Petit Papillon de Mer,
Dehors, fragile et frêle comme une feuille prête à s'envoler Dedans, solide comme un roc, un phare balayé par les embruns nacrés Et si tu plies l'échine et dans le silence t'enfuis, tu n'abandonnes jamais Et si dans la Mer des Sargasses parfois tu plonges, c'est pour mieux à la surface remonter Battu par les vents, les vagues et les embruns incessants, par leur brouillard figé Tellement las et fourbu. Et pourtant tu t'accroches solidement à la clarté Ereinté et pourtant tu trouves encore la force de porter le poids du sort Sans plaintes ni soupirs, tu pousses ton vol au bout de tes ressorts D'un navire à l'autre tu virevoltes, sans jamais de foyer trouver Ton refuge est celui-là où l'on t'ouvre les bras pour brièvement te laisser te reposer Mais tu n'en n'as cure. Ton monde est celui de partout, celui de nulle part Et tu remercies les hôtes qui contre froid et solitude t'offrent ainsi remparts Du monde tu t'enquiers, généreux même à tes heures les plus sombres Des veilleurs tu t'inquiètes, leur salut t'important, sans appétit ni ombres Sans relâche, ainsi sans compter tu donnes, comme un bon capitaine Sans honte ni regrets, de chacun des présents tu acceptes l'aubaine Petit Papillon d'Automne, Fripé, fané, plissé, inexorablement, ton petit corps lentement s'écoule Tes couleurs pâlissent avec les heures qui passent et les saisons qui coulent Un peu plus pelotonné chaque jour, un peu plus recroquevillé chaque nuitée Tu n'as plus de saisons, mais ton automne à toi vient juste de débuter Je voudrais tant te retenir dans l'été, le soleil et la chaleur mais ne le puis Je voudrais tant te rendre la lumière mais sans ta nuit pouvoir détourner Je voudrais tant te garder encore un peu plus longtemps à mes côtés Mais ces pouvoirs divins-là dont je rêve ne me sont pas acquis Bon sang qu'il sera éprouvant de te laisser t'en aller vers un autre port Mais telle semble-t-elle, inéluctable destinée et implacable sort Alors, vole, Petit Papillon, lorsqu'il sera temps pour toi de t'envoler Elance-toi vers un plus bel été, une île éloignée, havre de paix Tu comptes parmi les brefs bonheurs imprévus Qui restent dans les âmes, grands, vrais et inattendus De ces êtres qui tout donnent en lieu d'être quêteurs De ces rencontres impromptues qui comptent dans les cœurs Un jour, tu décideras, le plus tard possible, qu'il est ton temps D'ici-là, comment te remercier de ton cadeau bienveillant De tes teintes et tes regards qui enjolivent nos existences Reste encore un peu dans nos jardins de clémence Donne-nous encore ton incomparable sourire d'enfance Car peu comme toi ont réellement fait telle différence Tes mots simples et pourtant tellement intenses Laisseront leur marque indélébile dans nos sens Et le moment venu, bon vent, Petit Papillon de Mer, bon vent....
© Photos Revesdemarins & Armand Burguet
Que l'Automne prenne encore bien son temps avant d'emporter ces quelques petits papillons vers l'Hiver...
A Guy, Jean-Pierre, Annie et les autres... Bon dimanche à tous.
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August 2023
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