Une petite exception à la règle : pas de billet sur la mer ni les voyages aujourd'hui...
Encore sept fois dormir et nous y serons à nouveau...
Les fêtes de fin d'année restent des moments célébrés dans mon entourage, comme dans beaucoup d'autres dans la culture à laquelle j'appartiens. Et cependant, j'avoue, je redoute un peu cette période faste, où il est de tradition de faire bonne chère, de multiplier les réunions familiales et les ripailles sur quelques jours. Je devrais me réjouir et pourtant, j'appréhende un peu cette période. Pourquoi cette ombre à un tableau qui se veut joie et allégresse ?
La Chaise Inoccupée
J'ai la chance de faire partie de cette infime portion de la population privilégiée, qui n'a aujourd'hui pas trop de soucis matériels. La tradition familiale, depuis des générations, se veut opulente et généreuse en termes d'accueil. Il est vrai que donner et distribuer du bonheur demeure toujours une grande joie, bien plus que celle de recevoir.
Cependant, malgré le faste et l'opulence, il me semble qu'il manque toujours quelqu'un autour du sapin. Que la grande table reste toujours quelque part incomplète. Il y a toujours ce fauteuil au coin de l'âtre que je voudrais voir occupé. Cette sonnette désespérément muette que je voudrais entendre tinter. Ainsi, dans chaque foyer, il y a toujours une chaise vide... Que ce soit l'enfant qui n'a pas pu se libérer, le frère perdu, l'être banni de nos vies, la soeur dont on est resté sans nouvelles, le parent ou l'ancien compagnon avec qui l'on est en froid depuis bien longtemps. Ou encore ce proche qui s'est envolé pour une autre galaxie et qui nous manque cruellement. Dans cette chaise vide, se trouve toujours l'image de quelqu'un qui peuple nos pensées et nos coeurs. Alors, elle a toujours sa place à table.
© Photos - Rêvesdemarins
La Chaise Solitaire
Il y a aussi ceux-là, qui voudraient bien rejoindre une table, mais que personne n'a invité... Ou chez qui la sonnette de la porte d'entrée s'est tue depuis belle lurette. Et qui passent la soirée en tête à tête avec leur chaise (roulante ou non), leur fauteuil devant une assiette vide, leur carton sur le trottoir, ou leur poste de télévision. Ni sapin, ni guirlandes. Ni paquets dorés ou feu d'artifice. Ou personne avec qui l'admirer. Qu'ils soient jeunes ou âgés, gentils ou acariâtres, ceux-là devraient pouvoir aussi partager une petite place auprès d'une maisonnée chaleureuse et aimante. Et cette pensée m'attriste terriblement. J'avoue, je le dénonce et ne fais pourtant rien en particulier pour rassembler ceux-là-mêmes, que je ne connais pas... Mais, peut-on porter le poids du monde sur ses épaules ? Il y a déjà tant à faire dans son entourage immédiat.
Peut-être alors cette chaise vide à notre table pourra-t-elle, un jour, accueillir un de ceux-là ?
La Chaise de la Trêve
Lors d'une nuit étoilée de décembre, il y a plus de deux mille ans, quelque part dans le froid nocturne glacial des monts judéens. Bethléem, Cisjordanie actuelle, à environ dix km au sud de Jérusalem. Un endroit supposé représenter la paix. Et pourtant, depuis des siècles, les politiques (et pas que les actuels) en ont fait un lieu de conflits et de discorde. Et ces dissensions semblent sans fin. Les écrits des sages y relatent la naissance d'un petit bout d'homme, qui allait faire couler beaucoup d'encre. Une encre se voulant pourtant d'espoir.
Une encre à la teinte rougie par les siècles aussi... La période de Noël a toujours été signe de trêve et l'occasion pour les belligérants de brièvement déposer les armes. Un cessez-le-feu sacré... Cette chaise-ci représente donc le symbole d'un arrêt des hostilités dans notre monde de tensions. Le moment de mettre ses différends de côté. De renvoyer ses discordes au placard. De ravaler sa colère et son ressentiment. De jeter ses rancoeurs pour de bon au panier. Un moment de pardon et de réconciliation où le dialogue peut enfin reprendre. L'opportunité de faire un geste vers l'autre. Et c'est là que la chaise vide prend tout son sens... En invitant l'autre à s'y asseoir face à nous ou à nos côtés, au lieu de lui tourner le dos. La chaise vide est une porte ouverte à l'autre...
© Photos - Rêvesdemarins
Alors, si même il vous reste une chaise vide en cette période de célébrations, ne l'enlevez surtout pas... Qui sait, ce sera peut-être l'occasion de rajouter quelques noms à votre liste d'invités, ou du moins à celle de vos cartes de voeux de fin d'année.
Et si vous comptez sur ce dimanche pour préparer votre sapin de Noël, alors bonnes guirlandes ! Bonne fin de WE à tous.
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AuteurArchives
August 2023
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