" (...) La situation se dégrade toujours. Les détritus forment désormais une nappe compacte qui ralentit le bateau. Elle devient si épaisse que j'ai l'impression que je pourrais marcher dessus! Cette bouillie infâme est composée de cartons détrempés, de débris de bois en décomposition, de fragments de plastique de toutes tailles, d'un mélange indescriptible d'ordures flottantes et d'une multitude d'objets plus ou moins indentifiables. Des restes de pneus, de vieilles chaussures usées, des lambeaux de vêtements, des claviers d'ordinateurs, des jouets en plastique, des bouteilles en verre, des bidons en fer rouillé... Une vitrine complète de notre société de consommation. (...) " (Comme un albatros, Pierre-Yves Touzot)
Du plastique, encore et toujours du plastique... Des bouteilles, des flacons, des sachets, des mètres de plastique à n'en plus finir... Ces polymères synthétiques ou artificiels s'inflitrent partout: dans les maisons, les magasins, les rues, jusqu'à dans... la mer...
Les océans sont peuplés de millions de créatures merveilleuses, ou effrayantes... Mais les plus terrifiantes ces dernières années sont celles qui sont en train de conquérir les mers de manière exponentielle: les déchets...
Il suffit de vous promener sur une plage. A mieux y regarder, vous finirez souvent par y découvrir au milieu des algues et coquillages, quelques morceaux de pvc, sachets plastiques, restes de filets de pêche ou autres détritus patibulaires... Malgré les efforts de nos garde-côtes, le mal est bien ancré... Nos mers sont polluées...
Je vous passe les images d'animaux marins pris au piège par des objets flottants. Ces images me sont tout simplement insoutenables... Et les plus dangereuses sont encore les mini-particules de plastique qui, désagrégées, se retrouvent dans l'estomac de ces innocentes victimes de la consommation de l'homme, puis indirectement des nôtres...
Les participants au dernier Vendée Globe en ont malheureusement fait les frais... Que ce soit Alex Thomson, Roberto Attanasio, Vincent Riou, ou dernièrement Kito de Pavant, tous ces navigateurs ont été confrontés à une rencontre malveillante avec un OFNI (Objet Flottant Non Identifié), qui, pour les trois derniers, a malencontreusement mis fin à leur navigation ou à leurs ambitions de victoire de cette course mythique, heureusement sans blessés. Sans parler de ces fameux conteneurs, tombés d'un megatonner, qui décident soudain de se transformer en navires fous sans capitaine...
Combien de fois en voilier, n'ai-je aperçu un bidon, un sac ou encore une épave de flotteur oscillant au gré des vagues et du vent. Et à chaque fois, nous tentons de récupérer cet intrus à bord pour lui rendre la place à laquelle il appartient: la poubelle. Je dis, sa place, la poubelle... Et pourtant, peut-être ai-je tort... En réalité, il serait tellement plus bénéfique à notre vieille terre de pouvoir retransformer ces objets et leur donner une seconde, troisième, quatrième vie et plus.
J'ai la chance de travailler actuellement pour un client spécialisé dans la collecte, la récupération et la tranformation de déchets. Vous savez, les camions-poubelles. Pas très sexy comme business à première vue. Et bien, détrompez-vous! Depuis lors, je ne m'énerve plus derrière un camion d'éboueurs, qui m'oblige à apprendre la patience sur la route. Respect pour ces hommes qui nous débarassent des ordures qui nous incommodent et mettent tout en oeuvre pour les recycler.
Levi's et Aquafil créent des jeans tissés à partir de filets de pêche. Algopak, une petite société à St Malo, met au point des matières plastiques (dont des sacs) au départ d'algues, et dès lors 100% biodégradables. Adidas développe des chaussures de sport aux semelles faites de déchets plastiques issus de l'océan. Le Seabin project: des surfers australiens inventent une machine à nettoyer les marinas. Ou encore, Boyan Sat, un étudiant néerlandais réalise un système de filtrage des océans. Je vous invite à lire quelques articles concernant ces inventions formidables qui constituent un pas vers un monde plus propre.
Si la vue d'un individu sans scrupules jetant un détritus dans la nature environnante me met hors de moi et me choque profondément, il y a encore du pain sur la planche pour vivre vraiment "autrement"...
En effet, changer nos habitudes requiert de la force (entre autres, de caractère), tout comme nos Benoît Brise Mer... Cela demande également de la volonté, de la ténacité et du temps... De la place aussi... Remplacer ses bouteilles de plastique par du verre et emmagasiner trois bacs séparés de tri à ordures n'est pas donné à tout le monde, surtout si votre appartement fait 50m carrés, sans terrasse ni cave. Transporter vos caisses en carton sous la pluie battante au lieu de bacs pvc ou encore emballer vos aliments dans du papier plutôt que du film étirable plastique n'est pas une évidence. Pas aisé non plus lorsqu'il vous faut trimbaler 15 litres de boissons dans des bouteilles en verre pour le barbecue avec les voisins. Tout comme notre petit Benoît, bonjour les muscles... Je pourrais vous trouver mille excuses pour ne pas modifier nos pratiques de consommation... Alors, commençons par des petites choses comme reprendre un sac en toile réutilisable pour faire nos courses. Et au lieu d'acheter des produits emballés, les produits frais, locaux, représentent une alternative tout à fait intéressante: le fermier du coin, le voisin qui élève des poules, le marché local, ou encore le potager si vous vous sentez les doigts verts! Mais si, j'éprouve un réel plaisir à me balader au marché pour y faire mes emplettes: des légumes frais, de qualité, et pas chers, pour cela il faut... du temps! Et c'est presque toujours le manque de temps qui me fait retomber dans mes mauvaises habitudes... Il est tellement plus aisé de passer une seule fois par semaine au magasin acheter des denrées emballées et qui tiendront quelques jours dans le frigo, surtout avec un agenda particulièrement chargé. Il est tellement plus simple de prendre un sachet plastique pour emballer des victuailles car il ne perce pas et ne pèse quasiment rien... Il est tellement plus aisé de jeter toutes ses ordures dans la même poubelle plutôt que de prendre la peine de les trier. Heureusement, la prise de conscience des populations en Europe débute peu à peu et des pratiques plus écologiques trouvent tout doucement leur place dans nos ménages. Certaines nations y mettent d'ailleurs un point d'honneur depuis quelques années déjà (Scandinavie, Allemagne, Autriche...).
Je profite de ce billet pour vous recommander chaudement un excellent roman sur ce sujet. Les amoureux de l'environnement, de la voile et de la mer adoreront: "Comme un albatros", de Pierre-Yves Touzot, éditions La Découvrance.
Alors, j'espère vous avoir convaincus de poursuivre les efforts de ce monde pour contribuer un peu plus à une mer plus propre... Et à devenir à votre tour, si vous ne l'êtes pas déjà, de charmants Benoît Brise Mer... (avec ou sans le béret basque ;-)).
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August 2023
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