« Un barbu sachant barrer borda son bord dans une barquette... »
L’été vient tout juste de s’installer. Pour nombre d’entre vous, le décompte des vacances a peut-être déjà commencé. Et pour les plus chanceux d’entre vous, vous êtes sans doute déjà en (bord de) mer. Alors, histoire de varier les plaisirs et de célébrer la fin des classes ou du travail toute proche, pourquoi pas un peu de diction ce dimanche ? Allez, zou ! Répétez après moi: Barre, Ber, Beer, Bord, Burent...
Tout débute sur un ber...
Le long d’une berge dans l’ombre de quelques réverbères. Une barge, une barquerole, une barque qui hiberne Gabare ou ramberte, embarcations que le quai héberge durant les mois barbares Et puis revient la saison de barboter Que ce soit de la Barbade au Bermudes, de Barcelone à Zanzibar Que les rêves soient ibères ou berbères, de Bergen au Subarctique Et enfin revient le moment de sur les flots se laisser bercer Et les marins embarquent pour de belles embardées Qu’ils se nomment Albert, Bernard, Bartholomé ou Robert, Berenice, Barbara, Gilbert, Norbert ou même Hubert Barbus, imberbes ou barbichés Bergers des mers, ils prennent le large en baroudeurs Peu importe le baromètre et les isobares De houle barbouillés, de pluie trempés ou d’algues emberlificotés Rien n'arrête leur barque. Rien ne leur fait barrage Le vent Schubert, les vagues Weber De Mare en Mer, de Mire en Moor(ing) De Ber en Barre, De Bord en Beer Et tout cela rarement en Bure... Faute d’un camembert bien débordant La baraka d’une barbue ou d’un beau bar Des berniques toutes grandes face au barracuda éberlué Ne reste plus qu’à le débarbouiller et de ses antres débarrasser Qu’ il soit bardé de barrettes bariolées ou barefeet Toujours, il a du gabarit pour débarquer Et dans la baraque à bar, suivront parfois bobards ou baragouin Aberrations, cabaret ou même libertinages Et sans s'embarrasser de baratin Suivront barils de Cabernet, Bordelais ou Bardolino Et pour les grands biberons, un Gevrey Chambertin Avant le lendemain de reprendre la barre...
© Photos – Rêvesdemarins
Sur ces quelques bords de dictionnaire, je vous souhaite un très agréable dimanche ensoleillé, en mer ou ailleurs.
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Voyons si vous connaissez vos classiques ce dimanche... Qui de vous se souvient de l’origine de l’expression en titre de ce billet ? Auteur, endroit, époque, contexte ? Pas d'idée? Laissez-moi donc vous rafraîchir la mémoire dans ce billet...
Bataille navale
Bon, quelques indices...
Nous sommes fin du XVIIe siècle dans les Caraïbes... Les eaux bouillonnent de navires aux précieux chargements. Au loin apparaît une frégate à la figure de proue, toute d'or vétue, évoquant la silhouette des narvals et au nom d'un animal légendaire. Derrière elle, un imposant trois-mâts glisse sur les eaux limpides. Son pavillon porte des couleurs aussi noires que celle de ses canons. Au gouvernail, un capitaine dont le nom à lui seul fait déjà frémir : Rackham. Tout de pourpre vétu, coiffé d'un fier tricorne à plume, sabre à la taille. Le navire se rapproche dangereusement. Il est trop rapide. Trop tard pour lui échapper. C'est l'abordage ! La lutte est sans merci. Le capitaine de la frégate est fait prisonnier et attaché au mât... Mais, le navire pirate, vainqueur, sombre, endommagé par la rude bagarre. L'équipage de flibustiers décide alors de prendre ses quartiers dans le trois-mâts qu'il vient d'appréhender. Ils y installent donc le butin qu'ils ont auparavant volé à un vaisseau espagnol : un trésor d'or et de diamants soigneusement enfermé dans un coffret scellé. Alors que les pirates célèbrent dignement leur victoire autour d'une cargaison de rhum, notre capitaine parvient à s'échapper et à faire exploser son navire, ne souhaitant pas le laisser aux mains des forbans. Il rejoint alors une île toute proche où il se réfugie. Son navire sombre ainsi emportant son histoire, avec son précieux trésor au fond de l'océan.
© Images – wikipedia & moulinsart.be
Son ennemi juré ? Pas qu'un personnage fictif. Britannique d'origine. De son vrai nom, John Rackham ou Jack Calico. Actif dans les Bahamas et Cuba, il écuma les mers du Sud durant la plus glorieuse période de la piraterie. Il fut un des rares pirates à compter deux femmes - Mary Read et Anne Bonny- parmi les proches de son équipage.
C’est un fameux Trois Mâts...
Un navire d’exploration - Le Sirius - commandé par le capitaine Chester, part à la recherche d’un trésor englouti. La première rencontre avec un professeur distrait (et un peu sourd d’oreille) qui les accompagnera dans un drôle de submersible en forme de requin. Un voleur de portefeuilles. Une carte marine encryptée. Scaphandres, requins et explorations sous-marines. Du rhum... Beaucoup de rhum... Des coordonnées géographiques trompeuses (le méridien indiqué sur les messages encryptés étant celui de Paris au XVIIe siècle et non celui de Greenwich) qui rendent les recherches complexes. Bref, de l'aventure. De la vraie.
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Que le Grand Cric me Croque !
Enfin, une île déserte, ou presque... Du moins habitée par des singes et des perroquets pour le moins doués de la parole puisqu'ils sont parvenus à retenir tout le dictionnaire d'injures de notre vaillant capitaine fugitif, le grand Chevalier de Haddock (ancêtre du bien connu Archibald du même nom). Inutile de dire qu'ils m'ont, par la même occasion, inspirée pour ce billet.
© Images – moulinsart.be
La Licorne
Le nom de son vaisseau porte les armes et l.’emblème d’un animal fantastique : une licorne... Un vaisseau de guerre de Louis XIV (le même Louis qui aurait fait don du château de Moulinsart au Chevalier de Haddock... ).
Et son récit en a manifestement inspiré d'autres que moi. En effet, quelques contructeurs navals créatifs ont décidé de rendre vie à la Licorne, en réalisant sa réplique dans le port de Bruxelles, où elle est actuellement à quai au BRYC. Le bateau mesure 14m hors-tout et sera navigant. Ne manque encore que les voiles ! Il a été mis à l'eau ce 27 avril 2019 et baptisé au champagne et à ... la kriek bruxelloise, faute de rhum ! Avis aux amateurs. Découvrez ce projet sympathique (débuté en 2017) en cliquant sur les liens ci-après.
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La mémoire vous flanche encore et toujours ??? Bon un tout dernier indice...
Si comme moi, vous naviguez au départ de Nieuport ou volez sur Brussels Airlines, vous aurez peut-être la chance, de prendre la mer sur un splendide voilier sportif ou de vous envoler dans un appareil qui porte le nom du dit pirate.
© Photos – Rêvesdemarins
Bon, pour ceux qui n'ont pas encore retrouvé la mémoire, il ne vous reste plus qu'à éplucher votre bibliothèque ou vous rendre dans la librairie la plus proche pour y dégotter deux de mes albums de Tintin préférés : Le Secret de la Licorne et le Trésor de Rackham Le Rouge.
Bonne lecture et un excellent dimanche !
Le Père Noël m'a apporté cette année trois magnifiques livres de mer que je souhaitais lire depuis de longues années... Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager le premier que je viens de terminer et que j'ai adoré (merci petit papa Noël ! ) : "La Mer est Ronde" de Jean-François Deniau.
L'auteur
Jean-François Deniau (1928 - 2007) est un homme de culture et de société. Diplômé de la prestigieuse ENA, sa carrière compte à ses galons une variété impressionnante de rôles : en politique, économie, négociation de traités européens, ambassadeur de France en Mauritanie et Espagne durant des périodes critiques pour la démocratie, ministre (pas moins de six fois), missions humanitaires dans des zones à haut risque (Liban, Bosnie... ) et membre de l'Académie française.
De tous temps, il n'a jamais cessé de naviguer et d'écrire. Elu à l'Académie de Marine en remplacement d'Eric Tabarly, il fonde ainsi le groupe des "Ecrivains de Marine", ce qui lui vaudra le Grand Prix de la Mer. Il est également membre du comité d'honneur de la Maison internationale des poètes et des écrivains de Saint Malo. Marin passionné, il parvient - à mon sens - à refléter la vie en mer de manière à la fois humble et réaliste. Couvrant la complexité et la vaste étentude des domaines que la navigation comporte. Technique mais juste pas trop. Et avec un style narratoire bourré de dérision de soi. Tout pour me plaire.
© Photos - Rêvesdemarins & Wikipedia
L'ouvrage n'est pas neuf puisqu'il date déjà de 1975 (hé oui... j'ai été particulièrement lente à me le procurer... ). Il délivre une description réaliste, et particulièrement amusante des détails techniques mais aussi les plus loufoques d'une navigation et de la vie des marins (en mer ou en escale), où chaque amateur ou professionnel se retrouvera. Et pour les néophytes, il leur donnera certainement l'envie de tenter l'aventure de la mer.
De la fièvre du choix du voilier aux joies du chantier, en passant par la frénésie des préparatifs de départ puis le casse-tête chinois que représente le rangement du matériel dans un voilier, une fois l'inventaire prêt à y rentrer. Des cartes marines aux instructions nautiques, de la navigation aux étoiles et de ses aléas. Des joies de l'ancrage, au mauvais caractère du moteur, des facéties de la mécanique, au plaisir de l'ajustement des voiles et du domptage du vent. L'auteur n'y laisse rien pour compte en y abordant tous les aspects de la navigation, avec, en tout temps, une touche de dérision et de sarcasme : équipages, femmes à bord, superstitions, gros temps, croisière touristique, survie, avitaillement et cuisine à bord, bouts et noeuds marins, bibliothèque de bord, course au large, plaisirs de l'escale, formalités administratives portuaires (cela sent le vécu ! ), fortunes de mer, rencontres, pied marin et mal de mer, solitude à la barre en quart de nuit, jusqu'aux prières et chansons de marins. Sans oublier une succulente esquisse des divers océans et mers de ce monde et des anecdotes délectables. Bref, de quoi vous sustenter généreusement sans pourtant vous donner d'indigestion. Alors, vous en trouverez quelques extraits ci-après, histoire de vous mettre l'eau (salée) à la bouche.
Le Cercle de la Mer
La mer, c'est 360° d'horizon. Un cercle. Là où l'on ne voit plus le début ni la fin. Le sentiment d'infini, de petitesse et de grandeur à la fois. C'est ce sentiment-là - magique - , que j'ai souhaité ressentir en transatlantique l'année passée.
"Dans toute traversée, c'est ce qui frappe d'abord et la première impression, qui est la bonne, se retrouve aussi être la dernière : le sentiment physique, parfois, jusqu'à l'oppression, du cercle absolu, sans faille, mathématique, qui vous entoure 24 heures sur 24 et se déplace avec vous. C'est ce qui fait que la longue traversée n'a rien à voir, mais rien à voir avec la régate ou la croisière. Dans toute évocation magique, l'opérateur commence par tracer un cercle. Seule la longue traversée est magique. Seule, elle est création d'un monde..." (JF. Deniau, La Mer est Ronde)
Mécaniques taquines
Un petit extrait, pour ceux surtout, qui comme moi, apprécient un peu de confort pour certaines exigences de la chair. Je ne peux m'empêcher de rire (après coup) en me souvenant de moments épiques en mer sur un bateau destiné aux activités de course... et non de cour... Je suis certaine que la majorité des navigatrices amateurs (on ne s'appelle pas toutes Florence Arthaud ou Ellen Mc Arthur... ) partageront ces souvenirs.
"D'abord, il faut essayer de faire sa paix avec les divers engins mécaniques, en sachant qu'il n'y a jamais de paix, seulement des armistices (...). Autre mécanique à bord plus diabolique encore : les W.C. Leur utilisation et leur maniement exigent une sorte de conférence de presse au début de chaque croisière. Il faut reconnaître que la coordination de deux ou trois manettes et volants quasi inaccessibles et d'un ou deux leviers à placer en positions diverses dépasse l'entendement d'une passagère moyenne. Il y a parfois un mode d'emploi sur une petite plaque. En se mettant à quatre pattes sur le plancher, on a une chance de pouvoir le lire, certainement pas de le comprendre. Et pourtant, on ne peut pas envoyer tout le monde dans les haubans ou sur le balcon arrière, même si cela fait vieux loup de mer aux Glénans. " (JF. Deniau, La Mer est ronde)
Naviguer de Nuit
La nuit, tout devient différent. Les sens s'aiguisent. Les corps se tendent. Et l'imagination s'emballe. Et en mer encore bien plus qu'à terre. Et puis, tout y devient à la fois immensément envoûtant et mystérieux.
"Et l'oreille ! Son règne commence. S'il fait beau, le bruit de l'eau contre la coque est une soie qu'on déchire. S'il vente, c'est le plain-chant de la mer qui s'élève. Une écoute qui bat, une voile qui faseille, une drisse qui claque. Vent arrière, c'est l'orchestre avec les stridences du vent et la basse continue de la mer qui roule sur elle-même. Vent debout, c'est le vacarme, tout craque et gémit, mais chaque craquement porte un nom. Ceux qui croient que la voile, c'est le silence, n'ont jamais navigué à la voile. " (JF. Deniau, La Mer est ronde)
J'espère que ce petit billet vous aura convaincu de vous précipiter chez votre libraire (ou l'occasion de se revoir) pour découvrir cet ouvrage succulent. Une excellente occupation pour ce WE pluvieux !
Je vous souhaite un dimanche de lecture, relax, bien au chaud.
Déjà 136 billets...
Mes proches me demandent où je trouve les idées pour un article hebdomadaire. Et je ne sais quoi répondre. Alors, un tout petit billet ce dimanche pour y répartir.
Les Muses
Chaque jour amène son lot d’événements, de rencontres et d’émotions. Chaque nuit (surtout lorsqu'elle est blanche) se veut propice aux idées et aux rêves.
Ma liste d’idées se rallonge chaque jour, au fur et à mesure qu’elles me viennent à l’esprit. Certaines resteront des mois au stade d’un simple titre de billet. D’autres naissent d’une image, une photo prise que je voudrais décliner en récit. D’autres encore viennent dans les conversations ou les rencontres. Des textes du passé que je voudrais faire revivre. Ou encore l’envie de faire voyager des lecteurs potentiels vers de nouveaux horizons. Cette liste d’idées compte actuellement plus de quatre-vingts lignes dont je raye régulièrement certaines pour en rajouter de nouvelles. Mes muses ? Il y en a de nombreuses. Certaines qui m'inspirent en particulier et me font donner le meilleur de moi-même, voire parfois me dépasser. Des anciennes, des actuelles, des récentes, des que j'avais presqu'oubliées et qui ressurgissent à la mémoire. Des proches, des inconnus, des célébrités... Et même de celles que je n'aime pas trop. Toute muse est bonne pour l'inspiration du moment qu'elle interpelle l'esprit.
Le temps, principalement, manque pour approfondir chaque thème, chaque sujet. Certains (la plupart d’ailleurs) me réclament des recherches, des lectures, l’appel à une certaine diversité de sources pour étayer certaines explications et éviter de raconter trop de bêtises. Et donc, dépendant de cette nécessité, les thèmes sont souvent choisis en fonction du nombre d’heures disponibles (et de mon état de fatigue) pour rédiger l’article du week-end.
"Une goutte d’encre dans un océan de lettres... "
Qu’en est-il de l’angoisse de la page blanche ? Bien entendu, moi aussi, je la connais. Mais, entre nous, il ne s’agit que d’un blog... Ni mon avenir, ni l’appréciation des autres, ni même ma réputation n’en dépendent. L’enjeu demeure simplement ma satisfaction personnelle d’avoir pu tenir ma promesse hebdomadaire de délivrer un billet régulier, et de qualité si possible. En fait, cela devient ainsi une sorte de jeu auquel je me prends et dont je me saoule quelque peu. Une manière de libérer le stress, les peurs, les émotions. Un moyen de partager des idées, de confronter des opinions. Une distraction avec les mots. Un peu comme on étale ses lettres au scrabble, moi j'étale mes idées à l'écran. Une goutte d’encre dans un océan de lettres.
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« A quoi bon écrire si l’on n’est pas lu ? »
Enfin, la raison d'écrire répond tout d'abord à un besoin ou une envie de coucher des mots - et des photos - sur le papier (euh... l'écran). Mais - et il est plus honnête de l'avouer - à quoi sert-il donc d'écrire si ce n'est pour ne pas être lu... Heureusement, un seul lecteur suffit à satisfaire ce besoin. Il n'est pas désagréable de susciter la curiosité ou l'intérêt chez les autres. Alors, chaque dimanche, je me dis qu'il y a probablement (je l'espère du moins) au moins une bonne âme, qui prend la peine de lire ce petit billet hebdomadaire. Merci à tous ces bons samaritains !
Sur ces quelques lettres insoutenablement légères, je vous souhaite un excellent dimanche de lecture.
Une large barbe blanche. Des cheveux parsemés d’argent, animés de boucles rebelles. Des yeux clairs, vifs. Un regard qui pénètre. Un physique imposant. Une redingote sombre. Un gilet couleur d’ardoise. Sur sa chemise immaculée, un fier nœud papillon.
Jules regarde par la fenêtre. Le vent s’est levé sur la petite ville du Crotoy. Sur la table près de la fenêtre à croisillons, une lampe à huile et des plumes à écrire. Un manuscrit de pages jaunies gît ouvert sur le bois foncé. Quelques lignes imprimées à l’encre noire, garnies de ratures. La bise du soir qui tombe mugit contre les volets de chêne. Comme une plainte, une lamentation qui n’en finit pas. Il repense à sa ville natale, Nantes et son port où il a passé sa tendre enfance. L’eau, les rivières et la mer font partie de lui. Il a fait l’acquisition d’un petit navire – le Saint Michel, avec lequel il va faire des tours d’Europe. Au loin, l’homme peut imaginer le murmure de l’eau qui se retire doucement de la baie sous le soleil couchant. Le jusant… Fort et insaisissable à cet endroit. L’eau. Un élément qui l’attire et l’intrigue. Une force de la nature renfermant des trésors et des dangers indescriptibles. Et si… Pas si indescriptibles que cela, se dit l’homme. Et il se remet à sa table. L’inspiration arrive. Soudain, elle coule à flots. Elle le submerge. Et les pages jaunies se remplissent soudain avec la rapidité d’un torrent qui dévale une montagne. Jules vient d’entamer l’écriture du second volume de ses « Voyages Extraordinaires », débuté six années plus tôt. Les aventures du Capitaine Nemo et de son sous-marin deviendront une des plus grands références littéraires de romans d’aventure.
A la Recherche de Nemo
La presse regorge de récits quant à un monstre marin géant à la force titanesque qui aurait causé une série de naufrages dans plusieurs mers du globe. Une grande chasse est alors organisée pour débarasser les océans de cette créature monstrueuse. Un navire américain – l’Abraham Lincoln - est affrété pour se mettre en expédition. Après des mois de recherches et une collision frontale entre le navire et le monstre, quelques marins sont projetés par-dessus bord et faits prisonniers du monstre, qui n’est en réalité qu’un sous-marin en acier – le Nautilus, dirigé par un capitaine pas comme les autres : Nemo.
Nemo en veut à la planète toute entière. Il a choisi le monde sous-marin pour nouvelle patrie. Il emmène les prisonniers découvrir son monde. Ils partent ainsi à la rencontre de merveilles englouties au fond de l’océan et de créatures de cauchemar, telles que des calmars géants (qui sait, la progéniture du fameux « Kraken » ? ). "Ce ne sont pas de nouveaux continents qu'il faut à la terre, mais de nouveaux hommes ! " (Vingt Mille Lieues sous les Mers, Jules Verne, 1870)
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Visionnaire
S'il était visionnaire sur les découvertes scientifiques qui allaient révolutionner le monde des années plus tard, Jules l'était également en ce qui concerne l'environnement et les terribles dangers qui le guetteraient à notre époque... J'aimerais qu'il se soit trompé à ce propos... Hélas...
"Cependant, le capitaine avait raison. L'acharnement barbare et inconsidéré des pêcheurs fera disparaître un jour la dernière baleine de l'Océan. " (Vingt Mille Lieues sous les Mers, Jules Verne, 1870)
Le Jusant
Le soleil brille au bord de l’horizon. Il fait scintiller le sable à marée basse. Durant la journée, cette immense plage se transforme en mer où bateaux de pêche et amoureux des vagues se baladent gaiement. Un peu comme le Mont St Michel, la baie du Crotoy change de paysage deux fois par jour, totalement. On se croirait à un autre endroit. Les marées sont puissantes et envahissent toute la superficie qui borde les maisons aux couleurs et parfums de mer. Même les prés où broutent tranquillement les moutons ont ici un goût de sel. L'océan n'est pas loin... L'endroit parfait pour l'inspiration d'un roman sur la mer.
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"Marin" rime avec "Train" à Saint-Valéry
Un peu plus loin dans la baie : Saint-Valéry sur Somme. Une charmante bourgade médiévale. La pucelle de Rouens y aurait été emprisonnée brièvement. L'idéal pour y bourlinguer un dimanche matin ensoleillé le long de l'eau. Malgré ses touristes, l'endroit y reste attrayant. Le train à vapeur qui relie les ports de la baie semble tout droit sortir d'un roman de Jules... Les ruelles colorées y portent la marque de la mer. Aucun portique sans son caractère nautique. Tout pour me plaire...
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Envole-Moi
Enfin, Le Crotoy, c'est aussi la première école de pilotage au monde. Un peu comme pour faire hommage à Jules... En 1910, les frères Gaston et René Caudron se lancent comme pionniers de l'aviation et créent la première école de vol avec des traversées Le Crotoy - Le Touquet. Ils sont également à l'origine du premier hydravion.
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C’est ce WE l’anniversaire d’une amie chère, américaine vivant en France, qui m’a fait découvrir l’année passée ce très bel endroit de baie de Somme qu’est Le Crotoy et sa région. Alors, ce billet est pour toi, chère D.
Je vous souhaite tous un excellent dimanche. Et peut-être l’occasion de planifier un voyage dans la région où Jules a écrit ce merveilleux roman, ou encore de lire (ou de relire) cet ouvrage très en avance sur son temps.
L'auteur : Pierre-Yves Touzot
Le récit
Oldforest, parc national de l’Ouest canadien réputé pour sa forêt originelle. Imaginez-vous un instant dans de vastes plaines en bordure de montagnes et canyons, ainsi que d'une dense forêt d'arbres centenaires, emplies de cerfs, bisons aux imposantes silhouettes dans la brume. Et surtout hantées au crépuscule par les hurlements d'innombrabres loups et autres bêtes sauvages... Une rivière en zigzag parsemée de fumerolles dantesques. Et des flocons glacés partout...
Anton y était il y dix ans déjà. Il faisait un froid glacial. La neige, le blizzard, le brouillard dans cette région hostile en pleine nature. Une route dans la forêt, la voiture file. Un loup blanc sorti de nulle part. La route qui lui échappe et c'est l'accident fatal. Il lui semble que Déborah reste là, sans vie à ses côtés. Lorsqu'il revient à lui, elle a disparu. Ou il ne se souvient plus vraiment... A-t-il rêvé ? Elle lui manque cruellement... Dix ans plus tard, il est de retour dans ce village perdu au fin fond d'une nature encore intacte. Il ne sait plus où il en est ce soir. Il est revenu sur les lieux pour... Un reportage sur le parc ? ... Enfin, il ne sait plus vraiment pourquoi. Pour parvenir à faire son deuil, probablement. Au fond de lui, il ne parvient pas à accepter la disparition de celle qu'il aime encore après toutes ces années. Il rentre dans le seul restaurant ouvert dans la petite localité. Il s'y prépare une fête privée. Par mégarde, il ouvre une porte. Et c'est là qu'elle apparaît... C'est elle ! Déborah ! "Vous n'avez rien à faire ici. C'est privé. Non, désolé, vous devez vous tromper de personne, elle se prénomme Claire...". La porte se referme sur son espoir. Non, c'est impossible. Il hallucine, il divague. La ressemblance est frappante. Il faut à tout prix qu'il sache !
Alors, Anton décide d'investiguer un peu plus longtemps et se met à la recherche d'un logement. Mais, comme par enchantement, plus aucun hotel ne dispose d'une chambre disponible pour lui. On tente clairement de le dissuader de découvrir la vérité. On l'enjoint poliment, mais fermement à quitter la ville au plus vite. Mais c'est mal juger Anton...
Il finit par trouver refuge pour une nuit chez Alaska, une photographe vivant sur place. Chez elle, le mystère se renforce : elle lui explique que, là-haut, au fond des bois, à des jours de marche du village, se trouve un ancien hôtel où se passent de choses étranges. Tous les habitants semblent garder un secret sans précédent. Elle aussi cherche des réponses... Mais le danger est partout. Ils décident alors de partir ensemble au coeur de cette forêt mystérieuse et d'en décrypter les secrets pour enfin trouver une réponse à leurs questions respectives. Cependant, la nature environnante est sans pitié : la survie en plein hiver dans ces contrées demande des aptitudes physiques et mentales sans précédent. Anton sait. Il est formé pour ce genre d'expédition. Il compte à son expérience une longue pratique de survie dans des environnements hostiles. Mais Alaska tiendra-elle par moins vingt-cinq, dans la neige et la météo glaciale, avec des heures et des heures de marche devant elle avant d'atteindre leur but...
Alors, si vous avez jamais visité et aimé Yellowstone, ce roman vous transportera dans les fascinants tréfonds d'un endroit unique. Si vous n'avez pas encore vu Yellowstone, qu'attendez-vous encore pour vous procurer ce roman et réserver votre billet d'avion !!!
Je vous souhaite un excellent dimanche de balade en nature, ou en ... lecture.
Du temps de mon grand-père, le soir du 24 décembre était toujours une soirée inoubliable, riche en folkore, mystères, magie et contes de fées. Alors, en son souvenir, puisque ce site web lui est dédié, voici un petit conte de Noël, histoire de perpétuer la tradition en hommage à un bel auteur cher à mon coeur.
En rencontrant mon filleul en Suède début de ce mois, j'ai découvert que cet adorable petit garçon de cinq ans affectionne beaucoup les animaux. Et un d'eux en particulier. (Comme son prénom pouvait le présager) Attila est en effet fasciné par les équidés à longue crinière. Alors, en ce WE de Noël, je n'ai pas pu résister à l'envie de lui composer un petit conte de circonstance sur ce thème. "Il était une fois un petit cheval... "
Il était une fois un petit cheval qui se nommait Kelpi. Il vivait dans les Highlands écossais, là où l'homme a du mal à se frayer un chemin dans une nature sauvage. Son pelage était gris ardoise. Le bout de ses pattes était couvert de larges fanons couleur d'anthracite. Il possédait un regard très particulier : des yeux vert de gris parsemé de quelques étincelles dorées avec de longs cils noirs. Sa crinière, entièrement cendrée, presqu'argentée, volait dans le vent de l'Est. Sa robe était incroyablement épaisse et le protégeait du froid piquant de l'hiver. Son museau, d'un rosé tendre, était doux comme de la soie au toucher. Ses pattes étaient sensiblement plus courtes que celles de ses congénaires et son poitrail plus costaud. Etonnamment pour sa stature, il possédait une force hors du commun.
Cependant, son aspect extérieur le désolait. Il ne ressemblait en rien à tous les autres chevaux des étendues où il aimait à gambader. Tous les autres arboraient une autre teinte : bruns, noirs, blancs ou encore bai. Leurs yeux étaient tous foncés : marrons, dorés ou ébène. Son regard clair intriguait ses compagnons. Et on le regardait souvent de travers. De plus, sa petite taille l'affligeait comparé aux longues et fines jambes de ses congénères. En outre, les siennes se terminaient par une sorte de houpette de longs poils derrière ses sabots, donnant l'impression de bottines de fourrure. Les autres se moquaient souvent de lui en référant à l'imperfection de ses pattes et de sa modeste taille. Et le petit cheval se sentait très seul... Il ne comprenait point pourquoi sa différence le rendait si peu acceptable pour ses pairs. Mais, il ne leur en voulait pas. Il se contentait de rester à part et de vivre une vie d'ermite.
Kelpi faisait preuve d'une grande intelligence. Il était doux et sensible. Il était toujours le premier à flairer le danger et repérer les bruits inhabituels. Et puis, surtout, le petit cheval était libre : il n'appartenait à personne et ne laissait aucun humain l'apprivoiser. Les hommes avaient beau tenter de lui mettre un licou et de les accompagner dans leurs écuries, le petit cheval se libérait toujours et s'enfuyait au galop dans les collines. Ces caractéristiques rendaient ses congénaires incroyablement jaloux de lui. C'est ainsi qu'il fut nommé Kelpi par son entourage. Dans la mythologie écossaise, les "Kelpies" représentaient de puissants êtres mi-chevalins, mi-aquatiques, capables de prendre forme humaine, attirant les voyageurs imprudents dans cette région hostile. Ces derniers, souvent perdus et fatigués dans les montagnes des Highlands, étaient heureux de trouver une monture acceptant de les porter sur leur dos, sans réaliser que cette monture allait ensuite les emmener au fond des lochs (lacs) de la région, d'où ils ne ressortiraient jamais. Tous craignaient ces créatures fantastiques. La légende avait donc suivi Kelpi et le mystère qui entourait son existence solitaire.
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Ce soir-là de fin Décembre, alors que la bise soufflait rageusement sur les collines et que la neige tombait sans discontinuité, tout le monde célébrait la Noël dans les maisonnées de pierre. Les quelques rares habitants de la région faisaient bonne chère au coin d'une bonne flambée au son des violons et cornemuses. Sur la table, "haggis", "broth", "black pudding", marrons et saumon faisaient saliver les papilles des invités, arrrosés du whisky ambré de la distillerie locale.
Au dehors, le petit cheval se pelotonnait au fond d'une grange abandonnée près du loch Duich, en tentant tant bien que mal de se réchauffer dans la nuit glacée. Il se sentait bien solitaire ce soir-là... Mais, à quoi bon rejoindre ceux qui ne l'acceptaient de toute manière pas comme il était et le lui faisaient bien comprendre. De son promontoire qui donnait sur les lac de mers environnants, le petit cheval pouvait aperçevoir la ferme où ses frères dormaient, de l'autre côté de l'eau. Au loin vers l'Est, les monts enneigés. Vers l'Ouest, le vieux château d'Eilean Donan se profilait sur l'onde, comme un enchanteur de pierre. Les prairies qui le bordaient étaient emplies de givre et immaculées sous la neige fraîche. Il se disait qu'il habitait là une région magnifique : trois immenses lacs de mer se rejoignaient à cet endroit, à proximité de l'océan et de l'Île de Skye. Et cette pensée le réconfortait quelque peu.
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Par contre, bien au chaud dans leurs écuries, ses frères et soeurs se prélassaient dans leur enclos la panse pleine, car il ne faisait pas une température à mettre un cheval dehors ! Lorsque soudain retentit un bruit inquiétant au loin. Un crépitement frémit, puis une odeur âcre leur monta aux naseaux. Leur coeur se serra. Dans le grenier à foin voisin, une lanterne s'était renversée avec la force du vent. Le feu avait pris dans les combles et commençait à se propager malgré la neige. En panique, les chevaux prisonniers de leur étable se mirent à hennir et ruer de toutes leurs forces. Mais les fermiers n'entendaient rien, trop occupés à faire la fête.
A présent, le brasier se rapprochait dangereusement et menaçait de gagner les écuries toutes proches, où se trouvaient les bêtes prisonnières. Ils avaient beau faire un potin d'enfer et se démener comme des diables pour se libérer, la lourde porte du hangar était solidement fermée à clé. Ils étaient captifs !
Les premières flammes commençèrent à lécher la porte d'entrée et la fumée avait à présent envahi la bâtisse de bois. Les chevaux, avec leurs fines pattes, tentaient désespérément de se frayer une brêche dans la porte de chêne. En vain. Elle résistait à leurs assauts. Lorsque tout d'un coup, ils entendirent un bruit cadencé au dehors. On aurait dit... des sabots ! Puis des voix d'hommes, des cris et des jurons. C'était Kelpi ! Il était venu à leur aide ! Et le petit cheval avait été prévenir les fermiers en hennissant et tambourinant sur l'huis de la maison. Mais au moment où le fermier voulut ouvrir la porte de l'écurie pour libérer les bêtes, elle se révéla impossible à ouvrir, les fers des battants déjà rougis par le feu, ayant été scellés par la chaleur.
Alors, Kelpi risqua le tout pour le tout. Il se plaça juste devant la porte, rua et frappa de toute ses forces avec ses sabots dans le bois en flammes. La fournaise lui brûlait les pattes et quelques flammèches lui roussissaient les fanons. Mais, il continua, encore et encore, sans relâche jusqu'au moment où une des planches céda. Le fermier, armé d'une hache, continua le travail déjà ébauché par le petit cheval. Et un des battants du portique finit par céder. Les animaux prisonniers déboulèrent vers la sortie et la liberté. Ils étaient enfin sauvés...
© Photos - Rêvesdemarins
Kelpi était épuisé. Il s'écroula sur le sol enneigé, à quelque distance de la grange en feu. Alors, se passa l'impensable : les autres chevaux s'approchèrent de lui et l'entourèrent. Une jument se coucha tout contre lui pour le réchauffer et ils restèrent ainsi durant un long moment. Le fermier appela les bêtes, qui refusaient à présent de le rejoindre. Intrigué par leur manège, il s'approcha du petit groupe et découvrit Kelpi allongé sur le sol, les pattes méchamment brûlées par son effort. Et pour une fois, le petit cheval se laissa toucher. Le fermier lui caressa les naseaux et l'échine. Il le couvrit de son manteau et lui apporta de l'eau à boire. Le feu avait à présent été maîtrisé et il emmena les animaux au sec dans une grange. Dès que Kelpi eut repris quelques forces, il se laissa transporter par les hommes, qui soignèrent ses blessures aux pattes, le nourrirent et prirent soin de lui, comme un de leurs propres chevaux.
Depuis cette nuit de Noël-là, le petit cheval demeura près des fermiers et de la compagnie de ses frères aux longues jambes, bien à l'abri du blizzard et du gel. Plus jamais aucun autre cheval n'osa mépriser son aspect. Il fut enfin considéré comme un membre de leur famille à part entière. Ils vécurent ainsi encore de longues années de bonheur dans les collines écossaises, dans lesquelles il aimait tant à galoper.
Alors, je vous souhaite à tous un merveilleux Noël. Qu'il vous soit doux et heureux. Et surtout qu'il vous soit source de tolérance, réconciliation et surtout de beaucoup d'amour. Et comme on dit en gaélique écossais : Nollaig Chridheil ! Joyeux Noël !
Un billet pour les ingénieurs et les forts en maths!
A bien y réfléchir, je me demande bien pourquoi je suis en train de l'écrire ?!? Moi, pour qui la géométrie et les intégrales sont toujours restées un grand mystère (même si entre temps, j'ai appris dans mon métier à apprivoiser quelque peu les chiffres à travers la complexité des tableurs et des diagrammes, que ce soit pour les préparations budgétaires et salariales des comités exécutifs, les présentations statistiques ou encore pour ma comptabilité sociétaire). En fait, peut-être avais-je simplement envie d'écrire ce billet pour partager une énigme avec vous, celle du Mystère de Pythagore... "Les deux mots les plus brefs et les plus anciens, oui et non, sont ceux qui exigent le plus de réflexion. " (Pythagore)
Le Nombre d'Or
Le Nombre d'Or. Lequel serait-ce donc?
S'agirait-il du 7? Le chiffre que l'on considère comme magique (les sept merveilles du monde, les bottes de sept lieues, les sept arts, le septième ciel, les sept couleurs de l'arc-en-ciel, les sept vies des chats (et des navires! ), sans oublier bien entendu... les sept mers et bien d'autres... Hé bien non!
Il se trouve présent dans toute chose et reflète le secret de l'harmonie. Les proportions des plantes, des animaux et des êtres humains, obéissent toutes à la loi de Phi. Ce chiffre sacré aurait d'ailleurs été repris par les artistes pour réaliser leurs joyaux de peinture, architecture, musique et sculpture (la pyramide de Khéops, le théâtre d'Epidaure, la Naissance de Vénus de Boticelli, la Joconde, le Parthénon, la 5e symphonie de Beethoven, les compositions de Mondriaan ou de Salvatore Dali, etc.). Léonard De Vinci l'avait ainsi déjà illustré dans ses oeuvres. Selon lui, les proportions du corps humain suivraient également cette règle. Comme la distance entre la tête et le sol divisée par la distance entre le sol et le nombril... Equivalente à Phi.... A la fin du XVe siècle, Lucia Pacioli, un moine franciscain mathématicien, étayera cette croyance dans un ouvrage consacré au Nombre d'Or: "De Divina Proportione".
Certains coquillages, notamment les Nautiles, semblent également suivre cette proportion divine. En effet, le rapport entre le diamètre de chaque spirale formant sa coque et le diamètre de la suivante serait égal à Phi... La nature n'est-elle donc point bien faite?
© Photos - Wikipedia
La Suite de Fibonacci
La suite de Fibonacci (de son petit nom Leonardo da Pisa, XIIe siècle) vous rappelle-t-elle quelque chose? Il s'agit d'une suite de nombre entiers dans laquelle chaque nombre est la somme des deux nombres qui le précèdent. Elle commence généralement par les nombres 0 et/ou 1. Un algorithme en quelque sorte. Et nous savons aujourd'hui que la réalité de notre monde suit majoritairement des règles algorithmiques, bien plus souvent que linéaires.
Le nombre Phi serait en réalité, à la suite de Fibonacci et permettrait le dessin parfait (le triangle et la spirale d'or) aux proportions parfaites... Comme dans une pomme de pin par exemple. Lorsque mystique, esthétique et mathématiques décident de faire ménage à trois...
© Photos - Wikipedia
L'homme de Vitruve dessiné par De Vinci en 1492 (avec un corps parfaitement proportionné), comporte ces références au Nombre d'Or. Le savant utilise les références de l'époque: paume, palme, empan, pied et coudée. Ce sont des mesures qui forment la suite de Fibonacci et, propriété de cette suite, les proportions sont selon le Nombre d'Or:
Vous doutiez-vous que les bâtisseurs de cathédrales utilisaient ces mêmes mesures? On parlait alors de Cannes du Maître d'oeuvre, de Quine ou Pige des Bâtisseurs.
Le Fameux Théorème
Alors, revenons-en à la mer et aux navires... Qu'est-ce qui fait la beauté d'un voilier? Ses proportions? La ligne de sa carène? La taille de ses voiles par rapport à la coque? Imaginez un instant que tous les voiliers du monde seraient construits selon ce Nombre d'Or et les théories de Pythagore? L'océan deviendrait alors un véritable catwalk de la voile... Des navires parfaits, qui plus jamais ne risqueraient un naufrage, qui parviendraient à des performances vent-vitesse optimales. De l'étrave à la poupe, de la quille au mât, en passant par l'étai, la balancine ou les bastaques, avec des galhaubans et des mâts de beaupré de taille exemplaire. Des super-voiliers autant en termes d'efficacité vélique qu'en termes d'esthétique... A mon humble avis, certains X-Yachts et J-Class n'en sont pas loin... Des créations de toute beauté.
© Photos - J-Class Association
"Les Nombres gouvernent le Monde" (Pythagore)
Mais Pythagore était avant tout un philosophe. Ne l'oublions pas.
Les nombres, ce sont les chiffres. Et les chiffres, c'est l'argent aussi... Des écus sonnants et trébuchants qui gouvernent fréquemment ce monde. Dans bien de choses se cache souvent une raison financière, un appât du gain, une recherche d'optimisation pécunière. Souvenez-vous de Don Salluste de Bazan ou encore d'Harpagon, qui vous ont peut-être jadis fait sourire: "Il est l'or, Monsignore..." - "Ma cassette, ma bien-aimée cassette...". Que ce soit dans le besoin où l'opulence, tout le monde sort son boulier et commence à compter. Même lors d'un accident, tout se cautionne, se monnaie, se paie et cash de préférence. Où donc est passée la solidarité d'antan? Celle où les hommes s'entr'aidaient sans demander dix mille garanties avant même de prêter main forte à son prochain. Celle où l'on faisait confiance. Que ce soient les assureurs, les banques, les dépanneurs ou même les médecins, tous aujourd'hui sont rentrés dans le cercle infernal des nombres. Ne vous méprenez pas sur mes propos. Je ne me sens ni l'âme communiste, idéaliste, ou ni certainement défaitiste. Cependant, il est tellement bon de pouvoir donner parfois, sans recevoir autre chose en retour nécessairement qu'un large sourire, une accolade ou une poignée de main un peu plus insistante de l'autre en face de vous. Le monde des marins et des montagnards (tant qu'on ne parle pas de compétition ou de sponsors, du moins) conserve encore cet esprit de service à l'autre, car face aux éléments de la Nature, nous sommes tous égaux. Heureusement, il y a encore des choses qui tournent rond dans ce monde!
Je terminerai donc ce billet sur une note souriante en vous laissant apprécier l'humour des Nombres à travers ces petites vidéos souvenirs. Alors, si vous avez décidé de vous atteler aux travaux de construction ce WE, n'oubliez pas Pythagore, dont les mystères n'auront plus de secrets pour vous.
Un excellent dimanche à tous et Joyeuses Pâques (si vous les célébrez). Une bonne excuse pour manger des oeufs en chocolat... sans compter pour une fois!
Tout se fige soudainement dans un calme suspect. Le vent a baissé le ton. Les vagues ont cessé leurs injures, la pluie a remis ses larmes en poche. Le Maître des flots a rappelé ses serviteurs et s'en est retourné dans son antre marin. Une pétole irréelle. Même les cieux ont repris temporairement une couleur d'azur. Cependant les nuages d'encre menaçants ne pendent pas bien loin. Combien de temps cette période de grâce va-t-elle donc durer?
La mer et son caractère bouillonnant. Ses sautes d'humeur imprévisibles et ses accès de colère légendaires. Son franc-parler. Un bon coeur derrière ses apparences de rudesse. Le vent qui souffle et ne dit mot, pourtant. Il a beau hurler, jamais il ne se révèle. Une réserve à toute épreuve. Et pourtant, au fond de lui se cache une profonde tendresse. Le vent aussi et sa fâcheuse habitude de parcourir sans cesse le globe d'est en ouest, d'ouest en est, du nord au sud et du sud au nord. Il a la bougeotte. Pas moyen de le mettre en cage. Il a besoin de sa liberté. Sans elle, il se sent enfermé. Et cependant, toujours, il revient à la mer. Il ne peut s'en passer. Et ces deux-là s'aiment pourtant. Malgré les apparences de leur relation amour-haine, ils ont besoin l'un de l'autre. Mais aujourd'hui, la discussion s'est envenimée. Et les deux Titans se sont empoignés. Et m'ont allégrement désignée comme arbitre et confidente de leurs griefs. Et me voici à l'eau... Un bain glacé bien malgré moi. Sans gilet de sauvetage ni ligne de vie. Sans navire à proximité pour me sortir de ma prison humide et glacée.
Depuis des jours et des nuits, je suis balancée, retournée, brimballée par ces flots furieux, incontrôlables, haineux de désespoir. La mer s'est mise hors d'elle sous l'emprise du vent et de ses propos malheureux. Alors que je n'ai ni blessé ni même injurié cette mer qui me tient en son sein. Tout ce que je demande, c'est que ces eaux tempétueuses se calment enfin et retrouvent une certaine sérénité. Et qu'elles me laissent remonter à bord de mon navire. Les forces commencent tout doucement à me quitter. Et Dieu sait si je possède des capacités de résistance. Mon corps et mon esprit faiblissent. Je commence à ne plus rien sentir, épuisée de fatigue et de lassitude. Et la tentation se fait grande de cesser de me battre pour réconcilier les Titans. Cette accalmie inattendue dans la tempête est la bienvenue. Quelques heures de répit, enfin...
Me voici dans l'oeil du Cyclone. A moins que je me trouve tout simplement dans celui du Cyclope... A présent, je n'entends plus rien, sinon le silence. Un silence inquiétant de par son mutisme. Une pause dans le vacarme. Comme un coeur qui vient soudainement de cesser ses battements. Va-t-il recouvrer son rythme effréné? Le vent va-t-il reprendre sa litanie et ses mugissements lugubres? Les vagues vont-elles redevenir montagnes? Bon sang, cet intermède n'est-il donc qu'entracte? Ou puis-je enfin croire à la fin du spectacle de pugilat entre Eole et Neptune? Je rêve que cette période de rémission dure toujours... Qu'ils trouvent enfin un terrain d'entente, pour repartir sur de bonnes bases. Et que je sorte enfin de l'Oeil du Cyclone.
Je me souviens de ces moments de grand bonheur, lorsqu'Eole et Neptune trouvent l'harmonie. C'est alors que mon voilier glisse sur les vagues à cette allure magique en gonflant mes voiles comme les ailes d'un immense goéland qui plane au ras de l'eau. Je voudrais voler à nouveau bientôt en bateau...
" (...) J'ai vu tous les océans, leur bleu profond, la grisaille des tempêtes, les lagons émeraude et limpides. Mais ce soir, la mer est noire. (...) " (Cette nuit, la mer est noire, Florence Arthaud)
Bonne lecture de cette courte nouvelle d'une fabuleuse femme marin, qui nous a quitté trop tôt, mais qui reste dans nos mémoires comme un personnage avide de liberté, de mer et de découvertes; et qui a su aller jusqu'au bout de ses rêves.
Un an jour pour jour depuis la création de ce blog... Le temps file. Et je poursuis mon rêve d'écrivain marin... Sur ce, je vous souhaite un beau dimanche, sans nuages, orages, ni tempêtes!
"Soudain, seuls...." : le titre d'un roman de mer fabuleux et à la fois terrible que je viens de terminer. Une auteur que j'aime beaucoup: Isabelle Autissier. Navigatrice française, première femme à avoir accompli un tour du monde en compétition; En 1999, au cours d'une course en solitaire autour du Monde, elle survit à un incroyable chavirage à 25 nœuds où son bateau reste à l'envers, dont elle réchappe de justesse. Femme de volonté et pugnacité, et la fois émouvante et admirable. Bref: comme je les aime.
Le récit du roman? Un couple de trentagénaires décident d'entreprendre un voyage à la voile en couple entre la Patagonie et le Cap Horn. Ils font escale sur une île au bout du monde (malgré l'interdit) pour y découvrir une vie sauvage, au climat extrêmement rude, une ancienne base de baleiniers abandonnée où la nature et la faune ont repris leurs droits sur l'Homme. La météo se dégrade. Une tempête se lève alors qu'ils sont en balade de reconnaissance des lieux. Incapables de passer les vagues qui séparent l'annexe de leur voilier, Jason (en raison d'une houle violente), ils décident alors de passer la nuit à l'abri dans l'ancienne base avant de rejoindre leur voilier amarré dans la crique. Au petit matin, lorsque la tempête s'est enfin calmée, les deux navigateurs se lèvent pour rejoindre leur embarcation. Mais la crique reste désespérement vide: Jason a disparu... Ils se retrouvent prisonniers de cette île abandonnée du monde civilisé, sans aucun matériel de survie ni radio... Débute alors une lutte implacable pour la survie envers et contre tout...
Et cet ouvrage m'ouvre une bonne entrée en matière pour vous parler de ce sujet délicat qu'est la Solitude...
" L'Océan est l'endroit où l'on est le moins seul au monde, en communion avec nos semblables. Là, la valeur de l'humanité s'exprime vraiment. " (Alexis Guillaume)
Bien sûr, au premier abord, nous avons tendance à confondre Isolement et Solitude. Si ce premier est presque toujours porteur de larmes et souffrance, la Solitude, malgré sa consonance triste, peut, elle, toutefois s'avérer une source de grand bonheur, et même de très beaux moments. Laissez-moi vous expliquer.
Il y a bien évidemment la Solitude de l'être délaissé, abandonné ou qui a perdu son compagnon d'âme par les circonstances de la vie. Celle de l'enfant sans parents, de l'apatride, de la personne esseulée de par sa différence avec le reste de la société. Il y a ensuite la Solitude au milieu de la foule... On peut se sentir totalement seul parmi des milliers. N'avez-vous jamais participé à un événement social où vous aviez le sentiment de ne pas être à votre place, de ne pas pouvoir être vous-même, de vous sentir incompris ou invisible pour les autres? La Solitude face à un examen, une prestation en public. Celle d'une décision critique à prendre. La Solitude du silence du malentendant, ou la nuit de l'aveugle. Celle du malade dont aucun être ne peut réellement comprendre la douleur, celle de la peur que rien au monde ne parvient à calmer ou encore celle de la perte de mémoire ou de la folie, dans laquelle personne ne peut plus pénétrer... La Solitude touche tout un chacun: le SDF tout comme le milliardaire, à n'importe quel âge. Elle survient soudainement, ou s'installe insidieusement dans une existence. Elle est souvent inévitable et il nous faut donc trouver un moyen de l'apprivoiser, d'apprendre à vivre avec cette nouvelle compagne. L'Homme est un animal social: il est donc rarement seul par choix délibéré. La société dans laquelle j'ai grandi considère, à mon sens du moins, fréquemment le couple et le fait d'avoir des enfants comme la norme sociale. Passé la trentaine, les célibataires ou les sans enfants sont trop souvent silencieusement jugés, à tort, comme des indécis, des égoïstes, des workholics, des loosers ou de ceux qui n'osent pas s'engager. Bien entendu, la société est en train de changer et heureusement, les normes sont en train de se modifier. Mais il n'est pas évident d'affirmer son choix ou sa résultante de vie comme tels, ou de clamer son bonheur selon un mode de vie "différent" des standards. Cela nécessite du courage, du caractère et un regard positif sur les choses. Une amie proche à Paris a récemment perdu son mari des suite d'une maladie grave. D'origine étrangère, loin de sa famille, tout juste pensionnée, elle a pourtant trouvé le courage d'affronter sa nouvelle situation et s'emploie jour après jour, à dompter sa Solitude. Et si fait, peut-être même à l'apprécier quelque peu à l'avenir. Elle s'autorise aux larmes, aux rires, aux moments de silence. Elle prend les moments tels qu'ils sont: simplement, sans honte ni regrets. Et je suis absolument certaine qu'elle finira par trouver un modus vivendi avec sa Solitude à elle.
J'en reviens à la Mer, la Voile, le Voyage en Solitaire.
Dans nos vies à du deux cents à l'heure, je considère les moments de Solitude comme de bienfaisants silences. Ils me permettent de me ressourcer, de réfléchir plus clairement, de me rapprocher de la nature, de moi-même. Tous les vrais passionnés de voile vous diront qu'il n'y a rien de plus magique qu'une nuit étoilée à la barre, de quart, seul avec le firmament. Ou le quart du petit matin pour aperçevoir le soleil se lever à l'horizon et voir le violet se muer en orange sur l'eau de l'aube. Que dire alors d'une navigation en solitaire: elle doit procurer un plaisir incomparable: le sentiment d'entrer en symbiose avec la nature, d'union avec les éléments; de devenir "le monde" à soi tout seul, en dépassement de soi. J'ai également retrouvé ces sensations dans une descente en solo en haute montagne (je comprends un peu mieux les bergers à présent), dans la lecture d'un bon livre devant un café bouillant dans un bistrot ou encore dans mes voyages en route, seule, vers l'inconnu... Pas étonnant que tant de navigateurs se lancent dans l'aventure d'une traversée en solitaire. Ces Solitudes-là permettent de faire des rencontres imprévues, des découvertes de soi inespérées, des retrouvailles avec son âme. Elles sont nécessaires, je pense. Et même s'il m'est aisé d'en parler vu ma situation de vie relativement confortable comparée à bien d'autres, je ne peux que vous encourager à les affectionner au lieu de les craindre. " La solitude est douce, l'âme s'y berce dans ses rêves. " (Félicité Robert de Lamennais - Pensées diverses, 1854)
Alors, si vous rencontrez la Solitude un de ces jours, souvenez-vous de cet humble billet: ne lui tournez pas le dos. Considérez-la comme une nouvelle chance...
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August 2023
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