Si les Chinois ont choisi le lapin comme emblème à partir de ce mois, moi, j'en reviens au petit crabe en ce 4 février, journée mondiale de la lutte contre le cancer... Un blog en l'honneur et soutien de ceux qui ont un oeuf à peler avec ce petit crustacé à l'appétit glouton.
Tout commence dans une boîte de conserve...
Une aventure qui débute un jour comme un autre. En rue, avec une simple boîte de conserves, mais soudainement qui change une vie... Un événement banal, qui se mue en une odyssée dangereuse et mystérieuse aux confins de nos limites.
Une traversée océanique qui se termine dans une chaloupe au milieu de l'eau glacée. La soif, le froid, la chaleur intense. La peur de se perdre, de perdre l'autre, de ne pas revenir. La colère, le désespoir, le découragement. Un combat, une fuite, un voyage. Au bout du monde, au bout du désert, au bout de soi-même...
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Canailles ! ... Emplâtres ! ... Va-nu-pieds ! ... Troglodytes ! ... Tchouck-tchouk-nougat ! ...
Après la tempête en mer, celle du vent saharien. Les ouragans se suivent et ne se ressemblent pas. La souffrance du corps et de l'esprit. Et dans ces fameuses conserves de crabe, un remède pour oublier ses maux... Une drogue pour calmer ses angoisses.
Une épopée au fin fond des dunes et du désert de la soif. L'adversité qui crée des amitiés pour la vie. Mais une traversée où même les plus grands amis perdent la tête dans un delirium tremens face aux défis de la Nature. Des moments où l'esprit perd le Nord.
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Et cette touche d'humanité malgré les apparences... Celle où même les plus grands héros se laissent aller à chanter les noms d'oiseaux pour trouver la force de continuer et de retrouver leur chemin dans leurs mers houleuses. La persistance pour survivre. La volonté de sortir de leur situation précaire et des pinces dorées du crustacé.
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Une petite pensée pour tous ces héros qui se sont jadis frottés au petit crabe glouton (ou se débattent aujourd'hui encore avec la bébète). Soyez tolérants et patients avec leurs délires et leurs joutes verbales....
Un très bon dimanche à tous.
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Dites-moi votre surnom d’enfance et je vous dirai qui vous êtes…
Nous sommes tous uniques. Et si certains noms nous reconnaissent officiellement pour le monde extérieur, nos proches ont parfois choisi de nous affubler d’une autre identité, bien plus secrète, tendre ou loufoque que le titre du registre des naissances.
Mon grand-père, à qui ce blog est dédié, était le premier à aimer l’usage de surnoms. Il se faisait d’ailleurs appeler “Monseigneur” par ses proches. Et c’est sous ce nom quelque peu théâtral que nous nous souvenons de cet homme humble, créatif, assoiffé de connaissance, à la plume et l’imagination débordante.
Il y a tout d’abord un prénom, ou deux, trois ou plus…
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Après quelques semaines de confinement forcé à l’abri du mauvais temps et des risques de refroidissements, mon rythme professionnel de voyages a été quelque peu ralenti (au plus grand plaisir de mes proches). Cependant, les microbes ayant enfin pris la poudre d’escampette et les obligations professionnelles ayant pris, elles, celle de la ritournette… Me revoici prête à reprendre la route avec mon baluchon attaché-caisse pour de nouvelles aventures scandinaves. Ce dimanche, je repars vers la ville de la petite sirène.
La ville où flotte le plus vieux drapeau au monde, le “Dannebrog”. depuis le XIIIe siècle. Une cité de l’eau et des canaux à chaque coin de rue. Un port où l’on peut même oser un plongeon, ses eaux étant réputées pour être propres (et relativement chaudes pour les normes de températures nordiques). Une capitale où l’on prétend que les habitants sont les plus heureux au monde, avec un système social et médical hors du commun. Un réseau de rues grouillantes de bicyclettes et de fervents défenseurs de la nature. Enfin, la mégapole d’un pays avec un grand sens de l’humour, de l’égalité et de l’humilité. La fameuse “loi de Jante” (Janteloven) y prend ses racines et y rend la culture agréable, en préservant l’harmonie et l’uniformité.
Un pays avec un des taux d’emploi les plus élevés au monde, à 75%. Tout comme son taux de TVA (25%)… Une ville où les spécialités du petit déjeuner, les “Wienerbrød”, pâtisseries viennoises, sont nommées d’après une autre ville majestueuse, et où les pâtissiers sont venus s’installer au XIXe siècle. Une cité où je me délecte des délicatesses à la cannelle avec un bon café au lait après une bonne marche dans le vent marin et le froid nordique pour rejoindre mon bureau. D’ailleurs, au Danemark, la mer n’est jamais à une distance supérieure à 52 km de l’endroit où vous vous trouvez, entre ses 444 îles. La grande bleue est absolument partout !
Un endroit magique pour y débuter la journée le long du vieux port entre les façades et les ciels colorés, surtout en hiver. Ma Venise Nordique... Une autre histoire de vilains petits canards qui se transforment en majestueux cygnes...
Et vous, quelle sera votre première destination de l’année ?
Un excellent dimanche à tous.
Aimez-vous faire des photos ? Moi oui ! Mais pas à n'importe quel prix... Que diriez-vous d'un petit billet de bonnes résolutions pour bien débuter l'année ?
Mon royaume pour un selfie
Les hommes leur avaient donné un nom. Ils avaient nagé des milles et des milles dans une direction qui les avait emmenés loin de chez eux. Et ils s’étaient retrouvés piégés dans des eaux dont la couleur et le goût leur étaient inconnus. Perdus au milieu des hommes. Égarés loin de leur milieu naturel et de leur mer…
Les dernières années ont vu en Europe des animaux marins quitter leurs routes de migrations habituelles et remonter les cours d’eau ou encore s’installer dans des ports pour le plus grand amusement des touristes en mal de reportages à sensations. Un spectacle malheureusement tragique pour les créatures coincées dans les eaux étrangères. Des jours et des nuits d’errance à la recherche du chemin de leur mer. Des heures d’épuisement malgré les efforts des hommes pour les renvoyer vers leurs patrie. Un béluga (“canari des mers”), à bout de forces dans ces flots au parfum trop doux pour son palais. Des curieux sur les quais. Du bruit. Du monde. Des gens agglutinés autour de lui, leur téléphone à la main pour une photo à poster sur leur compte Instagram. Tout un monde effrayant et assourdissant pour ces beautés marines. Un éléphant de mer - Freya - qui finira par confondre plage de sable et plage arrière des bateaux pour y faire sa sieste au soleil norvégien. Et tout autour, des hommes, des centaines de curieux, encore et encore. Alors, pourquoi repartir vers le large lorsque l’on a tant de succès auprès du public ? Cependant, qui dit près des hommes, dit loin des siens et de la liberté retrouvée… Malheureusement les lobby’s norvégiens de l’industrie maritime ont eux clairement choisi la solution de facilité pour se débarrasser de cet hôte quelque peu encombrant, à savoir... l’euthanasie… Toutes les excuses sont bonnes pour satisfaire les besoins commerciaux au détriment de la nature. En France, jusqu'au coeur de Paris, même histoire avec un orque. Les autorités françaises tenteront de diverses manières de renvoyer leur hôte marin vers l’estuaire (avec des sonars et autres technologies de pointe). Sans succès, là également.
Autre exemple : les bébés phoques en baie de Somme font également les frais des touristes, trop empressés de faire un selfie avec les adorables petites boules de poils aux grands yeux d’ébène ou de les caresser. Effrayés par les observateurs trop entreprenants, ils paniquent, s’enfuient et sont séparés de leur mère ou du groupe. Incapables de subvenir seuls à leurs besoins, ils finissent ainsi par dépérir ou pire.
L’orque récemment échoué sur le rivage de Cadzand en mer du Nord en est un autre triste exemple, les efforts des hommes pour la renvoyer à l’eau ayant été vains. Sa condition physique dépérissant heure après heure. Et autour de sa carcasse agonisante, des centaines de touristes en mal de spectables morbides, venus parfois de loin pour assouvir leur plaisir macabre.
Trop d'histoires qui malheureusement se terminent rarement en happy ending... Alors, si vous aimez réellement la nature, oubliez Tiktok, Instagram et autres médias à sensations. Et si vous souhaitez tout de même photographier ces petites merveilles, faites-le à large distance avec un grand zoom ! Il leur importe peu de faire la une de votre cercle d'amis ou d'obtenir le plus grand nombre de "likes" dans un post.
Un très agréable dimanche à tous.
Dernier jour de l’an. En guise de rétrospective, pourquoi ne pas vous lire le passé et l’avenir... dans les feuilles ?
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Lignes courbes, rides rondes, et points cardinaux de papier
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Pour cette année nouvelle, je vous souhaite de jolies feuilles de vie, de toutes les teintes et les formes. Qu'elles y dessinent de simples bonheurs, beaucoup de tendresse et une bonne santé, à travers toutes les saisons.
Meilleurs voeux à tous pour 2023 !
Noël ne serait pas Noël sans un petit conte... Allez, zou, c'est parti ! Je vous emmène au fond de nos forêts ardennaises - région de légendes et repère de lutins (aussi nommés "Nutons" ou "Sottais" dans mon pays de la Vesdre) - pour un Noël pas comme les autres.
Il était une fois un petit village perdu au fin fond d'une forêt sombre et froide...
Il était une fois un petit village perdu au fin fond d'une forêt sombre et froide dans une région reculée de nos contrées... C'était l'endroit où la température tombait le plus bas de tout le pays. L'hiver semblait s'y être définitivement installé depuis des mois. Le soleil avait toutes les peines à y percer le brouillard glacé et les habitants avaient pris le pli de vivre dans une obscurité permanente. Les gens du hameau s'étaient habitués à un mode de vie replié sur lui-même, à l'abri du reste du monde. C'est là que vivait Isaline, une fillette, seule avec son oncle et sa tante. Ses parents ayant disparu dès sa tendre enfance.
Les jours s'y ressemblaient, les uns après les autres, dans la froidure et l'ombre. Les habitants y vaquaient à leurs occupations journalières sans lumière et à tâtons. Le temps semblait s'y être arrêté, comme figé par la glace et la pénombre. Un soir plus noir que d'habitude, la neige avait recouvert toutes les maisonnettes jusqu'au toit. Personne n'osait tenter de sortir, par peur de se transformer instantanément en bonhomme de neige ou de geler sur place. Pas un seul bruit ne traversait le manteau blanc. La forêt semblait sans vie. Et pourtant... A travers les arbres, de temps à autre, comme bercée par la brise, une faible lumière venait percer la noirceur. Un infime point doré d'abord, puis une faible flamme vacillante. - "Ce sont des feux follets, les âmes des défunts", clamaient les anciens villageois. - "Ne les approchez surtout pas ! Ils vous emporteront avec eux dans l'au-delà !". Isaline, cependant, ne pouvait s'empêcher de scruter l'horizon dans l'espoir d'aperçevoir une de ces lueurs dorées. Contrairement aux autres villageois, elle pensait qu'il s'agissait de petits anges et non de démons venus damner les habitants. Son oncle avait beau lui répéter de ne pas y prêter attention, elle continuait de croire à la bonté de ces petits êtres de lumière. Il lui interdisait de sortir et de s'aventurer seule dans les bois. Ce soir-là de Noël, les parents adoptifs de la fillette dormaient à poings fermés dans la maisonnette de bois. Tout était calme dans la chaumière. Ils avaient partagé un bon repas et les plats étaient encore chauds sur la vieille table de chêne. Le feu était éteint dans l'âtre mais les braises chauffaient encore la chambrée. Sous ses lourdes couvertures de laine, la fillette ne pouvait fermer l'oeil. Ils n'étaient point fortunés. Elle avait pourtant tout ce dont elle avait besoin : une famille aimante, un toit pour s'abriter et de quoi vivre confortablement. Mais, ses parents lui manquaient. Et tout au fond d’elle, elle cherchait en vain cette lumière dont elle rêvait pour illuminer ses jours. Tout autour du village lui semblait tellement gris, fade et sans couleurs, sans soleil.
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Le lendemain soir, alors qu’elle avait le visage collé à la vitre à croisillons joliment décorée par le givre, à côté de son lit, il lui sembla entendre des pas feutrés dans la neige. Puis, elle crut que ces derniers se rapprochaient, jusqu’à faire craquer le vieux plancher. Elle cligna des yeux et ses oreilles écoutèrent attentivement. Une douce aura dorée avait empli sa chambrette. Puis, tout retomba dans le silence. Isaline resta immobile puis remonta dans son lit, sous les couvertures, paralysée à la fois de peur et d’excitation de découvrir l’origine de ce tumulte. Elle attendit et attendit encore, mais plus rien ne bougea autour d’elle. Et la fillette finit par s’endormir. Le lendemain matin, elle se dit qu’elle avait probablement rêvé.
La seconde nuit, les pas reprirent. Mais cette fois-ci, elle n’y tient plus et se leva. L’aura dorée avait finement illuminé la table à manger où quelques morceaux de fromage, un pot de miel et un quignon de pain avaient été oubliés. Par terre, quelques miettes. Et la cuillère de miel avait été vidée. - « Ce doit être des souris. J’aurais dû y penser ! », se dit-elle. Et elle repartit se coucher. Mais le surlendemain, quelle ne fut sa surprise de trouver, à côté de son lit une petite fleur bleue, toute de laine tissée ! D’où pouvait-elle bien donc provenir ? Elle avait été fabriquée par des mains expertes et certainement très fines. Elle la prit délicatement et la posa sous son oreiller. Elle n'en dit mot à son oncle et sa tante. Mais se promit bien d'élucider le mystère.
© Photos – Rêvesdemarins
La troisième nuit qui suivit Noël, Isaline ne s'endormit pas. Elle prit la précaution de laisser un bol de potage encore chaud sur la table, une grande cuillère en bois, du pain, quelques noix et des fruits des bois. Elle attendit, tapie sur son lit, en scrutant le chemin qui menait à la chaumière. C'est là qu'elle "les" vit enfin... Ils étaient cinq. Cinq petits Sottais. Des Nutons de la région, avec leur bonnet rouge, bien emmitouflés, leurs chausses vertes à pointes, et leur gros nez écarlate dans le froid piquant. Les créatures du "petit peuple" comme on les appelait, portaient chacun une menue lanterne, dont la flamme dansait dans le vent ardennais et leur donnait l'allure d'un collier de lumière dans l'obscurité environnante. Ils n'avaient certainement pas l'air bien méchants !
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L’étrange cortège parvient à la chaumière. Et comme par magie, la porte d'entrée s'ouvrit pour laisser rentrer les petits êtres. Elle se referma aussitôt derrière eux. La fillette les observa en silence : ils avaient faim et ils se dirigèrent tout droit sur le repas laissé à leur attention. Ils avaient placé leurs lanternes en rond autour de la table. On aurait dit un ballet aux chandelles. La lumière qu'elles projetaient sur les murs était particulièrement douce et chaleureuse. Isaline eut soudainement le sentiment que ses parents étaient là, tout près d'elle. Et elle sentit une chaleur monter du fond de son âme, sur ses mains, jusqu’au bout de ses doigts. Une incroyable paix monta en elle et tout d’un coup, elle se sentit rassurée. Elle n’était plus seule. A travers les flammèches qui virevoltaient dans les petites lanternes posées sur le plancher, elle reconnut les étoiles dans les yeux de sa mère et la chaleur des bras de son père lorsqu’il la serrait dans ses bras tout enfant. La mélodie des flammes qui brûlaient ainsi lui rappelèrent les douces mélopées des berceuses que lui chantaient ses chers parents pour l’endormir alors qu’elle avait peur de l’obscurité.
Elle resta un long moment ainsi à les observer. Ses yeux croisèrent ceux d’un des petits lutins. Ses pupilles étaient d’un vert profond, avec des points dorés à travers ses cheveux hirsutes et sa longue barbe blanche. Le petit être lui sourit. Il sembla à Isaline qu’il lui disait quelque chose dans son regard. Un peu comme s’il voulait la remercier du repas qu’elle leur avait laissé. Ses paupières se firent subitement lourdes et la fillette s’endormit. Lorsqu’elle les rouvrit le lendemain matin, elle se retrouva dans son lit. Comment était-elle arrivée là ? Et à côté de son lit se trouvait à présent une menue lanterne, la petite fleur bleue attachée à son anse.La lanterne brillait de mille feux. Sa lumière était douce comme de la soie et son toucher chaud pour y revigorer ses menottes engourdies.
© Photos – Rêvesdemarins
Le jour d’après en se levant, la fillette se sentit quelque peu différente. La neige avait cessé de tomber. Le soleil avait enfin percé les nuages et la forêt avait retrouvé quelques teintes verdâtres. Les habitants étaient enfin sortis de chez eux et avaient repris leurs activités.
Isaline se rendit dans la pièce principale où l’attendaient son oncle et sa tante. - « Bien dormi, mon petit ange ? », demanda sa tante d’un regard bienveillant. « On dirait que les mauvais esprits sont partis avec la neige... ». Isaline ne dit mot de ses découvertes nocturnes. Elle garda son secret bien gardé. Depuis ce jour-là, la petite lanterne ne quitta plus la chaumière et une flamme y brûla toutes les nuits, pour réconforter la fillette à chaque fois qu’elle sentait la tristesse ou la peur monter en elle. Étonnamment, il n’y eut jamais besoin de la rallumer, incandescente d’une lueur éternelle. Isaline ne revit jamais les petits Nutons. Mais on raconte qu’ils reviennent chaque nuit pour alimenter la petite flamme pour que jamais elle ne s'éteigne.
Inutile de vous dire que j'adore les bougies et lanternes. Et que mon habitation - tout comme chez les Scandinaves - en est remplie...
Merci à tous ceux et celles qui ont été ma lanterne magique dans mes nuits et mes jours, que ce soit un soir, un an ou une vie. Un très joyeux Noël à tous !
L'essentiel est invisible pour les yeux... Ainsi en est-il de ceux qui demeurent dans les souvenirs. Un petit billet en hommage de ces derniers.
Cette semaine, j'ai envoyé un petit message à un ancien collègue. Je le savais malade, mais fort et battant face au méchant petit crabe qui lui rongeait la moëlle osseuse depuis quelques années déjà. Deux greffes lui avaient offert un répit pour de nombreuses années. Nous nous connaissions depuis plus de vingt cinq ans via le travail et avions régulièrement des contacts durant sa maladie. Et cette année, j'ai pensé souvent à lui envoyer un petit mot, sans pourtant jamais finalement en prendre le temps. Son profil sur les divers réseaux sociaux indiquait qu'il était toujours bien actif dans notre société où tout tourne tellement rapidement. Et cela avait suffit à calmer ma conscience.
Cependant, le message en réponse à ma missive à son addresse professionnelle cette semaine, m'a laissée sans mots... "Nous sommes au regret de vous annoncer que ... ". J'étais atterrée : j'avais attendu trop longtemps. Je n'avais pas vu passer les mois importants. S. nous avait quitté, il y a presqu'un an déjà, sans que je ne le sache. Et cela m'a réellement attristée : de son départ, de mon ineptie à reprendre contact plus tôt, de mon ignorance dans ma vie trop pressée. De mon incapacité à prendre le temps pour les petits gestes importants, pour quelqu'un qui méritait de l'attention au nom de la gentillesse humaine, même si nous n'étions pas très proches.
Casper
Et pourtant, cher S., ton nom est toujours bien lisible sur ces fameux sites web. Ta photo te montre dans tes meilleurs jours. Ton profil semble avoir immuablement traversé le temps et les évènements sans avoir été affecté par ton absence. Ton image et ton souvenir planent doucement, comme une brume tamisée sur les voies du monde digital. Tel un gentil fantôme qui continue à veiller sur nos vies empressées et à errer dans les couloirs de l'immense bâtisse aux milles portes qu'est l'internet.
Gentils fantômes des couloirs de nos vies,
Les réseaux sociaux constituent une source intarrisable d'informations. Des véritables amis aux supposées connaissances. Des anciens collègues aux futurs patrons. Des nouveaux profils aux noms d'emprunt. Ils regorgent de personnes bien réelles et de personnages factices. Ils conservent également la trace de notre passage dans cette société de consommation. Même encore bien longtemps après notre départ.
On peut critiquer cette pratique. Devrait-on systématiquement enlever ces noms du monde actif ? (Et ceci n'est pas chose aisée vu les réglementations sur le sujet). Devrait-on effacer toute trace de leur existence ? Mais, quelque part, la présence de ces gentils "Casper" sur les médias sociaux, permet au souvenir de perdurer. Elle supplée le deuil, et la remémorance. Elle offre une porte aux besoins de ceux qui restent, de continuer à faire vivre la mémoire. Elle accorde un chemin aux messages aux disparus et de soutien à leurs proches. Elle fait parfois autant de bien que de tort. Le débat demeure entier.
A tous ces "Casper" qui veillent sur nous à travers leur souvenir et dont la tendre pensée me tient chaud dans mes froides nuits sans sommeil comme une tiède mer d'été.
Un très bon dimanche à tous.
Et si nous parlions d'art, ce week-end. Et de l'art belge (soyons un peu chauvins... ) ! Je vous emmène découvrir le monde magique de Jean-Michel Folon, ce dimanche.
Lors de ma dernière balade au parc du domaine Solvay à La Hulpe, dans le Brabant wallon, j'en ai profité pour découvrir le musée Folon. J'adore cet artiste depuis ma tendre enfance. J'ai jadis travaillé dans cette même ville et je suis allée me promener des tas de fois dans le parc juxtaposant mon ancien bureau. Et pourtant, je n'avais jamais pris la peine d'aller découvrir les oeuvres de cet artiste belge dans ce petit, mais magnifique musée de chez nous. C'est maintenant chose faite !
Surréalisme belge
Ucclois d'origine, Folon quittera ses études pour s'installer à Paris et deviendra une icône du surréalisme belge dans les années de l'après-mai '68. Aquarelliste, peintre, graveur, sculpteur, puis acteur à ses heures, Folon se distinguera dans le domaine de l'illustration par plusieurs styles caractérisés par de larges dégradés à l'aquarelle, des personnages stylisés aux errances en apesanteur ou aux contextes énigmatiques, en phase avec les interrogations de la société occidentale de l'époque.
Mr Mac Man
Ce que l'on sait moins de l'artiste, c'est qu'en juin 1983, Folon dessinera le premier logo d'Apple, « Mr. Macintosh », anciennement Macintosh, la société de Steve Jobs. Mais après que Folon ait soumis « The Macintosh Spirit », Steve Jobs changera d’avis. En juin 1983, le génie de l'informatique se tournera vers le directeur artistique de Mac, Tom Hughes, lui demandant de créer un nouveau logo un peu plus pratique. En collaboration avec John Casado, Hughes créera alors le dessin simple et coloré du Mac de la pomme, connu aujourd'hui. Pour son logo, Folon aurait dû recevoir une redevance sans précédent de 1 $ pour chaque vente de Mac. Avec près de 30 millions de Mac vendus en 1998, Folon passera ainsi à côté de l'oeuvre la plus lucrative de sa vie... Ce qui ne l'empêchera pas, cela dit, de créer des oeuvres fabuleuses par la suite.
© Photos - vintagemacmuseum.com
L'artiste illustrera des ouvrages tels que les chroniques martiennes, Kafka, Apollinaire, Borges, Boris Vian et Prévert (dont chaque poème fera l'objet d'un dessin). Il créera de nombreuses affiches de festivals et de films au niveau international (Woody Allen, publications dans le Time, The New Yorker... ). Folon sera également le concepteur de fresques monumentales dans les métros bruxellois et londoniens (Waterloo station). Il sera également un des rares artistes exposés de son vivant au MoMa de New York.
Quelques-uns de ses thèmes de prédilection sont la solitude dans la foule, le troupeau des humains, la société de consommation, la surinformation... Ardent défenseur des droits de l'homme, il illustrera chacun des thèmes de la déclaration des droits de l'homme. En outre, Folon sera photographe, dessinateur de presse, réalisateur de films d'animation, concepteur de génériques de films, de mosaïques, décors de théâtres ou encore de timbres postes. Un artiste aux dons versatiles.
© Photos – Rêvesdemarins, musée Folon La Hulpe
Enfin, les immensités dans la nature, dont la mer, le désert (sans oublier les sphinx) le fascinent. Il concevra toute une série de tableaux (aquarelles ou imaginées au départ d'objets détournés comme le carton ou le bois) ou de mosaïques sur les thèmes marins et de bateaux : "Voyage bleu", "Partir", "la voile blanche", "la traversée" et bien d'autres. En quelques traits à peine, il parvient à faire surgir un navire d'un brouillard de couleurs pastels. De toute beauté. Sa dernière oeuvre sera la restauration complète d'un bateau des années trente, qu'il baptisera le "Over the Rainbow".
© Photos – Rêvesdemarins, musée Folon La Hulpe
Alors, si vous êtes dans le coin (ou non... ), je vous invite à prendre quelques heures de répit de vos vies palpitantes pour un moment de quiétude devant ces toiles aux douces teintes, dans un immense parc aux allures fantasmagoriques en cette saison où le givre y crée des décors de conte de fées.
Un excellent dimanche à tous.
Une journée à Nieuport, ma ville favorite en mer du Nord. Pour des réunions et un bon moment en famille. Mais tout de même l'occasion de tirer quelques photos de mer. Et à quoi bon une une visite à la Mer du Nord sans visiter son port et ses curiosités du moment ?
Navires en mal de mer, équilibristes sur leur ber pour une traversée sans nage
© Photos – Rêvesdemarins
J'adore ces jolis ballons de fourrure qui se prélassent paresseusement sur les bords des catwalks. On dirait que des navigateurs pressés y ont oublié quelques gros pare-battages à nageoires. Mais des pare-battages baudruches qui adorent les baignades dans l'eau réfrigérée, la température y dépassant à peine les 2 ou 3°-c aujourd'hui. Et vous, êtes- vous aussi amateurs d'eau polaire ?
Je vous souhaite une excellent dimanche. Et un bain d'eau pas trop froide (pour moi du moins), à moins que vous ne vous sentiez l'âme d'un phoque espiègle ;-).
Petit billet photos, ce week-end. Peu de texte. Beaucoup d'images.
Novembre est le mois de l'année que j'aime le moins. Souvent sombre, humide, froid. La fin de la saison de voile. La fin de l'automne. Pas vraiment encore l'hiver mais plus tout à fait l'automne. Fréquemment un mois d'accidents, de malchance ou de maladies. Files, brouillards, retards... Bref, un mois que j'espère voir passer rapidement. Cependant, cette année, la nature est en retard sur son horaire. Et le mois de novembre nous a donné de magnifiques lumières de fin de saison. Les arbres portent encore leurs feuilles, toutes d'or et de pourpre. Alors, voici novembre en images.
© Photos – Rêvesdemarins
Un bon moment pour un petit tour avec une amie chère dans un des plus beaux parcs (à mon sens) de notre petit pays : le parc Solvay à La Hulpe. Un endroit idéal si vous avez envie de calme, de sérénité, avec son château de contes de fées, ses arbres centenaires et sa visite botanique tout près de Bruxelles. Balade charmante garantie. Et si vous y allez au coucher du soleil, vous aurez peut-être ma chance d'y apercevoir quelques fantômes sympathiques du festival "Lanterna Magica" où vos enfants pourront s'émerveiller de lumières fantastiques. dans un parcours à la lanterne.
© Photos – Rêvesdemarins
Avant de repartir comme tous les mois vers le Nord et son froid piquant, je vous souhaite de belles promenades, en forêt ou en mer. Un excellent dimanche à tous.
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August 2023
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