Après de longues semaines de silence, enfin un petit billet.
Un billet appel, un petit billet message pour une cause en détresse qui compte pour moi.
Depuis plus de sept ans, j’ai la chance incroyable de pouvoir écrire et publier des articles comme journaliste de mer pour la plus belle édition marine belge : Yachting Sud. Un magazine de voile de qualité existant depuis 1923. Le seul magazine francophone belge. Un magazine centenaire axé sur la qualité de son contenu et de son format, nommé d’après le voilier en bois barré par Charles Bertels, son créateur.
Les tendances des dernières années, la digitalisation, le covid et la hausse des prix du papier lui ont rendu la vie dure. Et l’avenir de l’éditorial est à présent mis à rude épreuve. Se repenser, se refaire un avenir, se réinventer. Pas une chose facile. Et Dieu sait si la presse nautique est un secteur qui souffre ces derniers temps. Les lecteurs veulent du digital, vite et pas cher, voire gratuit. Les jeunes veulent des nouvelles rapides, bon marché, accessibles en temps réel, pas trop compliquées à lire. La quantité prime sur la qualité. Le papier est révolu et prend de la place. En plus, il faut le recycler une fois lu. La mondialisation remplace les actualités locales. Les salons nautiques sont peu à peu révolus pour passer à des forums sur internet. Les gens se rencontrent sur des écrans et les publics changent. Bref, le monde évolue.
© Photos – Yachting Sud
Si certains voiliers se transforment en machines de guerre volantes ou en buildings flottants, d’autres tentent de redessiner le monde du transport et du cargo pour la protection de la nature et des déplacements plus durables. Je continue à croire que la navigation à l’ancienne et à la force du vent ne rendront jamais l’âme car ils sont l’âme de l’homme et de son lien à la nature. Je persiste à espérer que les lecteurs de demain reviendront aux valeurs véritables et retrouveront un intérêt pour cette belle activité en Belgique ou ailleurs. Notre petit pays possède un terrain de jeu superbe dans ce domaine : près de la Manche, des eaux normandes, bretonnes, frisonnes. Une localisation intéressante pour apprendre même si la météo n’y est pas toujours idyllique. Je suis fière de mon petit pays et de ses marins. Il a quelque chose à raconter et compte de nombreux anciens ou futurs héros des mers. Des chantiers, des innovations, des beautés à explorer et des savoir-faire à redécouvrir. Et qui dit découverte dit narration de leurs exploits. Que ce soit sur le papier, lors d’une présentation ou d’un spectacle, ils valent la peine qu’on écrive des récits à leur égard.
Mon cœur saigne à l’idée que cette belle revue belge doive un jour peut-être rentrer au port et cesser de naviguer sur toutes les mers du monde. Mais, il n’est pas trop tard pour lui refaire une beauté, renforcer sa coque et lui installer de nouvelles voiles pour reprendre le large le plus rapidement possible. Ceci n’est qu’un « Pan pan » et pas encore un « Mayday ».
Longue vie à Yachting Sud (www.yachtingsud.eu), pour que nous puissions fêter son double centenaire un jour ! Un excellent dimanche à tous. Et qui sait, l’occasion de découvrir notre magnifique magazine ou d’en donner envie autour de vous.
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Quelques jours de travail avec mon équipe chez les autres Bretons. Ceux du Brexit.
Fish and ships
L’occasion de revoir les bords de la Tamise, le petit port et les docks de Saint Katharina. Une vue fantastique de mon bureau: d’un côté le bord de l’eau, de l’autre une vue plongeante sur les ruines de la charmante église de St Dunstan. Et tout cela sous 25 degrés sans une goutte de pluie, ou presque. Le pied. Même si les journées sont longues et intenses, cela reste un privilège de pouvoir travailler d’un autre pays, d’un autre monde. Croiser d’autres cultures, parler d’autres langues, goûter à d’autres saveurs locales (même si l’art culinaire britannique n’est pas mon préféré). Une ville mêlant histoire, modernité et traditions. Des endroits étonnants à chaque détour de rue entre deux buildings. Sans oublier la population incroyablement cosmopolite.
© Photos – Rêvesdemarins
Under the sea
Le voyage est bien plus agréable vers Londres que vers d’autres de mes destinations professionnelles habituelles car la distance me permet de la parcourir en train… sous la mer. Deux heures de route (sans le décalage horaire) confortablement installée avec un café au lait pour avancer dans mes dossiers (malgré la ligne internet instable). Quelle différence avec les aéroports malgré le temps de check-in pour les contrôles de sécurité et d’immigration. Une vitesse maximale record de 344,07km/h. Un trajet sous-marin de 50km via le « Chunnel », un tunnel large de 45m situé à environ 75 mètres sous le lit de la Manche et à 115m de sa surface. Le tunnel sous la Manche est le plus long tunnel sous-marin au monde.
Un moyen très civilisé de voyager (du moins tant que le train ne tombe pas en panne dans le tunnel ;-)). Claustrophobes s’abstenir. Cela dit, l’idée de se retrouver coincé dans une boite à conserve volante n’est probablement pas plus rassurante pour les allergiques aux endroits confinés. Mais un moyen de locomotion qui me convient parfaitement. Bien entendu, pour les solitaires, Londres n’est pas l’endroit indiqué pour éviter les foules… Par contre, parfait pour les amoureux de mode alternative, de coiffures ébouriffantes et de fish and chips (et ships ;-).
Je vous souhaite un excellent dimanche. Et qui sait, l’occasion d’un petit détour par la Manche ?
Que diriez-vous d'un billet hommage aux premiers journalistes marins ?
(Extrait de mon article dans le magazine Yachting Sud nr 970). « Je verrai de mes yeux les merveilles et les terreurs de l’océan. »
Depuis la nuit des temps, les hommes n’ont eu de cesse de narrer et de transcrire leurs épopées. En mer ou ailleurs, poussés par un besoin pressant de coucher sur le papier leurs aventures et leurs vicissitudes, les chroniqueurs de bord ont légué à l’histoire les faits, les récits et les états d’âme des plus grands voyageurs de notre monde, à travers les siècles.
Journal de circumnavigation
Nous sommes en septembre 1519 et l’équipage du Portugais Ferdinand de Magellan s’apprête à larguer les amarres pour un voyage autour du globe qui marquera un nouveau cap dans la navigation. A bord de la Trinidad, Antonio Pigafetta, un savant vénitien, range soigneusement ses plumes et ses carnets dans le petit coffre de bois, dans un coin de la bannette sombre et humide. Il réalise bien peu alors le fabuleux héritage qu’il léguera à l’univers, à travers les futurs écrits de son journal de bord. On ne sait que peu de choses de Pigafetta, mais sans ses chroniques, les nouvelles du premier voyage autour du monde ne nous seraient jamais parvenues. Il compila des journaux de bord très détaillés, agrémentés de cartes illustrées tout au long du parcours. Il y relate les affres des diverses étapes ainsi que les réussites de l’exploration : mutineries, cannibalisme, scorbut, noyades, tempêtes, famine poussant les hommes à déguster des rats ou de la sciure de bois. Il consigne dans ses notes des descriptifs des phénomènes astronomiques (les nuages de Magellan, deux galaxies visibles). Il y conte également la découverte des îles aux épices, les rencontres avec des peuplades étonnantes telles que les « géants patagons », et le passage vers l’Atlantique, parfois avec une certaine fantaisie en transcrivant les récits de voyageurs ou d’indigènes. Sur les 260 membres d’équipage et les cinq vaisseaux affrétés, un seul en reviendra avec dix-huit hommes, dont Pigafetta, Magellan lui-même faisant partie des victimes qui ne revirent jamais leur port d’attache.
Le travail de chroniqueur de Pigafetta ne fut pas reconnu à l’époque par les divers monarques à qui il les présenta à son retour. Et notre journaliste de l’époque ne reçut qu’une bien maigre compensation pour ses manuscrits. Si Pigafetta ne verra jamais son ouvrage imprimé, quatre de ses versions manuscrites ont néanmoins traversé les siècles et les océans pour nous régaler aujourd’hui de leurs récits fantastiques.
© Photos – Carnets de marins, Huw Lewis-Jones, éditions Paulsen 2019
Carnets de stratèges
© Photos – Carnets de marins, Huw Lewis-Jones, éditions Paulsen 2019
Peintres à bord
« Sa peau, dépourvue d’écailles, avait la texture du cuir et la couleur grise du plomb… »
Si au départ, les carnets nautiques ont une vocation pratique, logistique, voire légale (l’annotation des coordonnées, événements de bord et positions du navire… ), certains calepins de bord se révèlent souvent de petites œuvres d’art. Leurs auteurs maniaient le crayon et le pinceau avec brio : atlas, cartes célestes, bestiaires, anthologies zoologiques. Pour n’en citer que quelques uns : les cartes de Tupaia rédigées pour James Cook sur le HMS Endeavour en Nouvelle-Zélande ou encore les recueils de dessins d’Erik Hesselberg sur le Kon-Tiki, réalisés dans les îles polynésiennes.
© Photos – Carnets de marins, Huw Lewis-Jones, éditions Paulsen 2019
Une plume pour la science
© Photos – Carnets de marins, Huw Lewis-Jones, éditions Paulsen 2019
Ecrire pour survivre
Certains carnets de bord furent griffonnés sur un bout de papier chiffonné au fond d’une cale, dans une mer en furie. D’autres tinrent dans de petits calepins remplis entre deux quarts par des matelots pour prévenir le sommeil. D’autres encore prirent la forme de tableaux de maîtres-peintres, d’encyclopédies ou même de journaux intimes.
Tout événement consigné dans un journal de bord, même minime, est important dans la vie des marins, et transmettra des connaissances et des récits de voyages à travers les époques. Tous ces chroniqueurs marins, petits ou grands, célèbres ou méconnus, ont façonné l’histoire à leur manière. Chaque navigation mérite son écriture et chaque homme de mer mérite d’en faire la lecture. A vos carnets et crayons ! Un excellent dimanche à tous.
Après une navigation de presqu'un an dans la Baltique, il est enfin de retour. De retour à son port d'attache. Là où il vit le jour, sombrit puis renaquit... Je vous emmène à bord du plus grand trois-mâts en bois au monde, ce week-end : le magnifique Götheborg de Suède.
Naufrage
En 1738, la Compagnie suédoise des Indes orientales ordonne la construction du plus grand navire de commerce en bois. La Suède rejoint ainsi les autres grandes nations navales de l'époque, à savoir le Portugal, les Pays-Bas et l'Angleterre. Contrairement à de nombreuses autres compagnies des Indes orientales, la Compagnie suédoise est une entreprise purement commerciale et n'a aucune mission de colonisation. Le navire opère ainsi de nombreux voyages vers la Chine.
Sept ans plus tard, le géant des mers heurte un rocher à seulement 900 mètres de son anneau et fait naufrage au large de son port d'attache, de retour de son troisième voyage en Chine. Les 144 membres d'équipage en réchappent indemnes. Son épave demeurera au fond des eaux nordiques jusqu'en 1984, où des chercheurs le renfloueront. C'est alors que naît la folle idée de sa reconstruction.
© Photos – Gotheborg.se
Renaissance
Le navire a été reconstruit en utilisant des techniques anciennes et traditionnelles pour le rendre aussi proche que possible de son ancêtre. La hauteur libre du pont a été augmentée de 10 cm, puisque les marins d'aujourd'hui sont plus grands que leurs ancêtres. Et, alors que l'extérieur reste fidèle à l'original, l'intérieur, par contre, est très moderne avec un système électrique et d'hélices alimentées par des moteurs diesel ainsi que tout le confort et les dispositfs de navigation et de sécurité nécessaires aux réglementations actuelles.
Une voilure impressionnante : 26 voiles pour une superficie totale de 1,964 m². Pas moins de vingt tonnes de gréement. A son bord, un équipage digne de son aïeul: capitaine, second, médecin de bord, charpentiers, maître-voilier, cuisiniers, maître d'équipage, quartier-maître, pilote, chef ingénieur et tant d'autres. En 2005, sa réplique est fin prête à reprendre la mer, après plus de deux siècles de relâche.
© Photos – Gotheborg.se
Depuis lors, la nouvelle merveille navale a navigué les sept mers et fait escale dans des ports historiques pour n'en citer que quelques uns : Cadiz, Recife, Cape Town, Port Elisabeth, Fremantle, Jakarta, Canton, Shangaï, Hong Kong, Singapour, Chennai, Djibouti, Alexandrie, Nice, Londres, Oslo, Helsinki, Helsingborg ou encore Malte...
Son tour européen de 2023, a emmené le Götheborg dans les ports de Sète, Gibraltar, Jersey, Rotterdam et Hambourg. Hier, le navire est enfin rentré dans son port d'attache, Götheborg, pour ouvrir la célébration du jubilé des 400 ans de la ville de Götheborg, avec une salve impressionnante de canons. Si l'envie vous titille d'en apprendre plus sur ce magnifique navire, jetez-donc un coup d'oeil à www.gotheborg.se.
Pan Pan
En avril de cette année, c'est à la grande surprise de l'équipage du Corto, un voilier de 8 mètres, que le plus grand cargo à voile en bois du monde (50 mètres... ) est venu à son secours après un appel de détresse au large des côtes françaises. Le petit voilier avait perdu son gouvernail en mer. Durant quelques instants, son équipage s'est tout simplement demandé s'ils ne rêvaient pas, où s'ils avaient voyagé dans le temps en voyant arriver à l'horizon un trois-mâts marchand du XVIIIe siècle toutes voiles dehors à leur rescousse. En route pour Jersey, étant le navire le plus proche du voilier, le navire de la Compagnie des Indes orientales a répondu à l'appel. Le Corto a été remorqué dans le sillage du Götheborg, suivi le lendemain par un bateau de recherche et de sauvetage français du port de Paimpol. Durant tout ce temps, le géant historique est resté auprès des deux rescapés en attendant les secours français, les appelant toutes les heures.
© Photos – David Moeneclaey
"A 15h30, nous étions en mer, à plus de 50 milles nautiques des côtes, lorsque notre safran a cassé. Après avoir envoyé un appel Pan-Pan sur la radio VHF, le trois-mâts Götheborg a rapidement répondu à notre appel en nous proposant de nous remorquer jusqu'à Paimpol. Nous étions perplexes face à la différence de taille entre nos deux bateaux (...). Le Götheborg s'est approché très près de nous pour lancer la ligne et passer une grosse corde. Le mouillage s'est bien passé, et nos destins ont été liés pendant de très longues heures, pendant lesquelles nous avons partagé la même fréquence radio pour communiquer entre nous (...). "
Une épopée qui incarne les valeurs les plus nobles de la mer et de la solidarité entre marins, peu importe leur rang, ou leur taille...
Un tout beau dimanche ensoleillé à tous. Et un très bel anniversaire à mon petit neveu qui habite... Götheborg et verra peut-être ce joli bateau (petit chançard, va ;-)).
Ce billet semblera futile, voire ridicule à ceux qui n’en n’ont jamais eu. Et ceux qui en ont eu sans finir par s’attacher et en ne voyant que les inconvénients, n’ont probablement pas vraiment compris la chance qu’ils ont eue… Un petit billet émotion pour une belle gueule d’amour.
Lorsqu’un sans-abri implore l’aumône serrant son chien dans ses bras (qui la plupart du temps est mieux soigné que son maître), mon cœur craque à tous les coups. Pas que la détresse des hommes me touche moins, mais parce que je sais ce que ce compagnon signifie dans leur vie de misère : il vaut tout l’or du monde, surtout lorsqu’on est dans la rue.
C’était tout début 2009. Tu as sauté sur nos genoux et dans nos bras dans cette vieille cuisine. Puis tu n’as plus daigné bouger, ton doux regard planté dans le nôtre. Nous n’avons donc pas eu d’autre choix évident que de t’emmener avec nous, toi et ton grand frère. Tu nous avais adoptés (et non le contraire... ). Par cette soirée glaciale et neigeuse, ni panier, ni laisse, ni collier dans le coffre de la voiture. Et encore moins d’expérience avec des bébés de votre sorte. Juste notre amour naissant pour deux adorables boules de poils qui allaient remplir nos vies bien plus que tout ce que nous pouvions imaginer durant tant d’années. Un nouveau morceau de vie.
La première nuit blanche. Blanche de neige dans cet ancien fumoir, à l’abri sous tes larges couvertures bien chaudes, blottie contre le flanc molletonné de ton grand frère, mais dans l’obscurité des fenêtres barricadées pour t’empêcher de t’enfuir. Blanche pour moi de tes pleurs pour ta première fois loin de ton refuge maternel et avec tes nouveaux parents humains. Et mon effort surhumain pour ne pas venir te chercher pour passer la nuit près de moi dans la chambre à coucher malgré la terrible tentation. Puis tes diverses escapades, dans la rivière, les champs, au dessus du mur ou de la clôture de plus d’un mètre cinquante pour aller vagabonder à l’aise. Tes jeux avec ton frère, les poubelles déchiquetées et j’en passe. Que du plaisir. Tu avais de l’énergie à revendre. Tu dansais littéralement lorsque nous mettions nos bottes ou que nous prenions la laisse pour aller nous promener avec toi. Tu ne nous laissais pas passer dans le chemin tant que tu n'avais pas reçu tes câlins. Tu courais après les lapins, les canards ou les faisans qui osaient venir faire un tour dans notre jardin. Et en hiver, tu n'en avais jamais assez de te régaler de glace et de neige. Quelle joie de vivre.
© Photos – RedandHowling
Durant presque dix ans, tu as suivi ton frère dans ses bêtises. Vous étiez inséparables malgré vos divers séjours à l’hôpital pour vos bobos respectifs, petits ou grands. Vous avez passé vos sommeils dans votre étable bien à l’abri. Et je suis quelquefois venue vous y rejoindre en pyjama par les nuits de tempête et d’orage, blottie entre vous deux pour vous rassurer, au grand dam des miens. Ma colère contre les voisins qui enrageaient à faire des feux d'artifices juste à côté pour leur petit plaisir personnel, sans la moindre considération pour les fermiers, manèges et propriétaires d'animaux du coin. J'en suis venue à détester les soirs de fêtes sachant que vous seriez totalement paniqués par ces sons et lumières futiles. Mon inquiétude lorsque la météo annonçait des tempêtes et des pluies diluviennes lorsque je n'étais pas à la maison (même sachant que vous aviez une belle étable pour vous abriter). Et avec les années, vous avez fini par emménager dans la buanderie près du chauffage pour les nuits froides, un peu plus près de nous. Un peu moins d'inquiétude pour mon sommeil vous sachant bien au chaud à l'intérieur.
Toi et ton frère nous protégeaient avec vos grandes dents, vos longues griffes, vos larges pattes, votre taille aussi grande que la mienne et votre grosse voix lorsqu’un étranger osait s’approcher de nous. Et pourtant, vous étiez des crèmes une fois qu’on vous connaissait, sans animosité ni méchanceté aucune.
© Photos – RedandHowling
Puis un jour, ton grand frère nous a quitté, épuisé dans son combat pour sa santé après presque dix ans de vie commune. Et tu es restée bien seule. La maison se vidait peu à peu.
Alors, tu as déménagé dans le bureau. Toujours un peu plus près de nous. Et pourtant, malgré nos craintes, tu as repris une autre vie, sans lui. Plus exclusive, plus douillette, plus chouchoutée, en parfaite harmonie avec la vieille chatte. Vous vous parliez parfois. On se demandait toujours ce que vous pouviez bien vous dire. En tout cas, votre promiscuité ne semblait pas vous déranger. C’était un réel plaisir de vous voir dormir une à côté de l’autre, pour un concours de ronflements - il est vrai toujours à une distance respectable l'une de l'autre. Et tu lui chipais souvent son repas. Elle ne se plaignait jamais… Nous n'avons jamais tout à fait compris pourquoi tu pleurais lorsqu'elle arrivait dans ton parage. Peut-être parce que tu voulais jouer avec elle. Vous étiez comme un vieux couple, deux vieilles dames vivant en communauté. Puis, il y a deux ans, ce fut au tour de ta compagne à trois pattes de t’abandonner après de longs mois de bataille contre un vilain cancer. La maison se vidait encore un peu plus. Et là, tu as dû rester seule avec tes humains. Plus d’autre boule de poils avec qui partager tes humeurs et tes journées. Et tu t’es encore rapprochée de nous : câlins, caresses, promenades, gâteries et surtout beaucoup de tendresse et d’amour. Ton museau avait blanchi, tes yeux s’étaient voilés, ton poil était devenu plus dru et ta démarche moins sûre. Tu n'entendais plus très clair mais jamais tu ne manquais de nous reconnaître. Tu nous régalais sans compter de tes poils pour garnir chaque coin de la maison et j’aurais pu m’en faire une couverture bien douillette (comme les oiseaux chaque printemps d’ailleurs). Tu vidais nos assiettes et rivalisais pour les croûtes de fromage que je coupais gentiment plus larges que d’habitude pour te gâter un peu. Tu pleurais souvent une fois seule avec moi, pour réclamer des caresses. Sans oublier l’heure de ton « bonbon », qui faisait plus aisément passer les pilules et sirops que tu devais ingurgiter pour ta santé. Tu me laissais tout faire avec toi. Tu acceptais tous mes gestes et soins sans sourciller. Toi et moi nous nous faisions mutuellement une confiance aveugle.
© Photos – RedandHowling
Et un jour, tes pattes n’ont plus daigné te porter. Tu n'as plus voulu te nourrir. Les médecins te disaient mourante. Cependant à force de patience, d'amour, de nuits à même le sol à ton chevet et d’efforts pour te rendre goût à la vie, tu as résisté durant quelques années encore. Nous savions qu’il s’agissait du calme avant une nouvelle tempête. Et nous avons joui de ta présence à chaque instant. Tu avais déjà un âge canonique et chaque jour de plus avec toi était un cadeau.
Bien sûr que c'était du travail. Du nettoyage constant, des courses en plus, des rendez-vous médicaux. Evidemment que c'était compliqué à organiser pour profiter d'un WE ou de vacances en dehors de la maison, en assurant toujours ta garde par quelqu'un de confiance. Et oui, nous avons dû très souvent renoncer à partir. Pour sûr que cela représentait un sérieux budget en énergie, temps et argent. Oui, tu en prenais de la place et pas moyen de te mettre dans mon sac à main (même s'il est grand) pour t'emmener avec moi. Et avec les années, comme toute personne âgée, s'occuper de toi devenait un défi de taille. Et cependant... Rien de cela ne m'a jamais découragée. Un animal, ce n'est pas un cadeau de Noël, c'est un membre de la famille à part entière pour la vie avec ses bonnes et ses mauvaises surprises.
© Photos – RedandHowling
Puis, cette année, la prédiction des blouses blanches s'est réalisée : tes pattes arrières t’ont définitivement abandonnée. Et c’est alors une très vieille dame, du quatrième âge, que nous avons soignée durant quelques mois : nuit et jour, nous assurions une permanence, ton lit à changer, te laver, nettoyer, te donner à manger à la main, soigner tes escarres, te soulever et te porter pour te faire encore te promener un peu au jardin. Chaque effort pour marcher devenait pénible et te coûtait toute ton énergie. Mais jamais tu ne grognais. Jamais tu ne nous a démontré de l’agression même si nous n’étions pas toujours aussi délicats pour te déplacer que ce que ton état requérait. Jamais tu n’as cessé de nous regarder de tes yeux infiniment bons et aimants, ni de nous témoigner ton amour inconditionnel. Et non, tu ne sentais plus aussi bon. Et non, tu n’étais plus aussi jolie. Peu importe, pour moi, tu restais la plus belle, la plus douce. J’adorais caresser tes oreilles duveteuses et enfouir mon visage dans la fourrure de ton ventre et me lover contre toi. Jamais encore, nous n’avions été aussi proches de toi, prenant soin de toi 24/7, à nos côtés dans la maison. Mes très fréquents voyages professionnels me pesaient, craignant de ne pas te retrouver à mon retour. Et notre vie tournait jour et nuit autour de la tienne. Tu étais ma première et ma dernière pensée de chaque jour depuis des mois.
Lorsqu’on me demande ce qui est le plus difficile à gérer avec un chien, je réponds sans hésitation : « l’adieu »…
Ce soir-là du deuxième jour du mois de mai, alors que j’étais seule avec toi, tu semblais justement avoir retrouvé du poil de la bête et un peu de force pour marcher sans mon aide. La nature nous a ainsi surpris par une nouvelle crise, décidant tout d’un coup qu’il était temps pour toi de partir. Les symptômes étaient clairs tout comme l’évidence de la décision à prendre. Celle de te laisser t’en aller fut - comme pour d’autres précédemment - la plus dure à prendre de ma vie. Mais c’était bien là un cadeau que de faire cesser ta souffrance. Aimer, c’est aussi pouvoir laisser aller l’autre et lâcher prise. Et je ne m’y habituerai décidément jamais… Tu t’es endormie paisiblement dans nos bras, contre moi, tout en douceur, au son de nos voix et au toucher de nos caresses.
Les mots me manquent pour exprimer les émotions, la douleur et la gratitude. Tu as été tellement dans ma vie, bien plus qu’un chien, bien plus qu’un humain ou un enfant, bien plus qu’un ami pour l’existence. Tu m’as souvent consolée et rendue meilleure. Je ne supportais pas qu’on te fasse le moindre mal. Ta douleur était mienne. Tu étais la dernière boule de poils restant à la maison, ma fifille, mon bébé d’amour. La maison et mon coeur sont bien vides à présent.
© Photos – Rêvesdemarins
Dors, mon bébé, dors. Repose-toi enfin, ma jolie Souki. Et veille sur nous de là-haut avec ton frère et ta soeur féline, comme tu l’as si bien fait ici bas durant presque quinze ans. Tu restes dans nos cœurs à jamais. Bon vent, ma douce.
Bon vent à tous en ce dimanche ensoleillé, où que vous soyez.
Je pourrais vous entretenir de cette météo printanière qui n'en finit pas d'être maussade. Je pourrais vous conter les exploits de Kirsten Neuschäfer comme première femme à rentrer dans l'histoire de la voile et du Golden Globe dans son tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance sur un voilier et navigation à l'ancienne. Ou encore vous parler de la fête du travail de ce 1er mai...
Après les silences vient le verbe. Cependant, les mots me manquent quelque peu ce soir, la fatigue m'invitant une fois de plus à rejoindre bien vite ma couette de plumes et mon oreiller. Alors pourquoi ne pas partager avec vous simplement quelques jolis vers en hommage à un auteur gourmand des belles lettres.
© Photos – Rêvesdemarins
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Je vous souhaite un très doux long week-end, pour vous ressourcer à souhait.
Les astrologues définissent mon origine liée à celle du renard Le calendrier chinois, celui du rat. Mais je vous assure que c'est bien sous le signe du chien que je me sens ces derniers temps. Un petit billet insolite, ce week-end.
Quart de nuit
Trois heures du matin. L'heure de la nuit que j'aime à définir comme celle du chien. J'ai un mal de... chien à sortir de ma léthargie. J'émerge d'un sommeil profond. Sur un voilier, c'est le quart de nuit que je redoute le plus : celui en plein milieu de nuit. Il y fait glacial, humide, sombre. La fatigue est lourde dans mes jambes et mon esprit relativement embué. Il fait une météo à ne pas mettre un chien dehors.... Par une nuit pluvieuse et très houleuse, je sens le froid glacer mon corps jusqu'au plus profond de l'être. Je me donne alors un mal de chien dans le roulis et la cabine étroite pour m'habiller de circonstance : lampe frontale, combinaison de pluie, sous-couches, bonnet, gants, bottes imperméables, gilet... Une véritable combinaison d'astronaute nautique. Une tenue qui a tout de même du chien....
Dans le carré, il faut revérifier la position, faire le point avec le co-équipier du quart précédent, checker l'AIS. Puis, arrivé sur le pont, il faut alors amarrer sa ligne de vie et prendre la barre, inspecter le réglage des voiles par rapport au cap et à l'allure. Et surtout inspecter les feux en mer pour s'orienter et éviter les autres navires. Et le quart démarre pour quelques heures de veille, seule âme éveillée à bord pour la direction du bateau. Je m'y sens souvent comme un chien dans un jeu de quille, surtout lorsque la houle se prononce et que je me retiens de devenir malade comme un chien dans le tangage... Il fait un temps de chien. Autant le quart du soir en compagnie de la lune et de Vénus sous un firmament étoilé, ou celui du petit matin entre chien et loup, pour le lever du soleil m'ont persuadée de leurs charmes, j'avoue que celui du milieu de nuit ne me tente toujours guère et me demande toujours un effort particulier. Ce dernier a parfois le don de me mettre d'une humeur de chien pour quelques instants. Heureusement, un skipper attentionné aux besoins de son équipage organisera souvent une tournante pour permettre une permutation des heures entre les équipiers d'une nuit à l'autre. Parfois, il m'arrive de regarder l'horloge en chien de faïence, en espérant tourner ses aiguilles plus prestement et de voir enfin la fin du quart arriver. Ce quart de nuit-là et moi nous entendons comme chien et chat. Lorsque je peux enfin rejoindre ma bannette en fin de quart avec des yeux de chien battu et mes vêtements baignant dans une odeur de chien mouillé, je me replie en chien de fusil dans mon sac de couchage, bien au chaud. Ouf, dodo, enfin.
Le quart du chien
Depuis quelques semaines, c'est à terre que je prends mon tour de nuit. Entre trois et cinq heures du matin, il est temps de se lever. Même scénario : la partie nocture la plus glacée où la couette de plumes semble encore plus cruelle à quitter. Je prends ma lampe frontale et descends les escaliers de vieux bois couinants, sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller la maisonnée. J'enfile une paire de chaussures sur mon pyjama, un gros pull et m'enfonce dans la nuit après avoir emmené un bassin, de l'eau chaude savonnée et une grande trousse de pharmacie. Prête pour le quart.
Chez moi, l'heure du chien est littéralement celle... du chien ! Chaque nuit depuis quelques semaines, demande une attention toute particulière pour notre compagne à quatre pattes, dont l'âge canonique (ou plutôt "caninique" :-)) requiert des soins médicaux et sanitaires en 24/7. Une bonne heure de travail. Beaucoup de douceur, de tendresse dans l'attitude. Pas de gestes brusques, du doigté, de la finesse. De l'inventivité et de la créativité pour parvenir aux résultats nécessaires sans la blesser. Et surtout du temps et de la patience. Et en pleine nuit, c'est encore un peu plus compliqué. Mais on gère. Parce que lorsqu'on aime, on ne compte pas ses efforts pour l'autre, d'autant plus dans ses vieux jours. Un drôle de quart de nuit, certains diront-ils, voire déraisonnable diront d'autres. Mais, une belle navigation d'équipe pour quelques instants de plus ensemble sur cette terre. Je ne regrette aucune de mes nuits sans sommeil pour ces heures du chien.
Alors, je vous souhaite un excellent dimanche, qui ait du chien malgré la petite heure de sommeil en moins pour rejoindre celle de l'été ;-). N'oubliez pas d'ajuster vos montres !
Que faire lorsque vous êtes à l'étranger à l'hôtel pour le boulot et que votre voisin vous empêche de fermer l'oeil en faisant la nouba à partir de 04:30 du matin (et que vous n'êtes pas un lève-tôt... ) ?
Si vous avez la chance d'être dans un bel endroit, comme moi à Copenhague : vous sortez de votre lit. Vous vous emmitouflez carrément : gants, bonnet, écharpe, chaussettes nordiques. Et vous mettez votre mauvaise nuit au placard pour aller voir le lever du soleil malgré les températures bien négatives. Et hop, le tour est joué ! Le manque de sommeil semble tout d'un coup beaucoup moins lourd à porter. The early bird catches the sun...
Ombres et lumières du jour, lent réveil du Levant
Eclats d'étoiles et de flots aux gués dormants Silhouettes informes, lignes courbes de géants dorés Rosés de volutes en rondeurs, de bleutés de douceur Aquarelles d'invisibles peintres à la main tremblante Mâts et coques fauves à la silhouette changeante Horizons de tours vermeils, volutes incandescantes Du matin s'émerveillent les palettes flavescentes Ambres de vagues endormies, d'un doucereux sommeil Pâles ocres d'océans cuivrés peu pressés de l'éveil Fauves étendues baignées de l'étreinte matinière Caresse de l'astre pour un tendre baiser velouté
© Photos – Rêvesdemarins
The early bird catches the colors
Si vous aimez l'art contemporain, alors, les matins sont pour vous. Le lever du jour y enfante des formes plus improbables les unes que les autres. Des esquisses qui se modifient à chaque rayon qui les touche. Pas une image égale à la suivante. L'aube y dessine des histoires, des récits et des contes dont l'issue change à chaque instant. L'aurore y est plus intense; le réveil y est plus dense. Un peu comme un artiste fou dont la main ne cesserait de peindre sans jamais s'arrêter. Un Van Gogh avant l'heure. Un génie des traits de lumière à la beauté chatoyante. Surtout lorsque la magie de ses doigts rencontre les farfadets de l'eau. Leur rencontre met à jour les tableaux les plus surréalistes qu'il soit. Un régal pour les yeux et le coeur. Probablement un des mes artistes préférés.
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The early bird catches the duck...
Un canard sur un lac fait-il de lui un canard laqué ;-) ? Celui qui se promenait dans le vieux port de Nyhavn ce matin-là, ne m'a pas répondu à cette question. Trop occupé à se déguiser en estampe digne de Kandisky et à parfaire sa technique de camouflage entre les reflets des vieux gréments à quai le long des façades colorées.
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Je vous souhaite d'aussi belles aurores à venir. Un excellent dimanche à tous.
Que diriez-vous d'une légende marine ce week-end ? Je vous emmène dans l'île de beauté pour une légende corse.
Un mollusque tape à l'oeil
Dans les régions méditerrannéennes et plus précisement en Corse, existe un coquillage particulier : l'astrée rugeuse. Son opercule minéralisé aux formes spiralines a pris le nom de "l'Oeil de Sainte Lucie" en rappel à la légende du IVe siècle. Sa coquille est formée d’une spirale dont les deux faces ont des couleurs différentes : blanc nacré, représentatnt l'oeil de Sainte Lucie et l'autre côté teinte corail, tirant parfois sur l’orange vif, symbolisant l’amour de la Vierge Marie.
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La légende de Sainte Lucie
Lucie, une jeune fille originaire de Catane en Sicile, se rend à Syracuse. Sa mère est gravement malade. Priant Sainte Agathe de guérir sa mère, le miracle se produit. En remerciement de la guérison miraculeuse, la jeune fille décide de vouer sa vie à la religion et refuse le mariage. Pour repousser tous ses soupirants terrestres, elle renonce alors à ses jolis yeux en offrant ces derniers à la mer. La Vierge Marie, émue de sa générosité, lui rend la vue et des yeux de lumière, des "Ochji belli e lucenti", en langue corse. Depuis ce jour, la mer brille de ces magnifques joyaux.
Il existe bien entendu différentes légendes narrant l'origine de ces coquillages, mais celle-ci a ma préférence, étant une version plus douce... Sainte Lucie est aujourd'hui considérée comme la sainte patronne des aveugles et mal-voyants. Dans les traditions scandinaves, on la célèbre le 13 décembre, en honneur de la lumière, de jeunes filles vêtues de robes blanches et de couronnes dansant en célébrant la venue des jours les plus sombres de l’hiver à la lumière de bougies.
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Les marins et pêcheurs locaux en peignent fréquemment des représentations sur la coque de leur navire afin qu’il puisse « voir » le bon chemin lorsqu’il navigue sur l’eau. En lithothérapie, le petit coquillage est réputé apporter sérénité et posséder des vertus médicinales, notamment pour les maladies oculaires.
Si jamais vous avez l'occasion de visiter l'île de beauté et d'y flâner le long des rivages, je vous souhaite d'y trouver les jolis yeux de Sainte Lucie. Ils vous porteront bonheur.
Un excellent dimanche à tous.
Cela faisait longtemps... La vie tourne un peu trop vite. Les jours passent sans s'arrêter. Les heures manquent. Les priorités nous tiennnent à l'écart de nos envies. Nous y revoici. Enfin un petit billet.
The answer, my friend, is blowin' in the wind, the answer is blowin' in the wind... (Bob Dylan)
L'air est frais, même froid, piquant. Le vent souffle furieusement dans mon dos. Je ne vois que quelques ombres entre mes mèches rebelles de cheveux volant en tous sens. Une musique lançinante résonne autour de moi : les navires en hibernation sur leurs bers sonnent leur symphonie de mâts et de drisses qui s'entrechoquent dans une mélodie métallique de plus en plus assourdissante au fur et à mesure que je me rapproche. Les anémomètres tournent comme des sots, les cables d'acier battant la mesure sur les mâts et les étais, comme un percussionniste un peu fou sur des xylophones verticaux géants. Un peu plus loin, le vent transforme des bouées en un serpent d'or et de vermeil sur l'eau glacée du port. L'endroit est relativement désert en cette morte saison. Les quais sont vides, les parkings sont pleins à craquer, les voiliers bien calés les uns près des autres pour leur sommeil d'hiver.
© Photos – Rêvesdemarins ,en Mer du Nord
How many seas must a white dove sail, before she sleeps in the sand... (Bob Dylan)
A la côte, ce sont les vagues qui ont pris la mesure de la brise. La mer n'a pas l'air de trop bonne composition : elle est nerveuse, agitée, bouillonnante à certains endroits. Verdâtre par ici, grisâtre par là entre ses lames bleutées. Elle conserve les traces du vent qui l'a malmenée les derniers jours, comme possédée par un sorcier vaudou invisible. Les joueurs de polo n'ont qu'à bien se tenir sur leurs montures les pieds dans l'eau.
© Photos – Rêvesdemarins, en Mer du Nord
Yes, 'n' how many years can a mountain exist, before it's washed to the sea... (Bob Dylan)
Même spectacle sur le sable avec qui Zéphyr joue à faire et défaire ses châteaux: de monticules en montagnes, de vallées en précipices de petits grains dorés. Le paysage se modifie au gré des humeurs du dieu des airs. La plage prend d'autres atours à chaque instant. Je ferme les yeux et lorsque je les réouvre, je découvre un nouvel endroit, comme par magie. Et lorsque la marée envahira le rivage, à son tour, elle redessinera le décor à sa manière. Dans la vie, comme en bord de mer, rien n'est perpétuel. Tout est en constant mouvement.
© Photos – Rêvesdemarins, en Mer du Nord
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AuteurArchives
August 2023
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