Après tout, le confinement, on peut se dire que c’est un petit peu comme se trouver en transat au long cours sur un petit voilier par gros temps...
Espace réduit
Votre appartement est minuscule ? Vous ne pouvez pas sortir ? Juste une petite terrasse ou un mini-balcon (si vous avez de la chance)... Vous faites les cent pas de la cuisine au salon et du salon à la salle de bain. Et de retour de la salle de bains vers la cuisine. Cela doit bien faire 6.000 pas après quelques heures de va-et-vient. Vos co-locataires vous exaspèrent ? Votre compagne/on de vie vous tape sur les nerfs ? Vous avez envie de passer vos enfants par la fenêtre ou vous ne rêvez plus que de faire une bonne fricassée de votre perroquet qui n'arrête pas son babillage ? Bref, vous n'en pouvez plus d'être enfermé... Rassurez-vous, c'est une réaction normale !
Il s'agit là d'une situation exceptionnelle, dont on espère qu'elle ne durera pas de trop longs mois. Cela dit, pas si exceptionnelle que cela... Les marins au long cours pourront en témoigner.
La plupart des voiliers de taille raisonnable pour un portefeuille moyen, n'ont eux aussi, qu'une taille... moyenne, voire très modique. Quelques dizaines de mètres carrés, à partager entre les membres d'équipage, parfois nombreux. Tantôt une unique cabine ou de simples bannettes dans le carré, une seule toilette (lorsqu'on a de la chance et qu'elle fonctionne! ), un mini-coin cuisine, une table qu'on doit replier pour pouvoir passer ou dormir. Le luxe d’une cabine (à partager à plusieurs) ne libère pas de l’obligation de faire de la gymnastique pour trouver une position pour dormir, s’habiller ou retrouver ses affaires. Voire de devoir s’adonner à de l’acrobatie par gros tangage ou forte gîte.
Mais, il y a le cockpit, le pont et le passe-avant comme espace pour s’isoler et prendre l’air, me direz-vous. Bien... oui, sauf que par gros temps et sans raison majeure de navigation, vous n’aurez peut-être pas trop l’envie de vous faire rincer par des paquets de mer, flageller par des bourrasques ou risquer de passer par dessus bord pour ne pas rester confiné à l’intérieur du voilier. Mais, en voilier, on voyage et se déplace d’un point à l’autre. C’est la liberté ! - me rétorquerez-vous. En effet. Sauf que parfois, le voyage dure plus longtemps que prévu à cause des éléments, par faute de vent, tempêtes ou avaries. On ne le contrôle pas entièrement. Et trente jours ou bien plus (lors d’un tour du monde sans escale par exemple) sur un petit voilier, peut quelquefois paraître bien long. Et puis, on doit jouer aux hamsters (aux vrais, ici). En transat, pas question de refaire des provisions en route. Pas d’endroit où faire escale. Conserves, vivres non périssables, eau douce et PQ sont précieux. On doit redoubler d’inventivité pour les utiliser avec parcimonie durant la période de confinement ou se nourrir autrement. Grosse différence, en mer, on est occupé. Il y a toujours quelque chose d’utile à faire sur un voilier. À la maison aussi, me direz-vous. Et il est plus rare d’avoir des enfants à bord. Mais lorsque c’est le cas, cela demande pas mal de structure, discipline et créativité pour poursuivre leur éducation en mer et les occuper constamment. Pour en avoir côtoyé certains en mer, dans un espace beaucoup moins réduit, j’ai beaucoup d’admiration pour les marins qui parviennent à combiner vie maritime et vie familiale en voilier sur une superficie relativement réduite (tout comme les parents qui travaillent actuellement à distance, de la maison, en jouant simultanément les baby-sitters). Et lorsque les circonstances deviennent stressantes (gros temps, avaries, mal de mer, manque de sommeil, anxiété... ) plus le confinement et la promiscuité deviennent difficiles à gérer et à supporter. Et plus les esprits ont tendance à s'échauffer. Garder son calme (et l’humour) sont donc des denrées indispensables à bord. Pas de souci, lors d’une navigation confinée, de perdre son emploi, de risque de perdre la vie ou ceux qu’on aime, m’argumenterez-vous, enfin. Pas de comparaison valable. C’est souvent vrai, mis à part pour les pêcheurs professionnels en régions à haut risque peut-être. Dans tous les cas, il est important de s’octroyer de petites choses qui font du bien lorsque tout est mouillé, froid et trouble...
1 Comment
Jean-Michel Chaput
23/3/2020 11:17:35 am
Coucou! Merci Véro pour cette comparaison. En transat en pleine mer ou en chaise longue dans son jardin, la principale différence est cette privation de liberté, choisie dans un cas, obligée dans l'autre...De plus, quelques épées de Damoclès au-dessus de nos têtes font frissonner, si on y pense... Alors gardons espoir, courage et humour en effet! On s'appelle.Bisous !
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March 2023
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