Il y a deux semaines, c’était la journée contre l’abandon des animaux de compagnie. Et nous voici en plein mois de juillet et donc de vacances d’été. Il est donc grand temps de lancer le sujet. Et oui, les animaux en mer, cela existe depuis la nuit des temps !
Animaux de bord
De Noé à nos jours, en toutes époques, les hommes n'ont pas hésité à amener une ménagerie à bord, même lors de leurs voyages au long cours. Les anciens Égyptiens emmenaient des chats à bord pour chasser les oiseaux le long des rives du Nil. Les cargos marchands phéniciens utilisaient des félins domestiqués pour le contrôle des rongeurs, ce qui a contribué à la dissémination de ces petites boules de poils à moustaches à travers les diverses régions du monde. Cette habitude fut d’ailleurs perpétuée jusqu’en 1975, y compris sur de grands navires ou croiseurs tels que le HMS Encounter. A l’époque des croisades, chevaux et volailles faisaient partie des compagnons indispensables à la survie, au transport ou aux batailles à l’arrivée. Durant la prise de l’Angleterre par les Normands en 1066, Guillaume le Conquérant a transporté plus de deux mille chevaux pour traverser la Manche. Lors des grandes découvertes de ce monde, les capitaines connaissaient la valeur des animaux tant pour les denrées à bord que comme preuves de leurs découvertes du Nouveau Monde (perroquets, lamas, dindes… ). Ce sont d’ailleurs ces grandes épopées historiques qui ont importé les équidés sur le continent américain et permis une nouvelle évolution écologique et économique sur ce continent. A bord du Titanic, on ne comptait pas moins d’une cinquantaine de chiens, quatre poules, un coq, une trentaine de poulets, un canard et un petit cochon. Sans oublier les milliers de rats… Que dire également de l’extraordinaire force de traction des animaux de halage pour faire avancer les bateaux le long de nos fleuves, avant qu’ils ne soient détrônés par le moteur diésel. Chevaux, mules et ânes « de tirage » (plus rarement des bœufs) ont pendant plusieurs siècles déplacé de lourdes embarcations le long des chemins de halage qui bordaient les voies d’eau. « Entre dans l'arche, toi et toute ta famille, car je t'ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. De tous les animaux purs, tu prendras sept paires, le mâle et la femelle; des animaux qui ne sont pas purs, tu prendras un couple, le mâle et la femelle et aussi des oiseaux du ciel, sept paires, le mâle et la femelle, pour perpétuer la race sur toute la terre. Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits et j'effacerai de la surface du sol tous les êtres que j'ai faits » (Genèse 7 : 1 ~ 4)
© Photos – Wikipedia
Noms d’animaux
Ceux qui ne les emmènent pas à bord nomment leur frégate en honneur à l’équipage de l’arche de Noah : l’Oiseau, l’Hirondelle, l’Aigrette, le Pélican, le Dauphin, l’Aigle, le Faucon, le Lion, le Tigre, le Léopard ou encore la Panthère. Tous rendent hommage à leurs qualités ou leur force. Nombre de navires de flotte de grands monarques n’ont pas manqué à cette tradition.
Connaissiez-vous également ces vocables animaliers sur un navire ?
Le seul animal maudit à bord demeure celui aux longues oreilles. Celui-là même qui jadis apporta maladies à bord et dont prononcer le nom porte encore aujourd’hui malheur aux marins…
L’heure du chien
Les marins modernes ont perpétré la tradition en faisant de leur embarcation une mini-arche de Noah. Guirec Soudée, un jeune Breton part faire un tour du monde à la voile, accompagné par Monique, une poule rousse. Ensemble, ils passent ainsi 130 jours sur leur voilier Yvinec en autonomie au Groenland et sont les plus jeunes au monde à passer le Passage Nor Ouest en solitaire (ou presque) et sans assistance en 2016. La poule aux œufs… d’or pour sa subsistance !
Un animal terrien, "ce n’est pas fait pour vivre en mer… ", me direz-vous. Et il en a qui sont mieux adaptés à une sortie en bateau que d'autres. Si vous êtes un inconditionnel des éléphants, des fauves ou même des lamas, les embarquer risque d'être un peu plus compliqué... A moins d'avoir un très grand voilier ;-). Aux adeptes du poisson rouge, par contre, cela peut s'arranger (en eau douce du moins).
Un animal à bord possède des besoins particuliers, un équilibre fait pour un sol immobile et le mal de mer ! (J'ai dû être une animal dans une vie antérieure... ). Ce n’est pas super pratique à bord. Ils sont malades, font leurs crasses et des dégâts et ont surtout besoin de pouvoir se dégourdir les pattes au lieu de rester enfermés dans le cockpit ou le carré. Et pourtant, pas mal de navigateurs osent passer le pas et emmener leur compagnon à bord. Il vous faudra prendre ses besoins spécifiques en compte : longe, ligne de vie, harnais fluorescent, gilet de sauvetage pour animal… Un tapis, une couverture et de quoi le rincer. Renseignez- vous également quant aux formalités administratives les concernant: vaccins et traitements antiparasitaires imposés par les services de douane, documents officiels indispensables (certificat vétérinaire, passeport européen pour animaux de compagnie ainsi qu'enregistrement de l’animal par puce électronique ou tatouage, qui peut être obligatoire). Il vous faudra aussi veiller à prévoir des sorties en mer progressives et surtout beaucoup de tolérance…. Certains adoreront, d’autres vous demanderont de fréquentes escales. Certaines races sont attirées par l’eau et d’excellents nageurs (Terre-neuve, caniche… ). D’autres par contre exigeront une place douillette exclusivement à bord (à mon avis, ce serait le cas de mon vieux chat… ). Mais dans tous les cas, si vous partez naviguer, ne les laissez pas seuls et ne les abandonnez en aucun cas... Trouvez un bon animal-sitter ! Et si personne n’est disponible pour bien s’occuper d’eux durant votre absence, remettez alors vos projets de vacances à plus tard… Eux aussi ont droit à votre présence. Un animal, c’est comme un enfant, on le prend pour la vie.
Comme expliqué dans un billet précédent « La solitude de l’été », je ne vois généralement pas arriver les mois estivaux d’un œil trop euphorique. Non pas que je n’aime pas les congés (les mauvaises langues diront que je travaille trop, faute à mon bien aimé grand-père dont l’adage favori était de nous dire « travaille ! » ;-)). Ni que je dédaigne le soleil (même si ma peau claire n’est pas toujours trop d’accord). Non, la saison est simplement signe de désinvolture, d’égoïsme et de manque de responsabilités pour certains personnages lorsqu’il s’agit d’animaux de compagnie. Les refuges débordent. Les abandons font foison. Et cela me révolte profondément. Un animal n’est pas un « cadeau pour les enfants », qu’on jette simplement lorsqu’il devient gênant. Il demande de la maturité pour en assumer la responsabilité et les nombreuses contraintes des années durant. Un animal, c’est un être vivant que vous garderez entre deux et trente ans. Et parfois bien plus longtemps encore (perroquet, cheval, tortue…). Tout comme un humain, ils tombent malades, occasionnent des frais parfois très importants et requièrent une attention à tout moment. Un choix crucial avant de décider d’adopter.
La cause animale m’est chère depuis toujours. Telle une femme de marin qui attend patiemment le retour de son homme, ils sont toujours fidèles au poste et heureux de vous voir. Ils ne vous en veulent jamais de rentrer tard et de les avoir fait patienter (à part le chat peut-être, qui sait bien vous intimer qu’il râle à sa « propre » manière… ). Contrairement aux humains, ils vous montreront un attachement sans conditions.
Au vu de la météo de ce mois de juillet et de nos récentes expériences du déluge dans mon habitation, la tentation est d’autant plus grande de me mettre à la construction d’une arche flottante pour y emmener ma petite ménagerie…
En vous souhaitant à tous, princes et princesses charmant(e)s un excellent dimanche et de ne pas vous transformer en grenouilles :-) malgré le climat un peu humide.
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AuteurArchives
August 2023
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