La semaine passée célébrait Pâques. Et qui dit Pâques, dit cloches. Cependant, dans d'autres contrées, le convoyeur de nos oeufs en chocolat ne vole pas. Il court. Et il a de longues oreilles... Vous voyez de qui je veux parler ? Comme, en bon marin, je n'ai pas le droit de le nommer (puisque cela porte malheur à bord), et histoire de demeurer dans le vocabulaire maritime, nous l'appellerons donc PanPan pour les besoins de ce billet. Et vous me pardonnerez d'ores et déjà pour ce billet sacrilège et quelque peu pendable...
Je vous laisse deviner le lien entre le titre de ce billet et notre ami PanPan. Alors, pour une rare fois, c'est parti pour un billet interdit aux moins de 18 ans et un peu de piquant pour titiller votre dimanche sur un sujet un tantinet osé : le Sexe en Mer.
PanPan
"Pan-Pan : Dans les conventions radiotéléphoniques internationales (transcription de la prononciation en français « panne panne ») est l'appel d'urgence lorsque la sécurité d’un aéronef, d'un navire ou d'une personne est menacée, par exemple lorsque quelqu'un est blessé ou tombe malade à bord. Cet appel se répète trois fois. L'appel d'urgence est émis sur une fréquence internationale de détresse et d'appel en radiotéléphonie ou une fréquence de travail. Il sera traité après les messages de détresse Mayday. " (Source : Wikipedia)
Outre ses qualités de convoyeur d'oeufs et de friandises pascales, notre ami PanPan est connu pour son appétit d'exercice physique, surtout en présence de jolies dames. Alors, partir en mer avec un ou une PanPan à bord vaut-il réellement la gravité du message de détresse ci-avant ? Analysons si le mythe dit vrai...
Ad Libitum
Les romans et les films (notamment ceux de James Bond pour les accros) vous feront miroiter des navigations paisibles, sur des voiliers d'exception (par exemple, le Regina dans Skyfall ou le Soufriere dans Casino Royale... ) au bar débordant des mets les plus raffinés, avec une cabine au lit Kingsize aux draps de satin. Ils vous feront ainsi rêver de nuitées d'amour intense et d'orgies décadentes à bord. La réalité sera, par contre, la plupart du temps bien différente...
Bien entendu, vous croiserez de ces voiliers en cabotage de jeunes (ou moins jeunes) insomniaques dont le volume de la musique et des litres d'alcool à bord ne sont jamais suffisants pour assouvir leur besoin de luxure et de festoiement jusqu'au petit matin. On en a tous croisé dans les marinas ou à l'ancre dans des régions touristiques. Et à bord de ces voiliers-là, je ne peux pas jurer que les soirées des PanPans ne dégénèrent pas souvent en séances déshabillées de sport en cabine. Ces bateaux-là, personnellement, je les préfère le plus loin possible de mon point d'amarrage. Leurs ébats noctures et leur insommnies libidinales m'importent peu, mais mon propre sommeil, lui, par contre, compte en mer, surtout lorsqu'il s'agit de lever l'ancre à l'aube !
© Photos – Wikipedia
My Bunny is over the Ocean...
Au risque de vous décevoir, le beau James ou l'insondable Corto, même s'ils sont à bord, ne passent pas leur temps à folâtrer dans la cabine. Ils passent leur temps à diriger le navire et à récupérer les petites heures de sommeil que leur fonction exige. Les moments de relâche donnent toujours priorité à la récupération, au repos et au sommeil. Pas trop le temps de s'adonner à de l'exercice physique en plus de celui que le voilier prévoit déjà en larges quantités pour son fonctionnement. Pas trop le temps de se regarder béatement dans le blanc des yeux alors que l'attention du capitaine ou de son équipage doit, à tout moment, demeurer focalisée sur la direction du navire.
De plus, les cabines des voiliers standards, au plafond généralement très bas à la poupe ou très étroites à l'étrave, dans le roulis ou la gîte, deviennent un équivalent de montagnes russes en constant mouvement, qui ne s'accorde pas nécessairement avec le rythme saccadé d'ébats amoureux (à moins d'être un adepte des positions du Kamasutra les plus improbables ou d'aimer quelque peu les tendances sado-masochistes) et vous procureront plus de commotions cérébrales sur les bord du plafond que d'inconsciences extasiques. Bref, la gymnastique amoureuse dans un voilier n'est pas de tout repos. Et encore... Les seules culbutes que vous pourrez espérer y faire seront plus fréquemment celles incontrôlées dues au tangage du bateau. Bon, il reste évidemment, les irrésistibles voileux qui aiment la soute à voile et s'y trouvent bien peu importe les conditions maritimes ou la contigüité des espaces... Mais, ces irréductibles marins-là demeurent des exemplaires relativement rares...
En outre, qui a jamais eu envie de poser ses lèvres sur celles d'un marin à moitié envahi par le mal de mer (et son goût hasardeux). Ou de blottir son visage dans le cou d'une équipière grelottant, aux cernes de trois jours, dont le teint a viré au vert olive et qui ne quitte pas le seau de bord d'une semelle. D'accord, la réconforter peut bien entendu remonter un peu l'égo des messieurs en mal de jouer les héros consolateurs. En outre, la douche et les vêtements propres sont rarement d'application lors d'une navigation au long cours. Et si les barbu(e)s vous attirent, les parfums corporels faisandés demeurent relativement discutables après quelques jours de navigation (même s' il en faut pour tous les goûts... ). Mais, entre nous, il y a probablement des moments à terre plus sexys, non ?
"My Bonnie lies over the ocean. My bonnie lies over the sea... "
Amours indiscrètes
Si vous aviez espéré jouer les Roméos en catimini en régate maritime, c'est une fois de plus raté ici. Peu de place sur un voilier et surtout peu d'endroits où s'isoler pour d'indiscrètes parties de jambes en l'air. Tout se sait vite sur un navire. Et surtout, tout se voit et s'entend. Il y a toujours bien un hublot non occulté ou une porte qui s'ouvre (lorsqu'il y a des portes, car nombreux sont les voiliers à l'intérieur relativement spartiate, ayant remplacé ces dernières par des tissus ou les ayant carrément enlevées pour gagner de la place). A moins que tout l'équipage ne soit d'accord sur une partouse de groupe, il y peu de chances de pouvoir assouvir vos désirs d'intimité de lune de miel à bord.
En outre, promiscuité n’implique pas nécessairement proximité. Pas la peine de s’émoustiller à l’idée de partager une nuit dans la cabine d’un(e) bel équipier(e). Ce dernier risque plus de vous décevoir en restant tout habillé, histoire de pouvoir réagir plus rapidement lors de son quart de veille. Ou de vous laisser mariner dans votre jus, en ronflant tout son saoul (lorsque son ronronnement vous tient éveillé). Une traversée nautique sportive en voilier (je ne parle pas ici des navires restant à quai ou ceux en cabotage bronzette) ne laisse dès lors que rarement des opportunités d'assouvir l'envie de moments discrets et confortables à bord pour épancher une fièvre érotique. Pour vivre à coup sûr et librement vos fantasmes sensuels, il vous faudra réserver un voyage sur un voilier hyper-confo avec équipage pour ne pas à avoir à participer aux manoeuvres et veilles, ou en chambre insonorisée dans un yacht privé avec salle de bain en marbre pour une douche orgasmique. Autre alternative, une croisière sur le voilier de James Bond avec cuisinier et skipper en prime. Ou encore un séjour sur un des ultra-luxueux buidlings flottants décadents et ses orgies du type "La croisière s'amuse". Tels que ces croisières du groupe mexicain Original Group" faisant la promotion de "Desire/Temptation cruise/Croisière du sexe" durant laquelle de nombreux jeux pour adultes sont organisés - ici encore, à condition d'avoir un porte-feuille bien garni.
Sea, Sex and... RHUM
Ian Fleming a fait de son mieux pour nous persuader que la vodka martini (shaken not stirred) fait partie intégrante du rituel sur un voilier en mer. Là encore, je dois vous décevoir... Même s'il y en a souvent dans le bar de bord, le rhum ne coulera à flots qu'à l'arrivée ou lors d'une relâche d'un voilier qui navigue pour le sport. Boire ou naviguer, il faut décider ! Les deux ne vont généralement pas trop bien ensemble. Seule exception à la règle, notre ami Archibald Haddock... Que je n'ai personnellement encore jamais rencontré à bord (ou alors, j'ai toujours navigué avec des équipages trop sages ;-)).
Cela dit, une fois accostés à terre, on ne répond plus de rien... Et alors, "the night is still young". Le rhum peut ainsi couler à flots, du moment que les marins retrouvent leur sobriété une fois les amarres larguées. (... ) Dans le port d’Amsterdam
© Photos – Moulinsart.com
Sea, Sex and... FUN
Enfin, je vous rassure : on passe parfaitement de grands moments de félicité à bord, même sans qu'elle ne passe par l'extase charnelle. Une vraie navigation à la voile demeure - pour un voileux passionné - inlassablement - des moments de bonheur incomparable qui occuperont suffisamment son esprit (et son corps), pour remplir ses journées et ses nuits de manière tout à fait jubilatoire.
Alors, lorsque vous ou votre partenaire déciderez de réserver des vacances à la voile, pas la peine de stresser ni de vous faire des plans sur la comète : les prestations maritimes suffiront... Les Don PanPan ou les croqueuses d'hommes à bord n'auront, la plupart du temps, d'yeux que pour les courbes lascives de la carène, l'angle de pénétration du vent sur les voiles ou encore la jouissance des chiffres montant sur le loch. Les seuls séducteurs à craindre seront donc Eole, l'océan ou le charme du voilier lui-même.
Alors, que ceux à qui je viens d'ôter les rêves et illusions libidinales maritimes m'excusent de ce petit billet insolite. Je vous souhaite un excellent dimanche !
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AuteurArchives
August 2023
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