L'été, semble à première vue, une saison que chacun adore et attend avec impatience... Et pourtant, souvent, et cette année plus que les précédentes, je me réjouis qu'il passe vite. Bizarre ? Peut-être. Mais en voici l'explication.
La Saison des Foules
L'été demeure par excellence la période de congés scolaires, de repos dans certaines activités professionnelles et donc le moment où une grosse majorité d'entre nous prend ses vacances. Quoi de plus normal ? Cependant, pour quelqu’un comme moi qui apprécie la nature vierge, l’intimité et le calme, l’expectative de me retrouver dans une foule de vacanciers en mal de promiscuité à chaque coin de rue, de bord de mer ou de sentier, me procure plus de cauchemars que de rêves. À chacun ses plaisirs.
Deux à trois bons mois de farniente sous le soleil ou du moins des températures généralement plus clémentes. Une relativement longue période, me direz-vous. Ceux qui ont des enfants et doivent les occuper durant ce laps de temps en savent quelque chose. Rares sont ceux qui peuvent se permettre trois mois de vacances d’affilée. C’est là un des privilèges des carrières dans l’enseignement (cela dit, des carrières qui sont loin d'être de tout repos de nos jours et les mentalités actuelles malgré le confort de longs congés). Pouvez-vous croire que nos pauvres minuscules 60km de côte belge accueillent plus de 6 millions de vacanciers durant l’été ? Il s’agit là de deux tiers de la population entière du pays qui se déplace au littoral belge. Pas étonnant que les plages soient bondées et qu’il faille faire la file pour acheter une crème glacée. “Je suis de ceux que la foule rassure On ne peut être rien que parmi des milliers.” (J.J. Goldman, Parler d'ma vie)
J’ai eu cette chance dans mon âge adulte de pouvoir prendre des vacances principalement en dehors des périodes d’affluence: moins de monde, moins cher, moins chaud. Et j’espère bien pouvoir continuer à le faire tant que peut. Et ce choix a souvent été dicté par ce besoin d ‘éviter les foules. Voilà probablement une des raisons de mon amour pour les régions du Nord, la voile loin des côtes et les grands espaces : l’isolation, le sentiment de connection avec la nature et la beauté intacte. Peu importe la température ou l’ensoleillement : il me faut du calme, du silence et de la paix sans trop de monde autour de moi. Et les années qui passent ne font qu’accentuer ce besoin primaire. Je ne rajeunis pas. Et peu importe.
Mais plus je regarde autour de moi, plus je réalise avec effarement que le nombre de personnes au kilomètre carré ne fait qu’augmenter exponentiellement chaque jour et que la foule devient inexorablement une partie de mon univers. Et les mois d’été en représentent la réalité affolante.
La Saison du Vide inter-estival
Paradoxalement, certains endroits demeurent, en période estivale, désespérément vides, en service réduit, voire totalement fermés : que ce soit les administrations, les banques, les services publics ou encore les transports publics dont l'offre diminue comme une peau de chagrin en termes d'horaires. Logique, me direz-vous ? Tout à fait. L'offre doit suivre la demande. Sauf, pour ceux qui ne partent pas durant l'été... Attendre une ou deux heures pour le prochain train lorsqu'on a travaillé vraiment tard ou devoir se rendre à la poste pour un courrier urgent entre 2 et 4h de l'après-midi, le seul jour de la semaine où vous ne pouvez pas vous libérer... Bien entendu, je caricature ici (quoique, à bien y réfléchir pour certains services... ).
Les bureaux, eux non plus, n'échappent pas à cette règle. Et alors, bonjour les dégâts lorsque vos délais de délivrables n'ont, eux, pas droit à de congés ni de service réduit. Mais que toutes les personnes dont vous avez besoin pour parvenir à les atteindre, sont parties faire bronzette pour quelques semaines en plein milieu de votre projet. Planifier à l'avance aide souvent, mais chacun a ses priorités. Et déranger les vacanciers durant leur séjour hors du bureau, simplement pour votre confort de résultat personnel, n'est franchement pas une option. Chacun a droit à son repos, que ce dernier tombe à un moment qui vous convienne ou non. Alors, il faut jongler avec les dates et les préparatifs. Et ceux qui restent doivent souvent jouer au back-up de ceux qui partent. L’été au travail est donc très loin d’être de tout repos. Enfin, consolation : il y a moins de monde à la machine à café et avec un peu de chance, pas de patron qui vous houspille. L'avantage des vacances en trekking à la montagne ou en navigation à la voile, c'est de ne généralement pas être joignable ni par téléphone, ni par email durant son absence... Petit pied de nez aux patrons un peu trop en mal de vous bombarder d’emails urgents durant vos vacances. Autre consolation du vide inter-estival : le trafic. Moins de monde sur les routes. Un vide compensé par des files dues aux travaux routiers ou chantiers de voirie (Bruxelles étant champion toutes catégories en la matière ), qui poussent comme des champignons à partir du mois de juin jusque tard dans l’été, Une période faste pour trouver une place de parking ou un siège libre dans les transports en commun, mais moins riche en fréquence de passage. Rien n’est jamais parfait.
La Saison de la Solitude
Cet aspect, on a toujours tendance à l'oublier. Pour ceux qui ne partent pas en été. Parce qu’ils ne le peuvent pas. Parce qu’ils n’en ont pas les moyens. Parce qu’ils sont seuls et ne s’en sentent pas le courage. Ou pour des milliers d’autres raisons.
Pour tous ceux-là, les mois estivaux ne sont qu’une longue série de semaines consécutives sans visites, sans appels, sans personne à voir, sans activités sociales. Personne pour aller se promener avec eux. Personne pour un coup de fil. Personne pour les aider. Et souvent même pas le boulanger ou l'épicier du coin pour la papote journalière. Et pour les plus modernes d’entre eux, des réseaux sociaux qui restent désespérément aphones, sans likes, sans commentaires, sans photos, sans messages. Des mois de silence et d'isolement forcé. Alors, pensez à une petite carte ou un petit coup de fil à ceux que vous laissez derrière vos valises. Une semaine au soleil vaut bien une petite attention.
La Saison des Abandons
S'il y a bien une raison qui pourrait me faire haïr l'été, c'est bien celle-ci... L'été, le moment où certains êtres sans scrupules (et ils sont bien trop nombreux) réalisent que leur animal de compagnie va les gêner pour partir en vacances. Et hop, ils s'en débarassent vite fait bien fait le long d'une route, voire pire... Et ceux qui les abandonnent dans des asiles, ne valent pas beaucoup mieux. Prenez vos responsabilités, bon sang ! Adopter un animal, c'est comme faire un enfant, on en accepte la responsabilité pour toute sa vie et pas juste lorsque cela nous arrange. Peu importe les inconvénients, les obligations et la complexité que cela comporte.
L'occasion de dire à ceux qui cherchent à adopter de manière durable et responsable un petit (ou gros) compagnon à poils, plumes ou écailles, allez le chercher dans un asile... Ils n'attendent qu'un foyer sérieux où on les aimera et où on saura prendre soin d'eux aussi pendant les mois d'été.
La Saison des Festivités
Avez-vous remarqué comme ces dernières années, le nombre d'activités de loisirs et de spectacles de foule a connu une large recrudescence ? (Tiens, cela me rappelle les jeux du Cirque de Rome... Serions-nous donc une génération décadente ou tout simplement un peuple en mal d'oublier les malheurs de la vie ? )
Werchter, Dranouter, Oostende, La Semo, Dour, Suikerrock, Pukkelpop, Francofolies, Rock Herk, Ronquières, Tomorrowland et plus de soixante-dix autres festivals d’été ! Pas un WE sans une activité. Pas une nuit sans festivités. De quoi se saouler de musique et de réjouissances (et autres amusements). L'été, la nuit, les bruits sont en fête" (Edgar Allan Poe)
Un régal pour les avides de décibels et de danse. Un peu moins lorsque je dois me lever tôt le lendemain matin et pour mon sommeil particulièrement léger. Encore une fois, il faut pouvoir contenter tout le monde. D'ailleurs, la ville proche de mon domicile recevra ce WE pas moins de ... 27.000 festoyeurs dans un immense camping dansant aux allures de Wembley du vendredi au lundi... (Vivement les nuits d'hiver bien froides et pluvieuses pour pouvoir enfin dormir tranquillement ;-). )
Bon, soyons un peu moins ringards : je mettrai mes boules quies ou j'irai dormir dans la cave (au moins, il y fera frais... ), faute de me joindre aux fêtards. Donc, à ceux d'entre vous, qui y seront : amusez-vous bien !
Je vous espère donc un merveilleux été, que vous soyez en vacances ou non, à commencer par un très agréable dimanche.
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AuteurArchives
August 2023
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