trois autres paillards... Sur ce, je vous souhaite un excellent dimanche, sans invités clandestins dans votre foyer !
Dernier jour de l'an... Je pourrais vous faire part de mes bonnes résolutions pour 2018. Par exemple, je pourrais envisager de m' arrêter de fumer, de me mettre au macramé ou au tricot. Mais voilà, je ne fume pas, le macramé ne m'intéresse que lorsqu'il ressemble à du matelotage et mes capacités à manier les aiguilles se limitent à celles de la boussole de bord. Je préfère donc profiter de cette occasion pour poser un regard sur mon Tour du Monde des douze derniers mois.
2017, une traversée riche en aventures, découvertes, conquêtes et mises à jour de quelques trésors. Fertile également en déboires, revers et fortunes de mer, voire errances parfois. Alors, laissez-moi rêver que je suis un petit capitaine de navire pour vous conter ainsi mon périple de cette année... (Même s'il me reste encore beaucoup de milles à parcourir avant de mériter tel titre. )
Dur Labeur à Bord
Tout d'abord, et c'est ainsi que beaucoup voient simplement le petit capitaine de ma frégate : un bourreau du travail, qui toujours tient la garde, et qui jamais ne relâche la cadence pour lui-même, ni pour son équipage. Des jours et des nuits de labeur pour ses commanditaires. Et c'est vrai, 2017 fut loin d'être de tout repos. C'est le lot de nombreux indépendants à la tête d'une petite entreprise. Une vision un peu réductrice car derrière la dure silhouette du chef de quart exigeant et sa discipline de fer au travail se cachent des rêves et des espoirs bien autres que le simple désir d'un commerce prospère.
Mon Royaume pour un Cheval Marin
Et oui, le petit capitaine a de grands rêves... Un rêve en particulier : participer à une compétition de bateaux à voile d'envergure internationale... Et arrive en 2017 une proposition d'embarquer pour s'en aller pourchasser la chimère... Grâce à la confiance d'un équipage et de son skipper, nous voici à bord d"un coursier de quarante pieds pour la Round the Island Race à Cowes. Le rêve devient réalité... Et la réalité dépasse de loin le rêve ! Merci à tous ceux-là qui ont cru en nous, du moins suffisamment pour nous permettre de les accompagner. Un périple tout simplement magique... A refaire très vite ! Et au diable le mal de mer !
Escales de Vie
Felixstowe, Pin Mill, Cowes, Porthsmouth, Dubrovnik, Slano, Cadzand, Rome, Le Crotoy, St Valéry, Gøtenborg... Un mini tour d'Europe continentale tout au plus en 2017... Mais, tour tout de même... Avec des amis chers. Et des moments inoubliables.
Une traversée fortissimmo et intense en termes d'émotions humaines, créant et comblant à la fois un immense vide. La visite de petit loups de mer lors d'une escale en Suède. Une série de bords de près en compagnie de merveilleux papillons de mer. Des papillons rendant le voyage extraordinaire, jusqu'au dernier souffle de vent, jusqu'au dernier battement d'aile. Des papillons qui se sont envolés ou allés voir de l'autre côté du miroir bleuté, mais qui, pourtant, ne quitteront plus jamais vraiment le navire... Des navigations de près un peu plus délicates à gérer aussi, entre autres près des eaux de Robinsons Crusoës, dédaignant la bouée de sauvetage qu'on leur lance, trop inquiets de leur mode de survie pour reconnaître que le navire qui les aborde désire en réalité leur porter secours. Une expédition avec ses bonheurs et ses douleurs, ses réussites et ses déroutes. On ne peut pas sauver tous les naufragés contre eux-mêmes, ni contre leur destinée. Une odyssée jalonnée de moments forts, très forts. en 2017...
© Photos - Rêvesdemarins & Projet Voilier Pollen
Fenêtre ouverte
Avec une nouvelle année s'ouvre une fenêtre sur une autre mer. Plus bleue, plus transparente, plus vaste. Une tempête peut révéler une île inconnue et le début d'un merveilleux nouveau voyage. Et, en tant que petit capitaine, je compte bien diriger mon bateau dans cette direction.
"Parfois la vie ferme une porte et s'ouvre alors une fenêtre... "
Alors, dans mon programme de 2018, j'ai déjà inscrit à ma liste de souhaits quelques jolis projets, en sus de me trouver de nouveaux commanditaires-clients (il faut bien renflouer la caisse de bord pour entretenir le navire de temps à autre ! ).
Pourquoi pas l'essai d' un catamaran (Prototype TS5) tout beau, tout neuf et dernier cri ? Et quelques navs en Mer du Nord ou en Bretagne ? Ou encore une petite échappée belle au Lac de Côme ? Sans oublier la poursuite du rêve d'un ami pour la suite de la construction de son voilier d'argent, qui n'attend que nous dans son hangar agricole. Eventuellement une petite pointe jusqu'au sud de l'Italie à la voile à la fin de l'été, un reportage journalistique à la Sérénissime et très certainement quelques allers-retours au pays des fjords. Sans aucun doute aussi, des milliers de photos, la continuation de ce blog (même si sa fréquence se réduira éventuellement un peu) et la publication de quelques articles véliques, voire l'édition d'un livre ? Qui sait... Et puis surtout, un défi (de taille pour moi) brigué depuis bien longtemps : l'obtention de mes brevets de navigation et de Yachtman. Alors, amis voileux, si le coeur vous en dit de m'accompagner pour un ou plusieurs de ces projets, faites-moi signe ! Plus on est de fous, plus on "ris" à bord... Bref, ce ne sont pas les idées qui manquent et je ne risque pas de m'ennuyer en 2018...
© Photos - Rêvesdemarins & SailforBelgium/A.Guillaume
Enfin, je ne pourrais pas terminer ce billet sans remercier tous ceux et celles qui ont contribué à mes escales de vie. Ceux et celles qui les ont partagées avec moi et qui me permettent d'avancer dans mon océan, malgré les tempêtes, les pétoles et les coups de tabac. Merci à vous tous. J'ai beaucoup de chance de vous connaître. Merci aussi à vous mes lecteurs, connus et inconnus. C'est en grande partie grâce à vous que ce blog tient sa raison d'exister. A quoi bon écrire pour un auteur s'il n'est pas lu, n'est-ce-pas ?
Sur cette liste d'escales (qui va sans aucun doute s'allonger encore), je vous souhaite une merveilleuse année 2018 ! Emplie de bonheurs, d'expériences nouvelles, de beaucoup d'amour et de tendresse et surtout sans gros ennuis de santé. Que les Dieux marins vous protègent en 2018. Bonne année à tous !
Du temps de mon grand-père, le soir du 24 décembre était toujours une soirée inoubliable, riche en folkore, mystères, magie et contes de fées. Alors, en son souvenir, puisque ce site web lui est dédié, voici un petit conte de Noël, histoire de perpétuer la tradition en hommage à un bel auteur cher à mon coeur.
En rencontrant mon filleul en Suède début de ce mois, j'ai découvert que cet adorable petit garçon de cinq ans affectionne beaucoup les animaux. Et un d'eux en particulier. (Comme son prénom pouvait le présager) Attila est en effet fasciné par les équidés à longue crinière. Alors, en ce WE de Noël, je n'ai pas pu résister à l'envie de lui composer un petit conte de circonstance sur ce thème. "Il était une fois un petit cheval... "
Il était une fois un petit cheval qui se nommait Kelpi. Il vivait dans les Highlands écossais, là où l'homme a du mal à se frayer un chemin dans une nature sauvage. Son pelage était gris ardoise. Le bout de ses pattes était couvert de larges fanons couleur d'anthracite. Il possédait un regard très particulier : des yeux vert de gris parsemé de quelques étincelles dorées avec de longs cils noirs. Sa crinière, entièrement cendrée, presqu'argentée, volait dans le vent de l'Est. Sa robe était incroyablement épaisse et le protégeait du froid piquant de l'hiver. Son museau, d'un rosé tendre, était doux comme de la soie au toucher. Ses pattes étaient sensiblement plus courtes que celles de ses congénaires et son poitrail plus costaud. Etonnamment pour sa stature, il possédait une force hors du commun.
Cependant, son aspect extérieur le désolait. Il ne ressemblait en rien à tous les autres chevaux des étendues où il aimait à gambader. Tous les autres arboraient une autre teinte : bruns, noirs, blancs ou encore bai. Leurs yeux étaient tous foncés : marrons, dorés ou ébène. Son regard clair intriguait ses compagnons. Et on le regardait souvent de travers. De plus, sa petite taille l'affligeait comparé aux longues et fines jambes de ses congénères. En outre, les siennes se terminaient par une sorte de houpette de longs poils derrière ses sabots, donnant l'impression de bottines de fourrure. Les autres se moquaient souvent de lui en référant à l'imperfection de ses pattes et de sa modeste taille. Et le petit cheval se sentait très seul... Il ne comprenait point pourquoi sa différence le rendait si peu acceptable pour ses pairs. Mais, il ne leur en voulait pas. Il se contentait de rester à part et de vivre une vie d'ermite.
Kelpi faisait preuve d'une grande intelligence. Il était doux et sensible. Il était toujours le premier à flairer le danger et repérer les bruits inhabituels. Et puis, surtout, le petit cheval était libre : il n'appartenait à personne et ne laissait aucun humain l'apprivoiser. Les hommes avaient beau tenter de lui mettre un licou et de les accompagner dans leurs écuries, le petit cheval se libérait toujours et s'enfuyait au galop dans les collines. Ces caractéristiques rendaient ses congénaires incroyablement jaloux de lui. C'est ainsi qu'il fut nommé Kelpi par son entourage. Dans la mythologie écossaise, les "Kelpies" représentaient de puissants êtres mi-chevalins, mi-aquatiques, capables de prendre forme humaine, attirant les voyageurs imprudents dans cette région hostile. Ces derniers, souvent perdus et fatigués dans les montagnes des Highlands, étaient heureux de trouver une monture acceptant de les porter sur leur dos, sans réaliser que cette monture allait ensuite les emmener au fond des lochs (lacs) de la région, d'où ils ne ressortiraient jamais. Tous craignaient ces créatures fantastiques. La légende avait donc suivi Kelpi et le mystère qui entourait son existence solitaire.
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Ce soir-là de fin Décembre, alors que la bise soufflait rageusement sur les collines et que la neige tombait sans discontinuité, tout le monde célébrait la Noël dans les maisonnées de pierre. Les quelques rares habitants de la région faisaient bonne chère au coin d'une bonne flambée au son des violons et cornemuses. Sur la table, "haggis", "broth", "black pudding", marrons et saumon faisaient saliver les papilles des invités, arrrosés du whisky ambré de la distillerie locale.
Au dehors, le petit cheval se pelotonnait au fond d'une grange abandonnée près du loch Duich, en tentant tant bien que mal de se réchauffer dans la nuit glacée. Il se sentait bien solitaire ce soir-là... Mais, à quoi bon rejoindre ceux qui ne l'acceptaient de toute manière pas comme il était et le lui faisaient bien comprendre. De son promontoire qui donnait sur les lac de mers environnants, le petit cheval pouvait aperçevoir la ferme où ses frères dormaient, de l'autre côté de l'eau. Au loin vers l'Est, les monts enneigés. Vers l'Ouest, le vieux château d'Eilean Donan se profilait sur l'onde, comme un enchanteur de pierre. Les prairies qui le bordaient étaient emplies de givre et immaculées sous la neige fraîche. Il se disait qu'il habitait là une région magnifique : trois immenses lacs de mer se rejoignaient à cet endroit, à proximité de l'océan et de l'Île de Skye. Et cette pensée le réconfortait quelque peu.
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Par contre, bien au chaud dans leurs écuries, ses frères et soeurs se prélassaient dans leur enclos la panse pleine, car il ne faisait pas une température à mettre un cheval dehors ! Lorsque soudain retentit un bruit inquiétant au loin. Un crépitement frémit, puis une odeur âcre leur monta aux naseaux. Leur coeur se serra. Dans le grenier à foin voisin, une lanterne s'était renversée avec la force du vent. Le feu avait pris dans les combles et commençait à se propager malgré la neige. En panique, les chevaux prisonniers de leur étable se mirent à hennir et ruer de toutes leurs forces. Mais les fermiers n'entendaient rien, trop occupés à faire la fête.
A présent, le brasier se rapprochait dangereusement et menaçait de gagner les écuries toutes proches, où se trouvaient les bêtes prisonnières. Ils avaient beau faire un potin d'enfer et se démener comme des diables pour se libérer, la lourde porte du hangar était solidement fermée à clé. Ils étaient captifs !
Les premières flammes commençèrent à lécher la porte d'entrée et la fumée avait à présent envahi la bâtisse de bois. Les chevaux, avec leurs fines pattes, tentaient désespérément de se frayer une brêche dans la porte de chêne. En vain. Elle résistait à leurs assauts. Lorsque tout d'un coup, ils entendirent un bruit cadencé au dehors. On aurait dit... des sabots ! Puis des voix d'hommes, des cris et des jurons. C'était Kelpi ! Il était venu à leur aide ! Et le petit cheval avait été prévenir les fermiers en hennissant et tambourinant sur l'huis de la maison. Mais au moment où le fermier voulut ouvrir la porte de l'écurie pour libérer les bêtes, elle se révéla impossible à ouvrir, les fers des battants déjà rougis par le feu, ayant été scellés par la chaleur.
Alors, Kelpi risqua le tout pour le tout. Il se plaça juste devant la porte, rua et frappa de toute ses forces avec ses sabots dans le bois en flammes. La fournaise lui brûlait les pattes et quelques flammèches lui roussissaient les fanons. Mais, il continua, encore et encore, sans relâche jusqu'au moment où une des planches céda. Le fermier, armé d'une hache, continua le travail déjà ébauché par le petit cheval. Et un des battants du portique finit par céder. Les animaux prisonniers déboulèrent vers la sortie et la liberté. Ils étaient enfin sauvés...
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Kelpi était épuisé. Il s'écroula sur le sol enneigé, à quelque distance de la grange en feu. Alors, se passa l'impensable : les autres chevaux s'approchèrent de lui et l'entourèrent. Une jument se coucha tout contre lui pour le réchauffer et ils restèrent ainsi durant un long moment. Le fermier appela les bêtes, qui refusaient à présent de le rejoindre. Intrigué par leur manège, il s'approcha du petit groupe et découvrit Kelpi allongé sur le sol, les pattes méchamment brûlées par son effort. Et pour une fois, le petit cheval se laissa toucher. Le fermier lui caressa les naseaux et l'échine. Il le couvrit de son manteau et lui apporta de l'eau à boire. Le feu avait à présent été maîtrisé et il emmena les animaux au sec dans une grange. Dès que Kelpi eut repris quelques forces, il se laissa transporter par les hommes, qui soignèrent ses blessures aux pattes, le nourrirent et prirent soin de lui, comme un de leurs propres chevaux.
Depuis cette nuit de Noël-là, le petit cheval demeura près des fermiers et de la compagnie de ses frères aux longues jambes, bien à l'abri du blizzard et du gel. Plus jamais aucun autre cheval n'osa mépriser son aspect. Il fut enfin considéré comme un membre de leur famille à part entière. Ils vécurent ainsi encore de longues années de bonheur dans les collines écossaises, dans lesquelles il aimait tant à galoper.
Alors, je vous souhaite à tous un merveilleux Noël. Qu'il vous soit doux et heureux. Et surtout qu'il vous soit source de tolérance, réconciliation et surtout de beaucoup d'amour. Et comme on dit en gaélique écossais : Nollaig Chridheil ! Joyeux Noël !
Une petite exception à la règle : pas de billet sur la mer ni les voyages aujourd'hui...
Encore sept fois dormir et nous y serons à nouveau...
Les fêtes de fin d'année restent des moments célébrés dans mon entourage, comme dans beaucoup d'autres dans la culture à laquelle j'appartiens. Et cependant, j'avoue, je redoute un peu cette période faste, où il est de tradition de faire bonne chère, de multiplier les réunions familiales et les ripailles sur quelques jours. Je devrais me réjouir et pourtant, j'appréhende un peu cette période. Pourquoi cette ombre à un tableau qui se veut joie et allégresse ?
La Chaise Inoccupée
J'ai la chance de faire partie de cette infime portion de la population privilégiée, qui n'a aujourd'hui pas trop de soucis matériels. La tradition familiale, depuis des générations, se veut opulente et généreuse en termes d'accueil. Il est vrai que donner et distribuer du bonheur demeure toujours une grande joie, bien plus que celle de recevoir.
Cependant, malgré le faste et l'opulence, il me semble qu'il manque toujours quelqu'un autour du sapin. Que la grande table reste toujours quelque part incomplète. Il y a toujours ce fauteuil au coin de l'âtre que je voudrais voir occupé. Cette sonnette désespérément muette que je voudrais entendre tinter. Ainsi, dans chaque foyer, il y a toujours une chaise vide... Que ce soit l'enfant qui n'a pas pu se libérer, le frère perdu, l'être banni de nos vies, la soeur dont on est resté sans nouvelles, le parent ou l'ancien compagnon avec qui l'on est en froid depuis bien longtemps. Ou encore ce proche qui s'est envolé pour une autre galaxie et qui nous manque cruellement. Dans cette chaise vide, se trouve toujours l'image de quelqu'un qui peuple nos pensées et nos coeurs. Alors, elle a toujours sa place à table.
© Photos - Rêvesdemarins
La Chaise Solitaire
Il y a aussi ceux-là, qui voudraient bien rejoindre une table, mais que personne n'a invité... Ou chez qui la sonnette de la porte d'entrée s'est tue depuis belle lurette. Et qui passent la soirée en tête à tête avec leur chaise (roulante ou non), leur fauteuil devant une assiette vide, leur carton sur le trottoir, ou leur poste de télévision. Ni sapin, ni guirlandes. Ni paquets dorés ou feu d'artifice. Ou personne avec qui l'admirer. Qu'ils soient jeunes ou âgés, gentils ou acariâtres, ceux-là devraient pouvoir aussi partager une petite place auprès d'une maisonnée chaleureuse et aimante. Et cette pensée m'attriste terriblement. J'avoue, je le dénonce et ne fais pourtant rien en particulier pour rassembler ceux-là-mêmes, que je ne connais pas... Mais, peut-on porter le poids du monde sur ses épaules ? Il y a déjà tant à faire dans son entourage immédiat.
Peut-être alors cette chaise vide à notre table pourra-t-elle, un jour, accueillir un de ceux-là ?
La Chaise de la Trêve
Lors d'une nuit étoilée de décembre, il y a plus de deux mille ans, quelque part dans le froid nocturne glacial des monts judéens. Bethléem, Cisjordanie actuelle, à environ dix km au sud de Jérusalem. Un endroit supposé représenter la paix. Et pourtant, depuis des siècles, les politiques (et pas que les actuels) en ont fait un lieu de conflits et de discorde. Et ces dissensions semblent sans fin. Les écrits des sages y relatent la naissance d'un petit bout d'homme, qui allait faire couler beaucoup d'encre. Une encre se voulant pourtant d'espoir.
Une encre à la teinte rougie par les siècles aussi... La période de Noël a toujours été signe de trêve et l'occasion pour les belligérants de brièvement déposer les armes. Un cessez-le-feu sacré... Cette chaise-ci représente donc le symbole d'un arrêt des hostilités dans notre monde de tensions. Le moment de mettre ses différends de côté. De renvoyer ses discordes au placard. De ravaler sa colère et son ressentiment. De jeter ses rancoeurs pour de bon au panier. Un moment de pardon et de réconciliation où le dialogue peut enfin reprendre. L'opportunité de faire un geste vers l'autre. Et c'est là que la chaise vide prend tout son sens... En invitant l'autre à s'y asseoir face à nous ou à nos côtés, au lieu de lui tourner le dos. La chaise vide est une porte ouverte à l'autre...
© Photos - Rêvesdemarins
Alors, si même il vous reste une chaise vide en cette période de célébrations, ne l'enlevez surtout pas... Qui sait, ce sera peut-être l'occasion de rajouter quelques noms à votre liste d'invités, ou du moins à celle de vos cartes de voeux de fin d'année.
Et si vous comptez sur ce dimanche pour préparer votre sapin de Noël, alors bonnes guirlandes ! Bonne fin de WE à tous. |
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August 2023
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