Dans le billet précédent, nous vous avions présenté une espèce animale un peu particulière: les Marins et leur biodiversité. Aujourd'hui, et pour clôturer ce documentaire, je vous propose de vous parler des moeurs et habitudes sociales de cette famille fascinante. Analysons donc d'un peu plus près quelques unes de leurs caractéristiques comportementales.
Oiseaux Migrateurs
Le Marin descend de l'Oiseau Migrateur. Certains Marins se sentent en effet le besoin pressant, une fois la mauvaise saison venue dans notre Atlantique Nord, de prendre leur envol pour le Sud: les Canaries, le Cap Vert, les Antilles, les Grenadines, les Bahamas... Besoin de soleil, mers turquoises et de calme? Pas toujours. Car, le Sud, c'est aussi... le Grand Sud et son hémisphère. Et pour y parvenir, il faut passer par des contrées magiques, mais redoutables et on ne peut plus éprouvantes (Pot-au-Noir, Cap Horn, Cap de Bonne Espérance, Cap Leeuwin, Patagonie, Géorgie du Sud, Antarctique...) et pas vraiment très estivales en termes de météo: orages, grains, vents tournants, pluies diluviennes (même si chaudes)... Bref, pas vraiment l'image que l'on se fait d'un voyage de tout repos... Cependant, la seule pensée de laisser leur voilier dans un port désertique, où toutes les autres embarcations se trouvent sagement rangées sur leur ber au bord de l'eau, les fait tout simplement rager et leur donne le cafard. Besoin de naviguer, tout simplement! Alors, à la fin de l'automne, ils se rassemblent pour chercher un équipage et le moment venu, ils prennent le large dans l'autre hémisphère jusqu'au printemps suivant!
Mi- Hommes, mi-Poissons
Les Marins, sont par définition, une espèce issue de l'H2O. On peut les voir comme des champions de natation, des Johnny Weissmuller de la mer, heureux dans l'élément liquide sous toutes ses formes (océan, mer, lac, rivière, piscine, flaque d'eau, bouteille de rhum... ). En effet, en sus de la navigation, il leur faut régulièrement inspecter la quille, la coque ou le safran ou encore plonger pour aller placer une amarre sur le rivage. Irrésistiblement attirés par le plaisir incomparable d'une baignade, dans des eaux crystallines pour se rafraîchir ou en lieu et place de douche, ou même dans les fjords glacés scandinaves (à condition d'avoir un bon sauna à disposition). A l'aise dans les vagues comme de vrais Tritons. Bref, on pourrait dire que le Marin descend du poisson...
Et pourtant... A chaque règle, son exception: il existe bel et bien des marins qui n'aiment pas nager! Etonnant, n'est-ce-pas? Ne croyez point que ces Marins-là ne soient pas bons nageurs, au contraire. Alors, pourquoi détestent-ils donc se baigner? Par aversion de l'eau? Par désagrément de se mouiller? Par peur des profondeurs? Par dégoût des poissons? Par phobie des monstres marins? Qui sait. Le mystère reste entier. Et je compte bien le décrypter un de ces jours. Je vous tiendrai au courant du résultat des mes investigations!
Super... stitieux
Si certains membres de ma famille méridionale n'ouvriront pas un parapluie à l'intérieur par superstition, ce trait de caractère touche la grande majorité des Marins. Pas question de nommer le monstre aux grandes oreilles à bord, de larguer les amarres un vendredi, ou encore de nommer son navire avec des chiffres ou des lettres "à fût plongeant vers la mer" (A, E, 1, 4, 7...). Dans ce dernier cas, d'ailleurs, certains vont jusqu'à renommer leur embarcation ou trouvent une parade en arrondissant la calligraphie de leur immatriculation pour la rendre plus favorables aux dieux de la mer. Une pratique très commune en Bretagne, et finalement très réussie en termes d'aspect esthétique.
Très simples et très complexes.
Les Marins sont des êtres simples... Ne vous méprenez pas sur mes mots: j'ai dit "simples", et non "simplets"... Simples par leur amour inconditionnel de la nature, des couchers et levers de soleil, du bruit du vent et des vagues, de la symbiose avec les autres animaux marins (dauphins, goëlands, poissons volants et autres... ). Simples par leur capacité à se contenter de peu de confort, de luxe, de sommeil, de nourriture, de compagnie. Amoureux de la solitude en mer. Simples par leur émerveillement à chaque nouveau paysage, à chaque nouveau chiffre qui monte sur le loch, à chaque glissement parfait de la coque sur l'eau, à chaque souffle de vent qui relance la voile. Bref: ils possèdent cette capacité, que de nombreux terriens (mis à part les montagnards peut-être) ont malheureusement oubliée, de retrouver les bonheurs naturels, dépouillés, les moments de beauté brute. On peut toutefois également décrire les Marins comme des êtres complexes. Et pour une fois, nous parlons au masculin ici... Non, Messieurs, les dames ne possèdent pas l'exclusivité de cette caractéristique... (Evidemment, lorsque l'on parle d'une femme marin, cela se gâte car le cas devient alors tout à fait inextricable...). Ils s'avèrent complexes par leur capacité à gérer une kyrielle de priorités à la fois (voiles, barre, navigation, météo, cap...). Complexes par leur intérêt et abilité à manier simultanément de multiples disciplines qui font de la navigation une science et un art hors du commun (géographie, géométrie, ingéniérie, météorologie, cartographie, informatique, mécanique, orthodromie, loxodromie, astronomie... ). Complexes, enfin par leur aptitude à s'adapter à toutes les situations imprévues en mer et à y apporter une créativité et ingéniosité sans pareil pour parer aux aléas. Comme ces voileux montant un grément de fortune avec un tangon et un mouchoir de poche lors de la rupture de leur mât ou encore cet ami skipper, incroyablement doué pour le matelotage, qui parvint récemment à réparer son moteur découplé à l'aide d'un savant brelage! Ecoute un jour, Ecoute toujours!
Même pas Peur...
Sacrilège, allez-vous me rétorquer: un Marin n'a jamais peur! "A terre, même dans les moments les plus sombres, la vie recommence toujours le lendemain. En mer, lors d'une tempête, on éprouve un sentiment de piège pour l'éternité... "
Enfin, cette espère animale ne semble pas connaître la Peur... Ou du moins, les Marins la gèrent mieux que la plupart des autres. Ils n'ont peur que d'une chose, c'est que "le Ciel leur tombe sur la tête"... (Un déjà vu, mmm?). Et quand bien même ce dernier leur tombe effectivement sur la tête, hé bien, "ils font avec", comme on dit à Bruxelles.
Ce thème de la Peur refera l'objet d'un billet séparé car il vaut la peine d'être décortiqué. Mais, dans notre cas précis aujourd'hui, il faut savoir que le bon Marin, s'il a des appréhensions en partant en mer, est prévoyant et tente de réduire les risques d'avarie fortuite une fois les amarres larguées. On peut avoir peur d'un coup de vent inattendu, d'un grain non annoncé par la météo, d'une panne de moteur, d'une drisse qui se brise, d'un hauban qui se détache, du mal de mer, d'un équipier qui tombe à l'eau, d'un accident à bord, d'un moteur qui tombe en panne et mille autres contretemps qui peuvent lui rendre la vie en mer vraiment très problématique. D'ailleurs, tous les navigateurs vous le diront: il y a toujours bien quelque chose qui casse ou qui se passe en mer! Impossible de naviguer sans surprises. Alors, plutôt que de tenter de prévoir l'imprévisible, les Marins apprennent à vivre avec l'impondérable plutôt que de le craindre. En parlant de risques, la météo nous annonce un avis de tempête en Manche et Mer du Nord ce week-end. Alors, restez bien à quai, au chaud, vérifiez vos amarres et reportez votre sortie en mer à un peu plus tard! Inutile de vous/nous faire peur!
Je terminerai ainsi ce billet à propos du comportement des Marins. J'espère vous avoir convaincus par ces deux billets documentaires que ces adorables petits animaux valent la peine, non seulement d'être connus, mais en outre d'être apprivoisés (pas toujours évidente, cette étape-là, celà dit... ) et qu'ils s'avèrent d'excellents animaux de compagnie!
Sur ces bonnes paroles, je vous souhaite un excellent WE!
0 Comments
Leave a Reply. |
AuteurArchives
August 2023
Catégories
All
Suivez Rêves de Marins sur Twitter
|