En hommage au Grand Jacques, qui fut également un amoureux passionné de la Mer, des voiliers et des grands voyages en solitaire. En espérant qu'il ne m'en voudra pas d'avoir ainsi traduit sa magnifique chanson en poème océanique.
Que ces quelques vers sans prétention illuminent votre journée. Bon dimanche!
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En ce WE du Vendée Globe, la plus mythique course au large en solitaire, j'aurais pu vous offrir un article sur l'Everest des Mers. Inutile de vous dire que ce sujet me passionne. De plus que Squid, le logiciel météo officiel de la course - Dieu sait si cet outil est primordial pour les navigateurs en solo à bord - est le produit d'une petite société belge (bravo à The Great Circle ! ).
Cependant, j'ai décidé de laisser le soin aux grands éditoriaux nautiques de couvrir ce sujet médiatique, qui feront cela bien mieux que moi. Histoire également, de ne pas donner d'indigestion aux lecteurs non voileux de ce blog. Alors, un petit billet un peu différent aujourd'hui.
Babillage, conversation à bâtons rompus, causette, ou tout simplement dialogue sans prétention dans un lieu public entre proches ou étrangers. "Bonjour, comment ça va? Quelque chose à boire? Et la famille? Et le boulot? Belle météo aujourd'hui, n'est-ce pas? ..." Bref: une conversation tout à fait anodine et superficielle au premier abord.
Et puis... Au beau milieu de deux phrases, quelques mots censés passer inaperçus, mais qui en réalité font l'effet d'un météore qui traverse votre ciel. Quelques mots qui, l'air de rien du tout, vous soufflent soudain en réalité à quel point vous êtes spécial. A quel point vous êtes unique. A quel point votre interlocuteur vous fait confiance. A quel point vous comptez et existez pour cet autre en face de vous. Une étoile filante qui a déjà filé en douce en vous laissant un immense sentiment de bien être. Et la conversation se poursuit, comme si de rien n'était. Et rien dans le visage de votre interlocuteur ne trahit sa silencieuse déclaration. Mis à part cette petite étincelle dans ses yeux, peut-être. Et dont vous vous demandez si vous avez bien entendu, si vos oreilles ne vous jouent pas des tours. Ce n'est qu'après que vous réalisez le message qui vient ainsi de vous être subrepticement délivré. Et ces quelques paroles clandestines viennent de changer la donne et résonnent dans votre tête. Et vous pensez alors "You 've just made my day...".
Avez-vous jamais vécu ceci? Une personne chère à votre coeur, un parent, un ami, un inconnu en rue, qui vous lâche la phrase qui ébranle, les mots qui bouleversent, les paroles qui chamboulent. L'air de rien, entre deux autres sujets, inopinément, alors que vous ne vous y attendez pas le moindre du monde. Malgré les tabous, malgré ce qu'on pourrait en penser, malgré leur amplitude. Ces êtres qui ne peuvent plus attendre pour vous les dire, parce que demain il sera peut-être trop tard. Ces mots-là, sincères et méritant d'être exprimés. Et au diable la pudeur et les convenances.
Alors, tant de fois, j'ai voulu dire ceci...
Tu es mon Vent, ma Voile, mon Navire, mon Océan....
Tu es mon Vent, ma jolie brise, mon alizé, ma tramontane ou mon ouragan. Parfois tu tempêtes mais toujours tu tires ma voile et me fais avancer, même s'il me faut louvoyer pour tenir le cap. Tu es ma Voile, qui me donne tant de mal à hisser parfois et que je prends soin de ne pas plisser lorsque je l'affale. Mais dont toujours je m'extasie de la beauté lorsqu'elle se déploie. Tu m'emmènes par delà la courbe de l'horizon et me fais découvrir ce monde où je me sens chez moi. Cet endroit où je me sens tout simplement... moi... Tu es mon Navire. Qui me porte, me protège, me fait rire ou me console. Et qui m'emporte et toujours me ramène au port de mon cœur... Tu es ma Mer, mon émeraude, mon azur, mon gris acier, d'humeur changeante parfois, puissante et envoûtante. Mon Océan de tendresse et de passion. Une mer qui se rapproche et se retire parfois. Mais qui jamais ne s'enfuit pour ne pas revenir. Une mer qui rend chaque jour différent et me donne l'envie d'aller plus loin toujours. Tu me rends vivante. Et lorsque le temps sera venu, c'est en toi que veux me noyer...
Merci à toi, à vous, à tous ceux et celles, qui m'ont gratifiée d'une telle candeur d'âme et spontanéité dans leurs mots. Et de m'avoir, de temps à autre, ouvert leur coeur, alors que je ne leur avais, moi, rien ou du moins si peu, ouvert du mien... Par réserve, par bienséance, par retenue... Par crainte de m'exposer, de me mettre à nu. Par peur de la réaction, par appréhension de heurter, d'aller un pas trop loin ou de mal négocier mon Près...
J'avais tort de ne pas oser, et vous aviez raison de prendre les devants... Quelle chance j'ai d'avoir tous ces Vents qui me murmurent et me portent...
Et puis - je sais, je suis incorrigible... - Bon Vent aussi à tous les navigateurs du Vendée Globe!
Quelques semaines et futurs week ends laborieux, tout comme celui-ci... Et si productifs pour les clients, malheureusement moins profitables à ce blog, laissant peu de temps pour l'écriture et les rêves. Il vous faudra donc encore un peu patienter pour la suite du rêve armoricain. Au fait, avez-vous déjà deviné la prochaine destination de ce blog?
Cependant, en attendant la suite des récits précédents, je vous offre un modeste poème en lieu et place de billet... "Hélas le grand Molière, n'est pas de mes ancêtres. Ces vers sont donc écrits par un pauvre poète. Mais ce pauvre poète les a écrits pour vous (...) " (Willy Burguet, fils)
Un ciel bas d'habitude, de doux gris habillé
Un ciel enveloppé d'une couleur d'acier Et puis, sans crier gare, par une porte frayée Dans les nuages ardoises, par delà les rochers Dans sa frêle embrasure, le soleil surgissant Orange, vert et doré. Brillant bien malgré lui Sans plus réaliser qu'il vient de rendre vie A son humble témoin, l'émotion d'un instant Et la marée le prend, montante et suprenante Et la marée l'emporte, malgré sa volonté Le jusant le submerge, de sa force invisible Telle une lame de fond, un torrent indicible La vague scélérate, un ressac violent La houle d'un instant, un frisson insistant La mémoire de la mer, le souvenir de l'eau L'emprise d'une sirène, la crainte de son halo Le coeur de l'océan, sombre de ses tourments Qui cogne sur les rocs, face à l'astre étincelant Quelques chuchotements, un bruissement à peine Un échange insouciant des remous qu'il entraîne L'indifférence feinte d'une lame de fond Qui inlassablement répète son sermon Puis la vision s'efface et le ciel se resserre Le soleil s'en repart, sans un regard derrière... Ils se retrouveront. Leur Destin est écrit Mais jamais ils ne savent, ni jour ni heure ni point Une mer sans soleil demeure mélancolie De gris tant qu'il ne vienne lui rendre son azurin...
Et si les belles citations vous charment, je vous engage à jeter un coup d'oeil à l'onglet de la Bibliothèque de Bord/Voyages dans les Mots/Citations Marines, de ce site web: (http://www.revesdemarins.com/citations-marines.html). J'espère qu'elles vous plairont.
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August 2023
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