Un billet sur les monstres et créatures fantastisques en rapport avec l'eau, cela vous tente ? Toutes les rivières mènent à la mer, par écoulement. Le concept de gouttières et d’évacuation des eaux y est donc lié et nos ancêtres l’avaient compris depuis des siècles déjà. Je vous emmène ce week-end, à la découverte des plus belles gargouilles de nos contrées.
Les monstres de l’eau
"Le poète, dit Platon, assis sur le trépied des muses, verse de furie tout ce qui lui vient en la bouche, comme la gargouille d'une fontaine"
Gargouille : ancien français gargoule, gorge, du radical onomatopéique garg-, gorge, et goule, gueule. Orifice à écoulement libre d'un chéneau de toiture, d'une fontaine, souvent orné d'un masque ou en forme de figure fantastique (animal) ; cette figure elle-même : Les gargouilles d'une église gothique. (Source : Larousse)
Les gargouilles sont les parties saillantes d'une gouttière destinées à rejeter les eaux de pluie à une certaine distance des murs afin de ne pas nuire aux constructions inférieures. Elles ont à la fois une fonction technique et décorative. Dès le XIIIe siècle, elles font leur apparition sur les bâtiments. Elles représentent souvent des animaux fantastiques, des chimères ou encore des personnages sarcastiques.
Celles de Notre Dame de Paris restent indubitablement les plus marquantes dans ma mémoire. Cependant, j'ai rencontré des exemplaires de gargouilles hors du commun dans de nombreux autres endroits tels que Prague, Rome, Bologne, Barcelone, Cordoue, la cathédrale d’Amiens, le monastère de St Jérome à Lisbonne ou encore la cathédrale et le palais de justice de Rouen. Autant d’endroits fabuleux où les découvrir. Les sculpteurs de l'époque avaient une imagination pour le moins... débordante ! Elles me fascinent toutes, avec leurs mines grimaçantes ou enjouées. Des monstres de l’eau plutôt sympathiques.
© Photos – Rêvesdemarins
La Légende de Saint Romain
"Une grande tête couverte d’écailles était apparue, portée par un long cou reptilien. Elle avait un museau étiré, de puissantes mâchoires, et de lourdes arcades sourcilières surmontant des yeux qui luisaient comme des pierres précieuses." (Dragons, histoire, mythes et représentations, Dr. K. Shuker)
La ville de Rouen. Un endroit que j'adore. Ces maisons colorées à colombages, ses bords de Seine, ses ruelles médiévales. Ses crèpes et son cidre. Son menu marché d'artisans au pied de sa sublime cathédrale. Une cité aussi qui regorge de légendes. La cité y compte nombre de références à son saint patron, Saint Romain.
Une d'entre d'elles raconte au VIIe siècle, un dragon d'eau terrifiant hantait la forêt du Rouvray, à l'embouchure de la Seine à Rouen. Il détruisait les récoltes, dévorait ou noyait tous ceux qui s'approchaient et faisait un grand carnage d'hommes et d'animaux (par référence, probablement, aux inondations qui périodiquement dévastaient la vallée). Personne ne trouvait le courage de combattre la bête. Un prêtre de la cité, Romain, décida alors d'en débarrasser la ville. Il promit à la cité de remplir cette mission à condition que ses habitants se convertissent au christianisme. Pour l'aider dans son entreprise, il ne trouva que deux condamnés à mort, dont un des deux s'enfuit de peur au dernier moment. Ils arrivèrent dans l'antre de la bête. D'un signe de croix, le prêtre la fit se coucher à ses pieds, lui passant son étole au cou telle une laisse et la ramena dans la ville où le dragon fut brûlé sur le parvis de la Cathédrale. Mais à la surprise de la foule rassemblée au pied du bûcher, seul le corps de l’animal se consuma. Sa tête et son cou résistèrent aux flammes. En souvenir du monstre, les sculpteurs des cathédrales donnèrent ainsi le nom de « gargouille »et son effigie aux avancées de pierres qui servent de gouttières aux cathédrales. Romain, évêque de Rouen, fut ainsi réputé pour avoir promu le christianisme et régulé le cours de la Seine. En commémoration de saint Romain, les archevêques de Rouen obtinrent le droit de libérer un prisonnier le jour où le reliquaire du saint était porté en procession, nommée "le privilège de la fierté". Cette coutume constitue une des plus anciennes traditions de Normandie et a donné naissance à la "foire du pardon" de Rouen en octobre.
Fontaines vivantes
Ces ouvrages généralement sculptés en pierre (ou plus tard, en plomb), furent repris dans l'art grotesque roman puis surtout gothique, mais également dans certains temples grecs et par les mascarons de fontaines. Souvent confondues avec les gargouilles, les chim!ères n'ont, elles, par contre, pas de fonction de dégorgement et ornent généralement les pinacles et les contreforts. Mais, toutes arborent des expressions drôlesques, grimaçantes, ou encore amorales (ivrognes, acrobates, usuriers, figures obscènes... ). Aucune ne laisse indifférent. Elles avaient pour vocation symbolique de protéger les bâtiments et de repousser le mal par leur caractère amusant. Faire rire le démon est une bonne manière de l'éloigner.
© Photos – Rêvesdemarins
Un excellent dimanche à tous, pas trop humide et grimaçant à souhait.
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AuteurArchives
August 2023
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