Le Livre de la Jungle, rien à voir avec la mer pour une fois... Et non... Mais un voyage tout de même... Un billet un peu différent...
La Jungle, je m'y promène chaque jour. Si, si, regardez d'un peu plus près autour de vous.
Au travail tout d'abord. Un patron jovial King Louie, qui se dit cool derrière une ambition dévorante soigneusement masquée? Mais avec qui on passe tout de même de sacrés bons moments! Ou ce superviseur ultra-discipliné qui prend ses grands airs de Colonel Hati et vous tape sur les nerfs avec sa manie de l'exactitude? A quoi bon arriver à temps? Les autres sont de toute manière toujours en retard... A moins que ce soit le collègue Kaa qui n'attend que le moment propice (celui où vous êtes plus vulnérable), pour retourner sa veste et usurper votre place en catimini? Et je ne vous parle même pas de Shere Khan, grand maître de la productivité, qui vous poursuit sans cesse et dont l'image ne cesse de hanter vos nuits blanches. A la maison. un petit d'homme qui ne cesse de réclamer pitance, attention et jeux. La nécessité de rénover l'habitation, organiser des week ends, des vacances, des obligations familiales, faire la cueillette, la chasse et autres activités de subsistance qui s'ajoutent à la charge de travail, déjà bien lourde, des activités professionnelles. Et l'impérieuse fierté de parvenir à tout mener de front. Pas question de laisser le petit d'homme sans activité, livré à sa seule imagination: il risquerait de s'ennuyer, ou pire de régresser dans son équilibre mental. Aujourd'hui, il faut lui faire faire du sport de compétition, des arts, du théâtre et des activités sociales. S'essayer à de nouvelles disciplines. Et de préférence, tout cela la même semaine... Surtout ne pas verser dans l'oisiveté. Les générations d'aujourd'hui sont devenues incroyablement multi-fonctionnelles, poussées vers toujours plus. Non plus des petits d'hommes, mais des petits d'hyper-hommes.
Evoluer seul dans la Jungle? Et si les singes enlevaient le petit d'homme? Et si Kaa l'envoûtait par ses paroles sussureuses? Et si les vautours l'incitaient vers de sombres occupations? Grands Dieux... Surtout ne pas le laisser dans leurs griffes. L'accompagner partout et à tout moment. Et, finalement, il compte de toute manière sur vous pour l'amener à tous ses rendez-vous.
Tout d'abord ce besoin pressant de perfection... Ou du moins de paraître parfait. Et de prouver qu'on est à même de tout faire... Impossible! Superman (et Superwoman) n'existe que dans les récits de Marvel. Désolée de vous décevoir... Dans la Jungle, chacun ne peut que trouver son propre chemin, plus ou moins sinueux, avec des trébuchements, des erreurs de route et des pierres dans les sandales. Il est irréaliste de penser que l'on puisse traverser la Jungle en ligne droite et sans salir ses vêtements... La perfection n'est pas de ce monde.
Ensuite les récents évènements sociétaux qui minent le sentiment de sécurité dans des lieux publics, que ce soit à cause du trafic, des attentats, des malfrats, de la drogue, des tentations sociales ou encore simplement de la météo. Et qui nous poussent à nous replier sur nous mêmes, sur-protéger et oublier que pour grandir, il faut obligatoirement passer par des erreurs, que ce soient les nôtres ou celles de nos jeunes. Notre Jungle s'avère un monde de contradictions: nous désirons faire des générations futures des hommes parfaits en leur imposant une pression de la réussite. Et en parallèle, la société d'aujourd'hui se retrouve tirée par le bas en termes d'éducation et de connaissances alors que le monde technologique avance à toute allure. Quelle dichotomie renversante....
Des récits comme celui-là, j'en entends des dizaines autour de moi. Le Shere Khan du siècle: le Burn-out. Un mal insidieux. Qu'on ne voit généralement pas arriver. Mais qui frappe sans pitié ceux qui n'ont pas pris un peu de distance par rapport au rythme éffréné de la Jungle. Où que vous alliez, vous retrouverez une autre Jungle. Elle portera un autre nom, avec d'autres hôtes, mais restera Jungle tout de même. Et pourtant, il est tout à fait possible d'y trouver un équilibre de vie, à condition de respecter quelques règles simples et ne pas tenter d'attraper trois lianes à la fois pour avancer. Et heureusement, la Jungle compte également des Baloo, Akela et Bagheera, pour remettre quelque peu de pondération dans tout cela. Il suffit d'accepter de les écouter de temps à autre.
"A quoi bon être un homme, se dit-il, si l'on ne comprend pas le langage des hommes? "
Dans ma Jungle à moi, veille toujours quelqu'un sur moi. Que ce soit un Baloo qui me rend la joie de vivre et des moments de légèreté où la pression se relâche, autour d'un bon repas, une partie de rires ou de musique... Un Bagheera ou un Akela qui me remettent sur le droit chemin lorsque mon coeur ou ma raison faiblissent. Ou encore une Raksha qui m'ouvre l'accès à la meute lorsque je me sens seule et me prodigue réconfort et tendresse. Homme parmi les bêtes. Parfois, je ne comprends plus les hommes. Et dans ces moments-là, il faut au petit d'homme une jolie villageoise pour lui rendre l'envie de comprendre les hommes... Et faire l'effort d'apprendre ou de réapprendre leur language.
Alors, ne laissez pas la Jungle prendre possession de votre vie. Profitez de sa beauté sauvage sans vous laisser emporter par ses dangers. Et si vous vous perdez au détour d'un chemin, appelez vos veilleurs à l'aide. Il y en aura toujours au moins un pour vous sortir d'affaire et vous ramener au village des hommes...
Ici une photo de quelques uns de mes Baloo, Bagheera et Raksha à moi...
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AuteurArchives
August 2023
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