"Everything about him was old except his eyes and they were the same colour as the sea and were cheerful and undefeated... " (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
Que diriez-vous d'un billet hommage à l'âge de (dé-) raison ? Parce que le gris et le blanc, c'est beau... Surtout porté sur du bleu ! Et qu'il n'y a pas d'âge pour les héros.
Seul avec Elle...
"Encore deux mille trois cent quarante trois milles nautiques avant l'arrivée... Le temps n'a plus beaucoup d'importance. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas à bord. Faire le point, ranger, manger, dormir un peu, ajuster les voiles, effectuer quelques menues réparations, admirer le coucher du soeil, re-faire le point, re-manger, ré-ajuster les voiles, revérifier le gréement et la solidité du mât, refaire un brelage par ci, une épissure par là... Voici plus de deux cents jours que la mer m'entraîne vers l'autre bout du monde. Seul en-tête à tête avec elle... Ma belle bleue, mon intrépide amoureuse, mon amante insatiable au caractère bien... trempé... Et ce monde, rond comme une balle, ces océans convexes et l'attente de l'arrivée au bout du chemin, sain et sauf, avec un voilier entier... "
Voici ce que notre héros du jour a peut-être pensé seul en mer sur son voilier de 36 pieds durant plus de 200 jours. 212 jours pour être exact. Deux cent et douze petits et (parfois longs) jours pour un tour du monde en solitaire à l'ancienne, sans l'aide d'aucune électronique ou systèmes modernes de positionnement géographique, mis à part les bonnes vieilles méthodes de l'estime, du sextant et de la navigation aux astres. Son petit nom ? Jean-Luc Van Den Heede. Un vendéen et marin dans l'âme. Un jeune marin de pas moins de soixante-treize ans. Le vainqueur de l'édition 2018 de la Golden Globe Race réussit ainsi un tour de force malgré un chavirage, sur son voilier Matmut, un Rustler 36 de 1980.
“A man is never lost at sea and it is a long island (...) and he knew no man was ever alone on the sea. " (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
Course Vintage
La première édition de la course, en 1968 - 1969, lancera une grande aventure navale : un tour du monde par les trois caps, sans escales et sans assistance. Sur neufs participants (dont Bernard Moitessier sur son célèbre Joshua, qui décidera de poursuivre son tour du monde jusque Tahiti et d'abandonner la course et la philosophie commerciale de l'événement, malgré un excellent positionnement), un seul finira la course. Ce sera le skipper de Suhaili, un ancien officier de la marine marchande, (Sir) Robin Knox-Johnston, qui remportera les honneurs après une navigation de 312 jours sur son ketch en bois de trente deux pieds.
Cinquante ans plus tard, le défi est remis à l'eau au départ des Sables d'Olonne et relevé en 100 jours de moins que son prédécesseur. “But man is not made for defeat," he said. "A man can be destroyed but not defeated.” (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
© Photos www.goldengloblerace.com
Une compétition à la voile pas comme les autres également, car, si elle bannit tout système de positionnement moderne, elle permet aux participants par contre, contrairement à toutes ses consoeurs, l'utilisation du moteur (sauf dans les derniers 250 milles avant l'arrivée et avec un maximum de 160 litres de carburant).
Enfin, la Golden Globe Race représente également une course à petit budget (enfin... tout est relatif) puisque l'investissement minimum nécessaire pour les navires y participant débute à 50.000€. Une compétition parfaitement possible sans l'aide de mécènes. Par contre, une goutte dans un océan comparé au minimum des 5 millions d'euros nécessaires pour les IMOCAs, vivant entièrement du sponsoring.
Sept Fois Alpiniste
“Now is no time to think of what you do not have. Think of what you can do with that there is. ” (The Old Man and the sea, Ernest Hemingway)
Dans le Pacifique, les vents montent à 65 noeuds et les vagues à plus de 11 mètres. Dans la tempête, le bateau enfourne puis se retourne. C'est le chavirage. Le skipper de Matmut s'en sort sans avaries ni blessures majeures, dans une cabine sans dessus-dessous. Mais les bas-haubans sont endommagés et le mât fortement fragilisé. Il faudra à Jean-Luc Van Den Heede pas moins de sept ascensions-grimpettes dans le mât pour effectuer les observations et réparations de fortune avec les moyens du bord, au lieu de se détourner vers Valparaiso (Chili) pour une remise en état plus durable. Il prend ainsi le pari de ne pas demander d'assistance et de poursuivre sa route vers sa destination d'origine. Ce qui implique de passer à travers une nouvelle tempête, mais sur un navire endommagé cette fois. En naviguant au portant, il tentera une route évitant de nouvelles avaries. Il gagnera son pari en arrivant vainqueur aux Sables d'Olonnes le 29 janvier 2019 après un périple en solo de 27.433 milles nautiques.
© Photos - Loïc Madeline (publication Voiles & Voiliers) & www.goldengloblerace.com
La volonté d'un homme seul face à la mer et à lui-même. Sa proximité de la nature et sa capacité à l'apprivoiser pour parvenir à se positionner en mer sans instruments modernes. Sa ténacité à affronter l'imprévu et une prise de risque raisonnée grâce à sa longue expérience de marin. Le skipper compte en effet six tours du monde en solitaire à son journal de bord et dix passages du Horn dans les deux sens.
Cependant, la course n'est pas finie. Et tous les autres participants méritent tout autant l'admiration. Alors, si le défi vous tente, suivez-la donc sur le site officiel : https://goldengloberace.com.
La preuve que le nombre de bougies sur un gâteau d'anniversaire ne représente pas nécessairement une entrave aux rêves les plus fous... Et en particulier si vous faites partie de ces personnes d'âge mûr : si, si , si... Je vous assure que vos rides, vos cheveux blancs ou votre barbe argentée font de vous un charmant (futur) héros !
Je vous souhaite un excellent dimanche.
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AuteurArchives
August 2023
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