"Mer des Sargasses" : zone de l'Océan Atlantique Nord, découverte par Christophe Colomb, tenant son nom des algues dites Sargassum, qui ont la particularité d'y flotter, et de s'y accumuler en surface. Le mot même de « Sargasse » vient du mot italien "Sargazzo" qui signifie varech.
La Mer des Sargasses est une zone calme, sans vent ni vagues. Les navires de Colomb naviguèrent ainsi parmi ces herbes qui ralentissaient leur progression durant trois semaines à la vitesse d'un escargot de mer et leur donnant le sentiment qu'ils n'en sortiraient jamais... Malgré la prolifération de ses algues, cette mer est souvent considérée comme sans vie, car très salée et au milieu pauvre (notamment en chlorophylle) sous sa surface.
Plasticsphère
Dans cette étendue nommée "Jungle flottante" ou encore "Désert flottant", a été découvert en 2010 un tourbillon de déchets, portés par les eaux depuis les rivages de l'Europe et de l'Amérique. Sous l'effet de la force de Coriolis, trois courants y font converger les détritus flottants, transformant l'endroit en une imbuvable "soupe" de plastique. Un septième continent plastique d'une taille plus grande que la France... Il existe cinq gyres de pollution au monde où s'agglutinent les déchets. La Mer des Sargasses en est une. Selon la fondation Ellen Mc Arthur, il flotterait plus de 150 millions de tonnes de détritus plastiques dans nos océans et ce chiffre pourrait bien doubler d'ici à 2050. Cela signifierait que nos mers contiendraient plus de plastique que de poissons !
La fondation Ellen Mc Arthur milite en faveur d'une transition vers une économie circulaire qui recyclerait un maximum de matières, à commencer par le plastique. Et je ne peux que lui donner raison... Mais les habitudes ont la vie dure. Et modifier les comportements sociétaux sans que le consommateur n'aie à fournir d'efforts financiers, économiques ou de facilité comporte un défi de taille. Sans parler du lobby des fabricants de plastique ou encore des enjeux politiques. Le premier forum sur l'Economie circulaire (WFCE) a d'ailleurs eu lieu en juin de cette année en Finlande. Plus de 1.500 experts s'y sont réunis pour y débattre des problématiques et tenter de trouver ensemble une ébauche de solution. Notamment, un premier pas vers la disparition des sacs plastiques, à travers leur taxation ou leur recyclage. Certains pays ont d'ailleurs déjà pris des mesures dans ce sens (France, Mauritanie, Mali, Haïti, Danemark, Bengladesh, Italie... ). Chacun d'entre nous peut ajouter sa petite pierre à l'édifice vers des océans plus bleus et l'éradication progressive de zones de pollution. Bien entendu, il s'agit là d'un exercice global et où tous les acteurs mondiaux ont un rôle à jouer, à commencer par les plus gros pollueurs. Mais, tout effort, même minime, en vaut la peine. Alors, la prochaine fois que vous allez faire vos emplettes, si cela ne fait pas encore partie de votre rituel, n'oubliez pas votre sac réutilisable ou vos bocaux de verre !
© Photos - Wikipedia
Métamorphose des Sargasses
La Mer des Sargasses n'est pas toujours aussi loin que vous pensez... Elle peut surgir dans nos vies, à n'importe quel moment.
La Mer des Sargasses, ce sont aussi ces moments où nous n'avons plus l'impression d'avancer. Ces instants où nous nous enlisons dans une mer de pensées négatives, d'interrogations, de découragement, de douleur (qu'elle soit physique ou morale) et où nous ne voyons plus la sortie de ce labyrinthe gluant qui nous paralyse. Cet état second où nos démons nous poursuivent, où nous nous sentons traqués par des monstres imaginaires. Ces heures que nous voudrions voir passer en un éclair, mais qui durent et durent encore. Ces nuits où le plafond n'a jamais paru si clair malgré l'obscurité nocturne. Ces jours où nous prions le ciel que tout s'arrête enfin pour que la douleur cesse. Et c'est alors que les effets de ce Désert Flottant font de nous quelqu'un d'autre... Cette Mer-là possède ce pouvoir terrifiant de nous transformer en un autre nous Et selon les personnes, la métamorphose qui s'opère ainsi prend les formes les plus diverses. Chez l'un, elle fera de lui un ours bourru, qui ne dit mot mis à part borborygmes, renfermé sur lui-mème, ou une plante, muette, incapable du moindre geste. Chez l'autre, elle le transformera en lion enragé, agressif et mordant pour son entourage. La Mer des Sargasses fera poser à un troisième des actes émotionnels, déraisonnables et parfois incompréhensibles. Elle transfigurera le dernier en pantin injustement irascible avec ceux qui prennent soin de lui, par faute de ne pouvoir traduire sa souffrance autrement qu'à travers maladroitesse des mots, ingratitude et reproches. C'est notre manière d'exprimer notre désir profond de nous échapper enfin de cette Mer des Sargasses qui nous retient prisonniers de notre corps, de notre esprit ou de notre vie. Et plus la Mer s'épaissit, plus ses eaux sont profondes, plus nous nous éloignons de nous-mêmes. (...) Atlantique nord, 26° nord, 65° ouest : la Mer des Sargasses, une position qui terrifie les marins... La légende dit en effet que les varechs géants peuvent bloquer gouvernails et hélices et que les navires s'y retrouvent pour toujours prisonniers, formant comme une cité flottante à la merci des bêtes monstrueuses qui grouillent sous les algues (...) (Sargasses, Al Coutelis/Rodolphe)
Alors, si vous êtes un jour confronté à un marin englué dans sa Mer des Sargasses, ne lui en voulez pas. Soyez tolérant, patient et doux. Il a besoin de vos soins et de temps pour mener son navire hors de ce bourbier. Ne lui en voulez pas de son language un peu vert ou de ses gestes malhabiles pour se sortir de son océan marécageux.
Je vous souhaite un excellent dimanche, sur une mer bien bleue, translucide et paisible, sans plastiques, ni Sargasses.
0 Comments
Leave a Reply. |
AuteurArchives
May 2023
Catégories
All
Suivez Rêves de Marins sur Twitter
|