Puisqu’écrire ce blog du WE me délasse encore, pourquoi ne pas le poursuivre en 2020 encore quelque temps ? En espérant que cette nouvelle série de sujets vous plairont quelque peu. Alors voici un premier billet pour cette nouvelle année. J’espère qu’il vous portera chance pour la débuter.
Il était une fois une barque...
Il était une fois une barque... Elle flottait doucement le long de la rive, tendrement bercée par le rythme des flots allant et venant. Discrète près des berges couvertes de roseaux aux plumets duveteux.
Un homme passant par là, la dépassa sans la voir. Le lendemain, il reprit le même chemin. Le vent était tombé et le silence n’était plus couvert que par le gentil clapotis de l’eau contre ses flancs de bois. Telle un joueur de marimba, l’eau y lançait quelques accords à peine audibles, mais au son envoûtant. Intrigué par le bruit, l’homme s’approcha de la rive. Tout d’abord, il ne vit rien sauf les longues lianes dorées des plantes aquatiques. Il se risqua alors à faire un pas un peu plus loin et à écarter les tiges, comme on ouvre un rideau. Quelle ne fut alors sa surprise de découvrir une petite embarcation de bois. Cinq ou six mètres de long tout au plus. "Et dire que je prends ce chemin tous les jours et je ne l’ai jamais aperçue. Quelque pêcheur doit l’avoir abandonnée ici." , se dit-il. L’homme s’avança un peu plus en avant. La damoiselle semblait l’attendre. Il écarquilla les yeux en l’inspectant. Une robe de bois blond, des courbes discrètes mais résolument attirantes. Une silhouette à première vue frêle, mais à bien y regarder, une structure bien charpentée. Croisées le long de son buste, quatre rames, parfaitement symétriques d’un bois aux teintes mordorées. L’homme jeta un regard autour de lui : personne sur l’eau, et pas âme qui vive sur les berges. Alors, il n’y tint plus et attira le navire vers lui. Il enjamba le bord et posa son pied en son sein. La demoiselle ne bronchit pas et ne gîta même pas. Elle se montra d’une stabilité étonnante. Il s’assit sur un des trois petits bancs de bois intérieurs. La barque ne frémit pas d’une once sur l’eau. Il flatta lentement son bord du bout des doigts, comme on fait d’une première timide caresse sur une main. Son toucher était chaud, doux. Il inspecta la belle : des planches parfaitement emboîtées, à chaque extrémité solidement calfeutrées de goudron et fixées par des gros clous plats.
Une ligne totalement symétrique, parfaite ! Fine, gracieuse, avec un point d’attaque en pointe pour braver les flots. Une vraie beauté ! L’homme tomba immédiatement sous le charme. Il ne put s’empêcher de caresser les rames savamment posées en équilibre sur les rebords des bancs intérieurs. Toutes portaient un numéro distinct. Chacune d’entre elle représentait son pesant de bois. Mais l’homme était fort et habile de ses mains. Il en pris deux qu’il inséra dans les dames de nage pour les fixer et les faire pivoter dans l’eau. Comme par miracle, les avirons se laissèrent faire sans résistance aucune. Un solide coup de bras suffit à l’homme pour alors libérer l’embarcation de son amarrage. Et les voici partis sur l'eau !
Une fois Embarqué, Une fois Envoûté
Jour après jour, année après année, l’homme revint chaque jour mais personne ne vint jamais réclamer la barque. Et la belle l’emmena toujours un peu plus loin, peu importe les vents, la neige ou même la glace qu’ils durent briser ensemble. Bien sûr, il y eut des journées froides et humides. Des jours de disette sans prise de pêche. Des moments où leur synchronisation laissa vraiment à désirer et où ils firent du sur place durant de longues heures avant de parvenir à repartir dans la bonne direction. Des jours de fatigue où les rames lui semblèrent bien lourdes à porter pour continuer à avancer. Des éclaboussures, de l’eau à écoper après de grosses vagues et même quelques virées par dessus bord, les jours d’orage ou de très grand vent. Au cours des années, il y eut des jurons, des larmes et des grandes lassitudes. Mais toujours, la barque l'attendit patiemment sans jamais l’abandonner ni dériver hors de sa portée. Et toujours, l’homme remonta à bord. Éreinté mais rassuré de sa présence. Les deux compagnons ne se quittèrent plus. Comme de vieux amants. Sans vraiment se parler, mais en connaissant tous les recoins de l’un et l’autre, ses forces et ses faiblesses. Une vieille barque pour un vieux pêcheur. Un embarquement pour un envoûtement.
© Photos – Rêvesdemarins
Færing
Je vous souhaite une barque solide et fiable qui vous emmènera vers les horizons et les berges de vos souhaits en 2020, à travers vagues, remous et vents. Même s’il vous faudra sérieusement ramer, que ce soit seul ou à plusieurs. Bon début d’année à tous !
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AuteurArchives
August 2023
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