Pourquoi pas un petit billet de saison, ce WE ?
Dans les chaumières ces derniers soirs, on voit une apparition inhabituelle de légumes sur les pas des portes, de silhouettes fantomatiques et de bougies à la flamme vacillante. Les magasins sortent leurs meilleurs slogans, les fleuristes leurs plus beaux pots et les enfants préparent leurs grands paniers pour les remplir de pétales ou de bonbons. Bref, une période particulière.
Halloween, Fête de la Toussaint, Fête des Défunts. Trois célébrations qui se suivent en une et seule même période de trois jours consécutifs ou « triduum». Une célébration religieuse devenue opportunité commerciale, se plaindront certains. Une commémoration importante, affirmeront d’autres. Rien à voir avec la mer ni les voyages, me direz-vous ? Détrompez-vous.... Ces traditions nous emmènent en Irlande, Ecosse, Bretagne ou encore en Amérique latine... A d’autres dates et sous d’autres formes, on retrouve leurs équivalents locaux en Chine, au Japon ou en Inde notamment.
Et puis, si nous transformions le mot « Hallowtide » en « Hallow Tide » en le traduisant librement en « Marée des Souvenirs »... Traduction très très libre, j’en conviens. Mais plus joli, non ?
Samhain
Halloween. Le 31 octobre, c’est le moment de retrouver ceux qu’on a aimé. Les Celtes croyaient en une nuit où une porte s’ouvrait entre le monde des vivants et celui des morts (gardé par le dieu Samhain). Un peu comme une mer qui s’ouvre pour laisser remonter à la surface les marins engloutis dans son linceul d’azur, pour une nuit à bord avec leur équipage. Une seule nuit enchantée qui s'échappe une fois par an entre les méandres du temps pour permettre aux deux mondes de se réunir. C’est pourquoi nos ancêtres laissaient leur porte ouverte, une place à table et une lanterne allumée pour les guider.
Par tradition, les villageois celtes éteignaient le feu de cheminée dans leur foyer puis se rassemblaient en cercle autour du feu sacré de l'autel, où le feu était aussi étouffé pour éviter l'intrusion d'esprits maléfiques dans le village. Après la cérémonie, chaque foyer recevait des braises encore chaudes pour rallumer le feu dans leurs maisons pour ainsi protéger la famille des dangers de l'année à venir. (Source Wikipedia)
Imaginez une seconde... Une nuit où nous pourrions retrouver un instant ceux qui nous ont quitté, qui nous manquent. Une nuit où nous pourrions les serrer une fois encore dans nos bras, entendre leur voix, toucher leur main... Combien d’entre nous donneraient tout pour bénéficier d’un moment de grâce pareil. Un remake de "Ghost", sans Patrick Swayze ou Demi Moore avant la lettre. Comment ne pas souhaiter croire à une tradition permettant tel miracle. Pas étonnant que tant de populations aient perpétré la tradition.
Le mythe de la citrouille ne fut importé que des siècles plus tard par les immigrants irlandais aux Etats-Unis. Cependant, au départ, ce furent navets, raves, rutabagas ou betteraves qu’on vidait pour y placer la flamme d’une bougie.
À l’origine, le symbole d’Halloween était un navet contenant une bougie pour commémorer la légende de Jack-‘o - lantern (Jack à la lanterne), condamné à errer éternellement dans l'obscurité entre l'enfer et le paradis en s'éclairant d'un tison posé dans un navet. (Source Wikipedia)
© Photos – Isabelle Burguet & Rêvesdemarins
La fête des Défunts, un rite joyeux
Personnellement, les films d’horreur et déguisements macabres qui font aujourd’hui foison lors de Halloween (« le soir avant la Toussaint ») ne me tentent pas trop lorsqu’ils exacerbent le côté lugubre de l’événement. La plupart des célébrations catholiques de la Toussaint me semblent souvent sinistres ou du moins sombres. Les cimetières me rendent triste et je n’y trouve pas la paix d’âme qu’ils sont censés apporter. Mais je respecte ceux qui les visitent et l’opportunité pour les familles de se retrouver à cette occasion. Ceux qui y dorment pour un sommeil éternel sont absents de leurs allées pour moi. Ceux que j’aime sont partout avec moi, dans mon cœur, et surtout ailleurs que sous une pierre gravée : en mer, en montagne, en forêt... Ils sont dans les endroits croisés ensemble ou ceux où ils aimaient jadis se rendre. Et très rares sont mes visites en ces officiels lieux funéraires, même pour des êtres adorés. Ce n’est pas là un manque de respect ou d’intérêt mais juste une sensibilité différente vis à vis du souvenir. Et à quoi bon y reposer si personne ne vient jamais en visite. Donc, probablement pas un endroit que je choisirai pour mon long repos le jour venu.
En Amérique latine. au Mexique, par contre, cette célébration représente une fête joyeuse, festive et mémorable. Elle est l’occasion de danses, chants, repas et costumes dignes du carnaval. Elle constitue, elle aussi, une réminiscence du passé et des traditions aztèques. En 2003, l'UNESCO ira jusqu’à déclarer les fêtes indigènes dédiées aux morts « chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité ». Finalement, pourquoi pas. Le Grand Jacques n’a-t-il donc pas un jour chanté de très jolis vers en ce sens ?
Marins perdus en mer
Et que faire pour les marins perdus en mer? Ceux qu’on n’a pas retrouvés, ceux qui sont loin de nos terres. A Ouessant, sans le Finistère breton, existait jadis un rite particulier pour célébrer ses gens de mer. Les « Croix de Proêlla ». Une petite croix de cire que l’on donnait à la famille pour symboliser le disparu en mer, puis qui était déposée dans un petit oratoire dans le cimetière local où reposaient emblématiquement tous les marins disparus. Une manière de les rapprocher de leurs proches à terre.
Moi, je proposerais de leur faire une belle fête avec du champagne symbolisant l’eau de mer et ses bulles et où tout le monde entonnerait des chants de marins égayants pour leur rendre hommage. Non ? Le plus bel hommage auxquel j’ai jamais assisté à été celui d’un marin, disparu, lui à terre. Émouvant, réunis autour de son bateau. Gai dans les mots et dans le souvenir de sa joie de vivre et sa passion pour les flots. Autour de cette date automnale (période toujours étonnamment faste pour les départs ou annonces funestes), je boirai donc un bon verre à sa santé et à celle de tous ces anges qui veillent sur moi (à commencer par mon grand-père adoré qui, de tout là-bas lit peut-être ce billet et par ma grosse peluche à quatre pattes qui est partie le rejoindre il y a deux semaines). Mon Hallowtide à moi, ma « marée du souvenir » sera résolument un moment lumineux et festif. À votre santé, mes anges !
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AuteurArchives
May 2023
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