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Le Rêve de Luka

10/9/2017

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Il était une fois un petit village de pêcheurs sur une île dalmate, au fond d'une charmante baie entourée d'oliviers, de cyprès et de vignes...

Ce hameau portait le nom de Sipanska Luka. Dans ce patelin perdu, il ne se passait jamais rien d'extraordinaire. Les jours se succèdaient au rythme des marées, des coups de vent et des barques de pêche qui allaient et venaient dans le soleil,de plomb sur la mer turquoise.

Au bout du petit port bordé de maisons délabrées aux toits de tuiles rouges, vivait un pêcheur qui se prénommait Pevska. L'homme était dur et sévère avec ses hommes de mer. Il avait le courage de ces marins prêts à affronter les pires tempêtes sans sourciller. Dans ces contrées, le temps pouvait passer d'un ciel sans nuages à un orage terrifiant en quelques heures seulement. Le métier de marin-pêcheur était rude, physique et souvent ingrat. S'il n'hésitait pas à houspiller ses hommes et à leur passer une bonne colère lorsqu'ils ne lui donnaient pas satisfaction dans leurs tâches à bord (ou à quai ! ), il avait cependant le cœur bon et juste. Et l'homme savait reconnaître le labeur bien fait.

​Pevska avait un jeune fils : Luka, dont il était très fier et au prénom évocateur puisqu'il signifiait "port" dans la langue locale. Les deux hommes se ressemblaient : une peau hâlée, des yeux de braise espiègles et une chevelure noir geais en bataille. Ils partageaient tous deux la même passion de l'aventure et des flots.


Un beau jour, un étranger blond aux yeux bleus parlant une drôle de langue et armé d'outils bizarres tels que pelles, pioches et brosses, débarqua au village. Il se mit à y creuser la terre autour de la vieille porte en pierre à l'entrée du hameau et décrèta cette dernière patrimoine archéologique. Selon le savant, elle aurait jadis protégé la flotte de Pompée des troupes de César. Et il lui donna ainsi le nom illustre de Porta Pompeiana. Il parlait un peu le patois local. Et le soir, sur la petite place de l'église, Luka était fasciné par les récits de cet homme différent des siens.

Luka et son père aimaient leur contrée plus que tout. Ils vivaient simplement, du produit de leur pêche et des récoltes des vignes et oliviers centenaires, ainsi que de leur petit jardinet et verger où poussaient figuiers, citronniers, plants de tomates et pommes grenades. Toutefois, Luka rêvait souvent d'autres horizons. Lors de ses journées de pêche au large, il aperçevait souvent au loin ces navires grands comme des immeubles de dix étages ou aux allures d'anciens gallions pirates, à bord desquels il semblait bon vivre : on y entendait musique, rires et joyeusetés. Les gens y étaient habillés pour la plage, le restaurant ou encore le casino. Tous avaient l'air de s'y amuser follement. Et Luka rêvait secrètement de s'embarquer un jour avec l'un d'eux. Son père avait beau l'emmener en mer et lui faire découvrir les merveilles de son métier, la passion de la pêche ne parvenait plus à sortir son fils de ses rêveries chimériques.

A ses dix-huit ans, Luka décida de tenter sa chance dans cet autre monde et un matin au lever du soleil, il se prépara à quitter la maison familiale. Son père l'attendait sur le pas de la porte et lui dit : Mon cher fils, je vois bien que la vie calme de ce hameau t'attriste et que tu songes en secret à une autre existence, là-bas où vont les gens de la terre ferme et d'où est jadis venu cet étranger. Alors, je ne te retiendrai pas ici. Tu es libre de faire ta vie comme tu l'entends, même si cela signifie que tu doives t'éloigner de moi. Ton bonheur est la chose qui m'importe le plus au monde. Alors, voici un peu d'argent, une paire de nouvelles chaussures et une redingote. Prends aussi ce filet et cet hameçon, ils pourront toujours te servir les jours de disette. Ces quelques présents te permettront de commencer cette nouvelle vie dont tu rêves tant depuis toutes ces années. Luka ne su quoi dire. Il était ému du geste de Pevska. Il s'attendait à une dispute et voici que ses parents lui souhaitent bon vent... Il se contenta donc de serrer son père dans ses bras et d'embrasser sa mère. Puis, il se rendit, guilleret, vers le ferry qui allait l'emmener vers sa nouvelle vie. Il ne vit pas les larmes de sa mère.
- Crois-tu réellement qu'il trouvera son bonheur sur ces cathédrales de touristes ?
- Non, ma chère femme, mais cela, il faudra qu'il le comprenne d'abord par lui-même. Il nous reviendra ensuite. Sois sans crainte.
- J'espère que tu dis vrai, Pevska...

© Photos – Rêvesdemarins
Luka était parvenu à se faire un ami du capitaine du ferry qui l'emmenait loin de son île natale. Et ce dernier lui proposa de lui trouver un emploi sur un grand navire de tourisme, comme manutentionnaire. Luka sauta de joie : il allait enfin réaliser son rêve ! Le lendemain matin, il se rendit aux aurores au port de la métropole. Au quai était amarré un Titan : le "Queen Mary". De loin, on aurait dit un gratte-ciel. Il dépassait tous les toits et tours des églises environnantes. Ses trois cheminées immenses crachaient des fumées grises nauséabondes. Une fois á bord, Luka eut le sentiment de se trouver dans une fourmilière : plus de deux mille passagers et membres d'équipage. Un peu perdu, il demanda au premier homme en uniforme qu'il rencontra :
- Excusez-moi, je commence aujourd'hui comme manutentionnaire. Pourriez-vous me...
- Ah, encore un nouveau mandaï ! Probablement pour remplacer ceux qu' on a mis dehors hier. Va voir sur le pont numéro moins quatre, lui jeta l'homme habillé de blanc,
d'un ton bourru et d'un regard dédaigneux.
- Quel accueil déçevant, se dit en lui-même Luka. Cet homme doit probablement être énervé á cause du départ. Et il continua son chemin à la recherche du quartier où il avait été assigné.

Après de longues pérégrinations pour trouver le fameux pont, Luka finit par parvenir à son futur lieu de travail : les cales bruyantes où se trouvaient les moteurs. Il y faisait une chaleur dantesque. Et il pouvait à peine y entendre les ordres de son contremaître. On lui expliqua en quelques mots en quoi allait consister son travail, puis il fut laissé pour compte dans le local pestilentiel. Ses infortunés compagnons de labeur suaient à grosses gouttes. Et lorsque des heures plus tard, une fois en mer, on leur permit de sortir de leur cale pour une demi-heure de pause, Luka poussa un soupir de soulagement : de l'air enfin... Il se promena sur le pont et se dirigea vers l'étrave pour voir la mer ! En chemin, il croisa des passagers. Á chacun d'entre eux, il dit gentiment bonjour. Mais aucun ne lui rendit son salut. Ils le regardaient d'un air dégoûté de ses pantalons emplis d'huile de moteur et de ses mains encore noires de diesel, même encore après les avoir lavées. Ils parlaient une langue incompréhensible. Une autre fois même, lors d'une de ses sorties, il voulu ramasser le jouet d'un enfant tombé et le rendre à ce dernier. Et là, les parents l'injurièrent tellement fort qu' un officier intervint et renvoya Luka à son local de travail avant la fin de sa pause en lui interdisant tout contact avec les passagers à l'avenir, sous risque de se voir limoger sur le champs.

© Photos – Rêvesdemarins
Les jours et les mois passaient, et Luka n'avait toujours pas vu la terre ferme. Mais, ce matin-là, quelle ne fut sa surprise de reconnaître sa côte natale. Il ne put se contenir de joie lorsqu'il réalisa que le navire jetait l'ancre au large d'un village qu'il connaissait bien. C'était son jour de congé. Il demanda donc l'autorisation de quitter le bâtiment pour quelques heures. Enfin de l'air ! La grande porte à battant vomissait son flot de passagers. Il dut attendre la fin du débarquement pour pouvoir entrer dans la grande barque qui allait le mener à terre. Quelle joie de se retrouver sur l'eau et de croiser quelques uns de ses compagnons de pêche... Là au moins, les habitants indigènes lui faisaient signe de la main et lui adressaient la parole. Une fois à terre, Luka sentit à nouveau l'odeur des pins parasols, des cyprès et de la menthe. Il emplissait ses narines des effluves des poissons fraîchement pêchés. Son village n'avait pas changé, mis à part peut-être... ces quelques cafés et petits magasins qu'il n'avait jamais vus auparavant. Et puis aussi, sur le sol, des détritus laissés pour compte, des bouteilles, mégots de cigarettes et emballages de crème-glace. Les filets de pêches sèchaient toujours sur le vieux mur au bord de l'eau. Mais un stand de canoës remplaçait à présent l'emplacement des vieilles barques, lesquelles avaient été reléguées dans un coin sombre de la minuscule marina. Et de nombreux bateaux à moteur avait pris la place des barques en bois.

Il se rendit à la demeure de ses parents, qui l'accueillirent á bras ouvert. Ils avaient l'air fatigués, mais heureux de le revoir.
- Tu es enfin revenu au pays !
- Je ne suis que de passage, ma chère maman.
- Es-tu au moins heureux dans ton nouveau métier, dis-moi ?
- Bien sûr, je vois du pays, je voyage... Tout cela avec des gens importants, rétorqua-t-il un peu trop prestement, le regard baissé.
Mais au fond de lui, Luka ne croyait pas ses propres mots... Son village et son ancienne vie lui manquaient et il ne pouvait s'empêcher d'être déçu par la nouvelle existence qu'il avait choisie. Son regard gêné n'échappa pas à son père.

Il passa un peu de temps avec les siens, puis comme l'heure tournait, il leur fit ses adieux et reprit le chemin du navire. Il entendit la sirène qui rappelait les plaisanciers à bord. En retraversant le village, il remarqua alors une altercation : des touristes avaient jeté leurs ordures sur le bord du chemin et un pêcheur local leur avait gentiment demandé de les ramasser. Les visiteurs avaient alors traité le vieil homme de noms d'oiseaux et l'avaient bousculé. Le vieillard aux cheveux blancs était tombé sans pouvoir se relever seul. Luka resta sous le choc et se précipita pour l'aider à se remettre sur ses pieds.
- Quels rustres ! Vous n'avez rien grand-père ?
- Non, il n'y a que mon cœur qui saigne, mon fils. Ces hôtes indésirables deviennent de plus en plus insupportables et irrespectueux. Jour après jour, ils débarquent ici, parlent fort, mettent de la musique à tout casser, se saoûlent sans gêne et jettent leurs détritus par terre sans sourciller. Ils se croient les rois, jamais ne nous saluent et nous méprisent. Ils rentrent jusque dans l'intimité de nos demeures pour les photographier. Et pourtant, c'est de leurs visites qu'il nous faut vivre à présent car le produit de nos pêches ne suffit plus à notre subsistance. Il nous faut toujours aller pêcher plus loin pour trouver du poisson et je n'ai plus la force. Ton père doit parfois partir toute une semaine en mer pour revenir avec une bonne prise. Mais il se fait vieux, lui aussi. Il n'y a plus suffisamment de jeunes pour nous aider. Ils sont tous partis comme toi... Dans la grande ville où sur ces monstres des mers pour y trouver une vie meilleure.

© Photos – Rêvesdemarins
Luka se remit alors en marche vers le navire. Au loin, il entendit la cloche de l'église sur le belvédère au sommet de la colline. Elle lui rappella son enfance et ses jours heureux dans le village. Son pas se fit plus lourd, et au moment d'embarquer, il hésita. Puis il fit soudain demi-tour et repartit vers le petit port dalmate. Sa décision fut prise : son rêve, il venait de le retrouver. Et il était là, sous ses yeux, au beau milieu des vieux filets de pêche multicolores et des oliviers centenaires...
Je vous rassure, ce récit romancé ne représente pas la réalité de la petite île de Sinpa et ses ports pittoresques au Sud-Ouest de Dubrovnik. Ces derniers n'ont pas encore capitulé face au tourisme de masse, bien présents par contre sur le continent tout proche. Et j'ai découvert le village de Luka comme un havre de paix avec délectation. Mais la menace est bien réelle... Libre à nous de l'empêcher de se réaliser...

Je vous souhaite un excellent dimanche à tous d' un joli port croate.
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