Voici un billet dont le titre devrait en réjouir certains :-).
La vigne constitue une denrée rare et précieuse pour les terriens depuis des millénaires... Elle possède des propriétés aux effets particulièrement influents sur notre corps, sur notre esprit et même sur notre humeur... Et cela, les marins, eux aussi, l’ont bien compris... Voyons ce qu'il en est le temps d'un billet dominical.
La vigne de Noé
On parle déjà du vin dans la Bible, notamment avec la vigne de Noé. L'invention du vin est probablement due au hasard (comme pour la bière d'ailleurs), fermentant naturellement.
Il y a huit mille ans déjà, le vin se retrouvait dans toutes les grandes civilisations antiques du bassin fertile du Moyen-Orient : mésopotamienne, égyptienne, étrusque, romaine, grecque, celte... Sa culture s'est propagée sur des milliers de kilomètres. Mais c'est surtout grâce aux armateurs grecs et phéniciens que les vignes seront implantées partout dans la mer Méditerranée. A l'époque, le vin était transporté dans des amphores arrimées, et protégé de l'oxydation avec une couche d'huile d'olive, suivie par un scellé en bois de pin et de résine. Les Romains, à leur tour, poursuivirent l'expansion des vignobles. Il voyage alors à l'époque sur des navires qui sillonnent les côtes et peuvent transporter jusqu'à dix milles amphores de 25 litres.
© Photos – Rêvesdemarins (mini-vignoble familial. en devenir.. )
Changer l’Eau en Vin...
Pour faire du vin, il faut du raisin. Pour faire du raisin, il faut des pieds de vigne. Et pour que les pieds de vigne grandissent, il leur faut une bonne terre, du soleil et... de l’eau. CQFD. On pourrait donc en conclure que le vin vient de l’eau ! D’autres diront que le vin peut parfois provenir de pouvoirs miraculeux ou divins (tiens, cela me rappelle un épisode lors de noces à Cana... ). Les anciens grecs ne l’appellaient-ils d'ailleurs pas le « nectar et l'ambroisie des dieux » ? Le culte de Dionysos et de cette boisson unique inspire donc depuis la nuit des temps.
Le vin, un rite incontournable du marin
Dans la marine, le vin a souvent représenté un rite et une denrée incontournable. Au temps des anciens Grecs, les citations y font régulièrement référence. La quantité et la qualité des boissons à emporter par les vaisseaux s'embarquant en mer étaient minutieusement réglées. Le problème de conservation des vins en mer exigeait en effet des vins de haute qualité. On choisissait donc les types de vins à emporter en fonction de la durée et de la destination du voyage (pour résister à la chaleur, l'humidité, etc. ).
"Les boissons fermentées ou alcoolisées représentaient, à bord des navires, un pôle d'attraction aux multiples facettes car elles sont, à la fois aliment, récompense, mais aussi réprimande de par leur suppression temporaire. Bref, on débouche sur une véritable étude de mœurs où le vin était la cerise sur le gâteau bien amer de la vie des équipages de la marine à voile. " (Source : L'usage du vin dans la Marine, Revue d'histoire de la pharamacie - Yannick Romieux, www.persée.fr) Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le vin est considéré comme nécessaire pour la santé physique et morale des équipages. Certains médecins de l'époque lui prêtent des vertus d'antiscorburtique (il contient en effet un peu de vitamine C), permet de désaltérer et de nourrir. "Vin-aliment, vin-médicament", il est utilisé comme outil médicinal, très employé en thérapeuthique. "En franchissant l'équateur, le marin doit offrir du vin à Neptune"
Trésors sous-marins
Depuis quelques années, une nouvelle niche vinicole s'est propagée : les caves à vin sous-marines.
Une bonne dizaine de producteurs de vin ont décidé de laisser vieillir leur réserve... sous l'eau. Le vin passe quelques mois sur terre en fûts avant de finir leur vieilissement pour six à douze mois, voire deux ans sous la mer, soit dans des cages métalliques, soit immergé dans des amphores, à environ 20 mètres de fond. Le vieillissement du vin en mer, avec ses courants, ses marées et ses vagues oblige à travailler des vins robustes. Leur production coûte environ 25 à 70% de plus que celle d'un vin "terrestre", mais les oenologues locaux visent la différenciation du produit hors du commun. L'intérêt est double : offrir un vin sortant des sentiers battus et éviter les contraintes liées aux appellations d'origine contrôlée. Leur immersion en mer permettrait de conserver les arômes primaires de fruit, de fleurs et de minéraux et leur prodiguer ainsi une saveur sans pareil.
© Photos – Crusoe Treasure, Edivo Vina, Bodega Submarina de Canarias
Pas d'Eau dans son Vin
Pour éviter l'infiltration d'eau salée dans la bouteille, elles sont scellées avec un bouchon spécial et cachetées à la cire.
Un autre avantage du stockage en mer est la température de refroidissement (environ 13°C), une vieille technique de la Grèce antique (savants, ces anciens Grecs... ). Dans une obscurité totale et des conditions hygrométriques parfaites, la pression marine est plus élevée que celle des caves à vin traditionnelles, ce qui évite les échanges gazeux dans les bouteilles. Les conditions permettent ainsi une maturation idéale du vin et un environnement influençant la levure du vin.
Où trouver ces caves à vin pas comme les autres ?
En Espagne, ils sont présents en Galice, en Catalogne, au Pays Basque ainsi qu'à Ténérife, au Îles Canaries. On trouve également des producteurs de vin marin à Saint Malo, dans le Bassin d'Arcachon et à Saint-Jean-de-Luz (près de Biarritz). Des activitiés semblables existent en Italie et au Chili.
Au nord de Bilbao, la cave Crusoe Treasure représente la plus grande cave sous-marine d'Espagne. Les bouteilles s'y vendent à partir de 60€. Pour les amateurs de plongée sous-marine et de la boisson de Dionysos, vous pourrez ainsi enfiler votre combinaison et vos bouteilles (d'oxygène, pas de vin ! ) pour découvrir une cave pas comme les autres et même jouir d'une dégustation sous-marine ! A Ténérife, la Bodega Submarina de Canarias propose une plongée à vingt mètres de fond pour une dégustation de vin canarien d'origine volcanique. Et pour clôre ce chapitre, la cuvée Navis Mystrerium (Edivo Vina) se loge ainsi dans une ancienne épave de bateau près de Dubrovnic. Son stockage en amphores lui donnerait, paraît-il, un arôme particulier (celui du pin... ), en plus d'un aspect commercialement attractif. Un vin, qu'on espère exceptionnel vu son prix (environ 280€ la bouteille... ).
Pour se consoler en attendant...
En attendant de découvrir un de ces joyaux oenologiques, vous pouvez toujours vous contenter de déguster un vin traditionnel, mais au nom bien évocateur. Vous trouverez la plupart d'entre eux sans trop de difficultés chez votre négociant habituel ou même dans les grandes surfaces en cherchant un peu. Pas des grands crus (mis à part le Tormentoso, à vivement recommander... ), mais tout à fait acceptables pour les apéros à l'amarre ou sur terre !
Le 1er septembre, c'est la rentrée pour certains. C'est aussi le jour en 1651 où s'embarque Robinson Crusoë pour vingt-huits ans d'aventure. Et où faute de vin, notre marin échoué s'est contenté d'eau claire et de lait de chèvre sur son île déserte...
Je vous souhaite dès lors que ce premier jour de septembre débute pour vous une belle aventure. Bon d'accord, un peu moins déserte et un peu moins longue que celle de Robinson. Et puis... avec un bon vin de mer... Une excellente semaine à tous !
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AuteurArchives
August 2023
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