J’aurais pu intituler ce billet “Légendes d’automne”. Les teintes des arbres l’annoncent jour après jour. Les heures raccourcissent, les levers et couchers du soleil se font plus artistiques. La saison du grand peintre qu’ est la nature est belle... Et bien là. Les oies sillonnent le ciel de leurs majestueuses escadrilles. Leur babillage trahit leurs préparatifs aux grandes transhumances. Un petit billet en son et couleurs en l’honneur de l’automne ce dimanche.
Contrairement à certains, je vois toujours l’automne arriver avec plaisir. Bien entendu, octobre annonce la fin de la saison de voile (qui n'a jamais débuté cette année... ), les journées sombres et pluvieuses. Il emmène aussi avec lui une humeur chagrine ou triste pour d’autres. Cependant, le tableau que m’offre la nature chaque matin le long des routes, dans les jardins ou à ma fenêtre, me remplit d’espoir et me ravit par sa beauté. Un peu comme si un peintre invisible avait décidé de déverser sa palette sur les arbres environnants. Faisant ainsi un immense patchwork des feuilles flavescentes qui dansent dans le vent frais. La saison froide est toujours précédée de nuages incandescents et cramoisis dans lesquels le soleil joue à l’aquarelliste. Les feuilles se parent d’or, de rubis et de cuivre. L’herbe se prétend fauviste en prenant des airs vert fluorescent dans la lumière basse du petit matin. Les ramages rivalisent de coloris érubescents, vermillons ou safranés, comme des impressionnistes au faîte de leur inspiration. La nature se transforme en un immense tableau d’enluminures resplendissantes pour quelques semaines. Et je ne m’en lasse pas.
© Photos – Rêvesdemarins
Alors, je vous offre un poème d’un bel auteur de la fin du XXe siècle sur fonds musical de circonstance. Et si cette saison vous pèse un peu sur le moral, souvenez-vous que derrière les brumes et les gouttes automnales se cachent les merveilles colorées de la main du plus grand paysagiste de tous les temps : Dame Nature. Elle vaut la peine d'être remarquée de son vivant !
C'est l'heure exquise et matinale
Sur ce patchwork multicolore, je vous souhaite une excellente semaine malgré les nouvelles circonstances sanitaires difficiles. Prenez bien soin de vous et des autres.
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Les cloches étant confinées à Rome, je vous propose un petit conte en lieu et place d’œufs en chocolat. De quoi faire rêver les enfants (petits et grands) confinés à la maison en ce WE pascal et sans risque de crise de foie ;-).
Il était une fois un arbre et une fleur...
Il était une fois un arbre en bordure de mer et une fleur des champs.
L’arbre était grand et fort. Large de carrure et robuste de son tronc. Sa chevelure de feuilles volait au gré de la brise et lui donnait des airs de géant. Dans le zénith de l'âge, il resplendissait de toute sa taille dans l'ombre des vagues toutes proches. On le disait invincible, sans peur de rien. Ni les vents tempétueux, ni les rafales iodées n'avaient eu raison de sa stature. Il avait résisté aux assauts du temps et de la mer. Et pour cela, on parlait de lui comme d'un arbre de raison, solide et sage. A quelques mètres seulement du rivage, commençait la ligne des champs. Des pâtures allant du vert fluorescent au blond mordoré des blés. En bordure des champs, quelques herbes folles avaient bravé l'air marin et tenaient bon la brise salée. Ainsi y trouvait-on de jolies fleurettes aux tons doux, entre les graminées, là où les épis dorés n'avaient pas poussé.
© Photos – Rêvesdemarins
Les vents dominants venant de l'océan, poussaient les branches de l'arbre en direction de la terre. Et il ne pouvait apercevoir sur le champs tout proches que les tiges des nombreuses plantes et de la flore qui lui tournaient le dos pour se protéger de la bise maritime. Et des fleurs, il y en avait des milliers... Des milliers qu'il regardait sans jamais vraiment les voir... Jusqu'à ce matin-là.
Ce matin de printemps, le vent est tombé. C'est exceptionnel sur cette côte. Les champs demeurent immobiles, silencieux, dans les rayons du soleil levant. L'arbre peut enfin observer les environs qui le séparent des domaines un peu plus loin. Pour la première fois, il pose son regard sur l'horizon terrien. Il s'aperçoit alors qu'à quelques mètres de lui à peine, se trouve un petit trésor de la nature, dont il n'avait encore jamais encore réalisé la présence. Il écarquille les yeux et l'inspecte de ses grands yeux ronds.
Là, à seulement quelques pieds de ses racines se trouve une kyrielle de fleurs champêtres. Elles se ressemblent toutes. Sauf une... Cette dernière petite fleur semble frêle et fine. Ses pétales d’azur renvoyent les teintes du ciel. Et son cœur doré celui du soleil. Elle attire son attention. Elle est différente du reste. Si fragile et si forte à la fois pour résister aux assauts des bourrasques et des intémpéries.
Séparé d'elle par quelques mètres de distance, il la regarde sans pouvoir la toucher ni lui parler. Jusqu'alors, le vent marin les amenant à se pencher inlassablement dans la même direction et lui tourner le dos. Elle l'intrigue et titille son intérêt.
© Photos – Rêvesdemarins
Au milieu des milliers d'autres, elle est là, discrète et à peine visible... La petite fleur, si proche de lui, ses pétales de velours discrètement éclairés par rayons de l’astre du jour. Pour la première fois, il aperçoit son regard de feu et la douceur de ses pétales. Le choc de cette vision lui est tellement fort qu'il en perd quelques feuilles et s'en retrouve tout ébouriffé. Il ne sait trop ce qui lui arrive. Le vent s'est calmé depuis quelques jours mais l'arbre ne parvient plus à fermer l’oeil. La petite fleur occupe toutes ses pensées. Après quelque temps, l’arbre se rend à l'évidence : il est éperdument amoureux de cette petite fleur. Mais que voudrait bien une petite fleur d'un arbre, géant, qui ne pourrait que l'écraser par sa taille et son âge ? Il peut vivre des siècles et elle quelques jours à peine. C'est là pure folie. Une chimère, sans plus.
L'arbre tente de se faire une raison. Mais les jours passent et il pleure alors toutes les nuits en silence. Il voudrait tellement l’effleurer, ne fut-ce qu’une seule fois.
© Photos – Rêvesdemarins
Une nuit de pleine lune, alors que l'arbre sanglote en silence, une luciole, qui passe par là s'arrête sur une de ses branches...
- Sèche tes larmes, mon ami... - Quoi ? Pardon ? - Sèche tes larmes, mon ami... Je comprends ton chagrin. Je peux t'aider, si tu le souhaites... J'ai des pouvoirs, disons... spéciaux... Mais comme moi, ils sont de très courte durée. Je peux réaliser tes rêves pour un jour. Un seul. - Quoi ? M'aider ? Mais c'est impossible, voyons, je suis un arbre, enchaîné à mes racines. Et ma fleur, elle n'a pas de jambes. Elle ne peut me rejoindre. Et puis, qui me dit qu'elle m'aimerait ? Un titan de ma sorte, elle aurait peur que je l'écrase sous le poids de mes branches ? De plus, je dois lui paraître affreux. - Aie confiance... Je vous offre à tous les deux un moment unique... Après quoi, vous retrouverez vos états respectifs. Accepte mon soutien pour réaliser ton rêve. Le temps presse. Ne laisse pas passer cette exclusive chance.
Et la luciole reprend son envol, laissant l'arbre tout pantois et surtout incrédule. Et pourtant, la petite bête à lumière tient parole : cette nuit-là, elle les libère de leur terre pour une brève trêve en dehors de leurs mondes respectifs.
Il dort longtemps d'un sommeil de plomb. Lorsqu'il rouvre les paupières, l'arbre se sent soudainement libre comme l'air. Pour la première fois de son existence, il peut enfin se mouvoir et se déplacer loin du rivage. La petite fleur est toujours là. Au lieu de lui tourner le dos comme à l'habitude, elle le regarde à présent d'un air timide. Elle ne s'enfuit pas. Sans un mot, leurs regards se croisent. Sa sève ne fait qu'un tour en lui. Il voudrait la prendre dans ses grandes branches mais il a tellement peur de la casser. Alors, il s’approche doucement d'elle et caresse ses pétales du bout de ses feuilles. Sa longue chevelure jade vole dans le vent du jour qui s'éteint. Ses yeux brillent du doré du soleil couchant. De la douceur de son bois, il caresse prudemment la beauté qui s’offre ainsi à lui. Il y butine et glane le nectar du bonheur avec une tendresse infinie. Elle le laisse faire, sans le repousser. De quelques branches fines, il s’enfonce très délicatement dans la terre jusqu’à ses racines pour se rapprocher d’elle. Et contre toute attente, il sent alors ses racines à elle enserrer ses longs doigts de bois. Ils restent ainsi enlacés, longuement. Tout est devenu silencieux. Même la mer s'est tue. Il ne sait s'il rêve. Mais si c'est le cas, il donnerait tout pour ne pas se réveiller.
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Le lendemain à son réveil, l'océan a recommencé à murmurer et les vagues à chanter. Le vent a repris sa course. L'arbre a retrouvé sa place près du rivage. Et la petite fleur, la sienne près des champs. Aucune de trace de la luciole. En jetant un regard emplein de mélancolie en direction des prairies, l'arbre se dit qu'il a simplement dû faire un songe... Un beau songe... Mais tout au fond de lui, au tréfonds de la terre, quelque chose a changé. Le long de ses larges racines, de minuscules boutons floraux viennent de faire leur apparition...
Je vous souhaite un excellent dimanche, empli de jolis rêves de lucioles.
Un tout petit billet de circonstance ce dimanche...
Ciara. Un doux nom pour un géant...
Tous les sites météo en parlent... Et pour une fois, ils m’inquiètent... Des vents de 10 à 12 beauforts. 100 km/h avec des piques à 140km/h au plus fort des orages accompagnés de pluies diluviennes. Une tempête conjuguée de forts coefficients de marée qui entraînera un risque élevé de submersion et une mer démontée avec des creux de 7 à 12 m en Manche, mer du Nord et proche Atlantique. Un phénomène de tempête hivernale qui se produit tous les deux à trois ans, à ce qu’il paraît. Mais cette année, son ampleur est particulièrement grande sur l’Europe de l’ouest. Cela fait bien longtemps que les terriens de notre région ont eu à endurer une telle météo. Une bagatelle pour ceux qui sont régulièrement en haute mer ou dans les régions des ouragans, me direz-vous. Et cela semble bien puérile de m’en faire pour mon toit, pour les arbres de mon jardin ou pour les animaux sauvages des environs, alors que des dizaines de marins et pêcheurs seront peut-être dans la tourmente au large des côtes britanniques, bretonnes ou scandinaves les jours qui viennent. Alors que des centaines de sans-abris devront affronter les facéties du ciel sans endroit où passer la nuit au sec. Alors que des milliers de gens se retrouvent régulièrement sans rien aux quatre coins du monde à chaque changement et brutalité du climat.
© Photos – Ouest-France.fr
Il y a quelque jours encore, lors d’une nuit plus humide et venteuse que les autres, il pleuvait dans la chambre à coucher, qui se trouve sous la toiture composée d’anciennes tuiles faites à la main, un peu moins stables et solides qu’avant. Un des charmes d’habiter une très vieille maison. Mon lit se transformera - t - il en waterbed la nuit prochaine ? Le frêne multi-centenaire de mon jardin tiendra-t-il les coups de baston ? Les grands peupliers gardiens de nos murs plieront-ils sans casser ? La rue se fera-t-elle rivière ? La cave deviendra-t-elle piscine ? Les champs environnants déverseront-ils leur flot de boue ? La pompe fera-t-elle son office sans faiblir ? Autant de questions sans réponse et dont je redoute la suite. J’ai rentré les pots de fleurs, fermé les volets et préparé les seaux. “In challah “, comme on dit... Heureusement pour ceux qui vivent en appartement, une nuit qui sera juste un peu moins calme que les autres pour eux.
Alors, une petite pensée pour tous ceux en mer, en bord de mer ou qui auront à affronter les forces de la nature ce dimanche. À vos amarres ! Sécurisez tout ce qui pourrait s’envoler ou prendre le large. Doublez les aussières et réfugez-vous dans les ports ou au sec. Et croisez les doigts en espérant que les prévisions météos se seront quelque peu trompées.
Ne vous envolez pas ce WE. Et restez bien à l’abri des fureurs d’Eole. Qui sait, l’occasion d’un peu de cocooning bien au chaud ou de refaire le monde au bar du port ou d'ailleurs... Bon dimanche à tous.
Tout est parti de là... La vie a commencé dans les océans. Mère de la nature et de nos civilisations. Alors, si nous retournions aux sources ce dimanche ?
Au début, il n’y a rien
Puis un jour, un miracle s’opère et la foudre frappe Une étoile tombe et le ciel s’illumine pour un instant Et le monde se met à tourner subitement plus vite La planisphère s’arrondit peu à peu Le cœur de la terre se met à battre plus fort Et la mer monte. Elle grandit. Elle s’étend. Elle s’étire Et la mer se remplit d’une eau paisible, pure, protectrice Dans ses fonds abyssaux, une goutte perle Une ombre à peine, une cellule minuscule D’amibe à têtard, d’immobilité à ondulation Dans l’eau tiède et gardienne, les marées montent La vie se dessine. Elle se fait forme et mouvement Petite crevette rosée, translucide et fragile Recroquevillée sur elle-même, beauté en devenir La toute petite créature marine prend sa place, prend ses aises La nature marine évolue vers son destin terrestre L’océan se transforme de coeur en corps À l’abri du monde autour, il grandit, il se déploie La mer intérieure préserve son incroyable secret Parfois, elle déverse son trop plein d’amour avant l’heure Elle le pleure en dehors d’elle trop savoir pourquoi Comme des larmes d’une âme sans vie Et quelques fois, elle demeure immensément vide Mais souvent, après de longues nuits et de patientes heures Son trésor englouti est enfin prêt à se révéler Alors la mer se fait vagues, ressac et courants Elle pousse lame de fonds, houle et tempête même parfois Elle s’ouvre et déborde jusqu’à déposer son précieux cadeau sur la grève Elle se vide de ses flots lentement et puis se retire pour le laisser s’envoler Et parfois, elle peut se remplir à nouveau Pour offrir une nouvelle vie et tout recommencer... La mer intérieure n’est-elle pas le plus miraculeux des océans ?
Pour que la mer intérieure puisse continue à délivrer son miracle à travers les siècles... Un excellent dimanche à tous.
Ce dimanche à 5 heures 19 du petit matin, nous attend la nuit la plus longue de l’année. Et le début de l’hiver... Alors, voici un bref billet pour vous consoler de cette nuit interminable.
Solstice et Équinoxe
C’est comme si le Soleil, après avoir atteint sa position la plus haute ou la plus basse, s’arrêtait un instant pour reprendre son mouvement dans l’autre sens. Un peu comme un balancier d’horloge qui arrivant au bout de sa course, se stabilise l’espace d’un court instant avant de repartir dans l’autre sens (source : calendrier-lunaire.fr)
Le solstice d ‘hiver débute généralement entre le 21 ou 22 décembre selon les années. Les jours de solstice, le soleil passe à la verticale de l'un des deux tropiques et sa course dans le ciel est la plus courte et la plus basse au-dessus de l'horizon. La différence entre la nuit et le jour y est la plus importante. Le solstice est le contraire de l’équinoxe, où les périodes de jour et de nuit sont les plus égales.
Chez les Celtes, le solstice est appelé « litha », en référence au jour où les mages récoltent des herbes dites magiques, accompagné d'un hommage à la nature. La mythologie païenne a jadis célébré le solstice d'hiver, en élevant des grands cercles de mégalithes. Il en existe de nombreux en Grande-Bretagne et en Europe du nord, tels que Stonehenge (UK), Carnac (Bretagne) ou Brogdar (Ecosse). Je vous invite ainsi à visionner ce bref documentaire sur six des plus beaux sites dédiés à cet événement saisonnier :
https://www.nhu.bzh/six-cercles-de-pierres-en-europe-celebrant-le-solstice-dhiver/.
La saison des humeurs
Le comportement des êtres se modifie avec les saisons. Une fois décembre arrivé, certains semblent soudainement devenir particulièrement grognons, sans énergie, bougons ou même maussades. Ou encore développer un amour passionnel pour le radiateur ou l’oreiller. J’ai quelques cas frappés par ces types de pathologies à la maison ;-).
Au Canada, 18% de la population semblerait souffrir de ce type de « déprime saisonnière « et 9% en Alaska. Cette pathologie se traduit par un manque d'énergie, un besoin accru de sucre, une déprime ou encore une perte d’intérêt social, affectif ou professionnel, Ce type de troubles serait lié au manque de lumière selon certaines études scientifiques. En effet, la lumière joue un rôle important dans la régulation de l’horloge biologique interne. Celle-ci contrôle plusieurs fonctions du corps suivant des rythmes bien précis, comme les cycles d'éveil et de sommeil et la sécrétion de diverses hormones selon l’heure du jour - comme la sérotonine - l’hormone « du bonheur » - et la mélatonine). La sérotonine, notamment, est un neurotransmetteur impliqué dans plusieurs réponses physiologiques englobant l’humeur, le contrôle des émotions, le sommeil et l’appétit. Dans les pays nordiques, la dépression saisonnière hivernale (appelée également « Trouble Affectif Saisonnier ») semble fréquente et fut pour la première fois décrite au Ve siècle dans l'Histoire des Goths. L'Islande (tout comme le Japon) cependant, semblerait être l'exception dû à une consommation élevée de poisson, riche en vitamine D et en acide docosahexaénoïque, qui ralentit le développement de troubles neurologiques.
J’avoue, moi qui ne suis déjà pas du matin, la pénombre et le froid ne m’aident décidément pas trop à me lever à l’aube. Par contre, la douce lumière des incroyables levers de soleil hivernaux constitue un levier imparable pour m’arracher aux bras de Morphée et à la couette douillette.
Êtes-vous de ceux que l’hiver et le manque de lumière démoralise ou rend grincheux ? J’entends déjà certains d’entre vous s’exclamer “Quelle horreur ! Déprimant ! ". Il est vrai que vivre dans l’obscurité demande une sérieuse portion d’adaptation (à moins d’hiberner comme un ours ou d’avoir des gènes de chauve-souris... ). Cependant, les Inuits et les Nordiques ont bien du s’accomoder de ce que la nature leur a accordé.
Quant à moi, je dois décidément avoir de lointains ancêtres ou du moins des restants d’ADN de quelque part par là au Grand Nord, puisque la saison des neiges fait partie de mes préférées et ne m’enlève en rien mon énergie ni ma joie de vivre. (Au contraire, je deviens un peu gaga et me sens revigorée par des premiers flocons de neige ! )
Les remèdes contre l’hiver
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des tas de petits trucs pour vous remonter le moral à travers cette longue période sombre :
Alors, si l’hiver vous pèse et que vous êtes en mal de lumière. Si vous ne pouvez pas vous enfuir aux Antilles ou dans une île de lumière (comme certains voileux chançards que je connais ;-)), souvenez-vous de ce petit billet. Et qui sait, y trouverez-vous quelque soulagement à cette saison. Et puis, après tout, les jours commencent à rallonger à partir de demain :-) !
Enfin, comme les célébrations de fin d.’année approchent à grands pas, vous trouverez un billet de ce blog spécial le soir du 24 décembre... Histoire d’honorer les traditions et de vous y souhaiter un joyeux Noël. Au plaisir de vous retrouver très vite alors ?!
Un excellent dimanche à tous, bien emmitouflés !
Le lever du jour, un de mes moments préférés, à la voile ou ailleurs - même si mon cycle biologique me catégorise parmi les oiseaux de nuit plutôt que ceux du petit matin. Et novembre est la saison où les levers de soleil sont les plus fabuleux en termes de teintes. Alors pourquoi pas un petit billet pour le célébrer ce dimanche...
Aurore, Aube et Crépuscule
Leurs lueurs diffèrent... L’aube (de alba, blanche en latin) est la première lueur du soleil qui commence à blanchir l’horizon. Sa durée varie beaucoup selon la latitude. Dans les régions polaires, elle peut ne jamais apparaître, voire durer jusqu'à soixante-huit jours en plein hiver. Cette semaine, au nord de la Norvège, le petit port de Mehamn est entré dans la nuit polaire. Le soleil s'y est levé à 10:24am pour se coucher 59 minutes plus tard... Et il ne se lèvera plus avant le 22 janvier, soit 65 jours plus tard ! Je sais, certains diront qu'ils ne comprennent décidément pas mon attirance pour les pays nordiques...
L’aurore est la lueur brillante et rosée qui suit l’aube et précède le lever du soleil. Lorsque le bord supérieur du disque solaire apparaît au-dessus de l'horizon. En anglais “Dawn”, du vieil anglais “Dagian” ou “to become Day” (devenir jour). Un terme qui révèle tellement de douceur et de lumière... “Aurore se lève après l’aube“.
Le crépuscule du matin, quant à lui, peut être différent selon la position du soleil.
Sans précision en français, Il s’agit du crépuscule du soir.
© Photos – Rêvesdemarins
(...) L’aurore s’allume, L’ombre épaisse fuit
Un prénom qui sonne doux
Dans la mythologie, Aurore était une divinité chargée d'ouvrir les portes du ciel au char du soleil. C'est également l'héroine de la Belle au Bois Dormant de Charles Perrault ou encore de la fille du chevalier de Lagardère dans "Le Bossu" (avec l'excellent Daniel Auteuil). Bref, elle représente à tous les coups, la beauté, la douceur et une jolie dame qui illumine les rêves de ces messieurs.
En navigation, plusieurs frégates ou navires français et russes ont été nommées d'après le point du jour. En outre, les éphémérides - ouvrages périodiques indispensables pour faire le point en mer avec des moyens traditionnels tels que le sextant et le chronomètre - sont basées sur les horaires des astres célestes, dont le soleil. "L'aurore se levait, l'aurore instable d'un navire en marche, née légèrement sur le dos d'une vague sans nom" (Le voleur d'enfants, Jules Supervieille)
Quel bonheur de voit pointer les douces lueurs du petit matin sur la mer après une longue nuit (surtout si cette dernière a été sans étoiles). Mon quart de navigation préféré : celui où l'on peut apprécier le lever du soleil, lentement, peu à peu et sentir sa clarté nous réchauffer. Ou encore, larguer les amarres au moment où le ciel s'illumine après une nuit de grain, encore parsemé de nuages noirs en contre-jour de l'orangé de l'horizon. Un moment de grâce où les âmes et les coeurs s'ouvrent. Le rêve du marin !
C'est à la lumière du lever du soleil que les les âmes se révèlent...
Enfin, le petit jour est souvent synonyme de la fin d'un sortilège. Avec le chant du coq et le lever du soleil, les enchantements prennent un terme. Qu'ils soient bons ou maléfiques.
Et je vous passe les fabuleuses aurores australes ou boréales, que je n'ai pas encore eu l'occasion d'admirer (sur ma liste à tous les coups ! Dès que je serai parvenue à convaincre mes compagnons de voyage de partir dans le Grand Nord en plein hiver par moins 20°-c ! ) (...) "L'aurore est un lac de vin d'or" (...) (Aumône, Stéphane Mallarmé)
Bref, l'aurore demeure incontournable... Et lorsque que je l'admire, je ne peux m'empêcher de me dire que j'ai beaucoup de chance de la voir chacun matin à nouveau. (Pour l'anecdote, le lever du soleil demeure une des rares motivations qui parviennent à m'arracher de ma couette bien chaude spontanément avant le petit matin, pour en prendre une bonne dizaine de photographies malgré le froid piquant).
Alors, je dédie ce billet à une amie chère, qui porte le nom du lever du jour et le porte admirablement bien... A very happy birthday, Dawn !
Un excellent dimanche à tous.
Ce WE, j'étais censée vous écrire d'un voilier voguant aux alentours du pays de Nessie, de William Wallace et des Highland Cows. Mais nos vacances se sont finalement transformées en une odyssée quelque peu différente cet été.
Mais, peu importe. Cela ne devrait pas m'empêcher de vous faire rêver tout de même à cette petite île du bout de la Mer des Hébrides intérieures. Un petit endroit de paradis que j'ai découvert par la terre, il y a quelques années, chez des amis écossais. Et surtout, que j'espère bien explorer à la voile dès que les circonstances de vie le permettront à nouveau. Je vous emmène ce dimanche à... l'île de Skye.
L’Île des Brumes
Son nom est originaire du vieux norrois (*) "Skið", lui-même issu du picte dont les premières traces furent retrouvées sur des cartes anciennes, notamment celle de Ptolémée et de Ravenne. En gaélique, il se dit "Sgiath", ce qui signifie "ailé". Cependant, au XIXe siècle, l'île prend le surnom d 'Île des Brumes ("Eilean a'Cheò" en gaélique écossais). Et ce dernier qualificatif lui sied à merveille...
(*) N.B. Le norrois est une ancienne langue nordique et viking. Trop tentant que pour ne pas m'en inspirer pour le nom de ma société professionnelle.
Située au Nord-Ouest de l'Ecosse, l'île de Skye complète l'archipel des Hébrides intérieures, avec sa consoeur Lewis & Harris. Un paradis perdu composé de réminiscences volcaniques (Storr) et de péninsules aux caps les plus fantômatiques les uns que les autres (Sleat, Waternish, Troternish... ). Un véritable régal pour les yeux et les amoureux des paysages vierges et sauvages.
© Photos – isleofskye.com
A première vue, l'île donne d'elle une image rude, abrupte, à la limite du rogue. Mais une fois qu'on s'efforce d'apprendre à la connaître et qu'on fait fi de son climat (très) passablement variable, elle révèle alors ses trésors cachés, comme un diamant brut. Il en est de même pour ses habitants. De très grands coeurs et un grand sens de l'humour derrière leur façade et leurs airs parfois un peu bourrus.
Des reliefs escarpés avec la chaîne du Cullin. Des roches noires (basalte ou granit) aux pics acérés contrastant avec de larges étendues d'herbe et pâtures doucement verdoyantes. Des falaises plissées aux allures de kilt et des rivages sortis tout droit du roman du Seigneur des Anneaux. Bref, un endroit qui m'attire !
Seigneur des Îles
Les îles des Hébrides dont Skye fait partie, appartiennent successivement aux Pictes, puis aux Romains (qui appellent "Calédonie" tous territoires au nord du mur d'Hadrien), ensuite aux Vikings norvégiens.
Les "Gall-Gàidheal" (habitants de Gaels) résultent donc d'un brassage de cultures et de traditions nordiques et gaéliques. Un mélange pour me ravir. D'ailleurs, la domination nordique a poussé ses pérégrinations jusqu'en Irlande, où certains noms sont dérivés de leurs origines gaélo-scandinaves : Doyle et Dougal (de dubh + Gall, ou étrangers aux cheveux noirs), nom qui désignait les vikings danois en vieil irlandais. Et Fingal (de Fionn + Gall, ou étranger aux cheveux blonds), nom qui désignait les vikings norvégiens et suédois (source : wikipedia). Ce n'est qu'au XIIIe siècle que les Ecossais prennent possession de Skye et où les territoires des Hébrides et de l'île de Man sont accordés à l'Ecosse. Les Norvégiens gardent alors la main mise sur les Orcades et les îles Shetland.
"Per mare per terras" ("par mer par terre", devise du clan Mac Donald)
Vous connaissez probablement la suite... Viendra alors au XVIIe siècle le temps de la rébellion jacobite et des "Highland Clearances", époque où les clans et leurs populations des terres du nord sont déportés ou forcés à vendre leurs terres et troupeaux à prix bas. En suit une militarisation de l'Ecosse et de nombreuses émigrations vers l'Amérique. C'est à cette époque que sont construits de nombreux forts de garnison sur le continent écossais, dans le grand Glen dont notamment à Fort William. Le maintien de la paix dans les Highlands s'avère un défi sur fond de guerre avec la France et imposition britannique. Des années pénibles.
Skye demeurera ainsi, écossaise, jusqu'à aujourd'hui, faisant partie du Royaume britannique, au grand dam de sa population (ainsi, 44,7 % des Ecossais rêve encore et toujours d'indépendance depuis l'époque de William Wallace). D'ailleurs, l'Ecosse a majoritairement voté contre le Brexit... Et ne semble donc pas trop ravie des projets de la nouvelle direction britannique... Mais, le but n'est pas de faire de la politique dans ce billet.
Tartan, Premier du Nom
Entre balades dans les lochs, montagnes et prairies, vous n'y croiserez pas de grandes foules en basse saison. Sauf en été, un peu plus à Portree, charmant petit port coloré et principale ville de l'île. Châteaux ancestraux (Dunvegan, Armadale, Duntulum) et distilleries locales (Talisker) valent la peine d'une petite visite bien arrosée (et pas que d'eau de pluie).
Skye possède également son propre tartan (vert et pourpre). L'occasion d'une petite session de mode si le style local vous tente. Mais attention, le port du tartan est loin de constituer un accessoire de mode abilité à tout un chacun ! Il reflète en effet une tradition et un rang social particulier. Vous ne pourrez le porter que si un local vous fait l'insigne honneur (et ô combien rare) de vous inviter comme membre de la famille (ou tout comme) à une célébration familiale tel qu'un mariage, baptême ou autre. En outre, tel privilège n'est accordé qu'aux messieurs et à condition qu'ils soient les premiers fils aînés du nom. Et nous avons eu cette incroyable chance grâce à des amis très proches, originaires de la région... Je ne vous révèlerai pas si l'heureux élu de cet honneur portait ou non quelque chose sous son kilt pour l'occasion ;-).
© Photos – rêvesdemarins
Skye est reliée au continent par le pont de Skye sur le loch Alsh. Il existe toujours un service de petits ferries, qui vaut le détour pour une navigation délassante égayée par un babillage avec le passeur du coin (que nous n'avons, bien entendu, pas manqué). Et si vous avez de la chance, vous pourrez aperçevoir quelques phoques patibulaires ou dauphins en mer toute proche.
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Désert de Pierres et d'Eau
Si Skye en vaut vraiment le détour pour ses paysages du bout du monde, elle le vaut un peu moins pour ses richesses historiques. Mais, celles présentes laissent certainement de beaux souvenirs (par ex. les Brochs/Dunns, des habitations mésolithiques ou encore ses anciens ponts de pierre perdus en pleine nature... )
© Photos – rêvesdemarins
Par contre, pour les fans de peluches en tous genres ou pour les avides de décors marins (comme moi), c'est l'endroit idéal ! Seuls les Midges ne sont pas trop à mon goût. Vous savez, ces petites mouchettes qui piquent et qui piquent fort ! Et de préférence en nuées. Inutile d'essayer les anti-moustiques traditionnels. Seuls les jours très venteux ou les produits locaux (par ex. Smidge) produisent quelqu'effet bienfaisant contre leur appétit vorace. Le paradis parfait n'existe pas !
© Photos – rêvesdemarins
Skye en Musique et en Lecture
En lecture
En musique
Alors, j'espère que ce billet vous aura donné l'envie de mettre Skye sur votre liste de prochaines destinations, malgré son climat et ses midges !
Je vous souhaite une excellente fin de WE emplie de rêves calédoniens. Et bon courage pour la semaine qui recommence.
Et si nous parlions un peu de sport ce WE... Et pour une fois pas de voile. Vous dites ? Du cyclisme? Hé non, voyons... Vous en avez probablement déjà une indigestion. Et moi aussi (surtout après avoir vu le peloton du Tour de France passer tout près de chez moi) !
Je vous présente ce dimanche la formule 1 de l’air... sur l’eau ! Un véritable bolide !
Une Ligne Aérodynamique
Son aspect extérieur d’abord... Une superbe carrosserie. De belles lignes fines, souples, épurées. Une silhouette filigrane, légère, élancée. Tout juste ce qu'il faut pour fendre l'air. Des couleurs plus subtiles les unes que les autres : vert métallisé, bleu nickelé, ocre rubescent, jusqu'à l'écarlate vif des champions. Un régal pour les yeux. Quatre ailerons affinés, quasi transparents, aux structures résistantes à la vitesse. Une petite merveille de beauté. Elle possède absolument tout pour faire pâlir de jalousie les Lamborghini, Ferrari ou Aston Martin de ce monde...
Plus de 1.000 CV sous son Capot
Un moteur hors normes. Une accélération ascensionnelle de 1,5 m/s, ce qui représenterait environ 13,5m/s à l'échelle humaine. Le double de celle de tous ses concurrents de taille égale. Et puis surtout, la capacité de réaliser des prouesses de vol interdites à ses congénères. Ses ailerons antérieurs et postérieurs sont indépendants et pouvent se tordre en leur moitié. Ceci lui permet des prouesses de vol directionnelles ou sur place, avec des pointes à plus de 55km/h (comparé aux 22km/h max. de ses concurrents) pour les plus rapides.
Elle est capable de supporter des accélérations de 4G en ligne droite et de pas moins de ... 9G... en virage serré ! Un réel acrobate aérien ! De quoi concurrencer les pilotes de chasse ou de formule 1 les plus expérimentés (en comparaison, les sports imposant les accélérations les plus fortes sont, selon les dires : 4G pour les dragsters, 5G pour la luge, 6G pour la formule 1 et 9 à 10G pour la course aérienne).
© Photos – Rêves de Marins & Isabelle Burguet
Et la cerise sur le gâteau ? Ce petit joyau de vélocité est silencieux ! Ou presque. Pas de moteur pétaradant. Pas de pot d'échappement polluant. Une petite merveille de la technologie naturelle et écologique. J'aime !
Véhicule Amphibie
Ce que l'on sait généralement moins, c'est que cette incroyable mécanique est produite... sous l'eau ! De quelques semaines jusqu' à dix mois (voire sept ans pour les plus rares) de construction et de mues sous-marines larvaires, avant qu'elle ne puisse prendre son envol au-dessus des points d'eaux et rivières. Il en existe plus de 6.500 types de modèles dans le monde entier.
Une ligne de production sous-marine...
Elle peut passer jusqu'à une vingtaine de minutes profondément sous l'eau (185 minutes étant le record absolu) pour y créer sa progéniture. Une fine lame d'air est captée sur la surface de son anatomie et apparaît parfois comme une enveloppe argentée. Elle joue alors le rôle de bulle d'air le temps de sa plongée.
Si quelques uns tolèrent l'eau lègèrement salée (près de la mer Baltique et quelques unes en bord de mer français), la plupart de ces bolides prèfèrent l'eau douce ou stagnante. Vous aurez donc peu l'occasion de les croiser lors d'une navigation hauturière.
© Photos – Wikipedia
Un chauffeur hors pair
Souvenez-vous des "Rescuers" (Bernard et Bianca)...
Dans Le récit de Walt Disney, deux souris doivent se rendre d’urgence á la poursuite d’une fillette enlevée par un affreux crocodile et louent ainsi les services d’un chauffeur particulier : "Evinrude", une libellule aux compétences de hors bord, hors du commun, et surtout... hors d’haleine... Un petit arthropode bicolore hors format comme moteur sur le bateau improvisé sur une feuille, dans un marais nauséabond infesté de monstres aux longues dents. A peine quelques centimètres de long, quatre ailes qui ne peuvent se replier totalement et pourtant l’insecte le plus rapide ! Et un amour sans faille pour l’eau... Ses cousines portent le gracieux nom de “demoiselles”. Bref, d'adorables petites bestioles que nous avons parfois le plaisir d’accueillir chez nous lors des chaudes soirées estivales, tout comme ce WE d'ailleurs, où elles nous ont fait l'honneur d'une visite.
© Photos – Walt Disney
Dragons Ailés ou Messagères de l'Amour
Les âmes, libellules de l'ombre (Victor Hugo)
Dans la mythologie nordique, les libellules sont associées à la déesse Freyja, déesse de l'amour dont elles sont les messagères. Elles furent plus tard diabolisées et traitées de "flèches du diable" ou "aiguilles de l'air" ("dragon flies"), en raison de leur forme et de la croyance erronnée qu'elles étaient armées d'un dard. Cependant, si elles sont de redoutables prédatrices pour les autres insectes, nos damoiselles n'ont ni dard, ni venin, ni dents, ni pinces. Elles ne mordent pas, ne piquent pas et le seul réel risque en les touchant est de blesser ces fragiles beautés... Alors, pas de panique lorsqu'elle viendront virevolter d'un peu trop près autour de votre nez. Soyez gentils avec elles. Et profitez simplement du spectacle.
En outre, elles ont la spécificité de former un coeur avec leurs corps lors de l'accouplement en raison de leur morphologie particulière. Quoi de mieux pour parler d'amour ?
© Photos – Wikipedia
Cette semaine, j’étais censée vous écrire du Grand Nord et vous faire découvrir le monde merveilleux de l’archipel de Svalbard. Cependant, les aléas médicaux de la vie en ont voulu autrement et nos projets de cette année, dont notre navigation au Spitsbergen, sont tombés... à l’eau pour une durée indéterminée. Mais ce n’est que partie remise.
Alors, pas de chance pour ceux qui aiment la chaleur, nous allons tout de même nous transformer en glaçons, ce WE... Faute de vous faire frissonner au Grand Nord, pourquoi ne pas vous faire claquer des dents dans le Grand Sud à la place ? Je vous emmène ainsi, ce dimanche... dans le Dernier Continent : l’Antarctique.
Le Continent blanc
Quatorze millions de kilomètres de glace sans âme - humaine permanente du moins - qui vive. La région la plus méridionale de notre planète. Un continent entouré des océans Atlantique, Indien et Pacifique, et des mers de Ross et Weddell. Son intérieur constitue techniquement le plus grand désert au monde. Une région qui représente environ 70% des réserves d'eau douce disponible planétaire. Contrairement aux idées reçues, n'y vivent que des animaux marins. Donc, vous n'y trouverez, ni ours polaires, ni caribous (tout au plus quelques éléphants roses si vous abusez trop de la petite flasque pour vous y réchauffer... ).
Le continent est découvert en 1819 par le navigateur britannique William Smith. Au XIXe siècle, les navires viennent y chasser le phoque. Les explorations s'y succèderont. En 1897, le Belgica, une expédition scientifique belge commandée par Adrien de Gerlache de Gomery, y passera quinze mois dans les glaces, dont un hivernage complet. Elle sera suivie de bien d'autres, dont Amundsen, Cook ou encore Jean-Baptiste Charcot et son Pourquoi Pas. En 1914, l'expédition Endurance, commandée par Sir Ernest Shackelton, partira pour traverser l'Antarctique. Mais le navire sera pris dans les glaces et l'équipage forcé de revenir bredouille.
© Photos – Wikipedia
No Man's Land
La dernière Terra Nullius de la planète est un territoire neutre. Il n'a pas de gouvernement et est considéré comme "dépolitisé", contrairement à son opposé, l'Arctique.
En 1959 naît le Traité sur l'Antarctique, un traité donnant au continent un statut unique destiné à la science, aux actions pacifiques et à la protection de l'environnement. Les activités militaires et l'exploration des ressources minérales y sont interdites. Seules les opérations de recherche à caractère scientifique y sont autorisées : climatologie, océanologie, minéralogie, glaciologie, volcanologie, astronomie, biologie, physique, tectonique des plaques et bien d'autres encore... Le traité est illimité et renouvelable par tacite reconduction. Ce statut est considéré comme unique et innovant dans l'histoire du droit international. Considéré comme une réserve naturelle, le continent est protégé par diverses conventions sur la biodiversité et sur la restriction du tourisme. Malheureusement, comme partout sur notre planète, le tourisme y a pris un essort. Depuis 1957, y existent des "expéditions touristiques". Ces dernières y sont régulées par l'Association Internationale des Voyagistes Antarctiques (IAATO). Depuis dix ans, le nombre de touristes a dépassé les 44.000 par an. Un nombre bien plus large que celui des scientifiques y résidant pour les activités de recherches (4.000 en été contre 1.000 en hiver). Et quelque part, même strictement contrôlé, le tourisme représente un réel danger potentiel pour le continent austral.
Code vestimentaire : le Smoking
Ils sont, ou plutôt, étaient, des dizaines de milliers. Une mer mouvante de petits smokings noirs et blancs au noeud papillon jaune. Autrefois, leurs pas de danse nous semblaient quelque peu maladroits, sur une piste de danse glacée et immaculée. Avec leurs minuscules ailes et leur démarche dandinante et balancée. Cependant, aujourd'hui, leur piste de danse s'est réduite à une peau de chagrin... Leurs chances de survie aussi...
La colonie de Halley, dans la mer de Weddell en Antarctique, la seconde la plus importante de manchots empereurs, comptait alors plus de 25.000 couples. Mais depuis 2016, les conditions météorologiques de réchauffement ont causé une disparition en masse des poussins, la glace où ils étaient élevés ayant cédé ou partiellement disparu. Selon le British Antarctic Survey (BAS), leur cycle de reproduction a été ainsi bouleversé. Ce type de manchots semble particulièrement vulnérable au changement climatique et ses populations pourraient décliner jusqu'à 70% d'ici la fin du siècle.
Et si l'Antarctique constitue une des régions les plus lointaines et inhabitées de notre planète, sa faune n'échappe malheureusement pas non plus à la menace plastique... Les populations d'albatros ont, elles aussi, décliné ces dernières années. Leurs trois prédateurs principaux : les filets de pêche, les changements climatiques affectant la chaîne alimentaire et la pollution plastique des océans. Sans compter la surpêche et la disparition du krill, à la base de l'alimentation de la faune locale. Une fois de plus, l' homme n'y est clairement pas pour rien... Shame on us...
© Photos – Wikipedia & British Antarctic Survey
To explore or not to explore, that is the question...
Le paradoxe des recherches pour l'environnement avec leur impact sur ce dernier par la présence humaine... Ainsi, une autre menace, plus insidieuse encore, pour ce continent, représente le risque d'apport de corps étrangers par l'homme (bactéries, microbes, déchets, rejet des eaux usées, contamination des hydrocarbures et métaux lourds... ). Sans oublier les impacts sonores, visuels... Que dire des navires de croisière (même s'ils sont restreints et contrôlés strictement) qui passent dans la région et leurs détritus. Pire, un scénario catastrophe (un naufrage par exemple) souillerait toute une portion des océans proches et la faune y résidant. Même en prenant toutes les précautions, le tourisme ne peut qu'y amener des risques. Et j'avoue, je suis la première à rêver d'aller naviguer dans ces régions vierges.
Mais plus j'y pense, plus je crains d'arriver à une conclusion alarmante... Pour préserver les parties du monde encore intactes (ou presque), vaudrait-il alors mieux ne pas les explorer, pour leur laisser toutes les chances de survivre ? Conclusion déroutante lorsqu'on aime la nature et souhaite voir le monde pour la découvrir. Les images des tonnes de déchets ramassés au Tibet et des embouteillages d'alpinistes encordés au sommet du monde m'ont particulièrement choquée. Serions-nous devenus inconscients à ce point? Faut-il cesser de voyager et d'explorer le monde pour le sauver ? Question existentielle. Dès lors, lorsque le choix est finalement de tout de même aller explorer ces régions, la sélection de l'organisation avec laquelle partir devient tout d'un coup un choix primordial. Pas d'agences touristiques déguisées en pseudo organisations environnementales ou explorations scientifiques. Et en aucun cas une croisière touristique dans un mega-paquebot. Partir en voilier alors ? Pas évident en Antarctique ou des dans les régions lointaines du globe... To explore or not to explore, that is the question...
Mon Dernier Continent
Ce WE célèbrait la journée mondiale des océans, une des 365... Chaque jour ne compte-il pas vers un avenir durable, à travers nos habitudes de vie ou encore... nos choix de voyages ?
Je vous souhaite un excellent dimanche de lecture. Qu'il soit un peu plus chaud qu'en Antarctique (mais juste pas trop :-). Et bonne fête à tous les papas (à commencer par le mien ! )
Envie d’un bain de pieds ce dimanche ? Alors, c'est parti pour un bain d’eau salée ! (Si, si, c’est meilleur pour la peau, paraît-il... ).
Départ vendredi pour ma résidence favorite à la mer du Nord avec une amie parisienne de longue date, pour un WE de retrouvailles entre filles. Destination Nieuport et sa côte occidentale. Quoi de mieux pour recharger ses batteries ? Et mes petites batteries à moi se rechargent simplement au vent marin et à l'eau salée ! Ecologique, non ?
La Mer surréaliste
Première étape : Koksijde et son musée Paul Delvaux que nous rêvions toutes deux de revoir. La mer ne rime pas nécessairement avec bronzette (à travers les nuages), goinfrerie de gaufres et crêpes (seulement en cas de froid polaire... ) et oubli de toute culture (il est vrai qu'on lui préfère souvent les balades le long du rivage et les couchers de soleil). Qu'on apprécie ou non l'art contemporain et surréaliste, les oeuvres de Paul Delvaux ne laissent pas indifférents. Trains, gares, lumières, lampadaires, femmes, dames et damoiselles, de préférence relativement dévêtues (il fait torride à la Mer du Nord à cette époque, c'est bien connu... ). Temples antiques, squelettes et ... sirènes aux seins nus et navires ! Et oui, nous ne sommes pas à la côte pour rien. Sa toute dernière oeuvre (inachevée) se nomme d'ailleurs Calypso.
Autant dans ses premières périodes, notre peintre aurait-il pu passer pour un impressionniste, autant à la fin de sa vie, il aurait aisément pu jouer l'adepte de Chagall ou de Permeke. J'ai ainsi redécouvert un artiste bien plus multi-facettes - et passionnant - que ce que mon souvenir m'avait laissé de lui. A plus de 90 ans, presque aveugle, ses dernières oeuvres sont fabuleuses. Je vous laisse découvrir quelques unes de ses oeuvres moins connues. Moi, je suis retombée sous le charme du maître des couleurs et de sa palette. Je vous recommande vivement une petite visite. De plus, le musée compte actuellement une exposition en hommage à Walter Vilain, un autre peintre surréaliste (et compositeur de musique de surcroît) de la région, fondateur de l'Académie du Westhoek. A découvrir sans hésitation.
© Photos - Musée Paul Delvaux & GallerieWalter Vilain
Les Pieds dans l'Eau
Seconde étape de notre séjour en sortant du musée: une solide balade à travers les dunes et plages de Koksijde, Oostduinkerke et Nieuport pour rejoindre enfin sa zone portuaire, son chenal et sa merveilleuse estacade. Et pour une fois, vu de la terre ferme au lieu d'un voilier. J'aurai fait mon sport pour toute la semaine ;-).
Arrivées en bord de mer, une petite surprise... Les fameux cavaliers/joueurs de grass-polo du brise-lame se sont transformés en joueurs de ... water-polo ! Les fières montures ont tout simplement les pattes dans l'eau jusqu'au poitrail. Et leurs nobles cavaliers en ont les bottes pleines à ras-bord, en train de se prendre un solide bain de pieds. Un petit tour pendable de la lune... La coquine aime faire monter les eaux, surtout lorsqu'elle est pleine et lors des grandes marées d'équinoxe comme ce WE. Un coefficient de marée de pas moins de 112 (le plus élevé de 2019 et 2020). Les brises-lames font tous de la plongée sous-marine. Et je manque d'en faire autant en aller ramasser des coquillages le long du rivage... Pas de gentils phoques en vue cette fois-ci. Le spectacle en vaut la chandelle malgré le froid piquant.
Seuls acteurs impassibles à ce tableau aquatique, bien à l'abri en hauteur derrière les quelques dunes : les go-cars et cabines de plage, déjà bien préparés à recevoir la foule des touristes pour les vacances de Pâques toutes proches. Le cavalier sur sa tortue, a lui, par contre, dû se contenter d'un bain de pieds dans la fontaine du socle qui le cloue en ville au lieu de son front de mer habituel (sa peau dorée étant trop fragile aux assaults des embruns salés).
© Photos - Rêvesdemarins
Enfin, si le printemps ce 21 mars, a marqué l'arrivée des grandes marées et des bains de pieds, il a également sonné le repos bien mérité d'une légende de cette belle région - celle de notre Sea King national - l'hélicoptère sauveteur de nos infortunés en Mer du Nord. Mais, les prouesses de ce dernier valent bien la peine d'un prochain billet dédicacé... A suivre très bientôt dans une prochaine édition du blog.
Je vous laisse donc aller prendre un bon bain de pieds (de préférence un peu moins polaire que celui ci-dessus), ce dimanche. Et je m'en vais poursuivre mon WE marin par d'autres belles balades. Je vous souhaite une magnifique journée !
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August 2023
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