Ce blog narre fréquemment les aventures, les prouesses ou les péripéties des marins. Mais la mer recèle d’autres héros... Ceux dont on entend moins et que l’on aperçoit plus rarement aussi. Alors, si nous parlions un peu de faune marine pour une fois? Je voudrais ainsi vous présenter un ami : Sherlock, le phoque.
Pourquoi l'avoir baptisé Sherlock ? Parce qu'il a l'air taquin, "nosy", curieux et très malin... Et puis, parce que cela rime :-)
Voici des années déjà que la Mer du Nord constitue un terrain de jeu pour quelques phoques aventureux. Il est toujours amusant de les voir pointer leur museau aux longues moustaches entre deux vagues près de l’estacade, dans le chenal ou même près des voiliers amarrés dans le port.
Le Roi du Grand Bleu
Le phoque commun, qu’on trouve chez nous, est parfois nommé « veau de mer ». Une petite parenthèse linguistique : sa traduction néerlandaise "zeehond" l'associe à un chien, alors qu'un "chien de mer" en français se réfère à un type de requin. En anglais, un "seadog", signifie un vieux marin expérimenté, ou ... "loup de mer" en français. Cocasse, non ?
Il se révèle un nageur hors pair, à l’agilité et aux capacités étonnantes. Il peut ainsi plonger à plus de 20 jusqu’à 50m de profondeur et nager en apnée jusqu’à10 minutes. Et il peut atteindre une vitesse dans l’eau de plus de 35km/h. Par contre, sur la terre ferme, il est beaucoup moins à l’aise et fait figure de gros ballon pataud, pesant tout de même un petit 120 à 150kg pour une taille de 1,2 à 1,5 m de long : un beau gros pare-battage. Le phoque gris, habitant majoritairement les eaux plus froides de l’Atlantique ou d’Amérique du Nord, peut, lui, atteindre les 4m et 500kg. Un véritable pare-battage de cargo ! Si leur aspect adulte est de loin beaucoup moins craquant que celui de leur version bébé (le « blanchon » dont Brigitte Bardot fut une fervente protectrice), j’avoue que son grand regard noir infiniment tendre et ses pitreries me font fondre le cœur. Et chaque rencontre me donne un sentiment de vivre un moment privilégié, un peu magique.
Le Bonheur est sur le Quai
Ces derniers mois, une colonie de ces charmants mammifères marins a décidé d’élire domicile dans le port de Nieuport et d’en squatter nonchalamment la rampe de mise à l’eau, sans même avoir demandé une carte de membre au club du VVW. Et le WE passé, ils avaient décidé de faire bronzette sur le quai. Pas moins de sept vacanciers du soleil avaient ainsi étalé leur fourrure dorée sur les pierres chaudes du port. À première vue, on aurait pu croire qu’un marin du dimanche peu méticuleux aurait laissé traîner de gros pare-battages sur le quai. Sauf que les dites bouées avaient des moustaches et des pattes palmées ! Et ces mistinguettes aimaient clairement prendre des poses dignes de top-modèles pour se faire photographier sur le catway.
© Photos - Rêvesdemarins
Peut-être certains d’entre vous se souviendront-ils de cette vieille chanson québécoise, une des premières balades écologiques, du groupe Beau Dommage, qui nous comptait l'histoire d'un autre Sherlock.
Alors, si vous allez à la Mer du Nord et que vous croisez Sherlock, remettez-lui mon bonjour ! Un excellent dimanche à tous.
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La Mer en regorge. Et il finit souvent dans notre assiette... Alors pourquoi ne pas lui consacrer un billet. Le quoi? Le Poisson, dites-vous ? Et non, pas cette fois-ci... Le sujet d’aujourd’hui vous emmène découvrir une denrée rare et précieuse : l’Or Rose.
Il fait flotter les bateaux et nous parfume les lèvres. Depuis des millénaires, l’homme le récolte comme un objet de culte. Formé de riche évaporite, ce cristal fait l’objet de commerce et de convoitise depuis la préhistoire. Ses propriétés de préservation et conservation alimentaire ont joué un rôle crucial dans les grandes conquêtes et navigations au long cours. Il a dès lors revêtu un aspect stratégique dans pas mal de découvertes de nouveaux mondes et de batailles sans possibilités de ravitaillement. Il a même servi de monnaie ou d’impôt et les Normands ont été jusqu’à en faire un monopole. Il existe dans notre corps, en préserve un certain équilibre, notamment pour son hydratation et se retrouve jusque dans nos larmes. Sans lui, certains aliments (notamment le pain) paraissent bien fades. Et comme pour toutes les bonnes choses, il ne faut pas en abuser.
Son petit nom ? Na Cl, ou chlorure de sodium. Sur votre table, il prend le sobriquet de "sel", ou encore "saumure" en référence au procédé qui lui permet la conservation de produits périssables.
Entre Terre, Ciel et Mer
Le sel peut provenir de trois sources principales : la mer (salines ou marais salants - les mers et océans constituant la plus grande réserve de sel au monde), la terre (les mines ou salins) ou la synthèse artificielle.
Dans le premier cas de figure, qui nous intéresse aujourd’hui, l’environnement doit être propice à cette culture et compter les quelques conditions nécessaires, à savoir : une eau de mer riche en cet élément chimique, des eaux stagnantes ou peu profondes, un climat aride, chaud et venteux. Ce condiment traverse alors diverses phases pour sa récolte. L’eau stagnante passe par une série de bassins de profondeurs diverses, du plus profond (et froid) au moins profond, environ 30 cm (et donc plus chaud), ce qui permet l’évaporation et la hausse du taux de salinité. Des moulins à vent gèrent le drainage de l’eau vers les bassins et sa moulure. Le sel ainsi sédimenté est ensuite récolté à la main, cela depuis l’antiquité et placé pour sécher en tas autour des bassins. Il est récolté environ trois fois par an. « L'eau de mer contient environ 35 grammes de sel par litre d'eau, ce qui représenterait si toute l'eau des océans s'évaporait une hauteur de 60 mètres de sel répartie sur 71 % de la surface du globe (soit la superficie actuelle occupée par les eaux). » (source - Wikipedia)
La Route du Sel Sicilienne
Dans nos pays du Nord, on connaît souvent les marais salants de Guérande, de l’Île de Ré ou de Noirmoutier, ou à la limite, le sel rose de l’Himalaya (mais pas marin celui-là... ) pour les plus férus d’exploration et d’exotisme culinaire. À moins d’avoir, comme moi, de la proche famille dans ce très beau pays qu’est celui de Dante Alighieri, le sel italien, par contre, nous est moins familier et atterrit moins fréquemment sur notre table.
Si le monde gréco-romain disposait du miel et autres produits sucrés pour la conservation des aliments, ces derniers étaient onéreux. Le sel fut donc considéré comme un produit beaucoup plus abordable et très répandu à cet effet. Il était également utilisé pour des rituels religieux et des offrandes aux dieux. Chez les Phéniciens, en particulier ceux s’étant installés en Sicile et aux alentours de Marsala, Trapani (Nord-Ouest) et de l’île de Mozia (ou Mothia, de l’akkadien "Metu"signifiant "eaux stagnantes"), on parlait parfois du sel local comme de « l’Or Rose »... Ce surnom reflèterait sa teinte en fin de cycle en raison des micro-organismes marins qui entrent dans sa composition (crustacés ou autres) à cet endroit spécifique. Si le sel de la région de Trapani généralement commercialisé, surtout pour la haute gastronomie, est bel et bien blanc et intégral, il en existe en effet, une variété - produite en toutes petites quantités - qui peut se targuer de détenir cette couleur singulière rosée (ainsi qu’un goût hors du commun). Mais les locaux conservent ce met précieux principalement pour leur propre consommation. La légende affirme qu’il possèderait des vertus de longévité. Qui sait...
Cette appellation d’ « Or Rose » convient particulièrement bien aux marais salants de cette localité sicilienne, surtout au coucher du soleil, qui les transforme en lieu féerique en termes de jeux d’ombres et de coloris pastels, dont le... rose. Voyez plutôt.
« Sea, Salt and Sun... »
© Photos - Rêvesdemarins
Alors, sans vouloir y mettre mon grain de sel, je vous invite à prendre votre bâton de pèlerin et à aller faire un tour sur cette île où les Grecs, Romains, Phéniciens et Normands firent un jour escale en y laissant des vestiges fabuleux que je vous ferai découvrir dans une prochaine note (qui ne sera pas salée ;-)).
Enfin, le sel est aussi un symbole antique d'amitié, de finesse et de gaieté… Alors, pourquoi pas l’occasion de préparer cette semaine un bon poisson grillé en croûte... de sel. Je vous souhaite un excellent dimanche, salé juste à souhait.
Je cours, je recours et je cours encore. Après le temps, après les heures qui passent trop vite et une semaine un peu (beaucoup) folle pour mes clients au travail. Mais, je regrette toujours de devoir faillir à la parution de ce billet dominical. Alors, je vous offre un tout petit billet tout de même aujourd'hui.
Dans ce monde de surconsommation et de matérialisme, la plupart d'entre nous comptent au moins un petit point faible en termes d'amour d'objets. Pour certains, il s'agit de voitures, d'autres de trains miniatures, bouquins, timbres, chaussures ou encore sacs à mains. (Et non, les gens parfaits, c'est très rare et je n'en fais certainement pas partie... ).
Personnellement, j'ai un petit faible pour... Les Pierres... Durant mon enfance, j'avais la (mauvaise) habitude de ramasser des cailloux le long du chemin, de préférence en montagne, et de les stocker dans le sac à dos (porté, bien entendu par mes pauvres parents... ). A chaque balade en altitude, le sac prenait donc du poids, ainsi que les valises au retour de vacances, au grand dam de ma famille...
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Avec les années, mon attirance pour ces minéraux n'a pas faibli. Et je poursuis cette habitude de ramener des cailloux (ou des coquillages) d'un peu partout dans le monde. Ainsi, lorsque des amis partent faire un voyage, je leur demande parfois de me remporter une petite pierre de leur périple. J'ai ainsi récemment reçu un beau souvenir du toit du monde (Népal) et du Mexique. Deux endroits du monde que je rêve de voir, mais qui ne sont pas encore sur ma liste de destinations futures dans un avenir proche. C'est un peu comme si j'y avais déjà quelque peu été... Merci à ceux qui ont pensé à moi par cette petite attention !
Cela doit faire partie de mes gènes... Mon grand-père, un grand voyageur, à qui ce site web est consacré, ramenait toujours un petit quelque chose de ses voyages. Sa maison était devenue un véritable "musée des horreurs", comme il aimait à le dire en souriant. (Je vous rassure, le mot 'horreur" faisant référence au besoin de déplacer les centaines de souvenirs de voyages pour prendre les poussières... ). A moins que ma marotte ne soit tout simplement une bonne excuse pour justifier mon amour du style ethnique, y compris des bijoux et accessoires en pierres naturelles ;-). Tout comme les Arcs-en-Ciel, les pierres précieuses naissent aussi dans l'Océan...
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Et puis, lorsque toutes les couleurs de l'arc-en ciel marin décident de former un tableau surréaliste, ensemble sur une toile invisible à la surface de l'eau, cela donne ceci...
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Alors, je vous laisse rêver en technicolor. Et lors de vos prochains voyages, ramenez-moi donc une petite pierre, que je puisse la rajouter à ma "femme-debout" ! Un excellent dimanche à tous.
"Pour l'Amour du Ciel" ... Voyons donc... Ne serait-ce un titre approprié pour une pièce de théâtre ? Allons bon, c'est parti pour un petit billet léger, histoire de s'envoyer en l'air ce dimanche... Et je vous emmène au Septième Ciel aujourd'hui !
Les Acteurs
Sept personnages :
Acte Premier - Réveil à l'Aube
Il fait nuit noire. Zénithic est confortement allongé dans son lit de ciel douillet. Il est aux anges : il a tout l'espace pour lui. Pas un bruit, pas une âme qui vive à l'horizon pour le déranger dans son sommeil et sa zénitude... Tout va pour le mieux du monde jusqu' au petit jour... A travers les rideaux, tout au bas de l'horizon, une lueur pointe son nez brillant à travers l'embrasure de la porte. Un gros nez rouge-orangé, de plus en plus gros au fur et à mesure qu'il monte à la verticale et rentre impunément dans sa chambre.
- Bonjour cousin ! - (Aaargh... Non, pas lui ! Je veux encore dormir..., pense Zénithic). Bonjour Phébus, répond-il encore tout endormi de sa longue nuit. Et franchement mécontent d'avoir été tiré de son sommeil à l'aube. - Tu es déjà revenu ? Mais, il me semble que tu es à peine parti depuis hier soir ? ! ? - Hé oui ! Voyage éclair ! Et je me suis dit que j'allais venir te faire une petite visite de courtoisie. On mange ensemble ce midi ? - D'accord, s'il le faut vraiment... (En réalité, Zenithic est heureux de revoir son cousin, avec qui il s'entend bien. Ce dernier se montre toujours jovial, brille en société et met les gens de bonne humeur. Et surtout, il parvient souvent à désarmocer les accès de courroux de sa fille, qu'il redoute plus que tout). - Je demanderai à Cirrusine de prévoir un couvert de plus pour toi. - Aah, Cirrusine, elle me plaît bien cette petite avec sa chevelure d'ange... On se voit à quatorze heures tapantes pour un repas au sommet alors ! - Oui, oui, à tout à l'heure...
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Acte Second - Lutinerie
"Qui a peur de l'orage mais rêve du coup de foudre... " (Julien Lorcy)
Cirrusine dresse la grande table dans le salon. Elle a laissé pendre sa chevelure le long de ses hanches. Ses longs doigts diaphanes couleur d'albâtre déposent les couverts sur la nappe d'azur. Et Zéphyrin s'amuse à faire voler ses cheveux dans son visage. Il s'approche d'elle et l'embrasse subrepticement dans le cou. Elle sent son haleine sur sa peau. Elle s'enfuit. La pauvrette le prie de la laisser tranquille, mais le polisson se plaît à la taquiner davantage. Elle ne sait où se mettre pour parvenir à terminer son ouvrage. Cependant, la scène n'est pas restée sans témoin : Stratusin, occupé dans la chambre à côté, déboule timidement dans la pièce.
- Je vous en prie. Laissez-la tranquille, Monsieur. Vous voyez bien que vous l'importunez. - Mais, mais, mais... Et de quoi te mêles-tu donc ?!! (Etonné d'entendre une réaction de la part d'un valet, qui plus est, un homme qui, d'habitude, est incapable de prononcer deux mots intelligibles les uns après les autres. ) - Notre invité va bientôt arriver et le repas n'est pas encore prêt. Elle risque de se faire disputer par Monsieur le Maître. - Bon, bon, je m'en vais. Si on ne peut même plus s'amuser, ici... - Merci, mon bon Stratusin, s'élance alors la belle. Tu m'as dépêtrée d'un mauvais pas. Monsieur Zéphyrin doit toujours me suivre partout et me chahuter, où que j'aille. Je n'ai cure de ses avances. Toi, au moins, tu es gentil avec moi. J'aime bien ta compagnie. Et elle l'embrasse timidement sur la joue pour le remercier. A ce geste, Stratusin devient aussi rouge qu'une tomate et en reperd tout à coup l'art de la parole. Il se presse alors de quitter la pièce, comme frappé par la foudre...
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Acte Troisième - Repas de Famille
A quatorze heures sonnantes, Phébus se présente à la porte. Ils s'installent dans la salle à manger. Stratusin sert à table. Cumulisa parle à n'en plus finir. Elle se plaint de tout sans aucune gène : de la couleur des cheveux de Phébus qu'elle trouve trop éblouissante, des courants d'air que Zéphyrin provoque par ses allers et venues, de l'air négligé de son frère, du teint trop pâle de son père, de la chevelure de Cirrusine qu'elle trouve trop longue, de l'air niais de Stratusin et tant d'autres reproches encore. Un véritable moulin à paroles. Même Phébus, d'habitude en verve, a fini par se taire. Une drôle d'ambiance s'installe à table. Personne n'ose vraiment interpeller la solide jacasse, de crainte de provoquer sa colère. Ses accès d'humeurs sont mémorables. Et personne n'a vraiment envie de provoquer un déluge dans un ciel encore serein. Chacun regarde son assiette, sans vraiment plus avoir envie de manger. Zéphyrin, lui, par contre, s'en amuse. Il aime ces discussions animées et conflictuelles et n'en rate pas une pour rajouter du vent au moulin... C'est donc ce qu'il fait : il sussure à l'oreille de la bavarde quelques arguments provocateurs supplémentaires, pour attiser encore plus le souffle de la conversation. Ces deux-là sont incroyablement complices dans l'art de former des pluies de discorde.
Stratusin, comme le veut son statut de domestique, reste muet. Mais à l'intérieur, il bouillonne. Il voudrait faire taire cette commère malveillante. Mais, il s'agit de la fille de son maître. Cirrusine se tient debout en face de lui, de l'autre côté de la table, dans un maintien impeccable. Ils n'osent pas se regarder. Cependant, en silence, ils rêvent l'un et l'autre de quitter cette pièce et cette maisonnée et de s'enfuir, ensemble, loin de ces cieux qui commencent doucement à s'ombrager sérieusement.
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Acte Quatrième - Coup de Tonnerre dans un Ciel Bleu
"Le bonheur est comme un frêle voilier en pleine mer : il suffit d'un orage pour le détruire. " (Lena Allen-Shore)
Le ton monte. Le débat s'enflamme. Cumulisa est déchaînée. Nimbuson s'en mêle et finit par avoir des mots ténébreux avec sa soeur. Zéphyrin en profite pour en remettre une couche (nuageuse... ). Et l'orage éclate... Les mots finissent par pleuvoir et fuser comme des éclairs. Tous les interlocuteurs autour de la table parlent en même temps. La tension est palpable dans le cercle familial. Il y de l'électricité dans l'air. Une vraie cacophonie ! Zéphyrin passe d’une chaise à l’autre. Il ne tient plus en place. Phébus s’est caché sous la table, en attendant que l'ouragan passe. Cirrusine est repartie en sourdine dans la cuisine, suivie discrètement par Stratusin. Zénithic, qui préside, est sombre et fronce ses gros sourcils. Et il finit par taper du poing sur la table :
- Tonnerre des Cieux, c’est pas un peu fini ce vacarme ! Je veux du caaaaalme ! Je suis chez moi ici et allez faire votre boucan ailleurs ! Pas de cela dans ma maison ! Pour l'amour du Ciel, je suis encore le chef de famille ici, nom d'un nuage !
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Acte Cinq - Après la Pluie, le Soleil...
Les protagonistes sursautent et cessent peu à peu leur tintamarre en maugréant : Zéphyrin prétend être incommodé par la chaleur lourde et s’en va prendre l’air. Nimbuson emmène Cumulusine à une soirée dansante au village d’à côté, où ils vont pouvoir faire la fête toute la nuit. Ne restent à table que Zéphyrin et Phébus, qui a ressorti la tête d'en dessous de la table, en voyant que le cyclone prenait ses distances.
- Ah, les enfants, cher cousin... Qu'il est donc difficile de faire régner la paix sous son propre toit. Enfin, de l'ordre, du calme et un ciel sans nuages... , s''éclame Zénithic dans un gros soupir. - Bah, cela met un peu d'animation dans nos vies, Zénithic, rétorque Phébus. Et puis, sans eux, avoue tu t'ennuyerais, cousin... Et ne vaut-il pas mieux quelque orage endurer, Que d'avoir toujours peur de la mer importune ? Par la bonne fortune on se trouve abusé, Par la fortune adverse on devient plus rusé. (Joachim du Bellay)
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Alors, si demain, le ciel se couvre, et que l'air devient orageux, prenez-le comme l'aubaine d'un vaudeville ! Il vous restera juste à en reconnaître les divers acteurs.
En vous souhaitant un dimanche empli de nuages plus jolis les uns que les autres. Et qui sait, une bonne occasion de revoir votre cours de météorologie ! Bon WE.
Vous connaissiez certainement la fameuse Lampe d'Aladin et ses trois souhaits ? Mais connaissez-vous la Langue d' à Ladin, par contre ? Alors, c'est parti pour une petite histoire en deux parties. A vous de deviner à travers le billet teaser de ce dimanche où je vous emmène... Et non, ce n'est pas en Arabie ! Réponse pour ceux qui n'auront pas trouvé dans le billet de la semaine prochaine.
Au Pays des Ladins
Ce WE, je vous transporte donc chez les Ladins. Cependant, pour vous rendre chez eux au départ de notre plat pays, il vous faudra d'abord traverser cinq frontières et braver autant de peuplades diverses : les Letzeburgesch, puis les Elsaz, ensuite les Teutons, les Ostmarks ou encore les Helvètes. Tout une épopée en soi. Rien que le voyage en vaut le détour. Autant de paysages variés, d'expériences culinaires et culturelles disparates. Toutes en valent le détour.
Ceci nous emmène à la croisée de trois contrées aux dialectes divers - l'Italien, l'Allemand et le Frioul (ou une variante du Romanche), dont un savant mélange des trois : le Ladin. Cette langue est ainsi considérée comme une des plus rares d'Europe. Une partie du monde où tout est inscrit dans les trois langues (panneaux de signalisation, affiches, menus, contraventions... ). Sans aucun souci pour les locaux. Un bel exemple de multilinguisme.
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Une Damoiselle pas comme les Autres
Le décor étant planté, revenons-en à nos muuu-tons... Il est temps de vous présenter l'héroïne de ce billet.
Mucca porte une robe gris clair, parfois une brune ou encore bigarrée, mais toujours dans des tons d'automne. Elle abore un de ces sourires d’ange qui vous font craquer. Sa peau est douce au toucher comme de la soie. Ses grands yeux bruns brillent de mille feux dans le soleil. Et ses longs cils noirs en ferait pâlir Liza Minnelli de jalousie. Sa particularité ? Lorsqu'elle secoue la tête, sa chevelure tintinabulle comme un carillon tyrolien. Et ses voisins voient en elle à la fois le sourire de la crémière, le beurre, et l’argent du beurre... Mucca est donc une damoiselle très prisée en société. Notre jolie damoiselle vit une existence passablement monotone, à son avis personnel, du moins... Des réceptions ici et là. Manger, boire, remanger et reboire... Toujours en compagnie de ces autres dames, qui, elles ne font pas mine de s'ennuyer de leur existence mondaine. Parfois, passe un gentleman dans ses parages pour lui faire la cour, mais cela ne dure jamais très longtemps. Et cela ne l'intéresse guère. Son passe-temps : des promenades dans les alpages, d'un village à l'autre. Elle aime la marche à pied. Et heureusement, parce que cela grimpe ! Mucca aime également la musique. Lorsqu'elle résonne dans la langue de Dante mélangée à celle de Goethe et de Molière, le chant du yodel l'émeuuuut encore bien plus ! Et la rend quelque peu nostalgique, parce qu'elle rêve de grands voyages...
Mers d'Altitude
Les Ladins sont des gens vrais, durs à la tâche et attachés à leur nature. Comme les marins. Mais des marins pas comme les autres... Ces marins-là, ont pour mâts, de fiers clochers pointus, pourpres de préférence. Pour ventre bombé du spi, des campaniles en forme de bulbes. Pour cloche de bord, les carillons locaux et des troupeaux. Pour rouleaux de mer, les tourbillons des rivières de montagne. L’eau y est aussi froide que les langues des glaciers qui les crachent, d’un bleu aigue-marine pur. Pour écueils, des rochers polis par les caresses des torrents. Les courants y sont forts et les marées tout autant au moment de la fonte des neiges. Les creux de vagues s'y mesurent en milliers de mètres... Les crêtes des vagues y sont blanches (et pas d'écume), et leurs sommets ressemblent à une série d'aiguilles dorées dans la lumière du soleil. Bref, un océan attirant et affolant à la fois.
Et Mucca rêve de naviguer... Et pour ce faire, elle va faire une rencontre pas comme les autres. Un bon génie en sorte... Mais en lieu de lampe, notre génie habite un...
Oops, le marchand de sable vient de passer ce soir. Et Mucca vient de s'endormir... Et puis, il faut un peu tenir le lecteur en haleine... Je vous raconterai donc comment notre héroîne va poursuivre son rêve dans le billet suivant et sa rencontre avec son bon génie. En attendant, avez-vous déjà deviné où habite le personnage de notre billet ?
Un excellent dimanche à tous.
Pêche Sauvage
Si les pêcheurs, en haute mer, surtout, méritent sans aucun doute un grand respect - un métier dur qui requiert du courage et de la résistance, je suis triste d'apprendre que c'est encore trop souvent la pêche, l'appât du gain et le comportement d'une partie de la profession qui participe à la pollution des mers et à la destruction de leur faune. Des filets abandonnés ou perdus, des flotteurs en plastique à la dérive, des hameçons ou des nasses enfoncés ou entortillés autour du corps d'innocentes créatures marines. Des animaux qui n'ont rien demandé. Qui ne se sont pas méfiés de ces drôles de jouets colorés aux allures inofensives ou appétissantes dans l'eau et qui se prouvent d'implacables prédateurs.
La surpêche et un commerce piscicole de masse exigeant toujours plus, toujours plus vite, toujours plus loin. Pas le temps ni l'attention pour récupérer les filets indésirables. Un désintérêt ou une inconscience des équipages pour la survie des espèces. Notre monde souffre d'un besoin criant de revenir vers des pratiques de pêche durables et respectueuses de l"équilibre de l'écosystème.
Je vous épargne les photos plus dérangeantes encore ou tout simplement insoutenables. Celles-ci suffisent déjà amplement à se rendre compte de la criticalité de ce problème poignant.
© Photos - www.unoceandeplastique.fr (la propriété des photos demeure celle de leur auteur originel).
L'Homme dit à la mer : "T'es la Poubelle, tu sais..."
L'ingestion de plastique touche plus de 600 espèces marines. Que ce soit des plus grands aux plus petits morceaux. Les grands cétacés qui filtrent l'eau avalent de larges quantités de microplastiques que leur organisme est incapable de digérer, causant ainsi de graves problèmes respiratoires ou digestifs à ses victimes. Sans parler du continent plastique. Je ne reviendrai pas sur cette problématique déjà abordée dans plusieurs autres billets de ce blog. Mais, le temps passe, et le souci s'intensifie partout autour du globe.
La bonne nouvelle, c'est que depuis quelques années, de nombreux projets ont visé à inventariser l'ampleur du phénomène et à trouver des moyens de dépolluer un peu les océans, ou tout simplement à sensibiliser les populations (par ex. le projet "Tara Méditerrannée", l'appel de François Gabart lors de son tour du monde record le mois passé et le tout récent projet "Manta" d'Yvan Bourgnon pour ramasser les déchets de grosse taille flottant dans les océans (à découvrir via ce lien). Les choses bougent tout de même, mais tellement lentement par rapport à l'amplitude de la calamité. A nous de poursuivre la quête vers un monde plus propre.
Economie circulaire dans un carré
Ou comment faire de l'économie circulaire dans un carré, tout en faisant un rond dans l'eau...
A bord d'un voilier, on récupère, on recycle, on transforme, on invente avec les moyens du bord et surtout, on gaspille le moins possible. Tout d'abord, par manque d'espace. Dans les voiliers de course, chaque gramme a son importance, alors, on élimine tout ce qui n'est pas strictement nécessaire, quitte à boire dans la même bouteille ou ne prendre qu'une demi brosse à dents... pour 10 membres d'équipage ;-). Alors, comment faire pour stocker diverses poubelles (résidus, plastique, métaux, carton... ) dans un espace restreint ? C'est en effet souvent un défi. Et pourtant, un bateau renferme pas mal de petits recoins qui permettent de stocker ce qu'on ne peut pas réutiliser ou transformer immédiatement à bord. On fait appel à la créativité de l'équipage pour y parvenir.
Ensuite, parce que la voile est l'art de la débrouille et du bricolage par excellence. Alors, éclatez-vous, les marins ! Le recyclage est le meilleur moyen de titiller et d'assouvir votre besoin d'inventivité. Enfin, parce que les voileux sont (censés du moins) être conscients, respectueux et sensibles à la protection de l'environnement. Malheureusement, il y a encore du travail de fond à faire pour l'éducation des navigateurs du dimanche. La gestion des déchets serait probablement un sujet qui vaudrait d'être inséré dans le programme des cours de voile et de navigation (tout comme dans les manuels de camping d'ailleurs).
"Les fleurs du printemps sont les rêves de l'hiver racontés, le matin, à la table des anges." (Khalil Gibran)
C'est enfin le retour du printemps... Il commençait vraiment à se laisser désirer. Alors, voici un billet pour vous parler de nature. Et qui dit retour du printemps, dit notamment retour des... insectes ! Alors, pourquoi ne pas leur offrir un petit billet et en plus particulier aux abeilles... Je sais... Je vois déjà certains lecteurs froncer les sourcils à propos du sujet. Et non, je ne compte pas vous donner un cours d'apiculture ni de... euh..., enfin, vous savez bien quoi....
Restos du Coeur Marins
S'il est commun de croiser des volatiles lors de navigations à la voile, d'habitude, il est plus fréquent de recevoir la visite d'oiseaux de mer, de terre (ceux-là ont souvent l'air d'avoir un peu perdu leur boussole), ou voire de poissons volants (clairement en panne de sonar vu leur propention à se poser brutalement sur le bateau ou à choisir le visage des membres de son équipage pour piste d'atterrissage). Par contre, les insectes sont souvent plus rares en mer. Contrairement aux ports d'ailleurs, où les moustiques adorent me rendre visite à des heures tout à fait indécentes, dans une tenue et à des endroits, tout aussi impudiques ! Surtout lorsque le voilier en question (Merena, pour ne pas le nommer) ne possède pas de portes et où le navire fait toute la nuit office de resto du coeur pour ces bestioles en mal de partouses-gueuletons nocturnes gratuits.
Lors d'une navigation cotière en Turquie il y a deux ans, nous avons été littéralement envahis par une troupe de guêpes, en mal de trouver un endroit où se reposer en mer. Et tout naturellement, notre voilier leur a paru le refuge idéal, pour une petite pause. Qui sait, nos visiteuses jaunes et noires se sont-elles senties à la maison sur un voilier piloté par un équipage majoritairement originaire de Flandre (sans jugement politique aucun ! ). Mais voilà, ... La vie à bord étant ce qu'elle est et notre repas venant d'être servi dans le cockpit, nos petites amies bicolores ont tout naturellement demandé l'asile politique et gastronomique... Et c'est là que les marins s'empoignèrent... D'accord pour l'asile flamand. Mais pas d'accord pour l'asile gourmand. "Touche pas à ma tartine de confiture " ! Inutile de vous faire un dessin, l'ambiance à bord tourna rapidement au rouge (toujours pas de politique ici). Et nos invitées clandestines durent battre en retraite après une solide leçon de sémaphore par quelques membres d'équipage (avec les bras et le son s'il vous plaît ! ).
Abeille à Bord
Au retour de Cowes, où nous avions participé à la Round The Island Race en juillet passé, nos invitées surprises du moment démontrèrent, heureusement, de bien meilleures manières et politesses que leurs cousines à la taille fine. Ce fut donc, avec soulagement, que nous apercevâmes la silhouette plus menue de quelques abeilles dans le cockpit. Ces dernières s'étaient faites très discrètes et semblaient jouer au caméléon avec les écoutes rangées au bas du piano. Elles auraient pu se poser n'importe où d'autre à bord (ce n'étaient pas les écoutes en spaghetti par terre qui manquaient à bord ni la couleur jaune sur la bouée, mais elles choisirent un endroit stratégique : celui qui correspondait à leur aspect. Etonnant, non ? Ces passagères clandestines furent une compagnie des plus aimables à bord et nous ne nous en sommes plaints à aucun moment. Arrivés à hauteur de Nieuport, elles quittèrent alors le bord pour rejoindre la terre ferme dans un battement d'aile et un "bzzz, bzzz" amical.
© Photos - Rêvesdemarins
Maya & Lady Bug
Lors d'un conte narré en 2016 dans un billet antérieur - L'Abeille, La Coccinelle et le Dragon des Mers - , certains lecteurs de ce blog m'ont demandé, "mais pourquoi donc une abeille et une coccinelle" ??? Alors, chers lecteurs, je vais vous révéler ici un petit secret familial...
© Photos - Isabelle Burguet
Alors, si vous croisez un abeille ou une coccinelle en mer, soyez indulgents et accueillez-les chaleureusement sur votre combinaison de voile (la coccinelle sur la rouge et noire, comme la mienne, ou l'abeille sur votre veste de quart jaune. Et ceux, qui préfèrent les vêtements de voile bariolés, attendez-vous à héberger un joli papillon ou un scarabée multicolore !
Un excellent premier dimanche de printemps à tous ! "Mer des Sargasses" : zone de l'Océan Atlantique Nord, découverte par Christophe Colomb, tenant son nom des algues dites Sargassum, qui ont la particularité d'y flotter, et de s'y accumuler en surface. Le mot même de « Sargasse » vient du mot italien "Sargazzo" qui signifie varech.
La Mer des Sargasses est une zone calme, sans vent ni vagues. Les navires de Colomb naviguèrent ainsi parmi ces herbes qui ralentissaient leur progression durant trois semaines à la vitesse d'un escargot de mer et leur donnant le sentiment qu'ils n'en sortiraient jamais... Malgré la prolifération de ses algues, cette mer est souvent considérée comme sans vie, car très salée et au milieu pauvre (notamment en chlorophylle) sous sa surface.
Plasticsphère
Dans cette étendue nommée "Jungle flottante" ou encore "Désert flottant", a été découvert en 2010 un tourbillon de déchets, portés par les eaux depuis les rivages de l'Europe et de l'Amérique. Sous l'effet de la force de Coriolis, trois courants y font converger les détritus flottants, transformant l'endroit en une imbuvable "soupe" de plastique. Un septième continent plastique d'une taille plus grande que la France... Il existe cinq gyres de pollution au monde où s'agglutinent les déchets. La Mer des Sargasses en est une. Selon la fondation Ellen Mc Arthur, il flotterait plus de 150 millions de tonnes de détritus plastiques dans nos océans et ce chiffre pourrait bien doubler d'ici à 2050. Cela signifierait que nos mers contiendraient plus de plastique que de poissons !
La fondation Ellen Mc Arthur milite en faveur d'une transition vers une économie circulaire qui recyclerait un maximum de matières, à commencer par le plastique. Et je ne peux que lui donner raison... Mais les habitudes ont la vie dure. Et modifier les comportements sociétaux sans que le consommateur n'aie à fournir d'efforts financiers, économiques ou de facilité comporte un défi de taille. Sans parler du lobby des fabricants de plastique ou encore des enjeux politiques. Le premier forum sur l'Economie circulaire (WFCE) a d'ailleurs eu lieu en juin de cette année en Finlande. Plus de 1.500 experts s'y sont réunis pour y débattre des problématiques et tenter de trouver ensemble une ébauche de solution. Notamment, un premier pas vers la disparition des sacs plastiques, à travers leur taxation ou leur recyclage. Certains pays ont d'ailleurs déjà pris des mesures dans ce sens (France, Mauritanie, Mali, Haïti, Danemark, Bengladesh, Italie... ). Chacun d'entre nous peut ajouter sa petite pierre à l'édifice vers des océans plus bleus et l'éradication progressive de zones de pollution. Bien entendu, il s'agit là d'un exercice global et où tous les acteurs mondiaux ont un rôle à jouer, à commencer par les plus gros pollueurs. Mais, tout effort, même minime, en vaut la peine. Alors, la prochaine fois que vous allez faire vos emplettes, si cela ne fait pas encore partie de votre rituel, n'oubliez pas votre sac réutilisable ou vos bocaux de verre !
© Photos - Wikipedia
Métamorphose des Sargasses
La Mer des Sargasses n'est pas toujours aussi loin que vous pensez... Elle peut surgir dans nos vies, à n'importe quel moment.
La Mer des Sargasses, ce sont aussi ces moments où nous n'avons plus l'impression d'avancer. Ces instants où nous nous enlisons dans une mer de pensées négatives, d'interrogations, de découragement, de douleur (qu'elle soit physique ou morale) et où nous ne voyons plus la sortie de ce labyrinthe gluant qui nous paralyse. Cet état second où nos démons nous poursuivent, où nous nous sentons traqués par des monstres imaginaires. Ces heures que nous voudrions voir passer en un éclair, mais qui durent et durent encore. Ces nuits où le plafond n'a jamais paru si clair malgré l'obscurité nocturne. Ces jours où nous prions le ciel que tout s'arrête enfin pour que la douleur cesse. Et c'est alors que les effets de ce Désert Flottant font de nous quelqu'un d'autre... Cette Mer-là possède ce pouvoir terrifiant de nous transformer en un autre nous Et selon les personnes, la métamorphose qui s'opère ainsi prend les formes les plus diverses. Chez l'un, elle fera de lui un ours bourru, qui ne dit mot mis à part borborygmes, renfermé sur lui-mème, ou une plante, muette, incapable du moindre geste. Chez l'autre, elle le transformera en lion enragé, agressif et mordant pour son entourage. La Mer des Sargasses fera poser à un troisième des actes émotionnels, déraisonnables et parfois incompréhensibles. Elle transfigurera le dernier en pantin injustement irascible avec ceux qui prennent soin de lui, par faute de ne pouvoir traduire sa souffrance autrement qu'à travers maladroitesse des mots, ingratitude et reproches. C'est notre manière d'exprimer notre désir profond de nous échapper enfin de cette Mer des Sargasses qui nous retient prisonniers de notre corps, de notre esprit ou de notre vie. Et plus la Mer s'épaissit, plus ses eaux sont profondes, plus nous nous éloignons de nous-mêmes. (...) Atlantique nord, 26° nord, 65° ouest : la Mer des Sargasses, une position qui terrifie les marins... La légende dit en effet que les varechs géants peuvent bloquer gouvernails et hélices et que les navires s'y retrouvent pour toujours prisonniers, formant comme une cité flottante à la merci des bêtes monstrueuses qui grouillent sous les algues (...) (Sargasses, Al Coutelis/Rodolphe)
Alors, si vous êtes un jour confronté à un marin englué dans sa Mer des Sargasses, ne lui en voulez pas. Soyez tolérant, patient et doux. Il a besoin de vos soins et de temps pour mener son navire hors de ce bourbier. Ne lui en voulez pas de son language un peu vert ou de ses gestes malhabiles pour se sortir de son océan marécageux.
Je vous souhaite un excellent dimanche, sur une mer bien bleue, translucide et paisible, sans plastiques, ni Sargasses.
“La lune émerge de la mer, déposant sur les flots son chemin argenté qui mène jusqu'à la lisière du monde, et même au-delà, pour ceux qui savent le parcourir.” ( J. R. R. Tolkien)
Je suis en mer ce week end. Et je suis en paix lorsque je navigue. Alors, je regarde le ciel et je pense à toutes ces autres mers... Celles dont on ne parle jamais.
Connaissez-vous ces océans méconnus? La Mer du Serpent, Mer Australe, Mer de la Connaissance, Mer des Crises, Mer de la Fertilité, Mer du Froid, Mer de Humboldt, Mer des Humeurs, Mer des Pluies, Mer de l'Ingénuité, Mer des Îles, Mer Marginale, Mer de Moscovie, Mer du Nectar, Mer des Nuées, Mer Orientale, Mer de la Sérénité, mer de Smyth, Mer des Ecumes, Mer de la Tranquilité, Mer des Ondes, Mer des Vapeurs, ou encore le terrifiant Océan des Tempêtes... Pas sur votre atlas de géographie, dites-vous? Voyons, regardez mieux. Elles se trouvent un peu plus haut... Encore plus haut, toujours plus haut. A quelques centaines de milles de kilomètres... Ont-elles seulement réellement existé? Et pourtant, nous en voyons encore les traces actuellemment. Je vous emmène aujourd'hui naviguer dans les océans... lunaires.
Ces bassins - car en réalité, il s'agit de cuvettes issues de l'impact de météorites, il y a environ trois millards et demi d'années, se sont ensuite remplis de lave qui leur ont donné leur couleur grisâtre particulière (basalte). Ils représentent environ seize pourcents de la surface lunaire et sont essentiellement répartis sur la face visible de la Terre.
Au XVIe siècle, un certain Giovanni Riccioli, un jésuite italien astronome originaire de Ferrare, nomma les mers lunaires selon le temps météorologique, croyant que chaque phase lunaire indiquait le temps qu'il faisait sur la terre. Galilée réfuta cette croyance, cependant la terminologie subsista. Jolis noms n'est-ce pas? Mon préféré reste probablement "la Mer des Ecumes" , une petite flaque d'à peine cent quarante kilomètres de superficie. (...) Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème, de la Mer, infusé d'astres, et lactescent. Dévorant les azurs verts, où, flottaison blême. Et ravie, un noyé pensif parfois descend (...) (Le Bateau ivre, Arthur Rimbaud)
De tous temps, la Mer et la Lune ont été intimement liées. Un vieux couple en somme. Les marées en sont la preuve. Et leur sort demeure indissociable. Mais deux vieux amants qui se connaissent par coeur sans jamais se lasser l'un de l'autre, et dont la complicité se veut poète, car de leurs amours sont nées de bien jolies expressions: vives-eaux, mortes-eaux, jusant, flot, étal, marnage et encore bien d'autres. Nous reparlerons des marées plus en détails dans un billet ultérieur. Sur ma liste de voyages à réaliser: revoir notamment Saint Malo, mais cette fois-ci lors des grandes marées...
© Photos - Rêves de Marins
Je me souviens de toutes ces fois où tu m'a appris à admirer ces mers lointaines, que ce soit à l'oeil nu, ou encore à la longue vue. Et toujours j'ai le sentiment que l'astre de nuit veille sur moi comme tu demeures pour moi tendre Ange Gardien dans l'ombre depuis toutes ces années. C'est d'ailleurs assez interpellant que nous ayons tous deux hérité à presque trente ans de différence d'un sobriquet similaire en référance à l'astre du soir (peut-être te souviendras tu que mon qualificatif scout fut "Rayon de Lune". ). "La pomme n'est pas tombée bien loin de l'arbre", comme on dit.
Aujourd'hui, c'est ton jour. Alors, ce billet est pour toi. Bonne fête, cher Petit Prince de Lune...
Qui dit mer, dit aussi grands voyageurs... Et quoi de mieux qu'une paire d'ailes pour découvrir le monde...
Dans un des billets précédents à propos de la Russie, je vous avais promis des oiseaux de mer. Je tiens donc parole. Je vous emmène aujourd'hui rencontrer quelques spécimens particulièrement attachants de ces volatiles marins, explorateurs du monde, à travers des destinations qui ont marqué leur sillage aérien... ainsi que ma mémoire.
A la quête de l'Absolu
Premières destinations de nos amis à plumes: Carlsbad Caverns National Park, New Mexico. Ensuite Santa Fe, California et ensuite Monterey Peninsula Landfill et Death Valley National Park, USA.
Notre premier goéland s'appelle Jonathan. Il s'agit du cousin à duvet d'un grand explorateur de l'Afrique. Voyage pour son rôle dans la version cinématographique d'un ouvrage de Richard Bach. Des images époustouflantes et une musique à vous crever le coeur. Le tout sur la voix profonde au timbre troublant de Neil Diamond. Une épopée métaphorique et allégorique d'un jeune goéland que l'amour du vol entraîne dans une quête d'absolu, et qui quitte son groupe à cette fin. A voir ou à revoir si l'on aime la poésie, les images de mer et de solitude. " You have the freedom to be yourself, your true self, here and now, and nothing can stand in your way." (Jonathan Livingston Seagull, Richard Bach)
Convoyeurs de fonds (marins)
Un passage, avec un poisson clown et son adorable compagne amnésique, dans les abysses marines, à travers les bancs de méduses et les migrations de tortues dans les grands courants océaniques. Un périple jusqu'aux marinas australiennes.
En parlant d'Amiral, la ressemblance avec son homonyme humain, grand marin et écrivain que j'apprécie tout autant, viendrait-elle donc de la grande gueule ou serait-ce plutôt du grand coeur?
Air-udit
Mais notre ami à plumes permettra surtout à la Petite Sirène de rencontrer le Prince Erik. Marin qu'elle sauvera d'un naufrage et dont elle tombera éperdument amoureuse. Je ne vous en dis pas plus: vous connaissez déjà la suite de ce récit.
Yves & Yvette
Je ne me souviens malheureusement pas des noms de tous les autres oiseaux croisés en mer, mis à part du couple entrevu à St Malo: Yves et Yvette, que je vous ai présenté dans un billet précédent. Mais toutes ces rencontres avec ces voyageurs de l'air ont été mémorables.
Retour donc en Europe par le Nord pour revoir Bergen, Oslo et la magie nordique. Et comme il y a fait un peu froid tout de même, nos amis décident de redescendre vers la chaleur. Passage par notre chère Mer du Nord, pour continuer vers le Sud et prendre une petite semaine de relâche en Andalousie, à Cadix la toute belle. Le temps d'y admirer des couchers de soleil fabuleux et d'y faire le plein de soleil. Ils remontent alors par Saint Malo et le Mont Saint Michel, le temps de saluer Yves et Yvette, toujours aussi friands de frime sur la pellicule!
La Mouette Rieuse
Enfin, nous voici de retour au port de Bruxelles, pour y rejoindre notre Mouette Rieuse nationale. Vous savez, celle qui oblige tous les membres de l'équipe de rédaction du journal de Spirou à porter un casque lors de ses accès d'humeur et qui ouvre les boîtes de sardines pour le chat avec son bec...
Voici la fin d'une navigation aviaire à travers un petit billet "poids plume" (légèreté du sujet oblige...). Et si vous avez pris des congés en cette semaine de Carnaval et adopté la mer comme endroit de villégiature, remettez donc mon bonjour aux goélands, mouettes et autres navigateurs ailés que vous y croiserez!
Bon dimanche à tous. |
AuteurArchives
August 2023
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