Les Açores, le Paradis Perdu... Un archipel isolé de sept îles magiques, en plein Atlantique Nord. Et pourtant, à seulement quelques heures de vol de la capitale de l'Europe.
Jurassic Parc
Séjour sur l’Île d’Emeraude, que j’ai rebaptisée Jurassic Parc : on se croirait revenus aux sources... Végétation luxuriante, géante même parfois, digne de Spielberg (sans les dinosaures, ouf ! A moins qu'ils ne se cachaient bien... ), aux prairies d’un vert fluorescent sous la lumière du soleil, à l’irlandaise (la couleur, pas le soleil...). Des forêts denses couvertes de mousse, aux allures de repères de Hobbits et farfadets. Des collines à n’en plus finir, bordées de précipices sans fond. Des rivières et chutes d’eau au détour des clairières. Un univers sortant tout droit d’un roman fantastique et dont je joue l’héroïne pour quelques jours. Palmiers et fougères géantes côtoyant fleurs exotiques et vertes pâtures. Tout y pousse. Une terre volcanique, mais magnifiquement fertile. Tout y est vert, même les yeux des matous ! Un fabuleux tableau dansant sous les nuages accrochés à l’île, pourtant sans jamais verser de larmes. Ici, le terme « biodiversité « prend vraiment tout son sens.
© Photos - Rêvesdemarins
Chaudron du Diable
Coincées bien au chaud entre trois plaques tectoniques (l’Européenne, l'Américaine et la Pacifique), les Açores sont le jeu de mouvements terrestres incessants. Au cours des millénaires, les îles ont vu l’apparition, puis la disparition de nouveaux volcans marins, d’îlots isolés ou même de montagnes. Nous y reviendrons d'ailleurs dans un billet suivant. Des cratères (« caldeiras ») forment aujourd’hui le berceau de lacs aux eaux multicolores surréalistes.
Des sources géothermiques bouillonnantes y crachotent leurs fumerolles infernales et leurs effluves parfumées au soufre des entrailles de la terre. L'occasion d'un petite ablution à 50°c dans une eau couleur d'orange. N.B. Avis aux dames : une trempette dans ce bain de jouvence vous offrira gratuitement en prime une magnifique décoloration des cheveux, une teinture tangerine de votre beau maillot blanc ainsi qu'une superbe oxydation de vos bijoux. Aux amateurs, salut. Nous nous sommes donc contentés d'une baignade des pieds.
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Bacteric Park
Une visite au centre scientifique tout proche nous explique à travers le microscope l’origine de ces couleurs étonnantes : “les Extrêmophiles”. Des bactéries vivant dans des milieux extrêmement hostiles à l'homme. Des petites bébêtes aux goûts de logement des plus saugrenus : les anaérobophiles (les champions de l'apnée sans oxygène), les acidophiles (les gourmands de bonbons acidulés), les (hyper) thermophiles (les frileux qui mettent le thermostat à fond), les halophiles (ceux qui raffolent d'une soupe super salée, mais sans la soupe), les sulfolobus acidocaldarius (qui aiment leur bain à 80°c, de préférence bien acide), les euglena mutabilis (beurk... ceux qui squattent les milieux pollués), les piezophiles et barophiles (ceux qui aiment se mettre la pression), les psycrophiles ou cryophiles (les eskimaux des populations bactériennes), les deinococcus (les mordus du bronzage par radiations) et bien d’autres encore... Ces êtres microscopiques, mini superbactéries sont ainsi capables de subsister, sans dégradation d'ADN, dans des conditions de vie tout simplement dantesques. Tout un petit monde fascinant lorsque l'on sait qu'elles ont probablement été à l'origine de la vie de notre planète, dans les océans originels.
L’activité volcanique persistante présente à Furnas, une commune rurale de l’île de Sâo Miguel, des conditions particulièrement éprouvantes et donc idéales pour la prolifération de nos bactéries de l'extrême. En effet, elles recèlent un niveau très faible d ‘oxygène (moins de 10%), des concentrations très élevées de CO2 (54% - lorsqu’on sait qu’à peine 17% tuent un humain en moins d’une minute) et de relative acidité (pH 5,7), tout cela à des températures environnant les 37°c minimum. Un véritable chaudron du diable.
Et non, donc, toutes les bactéries ne sont pas mauvaises. Elles vivent partout, à commencer au sein du corps humain. Et même dans ce milieu-là (beaucoup moins hostile que ceux qui hébergent nos extrêmophiles... ), elles ont leur utilité. Par exemple, des recherches en microbiologie de l’Université de Californie à San Diego, ont révélé cette année que certains de ces micro-organismes, notamment, les "staphylococus epidermidis", produiraient une molécule (la 6-N-hydroxyaminopurine ou 6-HAP, de son petit nom), permettant la lutte contre le mélanome (cancer de la peau) sans risque pour les autres cellules. Reste à poursuivre les tests. Si, comme moi, la microbiologie vous intéresse, jetez donc un coup d'oeil à leur site web http://omic.centrosciencia.azores.gov.pt/. Ce petit centre scientifique des Açores en vaut vraiment le détour.
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L'Home de la Mancha-zorienne
En lieu de chambre d’hôtel, un ancien moulin à vent reconverti en petit studio pour 2, avec une vue à 360 degrés imprenable sur l’océan. Sèche-cheveux éolien compris dans le prix. Un refuge parfait pour le Don Burguotte que je suis. Des vaches, chevaux, chèvres et moutons pour tous voisins (avec les cloches au cou - on se croirait en Suisse ! ). Un jardin regorgeant d’orangers et ananas frais en guise de petits pains au chocolat pour déjeûner sur la terrasse panoramique. Sans oublier le fameux thé « cha » des Açores. Et une hôtesse locale tout à fait charmante. Un sanctuaire de paix et de sérénité. Imbattable...
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Paradis sur Mer
Un océan sauvage, violent, qui vient batailler contre les rochers de basalte noir aux allures de monstres pétrifiés dans la lave des anciens volcans. Des noms locaux aux consonances évocatrices de mondes sous-terrains fantastiques : Mosteiros, Furnas, Feteiras, Caloura, Lago de Fogo, Sete Cidades, Capelinhos... Un univers qui aurait sans aucun doute inspiré Jules Verne.
© Video & Photos - Rêvesdemarins
Des habitants au charmant dialecte oral chuintant, auquel je n’ai pas encore pu me mettre (ce sera pour ma prochaine visite ! ), mais qui comprennent parfaitement mon barbare langage des signes et des mains. Un art de l’accueil sans failles, chaleureux. Et je ne vous parle même pas de leurs secrets culinaires : de délicieuses grillades de poissons et crustacés locaux. A essayer les "lapas" (en français : "patelle" ou "bernique", délicieux grillés avec du beurre, ail, citron et un petit vin blanc local). A s'en pourlècher les babines. Ils cuisinent même sur leurs volcans (si, si, on y cuit des plats locaux sur les sources géothermiques décritent ci-avant, les fameux “cozidos”).
Certains décrivent cet archipel comme un des vestiges de la fabuleuse Atlantide (les Canariens et les Grecs de Santorin vous affirmeront la même chose, il suffit de mettre les normes de géographie quelque peu en perspective ). Et j’aurais bien tendance à le croire... Ah, ces Azoriens, ils savent vivre... Et la cerise sur le gâteau : l’île de Sâo Miguel y compte un village au nom bien sympathique: “Burguete” ! Bref, je suis totalement sous le charme et rêve déjà de mon prochain séjour dans ce petit Paradis sur Mer. Un endroit addictif ! Alors, si on vous propose de vous y rendre, dites oui tout de suite !
Lost Islands
Je vous laisse ainsi rêver de paysages paradisiaques, volcans, cratères, chaudrons bouillants ou de bains de pieds aux couleurs de ce blog. Un excellent dimanche à tous. Et si vous avez repris la saison de voile ce WE, bon vent !
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AuteurArchives
August 2023
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