Et je me sens un peu comme ce lapin en costume trois pièces du Pays des Merveilles. Si mes joyeux lurons microbiens ont enfin partiellement quitté mon domicile, par contre le début d'année professionnel est reparti sur les chapeaux de roues pour rattraper le retard passé dans mon lit des dix premiers jours de janvier. Car les délais des projets clients, eux, n'ont pas été retardés. Et je cours après le temps...
Je sais, certains d'entre vous qui me connaissent diront que la ponctualité ne fait pas toujours partie de mes qualités privées. Probablement aussi un peu dans mes gènes... J'ai la manie de vouloir faire beaucoup de choses simultanément et lorsqu'il me reste un peu de temps libre avant un rendez-vous familial, de commencer une nouvelle tâche, au lieu de prendre une pause et de partir bien à l'avance... Une routine qui en a exaspéré plus d'un... Mea culpa. Dans ma vie professionnelle, j'ai, heureusement, banni cette pratique depuis bien longtemps en faisant un point d'honneur d'arriver à l'avance à mes rendez-vous et respecter mes engagements de planning. Me reste encore à l'appliquer dans ma vie privée... Une chose à la fois... Alors j'en profite pour vous parler dans ce billet du "Temps" et de quelques uns des mystères qui l'entourent.
Sur un voilier, le temps semble prendre une autre dimension.
"Rien ne sert de courir, il faut partir à temps. " (Le Lièvre et la Tortue, Jean de La Fontaine)
D'une part, la synchronisation des gestes des équipiers et du capitaine est primordiale pour des manoeuvres réussies, un gain de vitesse, voire la survie de l'équipage. Un virement de bord ou un empannage ne peut s'avérer efficace et réussi que lorsque l'écoute de génois est relâchée rapidement, à ce même moment précis où la voile commence à faseyer et où l'écoute de l'autre bord est simultanément récupérée et bordée au winch sur l'autre bord. Tout est une question de coordination, simultanéité et précision dans le temps. Même chose pour la délicate manoeuvre que celle du spi, entre l'équipier au brassage, celui à l'écoute de spi, celui au piano, celui à la chaussette ou à l'étrave pour le faire changer de bord, sans oublier le skipper à la barre. Tout ce petit monde doit être parfaitement synchronisé pour parvenir à maîtriser la grande voile bombée. Vous souvenez-vous de vos premiers ancrages ? Moi oui ! Celui qui manipule la chaîne d'ancre a intérêt à se mettre d'accord sur le rythme à suivre avec celui qui dirige la commande électrique de l'ancre, s'il ne veut pas se faire coincer les doigts dans les maillons. Et pour accoster à quai, ou prendre un coffre, pas question de prendre sa pause au moment où les gestes doivent se suivre dans le bon ordre en temps voulu entre les marins et les amarres.
Un mouvement en retard et d'incohérence entre les acteurs et toute la séquence est brisée. Et au revoir la jolie manoeuvre.
© Photos - Rêvesdemarins
"Tout vient à point à qui sait attendre. " (Rabelais)
D'autre part, à la voile, la patience est bonne conseillère. On y apprend à lâcher prise (mon premier challenge), à prendre le temps comme il vient (je dois faire un effort sérieux ici) et surtout à ne plus tout vouloir contrôler (alors, là le défi devient hautement complexe pour moi... ). On y est dépendant de la météo, du vent, des vagues. Forcer les heures et braver la nature ne résulte souvent qu'en mauvaises expériences. La voile n'est pas faite pour les gens pressés, ni ceux trop à cheval sur leur planning horaire. Une raison de plus pour moi de poursuivre cette discipline : j'y apprends quelque chose d'utile (et d'agréable).
The right Place at the right Time
Croyez vous aux coïncidences ? Ou plutôt, à LA coïncidence ?
"Fait de coïncider, d'avoir lieu en même temps, d'être identique en date ou en durée - Identité de forme et de dimension qui les fait s'ajuster point par point, se confondre exactement, correspondance - Simultanéité fortuite de deux ou plusieurs événements ou circonstances". (Dictionnaire de l'Université de Caen.)
Certains appellent cela la chance, le hasard, le flair ou le Destin. Nous avons tous vécu de ces expériences où nous nous trouvons à un endroit et l'instant précis où un évènement hors du commun a lieu : l'observation d'une étoile filante en plein hiver, une rencontre impromptue au coin d'une rue, la grippe imprévue qui nous évite d'assister à une réunion désagréable, ce train que nous devions normalement prendre le jour d'avant et qui nous emmène ailleurs que prévu, ou encore, dans les cas les plus extrêmes le bus qu'on a raté et qui vient de s'accidenter sans nous. Sans oublier ces anniversaires ou ces célébrations qui tombent juste la même date, ces propositions d'emploi alléchantes lorsque nous ne sommes inévitablement pas disponibles pour une autre mission. Et la désolation de ne pas encore posséder le don d'ubiquité. Il y a très souvent eu (et encore aujourd'hui) dans ma vie nombre de telles coïncidences marquantes. Faut-il y donc voir un signe ?
Sans oublier la célèbre Loi des Séries ? Et la Loi de notre ami Murphy. La machine à laver qui tombe en panne en même temps que le frigo. La cafetière qui rend l'âme en même temps que votre moteur de voiture... Et le sentiment que le sort s'acharne sur vous. Alors, qu'il ne s'agit souvent en réalité qu'un résultat purement mathématique de la durée de vie de vos appareils ménagers, tous datant environ de la même époque d'achat. Et si je ne suis pas superstitieuse, j'avoue qu'une journée qui commence mal me fait souvent m'inquiéter brièvement sur la suite de son déroulement, Mais, chacun possède généralement la capacité d'influencer son verre vide pour le voir finalement à moitié rempli... Et je m'efforce de faire partie de ceux-là.
En 1972, Arthur Koestler, un auteur britannico-hongrois, écrivit "The Roots of Coincidence". Une introduction aux théories de la parapsychologie, de la perception extra-sensorielle et de la psychokinèse. Un ouvrage déclarant les liens entre la physique moderne, son interaction avec le temps et les phénomènes paranormaux. Inutile de dire que la science s'est empressée de décrier cet ouvrage, auquel il fut rapidement reproché de ne tenir compte que des preuves expérimentales allant dans le sens de ses assertions. Qui sait si Arthur Koestler avait raison... Hasard ou Non ?
Synchronicity
En termes de synchronisation, il n'y a pas qu'à la voile qu'une bonne coordination des mouvements entre partenaires influence le résultat. En spectacle ou en musique (pensez aux acrobates de groupe, cavaliers ou trapézistes ! ), il en est de même. J'ai récemment découvert "Walk off the Earth", un groupe rock canadien jouant des covers, époustouflant par leur coordination (et créativité) artistique. Voyez plutôt par vous-mêmes.
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August 2023
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