Enfilez votre combinaison de plongée ce dimanche. Je vous emmène découvrir un monde à la limite du monde connu. Nous nous immergeons dans les profondeurs abyssales ce WE.
Tout débute tout au fond de la mer...
Abysse fut le tout premier dieu marin...
Abysse fut le tout premier dieu marin dans la mythologie grecque. Mais au fil du temps, il fut oublié. Et comme son nom l’indique, il fut envoyé au fond des abysses et désigne les profondeurs sous-marines. Les plus éloignées se situent à 11.000 mètres sous le niveau de l'eau (Fosse des Mariannes).
95 % des abysses restent aujourd'hui encore inexplorés. Et contrairement aux mers de surface, les grands fonds sont cartographiés avec bien moins de précision que la surface de... la Lune. On pourrait donc considérer que d'avantage d'astronautes ont exploré l'espace que de marins le fond des océans. Insondables abysses, souleurs d'Ulysses...
Cape d’invisibilité
Plus je brille, moins on me voit…
Dans l’océan, il n'y a nulle part où se cacher. Cela signifie que l'invisibilité y est primordiale pour la survie d’une espèce. Les créatures abyssales ont décrypté le mystère de l'invisibilité. Dans les couches supérieures de l'océan - la partie où la lumière pénètre - toute forme de vie qui ne parvient pas, d'une manière ou d'une autre, à se fondre dans l'eau risque d'être repérée par un prédateur - en particulier un prédateur nageant en dessous, regardant vers le haut. Pour se protéger des prédateurs, certains organismes évitent la zone lumineuse pendant la journée, ne remontant vers la surface que la nuit. Beaucoup d'autres se camouflent par leur aspect transparent. En plongée, la plupart des premières formes de vie que l'on rencontre, telles que des méduses aux escargots nageurs, sont transparentes. D’autres créatures marines, dont certains poissons, comme les sardines, camouflent leurs silhouettes par leurs flancs argentés. La couleur argentée fonctionne comme un miroir et permet à l'animal de se fondre dans son environnement en reflétant l'eau qui l'entoure.
Ensuite, plus on descend vers les abysses, plus la lumière du soleil disparaît. Le rouge est absorbé le premier. Ensuite, les parties jaune et verte du spectre disparaissent, ne laissant que le bleu. À 700 pieds de profondeur, l'océan est devenu une sorte de crépuscule perpétuel, et à 2.000 pieds, le bleu s'estompe également. Cela signifie que la majeure partie de l'océan se retrouve dans l'obscurité totale, toute la journée et toute la nuit. Alors, une autre manière de ne pas mourir de faim et de survivre dans les profondeurs abyssales, est justement de se rendre attirant pour ses proies, en produisant de la lumière... Et la rencontre avec ces animaux hors du commun devient à la fois fascinante et inquiétante : manger sans être mangé.
La mer en feu d’azur
Nous traversons la Manche de nuit, en route vers l’Angleterre à la voile. La mer est bien formée et je souffre honteusement du mal de mer. Je monte sur le pont et prends la barre pour fixer mon attention sur autre chose que mon estomac qui joue la samba. Je me souviens du compas qui devient soudainement flou sous mes yeux embués puis je m’accroche à la filière pour me soulager en donnant à manger aux poissons. C’est alors que le miracle s’opère… La mer s’illumine d’un bleu profond. Les vagues s’enflamment d’un azur brillant (aucun lien avec mon estomac ni mon repas du soir :-)). La houle scintille de la phosphorescence créée par le mouvement du voilier sur les flots. Et mon mal de mer s’essouffle, bluffé par la beauté luminescente que je découvre dans les flots.
La première rencontre avec les créatures marines lumineuses me frappe comme un coup de foudre. La splendeur de leur luminosité est irréelle, improbable. Je me demande si je rêve et si mon estomac dérangé joue sur mon esprit. Mais mon skipper me rassure et rit de mon émerveillement en m’expliquant que la présence de plancton bioluminescent est mise en lumière par le brassage de l’eau le long de la carène et dans le sillage du voilier. Magique… Un moyen parfait d’éliminer mon mal de mer. Mais ceci n’est que le dessus de l’iceberg…. Les fonds marins sont, eux, bien plus riches encore en aventures lumineuses fantastiques.
Feux follets abyssaux
"Some flash, some sparkle. Others simply glow..." (National Geographic)
Certains brillent, clignotent ou scintillent. D'autres rayonnent tout simplement. Cependant, tous relèvent du miracle de la nature. Lanternes japonaises, explosions d'étincelles, rocket ships, fumée bleue, procession de flammèches. Ces créatures nous font à la fois rêver et cauchemarder. Monstres marins ou angelets des vagues.
Les océans comptent pas moins de 4/5 des organismes vivants au monde capables de créer leur propre lumière. 76% des animaux marins sont bioluminescents, ce qui signifie qu'ils produisent leur propre lumière grâce à une série de réactions chimiques ou par l’intermédiaire de bactéries qu’ils transportent, Les mers demeurent donc un univers radieux jusqu’au plus profond de leurs gouffres et de leurs entrailles. Les créatures marines dépendent de la bioluminescence pour communiquer, trouver des proies ou encore se camoufler. Au moins 1.500 espèces de poissons sont connues pour être bioluminescentes, y compris les requins et les poissons-dragons, et les scientifiques en découvrent régulièrement de nouvelles. Parmi les plus emblématiques figurent les poissons des grands fonds comme la baudroie, dont les femelles arborent un leurre de chair rougeoyante ou une "lanterne" qui agit comme appât pour toute proie suffisamment proche (souvenez-vous de la rencontre de Dory et Nemo avec ce monstre abyssal dans "finding Nemo"). Le cténophore Leidyi (macroplancton ressemblant à une méduse mais sans dards) possède des photophores à l'intérieur de sa cloche, ou corps principal, qui réfractent la lumière, produisant un arc-en-ciel scintillant pour effrayer les prédateurs. Le requin-lanterne, le plus petit requin au monde, en est également pourvu. Certaines espèces de dinoflagellés s'allument en utilisant une réaction chimique similaire à celle des lucioles ; tous deux utilisent une molécule naturelle appelée luciférine, du nom de Lucifer ("le porteur de lumière"), en combinaison avec une enzyme, la lucifèrase, et de l'oxygène pour produire des photons lumineux. Il y a les poissons éclaireurs, les calmars, les méduses, les crevettes, les cténophores susmentionnés, plusieurs types de vers, les concombres de mer ou encore des siphonophores lumineux - de sinistres prédateurs en forme de cordes avec de longues tentacules piquantes en forme de rideaux. Certains sortent tout droit d'un film d'horreur. Et pourtant ces créatures sont fascinantes par leurs propriétés. Chaque espèce reflète un motif lumineux spécifique, une sorte d’identité unique leur permettant d’attirer et de trouver des partenaires dans les profondeurs sombres de l'océan. Les organismes bioluminescents ne tolèrent pas un taux bas de salinité de l’eau et sont ainsi très rarement présents en eaux douces. (Source : National Geographic)
© Photos – Stories undersea - National geographic - LeLombrik.net
Certaines autres créatures s'illuminent lorsqu'on les touche ou lorsque l'eau à proximité est perturbée. Un éclat soudain de lumière peut en effet effrayer un prédateur, donnant à la proie une chance de s'échapper. Un calmar des profondeurs, par exemple, peut émettre un gros jet de lumière avant de s'élancer dans l'obscurité. Les fameux "bombardiers verts" (Swima bombiviridis), sortes de vers marins, peuvent lancer leurs grenades lumineuses, puis s'enfuir dans l'obscurité tandis que leur prédateur est brièvement distrait par la lumière. Camouflage assuré.
D'autres encore, utilisent le principe de "l'ennemi de mon ennemi est mon ami" en émettant de la lumière pour attirer le prédateur du prédateur. Ce mécanisme de défense est connu sous le nom d'effet "alarme anti-vol". Ce type de méthode peut être particulièrement important pour les formes de vie minuscules incapables de nager rapidement. Leurs flashs attirent ainsi des poissons en attente dans les parages. Une fois illuminés par le flash, ces derniers deviennent eux-mêmes plus aisément repérables par les prédateurs. Et le tour est joué...
© Photos – Wikipedia - Bioxegy
Je vous invite à visionner deux documentaires de National Geographic à propos de ces étranges créatures... Il vous emmènera dans un monde parallèle et pourtant bien réel. La nature est magnifique et n'en finit jamais de nous émerveiller. Une raison de plus de la protéger.
Je vous souhaite un dimanche scintillant à souhait.
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AuteurArchives
August 2023
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